dimanche 29 septembre 2013

LUC 16:19-31

19 »Il y avait un homme riche, qui s'habillait de pourpre et de fin lin et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie.
20 Un pauvre du nom de Lazare était couché devant son portail, couvert d'ulcères.
21 Il aurait bien voulu se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche, cependant même les chiens venaient lécher ses ulcères.
22 Le pauvre mourut et fut porté par les anges auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi et fut enterré.
23 Dans le séjour des morts, en proie à une grande souffrance il leva les yeux et vit de loin Abraham, avec Lazare à ses côtés.
24 Il s'écria: 'Père Abraham, aie pitié de moi et envoie Lazare pour qu'il trempe le bout de son doigt dans l'eau afin de me rafraîchir la langue, car je souffre cruellement dans cette flamme.' 25 Abraham répondit: 'Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie et que Lazare a connu les maux pendant la sienne; maintenant, il est consolé ici et toi, tu souffres.
26 De plus, il y a un grand abîme entre nous et vous, afin que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous, ou de chez vous vers nous, ne puissent pas le faire.'
27 Le riche dit: 'Je te prie alors, père, d'envoyer Lazare chez mon père, car j'ai cinq frères.
28 C'est pour qu'il les avertisse, afin qu'ils n'aboutissent pas, eux aussi, dans ce lieu de souffrances.'
29 Abraham [lui] répondit: 'Ils ont Moïse et les prophètes, qu'ils les écoutent.'
30 Le riche dit: 'Non, père Abraham, mais si quelqu'un vient de chez les morts vers eux, ils changeront d'attitude.'
31 Abraham lui dit alors: 'S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader, même si quelqu'un ressuscite.'»

Chers frères et soeurs,
chers amis

Notre parabole d'aujourd'hui est incluse entre deux déclarations de Jésus: « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l'argent » et « Il est impossible qu'il n'arrive pas de scandale, mais malheur à celui par qui ils arrivent! ».
Notre histoire, je crois, illustre bien ces deux idées. C'est une histoire de contrastes et c'est aussi l'histoire d'un grand renversement.

Le contraste, nous le trouvons bien sûr entre ces deux hommes qui sont les principaux personnages de la parabole. D'un côté, un homme riche, de l'autre, le pauvre Lazare.

Le riche est riche, très riche même. Le texte nous dit qu'il s'habillait de pourpre (obtenu par la teinture la plus chère de l'époque et symbole de la plus haute société) et de fin lin (un autre produit de luxe). De plus, il menait chaque jour joyeuse et brillante vie. On s'amusait bien chez le riche, qui aimait sans doute se retrouver avec d'autres gens bien dotés pour festoyer et pas de temps, mais chaque jour. Donc, d'un côté, un homme habillé en costumes Armani à 1200 € pièce et qui chaque jour invitait ses relations à de grands dîner au caviar et au Dom Pérignon.

De l'autre, Lazare...Pauvre au point de mendier, d'une pauvreté abjecte; malade, d'une maladie repoussante, sans soutien sur le plan humain. On a donc un riche très riche et très heureux et un pauvre très pauvre et très malheureux. C'est presque du Zola!
Mais d'un seul coup, la grande faucheuse, la mort, arrive et met tout le monde d'accord.

Le riche se retrouve dans le séjour des morts où il souffre beaucoup, Lazare se retrouve dans le sein d'Abraham où il connaît le ravissement perpétuel. Après Zola, nous voici à Hollywood: les gentils gentils sont récompensés, les méchants méchants sont punis!!
C'est du moins ainsi que nous avons tendance à interpréter cette parabole. Beaucoup s'en sont servis, durant des siècles, pour dire aux exploités et aux miséreux qu'ils n'avaient qu'à supporter leur sort parce que ça valait bien le coup d'attendre toutes les joies du Ciel: «  certes aujourd’hui vous souffrez, mais rassurez-vous, demain vous serez heureux »
Le problème, c'est que Jésus ne nous parle pas de ça ici. D'une part, on n'a pas de raison de penser que cette parabole est là pour nous enseigner ce que sont le Ciel et l'Enfer, termes qui d'ailleurs n'apparaissent même pas dans les paroles de Jésus. D'autre part, je crois que si nous voulons vraiment comprendre cette parabole et y entendre la Bonne Nouvelle de Jésus, nous devons sortir de cette idée de rétribution qui nous est si chère.

Alors, revenons à ses deux hommes pour découvrir ce que Jésus veut nous dire en les mettant en scène. Je vous ai parlé du grand contraste entre eux en termes de richesse et de statut social. Mais il y en a un autre, sans doute moins évident à repérer: le riche n'a pas de nom, contrairement à Lazare, qui, pourrait on dire, n'a que cela!
Il y avait un homme riche nous dit le texte. Cet homme n’a pas de nom ou plus exactement son seul nom est sa richesse : il est riche. Son être, son identité, c’est sa richesse. Les noms que nous portons nous sont donnés par quelqu'un d'autre. Lui, son nom, il la reçoit de ses biens. Et tout cela il le montre par son style vestimentaire, son mode de vie qui expriment qui il est aux yeux des autres. Sa richesse le rend auto suffisant.

Le problème du riche c’est, pour le dire en un mot, qu’il est dans le plein, et même en fait dans le trop plein : de ses biens et de lui-même. Plein au point de n’avoir besoin de rien ni de personne et donc d’être tragiquement seul au monde jusque dans la mort. Seul ici-bas et seul aussi dans l’au-delà.

À l’inverse, Lazare est certes lui dans le manque le plus total au plan matériel. Mais il possède quelque chose de très précieux : un nom. Un nom qui veut dire quelque chose : « Dieu est mon aide » .
Il n’est donc pas seul, replié sur lui-même. Alors, je sais bien, on peut dire avec ironie et une apparence de réalisme: l'aide de Dieu dans le cas de Lazare, elle est quand même loin d'être évidente! Oui, mais la Bible nous montre clairement qu' hélas les croyants ne sont épargnés par les malheurs ou la pauvreté. Ce qui est important, c'est que Lazare, y compris au creuset de l'épreuve porte un nom qui ouvre sur quelque chose d'autre, qui ouvre une espérance, un avenir possible, qui exprime simplement cette chose infiniment précieuse qu'on appelle la foi.


Ce qui sépare le riche et Lazare ce n’est pas la méchanceté ou l’égoïsme du premier. Bien des Bibles parlent du « mauvais riche »: jugement de valeur que Jésus lui-même ne porte pas! Et puis, de grâce, montrez-moi où il est dit que Lazare était bon (bon par rapport à qui ou quoi d'ailleurs ?). Non, la grande différence, c’est que leur identité réside, pour l’un dans ses richesses, pour l’autre dans l’attente d’un secours qui vient d'ailleurs. En somme, le riche pense n'avoir besoin de personne, Lazare, lui à besoin de Dieu. Voilà ce qui fait la différence.

L'autre élément central de cette parabole est que les deux personnages, non seulement ne se rencontrent pas mais encore ne se parlent pas et même se voient à peine. D'ailleurs, quand le riche parle à Abraham, la seule utilité qu'il trouve à Lazare est celle d'un domestique, d'un messager qu'on va envoyer porter un message à la famille.
En fait, l'abîme dont Abraham parle sépare aussi bien les deux hommes après leur mort qu'avant. Et ce qui est en cause ici, encore une fois, ce n'est pas tellement une question de morale qu'une question d'identité: la façon dont ces deux hommes se sont positionnés par rapport à la foi fait une différence, elle établit une distinction et même une impossibilité à faire coïncider deux façons de vivre et de voir le monde radicalement différentes.

