dimanche 14 août 2011

MATTHIEU 15.21-28

21 Jésus partit de là et se retira dans le territoire de Tyr et de Sidon. 22 Alors une femme cananéenne qui venait de cette région lui cria: «Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David! Ma fille est cruellement tourmentée par un démon.»
23 Il ne lui répondit pas un mot; ses disciples s'approchèrent et lui demandèrent: «Renvoie-la, car elle crie derrière nous.» 24 Il répondit: «Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la communauté d'Israël.»
25 Mais elle vint se prosterner devant lui et dit: «Seigneur, secours-moi!» 26 Il répondit: «Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens.» 27 «Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.»
28 Alors Jésus lui dit: «Femme, ta foi est grande. Sois traitée conformément à ton désir.» A partir de ce moment, sa fille fut guérie.




Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
chers amis,

En 1931, Charlie Chaplin fut la vedette du film « City Lights », dont le titre a été traduit en français par « Les Lumières de la Ville ». Chaplin joue le rôle d'un clochard errant dans les rues d'une grande ville. Il rencontre une jeune femme aveugle qui vend des fleurs au coin d'une rue et tombe amoureux d'elle. La pauvre aveugle croit qu'il est un millionnaire. Le clochard ne veut pas la décevoir et trouve tous les petit boulots possibles pour récolter l'argent qui rendra possible l'opération dont son aimée a besoin pour retrouver la vue. Plus tard, il sauve du suicide un millionnaire qui, pour le remercier lui donne 1000 $. Hélas, le millionnaire était saoûl à ce moment là et quand il émerge de son ivresse, il ne se souvient de rien et accuse le clochard de vol. Avant d'être arrêté, Charlot a le temps de donner l'argent à la jeune fille.
La fin du film est considéré comme un des moments les plus émouvants du cinéma mondial. Sorti de prison, le clochard retourne dans la rue où se trouvait la jeune fille et réalise qu'elle a ouvert un magasin de fleurs avec sa grand-mère. Chaque fois qu'un homme riche s'arrête au magasin, la jeune femme se demande s'il ne s'agit pas de son bienfaiteur. Charlot ramasse une fleur au sol, mais elle tombe en morceaux. Les deux femmes rient de l'aspect pitoyable du pauvre homme. La jeune fille lui tend une nouvelle fleur mais, quand elle touche sa main, elle réalise que c'est celle de l'homme qui l'aimait et lui avait permis de retrouver la vue.
Charlot: « alors, vous pouvez voir maintenant? »
et l'ex-aveugle répond: « oui, maintenant je peux voir ».


Le clochard n'était qu'une pauvre chose, dévalorisée et méprisée par ceux qui le voyaient. Tout le monde pensait que ce pauvre, ce sans-abri, était un bon à rien et les enfants se moquaient de lui. Même la jeune fille se moque de lui quand elle voit pour le première fois ses vêtements rapés, son attitude gauche. Personne ne semblait pouvoir aller au-delà de l'apparence, ils étaient incapables de voir l'être intérieur, celui d'un homme qui aimaitet aidait les autres, dont la générosité a permis à l'aveugle de voir de nouveau, qui voulait juste être aimé et accepté.

