dimanche 30 septembre 2012

MARC 9.38-50

Chers frères et soeurs,
chers amis,

Nous avons du mal à nous rendre compte de l'énorme importance du sel. Pendant des siècles, le sel a été un des seuls moyens de conserver les aliments, et il avait donc une importance vitale. C'est pourquoi il était très taxé, comme dans le cas de la gabelle en France avant 1789. Cela vous surprendra peut-être, mais on estime que le sel a causé plus de guerres que l'or!
Aujourd'hui, le sel est devenu un produit banal et peu cher. En fait, on s'est même rendu des dangers d'une consommation excessive de sel (laquelle n'existait pas auparavant). Mais, dans le même temps, il nous faut du sel pour être en bonne santé: notre sang contient 0,9% de sel, qui est nécessaire pour maintenir l'équilibre dans nos cellules.
Il y a 2000 ans en Israël, au temps de Jésus, on ne se posait pas toutes ces questions. Il n'y avait pas de produits sans sel et on n'en avait pas besoin. En plus de sa fonction vitale dans la conservation des aliments, on utilisait aussi le sel comme médicament, pour lutter contre certaines bactéries. D'ailleurs, il est probable que Jésus, quand il est né, a été comme les autres enfants frotté avec du sel, car on croyait que cela aidait à les garder en bonne santé. Les nombreux bergers que comptaient le pays en donnaient aussi à leurs brebis. Et il y a encore une autre dimension, que nous verrons tout à l'heure, et qui faisait que le sel était omniprésent.

Il n'est donc pas surprenant que Jésus ait utilisé le sel, cette chose si présente et importante, comme métaphore d'une vérité essentielle. Jésus dit à ses disciples, comme nous le rapporte Matthieu « vous êtes le sel de la terre ». Mais il rajoute un avertissement « Le sel est une bonne chose ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l'assaisonnerez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix les uns avec les autres ».

De nos jours, le sel ne perd plus sa saveur. Mais le sel qu'on utilisait dans le pays de Jésus venait de la Mer Morte, et il était mélangé avec du sable. Et c'était un gros problème, parce que du sel mélangé peut effectivement s'affadir, perdre sa saveur. Surtout, si l'on mettait de la viande dans ce type de sel trop impur, elle allait non pas se conserver, mais pourrir. Et c'est là la pointe de ce que Jésus nous dit aujourd'hui: si vous êtes comme du sel impur, mélangé, sans gôut et et sans réelle utilité, vous ne pourrez pas servir à donner de la saveur autour de vous, vous ne pourrez pas contribuer à sauvergarder ce qui est important. Nous devons être comme du sel, du bon sel.

Le sel est composé de deux éléments. Le premier, c'est le sodium, un élément très actif qui, dans le domaine naturel, ne se retrouve lié qu'avec d'autres éléments. Le deuxième élément, c'est la chlorine, ce gaz empoisonné qui donné à l'eau de javel son odeur. Et quand sodium et chlorine sont réunis, cela donne du sodium chloride, notre « sel de tabel ».
L'amour et la vérité sont deux des grand piliers de la foi chrétienne, et je crois qu'on peut les comparer au sodium et à la chlorine.
L'amour sans vérité risque de dégénérer rapidement; de ne plus être l'amour mais un sentimentalisme mièvre et aveugle. D'un autre côté, la vérité sans l'amour peut être empoisonnée, car trop dure. Parfois même, elle peut devenir un véritable repoussoir. Mais quand la vérité et l'amour se trouvent unies dans une communauté chrétienne ou dans un chrétien, alors nous sommes ce que Jésus appelle « le sel de la terre »

A l'époque de Jésus, il y avait trois caractéristiques associées au sel.

Tout d'abord, en raison de sa blancheur, la pureté. Un chrétien devrait être pur, séparé des tendances mauvaises qui l'entourent. Notre mode de vie et nos pensées devraient être libres de ce qui pourrait les polluer.

Deuxièmement, comme nous l'avons déjà vu, le sel était utilisé pour conserver la nourriture. Dans la même façon, il faudrait que l'influence de l'Eglise permette d'éviter la corruption de nos sociétés et ce à tous les niveaux.

Troisièmement, la chose peut-être la plus évidente: le sel donne du goût aux aliments les plus fades. Notre monde est fade, et la vie a trop souvent un goût de papier mâché. Je me souviens de cet homme qui, désabusé par ces échecs personnels et la dureté du temps, me disait: « ils nous ont même enlevé le goût du pain ». La vie est faite pour être appréciée, fêtée comme un bon repas. C'est à nous de lui redonner du goût pour tous ceux qui veulent retrouver les vraies saveurs.

Mais ça veut dire quoi d'être « salé »? En Colossiens 4.6, Paul dit par exemple « Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun. ». Notre discours doit être pur, c'est à dire libre de tout ce qui pourrait le polluer: préjudices, agressivité. Mais pensez aussi à nos yeux, à nos mains et à nos pieds que Jésus a évoqué plus haut dans ce passage. Le Seigneur ne nous dit-il pas de faire attention à la façon dont nous regardons le monde, à la façon dont nous agissons, à la façon dont nous avançons dans la vie? Tout cela doit avoir du sel...

Car je suis persuadé que, pour avoir un avenir dans nos pays, l'Eglise devra garder son goût. On nous a dit, il y a déjà quelques années, que l'Eglise devait suivre toutes les tendances de la société, se faire « moderne »...Le résultat? Des églises vides partout en Europe. Pourquoi? Parce que si l'Eglise n'est pas différente du monde, si elle a le même goût, les gens en concluent (fort justement) que ce n'est pas sérieux et qu'il est inutile de perdre du temps avec ça. Oui, vraiment, quand elle perd sa saveur, l'Eglise n'a plus, comme Jésus le dit dans l'Evangile de Matthieu qu'à « être jetée dehors, et foulée aux pieds par les hommes. »
En vous disant cela, je n'incite pas l'Eglise à adopter une attitude impérialiste, qui chercherait à dominer la société. Pensez-y: quand vous mettez une peu de sel sur votre steak, il disparaît, il devient invisible et pourtant on sent la différence au goût et on sait qu'il est là. De la même façon, nous ne sommes pas appelés à être sel de la terre pour attirer l'attention sur nous-même, mais pour simplement, discrètement, porter les signes du Royaume de Dieu sur terre. Cela peut être par des actions de solidarité, la visite des malades, la préservation de l'environnement, le témoignage de notre foi dans nos familles et au travail. Cela se fait aussi et surtout par l'annonce de la Bonne Nouvelle que ce soit lors des cultes, les études bibliques, les actions diverses dans l'évangélisation. Croyez-moi, même quelques petits grains peuvent changer le goût de bien des choses.


Alors entendons la mise en garde de Jésus. Prenons garde de ne pas nous affadir. Vous connaissez peut-être le tableau de Léonard de Vinci La dernière Cène. Il y a un détail frappant: si on regarde bien, on voit que Léonard a représenté un Judas qui vient de renverser un petit bol de sel. Juads, celui qui a trahi le Christ, était devenu infidèle. Il avait perdu son sel. Et encore aujourd'hui, nous risquons souvent de perdre notre saveur.

Pourtant en Lévitique, il est dit: « Tu mettras du sel sur toutes tes offrandes; tu ne laisseras point ton offrande manquer de sel, signe de l’alliance de ton Dieu; sur toutes tes offrandes tu mettras du sel. »

Le sel, signe de l'alliance de ton Dieu...Voilà qui nous parle de fidélité. La fidélité que nous devons à l'alliance de notre baptême. La fidélité que Dieu nous promet et dont nous savons qu'elle nous accompagnera toujours. La prochaine fois que vous prendrez du sel, faites-en un mémorial de la fidélité de Dieu à votre égard, et soyez encouragés.