Le riche a été incapable de voir Lazare (et cela s'est manifesté par un manque de charité effarant), justement parce qu'il était dans le confort du plein: le plein est mortifère en ce qu’il amène une fausse sécurité, qui conduit à l'orgueil, lequel conduit à mépriser l'autre et, surtout, à mépriser Dieu ! Cela se voit dans la séparation entre le riche et Abraham, lequel est par définition le père des croyants.

Abraham dans le sein duquel se retrouve Lazare, est défini dans l’histoire biblique par un double abandon : abandon de son pays pour une terre dont il ignore tout et abandon de son fils à travers le récit du sacrifice d’Isaac. Nous voyons donc en Abraham cette foi en Dieu prête à aller vers tous les abandons et qui ouvre sur la vie véritable. Une foi qui tourne ses regards vers plus grand que soi et qui ne craint aucune perte. A l'époque, de nombreux Juifs pensaient que la richesse était le signe de la bénédiction divine et la pauvreté celui d'une condamnation envoyée sur les pécheurs. Pour le riche découvrir qu’il n’est pas dans le sein d’Abraham est la terrible révélation que la compréhension qu’il avait de lui-même était mensongère, donc porteuse de mort.

Mais, me direz-vous, en quoi tout cela nous concerne-t-il ?

Reconnaissons déjà que dans la plupart des cas nous ne ressemblons ni au riche ni à Lazare. Nos conditions sociales et matérielles ne sont pas aussi extrêmes. Nous sommes en quelque sorte dans l’entre-deux.

Mais de toute façon, je ne pense pas que cette parabole cherche à nous attendrir sur le sort de Lazare ou à nous effrayer sur le sort des riches dans l’au-delà. Plus fondamentalement, elle cherche à nous faire réfléchir sur le Lazare et sur le riche qui sont en chacun de nous.

Mais qui sont-ils donc ces deux personnages en nous ?

Ils désignent en nous ce qui est de l’ordre du plein et ce qui est de l’ordre du manque. Le plein c’est-à-dire nos richesses, matérielles mais aussi intellectuelles familiales, religieuses. Elles nous protègent croyons-nous alors qu’en fait, souvent, elles nous empêchent de rencontrer les autres. Et surtout elles masquent et tentent vainement de combler nos manques et notre pauvreté qui est pourtant bien réelle.

Et cette pauvreté, en fait, est plutôt un vide. Le vide en forme de Dieu qui se trouve dans le coeur de chaque humain. La vraie question qui se pose est: qu'est-ce qui va remplir ce vide?

Et bien, frères et sœurs, la Bonne Nouvelle dont je suis porteur ce matin m’autorise à vous le dire comme on offre un cadeau à l’enfant qui l’attend depuis toujours : le pauvre qui est en nous a reçu le nom de Lazare, Dieu aide, il est fille ou fils d’Abraham, héritiers d’une promesse que le Christ vient remplir de sa présence. Cette pauvreté n’est peut-être pas matérielle. Comme notre richesse ne l’est pas forcément. Et la question n’est pas ici morale.

La question que nous pose le Christ par cette parabole est celle de savoir sur quoi notre existence repose : un avoir, un savoir, un pouvoir, une condition physique, une identité sociale, une orthodoxie ? C’est-à-dire dans des réalités que nous pensons maîtriser… jusqu’au jour où maladie, mort ou accident de la vie viennent nous arracher à nos certitudes et révéler notre solitude et notre pauvreté. Ou alors notre existence est-elle fondée sur la foi en ce que Dieu nous promet ? Sur une promesse qui fait de nous des mendiants, pour reprendre le mot de Luther. Mendiant, c’est-à-dire des femmes et des hommes qui n'ont qu'une main vide et tendue. En attente non de quelque chose de plus qui viendrait combler notre existence, mais de quelqu’un, quelqu’un qui nous fera vivre, revivre et repartir toujours en avant, vers la vie.

Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.

Voilà ce que nous dit cette parabole. À chacun de nous. Au Lazare que cache souvent, en nous, au riche que nous préférons montrer aux autres.

Saurons-nous l’entendre ?

Amen.

mercredi 25 septembre 2013

2 millions de Bibles Segond 21

Un article de Jean-Pierre Bezin, Directeur de la Société Biblique de Genève, extrait du dernier Bible-Info (automne 2013) .


Depuis mars dernier, le cap des 2 millions de Bibles à 1,50 € en français a été franchi.
Avec les Bibles “low-cost“ en italien, allemand et espagnol, ce sont plus de 3,4 millions de Bibles à bas prix qui ont été distribuées en Europe jusqu’à ce jour!
Chaque mois, et de façon assez régulière, 20’000 Bibles en français sont expédiées depuis Lausanne, et sur ces 20’000 Bibles, 13’000 à 15’000 partent pour la France.
Cette Bible se trouve en outre presque chaque mois dans le top des ventes de la Fnac en France (le top 25 de la Fnac est publié chaque semaine dans l’hebdomadaire Le Point). Quand on sait que la vente des autres modèles de Bible n’a pas baissé mais, au contraire, continué d’augmenter légèrement, tant à la SBG que chez les autres éditeurs, on voit que la Bible “low-cost“ à elle seule a fait croître le marché de la Bible en France (1) de plus de 60% !
La Bible Segond 21 est incontestablement la Bible la plus utilisée parmi les jeunes francophones du 21e siècle.
Pour marquer ce cap des 2 millions d’exemplaires vendus, la Société Biblique de Genève sort à la rentrée 2013 une version “collector“ de cette Bible, sur laquelle le rouge du titre et du bandeau sera remplacé par de l’or !
Prions que le Seigneur répande la pluie sur cette semence (cf. Es 30.23)!

Jean-Pierre Bezin


Notes et références :

(1) Marché qui se situait, selon les sources et avant 2007, 
entre 200’000 et 280’000 ex. par an.

lundi 23 septembre 2013

étude biblique le 24 septembre

Chers amis,

notre groupe d'études bibliques du Mellois se retrouvera mardi 24 septembre à 20h15 au presbytère de Melle.

au programme: Galates 5

cordiale invitation à tous!

rens. : 06 21 33 21 78

dimanche 22 septembre 2013

LUC 16.1-13


Jésus dit aussi à ses disciples: «Un homme riche avait un intendant. On vint lui rapporter qu'il gaspillait ses biens.2 Il l'appela et lui dit: 'Qu'est-ce que j'entends dire à ton sujet? Rends compte de ta gestion, car tu ne pourras plus gérer mes biens.'3 L'intendant se dit en lui-même: 'Que vais-je faire, puisque mon maître m'enlève la gestion de ses biens? Travailler la terre? Je n'en ai pas la force. Mendier? J'en ai honte.4 Je sais ce que je ferai pour qu'il y ait des gens qui m'accueillent chez eux quand je serai renvoyé de mon emploi.'
5 Il fit venir chacun des débiteurs de son maître et dit au premier: 'Combien dois-tu à mon maître?' 6 Je dois 100 tonneaux d'huile d'olive', répondit-il. Il lui dit: 'Voici ton reçu, assieds-toi vite et écris 50.'7 Il dit ensuite à un autre: 'Et toi, combien dois-tu?' 'Je dois 100 mesures de blé', répondit-il. Et il lui dit:'Voici ton reçu, écris 80.'8 Le maître fit l'éloge de l'intendant malhonnête à cause de l'habileté dont il avait fait preuve. En effet, les enfants de ce monde sont plus habiles vis-à-vis de leur génération que ne le sont les enfants de la lumière.9 »Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin qu'ils vous accueillent dans les habitations éternelles lorsqu'elles viendront à vous manquer.10 Celui qui est fidèle dans les petites choses l'est aussi dans les grandes, et celui qui est malhonnête dans les petites choses l'est aussi dans les grandes.11 Si donc vous n'avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les biens véritables?
12 Et si vous n'avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous?13 Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres, car ou il détestera le premier et aimera le second, ou il s'attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l'argent.»


