dimanche 31 mars 2013

LUC 24.1-12


Le dimanche matin de très bonne heure, les femmes se rendirent au tombeau emportant les huiles aromatiques qu'elles avaient préparées.
2 Elles découvrirent que la pierre fermant l'entrée du sépulcre avait été roulée à quelque distance de l'ouverture.
3 Elles pénétrèrent à l'intérieur, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus.
4 Pendant qu'elles en étaient encore à se demander ce que cela signifiait, deux personnages vêtus d'habits étincelants se tinrent tout à coup devant elles.
5 Elles étaient tout effrayées et baissaient les yeux vers le sol. Ils leur dirent alors:
    ---Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant?

6 Il n'est plus ici, mais il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu'il vous disait quand il était encore en *Galilée:
7 «Il faut que le *Fils de l'homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite le troisième jour.»
8 Elles se souvinrent alors des paroles de Jésus.
9 Elles revinrent du tombeau et allèrent tout raconter aux Onze, ainsi qu'à tous les autres *disciples.
10 C'étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, la mère de *Jacques. Quelques autres femmes, qui étaient avec elles, portèrent aussi la nouvelle aux *apôtres;
11 mais ceux-ci trouvèrent leurs propos absurdes et n'y ajoutèrent pas foi.
12 Pierre, cependant, partit et courut au tombeau. En se penchant, il ne vit que des linges funéraires. Il s'en retourna, très étonné de ce qui s'était passé.


Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Un de mes profs à la fac de théologie nous a un jour expliqué que la question la plus importante à nous poser quand nous rédigions un sermon était « et alors? ». Comment est-ce que tel ou tel texte de l'Ecriture Sainte touche ma vie et la vie de ceux qui me font face le dimanche matin? Je peux vous raconter beaucoup de choses intéressantes sur la Bible, présenter tel texte de l'Ancien Testament ou telle parabole, sans pour autant répondre à la question « et alors? ». Et nous devons répondre à cette question parce que si nous n'y arrivons pas, nous manquons ce moment précieux où la Parole de Dieu vient nous toucher et nous changer.
Nous sommes aujourd'hui le dimanche de Pâques. Jésus, crucifié lors du Vendredi Saint, est rescussité des morts. Trop souvent à l'heure actuelle, on essaie dans certaines églises d'adoucir ce message et son caractère formidable. ON va vous dire que la résurrection n'a pas été en fait réel, mais que les disciples se sont rendus compte que Jésus vivait encore dans leur coeur. Jolie petite échappatoire, mais qui se heurte à bien des problèmes insurmontables, dont celui-ci: pour les juifs de l'époque, il était tout simplement impossible d'imaginer une résurrection qui n'aurait pas été physique et réelle. Et puis, surtout, il y a le témoignage unanime des Ecritures, qui affirment que les disciples ont vu leur Seigneur revenu à la vie, qu'il l'ont touché, qu'ils lui ont parlé. Pâques nous parle d'une vraie victoire sur la mort, et de rien d'autre. Le message qu'ont entendu les femmes ce matin là était clair: « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? » et puis, durant cette journée et après, Jésus s'est montré à ses amis. Il était vivant, il est vivant!

Mais à présent se pose la question « et alors? ». Nous avons là ce que l'Eglise fidèle a annoncé depuis 2000 ans, nous avons là un élément fondamental de la foi chrétienne, mai squ'est-ce que cela change dans notre existence, ici et maintentant? Jésus est vivant, il a vaincu la mort: et alors?

   Pour répondre à cette question, je voudrais vous emmener du côté de l'Irlande ce matin. Certains d'entre vous connaissent ma passion pour le christianisme celtique qui existait en Gaule et dans les îles britanniques jusqu'au VIIème siècle, avant d'être mis sous le boisseau et étouffé par l'Eglise de Rome (déjà!!). Cette église celtique nous a laissés de très beaux textes, notamment celui dit de la prière de Saint Patrick d'Irlande. Et là, vous vous posez peut-être la question « mais où veut-il en venir? ». La réponse est dans ces paroles de la prière de Saint Patrick:
Que le Christ me protège aujourd'hui
le Christ avec moi,
le Christ devant moi,
le Christ derrière moi,
le Christ en moi,
le Christ au-dessus de moi,
le Christ au-dessous de moi,
le Christ à ma droite,
le Christ à ma gauche,
le Christ en largeur,
le Christ en longueur,
le Christ en hauteur,
le Christ dans le cœur de tout homme qui pense à moi,
le Christ dans tout œil qui me voit,
le Christ dans toute oreille qui m'écoute.

Dans cette prière, nous trouvons une réponse à la question « Jésus est vivant; et alors? ». Jésus a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers ; le troisième jour est ressuscité des morts. La Bible nous dit qu'il est remonté vers le Père, mais dans le même temps, nous savons qu'il est avec nous tous les jours, présent dans tout ce qui réjouit ou nous accable.
Jésus est vivant, réssuscité et glorifié, et il est actif dans nos vies, quoiqu'il arrive. le Christ en nous, le Christ au-dessus de nous, le Christ au-dessous de nous.

   Mes amis, Jésus est là avec nous pour nous guider et nous protéger du danger.
Il est là avec nous quand nous nous sentons tellement vulnérables et craintifs.
Il est là avec nous quand nous sommes déprimés.
Il est là avec nous pour nous soutenir dans notre maladie, le grand âge ou à l'heure de la mort.
Il est là avec nous dans ces gens qui prennent soin de nous et qui nous aiment.