Oui, cette histoire de sel est une histoire de fidélité. Fidélité qui vient de la même racine que « foi »... Notre Dieu fidèle nous appelle à lui être fidèle dans un monde qui a terriblement besoin d'être assaisonnée par sa présence et sa grâce.

Peut-être que notre vie pourrait être plus « salée ». Alors tournons-nous vers tout ce que Jésus nous donne pour que nous gardions notre saveur: son Esprit Saint qui nous enseigne, sa Parole et ses sacrements, son exemple surtout. Si nous suivons Jésus en disciples, notre vie sera «  assaisonnée de sel » et cette saveur donnera peut-être envie à d'autres de s'approcher de Christ.

Dans les familles on entend souvent autour de la table « tiens passe-moi le sel s'il te plaît ». Jésus lui, nous demande de passer le sel à tous ceux qui ont besoin de retrouver du goût dans leur existence. Il sera là pour nous aider à garder notre saveur en marchant dans ses voies.

Amen.

mardi 25 septembre 2012

Mardi 25 septembre, étude biblique à Melle à 20h15 (Actes 13.13-52)

Cordiale invitation à tous!

dimanche 23 septembre 2012

PSAUME 1


1 Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants,
Qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs,
Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs,
2 Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel,
Et qui la médite jour et nuit!
3 Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau,
Qui donne son fruit en sa saison,
Et dont le feuillage ne se flétrit point:
Tout ce qu’il fait lui réussit.
4 Il n’en est pas ainsi des méchants:
Ils sont comme la paille que le vent dissipe.
5 C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement,
Ni les pécheurs dans l’assemblée des justes;
6 Car l’Eternel connaît la voie des justes,
Et la voie des pécheurs mène à la ruine.


Chers frères et soeurs,
chers amis,

Vous connaissez peut-être la collection « ...pour les nuls ». Il s'agit d'une série de livres qui proposent des introductions en général très bien faites à ceux qui souhaitent découvrir un domaine. Cela a commencé avec l'informatique, et puis cela s'est étendu à bien d'autres disciplines. Ainsi, vous pouvez vous procurer La Guitare pour les Nuls, L'Histoire des Sciences pour les Nuls, Le Tricot pour les Nuls, Le marketing sur Internet pour les Nuls, L'Histoire de France pour les Nuls. Le pasteur Eric Denimal a même écrit La Bible pour les Nuls.
Mais ce qui m'a surpris, c'est de découvrir un titre de la collection: Le Bonheur pour les Nuls. Chose intéressante, il a été écrit par deux psychologues. J'aurai peut-être rajouté aux auteurs des philosophes, des sociologues et (pourquoi pas) des pasteurs mais bon...

Voilà pourquoi je vous propose de méditer « Le Bonheur pour les Nuls selon la Bible » avec le psaume que nous venons de lire. Il s'agit du premier des psaumes, et il débute par le mot « heureux », comme si le livre des Psaumes, ce tableau si complet de toutes les expériences humaines, se plaçait d'emblée sur le terrain essentiel: celui de la recherche du bonheur. Ce psaume décrit l'homme (ou la femme) heureux, l'humain qui connaît le bonheur. Plus encore, il nous décrit la nature du bonheur véritable.
Le mot hébreu traduit par « heureux » est ashrê. Il vient d'une racine hébraïque qui signifie « aller de l'avant », « avancer » et même « montrer le chemin ». Toutes ces nuances sont sous-entendues dans ce que le psalmiste nous dit dans ce premier verset. Le portrait qu'il dresse de l'homme heureux est celui de quelqu'un qui « avance vers des buts clairement définis avec un ferme détermination. La personne heureuse est celle qui s'avance énergiquement en cueillant les merveilles de l'existence. Elle a les yeux sur le Seigneur et elle suit son dessein » (Lloyd John Ogilvie)
Pour une telle personne, la vie est passionnante, elle sait reconnaître même les petites grâces qui l'entourent chaque jour et son esprit peut vibrer d'espérance.

Il est surprenant de constater que le psalmiste insiste bien sur ce que l'homme heureux ne fait pas. Il ne marche pas selon le conseil des méchants,
qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs. On voit qu'il y a là une progression: marcher, s'arrêter, s'assoir. Il y a là une pente glissante, et trop nombreux sont ceux qui l'ont prise.
Tout d'abord, on marche selon le conseil des méchants (rasha, impie). Le terme implique une détermination à vivre « à l'horizontale ». Il n'y pas de Dieu, pas de jugement, alors on peut faire ce qu'on veut et ne se soucier que de soi. Suivre le conseil de ces gens-là, c'est adopter leur mode de pensée, c'est voir les choses selon l'optique du monde et pas celle de la Bible.

Ensuite on s'arrête sur la voie des pécheurs. Pécheur c'est en hébreu hatta, qui désigne ceux qui se fondent sur de fausses valeurs et se trompent de but.
S'arrêter sur la voie des pécheurs, c'est déjà cesser d'avancer sur la voie juste. On ne se tient plus clairement éloigné du péché: on fricote avec lui. On entre dans la compromission

Enfin, on s’assied en compagnie des moqueurs. Ces moqueurs là se moquent de Dieu. On n'est plus en marge, on est en plein dedans. On est assis dans le péché.

J'ai parlé de pente glissante tout à l'heure, et le psalmiste en montre bien les étapes. D'abord il y a les pensées, qui vont donner naissance à des actions et ces actions vont créer des habitudes. C'est vrai pour le bien comme pour le mal. Voilà pourquoi la Bible est remplie d'exhortations:

L'homme heureux lui, rejette le conseil des méchants, la voie des pécheurs, et la compagnie des moqueurs. Il se tourne vers un autre chemin et c'est sur ce chemin qu'il marche - même si la route est plus difficile, même s'ils 'agit de la route la moins fréquentée. Qu'est qu'il fait alors?
Il trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel, et qui la médite jour et nuit!

La « Loi de l'Eternel » c'est sa Parole, la Bible. Nous croyons en un Dieu qui se révèle, qui nous parle, qui a inspiré la Bible. L'homme heureux est celui qui sait trouver dans la Parole de Dieu les commandements qui lui disent comment vivre une vie sainte et les promesses qui lui disent que Dieu l'aime. C'est pour cela qu'il aime la loi de l'Eternel: parce qu'il sait de qui elle vient!
C'est pour cela qu'il la médite jour et nuit. Quoi, comment, « jour et nuit »? Est-ce que cela veut dire que pour être heureux il faut étudier la Bible 24h/24? Non, bien sûr.
Le terme traduit par « méditer » veut dire « ruminer ». Méditer la parole de Dieu veut dire que nous laissons sa parole travailler notre vie. Nous permettons à la parole de Dieu de nous influencer - comment nous pensons et comment nous agissons. Ca veut dire que la Parole de Dieu ne va pas nous concerner seulement le dimanche matin de 10h à 11h mais qu'elle va guider la façon dont nous sommes parents, employés... Pour faire cela il faut au moins lire la parole, même l'étudier pour que la parole descende dans les coins les plus profonds de qui nous sommes. Mais le "travail" de la méditation... cela nous pouvons faire n'importe où et à n'importe quel moment - quand nous cogitons ce que nous avons déjà lu. « Heureux ceux qui écoutent la Parole...et qui la gardent ».

