dimanche 26 février 2012

MARC 1.29-30

Chers frères et soeurs en Christ
chers amis,

Nous commençons en ce dimanche notre parcours de Carême. C'est un temps spécial, mis à part pour nous recentrer sur l'oeuvre de salut de Christ. L'année dernière, nous avions étudié sur le Petit Catéchisme de Martin Luther pour approfondir les bases de notre foi. Pour ce carême 2012, je vous propose de suivre une série de prédications intitulée « Jésus et les femmes ».
Je me suis rendu compte avoir peu prêché sur les rencontres entre Jésus et les femmes. Par ailleurs, on accuse souvent le christianisme d'être une religion mysogine (tout en oubliant qu'il y en a d'autres...!!). L'Eglise l'a sans doute été au cours des âges, mais je crois que le ministère de Jésus, sa relation avec les différentes femmes qui l'ont entourée durant son ministère ou qui ont eu un rôle dans l'Eglise primitive, nous donnent une tout autre image.

Ce bref texte nous renvoie au début de l'Evangile de Marc, que nous avons lu depuis décembre dernier. Laissez-moi vous rafraîchir un peu la mémoire: Commencement de l'Evangile de Jésus-Christ. Jena le Baptiste dans les lieux déserts, avec ses drôles d'habits et son régime alimenatire particulier qui baptise Jésus. Les cieux qui s'ouvrent. «Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute mon approbation.». Jésus dans le désert pour 40 jours. Puis le début du ministère: repentez-vous et croyez la Bonne Nouvelle du Royaume.
Jésus part pour Capernaüm. Il choisit une bande de pécheurs mal dégrossis pour être ses premiers disciples.
Puis arrive un jour de sabbat. Jésus enseigne. Tout le monde est ébaubi: «  ce Jésus est vraiment différent de tous les autres ». Finalement, Jésus chasse un esprit impur en lui ordonnant de se taire.
Et c'est donc là que nous trouvons notre histoire d'aujourd'hui.

En sortant de la synagogue, ils se rendirent avec Jacques et Jean à la maison de Simon et d'André.La belle-mère de Simon était couchée avec de la fièvre; aussitôt on parla d'elle à Jésus. Il s'approcha, la fit lever en lui prenant la main, et [à l'instant] la fièvre la quitta. Puis elle se mit à les servir.

Première et rapide remarque: les théologiennes féministes détestent ce verset « elle se mit à les servir ». Bien sûr! Il faut remettre la femme en bon état pour qu'elle puisse faire la boniche! Au passage, certains théologiens plus...conservateurs ont bel et bien donné ce sens à passage.
Mais c'est une fausse interprétation. L'histoire de la belle-mère de Pierre nous dit autre chose. Comme Marc ne la nomme pas, je vous propose de l'appeler (juste pour ce sermon) Rachel.
Je ne pense pas que Jésus a guéri Rachel pour qu'elle puisse préparer un petit quelque chose. Nous devons bien nous replacer dans le contexte social de l'époque et dans le contexte de l'Evangile de Marc. Alors rappelons-nous que pour un homme vivant en Palestine au 1er siècle, il était totalement tabou de même toucher une femme avec laquelle il n'avais pas au moins un lien de parenté. Et le fait de toucher un malade rendait impur. Et c'était un péché que de travailler durant le sabbat (et c'était le sabbat, puisque Jésu revient juste de la synagogue). On voit donc dans ces deux lignes Jésus totalement bousculer un nombre d'interdits, notamment des interdits sur les relations homme-femme.
Et je crois que si Jésus a fait cela, ce n'est pas par provocation, et encore moins parce qu'il n'était pas capable de se faire cuire un oeuf au plat. Je crois que cette scène avec Rachel est une démonstration de ce dont Jésus parlait 11 versets plus haut: «Le moment est arrivé et le royaume de Dieu est proche. Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle!»
Nous avons, dans un sermon récent, que le royaume de Dieu, c'est l'espace où Dieu agit, où sa souveraineté est reconnue. En préchant le Royaume de Dieu, Jésus dit « ça y est, Dieu est lâché! Vous n'allez plus pouvoir le contenir dans vos jolies petites boites bien religieuses, le limiter à ce que vous croyez bon et raisonnnable: c'est lui qui décide et qui commande! »
Prêcher le Royaume, pour Jésus, ça signifie que Dieu s'approche comme il ne s'est jamais approché auparavant. Et Jésus va faire entrer dans ce royaume les gens auxquels on se serait peu attendus: de simples pécheurs, un démonique guéri dans une synagogue...et puis une petite vieille bien malade: notre « Rachel ».
Et on voit bien que cette irruption a lieu partout, pour tous, sans exclusive. Le récit de la guérion de notre femme Rachel survient, dans un cadre domestique, juste après l'exorcisme de l'homme dans l'espace public et religieux de la synagogue. Dans les deux cas, le Royaume de Dieu s'est approché.

