jeudi 25 décembre 2008



Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre de la mort une lumière a brillé.

N'ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une source de grande joie pour tout le peuple: aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.

L'Eglise luthérienne en Poitou vous souhaite un très Joyeux Noël.

lundi 22 décembre 2008

Veillée de Noël le 24 décembre à 20h30 au temple de Prailles.

Venez retrouver le sens de la tradition et vous remémorer la Bonne Nouvelle de Noël: Dieu est venu parmi nous.

Cordiale invitation à tous.

jeudi 18 décembre 2008

"Luther", de Eric Till, avec J. Fiennes et P.Ustinov




Enfin!! Sorti en 2003, le film Luther sort finalement en salle dans notre pays. Qu'est-ce qui peut justifier un tel retard? Mystère...Toujours est-il que l'on ne peut que se réjouir que le plus grand nombre puisse enfin le voir, car il le mérite.

Obsédé par son salut, Martin Luther (1483-1546) quitte tout pour entrer au couvent. C'est dans la Bible qu'il trouvera les vérités libératrices de l'Evangile. Le jeune moine va peu à peu s'opposer aux dérives d'une Eglise plus avide de puissances et de richesses que de fidélité au message de Jésus. Menacé, Luther tient bon, au prix d'un doute parfois terrible sur les conséquences de ses actes, et fait naître le mouvement de Réforme qui va balayer l'Europe entière et changer l'histoire du monde.

Le film se concentre sur les années 1505-1530. Le défi de décrire ces décennies complexes et bouillonnantes en moins de deux heures est remarquablement relevé par Eric Till. Le scénario demeure fidèle à la réalité historique, même si des inexactitudes (assez mineures dans l'ensemble) peuvent être notées, de même que des raccourcis chronologiques sans doute destinés à alléger un film qui a voulu rester accessible à tous et fait un vrai effort de pédagogie. Un effort a clairement été fait pour ne pas tomber dans la légende dorée et faire de Luther une sorte de Saint protestant. On sent aussi chez Till la volonté de garder un équilibre entre l'analyse de la personnalité si riche de Luther et la description des bouleversements sociaux et spirituels provoqués par la Réforme.

L'oeuvre de Till est servie par une pléiade d'acteurs qui donnent tous une épaisseur certaine à leurs personnages. On trouve parmi eux Joseph Fiennes (surprenant Luther), Peter Ustinov (qui incarne le Prince Frederic et dont ce fût le dernier rôle), Bruno Ganz (Hitler dans La Chute) et Alfredo Molina. Quant aux décors et aux costumes, ils sont simplement somptueux. La B.O. sert bien l'ambiance générale des scènes, même si elle est parfois un peu trop présente.

A qui s'adresse ce film? Certainement pas aux seuls chrétiens! Les passionnés d'histoire, ceux qui aiment les histoires vraies plus puissantes encore que la fiction et les amateurs de biographies feront bien d'aller dans les salles obscures découvrir la vie d'un homme qui fût comme le dit l'affiche du film "un génie, un rebelle et un libérateur".

dimanche 14 décembre 2008

Seigneur,
apprends-moi à me tourner vers toi,
même si je ne sais pas encore regarder.
Seigneur,
tu es ma force,
même si je ne sais pas te saisir.
Seigneur,
tu es mon salut,
même si je ne sais pas croire.
Seigneur,
tu es mon pardon,
même si je ne sais plus me repentir.
Seigneur,
tu es amour,
même si je ne sais pas aimer.
Loué sois-tu !


Même si… « prière pour mon village ».

samedi 13 décembre 2008

1 THESSALONICIENS 5.16-24


16 Soyez toujours joyeux. 17 Priez sans cesse, 18 exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c'est la volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ.19 N'éteignez pas l'Esprit, 20 ne méprisez pas les prophéties, 21 mais examinez tout et retenez ce qui est bon.22 Abstenez-vous de toute forme de mal.23 Que le Dieu de la paix vous conduise lui-même à une sainteté totale et que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irréprochable lors du retour de notre Seigneur Jésus-Christ!24 Celui qui vous appelle est fidèle, c'est aussi lui qui le fera.

Chers frères et sœurs,

La période de l’Avent, c’est aussi la fin de l’année. L’occasion de faire des bilans. Parfois, ces bilans ne sont pas brillants : ça ne va pas fort au travail, les finances font grise mine, il y a des tiraillements au sein de la famille…Parfois, on a des « mauvaises journées ». Pour certains, ça devient même de « mauvaises années ».

Dans notre deuxième lecture d’aujourd’hui, Paul dresse une sorte de liste pour ceux qui se disent disciples de Jésus. Cette liste, elle contient une série d’attitudes que l’apôtre considère comme nécessaires au bien-être spirituel d’un croyant et d’une paroisse. Et l’une d’entre elles nous frappe, la première, celle qui dit « soyez toujours joyeux ». Et alors que je réfléchissais à ces mots, force m’a été de constater que j’échoue sur ce point bien souvent. Lorsque, il y a peu de temps, j’ai perdu un temps précieux dans mes études de théologie parce que mon ordinateur m’a lâché et que j’ai été malade pendant une semaine, je n’avais pas naturellement le cœur à me réjouir, mais plutôt à me demander comment rattraper le temps perdu. « Soyez toujours joyeux » ? A première vue, ça a l’air impossible…

Mais nous sommes le Troisième Dimanche de l’Avent. Un dimanche qui s’appelle traditionnellement Gaudete, ce qui vient du Latin qui signifie “réjouissez-vous”. La joie se trouve donc au cœur de notre célébration d’aujourd’hui. Plus facile à dire qu’à faire : comment donc se réjouir tout le temps ? Les coups durs, cela arrive tout le temps, et parfois à nous ou à ceux qui nous sont chers…Alors est-ce que Paul n’est qu’un rêveur totalement déconnecté de la vraie vie ? Est-ce qu’il a les yeux tellement tournés vers le Ciel qu’il ne voit pas tout ce qui peut arriver sur la Terre ? Je répondrai à la fois oui et non.

Paul était sans doute un grand intellectuel, avec ce que cela suppose d’idéalisme. Il est d’ailleurs rassurant de voir que le fait que l’apôtre ait été inspiré par Dieu n’a pas modifié sa personnalité. Et il est aussi probable que le point de vue de Paul ait été influencé par le fait qu’il croyait sans doute, comme beaucoup dans l’Eglise de l’époque, que le retour de Christ n’allait pas tarder et peut-être même qu’il le verrait.

Mais il faut aussi répondre non. Paul n’était pas un rêveur la tête perdue dans les nuages et ses hautes pensées. Et il n’est pas totalement focalisé sur le spirituel quand il nous dit de nous réjouir constamment. Après tout, le Nouveau Testament nous montre amplement que la vie de Paul et son ministère n’étaient pas un tapis de rose. L’apôtre savait ce que souffrir veut dire. On voit d’ailleurs bien le côté très pratique et réaliste de ses lettres.Il faut je crois être clair sur ce que Paul n’essaie pas de dire dans ce verset. Il ne cherche à culpabiliser personne. Il ne cherche pas à nous mettre la pression, à nous charger d’un fardeau pour que nous soyons joyeux, sinon…Non ! Paul ne veut pas nous gaver de joie comme on gave les oies qui fourniront le foie gras.
Le problème, c’est que la joie a été entourée de bien des choses négatives dans l’Eglise. Elle n’est plus ce don précieux, mais elle est devenue, en tout cas dans bien des milieux, comme une sorte de document officiel que l’on doit montrer pour prouver qu’on est bien chrétien. Cela, c’est une perversion de la joie authentique. Elle ne produit qu’une attitude hypocrite et conformiste, qui va s’écrouler au premier coup de vent.La joie authentique est bien plus profonde que ça. Elle n’est pas basée sur nos sentiments, parce que nos sentiments peuvent varier selon nos circonstances. La joie authentique, et la capacité de se réjouir toujours sont des dons qui viennent de Christ. Je crois que cela devient clair quand nous lisons notre verset à la lumière de notre passage entier, notamment le v.24: Celui qui vous appelle est fidèle, c'est aussi lui qui le fera.

C’est seulement avec l’aide de Christ que nous sommes capables d’être toujours joyeux. Etre toujours joyeux, c’est reconnaître que Jésus est toujours présent à nos côtés. Et si Jésus est toujours avec nous, alors nous pouvons en effet nous réjouir, parce que peu importe ce qui nous arrive : bon, mauvais, neutre, Christ marche avec nous et veille sur nous. Une fois que nous avons pris conscience de cela, notre vie prend un éclairage nouveau.

Etre toujours joyeux, c’est savoir « pousser là où nous avons été plantés ». C’est savoir accepter notre place dans l’existence et y voir un appel de Dieu. C’est placer notre relation avec Jésus au-dessus de quoique ce soit dans ce monde.Je suis sûr que vous voyez ce dont je veux vous parler. Je suis sûr que vous avez parfois rencontré des gens qui pouvaient bien faire leur travail, mais dont il était evident qu’ils n’en tiraient aucune joie, aucune satisfaction. Leur cœur n’y était pas. Et puis il y en a d’autres qui tirent de leur métier une motivation, un élan. Ca ne veut pas dire qu’ils sont toujours avec un grand sourire aux lèvres, mais ils reflètent le fait qu’ils sont heureux de leur sort et que leur vie repose sur des bases saines et solides.

Alors, qu’en ce dimanche Gaudete, que le don de la joie et la capacité de nous réjouir toujours nous soit donnés, ainsi qu’à beaucoup d’autres, tandis que nous attendons la venue de notre Sauveur.

lundi 24 novembre 2008

Ezechiel 34.11-16

Chers frères et sœurs,


Nous fêtons aujourd’hui le dimanche du Christ-Roi. Christ est notre Roi,à nous Chrétiens. Cela veut dire que nous reconnaissons qu’il est notre Seigneur. Nous savons qu’il est le seul chef suprême de l’Eglise (Eph 1.22). Mais nos textes d’aujourd’hui nous montrent que Jésus est aussi notre Roi quand il est notre Berger. Jésus n’est pas un Roi ordinaire : il a quitté son trône dans le Ciel pour venir vivre parmi nous, pour porter nos fautes à la Croix. L’Ancien Testament annonce cette réalité à de nombreuses occasions en utilisant le thème du berger. Le prophète Esaïe nous dit « Pareil à un berger, le Seigneur s’occupera de son troupeau, il prendra les agneaux dans ses bras et les portera contre sa poitrine ; il conduira ses brebis qui allaitent » (40.11). Ce matin, c’est que Dieu veut faire : nous amener contre sa poitrine, tout près de son cœur, pour que nous puissions écouter sa Parole. Christ le Roi est notre bon berger. Et nous pouvons nous réjouir de deux vérités : 1) le bon berger cherche ses brebis 2) le bon berger prend soin de ses brebis.