Pour eux, il y aura des résultats Ils seront comme un arbre.
Le pays d'Israël était un pays aride. Dans la bible, un arbre luxuriant dans ce pays sec est une très belle image de la bénédiction de Dieu sur son peuple. Et dans ce psaume c'est Dieu qui a planté l'arbre. David nous présente trois choses au sujet de cet arbre.
Cet arbre est près d'une source d'eau qui donne la vie. Notre bible dit « planté » mais en fait c'est « transplanté » qu'il faudrait dire. Naturellement, aucun d'entre nous ne serait près de la source de vie. C'est Dieu qui, dans sa grâce nous y transplante. Dieu établit l'homme juste et pourvoit à sa nourriture spirituelle - ce dont il a besoin pour survivre. 
Un bon arbre donnera son fruit au moment propice. Que cet arbre donne du fruit nous montre qu'il est à la fois de grande valeur et très utile.
Si quelqu'un vit pour Dieu, les résultats deviendront évidents. Il n'y a pas de description des fruits produits - ni taille, ni quantité, ni qualité - mais juste qu'il y aura du fruit. Si nous marchons selon le conseil de la parole de Dieu nous pouvons nous attendre à ce que notre vie sera d'une grande valeur et utile. Nous produirons du fruit.
Enfin, l'homme heureux est comme un arbre dont le feuillage ne se flétrit point. Nous sommes placés près des sources de la bénédiction divine, auprès d'un courant continu. Il peut y avoir un temps de sécheresse dans nos vies, mais Dieu nous a mis près du fleuve de ses bénédictions et nous ne nous désssècherons jamais! Cette image nous rappelle aussi peut-être les paroles de Jésus en Jean 15 - "Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire."

Pour finir David nous dit de l'homme juste que "Tout ce qu'il fait lui réussit." Nous avons la tendance de dire qu'un homme qui réussit dans la vie est quelqu'un qui amasse la richesse, qui possède beaucoup de choses et qui vit dans une grande et belle maison. Peut-être. Il y a les justes et pauvres dans la bible aussi bien que les justes et riches. Mais cela vaut la peine de réfléchir sur l'utilisation de "réussir" dans le vocabulaire de Dieu...
L'homme heureux c'est donc celui qui se tient éloigné du péché, qui aime et suit la Parole de Dieu. Par conséquent, sa vie est d'une grande valeur et utile. Il réussit parce que sa volonté est immergée dans la volonté de Dieu, il fait ce que Dieu veut qu'il fasse et puisqu'il fait ainsi, il réussit, il est une réussite!
Tout cela contraste avec les méchants, ceux qui refusent de se repentir et d'accepter le pardon que Dieu leur offre. Ils refusent d'être transplantés et sont destinés à la futilité et à la destruction de ce qu'ils auront fait et de ce qu'ils ont été.
l’Eternel connaît la voie des justes (et il la bénit)
Et la voie des pécheurs mène à la ruine.

Dieu veut que nous soyons des hommes et des femmes heureux. Cela implique de se libérer d'idées fausses sur ce que le bonheur est. Cela implique de ne pas se tromper et de savoir que Dieu seul est la source de notre bonheur, qu'il nous donne pleinement en Christ.


samedi 22 septembre 2012

dimanche 23 septembre

Chers amis,

le programme paroissial du dimanche 23 septembre est le suivant

- 9h30: école biblique au temple de Beaussais
-10h30: culte au temple de Beaussais

Cordiale invitation à tous!


dimanche 16 septembre 2012

MARC 8.27-35



27 Jésus s’en alla, avec ses disciples, dans les villages de Césarée de Philippe, et il leur posa en chemin cette question: Qui suis-je au dire des hommes? 28 Ils répondirent: Jean-Baptiste; les autres, Elie; les autres, l’un des prophètes. 29 Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis? Pierre lui répondit: Tu es le Christ. 30 Jésus leur recommanda sévèrement de ne dire cela de lui à personne.
31 Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs et par les scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite trois jours après. 32 Il leur disait ces choses ouvertement. Et Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre. 33 Mais Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit: Arrière de moi, Satan! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines.
34 Puis, ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. 35 Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Jésus marche avec ses mais dans le voisinage de la ville de Césarée quand
il leur pose la question:
  • qui les gens disent-ils que je suis?
Les réponses des disciples viennent: « Jean-Baptiste, Elie, l'un des prophètes ». Toutes des réponses fausses mais qui prouvent quand même qu'une partie des gens saisissent que Jésus est un être extraordinnaire, comparable aux plus grands hommes de Dieu. C'est encore loin de la vérité, mais c'est déjà quelque chose. Mais, quand même, les disciples font preuve de beaucoup de tact: ils ne donnent que les réponses les plus positives. Parce que, nous savons que pour beaucoup de gens, Jésus n'est qu'un illuminé malfaisant, un subversif qui passe son temps avec des pécheurs notoires. Certains disent même qu'il a un démon...
Alors Jésus se fait plus personnel.
      • et vous, qui dites-vous que je suis?
J'imagine qu'il y a eu un moment de silence un peu gêné, comme si les disciples sentaient qu'ils arrivaient à un moment qu'ils savaient devoir venir. Et Pierre répond:
          • tu es le Christ, le Messie. Celui que le peuple attendait depuis des milliers d'années. Tu es la promesse tenue de Dieu.
Bonne réponse, mes amis. Maintenant, n'en parlez surtout à personne.
« N'en parlez pas »? Une attente aussi longue qui arrive à sa fin et il faut ne pas en parler? Et puis le Messie, c'était celui qui allait chasser les romains, qui allait rétablir Israël dans toute sa puissance et toute sa gloire, qui allait (au passage) certainement placer ses disciples dans des positions d'honneur!!!
Et les disciples ont sans doute encore la tête bourdonnante d'excitation et d'espoirs quand Jésus reprend la parole.
Et si Jésus a mis ses disciples sous une douche froide en leur ordonnant de ne rien dire, ce qui suit doit leur faire l'effet des chutes du Niagara:
  • à présent, nous allons partir à Jérusalem. Je vais souffrir, je vais être rejeté, je vais mourir et le troisième jour, je ressusciterai.

Là, Pierre n'en peut plus. Jésus est vraiment en train de raconter n'importe quoi, de dérailler complètement. Alors, il le prend à part et entreprend d'expliquer au Messie, au Fils de Dieu comment mener ses affaires (ne riez pas, nous l'avons sans doute tous fait parfois). Pierre avait une bien meilleure idée de ce que suivre Jésus devait lui apporter, et le rejet et la mort ne faisaient pas du tout partie de son plan. Un Messie rejeté et crucifié, sincèrement,ça sert à quoi, ça intéresse qui?
Le problème pour Pierre, c'est que Jésus n'a rien à faire de ses conseils, et qu'il le renvoie très fermement dans ses buts. « Pierre, tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les hommes » (traduction Parole de Vie). Pierre est tellement choqué de voir tous ses plans contrecarés, ses espoirs déçus qu'il est rendu sourd à l'Evangile. Parce que être tellement frustré d'entendre « le Messie va souffrir et mourir » et totalement passer à côté de « le troisième jour, il va revenir à la vie », c'est être absolument sourd à la pleine dimension de ce que Jésus vient d'affirmer, c'est être fixé sur les « choses terrestres »: une pensée purement humaine, qui ne peut pas prendre en compte le fait que Dieu, dans sa sagesse, peut parfois agir d'une manière qui nous paraît folle. Nous pouvons être comme cela aussi.