Vous ne pouvez pas servir Dieu et l'argent.


Jésus est clair, net et précis : soit vous êtes du côté de Dieu, soit vous êtes du côté de l'argent. Il faut choisir, et choisir clairement.

Cette parole de Jésus, si tranchante, est peut-être un des enseignements bibliques les plus clairs en ce qui concerne l'argent et, plus largement, les possessions matérielles. Mais ce n'est pas, loin de là, le seul enseignement de la Bible sur le sujet et il nous faut regarder la totalité de ce que Dieu nous enseigne si nous voulons y voir vraiment clair sur ce thème important. Important, parce que notre relation avec notre argent est en fait révélatrice de notre relation à Dieu.

Dans cette question de relation avec l'argent, on constate une grande différence culturelle entre les pays catholiques et les pays protestants. La vision catholique fait de l'argent quelque chose de sale, de honteux : en France, tout le monde veut vous faire croire qu'il est pauvre, quand bien même tout le monde saurait que c'est faux. Cette hypocrisie du monde catholique vient d'un déséquilibre quant au message de la Bible. Reconnaissons-le quand même : la Parole de Dieu est très claire quant aux dangers potentiels de l'argent. Nous avons entendu Jésus ce matin qui nous demande de choisir entre Dieu et notre porte-feuille. Jésus a aussi dit : «Je vous le dis en vérité, il est difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux.24 Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. » (Matthieu 19)
Pourquoi est-il difficile à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu ? Pas parce que le riche est « mauvais », mais parce que ceux qui se confient dans leurs richesses auront forcément du mal à se confier en Dieu : c'est mathématique. Comme disait Luther, « Ce à quoi tu te tiens, ce sur quoi tu t'appuies, c'est là véritablement ton Dieu » et ce Dieu, mes amis, ça peut être le fric.
Paul nous prévient aussi des dangers que représente la recherche éperdue des richesses : « Ceux qui veulent à tout prix s'enrichir s'exposent eux-mêmes à la tentation et tombent dans le piège de nombreux désirs insensés et pernicieux qui précipitent les hommes dans la ruine et la perdition. » 1 Timothée 6:9.
Tentation, piège, désirs insensés et pernicieux, ruine et perdition. Là encore, le propos est clair : l'avidité, la recherche éperdue du gain mènent au désastre moral et spirituel. Pourquoi ? Parce que l'avidité nous fera perdre de vue la différence entre nos besoins et nos désirs. Parce qu'elle va endurcir notre coeur et affaiblir notre conscience tant nous serons prêts à gagner de l'argent à tout prix. Parce que si nous sommes omnubilés par l'argent, nous n'allons pas seulement oublier Dieu mais aussi les autres, y compris notre famille.
Voilà pourquoi Paul, conclue juste après « L'amour de l'argent est en effet à la racine de tous les maux. En s'y livrant, certains se sont égarés loin de la foi et se sont infligé eux-mêmes bien des tourments » (1 Tim 6.10).

L'amour de l'argent est en effet à la racine de tous les maux.
Là encore, une parole claire, mais qui a trop souvent été mal interprétée. Ce n'est pas l'argent qui est la source de tous les maux, c'est l'amour de l'argent. Le problème vient de nous, de notre coeur pécheur, de notre tendance toujours présente (parce que très facile) à trouver notre sécurité dans les richesses terrestres et non pas dans l'amour du Père. En tant que tel, l'argent n'est pas un problème, du moment qu'il est bien maîtrisé. C'est un peu comme le feu : quand il est dans votre insert, il vous apporte chaleur et lumière : c'est bien agréable. Mais si les flammes s'échappent et se répandent, c'est la désastre. C'est la même chose pour l'argent.

On peut en fait estimer notre santé spirituelle face à l'argent en étudiant trois points.

A) comment le gagnons-nous ? Nous vivons dans une société où la fin justifie les moyens, notamment quand il s'agit d'acquérir la richesse, mais un chrétien ne saurait agir et penser ainsi. Dans notre monde, on encense ceux qui ont « réussi » (c'est-à-dire, qui sont devenus riches). Cependant, à moins d'avoir une âme de laquais devant les riches, il faut toujours se dire « oui, d'accord, mais comment a t'il réussi ? ». Après tout, les barons des cartels de drogue colombiens sont pour la plupart issus de milieux miséreux et ils possèdent aujourd'hui des millions de dollars ; on peut les considérer comme des modèles de réussite... si l'on fait l'impasse sur le fait que tout cet argent a été gagné par le crime et la violence. Mais il y a aussi des cas moins extrêmes. Disons le clairement : le commerçant qui ne vend pas au prix juste, le patron qui fait travailler des gens pour des salaires dérisoires sont coupables de vol. L'employé qui se la coule douce et reçoit quand même son salaire est coupable de vol envers son employeur mais aussi ses collègues (voir l'exemple de cette personne qui a été licencié parce qu'il passait tant de temps sur Facebook qu'elle n'accomplissait plus ses missions et qui...est allée aux prud'hommes). La fraude fiscale, c'est du vol. Gagner de l'argent, c'est bien, encore faut-il le faire honnêtement.

B) comment le dépensons-nous ? Vous connaissez sans doute le fameux « c'est mon argent, j'en fais ce que je veux ». Faux. En tout cas, faux pour le chrétien. D'une part, le chrétien ne devrait jamais parler de « son » argent, mais de l'argent que le Seigneur lui a permis de gagner. Oh, je sais, vous avez travaillé dur pour l'avoir. Mais qui vous a donné la capacité de travailler ? Dieu. C'est donc lui qui est la source première de votre argent. Cela, il ne faut jamais l'oublier, car nous risquons sinon de tomber dans l'orgueil. Et si l'argent que nous possédons vient de Dieu, au lieu de nous voir comme ses propriétaires, nous nous verrons comme ses gestionnaires, ses intendants. Les biens que Dieu nous confie sont une bénédiction, frères et soeurs, mais une bénédiction appelle (en plus de la gratitude) une responsabilité. Notons d'ailleurs que cette attitude ne concerne pas que l'argent que Dieu nous donne, mais aussi le temps et les talents qu'il nous donne : qu'allons-nous en faire : les gaspiller ou les utiliser à sa gloire ??
Conscient du fait que son argent est en fait celui de Dieu, le chrétien ne devrait donc pas considérer son usage comme le font les gens du dehors. Dans nos pays occidentaux, nous sommes notamment confrontés à une mentalité totalement consumériste qui nous pousse à dépenser. Les choses se sont un peu calmées avec la crise, mais elles repartiront dès que ça ira mieux. Dépenser, acheter : voilà les leitmotives. Et pour acheter quoi ? De la bagnole, de l'écran plat, le dernier I-je ne sais quoi qui vous permet de téléphoner, d'avoir internet, de télécharger de la musique et doit même faire le café. Il y a des dépenses inévitables, mais une bonne partie de ce qu'on nous pousse à consommer n'est absolument pas nécessaire. En fait, c'est une des façons dont l'argent peut aisément devenir notre maître : en nous permettant d'acheter ce qui va nous faire paraître « cool ». En nous faisant croire qu'il peut nous acheter le bonheur à travers l'accumulation de biens, en nous disant que grâce à lui nous pourrons avoir « toujours plus » alors même que la Bible insiste sur l'importance du contentement et de la frugalité. On parle du « pouvoir d'achat » et c'est ce que nous cherchons : le pouvoir, ne serait-ce que celui de balancer le fric pour acheter des choses inutiles. Mais Dieu nous invite à garder le pouvoir sur l'argent qu'il nous a donné, et il demande que nous l'utilisions pour son église : « 17 Aux riches de ce monde, ordonne de ne pas être orgueilleux et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais dans le Dieu [vivant,] qui nous donne tout avec abondance pour que nous en jouissions. 18 Ordonne-leur de faire le bien, d'être riches en belles œuvres, de se montrer généreux, prêts à partager. 19 Ils s’assureront ainsi en guise de trésor de bonnes fondations pour l’avenir, afin de saisir la vie éternelle. »