1)
Quand Ezechiel s’adresse aux Israëlites, ceux-ci se trouvent dans une période très sombre de leur histoire. Le peuple s’est révolté, détourné du vrai Dieu pour adorer des idoles et il a été emmené en esclavage à Babylone, après la prise de Jérusalem et la destruction du Temple.
Le jugement de Dieu est tombé sur un peuple rebelle. Sans doute les Israëlites se sentent-ils désespérés, abandonnés. Mais que leur dit Dieu ? « J’irai à la recherche de la brebis qui s’est perdue, je ramènerai celle qui s’est égarée ». Dieu annonce que, dans son amour, il va aller rechercher ceux qui sont perdus, et les trouver. Et il va prendre soin d’eux « je panserai celle qui est blessée et j’assisterai celle qui est affaiblie. En revanche, je détruirai celles qui sont grasses et vigoureuses ». Dieu veut apporter la guérison aux faibles, mais ceux qui se croient forts, qui pensent qu’ils n’ont pas besoin de lui, vont vers leur destruction. Jésus lui-même nous a dit qu’il était venu pour les malades et non pas pour ceux qui se croient bien-portants.
D’un point de vue humain, on pourrait être tenté de dire que les Israëlites l’avaient bien cherché. Dieu les avait libérés de l’esclavage en Egypte. IL leur avait donné un bon pays où coulaient le lait et le miel. Et eux, s’étaient empressés de se détourner de lui pour aller vers d’autres dieux et pour suivre leurs mauvaises voies. Ils avaient ainsi appelés sur eux les malheurs dont Dieu les avaient menacés. « Voilà, bien fait » diraient certains.
Mais Dieu n’agit pas ainsi, il ne pense pas ainsi. Dieu va aller chercher ses brebis perdues, et c’est vrai pour nous aussi.
IL peut nous arriver, dans notre vie de chrétiens, de nous éloigner de Dieu, de chercher à suivre un autre chemin que celui qu’il nous a tracé. Ce n’est pas parce que nous sommes des brebis du troupeau que nous ne serons pas tentés d’aller faire un tour ailleurs. Et, en fait, ils sont nombreux ceux qui se sont progressivement, insensiblement, éloignés de l’église, parce que l’herbe leur semblait plus verte ailleurs. Il faut dire que la société moderne est source de bien des tentations.
Si cela ne dépendait que de nous, nous serions perdus. Nous serions condamnés à errer sans but. C’est là le sort des hommes sans Dieu. Mais Dieu vient nous chercher lui-même. Jésus nous a dit qu’il était venu chercher ce qui était perdu (Lc 19.10). Et ce que nous voyons là, c’est l’infinie patience de Dieu, son amour pour nous qui sommes des pécheurs qui ne mériteraient que d’être laissés à eux-même. Et non seulement Dieu vient à notre recherche, mais en plus, il va nous ramener avec lui

2)
« tout comme un berger part à la recherche de son troupeau quand il se trouve au milieu de ses brebis et qu’elles sont dispersées, je veillerai sur mes brebis et je les arracherai de tous les endroits où elles ont été éparpillées un jour de ténèbres et d’obscurité. Je les ferai sortir des divers peuples, je les rassemblerai des divers pays et je les ramènerai sur leur territoire ». Imaginez la joie des Israëlites qui ont entendu ces paroles : ils étaient peut-être réduits en esclavage sur une terre étrangère, mais Dieu leur faisait la promesse de les ramener dans leur pays. ET c’est bien ce qui s’est passé, des années après, la prophétie s’est accomplie et Jérusalem a été reconstruite.
Ezechiel couronne cette prophétie par une image importante : celle du repos (v.14). Les brebis perdues pourront se reposer dans leurs paturages, sans plus être esclaves d’une nation ennemie. C’est là un e belle image de la paix et du repos que Jésus donne aux croyants : ne plus être esclaves du péché, de l’égoïsme ou de tout ce qui nous enchaîne, mais pouvoir vivre paisiblement auprès du Berger qui est notre Sauveur. Voilà ce que Jésus nous donne. IL nous le donne parce qu’il est mort pour nos péchés. C’est ce qui est merveilleux avec notre Roi : il est venu pour servir « le Fils de l’Homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (Mc 10.45)
Jésus est Roi et Seigneur de l’Eglise : sachons lui faire confiance pour la guider par son Saint Esprit et sa Parole. Jésus est notre Bon Berger : il a donné sa vie pour nous et nous pouvons dire avec confiance et reconnaissance :
Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles
Il restaure mon âme
Il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom (Psaume 23)

Amen.

samedi 22 novembre 2008

Esaïe 65.17-25



Frères et sœurs, nous voici à l’avant dernier dimanche du temps de l’Eglise. Pendant un an, le Seigneur nous a conduits à travers sa Parole pour nous instruire et nous fortifier. Cinquante deux fois, du haut ce cette chaire, vous aurez entendu développer et proclamer la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ. La liturgie pour aujourd’hui nous invite à lever les yeux vers le ciel : la course est presque achevée, le combat est bientôt fini : le repos de nos âmes est là, tout proche.
Le livre de l’Apocalypse est intarissable sur le sujet. Sans doute connaissez-vous aussi des passages des évangiles ou des épîtres qui nous auraient très bien guidés dans cette réflexion. Mais il m’a semblé important de vous enseigner ce matin à partir d’une prophétie de la première alliance. L’Evangile, chers amis, est l’annonce de la délivrance finale qui nous sera accordée en Christ, et cet évangile brillait déjà de façon splendide dans la Bible des Hébreux.
Voici, dit Dieu par la bouche du prophète Esaïe : « Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre » ! Vous ne souffrirez plus ; vous ne travaillerez plus en vain ; la nature elle-même vous sera favorable !
I
Premier point de cette méditation : vous ne souffrirez plus…
L'Eternel invite tous les croyants à se réjouir. Qu’est-ce que je dis ? A jubiler, oui ! « Réjouissez-vous – dit-il- et soyez dans l'allégresse, car je vais créer Jérusalem pour l'allégresse et son peuple pour la joie ! Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre.... Je ferai de Jérusalem mon allégresse et de mon peuple ma joie ».
De quelle Jérusalem le prophète parle-t-il ? S’agit-il de la capitale actuelle de l’Etat d’Israël, partagée entre chrétiens, juifs, arméniens et musulmans ? S’agit-il de la « ville éternelle » que domine le dôme étincelant de la mosquée d’Omar ? Certainement pas. Depuis les premiers écrits du Nouveau Testament, Jérusalem a cessé de désigner une ville faite de pierres et de briques. Jérusalem est le symbole de la maison du Père. Le peuple qui y habite n’est plus descendant d’Abraham selon la chair, mais selon l’Esprit. La Jérusalem céleste, c’est l'ensemble de tous les rachetés depuis le commencement de l'histoire de l'Eglise.
Trois fois de suite, dans ce beau texte, Dieu nous dit : « Réjouissez-vous » ! Pourquoi ? Parce qu’il nous a préparé quelque-chose de formidable. Jésus disait, en parlant de notre vie future : « Lorsque je m'en serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis, vous y soyez aussi ». Comprenez bien, frères et sœurs : tout ce que Dieu fait est parfait. La dernière étape de notre vie de chrétien ressemblera à toutes les autres : elle portera la signature de Dieu, tout comme notre élection, notre justification, notre baptême et notre vie chrétienne. Soyons certains que cette vie éternelle sera géniale et dépassera notre attente !
L'homme a créé des édifices grandioses et magnifiques sur la terre, mais ce projet là – précisément – n’est pas pour cette terre et l’homme n'est pas capable d’en concevoir les plans. Il lui transmettrait les imperfections de sa nature humaine, et le limiterait aux dimensions de sa propre imagination.
La nouvelle Jérusalem, au contraire, sera à l’échelle des perfections divines. C’est parfois difficile d’expliquer à quelqu’un le bonheur qui l’attend quelque part. Alors, pour rendre les choses plus parlantes, on commence par dire ce qui va changer, ce à quoi on va échapper : « On ne se rappellera plus les choses passées – dit Esaïe -, elles ne reviendront plus à l'esprit... On n'y entendra plus le bruit des pleurs et des cris ».
Pourquoi Dieu place-t-il « les pleurs et les cris » parmi le souvenir des choses passées ? D’abord, n’oubliez pas qui vous parle. Le règne relativement paisible d’Osias avait été suivi d’une série de calamités. Peu après, le roi d’Israël, allié à celui de Damas, avait tenté de renverser le royaume de Juda, et cette guerre fratricide s’était prolongée très longtemps… C’est alors qu’Esaïe annonce la chute des ennemis de Juda et l’accroissement de la puissance Assyrienne. En 722 av. Jésus-Christ, Samarie n’est plus que ruines ; vingt ans plus tard, Sennachérib envahit Juda et fait le siège de Jérusalem… Les contemporains d’Esaïe savent donc ce qu’est le prix du sang et des larmes…
De même, ceux qui ont vécu les bombardements des guerres, qui ont subi le bruit des avions, des sirènes n'oublient jamais. Ceux qui ont connu l'enfer des camps de concentrations en gardent une marque indélébile. Ceux qui vivent les attentats dans leur chair sont marqués à vie. Bien sûr la vie continue, mais le souvenir en reste souvent brûlant et finit toujours, même après des années, à arracher des larmes, à susciter des cauchemars, à réveiller de terribles angoisses.
Aujourd’hui, nous sommes Français, Européens et nous traversons la période de paix la plus longue de notre histoire. Cela n’a pas toujours été le cas et nous devons en remercier le Seigneur. Mais il n’est pas nécessaire d’être le rescapé d’un massacre pour que la vie soit une survie et la mémoire, une plaie ouverte.
Imaginez une vie éternelle où l’on garderait les traumatismes de son existence : celui d’un homicide, d’un viol, d'un mariage gâché, d’une séparation, d'une famille décimée, d'un grave accident de voiture, d'une foule de regrets et d’occasions manquées. Tout cela est incompatible avec la joie éternelle. Le prophète répond : « On ne se souviendra plus des choses passées ».
Ici, vous avez un exemple très concret du perfectionnisme de Dieu. Vous remarquerez que le prophète ne dit pas : « ces choses n’existeront plus », mais « on ne s’en souviendra plus », ce qui est très différent. Quand les autres vous ont fait souffrir, on voudrait bien oublier, mais on n’y arrive pas toujours. L’oubli rend possible le pardon, le repos de l’âme. Dieu effacera, avec nos larmes, le souvenir même de l’offense, de la misère et du deuil.
Remarquez au passage que notre monde est contraint de faire l'inverse : nous venons de commémorer l’armistice du 11 novembre 1918. Il y a quatre-vingt dix ans exactement cessait la plus effroyable boucherie du XXe siècle. Alors on ressuscite les cauchemars – en technicolor, on évoque dans les journaux les atrocités, les holocaustes et les abominations en ajoutant : plus jamais çà ! C’est la pédagogie humaine et nécessaire de ce monde. Il n'empêche qu'on est glacé d’horreur devant ce que l’homme est capable d’accomplir, et cela depuis le commencement.
Dans le paradis de Dieu, le souvenir de ce monde sera totalement effacé. Il n'y aura plus de jours gris, plus de mélancolie ni de sanglots au fond d’un lit, plus de rêves angoissants car on ne se rappellera plus les choses passées.
Le prophète annonce une autre différence : « Il n'y aura plus ni enfants ni vieillards qui n’accomplissent leurs jours ; Car celui qui mourra à cent ans sera jeune ».
Qu’est-ce que cela veut dire ? Certains n’ont pas eu la chance de voir vieillir leurs parents. D’autres assistent bouleversés et impuissants à leur lente décrépitude. On les a connus forts, actifs, entreprenants ; les voici qui se traînent, pleins d'infirmités, menant au ralenti une vie faite de privations, de frustrations et de regrets.
Mais au ciel, Dieu nous réserve une autre joie : le vieillard sera comme le jeune homme. Il n'y aura plus de vieillesse, plus d'infirmité ni de mort.
Ce sera finalement un retour à l’état originel, puisque l’homme avait été créé immortel. L’horloge biologique, telle que nous la connaissons, ne s’est mise en route qu’après la chute. La « nouvelle terre » que Dieu va créer sera semblable à la toute première : les conséquences du péché auront disparu. La vieillesse et la mort ne seront plus.
Cette mort aveugle, qui frappe aussi bien les enfants que les vieillards. Et quand on voit un enfant mourir tandis qu'un vieux tyran semble éternel, on se demande où est la justice de Dieu.
C’est pourquoi Esaïe ajoute : « le pécheur âgé de cent ans sera maudit ».
Frères et sœurs, cette phrase peut surprendre car l’on associe généralement l’âge et la sagesse. Mais devant Dieu, la vieillesse n'est pas le critère d'une vie juste et bénie. Que personne ne s'imagine donc que les cheveux blancs ont un quelconque mérite devant Dieu !
Bien plus : ce centenaire que Dieu maudit, est en réalité un homme – ou une femme – qui durant un siècle entier aura été appelé par l’Esprit. Oui ! Un siècle d’appels à la repentance et la foi, obstinément renouvelés par le témoignage des chrétiens ! Pour obtenir quoi ? Un refus ! Je ne voudrais pas être à la place de tous ces vieillards au jour du Jugement, auxquels le Seigneur déroulera la longue – la très longue – liste de toutes les circonstances favorables qu’il avait placées sur leur chemin pour entendre l’Evangile et qu’ils ont toujours méprisées. Cela doit être terrible de prendre conscience, alors qu’il est trop tard, d’un aveuglement aussi obstiné…
II
Vous ne souffrirez plus, dit le Seigneur ; et vous ne travaillerez plus en vain.
Le prophète dévoile maintenant un autre coin du Paradis : « Ils bâtiront des maisons et les habiteront ; ils planteront des vignes et en mangeront les fruits. Ils ne bâtiront pas des maisons pour qu'un autre les habite, ils ne planteront pas des vignes pour qu'un autre en mange les fruits. Car les jours de mon peuple seront comme les jours des arbres, et mes élus jouiront de l'œuvre de leurs mains. Ils ne travailleront pas en vain, et ils n'auront pas des enfants pour les voir périr. Car ils formeront une race bénie de l'Eternel, et leurs enfants seront avec eux ».
Frères et sœurs, beaucoup de choses, ici-bas, nous gâchent la vie et le plaisir de travailler, d'économiser et de construire : il y a le stress et la crainte du chômage, bien sûr. Le risque de l’accident, de l’infirmité ; préparer l’avenir avec la menace de la maladie est une idée angoissante bien exploitée par les compagnies d’assurance. De même, travailler pour voir tomber le fruit de son travail entre les mains d’autrui est révoltant.
Et puis, il y a tous les parents qui ressemblent au père de la parabole, dont le fils ou la fille coupe les ponts et part faire sa vie ailleurs. Avec en prime des reproches que l’on prend en pleine figure, sur l’éducation que l’on a donnée, les valeurs que l’on s’est efforcé de transmettre. L’un de ces parents me disait un jour : c’est pire que si mon enfant était mort : son silence est une grande souffrance.
Tout cela donne un goût amer à la vie et au travail.
Mais voici le message qui nous vient de l’Evangile : « Vous habiterez vos maisons, vous mangerez le fruit de vos vignes, vous ne travaillerez pas pour rien et vos enfants seront toujours avec vous ». Au ciel, il n'y aura plus de déchirure qui gâche le bonheur. Au ciel, on ne parlera plus avec regret, en disant : j'aurai tant voulu achever ce travail, pour que mon fils ou ma fille en profite.
Parents et enfants, par la foi, seront éternellement bénis. Notre vie, dit le prophète, sera comme le jour des arbres : ils semblent ne pas mourir et portent des fruits très longtemps.
Pour confirmer et rendre solide ce qu'il vient de dire, Esaïe ajoute, de la part de Dieu : « Avant qu'ils m'invoquent, je répondrai ; avant qu'ils aient cessé de parler, j'exaucerai ». Où trouvons-nous l’assurance de voir se réaliser tout ce que nous venons d'entendre ? En Dieu lui-même. Et en Christ notre Sauveur. Il va au-devant de nos prières pour nous donner ce qu'il a de meilleur.
« Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre », dit le Seigneur. Là, vous ne souffrirez plus ; vous ne travaillerez plus en vain ; et enfin : la nature elle-même vous sera favorable.
III
Le dernier tableau de la Jérusalem céleste est animalier ; on en voit des représentations dans tous les musées. C’est une image saisissante : « Le loup et l'agneau brouteront ensemble, le lion comme le bœuf, mangera de la paille, et le serpent aura la poussière pour nourriture ».
Frères et sœurs, on entend parfois que les prophéties ont toujours un premier temps d’accomplissement sur cette terre. Les théologiens libéraux affirment même que des prophéties qui concerneraient uniquement notre salut n’existent pas. Mais dites-moi un peu comment ces paroles d’Esaïe pourraient se réaliser ici bas ? Ecoutez cette autre description du paradis céleste, du même auteur : « Le loup habitera avec l'agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau ; le veau, le lionceau et le bétail qu'on engraisse seront ensemble, et un petit enfant les conduira. La vache et l'ourse auront un même pâturage, leurs petits un même gîte. Le nourrisson s'ébattra sur le nid de la vipère et l'enfant sevré mettra sa main dans l'antre du cobra". (Esaïe 11:6,7).
Plus d'un enfant, en entendant ce texte, a rêvé de pouvoir jouer avec une panthère, d’apprivoiser un ours ou simplement le rouge-gorge du jardin.
Le prophète insiste : là-haut, tout sera vraiment différent.
Peut-être avez-vous en mémoire ces mots de Paul : « La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car elle a été soumise à la vanité, avec l’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté des enfants de Dieu. Jusqu’à ce jour, nous savons que la création tout entière soupire et souffre comme une femme qui accouche ».
En d’autres termes, la flore et la faune ont subi par ricochet le désastre du péché. De la même manière qu’elles partagent la souffrance des chrétiens, elle aspire à entrer dans ce monde qui doit renaître. Comprenez que nous avons une dette envers la création, comme auprès d’un ami qui aurait beaucoup souffert du fait de notre inconséquence ou de nos erreurs. Ne l’oublions pas.
Dans cette nouvelle création, le monde animal ne sera plus hostile à l'homme. On n’assistera plus à cette lutte impitoyable pour la vie. Il n’y aura plus de « fêtes sauvages », pour reprendre le titre d’un film paru il y a bien longtemps, « fêtes » d’angoisse, de souffrance et de mort dans les forêts, les jungles et les savanes. On ne verra plus de chasseurs ni de chiens, plus de pièges ni de filets. Auprès de Dieu, tout est source d'une vie paisible, calme, merveilleuse, tranquille, pleine de sérénité et de joie, y compris pour les animaux.
Bien plus : vous savez que notre société est secouée régulièrement par de multiples émeutes. Eh bien ! Si j’en crois ce qui est dit ici, le mal être des banlieues, l’agressivité d’une jeunesse désœuvrée seront résolus dans la Jérusalem céleste : « Il ne sera fait ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte », dit l'Eternel. Ainsi, plus de commissariat ni de CRS au paradis : la haine, l’envie, la convoitise auront été laissées au vestiaire du tombeau et leur souvenir même ne paraîtra plus.
Chers amis, tout ce que nous venons d'entendre n'est pas le fruit d'une superproduction de Walt Disney ! Nous n'avons pas entendu aujourd'hui un récit fait d'exagérations et de phantasmes, mais le témoignage de Dieu sur la vie éternelle. Il doit nous donner envie d’y aller, surtout lorsque la tristesse et le découragement nous envahissent.
Un bonheur parfait nous est préparé. Soyons fermes dans la foi ! Jésus nous a rachetés à grand prix pour que nous soyons toujours heureux auprès de lui. Amen !