Il y a quelque chose d'autre de précieux dans l'histoire de Rachel. La précison, justement qu'apporte Marc: « Puis elle se mit à les servir. ». C'est vrai, Rachel sert Jésus, mais seulement après que Jésus l'ait servie, elle, en lui redonnant la santé. Rachel a peut-être donné à Jésus de quoi se restaurer , mais c'est lui qui l'a restaurée.
Souvenez-vous: Jésus a touché la main de Rachel et elle va se servir cette main pour agir.
D'autre part, il est frappant que Marc parle du service de Rachel, alors même que dans son Evangile, il va décrire Jésus comme étant, justement, le grand serviteur...Peut-être y a t'il là une piste? Et puis, après tout, dans le Nouveau Testament, seuls des anges ou des femmes sont décrits comme servant Jésus.
Et je suis convaincu que, pour « Rachel » ce service a pris une toute autre dimension que les tâches domestiques auxquelles elle était limitée auparavant. Elle devient agent de ce qu'elle vient de recevoir: l'amour, la grâce et la guérison. Pas parce qu'elle y est obligée parce qu'elle est une femme, pas par tradition, mais librement et avec dignité.

Et cela ouvre sur la suite du texte, qui dit qu'après le coucher du soleil on amena les malades et les démoniaques. Et Marc dit que « toute la ville était là ».
Ne sommes-nous pas tous un peu malades? N'avons-nous pas tous notre lot de démons dans nos vies? Il est plus facile de pointer du doigt ceux qui ont un problème bien identifié, pour paraître sain et normal, surtout si nous appartenons à la classe de eux qui savent dissimuler leurs problèmes et leurs failles. Jésus, lui, voit plus loin et veut tous nous restaurer. Et j'aime à imagnier Rachel servir aussi ceux qui, malades ou oppressés, atendent devant sa maison que Jésus les touhce. Je l'imagine relevant ses manches, mais aussi s'agenouillant pour encourager, pour témoigner de ce que Christ a fait dans sa vie, pour dire de garder espoir. Parce que dans la royaume de Dieu, il n'y a pas de trésor à protéger, mais des cadeaux à partager.

Parce que nous sommes « sauvés pour servir ». Parce que Dieu veut se servir de nos mains qu'il a touchées quand il nous a relevés. Encore aujourd'hui, Jésus se sert de nos mains (et de tout notre être) pour répandre la Bonne Nouvelle de son Royaume. Les mains qui baptisent et donnent la Cène, la bouche qui annonce la Parole de Dieu, les jamabs qui nous mènent vers la maison de ceux qui ont besoin d'une présence ou d'un encourgament: de tout cela Dieu se sert.
J'ai dit la semaine dernière que Dieu veut restaurer tout notre être être. Il le veut par ce qu'il nous aime et qu'il veut notre bien. Mais il le veut aussi parce qu'il y a encore beaucoup de guérison et d'espoir à apporter dans ce monde, et qu'il veut se servir de nous pour cela.
Le royaume de Dieu s'est bel et bien approché. Comme les pécheurs mal dégrossis, comme le démoniaque, comme la petite vieille de la maison de Capernaüm, croyez en la Bonne Nouvelle.

lundi 20 février 2012

MARC 2.1-12


 2 Quelques jours après, Jésus revint à Capernaüm. On apprit qu'il était à la maison,
2 et un si grand nombre de personnes se rassemblèrent qu'il n'y avait plus de place, pas même devant la porte. Il leur annonçait la parole.
3 On vint lui amener un paralysé porté par quatre hommes.
4 Comme ils ne pouvaient pas l'aborder à cause de la foule, ils découvrirent le toit au-dessus de l'endroit où il se tenait et descendirent par cette ouverture le brancard sur lequel le paralysé était couché.
5 Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé: «Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés.
6 Il y avait là quelques spécialistes de la loi qui étaient assis et qui se disaient en eux-mêmes:
7 «Pourquoi cet homme parle-t-il ainsi? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, si ce n'est Dieu seul?»
8 Jésus sut aussitôt dans son esprit qu'ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes, et il leur dit: «Pourquoi raisonnez-vous ainsi dans vos coeurs?9 Qu'est-ce qui est le plus facile à dire au paralysé: 'Tes péchés sont pardonnés', ou: 'Lève-toi, prends ton brancard et marche'?10 Afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés,11 je te l'ordonne - dit-il au paralysé -, lève-toi, prends ton brancard et retourne chez toi.»12 Aussitôt il se leva, prit son brancard et sortit devant tout le monde, de sorte qu'ils étaient tous très étonnés et célébraient la gloire de Dieu en disant: «Nous n'avons jamais rien vu de pareil.»