C) enfin, qu'est-ce que l'argent nous fait ? C'est là peut-être le coeur du problème. Si la Bible nous met en garde contre l'argent, c'est parce qu'il peut facilement devenir une idole, un faux Dieu. Pour assurer notre sécurité, il est facile de nous confier en notre compte en banque plutôt qu'en Dieu. Pour acquérir un statut ou une image de nous-mêmes, il est facile de nous asseoir sur nos richesses plutôt que de nous rappeler que nous sommes des enfants de Dieu ! « Je gagne xxx par mois et donc je vaux plus que celui qui en gagne moins ».
L'accumulation de biens matériels nous fait courir le risque d'oublier Dieu, et Dieu le sait. C'est pour cela qu'il a adressé ce message aux Hébreux quand ils sont enfin entrés dans la Terre Promise : Lorsque tu mangeras à satiété, tu béniras l’Éternel, ton Dieu, pour le bon pays qu'il t'a donné. 11 Veille bien à ne pas oublier l’Éternel, ton Dieu, au point de ne pas respecter ses commandements, ses règles et ses prescriptions, que je te donne aujourd'hui.12 Lorsque tu mangeras à satiété, lorsque tu construiras et habiteras de belles maisons, 13 lorsque tu verras ton gros et ton petit bétail se multiplier, ton argent et ton or augmenter et tout ce qui est à toi se développer,14 attention! Ne laisse pas ton cœur s'enorgueillir et n'oublie pas l’Éternel, ton Dieu. C'est lui qui t'a fait sortir d’Égypte, de la maison d'esclavage (…) 17 Fais bien attention à ne pas dire dans ton cœur: 'C'est ma force et la puissance de ma main qui m'ont permis d'acquérir ces richesses.'18 Souviens-toi de l’Éternel, ton Dieu, car c'est lui qui te donnera de la force pour les acquérir afin de confirmer, comme il le fait aujourd'hui, son alliance qu'il a conclue avec tes ancêtres en prêtant serment. » (Deut 8)
La prospérité risque de nous faire oublier Dieu, qui veut pourtant nous la donner parce qu'il nous aime ! Le don reçu risque de nous faire oublier celui qui nous l'a donné : étrange, mais tragiquement vrai !
Et pourtant, si nous étions plus sages, si nos coeurs et nous yeux étaient plus tournés vers Dieu, nous n'aurions pas cette folie qui consiste à nous reposer sur quelque chose qui ne peut, ultimement, apporter ni vraie sécurité, ni bonheur. De ce point de vue, l'argent nous ment, ou plutôt nous nous mentons à nous-mêmes en lui demandant plus qu'il ne peut apporter. Et cela est d'autant plus vrai que l'argent peut être une chose bien transitoire (exemple de cette femme qui avait placé des millions chez Madoff et a tout perdu : obligée de travailler chez Mc Donald's à 65 ans). D'autre part, quand bien même nous réussirions à amasser des millions, ils ne nous suivront pas dans la tombe. La coffre-fort ne suit pas le cercueil, ce que Paul dit autrement
« En effet, nous n'avons rien apporté dans le monde et [il est évident que] nous ne pouvons rien en emporter. » (1 Tim 6) ; et même si nous laissez un gros héritage, vous n'avez aucune garantie que vos proches ne le dilapideront pas en quelques années... Là encore, vanité des vanités. Au jour du jugement, nous devrons rendre compte à Dieu de la façon dont nous avons utilisé les biens qu'il nous avait confiés durant ce pèlerinage terrestre, mais notre argent ne sera pas avec nous à ce moment-là.

Résumons donc : la Bible voit les biens terrestres comme une bénédiction que Dieu peut accorder à ses enfants dans son amour pour eux. Mais cette bénédiction peut se transformer en malédiction pour nous si elle nous fait oublier Dieu en tombant dans l'orgueil ou l'égoïsme.
Luther disait que nous avions besoin de trois conversions : celle de coeur, celle de l'esprit et celle de la bourse (aujourd'hui : du carnet de chèque ou de la carte bancaire). Il rajoutait que cette dernière conversion était souvent la plus difficile. Pourquoi ? Parce que quand nous en arrivons à notre argent, on touche à quelque chose de très tangible de très matériel. Sur le reste on peut tenir de grand discours, mais c'est dans ce domaine que notre foi est vraiment à l'épreuve et que nous sommes amenés à témoigner en actes de la réalité de notre amour et de notre gratitude envers Dieu.


En fait, la question est de savoir si nous voyons Dieu comme un « preneur » ou comme un « donneur ».

Alors que nous réfléchissons à cette vision, souvenons de la Parole de Jésus : 19 »Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs percent les murs pour voler, 20 mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les mites et la rouille ne détruisent pas et où les voleurs ne peuvent pas percer les murs ni voler! 21 En effet, là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. (Matthieu 6.19-21)

samedi 21 septembre 2013

Le Livre Qui Demeure : la Bible Face à la Contestation



Par Francis Schaeffer

1. La Bible, organe merveilleux du Dieu qui parle
La devise de la Réforme : l'Ecriture seule
Au cours des siècles, les conflits autour de la Bible n'ont pas manqué. Le phénomène est particulièrement sensible dans notre génération. Ce rappel préliminaire ramène aussitôt nos pensées à la Réforme et aux huguenots qui, en France, en ont été les tenants. Si l'on avait permis aux huguenots d'exercer leur influence, la France aurait aujourd'hui, sans aucun doute, un autre visage, car partout où la Réforme a prévalu, non seulement des milliers d'individus ont connu la vie nouvelle en Christ, mais l'Eglise a eu des effets bénéfiques sur la culture.
La Réforme a mis tout l'accent sur l'Ecriture. Chacun connaît son mot d'ordre : " Sola Scriptura ". Ce n'était pas l'Eglise et l'Ecriture, ou l'Etat et l'Ecriture, mais l'Ecriture uniquement.
Il s'agissait là d'un changement radical, cette affirmation faisant très clairement de la Bible, et d'elle seule, le centre et le fondement de l'autorité souveraine. Une autorité assez forte pour servir de base tout à la fois au salut individuel et à l'édification de la culture, terme qui, pour moi, évoque tous les aspects de la vie personnelle et nationale.

Le secret de l'autorité biblique : le fait que Dieu existe et qu'il parle
Comprenons bien cependant que, par delà les Ecritures, il y a l'existence même de Dieu. Cette donnée est primordiale. Le christianisme ne commence donc pas avec la Bible, ni avec l'acceptation de Christ comme Sauveur, mais avec l'existence de Dieu. Sans elle, la Bible ne serait qu'un livre parmi les autres. Le drame de notre génération tient à la négation de cette existence, car tout change si Dieu n'existe pas. La réalité entière est privée de sens, et le point final de la vie, c'est la mort. Voilà le message de la culture moderne, de vos écrivains, vos philosophes, vos artistes – la vie est vide de signification, nous ne disposons d'aucun critère pour établir ce qui est juste et ce qui est faux, nos lois reposent sur des bases fragiles. En effet, si Dieu n'existe pas, les valeurs chancellent. Nous dépendons alors de nos seules connaissances humaines, et cela ne nous mène pas loin puisque nous sommes des êtres limités ! Mais Dieu existe et n'est pas muet. Il a parlé par et dans l'Ecriture, et nous a communiqué sa vérité. C'est là le secret de l'autorité de la Bible, qui n'est pas sagesse de l'homme avec les limitations propres à la finitude et à la déchéance de la créature, mais sagesse de Dieu.