samedi 15 novembre 2008

Des problèmes informatiques nous ont empêché de mettre notre blog à jour la semaine dernière: veuillez-nous en excuser.

Rendez-vous dès lundi pour un sermon et d'autres rubriques dans les jours qui suivront.

lundi 3 novembre 2008

Ecclésiaste 3.1-15

Ecc 3:1 Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux:
Ecc 3:2 un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté;
Ecc 3:3 un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir;
Ecc 3:4 un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser;
Ecc 3:5 un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres; un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements;
Ecc 3:6 un temps pour chercher, et un temps pour perdre; un temps pour garder, et un temps pour jeter;
Ecc 3:7 un temps pour déchirer, et un temps pour coudre; un temps pour se taire, et un temps pour parler;
Ecc 3:8 un temps pour aimer, et un temps pour haïr; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix.
Ecc 3:9 Quel avantage celui qui travaille retire-t-il de sa peine?
Ecc 3:10 J'ai vu à quelle occupation Dieu soumet les fils de l'homme.
Ecc 3:11 Il fait toute chose bonne en son temps; même il a mis dans leur coeur la pensée de l'éternité, bien que l'homme ne puisse pas saisir l'oeuvre que Dieu fait, du commencement jusqu'à la fin.
Ecc 3:12 J'ai reconnu qu'il n'y a de bonheur pour eux qu'à se réjouir et à se donner du bien-être pendant leur vie;
Ecc 3:13 mais que, si un homme mange et boit et jouit du bien-être au milieu de tout son travail, c'est là un don de Dieu.
Ecc 3:14 J'ai reconnu que tout ce que Dieu fait durera toujours, qu'il n'y a rien à y ajouter et rien à en retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu'on le craigne.
Ecc 3:15 Ce qui est a déjà été, et ce qui sera a déjà été, et Dieu ramène ce qui est passé.



Chers frères et sœurs,

Il y a quelques années, une maison d’édition tout à fait laïque a publié, en Angleterre puis en France, des petits livres de poche qui contenaient des livres de la Bible : il y avait les 4 évangiles, l’Apocalypse, les Psaumes. Et bien, savez-vous quoi ? Aussi bien en Angleterre qu’en France, c’est le livre de l’Ecclésiaste qui s’est le mieux vendu. A croire que la sagesse grave et pessimiste que l’on prête à l’auteur de ce livre (appelé Qohélet en hébreu) attire nos contemporains. L’Eglise, elle, fait preuve de plus de retenue. Le livre apparaît peu dans les lectionnaires, et il fait rarement l’objet de sermons. Pourtant, une lecture chrétienne du livre de l’Ecclésiaste pourrait, en plus de nous édifier, offrir à nos contemporains une approche spirituelle à leurs questions. Parmi ces questions « quel est le sens de ma vie » revient souvent. Notre passage d’aujourd’hui y répond d’une façon détournée en demandant « comment trouver un sens à sa vie ? ».

Beaucoup connaissent les premières paroles de Qohelet « vanité des vanités, tout est vanité ». Cette affirmation du caractère vain de la vie humaine, nous la retrouvons dans notre passage. Certains diront : « ça commence mal, nous cherchons un sens à la vie, et vous dites qu’il n’y en a pas ». Mais, en fait, la pensée de Qohelet va, progressivement, nous amener à fonder notre foi sur quelque chose de solide.
Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux dit le v.1. Et les versets qui suivent, sont l’illustration de cette idée, présentée sous forme de poême.

Ces versets sont eux aussi bien connus. Certains ont cherché à donner à ce passage une structure, à lui trouver une cohérence, sans parvenir à un résultat unanime ou convaincant. Ce que nous avons là, ce sont 7 paires d’opposés. On pourrait les étudier en détail. Ce serait prendre le risque de confondre l’arbre avec la forêt. Retenons plutôt les idées claires et essentielles :
-Qohelet nous parle de l’existence humaine, et place son propos en l’englobant dans la dimension de la vie et de la mort.
-le chiffre des 7 paires d’opposés nous renvoie lui à l’idée de totalité : ce sont tous les aspects de notre existence que Qohelet a à l’esprit.

Et il est vrai que lorsque nous observons ce texte, nous y trouvons aussi bien des émotions (la joie/la tristesse, l’amour/la haine) que des activités (planter/arracher, bâtir/détruire). Elles permettent, toutes ensembles, d’évoquer la totalité de l’expérience humaine ici-bas. Mais, encore une fois, nous n’avons pas à chercher un plan caché ici. Ce que nous avons, c’est une liste, assez aléatoire. Assez ambiguë aussi : la guerre est en général un mal, mais il peut être bon de se battre contre un tyran. La haine est une mauvaise chose, mais pas quand il s’agit de haïr le mal et le péché. De même, il y a des choses qu’il n’est pas sain de garder et que nous ferions mieux de jeter.
Alors que nous reste-t’il ? Quand nous considérons cette liste, nous avons l’impression de nous trouver devant notre propre vie, avec sa succession d’époques et de travaux. C’est comme si nous étions devant la grande roue du temps qui ne s’arrête jamais et qui fait monter puis descendre, puis remonter, toutes ces choses, aussi bien l’amour que la haine, aussi bien le succès que l’échec. Mais il n’y a pas de logique, et nous sommes un peu pris de vertige. La succession de ces cycles de création et de destruction ne semble aller nulle part, elle semble échapper à toute direction, à toute vision d’ensemble et nous sommes désemparés. Et bien, c’est justement cela que veut Qohelet. Et il enfonce finalement le clou dans ce verset 9 quand il demande :

Quel avantage celui qui travaille retire t’il de sa peine ?