Chers frères et sœurs en Christ
chers amis


            Je me demande ce que l'on dirait, si tout à coup on entendait un bruit de scie au plafond, et puis on verrait le bout d'une scie faire un rectangle dans le plafond, de la poussière tomberait, de la sciure, et puis on descendrait avec des cordes un lit avec un paralytique.
Mais qu'est-ce que c'est que ça? ça ne va plus! mais cela ne se fait pas! C'est difficile de réagir devant l'innatendu. Jésus lui sait comment le faire, parce que cela ne lui fait pas peur, il n'a pas peur de ne pas être à la hauteur, ou de décevoir quelqu'un, ou d'être perdant, parce qu'il agit toujours par l'amour. C'est l'amour qui le guide, et non les conventions ou les habitudes ou les rites ou la crainte de mal faire. Jésus ici réagit tout autrement que nous ne pouvons l'imaginer pour nous. Enfin je ne sais pas, mais je peux m'imaginer que nous ne commencerions pas d'entonner un alléluia si nous voyions un lit descendre du toit. Peut-être que vous me regarderiez, pour savoir comment le pasteur réagit, et moi en bon protestant démocrate, je me rangerai à l'avis du conseil presbytéral!. .
Jésus, lui, ne s'attarde pas à l'inhabituel, aux dégâts peut-être, il regarde aux besoins de ce paralytique, et de ses accompagnants, et de tous ceux qui sont dans la maison, qui étaient venus pour l'écouter. Et il voit une grande foi, il voit qu'ils espèrent de l'aide auprès de lui. Il voit plus loin que l'évidence, plus loin que l'urgence, plus loin que le dérangement.
Je crois qu'une des faiblesses de trop d'églises aujourd'hui est qu'elles n'aiment pas être dérangées, bousculées par l'inattendu. Il est facile de ne voir que le toit ouvert, et de passer à côté de ceux qui ont besoin d'aide, d'amour, de réconfort...Est-ce que vous pensez que Pierre a été content de voir le toit de sa maison ouvert en grand? Qu'il ne s'est pas dit avec son frère que ça pouvait parfois être un peu déstabilisant d'être disciple de ce Jésus??
Nous sommes parfois tellement figés dans nos traditions, nos habitudes, aussi en ce qui concerne notre vie de la foi ou de l'église en général,  que nous nous opposons facilement à toute nouvelle chose, renouveau, impulsion nouvelle, et je parle pour moi en premier. Nous avons encore trop peur des choses non conventionnelles. Pourtant, ce trou dans le toit à Capernaüm, a des conséquences tellement positives pour les gens concernés. Ce n'est pas conventionnel de faire un trou dans le toit. Il ne s'agit pas de nécessairement adhérer à tout ce qui est nouveau, mais au moins laisser à Dieu la possibilité de se manifester autrement que jusqu'à présent. Voir plus loin que le bout de son nez.
Les gens ont du découvrir le toit de la maison, parce qu'il y avait un grand nombre de personnes rassemblées autour de Jésus.
Aujourd'hui, il ne serait pas nécessaire de découvrir le toit du temple, il y a encore assez de place pour entrer. Ce qui pose une question aux églises de notre pays: prclament-elles bien la Parole Si on proclame Jésus, son message d'amour et de délivrance, les gens devraient aussi attirés. C'est une question que je me pose personnellement. Est ce que je transmet la parole de Dieu, qui agit, qui transforme les coeurs, ou est ce que je lis simplement des phrases ­saupoudrées avec un peu de théologie. Il est dit que Jésus leur annonçait la parole, et cela attirait les gens. Pourquoi les quatre hommes ont découvert le toit? Parce que le 5e était paralytique, ne pouvait pas marcher, ne pouvait pas venir seul et sans aide vers Jésus.
L'acte d'amour de ces quatre hommes a permis une rencontre du paralytique avec Jésus, rencontre qui a eu pour conséquence la guérison de son corps, mais aussi de son âme et de son esprit par le pardon des péchés accordé par Jésus.
Il y a encore des paralytiques aujourd'hui. Pas seulement les gens en fauteuil roulant. Il ya celles et ceux qui sont paralysés, bloqués par quelque chose. Ca peut être une enfance malheureuse ou un deuil douloureux. D'autres sont bloqués dans des soucis par lequels ils sont vraiment paralysés, d'autres le sont par leur attachement à la reconnaissance par les autres, l'argent, leurs passions, leurs situations familiales, professionnelles ou autres.
Il y a tant de choses qui peuvent nous paralyser, tant de choses qui, comme l'homme qu'on amène à Jésus, nous empêchent de nous tenir debout. Tant de choses qui, comme le paralytique, nous empêchent d'aller vers Jésus.
Mais la Bonne Nouvelle, c'est qu'encore aujourd'hui, Jésus guérit nos paralysies. Jésus guérit, tout simplement.


Tout le monde attend la guérison, et Jésus dit: Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés. C'est pour moi un point central du texte. Jésus pardonne les péchés. Ce motif est repris au verset 10: Afin que vous sachiez que le fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés. Et, dans le même temps, Jésus guérit cet homme dans sa condition physique.


Notre texte établit un lien très clair entre le pardon des péchés et la guérison physique. Jésus, au passage, s'est toujours opposé à l'idée selon laquelle les maladies seraient dues à des péchés, qu'elle seraient en quelque sorte des punitions, comme le croyaient beaucoup de juifs de son temps. Ce n'est pas ce qui est en question ici.
Le premier enjeu de ce texte, c'est que Jésus affirme être Dieu. Quand les sribes disent « Qui peut pardonner les péchés, si ce n’est Dieu seul? ». Jésus ne les contredit pas, bien au contraire! « Oui, seul Dieu peut pardonner les fautes...et c'est bien ce que je vais faire, car je suis Dieu ».
L'autre point sur lequel je veux insister est ceci. Je trouve précieux le lien entre guérison physique et pardon que Marc établit. Car, quand on limite trop souvent le « salut » au pardon des fautes. Et, bien sûr, être sauvé, c'est être pardonné. Mais il y a plus. Le salut est guérison.
Je ne dis pas que tous seront guéris de façon miraculeuse comme le paralytique. Ce n'est pas ce que la Bible enseigne. Ici nous ne sommes pas tous guéris de toutes les maladies, Dieu guérit, alléluia, mais pas systématiquement. Et pas toujours tout de suite. Et aussi dans notre esprit, nos crises, nos faiblesses, ce n'est pas toujours immédiat, parfois il faut un peu plus de temps, parfois moins, parfois le miracle est instantané. Mais Dieu nous rétablit, et il achèvera l'œuvre qu'il a commencée en nous.
Dans le Nouveau Testament, le mot traduit par « salut » (soteria) signifie guérison, santé, unité de tout l'être. Si Dieu nous pardonne, c'est pour que nous soyions restaurés, guéris, rétablis.
A travers le Christ, tout ce qui a été blessé en nous est remplacé. L'Esprit qui réside en nous nous apporte une intelligence renouvelée, une volonté et des sentiments sains. Il guérit nos souvenirs, nettoie nos blessures affectives en enlevant tout le pus constitué par les rejets et les déceptions. Il remplit nos coeurs d'un amour authentique pour nous-mêmes et pour les autres.
Le Grand Médecin envahit jusqu'au moindre recoin de notre corps. Notre personnalité se transorme progressivement pour lui ressembler. La peur de la mort s'en va. La résistance de la résurrection de Christ et de la nôtre nous envahit chaque jour et le jour ou nous passerons dans la nouvelle phase de notre vie éternelle au paradis. Telle est la coupe du salut que nous pouvons boire, et nous n'y trouverons pas de lie au fond.