La communication de la vérité par le langage : en harmonie avec la nature de Dieu et de l'homme
Pourquoi nous étonner que Dieu nous communique la vérité par le langage ? N'est-ce pas en plein accord avec ce qu'il est – un Dieu personnel, et avec ce que nous sommes – des personnes ? Car Dieu nous a créés à son image, il a fait de nous des personnes capables de communiquer entre elles verbalement. C'est en cela que nous sommes différents de façon radicale du reste de la création, des animaux et de la matière. Notre statut privilégié de créatures faites à l'image de Dieu – qui rend très compréhensible la possibilité qu'a le Créateur de communiquer avec nous par le langage – confère à la vie humaine une dignité et une signification uniques. C'est sur cette ressemblance que repose la valeur intrinsèque de tout être humain, dès le moment de sa conception et à tous les stades de son existence, indépendamment de toute question de race, de fortune, de productivité, d'intégrité corporelle.

La conséquence de l'action infaillible de l'Esprit dans l'inspiration : l'inerrance de l'Ecriture sur tous les plans
Du témoignage de Jésus à l'égard de la Bible, il ressort que les écrivains sacrés ont été revêtus de l'autorité même de Dieu. En effet, l'Ecriture n'est pas l'émanation de la sagesse propre de ses rédacteurs humains ; tout au contraire, ceux-ci ont été conduits, poussés par le Saint-Esprit (2 Pierre 1 :21). Le mot utilisé en grec dans ce passage est l'équivalent de celui que nous emploierions pour décrire l'action du vent sur la voile d'un bateau, ou la conduite d'un véhicule. Oui, les écrivains sacrés ont été guidés par l'Esprit-Saint, et avec une sûreté telle que, leur tâche achevée, le texte exprimait exactement la pensée et l'intention de Dieu.
Toutefois, il ne s'agissait pas d'une dictée mécanique. Dieu a pleinement respecté l'individualité des organes humains de la révélation. A titre d'exemple, l'hébreu du livre d'Amos, le berger, est fort différent de celui d'Esaïe, homme d'une grande culture. Mais Dieu les a conduits tous deux, sans abolir leur personnalité, sans niveler leurs caractéristiques propres. Le fait de l'inspiration divine s'est aussi accommodé de la diversité des époques et des lieux où les textes sacrés ont été rédigés. On comprend donc mieux les livres de la Bible si l'on sait quelque chose du cadre historique et géographique. Malgré cela, le message biblique n'est pas limité à une époque ou à un lieu, car il n'est pas l'expression de la sagesse humaine qui cherche à atteindre Dieu, mais le produit de la sagesse même de Dieu qui se révèle et descend jusqu'à nous.
Aussi la Bible se distingue-t-elle de tous les autres livres. Elle est sans erreur dans tout ce qu'elle affirme, non seulement quand elle traite du salut et des questions "spirituelles", mais aussi lorsqu'elle évoque l'histoire ou qu'elle dépeint l'univers. Elle est la vérité dans toutes les directions.
En fait, comment comprendre l'univers et le pourquoi de son existence, en dehors de ce que la Bible nous en dit ? Jean-Paul Sartre, comme chacun le sait, a exercé une influence néfaste en France et dans le monde. Mais ce philosophe a posé une question très pertinente et d'une importance capitale : "Pourquoi les choses existent-elles ?" Sans la Bible, pas de réponse. Elle seule nous dit : "Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre". Cette révélation a servi de fondement à la science moderne. En effet, celle-ci, loin de se dresser en ennemie du christianisme comme on le croit trop souvent, est née de la pensée chrétienne. Par exemple, Copernic, Galilée, Pascal, Pasteur, et d'une façon générale les savants jusqu'à la fin du XIXe siècle, admettaient qu'un Dieu raisonnable avait créé l'univers et qu'il était par conséquent possible d'en découvrir les lois à l'aide de la raison. C'est seulement dans une période relativement récente que la science s'est séparée de la Parole de Dieu, et cela en vertu du choix délibéré des savants et non à la suite de leurs découvertes. En se détournant de la Bible, le savant peut continuer à faire de la science, mais il se prive de toute explication justifiant l'existence et l'ordre de l'univers.

Deux effets de la vérité biblique : libération, protection
C'est un livre merveilleux que la Bible, car elle nous dit la vérité dans tous les domaines, y compris ceux de la science et de l'histoire (ce qui n'enlève d'ailleurs rien à la valeur d'une étude de la science et de l'histoire). Cependant, bien qu'exprimant la vérité sur tous les sujets qu'elle aborde, la Bible n'est pas une révélation exhaustive. Seul Dieu est infini ; seul Dieu a une connaissance absolue de toutes choses. Ici-bas, nul n'a une connaissance exhaustive, pas même de sa propre personne. Même au ciel, même quand nous aurons revêtu notre corps de résurrection, nous ne connaîtrons pas encore toutes choses de manière exhaustive. Bien sûr, notre mode de connaissance différera de ce qu'il est maintenant, puisque nous verrons Dieu face à face. Mais nous conserverons toujours une nature limitée, et je me réjouis à la pensée que, même au ciel, nous ne connaîtrons pas tout, car ainsi nous pourrons toujours apprendre ! Etant un être limité, je n'aimerais pas arriver au stade de n'avoir plus rien à apprendre. Nous apprenons de Christ maintenant, et nous pourrons encore apprendre de lui durant toute l'éternité.
Parce que la Bible nous fournit un cadre sûr pour l'étude de toutes choses, elle a un effet libérateur, non seulement dans le domaine du péché, mais dans tous les domaines de la vie. La Réforme a produit des artistes exceptionnels, des écrivains remarquables, des musiciens merveilleux : le christianisme contemporain devrait faire de même. C'est comme si Dieu nous disait : "Etudiez, écrivez, composez de la musique, rédigez des poèmes, sondez toutes choses, l'infiniment petit comme l'infiniment grand". La soumission à la Bible nous ouvre toutes les portes.
Par ailleurs, l'Ecriture nous apporte une sagesse que le monde ne peut nous donner. Que j'étudie, lise le journal ou regarde la télévision, je suis fréquemment en contact avec une culture opposée à la Bible, et par conséquent erronée et dangereuse. C'est elle qui a poussé notre génération dans le précipice. Mais, pour nous chrétiens, rien ne nous oblige à la suivre. Nous avons dans l'Ecriture des limites, une protection. Que ce soit dans le domaine de la connaissance ou de la conduite, nous pouvons nous arrêter avant d'être meurtris.

2. La Bible face à la contestation, de la Réforme jusqu'à nos jours
La Bible face à l'Eglise romaine
L'Eglise catholique romaine a placé l'autorité conjointement dans l'Ecriture et dans l'Eglise. Mais nos ancêtres, les réformateurs, en accord avec l'enseignement biblique, ont mis l'accent sur la Bible seule. Aujourd'hui, nous avons à défendre la position prise par les réformateurs au XVIe siècle, mais dans une culture beaucoup plus éloignée de la Bible que la leur.

