dimanche 26 octobre 2014

JEAN 8.31-36 (Fête de la Réformation)


31 ¶ Alors Jésus dit aux Juifs qui avaient mis leur foi en lui : –– Si vous vous attachez à la Parole que je vous ai annoncée, vous êtes vraiment mes disciples.
32 Vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres.
33 –Nous, lui répondirent–ils, nous sommes la postérité d’Abraham, nous n’avons jamais été esclaves de personne. Comment peux–tu dire : « Vous serez des hommes libres ? »
34 –Vraiment, je vous l’assure, leur répondit Jésus, tout homme qui commet le péché est esclave du péché.
35 Or, un esclave ne fait pas partie de la famille, un fils, lui, en fait partie pour toujours.
36 Si donc c’est le Fils qui vous donne la liberté, alors vous serez vraiment des hommes libres.

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Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, amen.

Chers frères et sœurs,
Comment peut-on en 2014, fêter la Réformation? Le 31 octobre 1517, un moine allemand, Martin Luther, cloua une feuille contenant 95 Thèses sur la porte de l'église de Wittenberg. Luther en avait assez du commerce des indulgences, des feuilles de papier que le Pape vendait en faisant croire aux gens qu'ils pouvaient ainsi acheter leur salut ou celui de leurs parents décédés. Non, disait Luther, ça ne peut plus durer. Le salut que Dieu donne est gratuit, il ne vient pas en faisant de bonnes œuvres ou en achetant un bout de papier au Pape: pour être sauvé, il suffit de croire que Jésus-Christ est mort pour nous!
Seulement, voilà, aujourd'hui, la Réforme n'est plus très populaire. Nous sommes à l'heure de l'œcuménisme, on est devenus super-copains avec l'église catholique romaine, et ils sont nombreux, y compris parmi les "protestants" (qui ne le sont souvent que de nom) qui regrettent bien que la belle unité de l'Eglise médiévale ait été rompue. Bien sûr, on oublie que l'unité de l'Eglise n'existait déjà plus depuis longtemps, puisque les Orthodoxes vivaient séparés de Rome depuis 5 siècles, mais on préfère oublier ce détail!

Je crois, je suis persuadé en fait, que cette façon de voir les choses obscurcit totalement ce qui a été et qui demeure le sens de la Réforme. La Réforme, ce n'est pas Martin Luther ou qui que ce soit d'autre. A l'extrême limite, je vous dirai qu'on n'a rien à faire de Martin Luther. Il y a un tableau qui résume ce que j'essaie de vous dire. Il s'agit d'une peinture de Cranach l'Ancien qui se trouve dans l'église de Wittenberg.
Tout à fait à gauche du tableau, on voit un groupe de femmes, d'hommes et d'enfants. Tout à fait à droite, on voit Luther dans sa chaire, Bible ouverte, qui montre du doigt quelque chose. Ce quelque chose, qui occupe tout le centre du tableau, c'est le Christ crucifié.

Voilà ce qu'a été la Réforme, frères et sœurs: remettre le Christ au cœur de la vie de l'Eglise et des croyants! Depuis trop de siècles, l'Eglise avait été contaminée par la corruption, l'immoralité et les superstitions. Depuis trop de siècles, le message fondamental de notre foi, le pardon complet offert à ceux qui croient en Jésus avait été obscurci ou déformé au profit d'une religion des œuvres!
Mais Dieu a permis que sa Parole droitement prêchée retrouve toute sa place et que la vérité soit à nouveau annoncée pour le grand réconfort des âmes troublées.
La Réforme, frères et sœurs n'a jamais voulu être une rupture, et encore moins une révolution! La Réforme, c'est un peu comme quand vous avez un vieux chapeau aplati, il faut lui redonner sa forme! C'est ce que Luther a voulu faire pour l'Eglise: la ramener à la source biblique, éliminer les déformations et reprendre une droite ligne.
C'est ce que ne comprend pas un certain protestantisme où sous prétexte que "l'église de la Réforme doit toujours se réformer" a depuis longtemps abandonné la foi véritable pour tomber dans le relativisme doctrinal et moral, quand ce n'est pas dans l'apostasie pure et simple!!
"l'église de la Réforme doit toujours se réformer", c'est vrai, mais cette réforme doit se faire selon la Bible, reconnue comme source suprême d'autorité et non pas selon les diktats d'un rationalisme et d'un humanisme laïc destructeurs!

Jésus nous dit en Matthieu 10.34 "je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, mais le glaive". Paroles qui nous choquent un peu peut-être, mais Christ a toujours été clair: son message provoque la division entre ceux qui l'acceptent et qui le rejettent. Voilà pourquoi, lorsque l'Evangile est fidèlement prêché, il y a conflit. Conflit entre Luther et le Pape. Conflit entre les croyants et les autres. Conflit entre la vie et la mort. Conflit entre la vérité de l'Evangile et l'erreur. Nous sommes dans un combat, frères et sœurs. En avez-conscience? Etes-vous prêt à le mener?