Frères et soeurs, nous vivons dans un monde brisé. Beaucoup de nos contemporains font face à bien des difficultés dans leurs vies, et c'est aussi le cas d'un bon nombre d'entre nous. Parfois, nous peinons à donner sens à ces choses que nous devons traverser. Comme je me le suis dit lors d'une des plus grosses crises de mon existence « quelle différence ça fait de suivre Jésus? ». Ma réponse à ce moment-là a été « je ne sais pas, mais ça en fait une, même si ça fait mal».Comme me le disait un jour un frère en Christ « le plus difficile dans cette idée de suivre Jésus, ça reste quand même de suivre Jésus ».
D'autant plus que Jésus continue à parler de rejet, de souffrance et de mort, toutes ces choses auxquelles certains croient justement échapper parce qu'ils sont chrétiens!
Et il est clair que nous allons avoir bien du mal à entendre l'Evangile si nous considérons Jésus comme un ditributeur automatique à bénédictions, un gentil Père Noël cosmique qui descend nous apporter tous les beaux joujoux que nous avons placés sur notre liste!!
Si nous croyons en ce Jésus qui n'est pas le vrai Jésus, nous allons forcément, fatalement être déçus. Et, comme notre frère Pierre, nous risquons alors de ne plus entendre la Bonne Nouvelle. La Bonne Nouvelle, que l'on entend nulle part ailleurs dans notre société qu'il est inutile de chercher à être toujours le « number one », d'avoir plus de jouets que le copain, mais que nous gagnosn vraiment notre vie en renonçant à nous-mêmes.
Cette expression « renoncer à soi-même » a été une des plus mal comprises du Nouveau Testament. On en a fait une incitation à se priver de certaines chose, de certains conforts...Ultimement, on a utilisé cette phrase pour dire que le christianisme implique d'entrer dans une vie de privations, de souffrances auto-affligées, de renoncement à toutes les bonnes choses de cette vie. Erreur complète, et dangereuse, qui passe à côté du sens profond de ce que Jésus affirme.
Car Jésus ne parle pas ici de renoncer à des choses, mais de renoncer à soi-même: c'est différent! « Renoncer à soi-même est plus que de renoncer à certaines choses ou activités dans un but louable, c'est se livrer soi-même à Christ et décider de suivre sa volonté. » (Warren Wiersbe)
En réfléchissant à ce texte cette semaine, je me suis dit que enoncer à soi-même, ce n'est donc pas tellement renoncer à des choses, mais renoncer à notre vision purement humaine et non divine de ces choses. C'est renoncer à nous laisser guider par nos désirs égoïstes. C'est renoncer à nos visions de ce que la vie nous doit pour, peut-être pouvoir entendre l'Evangile. C'est renoncer à ce que nous voudrions que Jésus fasse pour nous pour pouvoir enfin nous rendre compte de ce qu'il a fait pour nous et de sa capitale importance.

Voilà pourquoi Jésus nous appelle à prendre notre croix, une expression que les disciples n'ont pu pleinement comprendre qu'après la Semaine Sainte et le dimanche de Pâques. Jésus veut que nous le suivions, que nous allions là où il va. Et cela implique d'être prêt à payer le prix de la fidélité, d'être prêt à être rejeté parce que nous appartenons à Christ. Quand les condamnés prenaient leur croix: tout le monde savait qui ils étaient et ce qui allait leur arriver. Il y a donc une notion de manifestation publique de notre identité profonde de croyants. C'est comme si Jésus disait: « laissez vos pensées être transformées par l'Esprit, et si vos pensée sont transformées, vos actes le seront aussi ». Frères et soeurs, quand on est chrétien, ça se voit, ça se manifeste d'une façon ou d'une autre! C'est la l'enjeu de cette phrase.

Il est typique que Jésus prononce ces paroles alors qu'ils sont proches de la ville de Césarée. La ville avait reçu ce nouveau nom en l'honneur de César, l'empereur romain. Et on y pratiquait sans doute ce qu'on appelle le culte impérial lancé par Auguste: il s'agissait de garantir une unité à l'empire et à faire respecter le pouvoir de Rome à travers un empereur divinisé. Il était simple ce culte: il suffisait de dire « César est Seigneur/Dieu». Et, bien sûr, on ne demandait pas aux gens d'y croire ou d'abadonner leur religion: il suffisait de rendre un culte public à l'empereur. Et cela a été la source des grands problèmes que l'Eglise a eu dans l'Empire Romain. Parce que les chrétiens ont refusé d'entrer dans le jeu, parce que leur credo s'était justement « Christ est Seigneur ». Christ, et personne d'autre. Les soldats chrétiens notamment ont été soumis à la pression. Ils disaient « notre vocation de soldats, c'est de défendre notre terrre et nos peuples. On veut bien combattre pour l'Empire, on veut bien obéir à l'Empereur, mais l'Empereur n'est pas Dieu. Nous n'adorons que Jésus-Christ notre Seigneur ». Des hommes et des femmes sont morts parce qu'ils refusaient de se plier à cette fausse religion. (et penser aussi aux Huguenots, à l'Allemagne de l'Est).

Je pense que, jusqu'à une date récente, il était encore relativement facile d'être chrétien dans nos pays. Tout le monde n'était pas chrétien, loin de là, mais au moins les valeurs, la morale communes étaient d'inspiration biblique, même chez les plus ardents laïcards. Mais, de nos jours, les choses vont en empirant. La foi chrétienne est ridiculisée dans les médias, la morale judéo-chrétienne qui a été la base de notre société est bannie au nom de la « nécessaire évolution de la société ». Je suis persuadé que nous risquons de plus en plus, de nous retrouver en conflit (ouvert) avec le monde qui nous entoure si nous voulons vraiment rester fidèle à Christ. Oh, bien sûr, un certain christianisme n'aura pas ce problème puisqu'il est tout à fait prêt à abandonner la Parole de Dieu pour ne pas passer pour « réac ».
Mais si nous voulons vraiment être des disciples de Jésus-Christ, nous ne devons pas être étonnés d'être rejetés parce que nous voulons rester fidèles à la vraie foi. Jésus a été calomnié, rejeté « le serviteur n'est pas plus grand que son maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu'ils ne connaissent pas celui qui m'a envoyé » Jean 15.20-21.
Mes amis, si notre christianisme ne dérange pas et s'il ne nous dérange pas, nous pouvons nous demander si nous suivons vraiment un chemin des disciples. Quand Jésus nous invite à prendre notre croix, il nous dit « êtes-vous prêts à rendre témoignage de moi même si ça n'est pas facile, même s'il y a un prix à payer? ». Et remarquez bien les motivations que nous donne Jésus : « pour l'amour de moi et de la bonne nouvelle ».
Nous pouvons mesurer l'amour que nous portons à Jésus et à son message par notre fidélité. Mais porter sa croix, cela a aussi une dimension subversive: cela implique, comme l'ont fait les premiers chrétiens, à dire que Christ seul est Dieu et à dénoncer les fausses idoles.
La République n'est pas Dieu, la Nation n'est pas Dieu, le Parti et la classe ouvrière ne sont pas Dieu, la Bourse et le CAC 40 ne sont pas Dieu, le fric et le sexe ne sont pas Dieu et pour terminer quelque chose d'évident mais bon à rappeler: ni vous ni moi ne sommes Dieu. Christ est Seigneur, et lui seul.
Vous le savez? Alors êtes-vous prêts à en tirer les conséquences dans tous les domaines de votre vie? Etes-vous prêts à ne pas être guidés par elles?

Vous voyez Jésus parle ici à des gens qui ont déjà confessé son nom. Il ne dit pas ici comment être sauvé (ils le sont déjà) mais comment sauver leur vie et en tirer le meilleur parti. C'est triste de gâcher sa vie. Mais on peut aussi gâcher sa vie spirituelle par manque de constance et de fidélité. Parce qu'il ne sert à rien de courir après le « monde entier », et d'avoir du succès aux yeux des hommes si vous n'avez rien à présenter à Dieu quand vous vous présenterez devant lui. C'est ce que Paul appelle bâtir avec de la paille plutôt qu'avec de l'or. C'est cela que Jésus veut vous éviter à vous incitant à le suivre, en disciples et par la foi.
A quoi ça sert un Messie rejeté et mort? A payer pour nos fautes et à nous purifier de nos fautes si nous croyons en son sacrifice.
A quoi ça sert un Messie ressuscité: à nous libérer de la mort, pour que nous puissions vivre vraiment dès maintenant et à jamais, à la plus grande gloire de son Nom.

