mercredi 22 août 2007

L'ESPÉRANCE
"(Nous avons été) informés de votre foi en Jésus-Christ et de votre amour pour tous les saints, à cause de l'espérance qui vous est réservée dans les cieux." (Colossiens 1, 4-5)

La foi, l'espérance et l'amour. Ou la charité, si on préfère. L'apôtre nomme les trois, comme dans 1 Corinthiens 13. Il nous dit aussi le rapport qu'il y a entre les trois : la foi et l'amour plongent leurs racines dans l'espérance. Croire en Jésus-Christ et aimer les saints d'un amour sincère n'est possible que parce que nous avons une grande espérance. Une espérance que tout le monde n'a pas.
Laquelle ? Celle d'être plus heureux sur terre que les autres ? De mieux gagner sa vie, d'avoir une meilleure santé, moins de problèmes et de soucis que les autres ? Non. L'apôtre parle de l'espérance "qui vous est réservée dans les cieux." C'est l'espérance d'aller un jour au ciel, chez Dieu et chez Jésus. Pas évident du tout pour des pécheurs, quand on sait que toute transgression de la Loi nous accuse devant son saint trône. C'est l'espérance de trouver grâce et pardon, de vaincre la mort et de subsister dans le jugement divin.
Où la trouve-t-on ? Dans la "parole de la vérité", la parole de l'Évangile, là où il est question de Jésus-Christ et de son salut. L'as-tu souvent cherchée sans la trouver ? Ou bien désires-tu grandir en elle ? La voudrais-tu plus forte ? Va la chercher là où le Seigneur la donne : dans sa Parole, la Bible.

samedi 11 août 2007

Luc 18.31-43

« Seigneur, aie pitié de moi ». Voilà peut-être la prière la plus simple et la plus courte que l’on puisse faire. Elle se trouve inscrite dans notre liturgie. Toutes les semaines, après nous être reconnus pêcheurs, nous chantons « Seigneur, aie pitié de nous ; Christ, aie pitié de nous ». Et, lors des cultes de Sainte Cène, avant de communier, nous chantons « Christ Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde, oh ! Prends pitié de nous et accorde nous ta paix ». C’est ce que l’on appelle le Kyrie Eleison, selon la formule grecque, et ces paroles figurent dans la liturgie de l’Eglise depuis les premiers siècles. Peut-être les répétons nous machinalement, sans y prêter trop attention au bout de tant d’années. Mais que signifient-elles ? Que nous apprennent-elles sur nous et sur Dieu ?

Notre passage commence par l’annonce très claire que fait Jésus à ses disciples de sa mort prochaine. Il va aller à Jérusalem et être livré aux Gentils. Il va être outragé, moqué, maltraité ; il mourra de la mort d’un criminel et il ressuscitera. Et les disciples ne comprennent pas. Ils ont passé trois ans avec Jésus et ils ne comprennent pas. Au point que c’était comme si Jésus parlait un langage dont ils ne pourraient saisir le sens. Trois ans d’intimité avec Jésus, la connaissance de l’Ecriture (Christ mentionne bien les prophètes qui avaient annoncé sa venue) et les disciples ne comprennent toujours pas la mission de Jésus, le sens de sa vie. Jésus leur a déjà plusieurs fois cela, et ils ne parviennent toujours pas à l’accepter. Ils sont comme des gens perplexes devant un puzzle pourtant facile à reconstituer : ils ne savent pas quoi faire des pièces qui sont dans leur main. Ils ont des oreilles pour entendre ce qu’il leur dit, mais ils sont comme sourds. Leurs yeux ont vu ce que Jésus a fait, et ils sont comme aveugles. Et nous-même ? Car prenons garde : il est possible de lire sa Bible chaque jour; d’aller au culte, et de ne pas saisir l’identité profonde de Christ. Il est possible d’ avoir une foi, non pas centrée sur sa croix et sa résurrection, mais qui s’est engagée sur des chemins de traverse. Si tel est le cas, redressons la barre, revenons à la Bible pour y trouver le témoignage de Jésus Christ et être rempli de toute intelligence spirituelle.

Paradoxalement, ce ne sont pas ceux qui connaissent le mieux Jésus qui vont le comprendre, mais c’est un aveugle placé sur le bord de la route qui va témoigner de la foi la plus simple et la plus éclatante.
Il est là, sur le bord du chemin, et il entend la foule qui passe. Si nous harmonisons notre texte avec les passages parallèles, chose que je crois possible, nous apprenons en Marc 10 que son nom est Bartimée. Il demande ce qui arrive. On lui dit que c’est Jésus qui passe. Et lorsqu’il entend cela, Bartimée s’écrit « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ». Ce cri, c’est la prière de tout pécheur qui reconnaît qu’il a besoin de Jésus. C’est le cri de tous ceux et toutes celles qui passent au crible du deuil, de la maladie, du chômage et de toutes les épreuves qui peuvent nous assaillir dans cette vie. C’est le cri de ceux qui savent qu’ils ne peuvent qu’implorer Dieu, qu’ils ne peuvent plus marchander avec lui ou essayer de le manipuler. C’est le cri de la foi. Seigneur, aie pitié de moi ; Seigneur, aie pitié de nous.