La Bible face à la théologie libérale
Le siècle des lumières a non seulement marqué toute la nation française, mais a aussi influencé la pensée du monde occidental, surtout la théologie. Le rationalisme du XVIIIe siècle a pénétré en Allemagne et y a fait naître la théologie libérale. On a voulu établir une synthèse entre l'enseignement biblique et le rationalisme français. Bientôt cette théologie libérale s'est répandue dans le monde entier. Il est cependant impossible de concilier le rationalisme humain et l'enseignement biblique. Le rationaliste pense trouver toutes les réponses en l'homme. Il fait de celui-ci le centre et la mesure de toutes choses. A l'opposé, la Bible affirme que l'homme ne peut s'élever vers Dieu. Il a besoin que Dieu descende jusqu'à lui.
Cette théologie libérale, qui cherche à détruire l'enseignement clair des Ecritures, a encore une influence prédominante dans le monde d'aujourd'hui. Les huguenots se sont opposés à l'enseignement catholique romain qui mêlait Bible et tradition. Or l'enseignement libéral est bien pire puisqu'il érige l'homme en seule autorité. C'est l'homme qui juge la Bible, au lieu du contraire. Autrement dit, c'est le rationalisme du siècle des lumières introduit dans la théologie, l'humanisme en habits religieux. Ainsi, qu'il s'agisse du conflit avec Rome au XVIe siècle ou du conflit moderne avec la théologie libérale, le même problème se pose : la Bible est-elle l'autorité souveraine ou ne l'est-elle pas ? Dans un cas, l'on affirme que l'Eglise est détentrice de cette autorité. Dans l'autre, que l'homme en est le détenteur. Mais de deux choses l'une : ou l'autorité souveraine est dans l'homme, ou elle est dans la Bible. Elle ne peut résider dans les deux en même temps. Convaincus que la Bible est l'autorité souveraine, nous devrions avoir le courage de dire aux théologiens d'aujourd'hui : "Malgré l'amour que nous éprouvons pour vous, nous devons vous avertir : vous êtes dans l'erreur, sans fondement solide, sans aucune certitude".

La faillite de la théologie libérale
Il convient maintenant de préciser qu'il y a un certain nombre d'années la théologie libérale a dû modifier son orientation. On espérait en effet, au siècle des lumières, trouver en l'homme la solution à tous les problèmes par le développement du savoir dans tous les domaines de la vie. Mais à un moment donné, on s'est rendu compte que c'était impossible. Coup sévère porté à l'optimisme arrogant de la pensée rationaliste qui était alors dans l'impasse. Aujourd'hui, l'homme doit reconnaître que sa sagesse ne lui fournit aucune réponse sûre, dans quelque domaine que ce soit. Il ne peut expliquer la raison d'être de l'univers, ni pourquoi lui-même peut être aussi merveilleux dans sa créativité et aussi épouvantable dans sa cruauté. L'homme moderne avoue son incapacité de discerner ce qui est vrai de ce qui est faux. Pour lui, tout est mouvant, tout est relatif. La génération dans laquelle nous évoluons ne dispose d'aucun fondement pour les valeurs. En ce qui concerne la théologie, elle a évolué dans le même sens. Elle s'était arrogé le droit de juger la Bible sur le critère de la sagesse humaine, en prétendant séparer le vrai du faux. Mais les efforts des théologiens libéraux ont été voués à l'échec. Ils avaient prétendu que Jésus ne pouvait pas être Dieu et que ses miracles étaient impossibles. Puis ils ont essayé de séparer le Christ historique du Christ surnaturel, mais ils ont dû reconnaître que l'un et l'autre sont tellement imbriqués que si l'on enlève le surnaturel il n'y a plus de Christ du tout, et qu'ils ne peuvent maintenir la personne de Jésus qu'en acceptant le surnaturel. C'est la conclusion à laquelle aboutit Albert Schweitzer dans son livre " La quête du Christ historique ". Il a fallu en arriver là pour reconnaître la faillite de la théologie libérale.

La Bible face au néo-libéralisme irrationnel
Dès lors les théologiens auraient pu choisir entre deux directions : ou bien revenir carrément à la Bible, selon la démarche des réformateurs, et épouser l'attitude de Jésus à l'égard des Ecritures; ou bien s'en détourner complètement en acceptant l'inévitable conséquence : l'abandon pur et simple des choses religieuses et la négation de tout sens à la vie. Par cette seconde option, les théologiens auraient abouti au nihilisme, comme l'ont fait bien des philosophes français.
En s'engageant dans l'une de ces deux directions, ils se seraient assuré une position cohérente, raisonnable. Mais ils ont préféré conférer à leur libéralisme une nouvelle forme, celle que le théologien suisse Karl Barth a proposée, en formulant ce que personne n'avait jamais osé dire avant lui. En substance, Barth a déclaré que la Bible est pleine d'erreurs, mais que cela n'empêche pas qu'une parole religieuse transparaisse de ses pages de temps à autre. En réalité, la position de Karl Barth sur le plan théologique rappelle étrangement celle de Jean-Paul Sartre et d'Albert Camus. Voici le genre de propos que tenait Jean-Paul Sartre au restaurant des Deux Magots, à Paris : "Le monde est absurde, la vie est absurde; mais d'une manière ou d'une autre, nous pouvons quand même parler d'espoir, même si notre intelligence nous dit qu'il n'y en a pas". En tournant mon premier film, "How should we then live ?" (Comment donc devrions-nous vivre ?), je me suis assis aux "Deux Magots" à l'endroit même où Jean-Paul Sartre s'était assis, et j'en étais ému. La position où il se trouvait n'était-elle pas intenable ? Et Camus lui-même, engagé dans la même ligne, l'a peut-être ressenti encore plus intensément. La position des théologiens est identique, puisqu'ils affirment que la Bible est pleine d'erreurs et que néanmoins un message religieux peut y transparaître.

