dimanche 28 août 2011

Esaïe 55. 1-5

Un problème d'ordre technique nous empêche de poster le sermon de ce dimanche sur le blog. Nous vous proposons une prédication du pasteur François Poillet, de Mulhouse.

Esaïe
Vous tous qui avez soif, venez vers l'eau, même celui qui n'a pas d'argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait sans argent, sans rien payer! 2 Pourquoi dépensez-vous de l'argent pour ce qui ne nourrit pas? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas? Ecoutez-moi vraiment et vous mangerez ce qui est bon, vous savourerez des plats succulents.3 Tendez l'oreille et venez à moi, écoutez donc et vous vivrez! Je conclurai avec vous une alliance éternelle *pour vous assurer les grâces promises à David.4 Je l'ai établi comme un témoin pour les peuples, comme un guide et un chef pour eux.5 Tu appelleras des nations que tu ne connais pas, et des nations qui ne te connaissent pas accourront vers toi à cause de l'Eternel, ton Dieu, du Saint d'Israël, parce qu'il te donne sa splendeur.

 Frères et soeurs, je n’ai pas encore eu le courage de le faire, mais je pense que je le ferai bientôt : coller sur ma boîte aux lettres une étiquette disant : « Pas de Pub, SVP ». Car il y en a vraiment de trop. Bricoman (plus pro, moins cher), LIDL (moins cher !), Saturn (plus radin, plus malin !), Super U, Prix Bas, et j’en passe… Et chacun, particulièrement à l’approche de la rentrée, de vouloir être le partenaire de mon pouvoir d’achat, d’offrir un fort pourcentage de remise de fidélité immédiate ( !) et d’étaler ses occasions à saisir. Et dire que toute cette pub atterrit la plupart du temps, à peine sortie de la boîte aux lettres, dans la poubelle à papier.
Dieu aussi fait-il de la pub ? Le passage que nous méditons ressemble étrangement à la harangue d’un commerçant sur les marchés. Mais le Seigneur s’y prend autrement : il ne nous demande pas d’ouvrir notre porte-monnaie. Il ne nous dit pas comme les parfums l’Oréal : « Vous le valez bien ». Il n’y a rien à payer mais tout à gagner. Rien à faire valoir, et donc rien à mériter. L’offre que Dieu me fait est gratuite, elle est merveilleuse et unique, elle est là pour tous !
I
L’offre de Dieu est gratuite. L’Eternel envoie son prophète sur la place publique. Esaïe ressemble à un homme sandwich, ou plutôt à un camelot chargé de vanter sa marchandise, dont la voix retentit au loin et attire les foules. « Venez, achetez, mangez, buvez et vous serez rassasiés. Vous n’aurez plus ni faim ni soif ! » Et, cerise sur le gâteau, vous n’avez rien à payer, ni maintenant, ni plus tard. « Venez, venez, venez, mangez, buvez. » Oui, Dieu fait de la pub, et il sait qu’à force de répéter les choses, il finit par attirer l’attention des gens. « Les nations accourront », nous dit le texte, et ce ne seront pas des nigauds qui se laissent prendre au piège de l’achat impulsion, mais des gens qui savent où sont les véritables trésors.
Dieu fait tout pour être entendu, car il sait combien les hommes ont besoin de ce qu’il a à offrir. Ils ne le trouveront nulle part ailleurs, chez aucun des bonimenteurs religieux de ce monde.
Il y a cependant une grande différence entre tous les tracts publicitaires qu’on me dépose dans la boîte aux lettres et la publicité que Dieu s’efforce de faire. Si Lidl, Super U ou Prix bas m’abreuvent de leur pub, ce n’est pas parce qu’ils me porteraient dans leur coeur, mais parce qu’ils veulent mes sous. Ils veulent faire des affaires, et pour cela ils ont besoin de mon argent. C’est aussi simple que cela. Ce n’est pas, mais alors pas du tout le sens de la démarche de Dieu quand il me fait une offre. Ce qu’il cherche, ce n’est pas son propre intérêt, mais le mien. Pourquoi ? Parce qu’il m’aime, au-delà de tout ce que je peux imaginer.
L’amour, en effet, ne calcule pas. Il est gratuit. Comme c’est le cas de ce qui se passe régulièrement à l’église, quand nous entrons dans l’alliance de grâce du baptême, que nous entendons l’Evangile, que nous sommes déliés de nos péchés, que nous prenons le pain et le vin comme ce matin, qui est la communion au corps et au sang de Jésus. C’est gratuit.
« Vous tous qui avez soif, venez vers l’eau, même celui qui n’a pas d’argent ! Venez, achetez et mangez, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer ! » Aucun piège. Pas d’anguille sous roche ni d’eau dans le gaz. Nous ne prêchons pas pour prendre les gens au filet.
Frères et soeurs, cela ne signifie pas que les cadeaux qu’il nous fait ne lui aient rien coûté. Il a payé cher, très cher. Que Dieu nous regarde de façon aussi favorable est dû uniquement à ce que son Fils Jésus-Christ s’est substitué à nous et a accompli la loi à notre place par son obéissance parfaite. Il est le remède divin au péché de l’homme. Dans sa vie, ses souffrances et sa mort parfaites, il s’est chargé des péchés du monde entier, de façon à pouvoir nous présenter à son Père parfaits, sans tâche ni souillure. Tel est le message de la Bible tout entière : Dieu lui-même a résolu en Jésus-Christ le problème de nos péchés et de notre culpabilité.
Justifiés et sauvés par sa grâce, par le moyen de la rédemption et par la foi, sans les oeuvres de la loi. Attention ! Je n’ai pas dit qu’on n’a pas besoin de faire des oeuvres ! J’ai dit que nous n’avons pas à payer notre salut…
Le festin auquel Dieu nous invite est gratuit, entièrement gratuit. Les aliments offerts en sont une image. C’est d’abord tout simplement de l’eau et du pain, les aliments indispensables. Puis, dans la seconde partie du verset, viennent les aliments plus coûteux et plus nobles : le vin, qui est comme le lait des adultes, et le lait, ce vin des enfants (1P 2.2). Ainsi la satisfaction est non seulement suffisante, mais variée et même abondante pour tous. On ne peut entendre cette royale invitation de la grâce sans penser au : « Venez, car tout est prêt, » de la parabole (Mt 22.4). Parole que je prononcerai bientôt pour vous inviter à participer à la cène…
II
L’offre de Dieu est gratuite. Elle est aussi merveilleuse et unique. C’est plus que du haut de gamme ! C’est du top niveau ! Hélas, dans notre esprit surgit la question que l’on se pose toujours quand on a affaire à de la publicité : se pourrait-il que Dieu crée en nous des besoins qu’il se propose ensuite de satisfaire ? Est-ce que sans son offre nous ne serions pas tout aussi heureux et épanouis ? En d’autres termes : avons-nous vraiment besoin de son Evangile et de sa communion ?
La réponse est oui, nous en avons besoin, terriblement besoin. Jésus établit lui-même un lien entre lui, sa parole, et l’image de l’eau. La femme samaritaine, par exemple, avait demandé à boire à Jésus. Le Christ lui avait répondu : « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jn 6.35). Plus loin il déclare : « Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture » (Jn 7.38). Après avoir fait naître la foi par le miracle du baptême, Dieu poursuit donc son oeuvre pour la faire grandir et la fortifier : c’est la proclamation de sa parole qui nous purifie et nous nourrit, à l’aide de sermons et d’études bibliques centrées sur le Christ, l’eau de vie. Dieu agit encore par le témoignage des moniteurs de l’école du dimanche et le ministère des catéchistes qui racontent les histoires bibliques. C’est ainsi qu’il purifie et nourrit ses enfants par sa parole vivante, son aliment spirituel.
On a coutume de dire : « Ce qui ne coûte rien ne vaut rien.» Attention : les cadeaux de Dieu ne sont pas gratuits parce qu’ils ne vaudraient rien ou pas grand-chose, mais parce qu’ils sont indispensables, hors de notre portée. Esaïe demande : « Pourquoi dépensez-vous de l’argent pour ce qui ne nourrit pas ? Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? »
Les questions du prophète sont d’actualité. Ces jours derniers, je pense que nous étions nombreux à ne pas sortir sans une petite bouteille d’eau… Les 40° degrés – et davantage encore – ont éprouvé notre organisme et nous avons pensé à faire ce qu’il faut pour le protéger. Mais si notre société sait créer des plans sanitaires en cas de forte chaleur, elle pourrait – si elle ne l’est pas déjà – tomber sous la menace du prophète Amos : « Les jours viennent, déclare le Seigneur, l’Eternel, où j’enverrai la famine dans le pays, non pas la faim et la soif de l’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles de l’Eternel. Ils iront çà et là pour chercher la parole de l’Eternel, et ils ne la trouveront pas »… (Am 8.11-12).
Mes amis, que ne dépense-t-on pas pour consulter les voyantes et les devins ? Que de gens croient trouver dans les horoscopes des révélations sur leur personnalité, des conseils pour leur vie sentimentale ou professionnelle. Je pense aussi à certaines formes de thérapies reposant sur des philosophies aux antipodes de notre foi, de méditations curatives pour lesquelles beaucoup consacre un budget certain… Ce pourrait-il que Dieu nous souffle à l’oreille :