Et la réponse qui s’impose est « aucun ». Il n’y a pas d’avantage, seulement la constatation que nos vies sont une suite de temps et d’époques et que tout ce que nous pouvons accomplir est condamné à n’être que transitoire. Je peux réussir brillamment dans ma carrière, mais rien ne dit que cela durera toujours. Et combien sont-ils ceux qui ont travaillé toute leur vie pour créer une entreprise solide qui a été ruinée en quelques années par les descendants ? Alors, sommes-nous condamnés au désespoir devant ce cycle ininterrompu de destructions et de créations ? Non, tel n’est pas le message de Qohelet. Bien sûr, le Sage veut nous voir désespérer de ce que nous croyons être nos accomplissements, nous montrer qu’ils ne sont que « poursuite du vent ». Mais, en même temps, il veut nous montrer une autre voie, la seule en fait qui permette à l’homme de comprendre le sens réel de sa destinée.
Le caractère transitoire de toute œuvre humaine, Qohelet le contraste rapidement avec l’action divine. Le verset 14 dit « J’ai reconnu que ce que Dieu fait durera toujours, qu’il n’y a rien à y ajouter ni à y retrancher, et que Dieu agit ainsi afin qu’on le craigne ». Ce que Dieu fait durera toujours. Quelle différence avec l’homme !! Ce que Qohelet nous dit ici, c’est que le plan éternel de Dieu s’accomplit, selon sa volonté, ce que Dieu a décidé de faire, dans sa souveraineté, il le fait et le maintient. L’œuvre de Dieu n’est pas soumise aux aléas du temps, car il est le maître du temps. Reconnaître cette vérité, reconnaître qu’il n’y a aucune commune mesure entre le Créateur et nous, les créatures, c’est le premier pas vers « la crainte de Dieu ». Cette crainte, dans la Bible, ne désigne pas la peur, mais le respect absolu de l’homme envers Dieu.
Oui, les humains doivent reconnaître le fossé qui les sépare de leur Créateur. Ce fossé est d’autant plus grand qu’il n’est pas seulement celui entre le Créateur et la créature, mais aussi celui entre un Dieu infiniment saint et une humanité totalement corrompue par le péché. Ce péché, qui met une séparation entre nous et Dieu dit Esaïe (59.2). Ce péché dont le salaire est la mort. Ce péché qui nous condamne tous et qui condamne aussi tout ce que nous pouvons chercher à accomplir.

Mais Dieu ne laisse pas l’homme dans son péché, il ne le laisse pas confronté au désespoir de sa condition déchue. Il veut libérer les humains de la vie vide de sens à laquelle ils se sont eux-mêmes condamnés. Qohelet dit « Dieu a mis dans le cœur des hommes la pensée de l’éternité ». Pour autant que nous le sachions, les chats, les singes ou les autres animaux ne se posent pas de questions sur ce qui leur arrive. Ils ne se demandent pas quel est le sens de leur destinée. C’est comme si Dieu nous murmurait « regarde, il y a quelque chose de plus que cette vie aux horizons fermés. Et moi, je suis là ». Dieu veut nous ouvrir les yeux sur une nouvelle dimension : celle d’une restauration de nos êtres et de nos vies. Et Dieu nous donne cette vie nouvelle en Jésus, par qui nous avons le pardon et nous sommes adoptés comme enfants de Dieu. Pascal disait que tous les hommes ont dans leur cœur un vide en forme de Dieu : seul Jésus peut le combler.

Et c’est seulement en chrétiens que nous pourrons avoir un regard juste sur la vie, qui va nous la faire approcher différemment :

-Tout d’abord, nous allons pouvoir vivre dans la confiance envers Dieu.
Cette confiance envers le Père n’est pas le début de la vie chrétienne : elle est la vie chrétienne. Nous pouvons dire, comme le Psalmiste « En toi je me confie, ô Eternel, je dis : tu es mon Dieu ! Mes destinées sont dans ta main » (Psaume 31.16). Et c’est une chose précieuse que de savoir que nous ne sommes pas condamnés à être soulevés par les vents d’un destin hasardeux, mais que notre vie est entre les mains de Dieu. Cela ne veut pas ire que nous comprendrons nécessairement tout ce qui va nous arriver ou qu’il nous sera révélé pourquoi nous devons passer par telle ou telle chose. TAPISSERIE.
Et bien, le chrétien connaît le tisserand, qui nous a promis qu’il tisserait toujours ce dont nous avons besoin : courage, joie, résolution, sa présence. Il ne nous abandonnera jamais.
Et sur cette assurance, nous pouvons bâtir un deuxième aspect de notre existence :
la capacité à jouir de la vie qui nous est donnée.
v.12-13. Une fois que nous avons admis la souveraineté de Dieu, nos limites, une fois que nous avons mis notre foi en Christ, alors nous pouvons avoir qu’il y a un plan à nos vies, que celui qui tisse notre destinée est notre Père qui nous aime, celui qui veut nous donner une espérance et un avenir. Et c’est cela qui va nous permettre de jouir des bonnes choses que nous trouvons ici-bas et qui nous viennent de Dieu : le sourire d’un enfant quand on revient à la maison fatigué le soir, le métier qui nous a été donné, les amis, une promenade dans les champs en automne. Le fait que nos yeux soient fixés vers le Ciel ne nous rend pas aveugle à la beauté de ce que nous trouvons sur cette terre. Ce n’est pas de l’hédonisme, la recherche du plaisir pour le plaisir mais le fait de savoir que ces bonnes choses viennent de Dieu et qu’elles sont pour que nous en jouissions. Quand on tourne vers lui ses regards, on est rayonnant de joie dit le Psaume 34.7 et Néhémie renchérit « ne vous affligez pas, car la joie de l’Eternel sera votre force » (8.10)

Et c’est bien le message de l’Ecclésiaste pour nous : vivre avec Dieu et pour Dieu, en nous réjouissant d’avoir un Père qui nous aime et qui est souverain, un Sauveur qui est mort pour nous, un Saint Esprit qui nous façonne. Nous pouvons avoir la liberté de jouir de la vie ici et maintenant, pas en regardant vers un passé enjolivé ou vers des lendemains forcément radieux.

C’est le don de Dieu à ceux qui croient en lui et lui font confiance pour tisser la vie qu’il leur a donnée.

lundi 27 octobre 2008

Matthieu 11.25-30

MATTHIEU 11.25-30

Que la grâce et la paix de notre seigneur Jésus Christ soit avec chacun d’entre vous. Amen.

Chers frères et sœurs, nous savons tous que les prix de l’essence augmentent de façon vertigineuse à l’heure actuelle. Pour faire face à ce problème, je propose à ceux d’entre vous qui possèdent un jardin une solution toute simple : y forer un puits pour en extraire du pétrole. Voilà qui serait économique (c’est un système d’autosubsistance) et facile (plus besoin d’aller à la pompe !). N’est-ce pas là une idée tout à fait ingénieuse ?
Bien sûr que non ! Nous savons tous que ce type de forage nécessite des moyens techniques très importants. Surtout, nous savons tous que le sol de la région parisienne ne contient que très peu d’hydrocarbures. Et bien, chercher à extraire du pétrole dans notre région, c’est comme essayer de connaître Dieu sans creuser dans sa Parole, ou essayer de sonder le Seigneur en nous basant sur nos raisonnements, notre logique, sur ce que nous croyons que Dieu est ou devrait être, s’il est un Dieu convenable. Voilà un piège redoutable, contre lequel Jésus nous avertit dans l’évangile de ce jour, et dont ses paroles nous font sortir.



I
Notre passage se situe dans un contexte difficile pour Jésus. Tout d’abord,
Jean-Baptiste, son cousin, doute : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »(v.3). En clair : « es-tu bien le Messie ? ». Il est vrai que l’enseignement de Jésus suscite bien des oppositions ; les choses se passent souvent mal. Jésus est accusé par beaucoup d’être un libertin, prenant plaisir à cotoyer les débauchés (v.19). Et le Seigneur se lamente sur Chorazin, Bethsaïda, Capernaüm, toutes ces villes qui ont été témoins de ses miracles, qui ont entendu son message, et qui lui ont tourné le dos (v. 20-24).
Malgré cela, malgré les insultes, malgré le rejet, Jésus loue son Père. Il sait que son Père contrôle toutes choses, que rien n’arrive hors de sa volonté. Tout s’accomplit parce que Dieu l’a « voulu ainsi » ou, pour reprendre la traduction de la Colombe « selon son bienveillant dessein ». Pourquoi Jésus loue t’il son Père ?
« parce qu’il a caché ses choses aux sages et aux intelligents et qu’il as révélées aux enfants ». Etrange déclaration, vraiment. Que veut donc dire Jésus ?
Bien sûr, le Seigneur parle ici de son expérience. Ceux qui se sont le plus opposés à lui, ce sont les chefs religieux, les experts de la Loi, les théologiens émérites, les savants. Encore aujourd’hui, la plus grande partie de l’élite intellectuelle occidentale (y compris dans certaines facultés de théologie) se complaît dans le mépris le plus complet de la foi chrétienne biblique, vue comme juste bonne pour quelques fondamentalistes arriérés.
Devons-nous tomber dans l’anti-intellectualisme ? Non, et ce n’est pas de cela que parle Jésus. Bien au contraire, on pourrait dire que l’Eglise n’a jamais eu autant besoin d’une pensée solide, exigeante, si elle veut pouvoir répondre aux défis du temps. Ce que le Seigneur dénonce ici, c’est de façon très générale tous ceux qui, intellectuels ou non, se croient sages et intelligents, et pensent pouvoir se baser sur leur propre raison, leur propre intelligence pour refuser la Parole de Dieu ou la juger, ceux qui gardent un cœur impénitent. « Malheur à ceux qui sont sages à leurs yeux et qui se considèrent intelligents ! » dit le prophète Esaïe (5.21). A l’opposé, on trouve les « enfants », c'est-à-dire tous ceux qui sont touchés par la Parole du salut, qui reconnaissent qu’il n’y a en eux aucun mérite, qu’ils n’ont rien à apporter à Dieu et mettent en lui leur confiance.
Oui, la Parole de Dieu est puissance en vue du salut de quiconque croit. Mais l’homme naturel (avec ses seules capacités mentales) n’accepte pas les choses de l’esprit de Dieu. Elles sont pour lui une folie, et il ne peut même pas les connaître (1 Co 2.14), car notre intelligence naturelle est corrompue par le péché depuis la Chute d’Adam et Eve. Elle ne peut donc pas être un guide fiable. La foi n’est pas le résultat d’un processus intellectuel, ou encore d’une décision que nous aurions prise. Elle est le don de Dieu (Eph 2.18).
Prenons donc garde, car l’orgueil (intellectuel mais aussi religieux, social ou moral) est un redoutable obstacle à l’Evangile. Il rend le cœur insensible aux besoins de l’âme. Il ferme la porte à la grâce et à la vraie sagesse.