Vous voyez, si Christ n'était pas ressuscité, le matin de Pâques, cette prière de Saint Patrick n'aurait aucun sens. Dans la tombe, Jésus était aussi mort que n' importe qui. Nous respectons les morts, mais un homme mort ne peut rien faire qui puisse changer ce qui se passe aujourd'hui.
Pâques nous dit qu'un Christ vivant est présent avec nous et que cela nous touche profondément. Cela change la façon dont nous voyons les hauts et les bas de nos existences. Cela transforme la façon dont nous faisons face à la vie, parce que nous savons que nous ne sommes plus seuls, mais que Christ ressuscité est là avec nous, au-dessus de nous, au-dessous de nous,

Bien sûr, cela ne veut pas sire que nous sentirons toujours cette présence de Jésus. Mais cela n'empêche pas qu'il est toujours avec nous et en nous. Jésus sera là pour nous aider chaque jour, jour après jour. La bonne nouvelle de Pâques, c'est que Jésus change notre monde.
Pensez aux disciples après la mort de Jésus:
ils sont dans la confusion.
ils sont seuls.
ils se cachent, totalement effrayés.
ils sont complètement perdus et incapables de voir la moindre lumière dans leur futur.
Ils sont abattus et tristes.
Quel réconfort, quelle espérance un Jésus mort aurait-il pu leur offrir?

Mais quand Jésus se montre à eux, nous voyons des choses entièrement nouvelles se produire dans leurs vies: la présence de Christ amène la paix, la force, la joix et l'espoir. Après sa résurrection nous voyons dans les Evangiles Jésus apparaître à ses disciples sur le chemin d'Emmaüs, à Jérusalem, sur les bords du Lac de Tibériade ou à Béthanie. Il leur apparaît et ils comprennent qu'il ne les a pas abandonnés; qu'il est là pour eux. Jésus change leurs doutes en foi et leur crainte en confiance en leur disant « je ne vous laisse pas orphelins » et « je suis avec vous tous les jours ».
Les choses ne sont pas différentes pour nous. Le même Sauveur ressuscité qui a donné foi et confiance à ses disciples fait la même chose aujourd'hui.
Quand nous nous sentons perdus, confus, seul et craintifs, Jésus est là en nous et à côté de nous comme le dit la prière de Saint Patrick. En fait, pour les chrétiens, Pâques est tous les jours, parce que c'est chaque jour que Jésus apparaît dans nos vies pour nous offrir sa paix au milieu de nos craintes, de nos frustrations et de nos insécurités. Il est le berger qui ne délaisse jamais ses brebis et est toujours là pour les guider, les protéger et les assurer de son amour et de sa présence.
Par la foi, vous participez dans votre baptême à la résurrection de Christ, et dans la communion, vous recevez son corps et son sang, avec l'assurance qu'il veut vraiment se rendre présent dans votre vie.
Dans les moments de joie et ceux de dépression, dans les moments de peur et ceux de célébration, Christ est à votre droite et à votre gauche. Il est là pour être votre bouclier, pour vous guider dans vos choix, pour vous donner ce que Saint Patrick appelle la « force du ciel » quand les soucis vous assaillent. Où que vous soyez, la puissante présence de Jésus ne vous quittera jamais, son amour ne vous oubliera pas, vous ne serez jamais abandonné.

Voilà j'ai répondu à la question « et alors? ». Jésus est vivant et cela peut tout changer à la façon dont nous faisons face à chaque jour, si seulement nous plaçons notre foi en lui. Jésus est vivant et nous pouvons prier avec Saint Patrick:

Que le Christ me protège aujourd'hui
le Christ avec moi,
le Christ devant moi,
le Christ derrière moi,
le Christ en moi,
le Christ au-dessus de moi,
le Christ au-dessous de moi,
le Christ à ma droite,
le Christ à ma gauche,
le Christ en largeur,
le Christ en longueur,
le Christ en hauteur,
le Christ dans le cœur de tout homme qui pense à moi,
le Christ dans tout œil qui me voit,
le Christ dans toute oreille qui m'écoute.

samedi 23 mars 2013

Conférence de Peter Williams



Nouvelles preuves de la fiabilité des Évangiles


dimanche 17 mars 2013

Ezéchiel 37.1-14.

Les notes complètes de la prédication du 17 mars n'étant pas disponibles, nous vous proposons un sermon du Pasteur Poillet, de Mulhouse.