« Pourquoi dépensez-vous de l’argent pour ce qui ne nourrit pas ? », pour ce qui laisse le coeur vide ?
Il est une vie qui demeure quand on a perdu l’envie de s’amuser comme le font ceux qui n’ont que l’amusement pour donner un sens à leur existence. Une vie qui demeure quand plus aucun argent ni plus aucune médecine ne peuvent nous guérir de la maladie dont nous souffrons, une vie qui démontre sa force précisément là où notre existence terrestre se heurte à ses limites. Le Seigneur nous propose une vie qui ne tourne pas autour de nos besoins, petits ou grands, de nos envies et de nos caprices, mais une vie comblée parce qu’elle jaillit de Dieu et détient de lui sa plénitude. Une vie plus forte que les problèmes du quotidien, plus forte que nos fautes et nos échecs, plus forte que la mort. « Venez, venez, venez », nous dit le prophète. Venez boire aux sources de l’Evangile !
Voilà la nourriture qui rassasie, l’eau qui apaise la soif, le vin qui réjouit. Voilà une publicité qui ne ment pas, une publicité qui ne crée pas de besoins factices et ne suscite pas de faux espoirs.
III
L’offre de Dieu est gratuite ; elle est merveilleuse et unique. Et enfin, elle est là pour tous. Jésus est avant tout le Messie d’Israël. Mais il est aussi, et la Bible est formelle à ce sujet, le Sauveur du monde entier.
Citons Esaïe : « Je t’ai établi comme un témoin pour les peuples, comme un guide et un chef pour eux. Tu appelleras des nations que tu ne connais pas, et des nations qui ne te connaissent pas accourront vers toi à cause de l’Eternel, ton Dieu, du Saint d’Israël, parce qu’il te donne sa splendeur. » (V.4-5).
Frères et soeurs, c’est de cela qu’il est question avant tout et de façon fondamentale dans le christianisme : Jésus, Dieu devenu homme, est le Sauveur du monde. C’est en confessant cela de ses lèvres que l’Eglise de Jésus-Christ est entrée dans l’histoire. Et c’est avec ce témoignage : Le Seigneur, c’est Jésus-Christ » (Ph 2.11) qu’elle parcourt l’histoire pour entrer dans l’éternité.