II
Oui, refuser Jésus, comme le font les « sages et intelligents » de notre texte, c’est refuser le salut, la vie éternelle. C’est ce que Jésus affirme très clairement « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler » (v.27). En clair : personne ne peut connaître vraiment Dieu sans passer par Jésus. Jésus est le seul chemin vers Dieu. Si ces paroles vous semblent intolérantes, c’est parce qu’elles le sont bel et bien. Jésus ne croit pas, comme beaucoup aujourd’hui, que toutes les religions mènent à Dieu, qu’elles ne sont que des chemins différents vers un même but. « Nul ne vient au Père que par moi » nous dit le Seigneur.
Il y a de cela quelques années, Michael Ramsey, archevêque de Canterbury et chef spirituel de l’église anglicane, était l’invité d’une grande émission de télé américaine, le Late Night Show de Johnny Carson. Immédiatement après son arrivée sur le plateau, un des invités l’a apostrophé très directement :
« -Vous savez ce que je n’aime pas dans votre religion ?
-Non, quoi donc ?
-Je n’aime pas votre exclusivisme, votre intolérance. Vous dites que Jésus est le seul chemin vers Dieu.
-Et bien, en fait, répondit l’archevêque, je n’ai jamais dit cela. C’est Jésus lui-même qui l’a affirmé. En tant que chrétien, je reçois les paroles de la foi transmises par l’Eglise. Je n’ai pas à être en désaccord avec Jésus ou à réinterpréter ses propos. Je suis son disciple, et en tant que tel, j’enseigne ce qu’il a enseigné. »
Je trouve que Michael Ramsey a fait là une belle et forte réponse chrétienne, la seule que nous devons faire à notre société post-moderne. Nous devons continuer à proclamer, avec douceur mais aussi conviction, cette bonne nouvelle du salut en Jésus seul. Ce n’est pas notre message, nos idées personnelles ou celles de Luther que nos croyons et prêchons : c’est le message véridique de Jésus Christ. Jésus est le seul à pouvoir nous sauver, parce que lui seul était le Fils de Dieu. Lui seul a vécu une vie parfaite et sans tache. Lui seul est mort à notre place sur la croix, pour expier nos fautes. Lui seul a vaincu la mort au matin de Pâques.
Oui, Jésus est doux : il pardonne. Oui, il est humble de cœur : il accepte de nous aimer et de nous sauver, nous qui sommes pécheurs : « lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu,
mais il s’est dépouillé lui–même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes ; après s’être trouvé dans la situation d’un homme,il s’est humilié lui–même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. »
(Phil 2.6-8). Aimant, prêt à pardonner : telle est l’image de Dieu que Jésus nous révèle dans la Bonne Nouvelle.
Voila pourquoi Jésus nous appelle et nous dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. ». Nous avons tous des fardeaux à porter dans nos vies, parfois plusieurs à la fois. Des problèmes de santé, le chômage, une désentente au sein de la famille, un travail dans lequel on ne s’épanouit pas…Mais il y a un fardeau plus lourd encore : c’est celui de nos fautes, et de celui-là, seul Jésus peut nous délivrer.



III
Ce n’est pas que le seigneur nous garantisse une vie légère, épargnée par les épreuves et richement bénie matériellement comme voudraient nous le faire croire certains. En fait, Jésus nous parle ici du grand échange qu’il opère. « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions ». Jésus a enlevé le poids du péché qui pesait sur nos épaules. A la place, il va mettre son joug. Qu’est-ce que cela veut dire ? Le joug, c’est bien sûr cette pièce de bois posée sur l’encolure de boeufs (entre autres) de façon à les faire travailler ensemble. Nous rendons-nous bien compte du symbolisme de cette image ? Dans un joug, ce sont deux animaux qui sont placés côte à côte. D’ailleurs, il y a en a toujours un qui est le plus robuste et un dispositif lui permet de porter l’essentiel de la charge.
Voila ce que Jésus nous dit : je vais être à tes côtés, je vais avancer avec toi, nous allons marcher ensemble, parce que nous sommes liés l’un à l’autre. La Bible dit de certains croyants de l’Ancien Testament qu’ils marchaient avec Dieu, pour signifier qu’ils menaient une vie dans la présence du Seigneur. Voila ce que nous donne le joug de Christ. Nous n’avons pas à porter notre charge seuls : Christ est là, avec nous. Nous rendons-nous bien compte de la consolation qu’offre cette pensée ? Nous n’avons pas à nous confier en nos propres forces sur le chemin de la vie, mais la même puissance qui a été déployée pour notre salut va nous accompagner tous les jours, jusqu’au bout de notre chemin, vers la victoire finale.
Le joug, dans la tradition juive, c’est aussi le symbole de l’autorité. Jésus nous dit donc ici : entrez à mon école, devenez mes disciples. Il nous invite à le regarder comme notre enseignant et à nous soumettre à lui comme notre Seigneur.
Mais son joug est doux. Le fardeau que Jésus met sur nos épaules, contrairement à celui qui pesait sur nous auparavant, est léger. C’est que le Seigneur, nous l’avons vu, est doux et humble de cœur. Jamais il ne voudra nous écraser et nous, connaissant l’amour qu’il nous a montré à la croix, nous pourrons le suivre et écouter sa voix avec confiance.


En nous invitant de prendre son joug sur nous, Jésus nous dit qu’il va nous instruire, nous fortifier, nous aider à mener une vie sainte et conforme à sa volonté, parce que ce sera une vie vécue à la lumière de l’Evangile. Jésus nous enseigne par la prédication. Il nous enseigne par la lecture personnelle de sa Parole. A ce sujet, nous avons la chance de disposer de notre petit receuil Notre Culte Quotidien, et des méditations qui l’accompagnent. Nous pouvons aussi avoir recours à ces ouvrages de vie chrétienne, tels que vous pouvez les trouver dans notre stand de librairie. Vous trouverez dans ces livres des solutions sur des points de foi difficiles, sur les priorités et l’attitude du chrétien dans le monde actuel, sur les problèmes d’éthique qui se posent à nos contemporains. Nous pouvons aussi piocher largement dans le stock de traités mis à notre disposition, et que nous pouvons bien sûr offrir à ceux de nos amis qui sont en recherche.
Jésus nous soutient par sa Parole, il nous rend aussi forts dans la sainte cène, ce repas qu’il a institué pour le bien de son peuple. Jésus est enfin à notre écoute dans la prière, que nous pouvons lui adresser à chaque instant.


Jésus va prendre soin de nous. Il va nous accompagner, car il est fidèle. Jésus nous donne dès aujourd’hui de nous reposer en lui et nous savons qu’un jour, au ciel, nous connaîtrons le repos complet et parfait que Dieu donne. Telle est l’assurance bénie de la foi en Jésus Christ.
« Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu.
Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses oeuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes.
Empressons–nous donc d’entrer dans ce repos » Héb 4.9-11

vendredi 24 octobre 2008

Sept Cavaliers T.1: Le Margrave Héréditaire


On connaissait les adaptations cinématographiques d'oeuvres écrites. Dans son nouvel album, Jacques Terpant s'attaque à un nouveau type de travail: mettre en bandes dessinées un livre, en l'occurence un des meilleurs ouvrages de Jean Raspail: Sept Cavaliers quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée (paru en 1993).
Dans ce qui semble être un royaume imaginaire d'un coin d'Europe à la fin du 19ème siècle, la vie semble s'en être allée. La Ville, qui a connu ses heures de gloire, a presque été abandonnée par sa population. Un mal inconnu ronge le pays, parcouru par des bandes qui y sèment leur violence et leur désespoir. Il n'y a plus de train, plus de bateaux, plus de télégraphe: la Ville est coupée du monde. Son Altesse le Margrave héréditaire (auquel Teprant a donné les traits de Jean Raspail) ne règne plus que sur un chateau vide. Il décide de confier une ultime mission à une poignée de fidèles. Sept cavaliers sont désignés pour retrouver la fille du Margrave et, avec elle, la vie perdue.
Tous ceux qui ont aimé le livre seront sans doute charmés par la qualité de ce premier tome (la série en comptera trois). Les autres découvriront une magnifique histoire, servie par la qualité du trait d'un Terpant qui passe là à une nouvelle étape de son oeuvre. Le dessinateur a fait le choix d'un grande fidélité au roman de Raspail et cite souvent directement le roman, sans jamais être servile. Je me suis demandé, à le première lecture, pourquoi Terpant avait consacré presque tout son premier tome à l'avant-départ. En fait, ce choix s'imposait. L'album fait bien entrer le lecteur dans l'atmosphère sombre de ce qui paraît bien être la fin d'un monde.
C'est bien cette atmosphère qui pose une des des grandes questions de cet album et du livre qui l'a inspiré.
Où est l'espérance dans un monde qui s'écroule, et qui, derrière ses beaux uniformes, ses blasons et ses anciennes coutumes, ressemble étrangement au nôtre? Raspail (et, avec lui, Terpant) semble avoir un problème avec la petite fille espérance chère à Péguy. Même si on sait que c'est faux pour certains d'entre eux, on a l'impression que les cavaliers sont restés fidèles plus par principe ou souci de style que parce qu'ils croient vraiment en un avenir.
C'est ce qui ressort dans le livre d'un dialogue entre le chef du petit groupe, le colonel-major Silve de Pikkendorf et son ami l'évêque Osmond Van Beck:
"-Mais vous, Osmond, n'espérez-vous rien?
Mgr Van Beck hésita
-Si, Dieu. Peut-être le trouverons-nous au bout du chemin. Mais je n'en dirai pas plus, imaginez qu'il nous fasse faux bond"
Van Beck a au moins l'honnêteté de reconnaître que Dieu peut se cacher, que sa présence, notamment au coeur des troubles des sociétés humaines est parfois plus que difficile à percevoir. On peut néanmoins se demander quelle est cette théologie douteuse qui, par "réalisme", sépare l'espérance et la foi.
En tout cas, en chevauchant avec les sept hommes du Margrave, on pourra se demlander "et moi, en quoi est-ce que je place mon espérance?"
"Sept cavaliers quittèrent la Ville au crépuscule, par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée. Tête haute, sans se cacher, car ils ne fuyaient pas, ils ne trahissaient rien, espéraient moins encore et se gardaient d'imaginer. Ainsi étaient-ils armés, le coeur et l'âme désencombrés scintillant froidement comme du cristal, pour le voyage qui les attendaient"
Sept Cavaliers T.1, Robert Laffont, 2008, 12,95€

lundi 20 octobre 2008

Amos 7, 10 à 17 (Eph. 1, 3 à 14 ; Marc 6, 7 à 13)

10 ¶ Amassia, le prêtre de Béthel, fit parvenir ce message à Jéroboam, roi d’Israël : Amos cherche à renverser ton pouvoir dans le royaume d’Israël. Le pays ne peut tolérer davantage ses discours.
11 Voici en effet ce que déclare Amos : Jéroboam mourra de mort violente, et la population d’Israël sera déportée loin de sa patrie.
12 Amassia dit alors à Amos : Visionnaire, décampe d’ici et rentre au pays de Juda. Là–bas tu pourras gagner ton pain en faisant le prophète.
13 Mais cesse de jouer au prophète ici, à Béthel, car c’est un sanctuaire royal, un temple officiel.
14 Amos répondit à Amassia : Je ne suis ni prophète de métier ni membre d’une confrérie prophétique. Je gagne habituellement ma vie en élevant du bétail et en incisant les fruits du sycomore.
15 Seulement le Seigneur m’a pris derrière mon troupeau, et il m’a dit d’aller parler de sa part à Israël, son peuple.
16 Or toi, Amassia, tu m’interdis d’apporter le message de Dieu au sujet d’Israël, de débiter mes discours, comme tu dis, contre les descendants d’Isaac. Eh bien, écoute donc ce message du Seigneur :
17 Voici ce qu’il déclare : Ta femme sera réduite à se prostituer dans la ville, tes fils et tes filles seront massacrés. Ta propriété sera partagée au cordeau. Toi–même tu mourras en pays païen, et la population d’Israël sera déportée loin de sa patrie.