La main de l'Eternel reposait sur moi et l'Eternel m'a transporté par son Esprit pour me déposer au milieu de la vallée. Celle-ci était remplie d'ossements. 2 Il m'a fait passer près d'eux, tout autour. J'ai constaté qu'ils étaient très nombreux sur le sol de la vallée et qu'ils étaient complètement secs. 3 Il m'a dit: «Fils de l'homme, ces os pourront-ils revivre?» J'ai répondu: «Seigneur Eternel, c'est toi qui le sais.» 4 Puis il m'a dit: «Prophétise sur ces os! Tu leur annonceras: 'Ossements desséchés, écoutez la parole de l'Eternel!' 5 Voici ce que dit le Seigneur, l'Eternel, à ces os: 'Je vais faire entrer un esprit en vous et vous vivrez. 6 Je vous donnerai des nerfs, je ferai pousser sur vous de la chair, je vous recouvrirai de peau, je mettrai un esprit en vous et vous vivrez. Vous reconnaîtrez alors que je suis l'Eternel.'» 7 J'ai prophétisé conformément à l'ordre que j'avais reçu. Alors que je prophétisais, il y a eu un bruit: un mouvement s'est produit et les os se sont rapprochés les uns des autres. 8 J'ai regardé et j'ai vu qu'il leur apparaissait des nerfs; la chair a commencé à pousser et la peau les a recouverts en dernier, mais il n'y avait pas d'esprit en eux. 9 Il m'a dit: «Prophétise à l'intention de l'Esprit, prophétise, fils de l'homme! Tu annonceras à l'Esprit: 'Voici ce que dit le Seigneur, l'Eternel: Esprit, viens des quatre vents, souffle sur ces morts et qu'ils revivent!'» 10 J'ai prophétisé conformément à l'ordre qu'il m'avait donné. Alors l'Esprit est entré en eux et ils ont repris vie, puis ils se sont tenus sur leurs pieds. C'était une armée nombreuse, très nombreuse. 11 Il m'a dit: «Fils de l'homme, ces ossements, c'est toute la communauté d'Israël. Ils affirment: 'Nos os sont desséchés, notre espérance est détruite, nous sommes anéantis!' 12 C'est pourquoi, prophétise! Tu leur annonceras: 'Voici ce que dit le Seigneur, l'Eternel: Je vais ouvrir vos tombes et je vous en ferai sortir, vous qui êtes mon peuple, et je vous ramènerai sur le territoire d'Israël. 13 Vous reconnaîtrez que je suis l'Eternel, lorsque j'ouvrirai vos tombes et vous en ferai sortir, vous qui êtes mon peuple. 14 Je mettrai mon Esprit en vous, vous vivrez et je vous donnerai du repos sur votre territoire. Vous reconnaîtrez alors que moi, l'Eternel, j'ai parlé et agi, déclare l'Eternel.'»