L’offre de Dieu est là pour tous, pour le Français que tu es, pour toi, homme ou femme, enfant, jeune, adulte ou vieux. Elle est pour ceux qui ont fait de longues études comme pour ceux qui ont commencé à travailler à 14 ou 15 ans. Elle est pour les employés comme pour les employeurs, pour les humbles CDD comme pour les cadres, pour les gros salaires comme pour les RMIstes, pour ceux à qui tout a réussi dans la vie comme pour ceux qui ont joué de malchance et essuyé de cruels échecs. Personne n’est exclu.
Elle est aussi sans condition ! Tu peux la rejeter, mais tu ne peux pas la mériter. Tu peux dire : « Je n’en veux pas, et la religion ne m’intéresse pas ! », mais tu ne peux pas dire : « Dieu me doit son amour et son salut. »
Il ne faut pas s’étonner que l’Eglise milite et se batte pour ce message, qu’elle se fasse pressante. La mission de l’Eglise n’est pas d’imposer l’Evangile aux gens, et encore moins de s’en servir pour leur mettre la pression et exercer une tyrannie sur leur âme. Elle est, et cela c’est Dieu qui le dit, de proclamer à tous les hommes qu’il n’y a de salut en aucun autre qu’en son Fils Jésus, l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le Prince de la vie, celui qui a les clés de la mort et du séjour des morts.
L’Eglise elle-même n’a rien à y gagner. Elle ne se bat pas pour augmenter le nombre de ses fidèles et remplir ses bancs, ni pour améliorer ses rentrées d’argent. Elle se bat pour son Dieu, pour que son salut soit connu, accepté, cru et vécu. Elle se bat parce que le Seigneur veut remplir son paradis, parce qu’il voudrait que tous les hommes qu’il a créés se retrouvent un jour autour de son trône. Et pour cela, il ne suffit pas de dire : « Dieu est bon. Il ne manquera pas de pardonner nos peccadilles » !
C’est pourquoi l’Eglise ne peut pas se taire. Oui, elle a pour mission de faire de la pub pour son Dieu. « Venez, venez, venez », dit le prophète, « venez acheter sans argent, mangez et soyez rassasiés pour l’éternité"!
Frères et soeurs, ne faisons pas de mauvais procès à l’Eglise si elle insiste, si son invitation au salut se fait pressante et urgente ; elle ne fait qu’obéir à son Dieu dont l’offre est gratuite, merveilleuse et valable pour tous. Pour toi et pour moi, pour chacun de nous, pour les hommes du monde entier.
Amen !

LUMIERE SUR LA PAROLE


Chaque semaine, l'Eglise Luthérienne en Poitou publie Lumière sur la Parole, une étude des textes du dimanche suivant.

Aussi bien destinée aux croyants isolés qu'aux groupes bibliques, Lumière sur la Parole est disponible par mail, gratuitement et sans engagement de votre part. Pour vous inscrire sur la liste de diffusion, envoyez-nous un simple mail à elpblog [at] yahoo. fr

A bientôt!! 


merci de noter que nous ne communiquons pas votre adresse mail à une tierce partie et que vous pouvez vous désinscrire sur simple demande.









lundi 22 août 2011


CONCERT 
Célébrations
Spirituelles

(Bach, Beethoven, hymnes et cantiques...)

Chant, cordes et claviers

le 3 septembre 2011 à 20 heures
au temple de Beaussais (79)

Organisé par l'Eglise Luthérienne en Poitou


ENTREE GRATUITE
(libre participation aux frais)

Renseignements: 05.49.32.83.47 ou elpblog@yahoo.fr

dimanche 21 août 2011

LUC 16.1-9

 Sermon du pasteur François Poillet, 21 août 2011

Jésus dit aussi à ses disciples: «Un homme riche avait un intendant. On vint lui rapporter qu'il gaspillait ses biens.
2 Il l'appela et lui dit: 'Qu'est-ce que j'entends dire à ton sujet? Rends compte de ta gestion, car tu ne pourras plus gérer mes biens.'
3 L'intendant se dit en lui-même: 'Que vais-je faire, puisque mon maître m'enlève la gestion de ses biens? Travailler la terre? Je n'en ai pas la force. Mendier? J'en ai honte.
4 Je sais ce que je ferai pour qu'il y ait des gens qui m'accueillent chez eux quand je serai renvoyé de mon emploi.'
5 Il fit venir chacun des débiteurs de son maître et dit au premier: 'Combien dois-tu à mon maître?' 6 Je dois 100 tonneaux d'huile d'olive', répondit-il. Il lui dit: 'Voici ton reçu, assieds-toi vite et écris 50.'
7 Il dit ensuite à un autre: 'Et toi, combien dois-tu?' 'Je dois 100 mesures de blé', répondit-il. Et il lui dit: 'Voici ton reçu, écris 80.'
8 Le maître fit l'éloge de l'intendant malhonnête à cause de l'habileté dont il avait fait preuve. En effet, les enfants de ce monde sont plus habiles vis-à-vis de leur génération que ne le sont les enfants de la lumière.
9 »Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin qu'ils vous accueillent dans les habitations éternelles lorsqu'elles viendront à vous manquer.




Frères et soeurs, aujourd’hui je vais vous parler de profits, de placements, de richesses et de gestion astucieuse ; je vais vous tenir le langage de ceux qui savent flairer les bonnes affaires et se remuer quand il s’agit de décrocher un marché. Une méditation qui trouvera d’ailleurs un écho particulier en ces jours de grande inquiétude, alors que les bourses européennes sont au bord du malaise et qu’une nouvelle crise financière ébranle les marchés internationaux… Le thème de notre message sera : Chrétiens soyez encore plus habiles que cet intendant malhonnête ! Examinons sa manière d’agir et voyons en quoi nous devons le surpasser !
Pour une fois, Jésus nous raconte une histoire très douteuse et en fait le fondement de son enseignement. De quoi s’agit-il? 