3. Le roc de la vérité divine, historique, objective de l'Ecriture
Mais qu'en est-il au juste de la nature de la Bible ? Puis-je ramener son message à la conception subjective que j'en ai, ou est-elle vérité objective ? Est-ce un livre qui nous communique quelques "notions religieuses", ou est-ce le document de la vérité divine ? Avant de devenir chrétien, j'étais agnostique. Serais-je devenu chrétien si j'avais pensé que les affirmations de la Bible n'étaient pas objectivement vraies ? Non, jamais ! Je n'avais nul besoin d'un "cachet d'aspirine" !
Durant ces vingt-six années, nous avons vécu quelque chose de merveilleux à l'Abri : des milliers et des milliers de jeunes gens, venus de tous les coins du monde, ont embrassé le christianisme. Certains d'entre eux étaient fort brillants. Seraient-ils devenus chrétiens si on leur avait proposé la Bible simplement comme un remède pour qu'ils se sentent mieux ? En se droguant, ils auraient pu arriver au même résultat ! Non, il est une seule raison qui pousse les gens à devenir chrétiens en toute lucidité : c'est que la Bible est la vérité objective, une vérité enracinée dans l'histoire.
Lorsque nous tournions notre dernier film, "What ever happened to the human race ?" (Qu'est-il arrivé à la race humaine ?), on m'a emmené par hélicoptère jusqu'au sommet du mont Sinaï. J'y suis resté une demi-journée à observer le profil des montagnes. Qu'a donc dit Moïse aux Israélites en redescendant du Sinaï : "Vous avez vu... vous avez entendu... vous avez des preuves historiques... n'ayez aucune crainte pour l'avenir... ne redoutez pas vos ennemis..." Disons-le nettement : le christianisme n'est pas une vérité subjective, c'est une vérité objective, enracinée dans l'histoire. Quand Jésus, ressuscité des morts, est apparu aux apôtres, il a tenu en quelque sorte le même langage que Moïse : "Regardez- moi, regardez mes mains, donnez-moi quelque chose à manger ; je mangerai là, devant vous". Avec Jésus-Christ comme avec Moïse, nous sommes devant la vérité enracinée dans l'histoire. Parce que la Bible est vraie sur le plan des faits historiques, je puis découvrir les preuves archéologiques de sa vérité en creusant le sol de la Terre Sainte. Comment proposerions-nous à nos auditeurs d'écouter le message de la Bible si elle contenait des erreurs quand elle touche à l'histoire et au cosmos ? Hélas, de véritables chrétiens tentent encore de faire la distinction entre ce qu'ils appellent la vérité religieuse de la Bible et sa faillibilité dans d'autres démarches. Si la Bible comporte des erreurs ou des inexactitudes, et qu'elle n'est pas objectivement vraie sur tous les plans, alors comment croire ce qu'elle dit lorsqu'elle annonce que Jésus est ressuscité des morts ? Non, il n'y a pas de demi- mesure. Si la Bible n'est pas la vérité qui procède de Dieu dans tous les sujets qu'elle traite, nous n'avons aucune espérance ; et si elle n'est pas infaillible dans tous les domaines, comment saurons-nous que la mort de Christ est suffisante pour nous, qu'un ciel nous est destiné, et qu'un jour nous ressusciterons ? Tout se tient. Si l'on ne peut pas lui faire confiance en tout, l'on ne peut lui faire confiance du tout.
Soulignons que le conflit actuel autour de la Bible n'est pas une simple discussion théologique réservée aux spécialistes. Toutes nos convictions personnelles reposent sur l'inerrance des Ecritures. En accord avec le témoignage que la Bible se rend à elle-même, avec l'enseignement de Christ et la position des réformateurs, nous devons affirmer que l'Ecriture ne procède pas de l'homme mais de Dieu, qu'elle est vérité objective et absolue dans tout ce qu'elle dit et, par conséquent, notre inébranlable fondement.
Conclusion
L'autorité de la Bible et ses multiples conséquences pour la vie personnelle du chrétien et la culture
En cette époque où la Bible est contestée, se déclarer pour sa pleine autorité est indispensable. Nous devons nous rendre compte que si notre culture continue à rejeter l'Ecriture, elle descendra toujours plus rapidement sur la sombre route où elle s'est engagée.
Il importe donc de nous ranger résolument aux côtés de la Bible ; mais il faut en même temps vivre son message. Il ne suffit pas de prendre position pour l'Ecriture comme l'ont fait les réformateurs, de nous opposer à la théologie libérale et à la culture matérialiste ; il nous faut vivre sous l'égide de l'Ecriture. Si elle est ce qu'elle prétend être, c'est-à-dire la Parole de Dieu, alors son autorité doit s'exercer dans tous les domaines de l'existence. Parce que la Bible est vérité dans toutes les directions, et pas seulement dans le domaine "religieux", j'accepte ses exigences en tout. Il faut que l'artiste, le musicien, le politicien, l'homme d'affaires, l'épouse, le mari, les parents, les enfants vivent sous l'autorité de l'Ecriture. C'est aussi vrai du patron qui devrait gérer ses biens sans oublier la compassion pour les autres ; c'est aussi valable pour nous dans le domaine de l'entraide fraternelle.
L'autorité dont l'Ecriture est revêtue m'amène à accepter Christ comme mon Sauveur, mais aussi comme mon Seigneur à qui je subordonne toute ma vie : sociale, économique, politique, etc., etc. Jésus est-il seulement le Seigneur de votre vie religieuse, ou l'est-il dans tous les domaines pour vous ? En un temps où la Bible est contestée par la théologie libérale et la culture matérialiste, nos prises de position ne suffisent pas. Le monde attend des chrétiens qu'ils lui démontrent ce que signifie vivre sous l'autorité des Ecritures, sous la seigneurie de Christ.
Et quand nous avons des manquements – et qui d'entre nous n'en a pas – nous pouvons confesser nos fautes au Seigneur Jésus, car son sang n'a pas seulement coulé pour nous délivrer au moment de notre conversion, mais pour nous purifier aujourd'hui, ce soir, demain. Par le sacrifice de Christ, nous pouvons toujours obtenir le pardon et repartir avec foi. Jour après jour, je peux tirer ma force du Seigneur Jésus ; jour après jour nous pouvons nous aider mutuellement. Quand nous donnerons un tel témoignage, le monde nous écoutera, constatant que nous plaçons notre vie sous l'autorité de l'Ecriture et que nous ne nous bornons pas à la prêcher. Et bien que nous soyons en minorité dans nos pays, nous pourrons exercer une influence profonde sur l'ensemble de notre vie nationale et culturelle. C'est merveilleux d'avoir la certitude d'être sauvé et d'aller au ciel, mais cela n'est que le commencement : c'est merveilleux aussi d'aider les autres à devenir chrétiens. Mais ce n'est pas encore tout. N'oublions pas l'influence que, comme chrétiens, nous devons exercer sur notre culture et nos nations !
Dans le cadre de la contestation autour de la Bible, militer pour son autorité n'est pas une simple prise de position théorique. Cela a d'immenses répercussions pour le salut personnel et pour le bien du monde autour de nous. Ce monde n'est pas seulement perdu, il est meurtri, désespéré. Or, par la grâce de Dieu, nous disposons des solutions auxquelles il a droit. Avec Christ comme Sauveur et Seigneur de nos vies, et remplis de sa compassion, gagnons des âmes et efforçons-nous d'exercer une influence décisive sur la culture contemporaine.
Source: Bible Ouverte


Ce texte a été publié pour la première fois dans le numéro de novembre-décembre 1982 du journal Le Témoin, organe de l'Action Biblique. Il n'a rien perdu de son actualité.
Une biographie de Francis A. Schaeffer, philosophe, théologien, professeur et conseiller spirituel de milliers de jeunes a paru  aux éditions de la Maison de la Bible (auteur : L. G. Parkhust). Plusieurs livres écrits par F. A. Schaeffer sont disponibles à la Maison de la Bible

dimanche 15 septembre 2013

LUC 15.1-10


Tous les collecteurs d'impôts et les pécheurs s'approchaient de Jésus pour l'écouter.2 Mais les pharisiens et les spécialistes de la loi murmuraient, disant: «Cet homme accueille des pécheurs et mange avec eux.»3 Alors il leur dit cette parabole: 4 «Si l'un de vous a 100 brebis et qu'il en perde une, ne laisse-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller à la recherche de celle qui est perdue jusqu'à ce qu'il la retrouve?5 Lorsqu'il l'a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules 6 et, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins et leur dit: 'Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis qui était perdue.' 7 De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n'ont pas besoin de changer d'attitude.8 »Ou bien, si une femme a 10 pièces d'argent et qu'elle en perde une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison et chercher avec soin jusqu'à ce qu'elle la retrouve?9 Lorsqu'elle l'a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines et dit: 'Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé la pièce que j'avais perdue.' 10 De même, je vous le dis, il y a de la joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.»