Christ vivant est ici, nous le savons,
de la peur paralysante il veut nous libérer
Quand nous sommes touchés par sa guérison
notre attente est toujours en dessous de ce qu'il veut nous donner.


Cette prédication s'inspire en partie d'un extrait du livre de Lloyd Jones Ogilvie: A l'Ecole des Psaumes


samedi 11 février 2012

LUC 8.4-15

4 Une grande foule se rassembla et des gens vinrent vers lui de diverses villes. Alors il dit cette parabole:5 «Un semeur sortit pour semer sa semence. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin; elle fut piétinée et les oiseaux du ciel la mangèrent.6 Une autre partie tomba sur un sol pierreux; quand elle eut poussé, elle sécha, parce qu'elle manquait d'humidité.7 Une autre partie tomba au milieu des ronces; les ronces poussèrent avec elle et l'étouffèrent. 8 Une autre partie tomba dans la bonne terre; quand elle eut poussé, elle produisit du fruit au centuple.» Après cela, Jésus dit à haute voix: «Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.»9 Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole. 10 Il répondit: «Il vous a été donné, à vous, de connaître les mystères du royaume de Dieu; mais pour les autres, cela est dit en paraboles, afin qu'en voyant ils ne voient pas et qu'en entendant ils ne comprennent pas.11 Voici ce que signifie cette parabole: la semence, c'est la parole de Dieu.12 Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent; puis le diable vient et enlève la parole de leur coeur, de peur qu'ils ne croient et soient sauvés. 13 Ceux qui sont sur le sol pierreux, ce sont ceux qui, lorsqu'ils entendent la parole, l'acceptent avec joie; mais ils n'ont pas de racine, ils croient pour un temps et abandonnent au moment de l'épreuve.14 Ce qui est tombé parmi les ronces, ce sont ceux qui ont entendu la parole, mais en cours de route ils la laissent étouffer par les préoccupations, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils ne parviennent pas à maturité.15 Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui ont entendu la parole avec un coeur honnête et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance.




Chers frères et sœurs,

Parmi les grandes bénédictions que Dieu m'a accordées et pour lesquelles je lui rends grâce réside la fait que je peux vivre et élever mes enfants chez moi, à la campagne. Quand on est pasteur, le fait d'être issu d'un milieu rural présente des avantages insoupçonnés.
Par exemple, il n'y a pas besoin d'être ingénieur de l'Institut National d'Agronomie pour se rendre compte que le semeur de notre texte travaille d'une façon désastreuse.
Voilà un paysan qui ne laboure pas, qui ne fertilise pas, qui ne s'inquiète pas du temps qu'il fait. Et quand bien même il aurait fait toutes ces choses, ça n'aurait servi à rien: nous le voyons semer ses graines n'importe où, sans faire attention à la nature du terrain.

Seule une graine sur quatre a sa chance. Les autres sont mangées par les oiseaux, ne trouvent pas d'eau ou sont étouffées par les ronces. En ce qui concerne les semences, ça n'est ni fait ni à faire comme on dit dans le Poitou!
Imaginez qu'un agriculteur moderne fasse la même chose: ses graines, on les retrouverait dans la cour de la ferme, le long du chemin qui mène aux champs, sur la Place du Temple. Ce paysan dépenserait plus en graines que ce qu'il pourrait espérer tirer de sa récolte. Disons-le: mener son exploitation de cette façon, c'est la meilleure façon de se ruiner complètement!!

Mais nous n'avons pas à prévenir la Chambre d'Agriculture. Car le semeur de la parabole n'est pas un paysan ordinaire. Le semeur, c'est Dieu, et je crois que c'est sous cet angle que nous devons lire cette parabole.

Souvent, les sermons sur ce récit se concentrent sur les terrains. On demande "quelle sorte de terre êtes-vous? Avez-vous bien reçu la Parole de Dieu?". J'ai un problème avec cette approche, parce que je pense qu'elle néglige le fait que nous sommes tous, à certains moments de nos vies, un des quatre terrains dont Jésus parle.
Nous avons tu fait taire la Parole de Dieu parce que nous étions trop occupés par le bruit de nos soucis. Nous avons, à un moment ou à un autre, refusé de l'entendre parce que nous préférions suivre la voie du péché. De tout cela, nous devons nous repentir. Repentons-nous et tournons avec confiance vers Dieu car cette parabole nous parle de l'amour obstiné du Dieu semeur.