Nous avons affaire à quelqu’un qui va être licencié pour incompétence. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’employé, averti du sort qui l’attend, va se livrer à plusieurs manoeuvres malhonnêtes pour atténuer les conséquences de son licenciement. En réalité, il va se préparer un parachute doré ! Le voici qui se rend chez chaque client endetté et lui offre une remise importante. Il fait des largesses avec l’argent de son patron. Une dernière magouille qui pourra lui assurer un toit quand il se retrouvera sans emploi… On nous dit que l’intendant gaspillait les biens de son maître ; il est donc aussi rapide à distribuer ce qui ne lui appartient pas. Allez ! Reconnaissons-lui au moins trois qualités : il sait évaluer sa situation ; il ne manque pas d’habileté et ne traîne pas une seconde dans ses projets. Et Jésus de conclure : les incroyants sont plus avisés dans les affaires de ce monde que ne le sont les croyants avec les richesses du royaume. Et toc ! Alors oui, reconnaissons-le : cette parabole nous laisse un peu perplexes, d’autant que toute la leçon repose sur les agissements très discutables de cet employé si peu modèle : c’est l’apologie de la roublardise, la louange de l’escroquerie !
Mais voyons maintenant en quoi nous devons le surpasser. Je pense que tout le monde aura compris que Jésus ne nous invite pas à devenir malhonnêtes, ni à gérer nos difficultés par la tricherie ou la fraude. Le point de comparaison se situe au niveau de l’intelligence et de l’énergie dont a fait preuve le personnage.
Chaque jour, les journaux nous révèlent comment beaucoup de gens savent faire preuve d’imagination et même concevoir des coups vraiment tordus pour augmenter leur patrimoine et étendre leur pouvoir. Or, Jésus signale que les croyants eux-aussi possèdent des richesses, des avantages et des honneurs, mais ils ne sauraient pas les exploiter ! Il semble nous dire : vous qui possédez le ciel en héritage, ne devriez-vous pas vous montrer aussi entreprenant que ceux qui suent sang et eau pour les biens de ce monde ? Bien qui ne sont que passagers !
Frères et soeurs, nous aussi nous sommes les employés, si je puis dire, d’un maître très riche. Ce maître, c’est Dieu, le Père tout-puissant. Il nous a fait une place dans sa maison et a mis à notre disposition des biens de grandes valeurs : sa grâce, la vie et le salut en Jésus-Christ, avec tous les avantages que nous pouvons en tirer dès maintenant. Tous ces biens, Dieu les a déposés sur un compte qui s’appelle l’Evangile. Chacun de nous a procuration pour prélever de riches bénédictions. Dieu fait cela parce qu’il nous aime, et quand on aime, on est généreux.
Ce dépôt est semblable aux pots d’huile et de farine de la veuve de Sarepta : inépuisable ! Christ a suffisamment payé pour que rien ne manque, à aucun moment : son sacrifice, le don de sa vie donne à tous les titulaires les privilèges du royaume de Dieu. C’est le livre de compte rêvé de la ménagère, le budget idéal des foyers : jamais de fins de mois difficiles, aucun découvert… Nommons les actifs de ce plan divin. C’est avant tout le pardon en Jésus-Christ, pardon qui est semblable au plus génial des placements que jamais banquier ne pourra proposer ! Tous les pécheurs repentants le désirent, le recherchent car ils en tirent tous les jours des garanties qui apaisent et leur donnent de l’assurance devant Dieu. Avec cet avoir, plus rien ne peut les exposer à un déficit de grâce ni les séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Dans notre patrimoine céleste, citons aussi notre baptême qui est l’acte de notre rachat ; il nous délivre de notre ancien créancier qui en voulait mortellement à notre âme et nous donne le salut éternel ! Cette annulation de nos dettes, Dieu l’associe encore à la cène qui est la communion au corps et au sang de Christ, conformément à sa volonté, ainsi qu’à son absolution qui nous permet de sortir du temple aussi heureux qu’un gagnant de l’Euro-million…
Autre revenu de ce précieux placement : la prière. C’est l’activité la plus gratifiante qui soit puisqu’elle nous rappelle que Dieu n’est pas un Dieu mort, mais vivant ! Il veut qu’on lui parle car il entend et il écoute. Comme il est aussi un Dieu d’amour, il connaît nos cris de détresses et nos souffrances, et il descend promptement pour nous délivrer avec une grande force. Nous pourrions encore citer la communion fraternelle, et tout ce que Dieu nous donne comme sujets de joie lorsqu’on se retrouve entre frères et soeurs dans la foi… Et voyez, le Seigneur ressemble à ces parents qui, à Noël ou aux anniversaires, glissent un chèque à leurs enfants. Disons qu’ils leur offriraient bien un cadeau plus… personnel, mais ils leur disent : « Bon, voilà : vous vous offrirez ce qui vous fait plaisir – au moins, on est sûr de ne pas se tromper ». Et là, en tant qu’enfant, vous pouvez être confrontés à deux choix. Soit vous vous faites réellement plaisir en vous offrant un beau livre ou un manteau que vous n’auriez certainement pas payé ce prix là en temps normal, soit vous vous dites : je vais mettre l’argent sur mon épargne, bien au chaud et cela aidera éventuellement à finir le mois.
Je ne conteste pas cette prudence, surtout quand les finances sont réellement difficiles. Pourtant voyez : en agissant ainsi, d’une part vous ne retirerez aucun plaisir particulier de ce qu’on vous a donné, mais surtout vous ne pourrez pas dire à vos parents : « Tiens, avec l’argent que vous m’avez donné pour Noël, eh bien ! Je me suis acheté ce livre ou ce manteau… Et chaque fois que je le vois, je pense à vous… »
Frères et soeurs, nous sommes nombreux à être un peu frileux, comme cela, avec le compte pourtant bien approvisionné que le Seigneur nous a légué. Ce serait très encourageant pour tout le monde si les revenus de ce beau placement s’étalaient joyeusement autour de nous, sous l’action de l’Esprit saint !
Plutôt que d’épargner, ou de diluer le don reçu dans les dépenses courantes – de sorte qu’il n’en reste plus rien de concret, finalement – j’ai appris personnellement toute la valeur de savoir exprimer son contentement. En économie, cela s’appelle une augmentation du pouvoir d’achat. En Christ, cela s’appelle une augmentation du pouvoir de la foi ; ou, si vous préférez, la foi qui crée du bonheur autour de soi.
Et la parabole nous rappelle que cette quête d’une vie sainte et productive de richesses, pour soi et les autres, devrait nous occuper comme l’a été cet intendant qui, dans la crainte de manquer, a mis au point tout un plan pour assurer son avenir matériel. Regarde, nous dit l’Esprit, comme cet
homme a su prendre son agenda, ses livres de comptes, et se mettre en route pour faire le tour de tous les débiteurs de son ex-employeur ! Fais-moi plaisir : montre-moi chaque jour par de belles oeuvres ce que tu t’es offert avec mes trésors d’amour et de pardon. Fais-moi admirer les fruits qui ornent désormais le jardin de ta foi. Tu es un enfant de lumière, alors surpasse les enfants de ce monde ! Frères et soeurs, savons-nous tirer un grand profit des trésors de Dieu et les faire valoir pour nous-mêmes et pour les autres ? Aimons-nous encore plus que tout, le culte qui nous rassemble, le dimanche, autour de la parole, de la prière, de la louange et de l’amour fraternel ? Savons-nous tirer profit de nos cercles bibliques ? Et nous, qui aimons nos enfants, et qui courons chez le docteur dès qu’il s’agit de leur santé, savons-nous courir chez le pasteur pour leur santé éternelle ? Sommes-nous conscients de la beauté de notre message pour en donner envie à nos familles, nos voisins et tous ceux qui s’interrogent de nous voir fréquenter une église ? Savons-nous investir et faire de bons placements auprès de Dieu en mettant à son service une part de notre temps, de nos forces, de nos capacités, de nos offrandes ? Jésus semble dire : Voyez comme les gens de ce monde sont débrouillards et agités pour les biens éphémères de cette vie ; à combien plus forte raison, vous qui êtes les bénis de mon Père, devriez-vous faire valoir vos trésors et en multiplier les profits !
Le maître fit l’éloge de l’intendant malhonnête, nous dit-on. Répétons-le : il ne loue pas la malhonnêteté mais l’intelligence dont son employé a fait preuve pour assurer sans scrupule son avenir. Jésus nous montre en passant que l’intelligence n’est pas un privilège réservé au monde et dont les chrétiens seraient dépourvus ! En reconnaissant clairement sa situation, la brièveté du temps à sa disposition, l’intendant avait prouvé son intelligence. Et il avait agit en conséquence !
Suivant son exemple, supprimons toutes nos paresses et nos indécisions dans nos travaux pour le Seigneur, et remplaçons-les par la clairvoyance, le sens des décisions, l’ingéniosité, les réflexes appropriés, en un mot : l’intelligence !
Il n’est pas permis aux enfants de lumière de se tromper sur eux-mêmes. La marche de l’Eglise, le fonctionnement de notre paroisse, tout ce que nous voulons entreprendre pour qu’elle grandisse et que chacun s’y sente bien, est-ce que tout cela n’exige pas autant de réalisme, d’intelligence et d’engagement que toutes les associations de ce monde auxquelles nous savons aussi donner de notre temps ? Jésus savait pourquoi il insistait tellement sur cette nécessité.
Chers amis, nous savons que le Seigneur n’est pas qu’un donneur de leçons. Il est précisément celui qui a aussi les moyens de faire de nous de bons gestionnaires des trésors de son royaume. Demandons-le lui, avec une grande confiance.
Amen !