Frères et soeurs, cette vision d’Ezéchiel correspond à l’une des scènes les plus dramatiques et les plus mémorables de l’Ancien-Testament. C’est la vallée des ossements où l’on voit la Parole et l’Esprit de Dieu rendre la vie à des cadavres. Quel peut être le message de ce texte pour notre vie personnelle ? En quoi peut-il influencer notre attitude envers ceux qui n’ont pas encore ressuscités spirituellement ? Ce sera notre réflexion en ce dernier dimanche du Carême !
I
Ce message pour notre vie personnelle. Si nous étions tombés malades il y a cent-cinquante ans, il aurait fallu que les médecins devinent ce qui se passe dans notre corps infecté. De nos jours, les technologies modernes leur permettent de prendre des images en trois dimensions de ce qui se passe dans le corps humain, des images qui montrent les tissus malades et les os fracturés. Il en va autrement quand il s’agit de regarder à l’intérieur du corps "spirituel". Même les techniques les plus modernes ne permettent pas de voir dans notre coeur pour diagnostiquer votre état spirituel. Mais la parole de Dieu, elle, le peut. Et que montre-t-elle ? Que dévoile-t-elle ?
Quand la parole met un coeur à nu, elle nous apprend d’abord qu’il est spirituellement "mort" à cause du péché ! C’est exactement le mot qu’utilise l’apôtre Paul quand il rappelle aux chrétiens d’Ephèse leur ancienne condition (2.1). L’homme naturel ressemble donc à la vallée des ossements décrite dans notre passage. Et quand L’Esprit le confronte à cette description de sa condition spirituelle, il se demande avec angoisse : "Y a-t-il de l’espoir pour moi ? " C’est aussi la question que Dieu pose à Ezéchiel quand il lui demande : "Ces os pourront-ils revivre ?" (v.3).
Mais voici la suite du récit. Dieu dit à Ezéchiel : "Prophétise sur ces os ! Tu leur annonceras : ‘Ossements desséchés, écoutez la parole de l’Eternel !’ Voici ce que dit le Seigneur, l’Eternel, à ces os : ‘Je vais faire entrer un esprit en vous et vous vivrez" (v.5) !
Frères et soeurs, les hôpitaux et les cliniques sont remplis de malades atteints de pathologies diverses. Certains portaient la maladie en eux depuis longtemps avant qu’elle ne soit diagnostiquée et soignée. Nous connaissons tous, malheureusement, des exemples dans nos familles, parmi nos proches, où la maladie a été décelée trop tard, avec pour effet une mort brutale. De même, des millions de gens souffrent du péché qui les ronge sans qu’ils le sachent (Rm 7.5). Ou bien, ils ignorent qu’ils sont spirituellement morts !
Aussi effrayant que cela soit, cette maladie pourrait même être diagnostiquée parmi nous, qui sommes réunis ce matin dans cette église. C’est pourquoi nous avons sans cesse besoin du miroir de la loi divine pour combattre sans relâche un mal qui ne dira jamais son dernier mot. Alors la question posée par Dieu devient la plus importante pour notre avenir : "Ces os – nos os - pourront-ils revivre ? " Le Seigneur répond à cette question de façon affirmative : "Je mettrai mon Esprit [de vie] en vous" (v.14).
La vision d’Ezéchiel connut un premier accomplissement quand Babylone fut renversée par une nouvelle puissance, celle des Mèdes et des Perses. Son roi, Cyrus, décida de libérer tous les peuples captifs. Il mettait ainsi un terme à 70 ans d’exil. En fait, c’est Dieu qui le poussa à prendre cette décision politique. Alors, Israël put retourner dans son pays, se réorganiser comme nation, reconstruire Jérusalem et le temple. Voilà comment le peuple mort se couvrit de chair et de peau et comment la nation ressuscita ! De la sorte, une autre promesse a pu s'accomplir : celle qui engageait Dieu au sujet de notre salut. Christ est venu, vrai Dieu et vrai homme ; une naissance survenue environ cinq siècles plus tard, à Noël ! Ce Sauveur a donné sa vie pour expier les péchés du monde en mourant sur la croix ; il est source de pardon pour le monde entier. De ce pardon découle la vie et la résurrection, car Jésus dit lui-même : Je suis la résurrection et la vie.
Le psaume qui ouvrait ce culte implore Dieu en ces termes : "Rends-moi justice, ô Dieu, défends ma cause ! " (Ps 43). L’Esprit nous répond en disant du Fils : "Il ne cassera pas le roseau abîmé et il n’éteindra pas la mèche qui fume encore, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher la justice" (Mt 12.18). A huit jours de la Semaine sainte, il est réconfortant d’entendre le Christ déclarer : "Déjà vous êtes purs à cause de la parole que je vous ai annoncée" (Jn 15.3) ; et encore : "Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie" (Jn 6).
Si un docteur parvenait à guérir ces maladies appelées "auto-immunes" telle la polyarthrite rhumatoïde dont souffre tant notre soeur Denise, la sclérose en plaques qui a emporté mon ami Jacques, la maladie de Crohn, etc. ne croyez-vous pas qu’il obtiendrait le prix Nobel et serait rapidement déclaré bienfaiteur de l’humanité ? Eh bien ! Ce qui tarde à venir pour le corps a été manifesté en Jésus : sa justice est la nôtre, sa sainteté est la nôtre, sa vie est la nôtre ; aussi longtemps, en tous cas, que nous le confessons comme notre Seigneur et Sauveur. "Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en vous, dit Paul, celui qui a ressuscité Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous" (Rm 8.11).
Nous avons ici une affirmation extrêmement claire de la résurrection corporelle. La Bible ne dit pas que Dieu nous donnera d’autres corps ; elle dit que Dieu rendra aussi la vie à nos corps mortels ! Donc les corps-mêmes qui seront dans la tombe reviendront à la vie. "J’ouvrirai vos tombes, dit l’Eternel au prophète, et vous en ferai sortir, vous qui êtes mon peuple" (v.13).
En ressuscitant son Fils, Dieu a voulu affirmer quelque chose : cette résurrection déclare que Dieu agréé le sacrifice de son Fils, et cette résurrection du Christ entraîne la résurrection des croyants. Nous sommes délivrés du péché, nous sommes délivrés de la mort par la foi en Jésus-Christ, mort et ressuscité ! Donc, la mort ne peut plus nous retenir, pas plus qu’elle n’a retenu Jésus ! Le péché rend le corps mort, le péché va faire mourir ce corps, mais la mort du croyant n’est qu’une sorte de sommeil, un état temporaire, transitoire. Nous ne mourrons pas, dans le sens littéral de ce terme : nous nous endormirons pour un jour nous réveiller ! Et l’Ecriture peut dire que c’est le Saint-Esprit qui donnera la vie à nos corps mortels. Le Saint-Esprit nous ayant conduits à Jésus, nous ayant unis à Jésus par la foi, nous ayant offert ou communiqué la grâce, le pardon et la vie éternelle, ce Saint-Esprit est du même coup, si l’on veut, l’auteur de notre résurrection à venir !
Voilà, chers amis, le premier message de ce texte pour notre vie personnelle. Voyons maintenant en quoi il veut influencer notre attitude envers ceux qui n’ont pas encore ressuscités spirituellement.
II