Chers frères et sœurs en Christ,
chers amis,

Je crois que nous avons tous fait l'expérience de perdre quelque chose. On se prépare à partir et on ne sait pas où sont passées les clés. Il est très ennuyeux de perdre son portefeuille qui contient cartes bancaires et papiers. Je lisais l'autre jour un article sur le drame que représente pour certaines personnes la perte de leur téléphone portable , qui contient parfois tous leurs contacts professionnels ou sociaux.
Mais il y a des cas où une perte est bien plus grave. Il y a deux ou trois ans, alors que j'animais le forum de associations à Melle, une maman est venue me dire qu'elle avait perdue son petit garçon dans la foule. Il lui avait suffi de trente secondes de dos tournée pour disparaître. J'ai bien sûr lancé un premier appel « le petit xxx attend sa maman à l'entrée... » puis un deuxième « un petit garçon vêtu d'un t-shirt orange... » puis un troisième « attention, attention... ». Toujours rien, et je peux vous dire que je n'en menais pas large, parce qu'on commence très vite à envisager le pire...Finalement, alors que les gendarmes, qui venaient d'être appelés commençaient leurs recherches, on a retrouvé le petit garçon. Quel soulagement !! Il s'était tout simplement aventuré du côté du lycée, vivant sa vie de bout de chou. Et tous les parents qui ont connu cette expérience (même pendant beaucoup moins de temps) savent ce qu'on ressent : on a envie de les gronder, mais on est tellement heureux de les retrouver...

Aujourd'hui Jésus nous raconte l'histoire d'un berger qui possède 100 brebis et qui en perd une. Le berger s'inquiète pour sa brebis, qui se retrouve seule, éloignée de sa protection. Alors, il prend une mesure drastique : il laisse les 99 brebis autres brebis et part à la recherche de la brebis perdue. Et Jésus d'insister, en disant bien « c'est ce que vous feriez si vous étiez à sa place n'est-ce pas ? Vous aussi vous iriez chercher cette brebis !

L'attitude du berger rappelle celle d'un parent dont l'enfant s'est perdu : il arrête tout et met tout en œuvre pour le retrouver rapidement.
Nous avons peut-être du mal à comprendre l'attitude de ce berger. Après tout, quand on a des brebis, c'est un peu la règle du jeu que d'en perdre une ou deux régulièrement... A la limite, on pourrait dire que ce berger, plutôt que de se donner toute cette peine pour retrouver un animal borné, aurait mieux fait de s'en racheter une pour quelques pièces.

Tout cela nous amène à réfléchir sur le sens de cette parabole. Je vous propose de rester sur un gra nd thème : cette histoire nous parle de Dieu. Le berger, c'est Dieu, et la parabole nous montre son cœur pour une humanité qui s'est éloignée et perdue loin de lui, qui se retrouve esseulée et sans défense dans les solitudes dangereuses où elle s'est elle même égarée. Le berger s'inquiète pour se brebis, à cause des prédateurs qui peuvent l'attaquer et des ravins dans lesquels elle peut tomber. Dieu est tourmenté pour l'humanité, quand il la voit errer dans un monde marqué par la violence, l'égoïsme, la rapacité et le manque de sens, qui ne sont que des conséquences du péché, de notre séparation avec Dieu.
Dieu, comme un parent dont l'enfant s'est perdu, fait l'impossible pour nous retrouver et nous réunir avec lui.
Et, tout parent dont l'enfant se perd ne va pas dire, par exemple, « bah, tant pis, j'en ai d'autres ». Chacun d'entre nous est précieux et irremplaçable. Dieu ne se détourne pas de ceux qui se sont éloignés de lui, de ceux qui le déçoivent et lui brisent le cœur Et cette histoire du berger nous fait parvenir un message d'une incroyable clarté : nous sommes aimés par un Dieu à l'amour inlassable, dont le cœur ne connaîtra de repos que lorsque nous serons enfin réunis au troupeau et ramenés à une relation juste et vivante avec lui. Cette parabole, Jésus l'adresse à ceux qui lui reprochent de s'associer avec des pécheurs notoires. Il veut leur faire comprendre que, justement, c'est pour cela qu'il est venu : pour chercher les brebis perdues, et que cela devrait être un sujet de grande joie !
Dieu a envoyé son fils unique Jésus. Lui était parfaitement pur et innocent il a été puni à notre place, il donne à tous ceux qui croient en lui le pardon et la vie éternelle, il détruit la séparation entre nous et Dieu.
C'est ce que le prophète Esaïe avait annoncé des siècles auparavant : « Nous étions tous comme des brebis égarées: chacun suivait sa propre voie, et l’Éternel a fait retomber sur lui nos fautes à tous » (Es 53.1 voir aussi 1 Pierre 2.25).
Il faut aussi remarquer, comme le faisait déjà Grégoire de Nysse l'attitude du berger. Quand il retrouve la brebis, il ne la punit pas, il ne la ramène pas au troupeau en la poussant et en lui reprochant de lui avoir fait perdre son temps. Au contraire, il la charge sur ses épaules et il la ramène à la maison en la portant doucement, rempli de joie.

L'histoire du berger nous montre le cœur de Dieu. Dieu a un cœur plein de compassion pour ceux qui se sont perdus, un cœur tellement rempli d'amour pour eux qu'il a envoyé son Fils unique afin que tous ceux qui croient en lui ne périssent pas, mais qu'ils aient la vie éternelle. Un Dieu qui se réjouit quand il retrouve une brebis perdue.
Souvent, nous aimons penser que nous sommes les principaux acteurs dans la relation entre Dieu et nous : « je cherche un sens à la vie », « je vais passer plus de temps dans la prière », « j'ai décidé de donner mon cœur à Jésus »... Alors survient un glissement qui nous fait penser que c'est nous qui avons choisi Dieu, et que nous sommes d'une certaine manière responsables de notre salut.
L'apôtre Paul savait ce que voulait dire être une brebis perdue. Il était le premier à reconnaître que, si les choses n'avaient dépendu que de lui, il serait resté ce qu'il était : un ennemi acharné de Christ et de son église. Mais le bon berger, Jésus, l'a trouvé et a donné à sa vie un tour complètement différent. C'est ce que nous avons entendu ce matin : « Cette parole est certaine et digne d'être acceptée sans réserve: Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver des pécheurs. Je suis moi-même le premier d'entre eux, mais il m'a été fait grâce afin que Jésus-Christ montre en moi le premier toute sa patience et que je serve ainsi d'exemple à ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle. »
Paul dit ici que, bien qu'il ait été un homme rempli d'une haine farouche envers la vérité, prêt à tout pour éradiquer les chrétiens, Jésus l'aimait et lui a fait grâce. Paul avait conscience qu'il était un exemple de l'étendue de l'amour de Dieu, un amour qui s'étend jusqu'au pire des hommes. Paul dit clairement que ce n'est pas lui qui a choisi de devenir chrétien. La brebis perdue ne retourne pas d'elle même vers le troupeau. C'est le berger qui vient la chercher. De la même façon, c'est Christ qui est allé chercher Paul, Paul l'horrible, Paul le persécuteur...
Je me souviens de ce témoignage d'un jeune homme qui, ayant découvert la foi chrétienne, se préparait au baptême. Quand on lui demandait pourquoi il avait « fait ce choix », il répondait qu'il n'aimait pas l'expression et disait « vous savez, je ne connaissais rien du christianisme et je m'en moquais de cette foi que je jugeais ridicule. Si vous m'aviez dit il y a un an que je serais aujourd'hui en train de me préparer au baptême, je vous aurai ri au nez. Je n'ai pas trouvé Dieu. C'est Dieu qui m'a trouvé ».

Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver des pécheurs. Vous et moi. Vous connaissez peut-être cette vérité depuis de longues années. Ou alors, ce message est peut-être encore nouveau pour vous... Peu importe. L'essentiel est de nous rappeler que si nous sommes sauvés, c'est parce qu'un Dieu souverain au coeur rempli d'amour est venu nous chercher. Et si vous sentez que vous êtes en train d'errer sur les chemins de la vie, Dieu vous cherche, il vient vers vous, il vous appelle par votre nom. Le berger vient chercher sa brebis perdue et la ramener à son troupeau.