dimanche 14 août 2011

MATTHIEU 15.21-28

21 Jésus partit de là et se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon. 22 Alors une femme cananéenne qui venait de cette région lui cria: «Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David! Ma fille est cruellement tourmentée par un démon.»
23 Il ne lui répondit pas un mot; ses disciples s'approchèrent et lui demandèrent: «Renvoie-la, car elle crie derrière nous.» 24 Il répondit: «Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la communauté d'Israël.»
25 Mais elle vint se prosterner devant lui et dit: «Seigneur, secours-moi!» 26 Il répondit: «Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens.» 27 «Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.»
28 Alors Jésus lui dit: «Femme, ta foi est grande. Sois traitée conformément à ton désir.» A partir de ce moment, sa fille fut guérie.




Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
chers amis,

En 1931, Charlie Chaplin fut la vedette du film « City Lights », dont le titre a été traduit en français par « Les Lumières de la Ville ». Chaplin joue le rôle d'un clochard errant dans les rues d'une grande ville. Il rencontre une jeune femme aveugle qui vend des fleurs au coin d'une rue et tombe amoureux d'elle. La pauvre aveugle croit qu'il est un millionnaire. Le clochard ne veut pas la décevoir et trouve tous les petit boulots possibles pour récolter l'argent qui rendra possible l'opération dont son aimée a besoin pour retrouver la vue. Plus tard, il sauve du suicide un millionnaire qui, pour le remercier lui donne 1000 $. Hélas, le millionnaire était saoûl à ce moment là et quand il émerge de son ivresse, il ne se souvient de rien et accuse le clochard de vol. Avant d'être arrêté, Charlot a le temps de donner l'argent à la jeune fille.
La fin du film est considéré comme un des moments les plus émouvants du cinéma mondial. Sorti de prison, le clochard retourne dans la rue où se trouvait la jeune fille et réalise qu'elle a ouvert un magasin de fleurs avec sa grand-mère. Chaque fois qu'un homme riche s'arrête au magasin, la jeune femme se demande s'il ne s'agit pas de son bienfaiteur. Charlot ramasse une fleur au sol, mais elle tombe en morceaux. Les deux femmes rient de l'aspect pitoyable du pauvre homme. La jeune fille lui tend une nouvelle fleur mais, quand elle touche sa main, elle réalise que c'est celle de l'homme qui l'aimait et lui avait permis de retrouver la vue.
Charlot: « alors, vous pouvez voir maintenant? »
et l'ex-aveugle répond: « oui, maintenant je peux voir ».


Le clochard n'était qu'une pauvre chose, dévalorisée et méprisée par ceux qui le voyaient. Tout le monde pensait que ce pauvre, ce sans-abri, était un bon à rien et les enfants se moquaient de lui. Même la jeune fille se moque de lui quand elle voit pour le première fois ses vêtements rapés, son attitude gauche. Personne ne semblait pouvoir aller au-delà de l'apparence, ils étaient incapables de voir l'être intérieur, celui d'un homme qui aimaitet aidait les autres, dont la générosité a permis à l'aveugle de voir de nouveau, qui voulait juste être aimé et accepté.