Dieu est sauveur parce qu'il est semeur. Il dépose ses graines partout. La Bible nous dit que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Voilà pourquoi Dieu continue à semer, encore et toujours, et partout. Il sait que le diable et le monde n'arriveront pas à détruire toutes les graines, que certaines vont germer.

Dieu est obstiné. Il n'abandonne pas. Il n'abandonne jamais. Même si nous le rejetons, il continue à répandre sa Parole, à nous appeler par elle. Cet amour obstiné de Dieu pour ceux qui le rejettent n'est pas nouveau. Déjà, dans l'Ancien Testament, nous voyons les Israëlites s'éloigner pour aller vers de faux dieux et le Seigneur chercher à les ramener à la vraie foi et à la vie. Les Juifs préféraient chercher les bonnes chose qui ne peuvent venir que de Dieu auprès des fausses divinités des peuplades voisines. Et dans l'Ancien Testament, nous entendons, encore et encore, Dieu avertir son peuple dire à son peuple que les faux dieux ne peuvent amener que la destruction, que lui seul peut donner la paix, la sécurité et la vie éternelle.

Quand Dieu a dit qu'il était un dieu jaloux, c'était parce qu'il savait que son peuple ne pouvait recevoir de bonnes choses qu'en lui. Il ne voulait pas qu'ils s'égarent loin de lui pour aller chercher ce dont ils avaient besoin ailleurs. C'est lui qui avait tout ce qui est bon, et il voulait le leur donner.

Et quand les Israelites s'enfonçaient dans leur idolatrie, Dieu les punissait. Il faisait tomber sa colère sur eux pour abaisser leur orgueil. Mais la colère de Dieu n'était jamais causée par un désir de vengeance, par une pulsion de haine. Le Seigneur voulait détruire les idoles, montrer à ceux qui avaient pris un mauvais chemin leur vanité pour leur permettre de se rendre compte que nous ne devons dépendre que de la grâce de Dieu seule.

Depuis la chute d'Adam et d'Eve, le Seigneur n'a jamais cessé d'appeler les humains à revenir vers lui. Il sème la Loi qui nous montre notre péché, l'Evangile qui nous donne le salut par la grâce. Inlassablement, Dieu sème les paroles de la vie éternelle, même si dans sa toute-puissance il sait que beaucoup refuseront de s'ouvrir à son amour.

Je sais que certaines sociétés de mission, qui s'occupent d'implanter des églises, ont déjà rayé l'Europe occidentale de leurs cartes. Elles ne croient plus utiles d'investir dans nos pays, pensant que le christianisme y est mort. Bien sûr, si l'on réfléchit selon les règles du marché qui ont tout corrompu, cela se comprend. Mais Dieu lui, veut continuer. Il veut continuer d'appeler à lui des gens, ici, en France, et c'est de nous qu'il veut se servir pour ça.
Connaissez-vous le très beau film de Marcel Pagnol "La Femme du Boulanger" avec Raimu et Ginette Leclerc? Voyez-le ou revoyez-le et vous vous rendrez compte qu'il exprime bien ce qu'est l'évangile. Je vous rappelle l'histoire: la jeune femme d'un boulanger provençal lève le pied avec un berger du village. L'histoire se passe mal pour elle et elle revient, ne sachant pas comment elle va être reçue. Et son mari, qui na jamais cessé de l'aimer l'accueille chez eux. Il y a cette scène fameuse où Raimu reporte toute sa colère et sa peine sur Pomponette, la chatte de la maison, qui était partie elle aussi, abandonnant le pauvre vieux chat Pompon.
C'est un peu une image de ce qui s'est passé pour nous. Nous étions enfants des ténèbres, ennemis de Dieu. Et le Père a envoyé son Fils unique pour souffrir, mourir et nous accorder le pardon de toutes nos fautes. Jésus a été puni à notre place et il nous a donné sa vie, sa sainteté, sa relation d'amour avec le Père. Tout cela est devenu nôtre à la croix, et nous en prenons possession par la foi.

Alors, c'est vrai, nous l'avons vu, nous n'offrons pas toujours un terrain très favorable. Ce n'est pas toujours la Beauce ou la Brie chez nous. Mais l'amour de Dieu ne se laisse pas arrêter par notre dureté de cœur ou par nos chutes et nos faiblesses. Il continue à nous montrer l'obstination de son amour. Le Père nous offre le salut, et il n'y a pas de condition à cette offre. Aucun de nos péchés ne le fera arrêter de semer sa parole de vie en nous.

Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. C'est là pour nous à la fois une merveilleuse assurance et un ordre de mission pour l'église.
Dieu veut que vous croyiez en l'Evangile et que vous soyez sauvés. Il veut faire de vos vies des terrains qui seront propices à une riche récolte des fruits de la repentance.

La parabole de ce dimanche nous dit l'étendue, la folie de l'amour de Dieu pour les perdus. Cet amour sans limite, cet amour qui garde l'espérance et continue à chercher les brebis perdues, sachons nous aussi l'avoir dans notre témoignage auprès de ceux que nous connaissons, dans les actions d'évangélisation de notre paroisse dont nous devons tous être partie prenante, notamment par une prière fervent et régulière.