Amen.

dimanche 9 septembre 2012

Etude Biblique à Melle le 11 septembre

Nos études bibliques reprennent!

Rendez-vous à Melle le 11 septembre à 20h15 (pour tout renseignement, contacter la paroisse). Nous poursuivrons notre étude du livre des Actes.

Tous sont conviés à ces temps de partage et d'approfondissement.

A Bientôt!


Romains 8.12-17

Les notes complètes de la prédication du 9 septembre n'étant pas disponibles, nous vous présentons un sermon du pasteur Poillet (Mulhouse)

" Frères et soeurs, nous avons une dette, mais pas envers notre nature propre, pour nous conformer à ces exigences.
Si vous vivez en vous conformant à votre nature propre, dit-il, vous allez mourir, mais si par l’Esprit vous faites mourir les manières d’agir du corps, vous vivrez.
En effet, tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu…
Et vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage, dit Paul, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père !
L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.
Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire."
(Romains 8.12-17)


La prédication de dimanche dernier nous a entrainés à citer Paul dans sa lettre aux Galates : "Ceux qui sont à Christ ont crucifié leur nature propre avec ses passions et ses désirs" (5.25). Une image forte, brutale même ! Et qui appelle une explication : "Paul ! Aide-nous à y voir plus clair ! " Eh bien ! Ce nouveau passage, ce matin, dans sa lettre aux Romains, va nous éclairer. Un avertissement pour commencer : ne vous trompez pas de débiteurs !
" Nous avons une dette, écrit Paul, mais pas envers notre nature propre, pour nous conformer à ces exigences." Frères et soeurs, nous avons une obligation, nous sommes débiteurs, c’est Paul qui le dit. Nous ne sommes pas redevables à notre corps mortel ; non ! L’Esprit, par contre, a fait quelque chose de très grand en nous et de ce fait, nous avons contracté une dette à son égard. Notre nature humaine, soumise au péché et à la mort, ne doit plus être la puissance qui dicte notre ligne de conduite ; ce n’est pas à elle de réglementer notre vie. Nous n’avons qu’une seule obligation en ce qui la concerne, dit l’apôtre : c’est de la tuer ! C’est un crime que nous avons le droit de commettre, le seul sans doute au monde : "Ceux qui sont à Christ ont crucifié leur nature propre avec ses passions et ses désirs" (5.25). Ma vieille nature n’est pas là pour que je lui obéisse, pour que je me laisse conduire par elle : elle est là pour que je la crucifie ! Et la vie du baptisé consiste précisément en cet acte permanent : crucifier la chair, "noyer le vieil homme", comme l’écrit Paul ailleurs.
Un rappel d’autant plus important qu’à l’heure actuelle, nous vivons dans une société permissive où les gens ont de plus en plus tendance à dire que, pour s’épanouir, pour se sentir bien dans sa peau, pour être heureux, "pour se réaliser", eh bien : il faut suivre ses impulsions ! L’apôtre Paul nous enseigne une autre doctrine que celle-là : "Si vous vivez en vous conformant à votre nature propre, dit-il, vous allez mourir, mais si par l’Esprit vous faites mourir les manières d’agir du corps, vous vivrez." Voilà aussi pourquoi être chrétien consiste presque toujours à nager contre le courant. Et à mener un combat ; cela aussi, c’est un mot biblique. La vie chrétienne est une vie de combat et de lutte. Mais nous savons que sur cette vie repose de grandes promesses : c’est en demandant au Seigneur de m’aider, en m’efforçant, par amour et gratitude, de faire sa volonté que l’Esprit forgera mon caractère et que je grandirai dans la sainteté, à l’image de mon Seigneur Jésus. Cette vie, je la choisi à sa suite parce que je sais qu’il y prend plaisir, et que sa bénédiction reposera sur moi. Cette vie ne cesse pas avec la mort, au contraire : elle s’épanouira dans la résurrection et remplira mon âme et mon corps. Cette vie, déjà présente en nous qui croyons, deviendra visible dans l’éternité.
Donc, ne nous trompons pas de débiteur ; c’est un avertissement. Puis vient l’explication. Car on pourrait demander : "Comment la présence et l’activité de l’Esprit en moi sont-elles les garants de ma vie éternelle ? " Paul répond maintenant à cette question : "En effet, tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont
fils de Dieu… " Frères et soeurs, si vous êtes conduits par l’Esprit, cela prouve que vous êtes enfants de Dieu. Quand on est gouverné par l’Esprit, on est nécessairement enfant de Dieu. Or, Paul va nous le dire dans un instant, si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi héritiers de Dieu -un enfant hérite de son père- et de quoi s’agit-il d’hériter ? De la vie éternelle.
Paul énonce ici une vérité générale : ceux qui font mourir les manières d’agir du corps, et qui sont conduits par l’Esprit prouvent ainsi qu’ils sont fils de Dieu. Ils sont nés de nouveau, ils ne vivent plus conformément à leur nature propre mais conformément à l’Esprit.
Remarquez bien cette expression particulière : "Etre conduit par l’Esprit." L’Esprit est notre guide, il est celui qui nous mène. Et je dirais : intérieurement et extérieurement ! Intérieurement parce qu’il nous donne un coeur nouveau, des pensées et une volonté nouvelle. Et extérieurement par ce que, avec ce coeur nouveau, nous allons mener une vie nouvelle. Cette soumission à l’Esprit est quelque-chose de spontané. Dieu a pu entrer dans mon coeur avec son immense amour, avec ses grâces et ses dons, il m’a libéré de la loi du péché et de la mort. Nous n’étions pas enfants de Dieu par nature, nous le sommes devenus, écrit Paul. Dieu nous a adoptés, il nous a donné le statut de fils. Nous sommes enfants de Dieu non pas en vertu de notre conduite, mais en vertu du pardon que nous a acquis le Seigneur Jésus.
On ne devient pas enfant de Dieu après avoir pratiqué un certain temps le droit et la justice : ce serait le salut par les oeuvres ! Nous sommes filles et fils de Dieu parce qu’il nous a pardonnés, et en nous pardonnant il nous a adoptés. C’est donc la justification qui fait de nous des enfants de Dieu. "Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ, écrit Paul aux Galates ; en effet, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ ! " (Ga 3.26-27). Fils de Dieu : non pas par notre sanctification, ni par notre conduite et nos oeuvres, mais par la foi en Jésus-Christ, comprise aussi dans l’eau du baptême. La filiation ou l’adoption est un don gratuit que l’on reçoit, que l’on ne peut mériter en aucune façon. Et le même Esprit-Saint, qui fait de nous des enfants de Dieu dans la conversion, fait aussi de nous des femmes et des hommes qui marchent de progrès en progrès dans la sainteté !
Après l’explication, un grand encouragement : car "vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage, dit Paul, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! " Abba, c’est de l’araméen et cela veut dire père. Nous sommes devenus, par la foi en Jésus-Christ, enfants de Dieu. Et cela va se traduire aussi par le comportement. Si je suis vivant de la vie que l’Esprit donne à ceux qu’il a convertis, cette vie se manifeste nécessairement.
Un petit enfant, par définition, aime son père et sa mère. Il a besoin d’eux. Il est béni par ses parents ; il leur doit beaucoup. Ses parents se consacrent à lui et lui témoigne leur amour, lui accorde protection et tout ce dont il a besoin. Et cela remplit le coeur de l’enfant de gratitude. Il est donc tout à fait normal qu’un enfant aime son père ! Malheur au fils qui n’aime pas son père : c’est un message constant dans l’Ecriture Sainte. Songez par exemple au livre des Proverbes et à tout ce qu’il nous dit sur les rapports entre parents et enfants : " Un enfant insensé fait le désespoir de son père", par exemple… Nous sommes enfants de Dieu, nous éprouvons pour Dieu ce qu’un enfant éprouve pour son père et nous allons l’appeler : "papa." Tout simplement. Ce mot veut exprimer notre affection, notre amour pour le père. Abba ! Ce qui signifie "Père !"