Une femme s'approche de Jésus, et elle n'est traité qu'avec mépris. C'est une cananéenne, une païenne immorale et impure aux yeux des juifs. A éviter à tout prix.
Elle suit Jésus en criant “ Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David!!”. Imaginez la scène. 13 hommes juifs (au moins) avec à leurs basques cette païenne qui crie, qui supplie, qui fait un boucan du diable. Dans la rue, les gens se retournent: qu'est-ce qui se passe?? Vous pouvez imaginer les disciples s'adresser à la femme “Maintenant tu arrêtes! Tu n'as donc aucune dignité pour te comporter comme ça? Tu nous déranges, tu déranges le maître et tu nous a l'air bien dérangée toi-même! On n'a rien à faire avec toi, et Jésus encore moins!”
Clairement, les disciples voient la femme comme les gens voyaient le clochard dans le film de Chaplin. Mais la femme passe par dessus tout ça, et elle continue à cherche à atteindre celui qui peut l'aider.
Ils continuent à marcher. Jésus ne dit rien. Ses disciples lui demandent de renvoyer cette créature. Enfin, Jésus répond, sans doute plus en direction des disciples que de la femme: “pourquoi devrais-je l'aider? Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues du peuple d'Israël et elle n'est pas juive”.
La femme a peut-être entendu ces mots, mais encore une fois, elle ne se décourage pas. Elle se jette aux pieds de Jésus et crie “Jésus, aide-moi!”
Jésus répond “je suis venu pour mon propre peuple. Tu es une cananéenne, une ennemie des juifs. Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens.”
Voilà des paroles que nous avons du mal à entendre dans la bouche de Jésus. Dans la culture de l'époque, les chiens étaient vraiment des animaux méprisés, et traiter quelqu'un de chien était une insulte.
Après un tel coup, la cananéene aurait très bien pu dire “bon d'accord, j'ai compris. Mes espoirs étaient vains. Il n'y a rien pour moi ici. Je m'en vais”.
Mais rien n'arrête cette femme. Elle sait très bien qu'elle a franchi toutes barrières, tous les tabous religieux, ethniques, sociaux. Elle sait bien qu'elle ne rencontre que du mépris et elle n'en a rien à faire. Elle a besoin d'aide et est déterminée à la trouver où elle est.
Avec une bel esprit, elle répond à Jésus: “d'accord, je suis un chien, au mieux un chien domestique. Mais même ces chiens reçoivent les restes de la table de leur maître”. En d'autres termes “la seule chose que je sais, c'est que j'ai besoin d'aide et que je suis prête comme les chiens à attendre que tout le monde est fini avant de pouvoir manger. Je ne suis personne, je ne suis pas importante, mais toi Jésus, tu peux m'aider. Tu peux même m'insulter, mais aide moi, je t'en prie!”
Alors Jésus reconnaît que la foi de la femme est grande et il guérit sa fille.
Pourquoi Jésus parle t'il d'une “grande foi”? Il y a plusieurs raisons.
Premièrement, elle savait que Jésus n'avait aucune obligation envers elle. Elle savait qu'elle était une cananéenne, une païenne, une femme. Elle savait que Jésus n'avait pas à lui répondre, mais cela ne faisait aucune différence pour elle. Elle avait besoin d'aide et rien n'allait pouvoir l'arrêter.
Deuxièmement, la femme montre sa foi par sa persistance. Même quand tout est fait pour la décourager, elle continue, elle persévère, même lorsqu'elle est
éprouvée” par Jésus.
Troisièmement; nous voyons aussi beaucoup d'amour en cette femme, et la foi va avec l'amour. Amour pour sa fille en l'occurrence, qui est la raison pour laquelle elle s'approche de Jésus et s'y accroche.
Et enfin, la foi de la femme est aussi caractérisée par sa grande humilité. Elle est prête à se comparer à un chien.
Jésus a devant lui une femme païenne agenouillée et implorante, donnant un spectacle que ses disciples trouvent sans doute révulsant. Mais le Seigneur voit qu'il y a bien plus que cela sous cette apparence, comme pour le clochard. Au delà de l'apparence, au delà des tabous, Jésus voit une femme remplie d'amour, une femme déterminée, une foi dont la foi ne regarde plus qu'à lui et à ce qu'il peut faire pour sa fille. “Femme, ta foi est grande”

Il y a plusieurs années, j'ai fait partie d'un petit groupe de formateurs dans un séminaire. Un de mes collègues a commencé sa session en montrant un billet de 100 euros. “Qui aimerait avoir ce billet?”
Plusieurs mains se levèrent.
Puis il froissa le billet et demanda “qui veut 100 euros?”
De nouveau, des mains levées
Alors, l'animateur jeta le billet au sol et le foula du pied.
Encore des amateurs?”
Là encore des mains levées
nous venons donc d'apprendre une leçon. Peu importe ce qui est arrivé à ce billet, vous continuez à le vouloir, parce que sa valeur, elle, n'a pas changé. Nous aussi, il y a des fois dans nos vies où nous allons être froissés, jetés au sol et piétinés à cause de nos fautes, de celles des autres ou par l'enchaînement de la vie. Mais, même lorsque cela arrive, vous ne perdrez jamais votre valeur, et elle est inestimable”.
Il avait raison. Nous avons un prix infini aux yeux de Dieu. Chacun d'entre nous est une création de Dieu, aimée de Dieu et que le Père veut sauver de sa folie et de son péché par Jésus, son Fils.
Nous avons tous en tête je pense, ces paroles de la Bible où Dieu nous promet qu'il ne nous oubliera jamais et que son bras se déploiera pour nous aider. Nous savons que l'Esprit intercède pour nous et que Dieu sait ce dont nous avons besoin. Nous savons que nos fautes et notre indignité ne diminuent jamais l'amour profond que le Père a pour nous. En fait, son coeur se déverse encore plus pour nous lorsque nous avons plus particulièrement besoin de son secours.
Alors, si nous savons que tout ceci est vrai, pourquoi mettons-nous souvent si longtemps à aller chercher de l'aide là où nous avons que nous pouvons la trouver? Pourquoi continuons-nous à nous battre seuls contre nos problèmes? Parce que nous sommes trop fiers pour reconnaître que nous avons besoin d'aide? Parce que nous avons peur d'être tourné en ridicule lorsque nous disons que nous faisons confiance à Dieu pour nous aider? Est-ce que nous nourrissons cette idée tordue selon laquelle Dieu nous bombarde d'épreuves et que nous devons nous en sortir seuls?