Le semeur continue à semer. Prions pour que la moisson soit grande.

dimanche 5 février 2012

2 Rois 5.9-14

Sermon du pasteur François Poillet, Eglise Luthérienne LIbre de Mulhouse

9Naamân vint avec ses chevaux et son char et s'arrêta à l'entrée de la maison d'Elisée. 10Elisée envoya un messager pour lui dire : « Va ! Lave-toi sept fois dans le Jourdain : ta chair deviendra saine et tu seras purifié. » 11Naamân s'irrita et partit en disant : « Je me disais : “Il va sûrement sortir de chez lui et, debout, il invoquera le nom du SEIGNEUR son Dieu, passera la main sur l'endroit malade et délivrera le lépreux.” 12L'Abana et le Parpar, les fleuves de Damas, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d'Israël ? Ne pouvais-je pas m'y laver pour être purifié ? » Il fit donc demi-tour et s'en alla furieux. 13Ses serviteurs s'approchèrent et lui parlèrent ; ils lui dirent : « Mon père ! si le prophète t'avait dit de faire quelque chose d'extraordinaire, ne l'aurais-tu pas fait ? A plus forte raison quand il te dit : “Lave-toi et tu seras purifié.”  » 14Alors Naamân descendit au Jourdain et s'y plongea sept fois selon la parole de l'homme de Dieu. Sa chair devint comme la chair d'un petit garçon, il fut purifié.