Quand le monde paraît sans vie et sans espérance, rappelons-nous que l’Esprit peut ressusciter ceux à qui nous annonçons l’Evangile ! Dieu avait demandé à Ezéchiel de "prophétiser" et d’annoncer sa parole. Cela signifie que de la bouche d’un homme sortit une parole vivante qui donna la vie aux ossements. De même quand vous êtes assis sur ces bancs et que vous entendez la parole de Dieu, vous recevez davantage qu’un simple enseignement. Vous recevez la vie par son Esprit (Jn 6.63). Et au moment de l’absolution, le Christ m’ordonne de dire en son nom : "Vos péchés sont pardonnés" ! C’est de cette façon que Dieu crée le miracle du pardon. Ces mots de Dieu, prononcés ici, ont le même pouvoir que ceux qui rendirent la vie aux ossements desséchés.
La "Chaîne thermale du Soleil" fait actuellement de la publicité à la radio et son slogan est le suivant : "Après le boom des naissances, voici le boom des renaissances ! " Autrement dit, les quinquagénaires comme moi ont tous rendez-vous à Amélie-les-Bains pour soigner leurs rhumatismes ! Et quand les eaux d’une station thermale vous ont fait du bien, vous en donnez l’adresse à votre famille et à vos voisins… Frères et soeurs, l’eau de vie du Seigneur Jésus ne vaut-elle pas qu’on la recommande avec autant de naturel et d’enthousiasme ? N’est-ce pas un puissant encouragement à prier Dieu avec force et conviction pour que nos parents, nos collègues de travail connaissent la même grâce et puissent un jour partager cette vie avec nous ?
De nos jours, beaucoup de personnes ne savent même pas ce qui se passe à l’intérieur d’une église et ne sauraient comment s’y prendre pour entrer. Le bâtiment lui-même – aussi beau soit-il ! - représente une barrière culturelle à franchir. La liturgie, les cantiques, l’orgue, la robe que je porte demandent un apprentissage. C’est pourquoi nous avons développé d’autres moyens d’exposer les gens à la parole de vie. L’Esprit agit dans les études bibliques ou quand nous lisons la Bible à la maison. Les hommes politiques ne s’y sont pas trompés : en période de campagne électorale, tous les partis organisent des "réunions d’appartement" pour aller à la rencontre des électeurs. Ils savent très bien que tous n’iront pas aux grands meetings pour soutenir leur candidat ; alors, ils créent de petites cellules plus intimes où les gens peuvent entendre le programme du parti.
Et pour nous, frères et soeurs : où en sont nos "réunions d’appartement" ? Tous n’ont pas la force ni le temps de faire du porte à porte comme un candidat en campagne, mais qui peut dire ici – tout en n’étant ni trop âgé, ni trop malade : ‘Je n’ai plus la force ni le temps de participer à une étude biblique’ ? Se pourrait-il que votre pasteur, comme Ezéchiel, ait l’impression de s’adresser à des morts, tant vous répondez rarement à ses messages ? Ou encore qui peut dire ici : ‘Je n’ai pas de voisin, je n’ai pas d’ami qui aient besoin du même Sauveur que moi ?’ Rappelons-nous que selon la Bible, nos proches ont besoin de la foi pour ressusciter spirituellement.
Si nous participons régulièrement à des cercles bibliques, nous constatons que des gens peuvent apprendre à mieux se connaître, ils peuvent y recevoir une instruction adaptée et se sentir plus à l’aise pour poser des questions. Dans la chaleur d’un foyer chrétien, des gens de tous âges et de toutes conditions sont là encore exposés à l’action bienfaisante de la parole. Elle les place devant le miroir de sa loi, éveille leur conscience aux dégâts du péché sur leur âme et dans leur vie. C’est alors, frères et soeurs, que le miracle se produit : le coeur se fait chair et renaît à la vie. C’est alors que l’esprit de servitude, comme le dit Paul aux Romains, se change en un Esprit d’adoption, par lequel les enfants de Dieu crient : "Abba ! Père ! "
Cette conversion vous pousse tout naturellement dans une église. Là encore, le Seigneur vous attend – vous les membres de l’Eglise - pour accueillir le nouveau venu. Cette ultime étape peut être désastreuse… Imaginez que le voisin, qui vous apprécie en tant que chrétien, ne vous retrouve pas dans la maison du Seigneur. Tout simplement parce que vous avez pris l’habitude de manquer régulièrement le culte. Que se passera-t-il ? Il n’y retournera plus ! Il aura trouvé une faille dans votre témoignage, un écart incompréhensible entre vos paroles et vos actes. Constatez donc que la cohérence de notre attitude a une grande importance…
Les ossements desséchés représentaient la condition de mort spirituelle du peuple. Notre Eglise nous paraît-elle peut-être comme un tas de vieux os, spirituellement morte, sans dynamisme ni enthousiasme ? Au lieu d’abandonner, prions pour un renouveau ! L’espérance et la prière de chaque Eglise devrait être que Dieu y insuffle son Esprit. Ne permettons pas au péché de prendre le dessus en nous et ne dise : "Nos os sont desséchés, notre espérance est détruite, nous sommes anéantis" (v.11) ; L’Esprit oeuvre activement pour éveiller chacun à lui et apporter une vie nouvelle au sein de chaque foyer. Allons à l’église et participons aux études bibliques ! C’est ainsi que Dieu peut traiter continuellement les faiblesses de notre coeur. Demeurons en Christ ! Nous qui sommes membre de son corps, nous verrons se lever d’autres gens dans la vallée des ossements ! Ensemble, nous vivrons, éternellement ! Car "C’est pour détruire les oeuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu" (1Jn 3.8).
En montrant à Ezéchiel cette vallée couverte d’ossements, Dieu lui avait demandé : "Fils de l’homme, ces os pourront-ils revivre ? " Ezéchiel a dû penser : "Non, ce n’est pas possible. Des morts ne peuvent pas revenir à la vie ! " C’est ce que pensent la plupart des gens aujourd’hui … Mais si Dieu te posait la même question : " […] tes os pourront-ils revivre ? " Que répondrais-tu ? La réponse t’a déjà été donnée ce matin quand tu as confessé avec tes frères et soeurs : "Je crois au Saint-Esprit, la sainte Eglise universelle, la rémission des péché, la résurrection de la chair et la vie éternelle". C’est là notre réponse ! "Oui ! Les morts reviendront à la vie, et c’est le Saint-Esprit qui ressuscitera nos corps et qui nous redonnera la vie, ainsi qu’à tous les croyants. Telle est la promesse de Dieu" !
Bien-aimés, gardons à l’esprit cette vision d’Ezéchiel, avec tous ces morts qui se lèvent et reviennent à la vie : qu’elle nous donne d’annoncer joyeusement la parole de vie autour de nous. Il n’y a pas de plus belle expérience chrétienne, de plus beau sujet de reconnaissance au Saint-Esprit que lorsqu’on vous dit : "Quelle chance j’ai eue de te rencontrer ! Par ton témoignage j’ai trouvé le Christ et j’ai maintenant l’assurance de la vie éternelle ! "
N’oublions pas non plus qu’à quelques détails près, cette scène du livre d’Ezéchiel décrit ce qui se passera pour nous à la fin du monde, en ce futur et beau jour de Pâques qui marquera notre entrée dans le bonheur éternel. Amen.
Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, gardera votre coeur et vos pensées en Jésus-Christ (Ph4.7). Amen !