Frères et soeurs, la façon dont nous faisons face à nos problèmes indique bien où nous mettons notre foi. Si nous croyons que Jésus-Christ tient les clés de notre existence, qu'il est vivant et capable de faire la différence, que rien n'est hors de sa portée, alors, c'est vers lui que nous irons en premier, avant toute chose.
L'évangile de ce matin n'est pas qu'une belle histoire qui s'est passée il y a des siècles. Le Jésus dont la Bible rend témoignage n'a pas changé. Il veut toucher vos vies et la mienne, toute nos vies, tous les jours.
Il aurait pu passer devant nous, ne voyant que notre péché, notre radicale stupidité. Il aurait pu détourner son regard de nous, comme nous le faisons parfois des clochards dans la rue. Mais il regarde en face notre faiblesse, notre douleur parfois et même notre manque de confiance en lui. Tout cela, il le voit même mieux que nous, et cela ne nous empêche pas de nous aimer.
La foi de la femme lui a permis de reconnaître en Jésus le seul qui pourrait et voudrait aider sa fille, et sa foi lui a donné l'audace et la persévérance dont elle avait besoin.
Comme la cananéenne, nous avons aussi besoin d'être aidés, d'être aimés. Jésus nous invite aujourd'hui à lui faire confiance et à faire appel à lui. Sa mort expiatoire nous permet de de lui présenter toutes nos requêtes. Le clochard de Chaplin vivait dans les lumières de la ville, mais avec Christ nous pouvons recevoir la lumière de la vie. Croyons en la promesse de Christ, notre Seigneur et notre Dieu: il va nous aider.

dimanche 7 août 2011

1 ROIS 19.9-18

autres textes: Romains 9.1-5, Matthieu 14.22-33




Deux récits nous sont proposés ce dimanche pour notre méditation. L'un des deux est un épisode de la vie du prophète Elie. Il y a du vent, un grand tremblement de terre, du feu. De quoi faire peur. Le second récit est celui, bien connu, où Jésus marche sur les eaux. Les disciples sont dans un bateau sur le lac, une tempête s'élève, la barque manque de chavirer. Là aussi, on a peur.

Nous allons voir successivement ces deux récits, en commençant par celui de la tempête. Nous allons examiner plus particulièrement les réactions de deux hommes qui se trouvent pris dans ces dangers. D'abord Pierre, ensuite Elie. Et nous essayerons de tirer quelques conclusions valables pour nous.

Dans l'épisode précédent, Jésus a multiplié des pains et des poissons, il les a distribués aux gens d'une grande foule — on parle de cinq mille hommes — qui était venue l'écouter. Jésus ordonne à ses disciples de partir avant lui pour traverser le lac. Il reste seul, il monte au sommet d'une de ces collines de Galilée et là il prie. Tout est calme là haut, Jésus a tout le loisir de parler avec Dieu, son Père et le nôtre. Mais en bas, c'est le contraire. Le vent s'est levé, les vagues bousculent la barque, les disciples sont en danger.

On retrouve ici le symbolisme biblique. Dans l'Ancien Testament, l'eau de source, l'eau des rivières et des fleuves est un symbole de vie. Il faut de l'eau pour vivre. Mais l'eau en masse, l'eau des mers et des lacs est, au contraire, un symbole de mort. Si on y tombe, on se noie, on meurt. En hébreu, le même mot désigne à la fois la mer et le lac. Matthieu emploie le mot mer, mais en réalité c'est un lac, le lac de Génésareth ou de Kinéreth. Le danger que représente l'eau du lac est renforcé par le vent de tempête. L'eau, les vagues plus le vent, c'est un mélange maléfique où les disciples risquent de perdre la vie. Alors il est d'autant plus étonnant que Jésus marche sur les eaux. Il y a marché sans enfoncer, sans mourir. On peut y voir un autre symbole : si Jésus peut marcher sur l'eau, cela veut dire qu'il domine le mal. Il surmonte le mal, il est plus fort que le mal.

Pierre est dans la barque, avec ses collègues disciples. Les autres poussent des cris de frayeur, parce qu'ils croient voir un fantôme. Mais Pierre, sans doute plus audacieux que les autres, veut aussi marcher sur l'eau du lac. Il veut faire comme Jésus. Il veut se mettre à la même place que Jésus. On peut dire qu'il veut se mettre à la même place que Dieu, car Dieu seul domine les eaux. Personne ne demandait à Pierre de marcher sur l'eau. Aujourd'hui, on peut glisser sur l'eau, cela s'appelle du ski nautique. Mais ce genre de sport n'existe pas du temps de Jésus. Pierre commet un acte inutile, un acte absurde, puisqu'il ne sert à rien.

Jésus le laisse faire. Il lui dit : "Viens !". Jésus ne s'oppose pas au désir insensé de Pierre. Au contraire, il l'invite à venir le rejoindre à la surface de l'eau. Jésus permet à Pierre de faire ses expériences. Celle-là sera une expérience malheureuse, elle a failli se terminer par la noyade. Pierre en sera quitte pour la peur. Parfois Dieu nous laisse faire aussi nos expériences. On apprend la vie à coups de réussites et d'échecs, et il y a des échecs coûteux. Mais Dieu nous éduque comme on éduque des enfants. Ils apprennent par eux-mêmes qu'on ne peut pas tout faire.

Pierre s'est exposé pour rien. Il a failli se détruire. Il a manqué de foi. Une traductrice de Matthieu, sœur Jeanne d'Arc, dit que Pierre est un minicroyant. Le mot est assez joli. Il dit bien les dispositions de Pierre. Pierre n'a peut-être pas manqué de foi pour se tenir debout sur l'eau. Mais il n'a pas attendu que Dieu lui demande de le faire. Il n'a pas reçu de mission particulière. Dieu ne l'a pas lancé dans une aventure difficile. Il a voulu tout faire par lui-même. Son manque de foi, c'est d'avoir voulu agir sans avoir reçu vocation de Dieu, sans que Dieu lui commande quoi que ce soit. Il s'est lancé sans Dieu et il a fallu que Jésus rattrape sa bêtise au dernier moment.