Frères et soeurs, en ce dimanche d’automne 2011, remontons l’horloge du temps. Nous sommes 8 siècles avant Jésus-Christ, en Syrie. Naaman, le général en chef de l’armée, un héros couvert de gloire, est rongé par la lèpre. Et voici qu’il tient enfin la guérison : elle est à sa portée. Mais l’histoire retiendra qu’il faillit ne jamais guérir ! Nous verrons quel fut l’obstacle, quel fut le remède, et les applications que nous pouvons en tirer.
I
L’obstacle. L’histoire commence donc en Syrie, au nord-est d’Israël. L’Orient ancien ne manquait ni de savants ni de médecins, pourtant, aucun n’a su guérir le malheureux. Dans sa maison, voici une jeune esclave enlevée au cours d’une razzia. Elle est désormais au service de son épouse. Elle est aussi le moyen que Dieu choisit pour faire entrer le salut dans cette maison. « Si seulement mon seigneur pouvait voir le prophète qui se trouve à Samarie, il le guérirait de sa lèpre » !
On prend l’information au sérieux. Cela devient même très officiel : le roi de Syrie en personne écrit une lettre de recommandation pour le roi des Hébreux. Mais son contenu est incomplet ; elle ne mentionne pas le nom du prophète. Qu’importe après tout : un roi connaît tous ses sujets !
Le général se rend donc avec forte escorte en Israël et se présente au palais.
Consternation : Joram, monarque médiocre et infidèle, prend cette demande pour une provocation : « Suis-je Dieu pour faire mourir et pour faire vivre » ? s’écrie-t-il avec colère ! Elisée apprend la situation. Il fait dire à son roi : « Fais-le venir vers moi et il saura qu’il y a un prophète en Israël » !
Soulagement ! Il ne s’agit finalement que d’une méprise. Le Syrien se met donc en route. Mais à son arrivée, au lieu d’être accueilli avec les honneurs dus à son rang, on lui tend un message : Va te laver sept fois dans le Jourdain : ta chair deviendra saine et tu seras pur.
Stupéfaction ! Non seulement le prophète ne daigne même pas se déranger – « Voici, je me disais : il sortira bien vers moi, se présentera lui-même » …
- mais il lui prescrit aussi un remède ridicule : se laver sept fois dans le Jourdain, le fleuve d’Israël ! Cette fois, on frise l’incident diplomatique…
On peut se demander en effet pourquoi Elisée n’est pas sorti lui-même pour saluer ce curiste très spécial. Comment expliquer cet accueil pour le moins glacial ?
Naaman devait probablement comprendre que Dieu ne fait pas de favoritisme : devant lui, un général n’est pas plus qu’un 2eme classe. Si Dieu décide de bénir un homme, ce n’est pas en fonction de sa dignité ni de ses mérites. En l’occurrence, il ne va pas guérir le général à cause du nombre d’étoiles à son képi, de son cortège officiel, ni de sa lettre de recommandation, … mais par pure grâce. « Naaman, ce doit être bien clair : ta dignité personnelle et tes mérites, tu les laisses au vestiaire ».
Et puis, je pense qu’Elisée veut aussi se mettre lui-même en retrait par rapport à Dieu. Ce n’est pas le prophète qui guérit, mais le Seigneur d’Israël ! Que Naaman s’en tienne à la promesse de Dieu et qu’il accomplisse sa volonté !
Le général syrien n’est pas au bout de ses peines. Ce remède ne lui inspire pas confiance. Pourquoi ? Parce là encore, il attendait tout autre chose. Quelque chose… de plus démonstratif, de plus spectaculaire ! « Je me disais : il invoquera le nom de l’Eternel, son Dieu, il fera passer sa main sur l’endroit malade et me débarrassera de la lèpre ». Ce que le prophète lui demande paraît parfaitement ridicule : se laver dans le Jourdain ! Pourquoi sept fois ? Et pourquoi ici ? Les fleuves de Damas ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d’Israël ?
Dans un sens, je comprends Naaman : il est malade, il vient de loin et que reçoit-il ? L’accueil distant du roi et du guérisseur local ; et maintenant, ce stupide bain dans le Jourdain ! Cela fait beaucoup pour quelqu’un qui était habitué à tous les honneurs dans son pays. « Ca suffit, je rentre chez moi » ! Et il s’en retourna avec fureur !
« Voici, je me disais …, » marmonne-t-il dans sa barbe. C’est bien là qu’est tout le problème : « Je me disais bien»…
Quand on en appelle à Dieu, il ne s’agit pas de « se dire » ceci ou cela, ni de lui prescrire le mode opératoire. En présence de Dieu, il ne faut pas « se dire », mais écouter « ce que lui a à dire » ! Quelque soit l’obstacle pour la raison, ma difficulté à comprendre, voire le fossé entre sa réponse et mes propres plans.
Remarquez bien : Dieu ne demande pas une chose extravagante ! Après tout, sept bains dans le fleuve le plus proche, ce n’est pas la mer à boire ! Et pourtant, que c’est difficile à croire !
Ce militaire illustre bien la nature humaine en général. Chaque fois que Dieu s’approche pour la sauver et indique un moyen simple, facile et gratuit, l’homme a tendance à faire la moue, surpris que ce ne soit pas plus compliqué ! « Guéri sur parole, comme ça, simplement ? Allons donc » !
Mais la Bible cherche à nous dire qu’il existe une lèpre pire encore que celle-ci. Car elle ne ronge pas seulement le corps, mais l’âme : elle place l’homme sous la colère de Dieu et, en l’absence de guérison, le conduit à la mort éternelle.
L’homme n’a aucun moyen de s’en débarrasser lui-même : le péché ne s’opère pas et le pardon ne se mérite pas. Mais pourquoi voudriez-vous que Dieu fasse les choses compliquées quand il peut les faire simplement, lui qui est tout-puissant ?
Obstacle supplémentaire pour Naaman : le remède et la guérison sont gratuits. Or, tout ce qui est gratuit est suspect. D’habitude, personne ne vous soigne gratuitement. Les médecins vous prennent au minimum 23 €. Puis vient toute la gamme des dépassements d’honoraires, des tarifs hallucinants selon les spécialités…
Mais là, rien : Elisée ne lui demande même pas sa carte Vitale ! Apparemment, l’acte sera gratuit. Pourtant, Naaman n’était pas précisément un patient dans la misère… Ses malles contiennent même une véritable fortune : 300 kilos d’argent, 70 kg d’or ! Rien que pour le métal jaune, cela représente la somme de 3.710.000 euros ! C’est le prix estimé par cet homme pour échapper à une maladie mortelle. Pourtant, le prophète néglige tout cela. Juste une prescription insensée, une ordonnance donnée par un tiers sans même une contrepartie. « Fais cela, et tu seras pur ». Je pense que ce général s’est senti profondément offensé. Mais notez bien ceci : pour avoir voulu suivre ses idées et sa propre logique, il a bien failli passer à côté de la guérison !
Tout au long de l’histoire de l’Eglise, beaucoup ont essayé de faire des efforts de sainteté, en s’imposant même toutes sortes d’abstinences ou de souffrances, se flagellant par exemple jusqu’au sang ; mais cela ne peut pas marcher. La culpabilité demeure et tourmente l’âme. Et surtout : Dieu est un Dieu d’amour et de grâce. Cela se manifeste aussi dans la manière dont il aide : l’homme doit avoir confiance et laisser Dieu agir.