Je trouve très frappant que Bartimée appelle Jésus « Fils de David ». Marc nous montre par plusieurs allusions, que ce terme en était venu à désigner le Messie qui devait, selon l’Ecriture être issu de la lignée de David. L’aveugle croit que Jésus est le Messie, il croit qu’il est le Seigneur. Il croit qu’il a pouvoir sur la vie et sur la mort, et qu’il peut le guérir. Et c’est pour cela qu’il crie vers Jésus. Il ne peut que crier à lui, implorer sa pitié, parce que Jésus ne lui doit rien. L’aveugle est un mendiant posé le long d’une route. N’oublions pas que, nous aussi, nous sommes tous des mendiants face à Dieu.
L’aveugle n’a pas peur de demander à Dieu ce qu’il veut. Et nous ? Avons-nous peur de demander à Dieu de nous pardonner ? Avons-nous peur de lui demander d’être avec nous dans nos épreuves ? Avons-nous peur que Dieu nous abandonne quand nous avons le plus besoin de lui ? Avons-nous peur pour notre église ? Avons-nous peur de l’inconnu ?

Jésus, lui, nous dit « n’ayez pas peur ». Le Seigneur entend nos cris, comme il a entendu les cris de l’aveugle. Jésus est là, au milieu de nous et avec nous. Nous avons lu ce matin le magnifique texte de 1 Corinthiens 13 sur l’amour. Mais n’oublions pas c’est la Bible toute entière qui nous parle de l’amour de Dieu. Et nous pouvons, comme l’apôtre Paul avoir l’assurance que « ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. » Rom 8.38-39
C’est cet amour de Dieu qui pardonne au pêcheur. C’est cet amour de Dieu qui vient à notre aide dans toutes les périodes arides de nos vies. C’est cet amour que nous voyons à la croix.

L’aveugle croit en Jésus. Et il fait appel à lui. Sans doute, il a entendu parler de Jésus, cet homme extraordinaire, qui enseigne avec autorité, qui fait des miracles. Mais, bien sûr, il ne l’a jamais vu !! Et il ne lui a sans doute jamais parlé. Nous sommes un peu comme lui : nous n’avons jamais vu Jésus. Mais nous pouvons appuyer notre foi sur le témoignage véridique de la Bible, qui nous enseigne tout ce que nous avons besoin de savoir « Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » Jn 20.31
Bartimée, c’est la foi qui crie à Dieu. Et que rencontre t’elle en premier cette foi ? L’opposition ! « Ceux qui marchaient devant le reprenaient pour le faire taire ; mais il criait beaucoup plus fort : Fils de David, aie pitié de moi » v. 39. Il est gênant, Bartimée. Il n’est, comme tous les mendiants, certainement pas très beau à voir. Et puis, il est aveugle, ce qui, au passage, n’a pas l’air de toucher grand monde dans ce cortège de gens qui suivent Jésus. Et il fait du bruit, il crie, cela dérange. Voilà ce que la foi de l’aveugle doit affronter. Et c’est la même chose pour notre foi, parce que nous ne devons pas oublier que la vie de foi est un combat contre le diable, la chair et le monde, contre toutes ces forces qui nous attaquent et veulent nous faire tomber. Notre foi peut déranger. L’anti-christianisme, cela existe en France. A vrai dire, cela se développe même. On peut chercher à nous intimider, à nous marginaliser, à baillonner l’Eglise. Et Bartimée, comme nous devons le faire, ne se laisse pas vaincre par les obstacles, il continue d’implorer Jésus et il va obtenir ce qu’il veut : le Seigneur s’arrête, et demande qu’on lui amène. « Il en est ainsi de tous ceux qui tiennent fermement à la seule Parole de Dieu, qui ferment leurs yeux et leurs oreilles au diable, au monde et à la chair, et qui agissent comme si Dieu et eux étaient seuls dans le ciel et sur la terre » dit Martin Luther.

Jésus a entendu la prière de Bartimée. Il ne l’a pas rejetée. Il se tourne vers l’aveugle et le guérit, par la puissance de sa parole « recouvre la vue, ta foi t’a sauvé » v.42. Nous aussi, nous avons besoin d’être guéris de notre cécité par Jésus, même s’il s’agit ici d’une cécité spirituelle. Nous avons besoin que nos yeux s’ouvrent sur notre condition, notre misère et la grâce infinie de Dieu envers nous. Cela, seul Christ peut l’accomplir, et il est prêt à la faire pour chacun de nous, tout comme il a été rempli de compassion envers Bartimée.
Le miracle s’accomplit. L’aveugle retrouve la vue. Et que fait-il ? Il suit Jésus, en glorifiant Dieu. Frères et sœurs, la vraie foi, c’est celle qui, consciente de l’immensité de la grâce reçue, glorifie Dieu. Mais où Bartimée suit-il Jésus ? Vers Jérusalem. Jérusalem où l’Agneau de Dieu va être immolé pour le salut du monde.
Nous entrerons dimanche prochain dans le temps du Carême, où nous serons invités à méditer plus particulièrement sur les souffrances et la croix de notre Seigneur, grâce auxquelles nous avons le pardon de nos fautes. Puissions-nous le faire avec la foi de Bartimée et dire avec lui « Seigneur, dans ton amour, aie pitié de nous !! ».