L'état de l'Eglise en Occident, le faible nombre de chrétiens authentiques peut parfois nous décourager. Quand c'est le cas, repentons-nous, car alors nous avons jugé le Royaume de Dieu selon les critères des hommes. Le Royaume de Dieu se trouve dans la petitesse et l'humilité, pas dans les bâtiments somptueux et les budgets de plusieurs millions!
Repentons-nous mais réjouissons-nous aussi. Car la Réforme, en remettant la Bible au centre, nous a permis d'entendre la merveilleuse nouvelle de l'amour de Dieu pour nous. Dans cette vie souvent si impitoyable, vous savez que vous pouvez vous approcher d'un Dieu plein de grâce, qui n'exige rien de vous. Dans le Royaume de Dieu, il y de la place pour tous ceux qui croient!

Voilà la Bonne Nouvelle que la Réforme a retrouvé dans les pages de la Bible qu'elle a rendue au peuple! Voilà la Bonne Nouvelle qui est le cœur de la foi de l'Eglise fidèle! Voilà la Bonne Nouvelle que le Seigneur nous demande d'aller annoncer à tous ceux qui, aujourd'hui, chez nous, se retrouvent dans des ténèbres spirituelles encore plus grandes que celles du Moyen-Age!
Alors armons-nous, sachons utiliser l'épée de l'Esprit, la Sainte Bible, venons souvent à la Table Sainte nous nourrir du corps et du sang du Sauveur. C'est lui qui mène son Eglise au combat. C'est lui qui nous assure la victoire.

dimanche 5 octobre 2014

JOEL 2.21-27

21 »Terre, n'aie pas peur, sois dans l'allégresse et réjouis-toi, car l'Eternel fait de grandes choses!
22 Bêtes sauvages, n'ayez pas peur, car les plaines du désert reverdiront, les arbres porteront leurs fruits, le figuier et la vigne donneront leurs richesses.
23 Et vous, habitants de Sion, soyez dans l'allégresse et réjouissez-vous en l'Eternel, votre Dieu, car il vous donnera la pluie au moment voulu, il vous enverra les premières et les dernières pluies, comme par le passé.
24 Les aires se rempliront de blé, et les cuves regorgeront de vin nouveau et d'huile. 25 »Je vous remplacerai les années qu'ont dévorées la sauterelle, le grillon, le criquet et la chenille, ma grande armée que j'avais envoyée contre vous.
26 Vous mangerez et vous vous rassasierez, vous célébrerez le nom de l'Eternel, votre Dieu, qui aura fait pour vous des prodiges; et mon peuple ne sera plus jamais dans la honte. 27 Vous saurez que je suis au milieu d'Israël, que je suis l'Eternel, votre Dieu, et qu'il n'y en a pas d'autre, et mon peuple ne sera plus jamais dans la honte.


Chers frères et soeurs,
chers amis

Terre, n'aie pas peur, sois dans l'allégresse et réjouis-toi, car l'Eternel fait de grandes choses!

Tels sont les mots que le prophète Joël a, il y a bien longtemps, prononcé lors d'un sermon bien spécial. Spécial, parce qu'au lieu de parler au peuple, il s'adressait...à la terre, au sol, à l'humus...Voilà une audience étrange pour un prédicateur et encore plus pour un prophète. Mais Joël avait de bonnes raisons d'annoncer à la création un message de réconfort: n'aie pas peur...!

La terre avait des raisons d'avoir peur. Une sécheresse terrible l'avait touchée, et une invasion de sauterelle avait détruit la végétation. Comme il est dit dans le chapitre 1:
Les champs sont dévastés, la terre est attristée, car les blés sont détruits, le vin nouveau est perdu, l'huile est desséchée. 11 Les laboureurs sont consternés, les vignerons se lamentent à cause du blé et de l'orge, parce que la moisson des champs est perdue.12 La vigne est desséchée, le figuier flétri; le grenadier, le palmier, le pommier, tous les arbres des champs sont desséchés. La joie a cessé parmi les hommes!

La situation était tellement grave qu'on avait même dû arrêter d'offrir des offrandes liquides et végétales dans le temple!!

La Bonne Nouvelle, c'est que l'Eternel va agir au milieu de cette désolation et envoyer le grain, la vigne et l'huile, afin que la joie puisse être restaurée. Alors Joël prêche l'Evangile à la terre: Terre, n'aie pas peur, sois dans l'allégresse et réjouis-toi, car l'Eternel fait de grandes choses!

Et il étend ce message aux animaux: 22 Bêtes sauvages, n'ayez pas peur, car les plaines du désert reverdiront, les arbres porteront leurs fruits, le figuier et la vigne donneront leurs richesses.

J'ai dit il y a un instant que Joël préchait l'Evangile à la terre. J'admets que l'idée puisse paraître étrange et même incongrue; mais cet appel « n'aie pas peur » est bel et bien au coeur de la Bonne Nouvelle que Dieu nous envoie. En fait, on pourrait dire que ces paroles sont revenues tellement souvent, dans la bouche des prophètes et dans celle de notre Seigneur Jésus, qu'on pourrait dire qu'il est une des « marques de fabriques » du message que Dieu adresse à son peuple dans tous les lieux et dans toutes les générations.