dimanche 10 mars 2013

Notre Père (3) - Carême 2013

Chers frères et sœurs en Christ,
chers amis,


Le Notre Père commence par des idées très élevées. On y parle de la sainteté du nom de Dieu, de sa volonté, de son royaume...Mais dans la seconde partie, la prière s'oriente vers des réalités plus pratiques qui sont pourtant loin d'être dénuées de spiritualité.
Aujourd'hui, je voudrais que nous étudiions ensemble la première de ces requêtes: « donne nous aujourd'hui notre pain de ce jour ».
Donc, Jésus, après nous avoir dit de prier pour que le nom de Dieu soit sanctifié, que son règne vienne et que sa volonté soit faite, nous dit de demander à Dieu de nous donner ce dont nous avons besoin pour notre vie physique. Cela fait écho à ces autres parole de Christ  « cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice et toutes choses vous seront données en plus » Matthieu 6.33.
Je voudrais ce matin que nous découpions cette prière pour en analyser le contenu:
« Donne »
c'est une prière de dépendance. Ultimement, tout ce que nous avons est un don de Dieu. Cette prière reconnaît l'origine de notre pain.
Dieu ne se contente pas de régner sur le domaine dit « spirituel ». Il nous a créés être physiques, dotés de corps bien charnels qui ont des besoins. Cette dimension physique n'est pas inférieure ou en opposition avec l'aspect spirituel.
Beaucoup de gens diraient que leur pain quotidien (aujourd'hui: leurs revenus) viennent de leur travail, ou de leurs investissements même parfois. Mais ce ne sont là en fait que des moyens temporaires par lesquels Dieu déverse ses bénédictions sur nous. Oui, tu travailles dur et tu gagnes un argent bien mérité. Mais qui t'a permis d'avoir un travail? D'avoir la capacité de travailler? C'est ton Dieu; et chaque cent que tu tires de ton labeur vient en fait de lui. La première clé de cette requête est donc de se souvenir de la source réelle des bénédictions matérielles que nous recevons: Dieu.

Nous disons ensuite donne-nous aujourd'hui.

Cette référence au pain de ce jour (pas celui de demain) est une allusion à la manne. Après avoir quitté l'Égypte, le peuple se retrouva dans le désert et commença à se plaindre amèrement: Dieu ne les avait-ils pas abandonnés? Alors le Seigneur commença à leur envoyer une nourriture sous forme de petites concrétions: la manne. La manne tombait chaque matin avec la rosée. Chacun en avait assez pour se nourrir au long du jour, mais il n'était pas possible de faire des provisions car la manne pourrissait en 24 heures. Dieu a ainsi appris à son peuple à lui faire confiance et à dépendre de lui chaque jour.
Là encore, cette prière fait écho à d'autres paroles de Jésus: « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » (Matthieu 6.34)
Plus globalement, je crois que Dieu nous invite à ne pas tomber dans un piège trop courant: vivre dans le passé ou vivre dans le futur. Il y a des gens qui vivent dans le passé; soit parce qu'ils regrettent « le bon vieux temps » ou, plus souvent, parce qu'ils n'ont pas surmonté d'anciens échecs ou des souffrances qui leur ont été infligées il y a parfois des décennies!! Ils refusent de pardonner ou de se pardonner. Mais le passé, c'est le passé et nous ne pouvons vivre que dans le présent.
D'autres vivent dans le futur. Parfois, c'est parce qu'ils sont toujours en train de construire des projets grandioses qui n'arrivent jamais à rien. Mais beaucoup plus souvent, le futur inquiète, il effraie. De quoi demain sera t'il fait? Cette angoisse quant à l'avenir, elle est paralysante, au niveau d'un individu, d'une société ou même d'une église. Frères et sœurs, tous ces soucis sont vains. Comme nous l'a dit notre Seigneur: « Qui de vous peut, par ses inquiétudes, ajouter un instant à la durée de sa vie?» (Luc 12)

Le Notre Père nous place donc dans une perspective particulière: celle d'aujourd'hui; du maintenant où nous sommes appelés à pleinement nous engager, oubliant ce qui est passé et laissant les lendemains aux soins du Seigneur. Comme Luc le dit dans sa version du Notre Père « donne-nous jour après jour notre pain quotidien ». Jour après jour, pas à pas...Cela nous amène à une foi d'enfant, une foi qui chaque jour se renouvelle et fait confiance à son Père. Une foi qui nous permet de déposer toutes nos craintes et toutes nos inquiétudes au pied de la Croix pour en être soulagé.

Par ailleurs, nous prions donne nous ».
Encore une fois, le Notre Père détruit cet excès d'individualisme qui a fait tant de mal à nos sociétés. Il ne s'agit pas de prier en disant « Seigneur, donne moi ce dont j'ai besoin, bénis ma femme (ou mon époux), mes enfants, mon chien et mon petit mode de vie de classe moyenne française du 21ème siècle ».
Les bénédictions que nous demandons à titre individuel pour nous et pour les nôtres, nous demandons au Tout-Puissant de les étendre sur nos frères et sœurs en Christ et, plus largement, sur le monde entier.


Enfin, nous devons bien sûr parler du pain. Il y a bien sûr l'idée des choses nécessaires à la vie. Dans notre langue, « gagner son pain » et « gagner sa vie », c'est la même chose. Pour Luther, l'idée de pain quotidien dépasse de loin la nourriture et inclut « La nourriture, le vêtement, la demeure, le champ, le bétail, le gain de chaque jour, une famille pieuse, de bons maîtres et des serviteurs honnêtes, un bon gouvernement, des saisons favorables, la paix, l'ordre, la santé, l'honneur, des amis fidèles, de bons voisins, et en général toutes les choses nécessaires à l'entretien de cette vie. »

Beaucoup de choses, donc, mais des choses simples, de « première nécessité », qui permettent de vivre une vie peut-être simple, mais paisible. Nous demandons au Père de nous donner notre pain quotidien: pas du luxe, du superflu ou du bling-bling. Ici, le Notre Père nous invite à nous poser une question essentielle dans notre société de consommation: de quoi avons-nous vraiment besoin pour vivre et, surtout, pour être vraiment heureux...