Frères et sœurs, avec Amos, nous voici au milieu du 8e siècle avant Jésus-Christ. Rappelons qu’à la mort de Salomon, le royaume s’était coupé en deux : Israël au Nord, et Juda, au sud. Les tribus du Nord, ce sont un peu les libéraux de l’époque. Dans une sorte de consensus général, les dirigeants politiques et religieux encouragent l’œcuménisme : l’Eternel n’a plus la côte ; on lui ajoute les divinités païennes des peuples environnants.
Une bonne opération qui a fait exploser le commerce et enrichi tout le monde ! Israël est prospère comme au temps de Salomon, son économie est florissante ! Et pour couronner le tout, Damas est soumise, l’empire assyrien est malade et n’a donc plus les moyens d’inquiéter ses voisins.
Pour un peu, ils se mettraient presque à chanter : « tout va très bien, Madame le Marquise » ! Mais si vous connaissez la chanson, vous savez que la situation, réelle était loin d’être brillante ! C’était la même chose en Israël.
Les dix tribus du Nord sont comme une corbeille de beaux fruits, dit le Seigneur (Amos 8, 1), mais ces fruits sont véreux et pourris. Les inégalités sociales sont criantes. Le culte n’est que formalisme et, comme nous l’avons dit, souillé par des pratiques idolâtres.
C’est pourquoi Dieu va réagir.
Ce n’est pas ici la semaine des 35 heures, ni des congés payés, ni de week-ends prolongés… Il s’agit d’un homme, Amos qui a deux métiers plutôt qu’un. C’est un travailleur de la campagne, un travailleur agricole dirons-nous, qui vit de l’élevage du petit bétail, un propriétaire de troupeau. En plus de cette activité principale, il en a une autre, complémentaire : il cultive des sycomores. Il s’agit d’un arbre, fréquent à l’époque en Palestine, une sorte de figuier sauvage dont il fallait inciser le fruit avant sa maturité et qui servait à nourrir le bétail. Tout son temps est pris par ces deux métiers, par cette activité d’élevage d’un troupeau. Il n’a aucun temps de libre ; il est pris tout entier par son travail.
Et voilà qu’un jour, sans qu’il ne sache apparemment ni comment, ni pourquoi, Dieu l’arrache à ses occupations habituelles. Il l’empoigne derrière le troupeau, il lui adresse une vocation précise. Amos est l’objet d’une élection de Dieu, alors que rien ne semblait le préparer à cela ; il n’est pas prophète de profession. Ce n’est pas son métier. Mais Dieu l’appelle et il l’appelle à une tâche précise. Il sera son témoin. Au début du chapitre 7, nous lisons que le Seigneur lui envoie des visions terrifiantes sur l’avenir de son peuple, Israël : invasion de sauterelles, incendie. Et à chaque fois, un peu comme Abraham à propos de Sodome et de Gomorrhe, Amos parvient à fléchir le jugement de Dieu. Alors cet homme « ordinaire » dans le royaume de Juda, est appelé par Dieu à prophétiser dans le royaume du Nord, en Israël.
Comprenons la difficulté d’une telle intervention ! C’est un peu comme si un Irakien chiite voulait intervenir dans les affaires de la communauté sunnite !
Et pour rendre la mission encore plus périlleuse, Dieu n’envoie pas Amos avec un message de paix : c’est au contraire une prédication terrible que le prophète doit apporter dans le royaume d’Israël : l’imminence du châtiment divin.
Amos doit critiquer violemment le luxe sans vergogne qui règne à Samarie, la capitale. Ce faisant, il critique et condamne tout à la fois le roi et le clergé de ce royaume. Car là bas, c’est le roi qui désigne les prêtres. C’est, avant la lettre – par rapport à ce qui s’est passé dans l’Eglise au Moyen Âge – l’union du sabre et du goupillon ! Amos dénonce cette déviance avec courage, probablement au péril de sa vie, de sorte que « Amatsia, sacrificateur de Béthel, envoya dire à Jéroboam, roi d’Israël : Amos conspire contre toi au milieu de la maison d’Israël ; le pays ne peut supporter toutes ses paroles »…
Amos est un homme de combat, du combat de la foi. Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? Comme le lui fait remarquer Amatsia : « Visionnaire, va t’en d’ici ! Retourne dans le pays de Judas ; manges-y ton pain, et là tu prophétiseras ! Mais ne continue pas à prophétiser à Béthel, car c’est un sanctuaire du roi, et c’est une maison royale».
Mais Amos ne part pas. C’est Dieu qui l’a choisi. Il fonde en Dieu seul l’autorité du message qu’il délivre. Tant pis s’il n’est pas au goût du jour, s’il n’est pas « politiquement correct ». S’il fait rétrograde ! N’en déplaise aux autorités en place, il a été envoyé en Israël car pour Dieu, Israël est aussi son peuple, comme Juda. Dieu ne désespère jamais de l’homme, frères et sœurs ; son Esprit est à l’œuvre jusqu’à l’extrême limite de son endurcissement. Personne donc, ni Amatsia le prêtre corrompu, ni le roi Jéroboam ne peuvent contester son activité car ce serait contester les droits absolus de Dieu sur son peuple. C’est pourtant ce qui va se produire, et la prophétie d’Amos sur Israël trouvera, hélas, son accomplissement : « ta terre sera partagée au cordeau, dit le prophète ; toi, Amatsia, tu mourras sur une terre impure, et Israël sera déporté loin de sa terre » (Effectivement, Samarie sera détruite 40 ans plus tard) !


Chers amis, dimanche prochain, nous fêterons la Réformation. Cette marche du prophète Amos au devant de Béthel m’en rappelle une autre, tout aussi héroïque pour la foi et l’Evangile : celle de Martin Luther au devant de Worms. Je vous rappelle qu’au tout début de l’année 1521, le jeune empereur Charles-Quint, qui avait 20 ans, convoqua tous les dignitaires de l’empire à Worms, une ville des bords du Rhin. Les différentes affaires politiques et religieuses devaient y être débattues, parmi lesquelles, en particulier, le problème grandissant que commençait à poser un jeune professeur de théologie, du nom de Martin Luther. Son cas était jugé d’avance, notamment par les représentants du pape qui tenaient déjà sa lettre d’excommunication. Les débats qui suivirent, consignés dans les biographies du réformateur, montre à quel point le parti romain, mais aussi les humanistes, haïssaient Luther et sa doctrine.
Ses amis craignaient pour sa vie. A Melanchthon qui voulait l’accompagner, Luther répondit : « Cher frère, si je ne reviens pas, si mes ennemis me mettent à mort, tu continueras à enseigner et tu maintiendras ferme la vérité ; si tu vis, peu importe ma mort. » Sur le chemin de Worms, les princes et les Seigneurs allemands étaient tout disposés à lui offrir un refuge, mais le réformateur ne voulut pas interrompre son voyage ; Dieu le poussait en avant. Spalatin, le secrétaire de l’Electeur Frédéric, lui adressait de constants avertissements. C’est là que Luther lui envoya cette réponse demeurée célèbre : « J’irai à Worms, y aurait-il dans cette ville autant de diables que de tuiles sur les toits ! » Il parlait comme ça, Luther…
Mais revenons au prophète Amos. Par son ministère, le prophète préfigure l’appel des premiers apôtres ; ce message qui sera la réaffirmation primordiale de la Réforme : le sacerdoce universel, tous prêtres, tous prophètes ! « Vous, dit l’apôtre Pierre dans sa première lettre, vous qui écoutez ce matin dans cette Eglise du Christ à Mulhouse, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ; vous qui autrefois n’étiez pas un peuple et qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde et qui à présent avez obtenu miséricorde ! »
Comme le Dieu de l’ancienne Alliance a appelé et envoyé Amos, comme Jésus envoie ses disciples deux par deux, comme Martin Luther au devant de Charles Quint, il nous envoie aujourd’hui. Amos n’était pas payé par le roi de Juda pour transmettre un message de propagande. Jésus ne paie pas ses disciples pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume en toute sécurité ! Au contraire ! Il les prend dans leur travail, au milieu de leurs occupations professionnelles et les envoie dans le plus grand dénuement. Aujourd’hui encore, le Christ ressuscité nous envoie bénévolement pour répandre l’Evangile de salut, de pardon et d’amour ; pour annoncer sans rétribution le salut gratuit qui découle de la croix du Christ et de sa résurrection.
Dans ces trois cas (Amos, les douze disciples, Luther), il ne s’agit pas d’un choix personnel, d’une décision mûrement réfléchie. Et quel que soit le serviteur appelé, il s’agit d’une intention, d’une décision du Père de notre Seigneur Jésus-Christ. C’est Dieu qui appelle ; c’est Dieu qui choisit ; c’est Dieu qui envoie. Son choix peut nous étonner, nous surprendre, nous choquer peut-être mais c’est ainsi : le point de départ, c’est lui. Notre autorité vient de lui et de lui seul quels que soient nos incapacités ou nos insuffisances, nos manquements ou nos dévouements : n’oublions jamais que c’est le Christ qui a pris la décision de nous envoyer. Et c’est lui qui nous indique la mission à accomplir. L’Evangile de Marc, par sa concision, présente quelques difficultés à percevoir la réalité de cette mission. Seul l’essentiel est indiqué : « ils prêchèrent la repentance » (Marc 6). C’est la première offensive de la Parole, le premier coup salutaire porté à l’orgueil et à la suffisance. Appeler à la repentance, c’est-à-dire à un retour à Dieu, sans cesse abandonné et toujours persévérant dans sa fidélité. Le reste : les démons chassés, l’onction d’huile, les malades guéris ne sont là que pour attester, confirmer leur autorité, cette autorité qui leur vient du Seigneur.
C’était déjà le message d’Amos : en annonçant la mort du roi et la déportation du peuple, il affirme que la miséricorde de Dieu a atteint ses limites, et que sans un retour vers lui, tout est perdu. Car on ne se moque pas éternellement de Dieu.
Repentance et changement de vie, c’est le leitmotiv du message d’Amos. « Malgré cela, vous n’êtes pas revenus à moi, dit le Seigneur… »
C’est encore notre tâche, notre mission aujourd’hui. Nous sommes au mois d’octobre, dans la huitième année du 21ème siècle. Ce monde est allé de progrès en progrès dans de très nombreux domaines, mais aucune révolution, sociale, économique ou scientifique n’a pu changer le cœur de l’homme…

Le monde d’aujourd’hui ne ressemble-t-il pas à ce royaume d’Israël où le luxe insatiable des femmes riches, en particulier, faisait qu’Amos les comparait à des génisses ? La Jet Set d’aujourd’hui ne ressemble-t-elle pas à cette société du 15ème siècle que le grand prédicateur de la repentance Savonarole comparait à une écurie de porcs et de chevaux ?
Un monde où des jeunes mamans vendent leur bébé 5000 euros pour sortir de la misère, parce qu’elles ont eu la mauvaise idée de quitter leurs pays pour échouer dans un squat de Seine Saint-Denis.
Un monde dont les banquiers croyaient que moins l’on régule, plus on atteint le bonheur universel. Ils passaient leur temps à anticiper sans voir les réalités du futur qui se rapprochaient dangereusement. Il ne fallait pas leur parler de normes, de garde-fous, de limites : seul le marché financier savait, seul le marché financier marchait. Quant il y avait alerte, on parlait d’erreur individuelle regrettable, comme dans la fameuse affaire Kerviel.
Désormais, dans ce monde construit sur des logiciels ultrasophistiqués mais totalement irrationnel, les cours dégringolent, la défiance se propage, la panique l’emporte sur la raison. Les gourous de la finance voient leur religion chuter comme une vieille idole païenne qu’ils voulaient nous forcer à adorer.


Certes, notre témoignage n’aura pas la portée de celui d’un Amos. Nous ne sommes pas appelés à être médiatisés pour parler au monde entier, ni même à un pays. Pour cela, il faudrait s’appeler Riberry ou Paris Hilton ; il faudrait avoir le nom d’un chanteur de la Star’AC ou d’un écrivain à succès !
Mais plus modestement, à notre niveau, au niveau de votre famille, de vos voisins de palier, de vos camarades de travail ou de loisirs, au niveau de notre quartier : nous pouvons être des témoins de l’amour et du pardon de Dieu.
Nous pouvons appeler ceux qui nous entourent à revenir à Dieu. Il ne s’agit pas de condamner aveuglément, mais d’annoncer, modestement, à notre niveau, le message de repentance pour le pardon des péchés. C’est une tâche délicate, fragile et limitée car nous restons des hommes pécheurs, même si nous sommes des croyants pardonnés par Jésus-Christ et sanctifiés par l’Esprit Saint.
Avec humilité et avec lucidité, sachons saisir les occasions que Dieu place sur notre route pour faire entendre à nos contemporains et à ceux qui nous sont le plus proches, le message éternel et inaltérable de l’Evangile : Repentez-vous, revenez à Dieu. Il est prêt au pardon. Il veut changer et sauver votre vie et vous aider à vivre en nouveauté de vie.
Soyez des témoins de son pardon, de son amour et de sa sainteté. Amen !

mardi 14 octobre 2008

PHILIPPIENS 4.1-9

Phi 4:1 C'est pourquoi, mes bien-aimés, et très chers frères, vous qui êtes ma joie et ma couronne, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur, mes bien-aimés!
Phi 4:2 J'exhorte Évodie et j'exhorte Syntyche à être d'un même sentiment dans le Seigneur.
Phi 4:3 Et toi aussi, fidèle collègue, oui, je te prie de les aider, elles qui ont combattu pour l'Évangile avec moi, et avec Clément et mes autres compagnons d'oeuvre, dont les noms sont dans le livre de vie.
Phi 4:4 Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; je le répète, réjouissez-vous.
Phi 4:5 Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche.
Phi 4:6 Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.
Phi 4:7 Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus Christ.
Phi 4:8 Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l'objet de vos pensées.
Phi 4:9 Ce que vous avez appris, reçu et entendu de moi, et ce que vous avez vu en moi, pratiquez-le. Et le Dieu de paix sera avec vous.