Avant l’adoption, nous étions dans la crainte, dit Paul ; nous éprouvions les sentiments de l’esclave : l’esclave redoute le châtiment, il obéit par contrainte et non par plaisir. Il obéit parce qu’il craint le bâton ! Nous avons reçu au contraire l’Esprit d’adoption : nous ne voulons plus agir comme nous le faisions autrefois, quand nous étions dominés par notre nature et ses passions, comme sous l’emprise d’un tyran…
Mais on pourrait objecter : pourquoi, dans ces conditions, la Bible dit-elle souvent que nous devons craindre Dieu ? "La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse", dit le psaume 111 ! Et Paul écrit à l’Eglise de Philippes : " Mettez en oeuvre votre salut avec crainte et profond respect. En effet, c’est Dieu
qui produit en vous le vouloir et le faire pour son projet bienveillant" (Ph 2.12-13). Frères et soeurs, le mot grec veut exprimer deux sortes de sentiment. C’est tout d’abord la peur du serviteur ou de l’esclave ; le chrétien n’a pas à éprouver cette peur-là. Il n’a pas de raison de la ressentir. L’apôtre Jean écrit : "Il n’y a pas de peur dans l’amour ; au contraire, l’amour parfait chasse la peur, car la peur implique une punition" (1Jn 4.18). Cette peur-là est celle de l’esclave qui craint le châtiment. Mais le Saint-Esprit n’a pas pris possession de nous pour que nous agissions de cette façon ! C’est pourquoi le mot chez Paul exprime aussi la "crainte filiale." Il s’agit d’une crainte différente de la peur de l’esclave. La crainte de Dieu, c’est le sentiment que l’on éprouve devant quelqu’un pour lequel on a, à la fois, de l’amour et un immense respect. Un fils doit craindre son père… Il ne doit pas en avoir peur, mais le craindre, ce qui est tout à fait différent. Et voyez : devant l’Eternel, nous pouvons enfin dire "Père" à un Dieu que nous ne connaissions pas -ou que nous connaissions très mal- et qui, à la limite, nous faisait trembler… Maintenant, nous lui disons : "Tu es mon père." C’est formidable, cela !
Ce mot : "Père", nous le crions avec joie et confiance "par l’Esprit", écrit Paul. Autrement dit, c’est le Saint-Esprit qui nous fait prier ! Il n’y a pas de prière chrétienne possible sans le Saint-Esprit. Cette déclaration de l’apôtre bat en brèche ce qui est enseigné dans certains milieux, des exhortations du genre : "Il faut que tu pries, et pries, et pries, jusqu’à ce que le Saint-Esprit entre en toi ! " Mais c’est -passez-moi l’expression- complètement idiot ! Je ne peux pas prier pour que l’Esprit entre en moi puisque je ne peux prier qu’à partir du moment où l’Esprit est en moi ! La prière que Dieu écoute est impossible si le coeur n’a pas été régénéré, si l’homme n’est pas enfant de Dieu… L’homme naturel peut réciter de belles formules, c’est certain, mais il ne peut pas prier Dieu, parce qu’il ne peut le connaître, il ne peut avoir confiance en lui, il ne peut croire en lui ni le craindre. "Je crois que je ne peux, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ, mon Seigneur, ni aller à lui. Mais c’est le Saint-Esprit qui m’a appelé par l’Évangile", écrit Luther dans l’explication du troisième article du Credo. La prière chrétienne est une prière qui nous est, en quelque sorte, dictée par le Saint-Esprit. Dans la prière, c’est par lui que nous crions au Père tous les sentiments de notre âme, dans la joie ou la détresse…
Après l’explication et l’encouragement : une garantie. Paul ajoute : "l’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu." Si le Seigneur a su déposer dans mon coeur la certitude que je suis enfant de Dieu, c’est parce que son Esprit me l’affirme noir sur blanc dans sa parole et que sa parole est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit ! Il est évident que le témoignage du Saint-Esprit a lieu par l’Évangile : c’est par lui que Dieu nous rend certains de notre adoption. Donc, si nous nous posons des questions sur notre statut d’enfant de Dieu, sur notre avenir, sur l’éternité ou sur notre élection -parce qu’elle fait partie de notre certitude chrétienne- nous ne devons pas sonder notre nature propre -notre intelligence, notre sagesse humaine- mais nous attacher au témoignage que le Saint-Esprit nous donne dans la Bible ; car la Bible nous ouvre le coeur de Dieu.
Et voici maintenant la conclusion de l’apôtre : "Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui afin de prendre aussi part à sa gloire." Frères et soeurs, vous vous souvenez de l’image choc de Paul aux Galates : "Ceux qui sont à Christ ont crucifié leur nature propre avec ses passions et ses désirs" ; c’est de cette souffrance dont il s’agit ici. C’est aussi le fardeau que nous portons comme chrétien, au sein d’un couple, d’une famille, et plus généralement d’un monde hostile à la foi chrétienne. "Si le monde vous déteste, sachez qu’il m’a détesté avant vous", dit Jésus à ses disciples (Jn 15.18). Nous suivons donc le chemin de Jésus. Avant de monter, il faut savoir descendre… Cette souffrance, vécue à des degrés divers par chacun d’entre nous, atteste que nous sommes conduits par son Esprit.
Or, être enfant, nous dit Paul, c’est aussi être héritier -l’enfant est par définition héritier. Il en va des enfants de Dieu comme des enfants d’hommes : un enfant hérite toujours, et quand ce ne serait que d’une centaine d’euros sur un Livret A… Mais ce que ses parents ont pu accumuler dans leur vie, que ce soit
beaucoup ou peu, ils le lèguent automatiquement à leurs enfants. Bon je sais, il peut y avoir des exceptions, mais j’énonce ici une vérité générale. Ceci veut dire aussi qu’un héritage, cela ne se mérite pas : il y a des gens qui ont hérité des fortunes sans y avoir été pour rien ; ils ont simplement eu la chance d’être enfants de parents riches et n’ont rien fait pour mériter les millions qui leur ont été légués. Un héritage est un don qui est fait automatiquement aux enfants ; il en va de même de l’héritage céleste.
Cela mérite d’être souligné ! Si la vie éternelle est appelée "un héritage", cela prouve en soi, déjà, que la vie éternelle est un cadeau.
Et Paul fait encore ressortir la grandeur de cet héritage en précisant : nous sommes héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ. Nous appartenons à Dieu en tant qu’héritiers, et nous appartenons au Christ en tant que cohéritiers ! Dieu nous a adoptés, et il l’a fait en Christ. Jésus est l’héritier par excellence ; selon sa nature humaine, il a hérité de la gloire éternelle, d’un trône, d’un règne impérissable. Et le bonheur suprême de Jésus consiste à partager, à distribuer cet héritage si douloureusement acquis. Il nous associe à cet héritage, nous son Eglise, nous ses soeurs et ses frères, nous ses disciples. Et l’Esprit en est le témoin, car c’est lui qui nous unit à Jésus-Christ.
Nous sommes déjà héritiers. Nous sommes des princes ! Des rois ! Or, quand nous marchons dans la rue, les gens ne le voient pas. Et quand vous sortirez de ce temple et que vous rentrerez chez vous tout à l’heure, les gens que vous croiserez ne le verront pas non plus. Nous ne portons pas d’auréole, de sceptre ni de couronne, et pourtant nous sommes héritiers. Mais notre condition présente ne le manifeste pas encore.
L’homme qui se dit chrétien et dont le christianisme est invisible, qui se conforme à ce monde, qui nage avec le courant, qui fait comme si rien ne s’était passé dans sa vie n’est certainement pas un héritier de Dieu et un cohéritier de Christ… Il vit encore en réalité sous son ancien maître ; il se trompe de débiteur. Ce magnifique héritage doit nous inciter à vivre selon l’Esprit et non selon notre nature propre. Nous sommes gratifiés du pardon de nos péchés, notre nom est inscrit dans le livre de la vie, notre place est réservée dans la maison du Père : tout cela ne peut qu’avoir des répercussions sensationnelles sur notre existence ! Je ne peux pas être un élu, un saint, un enfant de Dieu, un héritier de la vie éternelle et glorieuse sans que cela change quelque chose dans ma vie ; sans que cela change tout dans ma vie ! Quand on porte une telle espérance dans le coeur, cela se traduit nécessairement par une vie appropriée.
Au bout du chemin, la gloire qui nous sera offerte dans le ciel sera la gloire du Christ : c’est dire combien cette gloire sera grande ; Dieu ne fait pas les choses à moitié ! Corps et âme, nous ressusciterons pour la vie éternelle, pour être couvert de la gloire qui est en Christ ! Amen.