Pour conclure, quelques remarques:

Cette partie du Notre Père nous fait réaliser que tout ce que nous avons vient de Dieu, et elle nous invite donc à des vies de reconnaissance. Rien n'est plus laid que l'ingratitude, et plus encore l'ingratitude envers Dieu.

Deuxièmement, cette partie du Notre Père cherche à nous enseigner le contentement. Dans notre société, trop de gens cherchent à en avoir « toujours plus ». Mais plus de quoi? De télés à écran plat ou de sens à la vie? Dans l'Ancien Testament, nous trouvons un prière d'Agur:
« Je te demande deux choses (...):éloigne de moi la fausseté et le mensonge, et ne me donne ni pauvreté ni richesse, mais accorde-moi le pain qui m'est nécessaire!» (Proverbes 30.7-9)
On pourrait reformuler ainsi: Dieu, débarrasse moi de tout ce qui est faux dans la vie, et donne-moi ce dont j'ai besoin, pas plus, pas moins parce que sinon je risque les écueils de l'orgueil ou du désespoir. Voilà je crois une perspective intéressante sur l'existence, dont nous pourrions tous nous inspirer.

Troisièmement, cette partie du Notre Père nous invite à la confiance. Elle nous invite à nous en remettre chaque jour à Dieu. Cela veut dire arrêter de penser à ce que nous allons ou devons faire pour se centrer sur ce que Dieu va faire. Et cela veut entrer dans une dimension où l'on s'attend à qu'un Dieu vivant écoute notre prière et y réponde d'un point de vue très matériel.

Enfin, cette partie du Notre Père nous invite à nous souvenir que si nous sommes bénis, c'est aussi pour bénir à notre tour. Là encore, on entre dans un aspect très pratique de notre foi (ou de notre manque de foi d'ailleurs). Il est clair que Dieu nous demande de consacrer une partie de ce qu'il nous a donné pour « le service de son Église et de nos frères ». Si nous ne le faisons pas ou si nous le faisons d'un cœur chagrin, ou si notre offrande n'est qu'une aumône, nous montrons que nous n'avons par encore compris ce que veut dire faire confiance à Dieu et obéir à sa sainte volonté. Oui, nous sommes bénis pour bénir, ne l'oublions pas. Et prenons garde à cette parole de l'apôtre: mon Dieu pourvoira à tous vos besoins conformément à sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ. (Philippiens 4.19)

Croyons-le, et demandons au Père de nous donner notre pain quotidien.

Amen.










vendredi 8 mars 2013

Dimanche 10 mars

Dimanche 10 mars au temple de Prailles

- 9h30: école biblique pour les jeunes

-10h30: culte

cordiale invitation à tous!

dimanche 3 mars 2013

Notre Père (2) - Carême 2013

Chers frères et sœurs en Christ,
chers amis,


Vous vous souvenez peut-être que lors de nos prédications de l'Avent, nous avons médité ensemble sur les paroles de Marie: « Je suis la servante du Seigneur, qu'il m'advienne selon ta parole ».
Vous vous demandez pourquoi je reviens à ce récit alors que nous nous approchons plutôt de Pâques. La raison est simple: nous étudions le Notre Père, et on peut dire que d'une certaine façon, Marie est la première à avoir dit « que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »
Pour continuer, je voudrais vous rappeler le récit de Matthieu où notre Seigneur fait face à sa propre mort, dans le jardin de Gethsemané.
36 Là-dessus, Jésus se rendit avec eux dans un endroit appelé Gethsémané et il dit aux disciples: «Asseyez-vous [ici] pendant que je m'éloignerai pour prier.» 37 Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée et il commença à être saisi de tristesse et d'angoisse. 38 Il leur dit alors: «Mon âme est triste à en mourir. Restez ici, éveillés avec moi.» 39 Puis il avança de quelques pas, se jeta le visage contre terre et fit cette prière: «Mon Père, si cela est possible, que cette coupe s'éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.» 40 Il revint vers les disciples, qu'il trouva endormis, et dit à Pierre: «Vous n'avez donc pas pu rester éveillés une seule heure avec moi! 41 Restez vigilants et priez pour ne pas céder à la tentation. L'esprit est bien disposé, mais par nature l'homme est faible.»
42 Il s'éloigna une deuxième fois et fit cette prière: «Mon Père, s'il n'est pas possible que cette coupe s'éloigne [de moi] sans que je la boive, que ta volonté soit faite!» 43 Il revint et les trouva encore endormis, car ils avaient les paupières lourdes. 44 Il les quitta, s'éloigna de nouveau et pria pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles.
Pour commencer cette prédication, je voudrais vous lire une citation du théologien Frederick Buechner: « Nous disons ''que ta volonté soit faite''. C'est le plus haut point de la première partie du Notre Père. Nous demandons à Dieu d'être Dieu. Nous lui demandons de faire non ce que nous voulons, mais ce qu'il veut (…) Nous disons ''que ton règne vienne''. Et qu'adviendrait-il si cela devait soudainement arriver ? »
Que ton règne vienne, ou encore que ton royaume arrive selon d'autres traductions...Et voilà que se pose déjà une question: qu'est-ce que c'est au juste que le royaume de Dieu? C'est un royaume bien sûr, mais qui n'a rien à voir, par exemple, avec celui de Sa Gracieuse Majesté Élisabeth II. Ce royaume-là n'est pas comme les royaumes de la terre. Ce ce qu'ont trop souvent oublié ceux qui rêvassent encore de rétablir la Chrétienté ou ceux qui, il n'y a pas si longtemps, voulaient apporter le Grand Soir une Bible dans une main et un Petit Livre Rouge dans l'autre!! Ce doit être bien commode de penser que ses idées politiques coïncident avec la volonté de Dieu!
Notre Église luthérienne n'a jamais rien eu à voir avec ces délires politico-religieux, parce qu'elle est une église biblique. Elle sait donc que le royaume de Dieu a été le grand thème de la prédication de Jésus. Le temps nous manquerait pour lire tous les textes, mais Jésus a souvent employé les paraboles pour nous faire comprendre ce qu'est le royaume de Dieu (ou des cieux, c'est pareil).
Le royaume de Dieu est comme...une graine minuscule qui grandit patiemment pour donner un grand arbre; un marchand qui vend tout ce qu'il a pour acheter une perle de grand prix. Le royaume de Dieu est aussi décrit comme un trésor caché dans un champ ou à un filet qui prend toutes sortes de poissons. Les exemples ne manquent pas dans les paraboles.
Ils nous font tous comprendre que le royaume de Dieu n'est pas un système juridique ou politique. Le royaume de Dieu n'est pas un territoire. Le royaume de Dieu se trouve partout où la volonté de Dieu est suivie et où ses valeurs dominent et orientent les vies. Le royaume de Dieu où la volonté de Dieu est suivie et obéie, et non pas notre volonté, celle de la société ou d'un courant de pensée.
Repensons à Marie. Pensons-nous vraiment que ça a été une joie pour elle d'apprendre qu'elle allait être enceinte, qui plus est sans avoir connu d'homme, dans une société où les « filles-mères » étaient méprisées? Et pourtant cette gamine de Galilée savait que Dieu était à l'œuvre. Elle a sur reconnaître que le royaume de Dieu était bel et bien là (on pourrait dire « en face d'elle »). Voilà pourquoi elle n'a pas pensé à la honte, aux rumeurs, aux doigts pointés vers elle. Marie a sur se soumettre à la volonté de Dieu. Et le Sauveur du monde est sorti de ses entrailles.