Voici pour les obstacles. Voyons à présent le remède et les applications que nous pouvons en tirer…
II
Le salut revient vers Naaman par le biais de ses serviteurs. Heureusement, ils s’approchent pour lui parler : « Maître, si le prophète t’avait demandé quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait ? A plus forte raison dois-tu faire ce qu’il t’a dit : Lave-toi et sois pur » ! L’escorte est plus réfléchie que le général ! Et psychologue en plus ! Elle met le doigt sur ce qui fait problème : le moyen indiqué pour guérir est trop simple ! Comme quoi, on peut avoir besoin de plus petit que soit... Ils sont vraiment très pédagogues : « Maître, si le prophète t’avait demandé quelque chose de compliqué, de cher ou même de douloureux, tu aurais accepté sans broncher. Tu aurais peut-être dit : ‘’C’est un peu cher’’, ou ‘’c’est plutôt compliqué’’, mais en toi-même, tu aurais été satisfait, car la valeur d’un acte est une garantie de sa qualité ».
Finalement, Naaman descend dans l’eau. Sept fois, il se plonge dans le Jourdain, selon la parole du prophète. Résultat ? Sa peau redevient aussi rose que celle d’une jeune fille ! Le miracle s’est produit : la guérison est immédiate, complète et définitive. La promesse de Dieu s’est accomplie.
Saviez-vous que Dieu a l’habitude de telles pratiques et qu’il choisit avec une sorte de prédilection des moyens simples, faciles et gratuits pour aider ? Quelle est la pédagogie divine ? En agissant ainsi, il oblige la raison humaine à se taire, à s’humilier et à faire entièrement confiance à Dieu.
Dans sa grâce, le Seigneur a offert le salut. Pour cela, il a consenti lui-même à un grand sacrifice : il a envoyé son Fils dans le monde ; il est devenu homme, il s’est chargé de nos péchés, il est mort sur la croix et les a ainsi expiés. Ce pardon, Jésus nous le communique au moyen de l’Evangile. L’Evangile est l’annonce de la Bonne nouvelle du salut par la foi en Jésus.
Dans le Livre des Actes, l’apôtre Paul dit : Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé (16.31). Il suffit donc de croire en Jésus pour obtenir le pardon. Qu’est-ce que la foi ? C’est une sorte de mouvement intérieur par lequel je me tourne vers Jésus pour m’attacher à lui. Et cela suffit pour être sauvé !
Mais voyez ! La raison humaine est rétive et conteste : « Ce n’est pas possible ! Ce serait vraiment trop facile » ! De plus, c’est vexant : dire que « le juste vivra par la foi » équivaut à nier toute justice naturelle ! L’homme ne serait pas foncièrement bon ; pire : il aurait besoin d’un sauveur ! Ceci explique les réflexes de rejet qu’on n’observe souvent !
Et même des années après notre conversion, il arrive que le doute subsiste. Selon les épreuves, la façon dont la vie nous malmène, qui ne s’est jamais posé cette question : Dieu me connaît-il réellement par mon nom ? Suis-je digne de m’approcher de sa table sainte, de m’adresser à lui dans mes prières ?
Dans le récit de cette guérison, vous aurez remarqué que le Seigneur se sert de quelque chose dont nous n’avons pas encore parlé : de l’eau. Naaman a été purifié alors qu’il se soumettait à l’ordre divin : « Descends dans les eaux du Jourdain ». Le Syrien saura se souvenir de ce remède insolite, il pourra sans peine en préciser le jour et l’heure, ainsi que son effet sur sa santé !
Frères et soeurs, n’avons-nous pas tous bénéficié d’un miracle analogue ? Le Christ annonce : Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé (Marc 16.16). Dans le livre des Actes (11.16), Ananias dit à Saul, le futur apôtre Paul : Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés ! A la Pentecôte, Pierre exhorte la foule de Jérusalem en ces termes (Actes 2.38) : Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés !
Qu’est-ce que le baptême ? De l’eau, mais accompagnée de ces paroles : Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. A cette eau sont donc liées l’oeuvre et la personne du Dieu trinitaire : la promesse du salut, le pardon et la nouvelle naissance ! Quand on dit aux gens qu’ils peuvent être lavés de leurs péchés par le baptême, leur première réaction est souvent la même que Naaman. « Quoi ? De l’eau pour me rendre pur ? C’est ridicule » ! Le diable, par principe, cherche à diviser ce que Dieu a uni et beaucoup d’églises séparent la parole de grâce et le baptême. L’Evangile fait le contraire. Au matin de l’Ascension, Jésus les présente comme les deux moyens de faire de toutes les nations des disciples.
Peut-être vous arrive-t-il à vous – qui avez été baptisés –, de vous poser rétrospectivement ce genre de question : Comment est-il possible que cette eau ait pu me laver de mes péchés, alors que je n’étais qu’un petit enfant ? Après tout, nous venons de voir qu’un général pensa devoir un jour apporter son pesant d’or pour être purifié… Bien des siècles après, un certain Nicodème, théologien déjà âgé, se demandait comment entrer une seconde fois dans le ventre de sa mère, alors que Jésus lui parlait de la nouvelle naissance… Permettez-moi donc de vous rappeler l’explication de Luther dans le Petit Catéchisme :
« Ce n’est pas l’eau certes, qui opère ces grandes choses ; mais c’est la parole de Dieu unie à l’eau, et la foi qui se fonde sur cette parole de Dieu dans l’eau. Car sans la parole, cette eau est une eau comme les autres, mais avec la parole, c’est le baptême, c’est-à-dire une eau de grâce et de vie, le bain de la régénération dans le Saint-Esprit ».
Frères et soeurs, dans son immense amour, Dieu a fait en sorte que tout le monde puisse être facilement sauvé : il a sacrifié son Fils unique et nous communique son pardon par l’Evangile, par le baptême et par la Sainte cène. Que cette simplicité ne soit un obstacle pour aucun d’entre nous ! Ne rejetons pas les remèdes du Sauveur, mais acceptons-les au contraire avec beaucoup de joie et une grande reconnaissance ! Amen !

jeudi 2 février 2012

Eglise et politique: la position luthérienne

Dans les prochains mois, les électeurs français se prononceront lors des élection présidentielles et législatives. La Bible distingue clairement le domaine spirituel (celui de l'Eglise) et le domaine politique (Gal 4.26, Rom 13, 1 Tim 2.2...)
Fidèle à la Parole de Dieu, notre église ne s'immisce donc pas en politique et laisse ses membres libres de leur vote.
Les éventuelles prises de positions politiques  d'autres églises ou mouvement se réclamant du christianisme ne nous engagent en aucune manière.
Ces principes étant posés, il faut souligner que, si le vote est un droit, il est aussi un devoir. Il est donc aussi souhaitable que les chrétiens se montrent bons citoyens et participent au vote, en apportant leur voix aux candidats qu'ils estiment en conscience être les plus qualifiés.


Publié dans Koinonia, le bulletin de l'Eglise Luthérienne en Poitou, n° de janvier 2012