jeudi 6 septembre 2012

"Des Cordes et des Tuyaux" à Rouillé le 16 septembre

Les Amis de l'Orgue de Rouillé organisent le 16 septembre à 17 heures un concert « Des Cordes et des Tuyaux », avec Dawn Constantini au violon et David Milhère à l'orgue.

Au programme: oeuvres de Maurice Journeau, Josef Gabriel Rheinberger, Suzanne Haïk-Ventoura, Paul Ben-Haïm et Jean Sébastien Bach.

Le concert aura lieu comme d'habitude au temple de Rouillé et est présenté avec l'aide de la commune et du Département de la Vienne.

Entrée adhérents: 10€, autres: 15€.

lundi 3 septembre 2012

Des Juifs et des chrétiens

« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » (Matthieu 25.27) - assez jeune, j’ai appris cette citation biblique comme explication des malheurs du peuple juif à travers les deux derniers millénaires.
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » - ainsi avait crié la foule lorsque Pilate s’était lavé les mains de la crucifixion de Jésus de Nazareth.
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » - peut-on accréditer cette phrase en explication de l’Histoire, une malédiction que les quelques dizaines ou centaines de Juifs rameutés ce matin-là à Jérusalem auraient prononcée et amenée sur les millions de Juifs nés depuis, parce que ces Israélites de l’Antiquité romaine avaient « fait mourir le Prince de la Vie », selon l’expression de l’apôtre Pierre, alias Simon Bar Jonah?
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! », cette phrase serait-elle une forme de justification de l’écrasement dans le sang de la révolte juive par la légion de Titus, de l’expulsion des juifs d’Espagne par Isabelle la catholique, de la vindicte de Luther, des pogroms russes et bien sûr du génocide par les Nazis, pour ne parler que des faits les plus tristement illustres ? Au-delà de la méchanceté des hommes, c’est tout simplement le sang du seul Juste qui retombe sur sa race ?
« Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! », peut-on encore admettre que cette phrase ait pu servir de justification à devenir soi-même acteur de cette malédiction, exécuteur d’un jugement non pas prononcé directement par Dieu lui-même, mais « invité » par la foule du Vendredi-saint; que dire lorsque l’Eglise – ou qu’ en tous cas ceux qui s’en revendiquaient, ont persécuté les Juifs ?
Nous devrions savoir mieux, nous autres luthériens exercés à manier Loi et Evangile, commandement et Bonne Nouvelle, jugement et grâce, car autant cette parole, « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! » est une imprécation qui appelle un jugement, une responsabilité pénale à portée spirituelle, sur ceux qui l’assument jusqu’au bout ; autant cette Parole, « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! », transformée précisément par la Croix sur laquelle elle envoie Jésus, devient une libération pour tous ceux qui croiraient en Lui et en son sacrifice, elle devient Parole de Grâce, car de même que les prêtres de l’Ancienne alliance – eh oui – aspergeaient le peuple avec le sang des bêtes sacrifiées pour le pardon des péchés, de même « le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché », proclament les Ecritures, même les croyants d’Israël car le sang des bêtes n’était qu’un signe du sang du Christ. Voilà le témoignage de la révélation divine, du prophète Esaïe à l’épître aux Hébreux.
Mais est-ce à cause d’une bonne compréhension de la Bible que nous autres rejetons l’antisémitisme ? Ou est-ce parce que depuis la fin du dernier conflit mondial, on a documenté l’horreur du génocide contre les Juifs, on en a fait l’incarnation du mal absolu, on nous a formés pour que cela ne se reproduise plus voire formatés à ce « devoir de mémoire » ? Est-ce parce que ça pose un problème de compréhension biblique ou parce que c’est immoral ? Sommes-nous, en bons disciples du Christ, attentifs au Seigneur qui révèle sa volonté immuable et son amour fidèle, ou sommes-nous, en « bons chrétiens », respectueux de la « bonne morale » en société ?
On peut d’autant se le demander qu’il y a aujourd’hui comme un flottement dans notre société : de plus en plus nombreux ces dernières années ont été ceux qui se sont indignés du sort des Palestiniens dont les Territoires restent sous le contrôle, aujourd’hui extérieur mais toujours bien armé, d’Israël ; en même temps, on commence à se rendre compte de la menace que l’Islam radical constitue particulièrement pour les Juifs comme pour les chrétiens. Parallèlement, si je vois qu’on se réjouit au témoignage d’un Juif qui reçoit Jésus dans sa vie, je ressens aussi une perplexité par rapport au courant Juif messianique qui se développe aujourd’hui.
Le passage de l’épître aux Romains traditionnel pour ce 10ème dimanche après la Trinité, dimanche « du peuple de Dieu » est celui à travers lequel j’ai entendu une interprétation de la Bible en lien avec les évènements de l’Histoire récente, à savoir la restauration d’un Etat d’Israël. On m’a enseigné que lorsque l’apôtre Paul écrivait « tout Israël sera sauvé » il n’évoquait pas une conversion massive des Juifs à la fin des temps – c’est-à-dire comme si tous les Israéliens d’aujourd’hui et les Juifs du monde entier se tournaient vers le christianisme – mais qu’Israël, au sens spirituel, représente le peuple de Dieu, et qu’à la fin des temps seraient rassemblés enfin tous ceux qui font partie de ce peuple par la grâce de Dieu, qu’ils soient d’origine juive ou issus des autres nations.
Par rapport aux questions concernant Israël et les Juifs, nous sommes aussi appelés à « sonder les Ecritures ». De fait, c’est l’Ecriture inspirée qui nous permet d’appréhender ce qui se passe dans le monde, notamment au plan spirituel, sans être surpris mais en y voyant au contraire l’accomplissement de ces Ecritures, ce qui peut porter pour fruit de nous réjouir et de nous fortifier dans la foi.
Or, clairement, il n’est pas anecdotique qu’un peuple dispersé depuis près de deux mille ans conserve son identité et qu’ainsi les Juifs aient pu s’identifier comme tels, que dans le siècle passé ils aient pu commencer à se rassembler jusqu’à former un Etat ; il n’est pas anodin qu’un Etat guère plus grand que l’Alsace et moins peuplé que certaines de nos régions fasse à ce point l’actualité mondiale. Au-delà de la lecture historique, au coeur de l’identité juive se trouve les Ecritures que nous appelons l’Ancien Testament et que nous avons reçu en héritage au côté de la révélation des apôtres qui y reviennent régulièrement.
Ainsi le Nouveau Testament n’est pas la mort de l’Ancien, mais comme le dit le proverbe théologique, le Nouveau Testament est en germe dans l’Ancien et l’Ancien Testament s’accomplit dans le Nouveau. C’est ainsi que les Ecritures inspirées à Israël sont abondamment citées par les auteurs inspirés de la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ, eux-mêmes d’ailleurs pratiquement tous Juifs. La révélation de dieu à Israël vit toujours car elle est Parole vivante de Dieu, l’Ancien Testament nous enrichit toujours et nous enseigne d’autant plus que s’accomplit, dans les temps de l’Eglise appelés aussi les derniers temps, ce qui y était déjà écrit.