Chers frères et sœurs,

Parfois, les plus beaux textes de la Bible peuvent être aussi les plus mal compris, à cause d’une lecture trop rapide ou partielle.
Prenez l’Epître de ce jour : que nous y dit Paul ? « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ».La belle affaire que voilà !
Comment est-ce qu’on peut se réjouir quand la maladie frappe, quand la situation économique se dégrade, quand le couple bat de l’aile ?
Alors il est tentant pour certains de dire : « ah, voilà, vous les chrétiens, vous vivez sur une autre planète. Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? Qu’on se promène avec un sourire béat toute la sainte journée ? C’est bien beau d’être spirituel, mais vous n’avez pas grand-chose à dire sur la réalité de la vie telle qu’elle est ». Il est vrai, hélas, que certains chrétiens se servent de ce passage pour appuyer leur spiritualité faite d’exaltation. Ils affirment que le chrétien ne doit jamais être triste. Ils transforment en fait leurs émotions en bonnes œuvres par lesquelles ils prétendent assurer leur statut auprès de Dieu.
On est là très loin de la Bible. Cette Bible où nous voyons les lamentations des Psalmistes et du prophète Jérémie. Cette Bible où nous lisons ces paroles du Seigneur à Gethsémané : « mon âme est troublée, et jusqu’à la mort ».Et même Paul sait ce qu’est la souffrance, lui qui, quand il écrit cette lettre se trouve en prison à cause de sa foi. Alors, comment comprendre ce que Paul dit ?
Je crois que la clé d’une compréhension juste de ce texte est de bien faire attention à ne pas en occulter la seconde partie : « réjouissez-vous dans le Seigneur ». Le but de Paul ici, c’est de nous ancrer en Jésus-Christ afin que nous connaissions une vie véritablement transformée et libre.
Paul veut nous enraciner en Christ et c’est pourquoi il dit dès le verset 1 « tenez ferme dans le Seigneur ».


« Réjouissez-vous dans le Seigneur ». Paul ne nous dit pas de nous bâtir un optimisme à toute épreuve, il ne nous impose pas de nous réjouir par nous-mêmes. Nous ne réjouissons pas à cause de quelque chose qui viendrait de nous ou même des conditions qui sont les nôtres. Nous nous réjouissons dans le Seigneur, notre Seigneur Jésus.
« Je crois que Jésus-Christ, vrai Dieu, né du Père de toute éternité, vrai homme, né de la Vierge Marie, est mon Seigneur. Il m’a racheté, moi perdu et condamné, en me délivrant du péché, de la mort et de la puissance du diable ; non pas à prix d’or et d’argent, mais par son précieux sang, par ses souffrances et par sa vie innocentes » dit Martin Luther dans son Petit Catéchisme.
Avoir Jésus comme Seigneur, c’est savoir qu’il nous a sauvés, libérés du péché et de la mort, c’est savoir que Jésus est la preuve que Dieu nous aime et qu’il nous considère comme ses fils et ses filles. Nous savons aussi que nos épreuves ne sont pas le signe d’un jugement de Dieu envers nous, mais que, bien au contraire, il nous y accompagne et nous soutient, chaque jour, pas à pas.
Et ce que Paul veut, c’est que nous regardions toute notre vie à la lumière de cette vérité, qui seule est capable de nous donner la vraie joie et, aussi, parce qu’elle est la seule à pouvoir nous donner la bonne perspective sur notre vie. Par exemple, il est inutile de chercher

Mais Paul est aussi un réaliste. Il sait que les soucis et les inquiétudes sont des ennemis de la joie : qui a le cœur à se réjouir quand les fins de mois commencent le 15, quand la santé défaille ou que le couple va mal ? C’est pourquoi il repart de plus belle en nous disant « ne vous inquiétez de rien ». Incorrigible, ce Paul : comment ne pas s’inquiéter quand on est confronté à des situations parfois délicates ? Et bien, là aussi, Paul nous donne la réponse, et elle s’appelle Jésus.
Notez bien le contraste : « ne vous inquiétez de rien mais en toutes choses faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce ». Le conseil de Paul, c’est de transformer nos soucis en prière, de nous décharger auprès de Dieu de tous nos fardeaux. L’apôtre nous dit de prier pour « toutes choses ». Il n’y a pas de problème trop petit pour que Dieu daigne s’y intéresser. Il n’y a pas de problème trop grand pour que Dieu puisse le résoudre.
Encore une fois, l’enjeu est de savoir comment je me vois et comment je vois mon existence. Est-ce que, oui ou non, le fait que j’appartienne à Jésus fait une différence réelle dans ma vie, ou est-ce que mon christianisme se limite à l’heure de culte du dimanche matin, pour être remis sur l’étagère tout au long de la semaine ? Paul nous parle ici de choses très pratiques : on peut discutailler durant des heures sur la Bible, mais c’est autre chose que de s’en remettre à Dieu dans la prière. Est-ce que nous croyons qu’il est là? Est-ce que nous croyons qu’il nous écoute? Est-ce que nous croyons qu’il agit?
Paul promet un résultat à cette attitude : « la paix de Dieu, qui dépasse toute compréhension, gardera vos cœurs et vos esprits en Jésus-Christ ». Cette paix de Dieu dont parle Paul a deux aspects :
- il y a la paix avec Dieu que Jésus a accomplie par son obéissance, son sacrifice et son intercession (Rom 5.1)
- il y a aussi la paix du cœur, de l’esprit et de la conscience qui découle d’une vision correcte de Christ.
Et nous nous savons que si nous sommes ancrés en Jésus, nous connaîtrons la joie : il y a là une sorte de cercle vertueux de la vie chrétienne.


Enfin, Paul nous invite à penser (v.8) à tout ce qui est vrai (en accord avec la vérité de Christ et de la Bible), tout ce qui est honorable (aux yeux de Dieu et des hommes), tout ce qui est juste (donnez à Dieu et aux hommes ce qu’il leur revient), tout ce qui est pur (en paroles et en actions, contre l’égoïsme, la convoitise, la haine), tout ce qui est aimable (foi, bonté, compassion), tout ce qui mérite l’approbation (ce qui contribue à la bonne réputation d’un homme pour la gloire de son Sauveur). Mais pourquoi penser à tout ça ? Et bien, parce que nos pensées sont les semences de nos paroles et de nos actes. Paul nous dit « tournez votre esprit vers toutes ces choses, qu’elles l’occupent, et qu’il trouve le moyen de les réaliser de façon pratique ».
Qu’est-ce qui domine nos pensées, frères et sœurs ? Est-ce que c’est Jésus et le Royaume de Dieu ou la vision du monde que nous imposent la société et ses médias ? Est-ce que la Bible est bien la lumière sur notre sentier ?
Il faut se poser cette question, parce que d’elle dépend notre fidélité au Seigneur. On ne peut pas être un chrétien fidèle lorsqu’on ne donne pas la première place à Jésus, lorsqu’on oublie l’amour dont il a fait preuve pour nous. On se prive ainsi de toutes les bénédictions qu’il veut nous accorder, et en premier lieu celle d’une vie d’obéissance rendue possible par le Saint Esprit.
C’est pourquoi, entendons cette parole de Paul : tenez ferme dans le Seigneur !

mercredi 8 octobre 2008

Martin Luther prédicateur. Arrêt sur images.


Albert Greiner nous a fait il y a déjà quelques années un beau cadeau en nous offrant ce receuil de citations de Martin Luther. Le Réformateur n'hésitait pas à rendre son enseignement vivant en utilisant images, métaphores et dialogues fictifs.
On retrouve dans ce livre une sélection de quelques uns de ces textes, présentés de façon à couvrir l'ensemble des grandes doctrines de la foi chrétienne. Le lecteur y trouvera, en plus d'une fort pratique introduction à la théologie luthérienne, une mine de réflexions qui le feront réfléchir, approfondir, prier et retourner à la Bible pour l'ouvrir avec un oeil neuf. Le tout est agrémenté par des illustrations de Françoise, épouse du compilateur.
Editions Excelcis, 16€.

lundi 6 octobre 2008

Deutéronome 8, 1 - 18 (Dimanche des actions de grâces)

1 ¶ Tout le commandement que j’institue pour toi aujourd’hui, vous veillerez à le mettre en pratique, afin que vous viviez, que vous vous multipliiez et que vous entriez en possession du pays que le SEIGNEUR a promis par serment à vos pères.
2 Tu te souviendras de tout le chemin que le SEIGNEUR, ton Dieu, t’a fait parcourir pendant ces quarante années dans le désert, afin de t’affliger et de te mettre à l’épreuve, pour savoir ce qu’il y avait dans ton cœur, pour voir si tu observerais ou non ses commandements.
3 Il t’a donc affligé, il t’a fait souffrir de la faim et il t’a nourri de la manne que tu ne connaissais pas et que tes pères n’avaient pas connue, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche du SEIGNEUR.
4 Ton manteau ne s’est pas usé sur toi et tes pieds n’ont pas enflé pendant ces quarante années.
5 Sache donc bien que le SEIGNEUR, ton Dieu, t’instruit comme un homme instruit son fils.
6 Tu observeras les commandements du SEIGNEUR, ton Dieu, en suivant ses voies et en le craignant.
7 Car le SEIGNEUR, ton Dieu, te fait entrer dans un bon pays, un pays de cours d’eau, de sources et d’abîmes qui jaillissent dans les vallées et dans les montagnes ;
8 un pays de froment, d’orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers ; un pays d’oliviers et de miel ;
9 un pays où tu mangeras sans avoir à te rationner, où tu ne manqueras de rien ; un pays où les pierres sont du fer, et où tu extrairas le cuivre des montagnes.
10 ¶ Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, tu béniras le SEIGNEUR, ton Dieu, pour le bon pays qu’il t’a donné.
11 Garde–toi d’oublier le SEIGNEUR, ton Dieu, de ne pas observer ses commandements, ses règles et ses prescriptions, tels que je les institue pour toi aujourd’hui.
12 Lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons,
13 lorsque ton gros bétail et ton petit bétail se multiplieront, que l’argent et l’or se multiplieront pour toi et que tout ce qui t’appartient se multipliera,
14 prends garde, de peur que ton cœur ne s’élève et que tu n’oublies le SEIGNEUR, ton Dieu, qui te fait sortir de l’Egypte, de la maison des esclaves.
15 Il t’a fait marcher dans ce désert grand et redoutable, pays des serpents brûlants, des scorpions et de la soif, où il n’y a pas d’eau ; il a fait jaillir pour toi de l’eau du rocher de granit,
16 il t’a fait manger dans le désert la manne que tes pères ne connaissaient pas, afin de t’affliger et de te mettre à l’épreuve, pour te faire du bien par la suite.
17 Et tu te dirais : « C’est par ma force et la vigueur de ma main que j’ai acquis toutes ces richesses ! »
18 Tu te souviendras du SEIGNEUR, ton Dieu, car c’est lui qui te donne de la force pour acquérir ces richesses, afin d’établir son alliance, celle qu’il a jurée à tes pères –– voilà pourquoi il en est ainsi en ce jour.