Elie (mosaïque de Ravenne)

Voilà pour Pierre. Voyons maintenant ce qui se passe pour Elie. Nous sommes au neuvième siècle avant notre ère. Le paganisme a envahi le royaume d'Israël, le royaume qui s'est formé au nord après la rupture avec les descendants de David, qui règnent dans Juda, le royaume du sud. Le roi Akhab et sa femme Jézabel donnent le mauvais exemple. Le prophète Elie lutte de toutes ses forces contre la religion. Il veut ramener la population à la foi en Dieu, le Seigneur des Israélites. Mais la reine le prend en haine. Elle veut le faire tuer. Elie est obligé de s'enfuir pour échapper à la police. Il voyage vers le mont Horeb, l'autre nom du mont Sinaï, là où Dieu avait fait alliance avec Israël. Là, il rencontre Dieu.

Cette rencontre a lieu de façon bizarre. Elie se tient à l'entrée d'une caverne. Il se passe des phénomènes terrifiants. D'abord un vent extrêmement violent. Un vent tellement fort qu'il casse les rochers dans la montagne. Puis un tremblement de terre comme il y en a dans cette région volcanique. Elie pourrait très bien être enseveli sous un pan de montagne qui s'écroule. Et puis du feu. Cette fois, Elie risque de brûler. Mais Dieu n'est ni dans le vent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu. Il est ailleurs. A ce moment une voix se fait entendre. On a du mal à traduire l'expression qui l'annonce. "Le bruissement d'un souffle ténu", dit la Traduction Œcuménique. La traduction du Rabbinat français a compris : "Un doux et subtil murmure". Quelque chose d'indéfinissable. Mais Elie reconnaît la voix de Dieu, qui lui parle. Le Seigneur lui donne des ordres. Elie doit repartir, il doit quitter la montagne et retourner d'où il vient. Il doit désigner un certain Hazaël comme roi de Syrie, un nommé Jéhu comme roi d'Israël, en versant de l'huile sur leur tête. Il doit aussi désigner son successeur, Elisée, qui sera prophète après lui.

Voilà la mission qu'Elie reçoit de Dieu. Elle n'est pas sans danger. Elie doit se rendre en Israël pour oindre Jéhu, mais là il peut très bien rencontrer ses ennemis, qui le tueront. Il fera le voyage de Syrie, mais le futur roi Hazaël ne croit pas en Dieu. Il peut bien se demander ce que vient faire chez lui le prophète d'un dieu inconnu, il peut le chasser avant qu'Elie puisse remplir sa mission.

Oui, Elie court des dangers, et il le sait. Mais en acceptant de les affronter, il prépare l'avenir. Jéhu, le futur roi d'Israël, luttera contre les usurpateurs et contre la religion. En tant que roi, il travaillera dans le même sens que le prophète Elie. Un nouveau roi, une dynastie nouvelle, signifient aussi une autre politique. Dans cette population gouvernée autrement, il y aura les sept mille hommes dont Dieu parle à Elie et qui, eux au moins, ne se sont pas salis au contact de la religion. Elie va préparer un nouvel avenir pour son pays. Il était arrivé au mont Horeb découragé, brisé par son échec à vaincre la religion. Mais sa mission sera également un nouvel avenir pour lui. Tout va changer.

Nos deux récits, celui de Matthieu avec Pierre, qui veut marcher sur l'eau, et celui avec Elie, que Dieu remet en route, ces deux récits nous parlent d'une lutte. Avec Pierre, c'est la lutte contre la tempête. Pierre veut rejoindre Jésus, il veut être plus fort que le vent et les vagues furieuses. Mais il le fait sans avoir reçu l'ordre de Dieu. Il le fait sans cette foi qui serait attente des instructions de Dieu, sans que rien lui ait été commandé. Et naturellement c'est un échec lamentable. Quand on veut agir par soi-même, c'est raté…

Par contre, avec Elie, on a un homme qui a perdu son enthousiasme du début. Il ne se sent plus apte à continuer son combat contre le paganisme, contre la religion. Il croit qu'il n'y a plus rien à faire. Mais c'est juste à ce moment-là, quand Elie est en plein désarroi, quand il ne compte plus sur lui
-même, que Dieu lui donne une autre mission. Ou bien c'est la même mission sous une autre forme. Le prophète Elie prend Dieu au mot, il lui fait confiance. La suite du récit sur Elie montrera qu'il réussira. Il n'a rien fait de lui-même, il a écouté la Parole du Seigneur, il a cru, il a su que le Seigneur était avec lui. Et il a réalisé quelque chose de positif, quelque chose de valable pour la suite de l'histoire de son pays.

Elie le prophète et Pierre le disciple nous donnent deux exemples en sens inverse de deux attitudes possibles dans nos relations avec le monde et avec Dieu. Dans le monde, il y a souvent quelque chose qui ressemble à des tempêtes. Il y a souvent des forces destructrices qui se déchaînent, qui causent des ravages et qui tuent des hommes. Il y a toujours aussi des éléments qui ressemblent au paganisme que le prophète Elie combattait.

Devant ces distorsions de l'humanité, nous pouvons rester passifs. C'est la solution de paresse, qui se cherche de bonnes raisons. Nous pouvons essayer de lutter par nous-mêmes. Nous nous jetons à l'eau comme Pierre. Mais nous nous apercevons vite que les forces que nous affrontons nous dépassent. Comment affronter les défis auxquels l'Eglise doit faire face, nos propres problèmes, les grandes questions de notre temps? Nous prenons peur, comme Pierre, et nous commençons à couler, au moins moralement. C'est raté...

Nous pouvons aussi nous dire que Dieu ne supporte pas ces débordements qui vont contre son projet pour le monde. Nous pouvons comprendre que nous sommes engagés avec lui dans une lutte qui rejoint celle d'Elie. Nos moyens sont faibles, nous le savons. Nous savons que le Seigneur ne compte pas sur nos forces, mais que nous devons apprendre à compter sur les siennes. Ce que nous ferons ne sera pas notre entreprise, mais l'entreprise du Seigneur. Et lui, le Seigneur, donnera à ce que nous essayerons de faire le succès qu'il voudra.