samedi 13 décembre 2008

1 THESSALONICIENS 5.16-24


16 Soyez toujours joyeux. 17 Priez sans cesse, 18 exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c'est la volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ.19 N'éteignez pas l'Esprit, 20 ne méprisez pas les prophéties, 21 mais examinez tout et retenez ce qui est bon.22 Abstenez-vous de toute forme de mal.23 Que le Dieu de la paix vous conduise lui-même à une sainteté totale et que tout votre être, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irréprochable lors du retour de notre Seigneur Jésus-Christ!24 Celui qui vous appelle est fidèle, c'est aussi lui qui le fera.

Chers frères et sœurs,

La période de l’Avent, c’est aussi la fin de l’année. L’occasion de faire des bilans. Parfois, ces bilans ne sont pas brillants : ça ne va pas fort au travail, les finances font grise mine, il y a des tiraillements au sein de la famille…Parfois, on a des « mauvaises journées ». Pour certains, ça devient même de « mauvaises années ».

Dans notre deuxième lecture d’aujourd’hui, Paul dresse une sorte de liste pour ceux qui se disent disciples de Jésus. Cette liste, elle contient une série d’attitudes que l’apôtre considère comme nécessaires au bien-être spirituel d’un croyant et d’une paroisse. Et l’une d’entre elles nous frappe, la première, celle qui dit « soyez toujours joyeux ». Et alors que je réfléchissais à ces mots, force m’a été de constater que j’échoue sur ce point bien souvent. Lorsque, il y a peu de temps, j’ai perdu un temps précieux dans mes études de théologie parce que mon ordinateur m’a lâché et que j’ai été malade pendant une semaine, je n’avais pas naturellement le cœur à me réjouir, mais plutôt à me demander comment rattraper le temps perdu. « Soyez toujours joyeux » ? A première vue, ça a l’air impossible…

Mais nous sommes le Troisième Dimanche de l’Avent. Un dimanche qui s’appelle traditionnellement Gaudete, ce qui vient du Latin qui signifie “réjouissez-vous”. La joie se trouve donc au cœur de notre célébration d’aujourd’hui. Plus facile à dire qu’à faire : comment donc se réjouir tout le temps ? Les coups durs, cela arrive tout le temps, et parfois à nous ou à ceux qui nous sont chers…Alors est-ce que Paul n’est qu’un rêveur totalement déconnecté de la vraie vie ? Est-ce qu’il a les yeux tellement tournés vers le Ciel qu’il ne voit pas tout ce qui peut arriver sur la Terre ? Je répondrai à la fois oui et non.

Paul était sans doute un grand intellectuel, avec ce que cela suppose d’idéalisme. Il est d’ailleurs rassurant de voir que le fait que l’apôtre ait été inspiré par Dieu n’a pas modifié sa personnalité. Et il est aussi probable que le point de vue de Paul ait été influencé par le fait qu’il croyait sans doute, comme beaucoup dans l’Eglise de l’époque, que le retour de Christ n’allait pas tarder et peut-être même qu’il le verrait.

Mais il faut aussi répondre non. Paul n’était pas un rêveur la tête perdue dans les nuages et ses hautes pensées. Et il n’est pas totalement focalisé sur le spirituel quand il nous dit de nous réjouir constamment. Après tout, le Nouveau Testament nous montre amplement que la vie de Paul et son ministère n’étaient pas un tapis de rose. L’apôtre savait ce que souffrir veut dire. On voit d’ailleurs bien le côté très pratique et réaliste de ses lettres.Il faut je crois être clair sur ce que Paul n’essaie pas de dire dans ce verset. Il ne cherche à culpabiliser personne. Il ne cherche pas à nous mettre la pression, à nous charger d’un fardeau pour que nous soyons joyeux, sinon…Non ! Paul ne veut pas nous gaver de joie comme on gave les oies qui fourniront le foie gras.
Le problème, c’est que la joie a été entourée de bien des choses négatives dans l’Eglise. Elle n’est plus ce don précieux, mais elle est devenue, en tout cas dans bien des milieux, comme une sorte de document officiel que l’on doit montrer pour prouver qu’on est bien chrétien. Cela, c’est une perversion de la joie authentique. Elle ne produit qu’une attitude hypocrite et conformiste, qui va s’écrouler au premier coup de vent.La joie authentique est bien plus profonde que ça. Elle n’est pas basée sur nos sentiments, parce que nos sentiments peuvent varier selon nos circonstances. La joie authentique, et la capacité de se réjouir toujours sont des dons qui viennent de Christ. Je crois que cela devient clair quand nous lisons notre verset à la lumière de notre passage entier, notamment le v.24: Celui qui vous appelle est fidèle, c'est aussi lui qui le fera.

C’est seulement avec l’aide de Christ que nous sommes capables d’être toujours joyeux. Etre toujours joyeux, c’est reconnaître que Jésus est toujours présent à nos côtés. Et si Jésus est toujours avec nous, alors nous pouvons en effet nous réjouir, parce que peu importe ce qui nous arrive : bon, mauvais, neutre, Christ marche avec nous et veille sur nous. Une fois que nous avons pris conscience de cela, notre vie prend un éclairage nouveau.

Etre toujours joyeux, c’est savoir « pousser là où nous avons été plantés ». C’est savoir accepter notre place dans l’existence et y voir un appel de Dieu. C’est placer notre relation avec Jésus au-dessus de quoique ce soit dans ce monde.Je suis sûr que vous voyez ce dont je veux vous parler. Je suis sûr que vous avez parfois rencontré des gens qui pouvaient bien faire leur travail, mais dont il était evident qu’ils n’en tiraient aucune joie, aucune satisfaction. Leur cœur n’y était pas. Et puis il y en a d’autres qui tirent de leur métier une motivation, un élan. Ca ne veut pas dire qu’ils sont toujours avec un grand sourire aux lèvres, mais ils reflètent le fait qu’ils sont heureux de leur sort et que leur vie repose sur des bases saines et solides.

Alors, qu’en ce dimanche Gaudete, que le don de la joie et la capacité de nous réjouir toujours nous soit donnés, ainsi qu’à beaucoup d’autres, tandis que nous attendons la venue de notre Sauveur.

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