Cette richesse, Paul la décrit aux Romains lorsqu’il évoque ses congénères, les Israélites en écrivant : « c’est à eux qu’appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses et les patriarches » et qu’il ajoute « c’est d’eux que le Christ est issu dans son humanité, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement ! ».
Cette richesse est passée dans l’Eglise des premiers temps, où beaucoup de chrétiens, comme on le voit à la lecture des épîtres ou des Actes des Apôtres, étaient Juifs, et notamment bien sûr à travers les apôtres. Cette coloration a « déteint » au fur et à mesure que les païens affluaient dans l’Eglise et que les générations de Juifs baptisés se succédaient au sein d’une Eglise de plus en plus « pagano-chrétienne ». L’Eglise a conservé cette richesse dans sa référence constante à l’Ancien Testament, partagée avec tous par les lectures bibliques dans la tradition liturgique et illustrée dans l’art graphique, tableaux et dessins. Comment comprendre en effet, non pas simplement un « arbre de Jessé » sur un vitrail sans connaître l’histoire des rois d’Israël, mais surtout comment comprendre plus pleinement la Sainte-Cène sans entendre le récit de la Pâque israélite ? Certes, on peut toujours recevoir par la foi le corps et le sang de Jésus dans le pain et le vin de la Sainte-Cène, comme une grâce, mais on est enrichi dans sa piété, dans sa foi même lorsqu’on comprend d’où vienne ce pain et ce vin, lorsqu’on apprend la libération des esclaves hébreux d’Egypte, comment comprendre, sans l’Ancien Testament, ce que Jean-Baptiste veut dire par « l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » ?
Mais si le fait que sur les tableaux, les scènes d’Israël étaient à une époque bien médiévales voire européennes d’aspect, ce n’est pas forcément un signe d’ignorance culturelle de l’artiste, mais aussi le désir de l’Eglise d’incarner le message biblique dans la culture des destinataires de l’oeuvre. Toutefois, la culture juive a certainement déteint, s’est diluée voire perdue dans l’Eglise notamment
d’Occident. Or cette tradition aussi éclaire notre compréhension de l’Ecriture, car pour prendre un fameux exemple, la coupe de la Cène ne figure pas explicitement dans l’institution de la Pâque telle qu’on la trouve dans les livres de Moïse. C’est la tradition du Seder, le repas de la Pâque juive, qui peut nous aider à comprendre pourquoi l’évangéliste Luc évoque deux coupes, dont une deviendra celle de la Communion, et surtout quel était le sens attaché au partage de ces coupes. Jésus a suivi la tradition de son peuple selon la chair et il lui a donné un plein sens spirituel dont témoigne aujourd’hui l’Ecriture Sainte – Jésus est la Parole vivante de Dieu faite chair… et cette chair, il la tenait de ses ancêtres israélites.
Aussi nous ne pouvons pas rester sous la seule Loi, sous les paroles de jugement des Ecritures qui dépeignent l’endurcissement ou l’aveuglement des Juifs, nous ne pouvons pas restés plantés devant la statue de la femme aux yeux bandés représentant la synagogue sur les murs de la cathédrale de Strasbourg, ou ailleurs. Nous avons sans cesse à nous laisser ravir par l’Evangile et prendre à coeur le partage de la Bonne Nouvelle de Jésus avec les Juifs, car s’il est notre Seigneur, il est leur frère de sang, et il est le Sauveur de tous. C’est vrai, il est remarquable de voir que comme l’intégration des païens dans le peuple de Dieu aux premiers temps de l’Eglise a posé nombre de question, aujourd’hui c’est la conversion en nombre de Juifs à Jésus et l’émergence des mouvements juifs messianiques qui rend perplexe l’Eglise « traditionnelle », en fait largement non-juive. Mais c’est ce que l’Ecriture annonce aussi, quand Paul envisage ces conversions qu’il appelle de ses voeux ! Car l’Eglise, traditionnellement, et essentiellement, est israélite ! Elle l’est au sens spirituel, mais elle qui est le Corps du Christ, qui s’incarne, elle tient, elle descend d’Abraham, d’Isaac et d’Israël ! Les Juifs messianiques – messianique est le mot juif, chrétien le mot grec, c’est le même qualificatif – les Juifs messianiques sont, comme le prophétise Paul, un sujet de fortification dans la foi, car ils sont dans la cohérence entre l’Ancien et le Nouveau Testament, ils sont dépositaires de l’ensemble des alliances successives de dieu avec les humains, ils incarnent l’ensemble de la révélation biblique, ils nous donnent une image de ce que Christ, de ce que le Messie, incarne en premier et pleinement, purement. L’apôtre Paul nous rappelle dans cette lettre aux Romains que nous, chrétiens, peuple de Dieu de la Nouvelle alliance et d’origine païenne, avons été greffé sur le peuple de Dieu de l’Ancienne Alliance, Israël, comme il rappelle auparavant dans la même épître aux Romains que nous avons été baptisés en Christ. Etre, selon les mots de l’apôtre, comme des branches d’olivier sauvage greffées sur un olivier de bonne race, voilà en effet une parabole de l’Evangile qui prend à rebrousse-poil la logique humaine, où celui qui est Juste prend sur lui tout le mal pour que nous qui sommes impurs devenions purs comme Lui ! Mais c’est aussi une parabole qui nous rappelle combien l’apport des Juifs en termes de connaissance et de pratique de l’Ancien Testament peut nous amener à une meilleure compréhension, plus approfondie, plus riche, de celui-ci et de la Bible toute entière.
Pendant la Seconde guerre mondiale, des Juifs ont reçu le Baptême en Jésus. Il ne faut pas voir ces conversions comme des tentatives d’échapper aux persécutions, mais plutôt comme le fruit d’un rapprochement entre Juifs et chrétiens dus à la persécution nazie, quand on voit celles qui se sont inscrites dans la durée, voire dans l’éternité pourrait-on dire. Ainsi du cardinal Lustiger, premier prélat de l’église catholique romaine de souche juive depuis l’époque antique, Aaron de son prénom de circoncision et Jean-Marie de son prénom de baptême ; ou, dans nos églises, Maurice Salomon-Léon, notre « abbé Pierre », ou la veuve du pasteur Collardeau, dont l’histoire a été rapportée il y a quelques temps dans les colonnes d’Amitiés luthériennes. Aujourd’hui, beaucoup de Juifs reconnaissent en Jésus le Messie promis à leurs ancêtres. C’est une joie pour le peuple de Dieu tout entier. Une joie d’autant plus forte qu’ils nous enrichissent de leur culture mais surtout de la cohérence qu’ils représentent. Et qu’ils sont enrichis aussi en étant réconciliés aux non-juifs, comme ce Juif messianique israélien et cet Arabe chrétien palestinien prenant ensemble la Communion. Car nous sommes un(is) en Christ qui nous a rassemblés en son Corps, l’Eglise, peuple et gloire de Dieu ! Amen !



Pasteur Philippe Volff, Eglise Evangélique du Val de Sauer, 12 août 2012.