«N'aie pas peur! Je viens moi-même à ton secours.» ( Esaïe 41.13)
«N'ayez pas peur, restez en place et regardez la délivrance que l'Eternel va vous accorder aujourd'hui. (Exode 14.13)
Que votre coeur ne se trouble pas! Croyez en Dieu, croyez aussi en moi...« Que votre coeur ne se trouble pas et ne se laisse pas effrayer. » (Jean 14.1,17)
N'ayez pas peur, dit l'ange aux femmes qui cherchent dans la tombe un Christ déjà ressuscité.

Et aujourd'hui, nous entendons Dieu dire « n'ayez pas peur » à la terre et aux animaux, aux arbres et aux épis.
Voilà qui nous rappelle, s'il en était besoin, que c'est toute la création et pas seulement les humains, qui est placée dans l'alliance de Dieu, et qu'il prend soin de tout ce qu'il a créé.
Souvent, nos prédications sont centrées (à juste titre) sur le Christ Sauveur. C'est le deuxième article du Credo: « je crois en Jésus-Christ, son Fils unique notre Seigneur ». Mais nous avons parfois eu tendance à oublier le premier article: « Je crois en Dieu le Père tout puissant, Créateur du ciel et de la terre ». Dieu a créé notre terre, notre univers, mais il ne s'est pas retiré de sa création. Il continue à veiller sur elle, et il va donc aussi veiller sur nous.

C'est ce que Jésus nous a dit dans l'Evangile de ce matin: Dieu prend soin des passereaux, Dieu prend soin des lys: ne vous inquiétez pas, il prendra aussi soin de vous! N'ayez pas peur!
Tout ceci doit nous amener à nous rendre compte de certaines choses:
tout d'abord, nous devons cesser de croire que Dieu a fait de nous autres humains des propriétaires de notre planète. Nous n'en sommes au plus que des gestionnaires, et les gestionnaires doivent rendre des comptes à celui qui est au dessus d'eux. N'oublions jamais que nous sommes nous aussi des créatures, et ne nous prenons pas pour le Créateur.
Deuxièmement, nous pouvons nous concentrer sur l'amour créatif de Dieu. Dans le livre de la Genèse, nous voyons Dieu façonner l'homme avec la poussière de la terre. D'ailleurs, le nom du premier homme, Adam, vient du mot hébreu qui veut dire « terre ». Voilà pourquoi, la Bible Chouraqui préfère l'appeler « le glèbeux ». Et nous aussi, dans toutes nos fragilités, nous sommes « glébeux ». Alors oui, nous sommes poussière et nous redeviendrons poussière.

Mais Dieu sait de quoi nous sommes faits. Voilà pourquoi aussi il va nous soutenir. Parce quel nous le savons, il y a des périodes dans nos vies où « les blés sont détruits, le vin nouveau est perdu, l'huile est desséchée ». Ce peut être des soucis de santé, des problèmes au travail, des trahisons, le manque d'argent. Dans ces moments-là souvenons-nous que le Dieu qui a parlé à la terre au temps de Joël continue à parler aux glébeux que nous sommes. Plaçons notre confiance dans notre Dieu créateur, en ayant l'assurance qu'il peut nous rendre tout ce que la sauterelle a dévasté dans nos vies.
Au moment de la création, c'est la Parole de Dieu qui a tout accompli. Et un jour la Parole s'est faite chair et Jésus est venu marcher sur nos chemins. C'est lui nous donne tous les jours ce dont nous avons besoin pour nos corps et nos âmes. Ce sont ses paroles, contenues dans les Saintes Ecritures, qui nous instruisent et nous encouragent. Quand la parole de Dieu est prononcée sur notre glèbe, nous pouvons devenir de nouvelles créations, des êtres nouveaux, régénérés. Et c'est aussi la parole de Dieu qui va faire du pain et du vin, venus de la terre, le vrai corps et le vrai sang du Christ.

Ce repas des chrétiens, on l'appelle en grec l'eucharistie, ce qui signifie « actions de grâce ». C'est ce que nous voulons faire aujourd'hui particulièrement, rendre grâce pour les bénédictions reçues tout au long de l'année qui va bientôt finir. La viande, les légumes et les fruits qui vont nous nourrir, le pardon et la grâce qui nous sauvent; tout cela, ce sont des dons venant de l'amour de Dieu.
Nos greniers sont remplis de cet amour de Dieu, et nous n'avons pas à craindre la disette de ce côté-là.

Alors, sachons lâcher prise et comme Jésus nous y invite aujourd'hui, ne nous inquiétons pas: Dieu va prendre soin de chacun d'entre nous, il va prendre soin de nos familles, il va prendre soin de notre église. Entendons notre Dieu nous dire « n'aie pas peur! ».