Quel est votre royaume? Qu'est-ce qui dirige votre vie? Quelles sont les valeurs par lesquelles vous vous évaluez et jugez les autres? Vers quoi ou qui vont vos efforts, votre allégeance? Votre bien-être? Votre argent? Votre famille? Votre tranquillité? Votre travail?
Ce sont là de bonnes choses, mais le risque existe toujours de voir nos petits royaumes personnels de confort entrer en conflit avec le royaume de Dieu.
Certains disent qu'il faudrait toujours se demander « que ferait Jésus à ma place ». C'est oublier que Jésus était le Fils de Dieu. En revanche, il sera certainement bon de se dire « Jésus a déjà tout fait pour que je sois entièrement pardonné de mes fautes, uni à lui et rendu capable de vivre un vie nouvelle. Dans telle ou telle situation, que ferait un disciple de Jésus?? »


Cela nous amène à la seconde moitié de ma méditation « que ta volonté soit faite ».
Dans le texte de Matthieu que nous venons de lire, Jésus prononce cette prière non pas une fois, non pas deux, mais trois fois. Trois, dans la mentalité hébraïque, c'est le nombre parfait, de la complétude. Est-ce que Jésus avait besoin d'encouragement? D'être rassuré sur le sens et la portée de ce qu'il se préparait à vivre sur la croix? Ce passage en tout cas capture à la fois l'humanité de Jésus, dans son angoisse et sa crainte et sa divinité, dans sa capacité à se soumettre à la volonté du Père.


Que ta volonté soit faite. C'est peut-être la plus difficile des prières. Elle veut dire que nous nous soumettons à Dieu. Elle implique un lâcher prise, qui n'a rien à voir avec du fatalisme, mais qui est la marque de la tranquille confiance de ceux qui savent que Dieu est leur père. Il s'agit de mettre la volonté de Dieu au dessus de notre propre volonté. Vaste projet!
Quelqu'un a dit un jour que quand nous prions le plus important n'est pas d'obtenir ce que nous désirons, mais plutôt de demander à Dieu de nous changer pour que puissions vouloir ce qu'il veut. Voilà ce que veut dire « que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».
Voilà pourquoi je dis que cette prière est en fait une dynamite? Quand nous demandons à Dieu d'accomplir sa volonté, d'étendre son règne y compris dans nos propres vies, sommes -nous vraiment sérieux? Parce que cela va tellement à l'encontre de ce que le monde nous dit: que le plus important, c'est nous, nous et nos désirs, notre liberté et nos caprices. Et nous avons que bien souvent nous suivrons notre propre volonté, notre propre jugement plutôt que ceux de Dieu. Et à ce moment-là, nous pourrons retourner vers la grâce de Dieu telle qu'elle nous a été donnée en Christ, car cela a été la volonté de Dieu qu'en lui nous soyons ses enfants.
Car Dieu n'est pas un Père Fouettard. Il ne cherchera jamais à nous contraindre, même s'il le pourrait. Il y a une patience, une pédagogie de Dieu à notre égard. Il agit par son Esprit pour enlever tout ce qui dans nos cœurs fait obstacle à sa volonté, pour que nous puissions y adhérer pleinement, volontairement, dans la joie et la liberté d'hommes et de femmes libres et responsables. Alors, sa volonté sera une fête pour nous nous, et nous serons dans la joie.


Amen.