(Nouvelle Bible Segond)


Une fête d'actions de grâces : un culte pour dire merci à Dieu !
Vous penserez peut-être : nous remercions Dieu chaque jour ! Avons-nous besoin d’un dimanche pour lui apporter une offrande spéciale ? Peut-être pas. Mais vous savez comme moi qu’il est difficile d'être reconnaissant. Voyez les dix lépreux de l'Evangile ! Un seul revient pour adorer son bienfaiteur !
Imaginez cela dans une paroisse (hypothèse absurde !) : un dixième des membres éprouve du plaisir à venir au culte. Un dixième est prêt à rendre service quand on a besoin d’eux. Un dixième soutient son activité par un don régulier ! Où sont donc passés les autres sauvés de la lèpre du péché ?


Frères et sœurs, l'ingratitude fait partie de notre nature depuis la chute. Elle est vivace et résiste au meilleur désherbant ! Or une paroisse ingrate n'est pas fréquentable. Elle épuise son pasteur ; on y attrape l'avarice et la sécheresse du coeur. Une paroisse ingrate n'a rien compris à l'amour de son Dieu. Elle passe à côté de l'essentiel.
Ce passage du Deutéronome est comme un sermon d'actions de grâces que Dieu adresse à Israël. Le thème pourrait en être le suivant :
- Mon peuple, souviens-toi ! - Mon peuple, prends garde !


I
Ce sermon de Dieu est meilleur que tous ceux que je ne pourrai jamais écrire. C’est un bilan d'amour. Premier élément du bilan : Mon peuple, souviens-toi ! J'ai fait une alliance avec toi. Moïse écrit : « L'Eternel ton Dieu te donnera la force pour acquérir les biens de la terre de Canaan, afin de confirmer […] son alliance qu'il a juré à tes pères ».
Cette terre arrosée de torrents, avec son lait, son miel, ses vignes, ses figuiers était une vraie chance après l’esclavage : Dieu poursuivait son plan de grâce ! Personne ne peut prendre en défaut sa fidélité. C’est pourquoi le sermon commence à l’ombre des pyramides et rappelle la libération. Dieu souligne la longue traversée du désert (au sens propre !) et son assistance dans cette épreuve.
Et voici maintenant « le bon pays », le repos attendu enfin accessible. Chaque étape de ce bilan confirme l’alliance jurée à Abraham, Isaac et Jacob : ce qu’il dit arrive ; ayez donc confiance !
Quand les Hébreux évoquaient les dix plaies d'Egypte, la traversée de la Mer Rouge et leur vie au désert, ils devaient se souvenir que Dieu ne les avait jamais abandonnés. En considérant ces événements – assez extraordinaires, tout de même ! – ils devaient savoir que Dieu serait assez puissant pour accomplir toutes ses promesses. Leurs yeux devaient se porter vers l’accomplissement ultime de cette alliance : la venue du Messie qui sauverait les hommes de leurs péchés.
Et nous frères et sœurs ? Sommes-nous vraiment moins favorisés ? Paul témoigne : « tout ce qui a été écrit d'avance l'a été pour notre instruction ».
Retrouvons, dans nos Bibles, les événements de nos propres bénédictions !
Ainsi, chaque prédication nous dit : Souviens-toi de l'alliance de grâce que Dieu fait avec toi en Jésus-Christ ! Notre Baptême nous dit : Souviens-toi comment le Seigneur a fait ce jour-là une alliance d'amour avec toi pour t'adopter comme son enfant bien-aimé ! Chaque repas de communion nous dit : Souviens-toi comment ton Seigneur vient chez toi, avec son corps et son sang pour resserrer ses liens d'amour, des liens qu'il ne coupera jamais !
Deuxième constat : comme Israël, nous avons, nous aussi, notre terre de Canaan avec ses oliviers, ses vignes, son lait et son miel. Il nous a aussi préparé « un avenir heureux » (v.16) ; c’est le vêtement, la nourriture, le travail, le salaire, la paix, l'ordre, la justice, la famille… Les bienfaits de Dieu dans nos vies ne sont-ils pas très nombreux ?
Avec eux, Dieu nous dit : Souviens-toi de moi. Je connais tes besoins. Je sais bien que tu n’es pas un pur esprit ! Tu as un corps. Laisse-moi donc prendre soin de ton corps ! Souviens-toi quel Dieu je suis pour toi ! Ne t’ai-je pas formé dans le ventre de ta mère ? Ne t’ai-je pas connu lorsque tu as été fait dans le secret ? Comment douter alors que tu aies de la valeur à mes yeux ? Comment pourrais-je t’abandonner ?
Troisième révélation, plus intime encore que la sécurité matérielle : Dieu nous secourt dans la détresse.
« Souvenez-vous – écrit Moïse - de la longue marche que le Seigneur votre Dieu vous a imposée à travers le désert, pendant quarante ans ; il vous a ainsi fait rencontrer des difficultés pour vous mettre à l’épreuve, afin de découvrir ce que vous aviez au fond de votre cœur et de savoir si, oui ou non, vous vouliez observer ses commandement […] Comprenez donc bien que le Seigneur votre Dieu veut vous éduquer comme un père éduque son fils ».
Ces paroles nous rappellent que Dieu n’est pas un homme pour mal aimer. Son affection dépasse nos « meilleures intentions » - pour reprendre le titre d’un beau film – (intentions) qui peuvent se révéler finalement catastrophiques. S'il a parfois traité son peuple avec dureté, c'était pour l'éprouver, pour… l’éduquer, dit le saint Esprit. Israël, en effet, était un peuple rétif et à la contestation permanente.
A nous aussi, Dieu nous dit : il m'arrive de te secouer par des épreuves. Mais souviens-toi, je le fais parce que tu es mon enfant et que toi aussi, tu as tes jours d'orgueil et d'insatisfaction. Toi aussi, tu as besoin d'être éduqué.
C’est la pédagogie divine, d’un Père pour ses enfants : « De cette manière, écrit Moïse, il vous a montré que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole que Dieu prononce ».
Cela veut dire que Dieu vient avant le souci du pain, de l'argent, de l’appartement et de tout ce qui va avec. « Il vient avant » : je veux dire qu’il est la source de votre pouvoir d’achat : c’est lui qui répand la manne et fait pleuvoir les cailles au désert, entretient la veuve de Sarepta, multiplie les pains et les poissons, console le malheureux et tient debout celui qui défaille. Cela veut dire que son secours pour ses enfants ne dépend pas des bruits de crises, de récessions et de cracks boursiers... Rien n'est impossible à Dieu !
Aujourd'hui, il nous dit : C’est vrai, tu marches dans un monde aride en foi et pauvre en Dieu. Un monde qui affole et angoisse avec complaisance sans se soucier des conséquences sur les moins armés à supporter ce matraquage permanent, par les médias notamment. Tu marches à travers des pièges ; tu passes par des déserts pleins d'hostilités et de confusions.
La voie large de la frilosité, du repli sur soi est sans cesse devant toi, tellement logique et convaincante. Mais, quand tu écoutes la radio le matin en faisant ta toilette, souviens-toi aussi que moi, l’Eternel ton Dieu, je donne le secours et la vie, la paix et le salut, le pain et les fruits même dans les déserts les plus pauvres. Garde ma Parole ! Accroche-toi à mes promesses. Avec elles tu me possèdes tout entier.
Voilà, chers amis, le bilan que Dieu fit ce jour-là devant son peuple ! Voilà ce qu'il fait aussi avec nous en Jésus-Christ. Car nous sommes son peuple, le troupeau de son pâturage. Ce bilan doit nous pousser à la louange, à l’adoration et la consécration, à des offrandes généreuses qui montent à Dieu comme un parfum de joie ! Puissions-nous être une paroisse digne de ce bilan d'amour !


II
Dans la deuxième partie de son sermon, Dieu veut mettre en garde. Ecoutez ce qu'il dit : « Vous aurez de quoi vous nourrir abondamment, vous vous construirez de belles maisons où vous vous installerez […], vous possèderez davantage d’argent, d’or et de biens de toute sorte. Veillez alors à ne pas devenir orgueilleux, au point d’oublier que le Seigneur votre Dieu vous a fait sortir d’Egypte où vous étiez esclaves ». Et plus loin (v. 17) : « Ne pensez jamais que vous avez atteint la prospérité par vous-mêmes, par vos propres forces » !
Dieu est bon pédagogue ; il est aussi fin psychologue. Il connaît bien le coeur de l'homme et notamment ses revirements et ses faiblesses. Vous le savez bien : il suffit que les circonstances favorisent notre travail, que s’installe une certaine sécurité matérielle pour que déjà naissent en nous deux sentiments très dangereux : l’ingratitude et l’orgueil. Même Salomon, dans sa célèbre prière, avoue que la richesse pourrait lui tourner la tête et le pousser à oublier Dieu.
Mais en Jésus, nous avons un ami attentif... et honnête. Il sait où le bât blesse. Il sait combien le matérialisme risque de nous étourdir, parfois jusqu'à l'aveuglement. Nous sommes tous reconnaissants pour le confort lié à l’industrialisation, mais voyez comme nos pays riches se sont déchristianisés ! Que sont devenus les grains d’Evangile semés au Rebberg et dans tous les beaux quartiers de nos grandes villes ? N'est-t-il pas triste de constater que l’argent a souvent un effet anesthésiant sur l’âme humaine ? Qu’au lieu d’apporter à l’homme du temps pour lui-même, il semble peu à peu dévorer son âme ? Que l’intelligence et la culture, au lieu de favoriser la connaissance des Ecritures, rivalisent avec elles et la tournent en ridicule ! Saint Jean écrit dans sa première épître : « Si quelqu’un aime le monde, il ne lui est plus possible d’aimer le Père. En effet, voici ce qui appartient au monde : la volonté de satisfaire ses propres désirs ou de posséder ce que l’on voit, ainsi que l’orgueil fondé sur les biens terrestres » (2, 15).
La prospérité peut encore avoir un autre effet malheureux sur l'homme : celui de l'amener à s'attribuer la gloire de ses biens et donc à rayer Dieu de sa vie et de sa piété. Le matérialisme et la société de consommation ont engendré plus de mécréants que le marxisme.
Quand il ne tremble pas pour son travail, que dit l’homme moderne ? « J'ai mon salaire – pas terrible, mais passons… - mon épargne – pour combien de temps, je ne sais pas… - mes crédits à la consommation, ma protection sociale, mon assurance-vie, ma sécu, ma mutuelle, ma caisse de retraite, mes spécialistes, ma clinique, mes loisirs, mon portable et bientôt ma résidence secondaire ! »
Dans ce discours, tout est pensé, planifié, organisé en vue d'un risque zéro. Donc Dieu est disqualifié ; il est coiffé au poteau.
Mais quand on y réfléchit, on touche les sommets de l'absurde. Depuis quand l'homme est-il le maître de sa vie, de son avenir et surtout de sa santé et de sa mort ? Que Dieu souffle, et déjà l’homme éternue. David nous rappelle que l'homme est comme l'herbe et sa vie comme le souffle du vent.
Jésus ne dit pas autre chose : « Que sert-il à un homme de gagner le monde s'il perd son âme » ? Au riche de la parabole qui se flattait de son capital, Dieu dit : « Insensé, demain ton âme te sera redemandée » !
Alors oui, il y a des choses qu’il faut toujours rappeler : « Si vous oubliez le Seigneur votre Dieu – écrit Moïse -, si vous vous mettez à rendre un culte à d’autres dieux, à les adorer et à les servir, je vous avertis solennellement aujourd’hui que vous disparaîtrez complètement. Oui, si vous n’obéissez pas au Seigneur votre Dieu, vous disparaîtrez comme les nations que le Seigneur va éliminer à votre approche » !
Ce message vaut bien sûr pour nous aujourd’hui : Eglise, prends garde ! Chrétien, attention ! Si tu ne me prends pas au sérieux, si tu me considères comme une quantité négligeable dans ta vie et ta piété, si tu crains que je ne prenne trop de place, tu risques de « disparaître » dit le Seigneur ; tu disparaîtras… de ma présence, de mon intimité, de mon plan de salut en Jésus-Christ.
Alors oui, rappelons le thème du sermon divin :
Mon peuple, souviens-toi de mon alliance d'amour et combien je t'ai aimé en Jésus-Christ ! Mon peuple, prends garde ! Que les biens que je te donne ne te fassent pas oublier que je suis ton Dieu, maintenant et pour toujours. Alors, sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie.
Amen !