Une femme s'approche de Jésus, et elle n'est traité qu'avec mépris. C'est une cananéenne, une païenne immorale et impure aux yeux des juifs. A éviter à tout prix.
Elle suit Jésus en criant “ Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David!!”. Imaginez la scène. 13 hommes juifs (au moins) avec à leurs basques cette païenne qui crie, qui supplie, qui fait un boucan du diable. Dans la rue, les gens se retournent: qu'est-ce qui se passe?? Vous pouvez imaginer les disciples s'adresser à la femme “Maintenant tu arrêtes! Tu n'as donc aucune dignité pour te comporter comme ça? Tu nous déranges, tu déranges le maître et tu nous a l'air bien dérangée toi-même! On n'a rien à faire avec toi, et Jésus encore moins!”
Clairement, les disciples voient la femme comme les gens voyaient le clochard dans le film de Chaplin. Mais la femme passe par dessus tout ça, et elle continue à cherche à atteindre celui qui peut l'aider.
Ils continuent à marcher. Jésus ne dit rien. Ses disciples lui demandent de renvoyer cette créature. Enfin, Jésus répond, sans doute plus en direction des disciples que de la femme: “pourquoi devrais-je l'aider? Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues du peuple d'Israël et elle n'est pas juive”.
La femme a peut-être entendu ces mots, mais encore une fois, elle ne se décourage pas. Elle se jette aux pieds de Jésus et crie “Jésus, aide-moi!”
Jésus répond “je suis venu pour mon propre peuple. Tu es une cananéenne, une ennemie des juifs. Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens.”
Voilà des paroles que nous avons du mal à entendre dans la bouche de Jésus. Dans la culture de l'époque, les chiens étaient vraiment des animaux méprisés, et traiter quelqu'un de chien était une insulte.
Après un tel coup, la cananéene aurait très bien pu dire “bon d'accord, j'ai compris. Mes espoirs étaient vains. Il n'y a rien pour moi ici. Je m'en vais”.
Mais rien n'arrête cette femme. Elle sait très bien qu'elle a franchi toutes barrières, tous les tabous religieux, ethniques, sociaux. Elle sait bien qu'elle ne rencontre que du mépris et elle n'en a rien à faire. Elle a besoin d'aide et est déterminée à la trouver où elle est.
Avec une bel esprit, elle répond à Jésus: “d'accord, je suis un chien, au mieux un chien domestique. Mais même ces chiens reçoivent les restes de la table de leur maître”. En d'autres termes “la seule chose que je sais, c'est que j'ai besoin d'aide et que je suis prête comme les chiens à attendre que tout le monde est fini avant de pouvoir manger. Je ne suis personne, je ne suis pas importante, mais toi Jésus, tu peux m'aider. Tu peux même m'insulter, mais aide moi, je t'en prie!”
Alors Jésus reconnaît que la foi de la femme est grande et il guérit sa fille.
Pourquoi Jésus parle t'il d'une “grande foi”? Il y a plusieurs raisons.
Premièrement, elle savait que Jésus n'avait aucune obligation envers elle. Elle savait qu'elle était une cananéenne, une païenne, une femme. Elle savait que Jésus n'avait pas à lui répondre, mais cela ne faisait aucune différence pour elle. Elle avait besoin d'aide et rien n'allait pouvoir l'arrêter.
Deuxièmement, la femme montre sa foi par sa persistance. Même quand tout est fait pour la décourager, elle continue, elle persévère, même lorsqu'elle est
éprouvée” par Jésus.
Troisièmement; nous voyons aussi beaucoup d'amour en cette femme, et la foi va avec l'amour. Amour pour sa fille en l'occurrence, qui est la raison pour laquelle elle s'approche de Jésus et s'y accroche.
Et enfin, la foi de la femme est aussi caractérisée par sa grande humilité. Elle est prête à se comparer à un chien.
Jésus a devant lui une femme païenne agenouillée et implorante, donnant un spectacle que ses disciples trouvent sans doute révulsant. Mais le Seigneur voit qu'il y a bien plus que cela sous cette apparence, comme pour le clochard. Au delà de l'apparence, au delà des tabous, Jésus voit une femme remplie d'amour, une femme déterminée, une foi dont la foi ne regarde plus qu'à lui et à ce qu'il peut faire pour sa fille. “Femme, ta foi est grande”

Il y a plusieurs années, j'ai fait partie d'un petit groupe de formateurs dans un séminaire. Un de mes collègues a commencé sa session en montrant un billet de 100 euros. “Qui aimerait avoir ce billet?”
Plusieurs mains se levèrent.
Puis il froissa le billet et demanda “qui veut 100 euros?”
De nouveau, des mains levées
Alors, l'animateur jeta le billet au sol et le foula du pied.
Encore des amateurs?”
Là encore des mains levées
nous venons donc d'apprendre une leçon. Peu importe ce qui est arrivé à ce billet, vous continuez à le vouloir, parce que sa valeur, elle, n'a pas changé. Nous aussi, il y a des fois dans nos vies où nous allons être froissés, jetés au sol et piétinés à cause de nos fautes, de celles des autres ou par l'enchaînement de la vie. Mais, même lorsque cela arrive, vous ne perdrez jamais votre valeur, et elle est inestimable”.
Il avait raison. Nous avons un prix infini aux yeux de Dieu. Chacun d'entre nous est une création de Dieu, aimée de Dieu et que le Père veut sauver de sa folie et de son péché par Jésus, son Fils.
Nous avons tous en tête je pense, ces paroles de la Bible où Dieu nous promet qu'il ne nous oubliera jamais et que son bras se déploiera pour nous aider. Nous savons que l'Esprit intercède pour nous et que Dieu sait ce dont nous avons besoin. Nous savons que nos fautes et notre indignité ne diminuent jamais l'amour profond que le Père a pour nous. En fait, son coeur se déverse encore plus pour nous lorsque nous avons plus particulièrement besoin de son secours.
Alors, si nous savons que tout ceci est vrai, pourquoi mettons-nous souvent si longtemps à aller chercher de l'aide là où nous avons que nous pouvons la trouver? Pourquoi continuons-nous à nous battre seuls contre nos problèmes? Parce que nous sommes trop fiers pour reconnaître que nous avons besoin d'aide? Parce que nous avons peur d'être tourné en ridicule lorsque nous disons que nous faisons confiance à Dieu pour nous aider? Est-ce que nous nourrissons cette idée tordue selon laquelle Dieu nous bombarde d'épreuves et que nous devons nous en sortir seuls?

Frères et soeurs, la façon dont nous faisons face à nos problèmes indique bien où nous mettons notre foi. Si nous croyons que Jésus-Christ tient les clés de notre existence, qu'il est vivant et capable de faire la différence, que rien n'est hors de sa portée, alors, c'est vers lui que nous irons en premier, avant toute chose.
L'évangile de ce matin n'est pas qu'une belle histoire qui s'est passée il y a des siècles. Le Jésus dont la Bible rend témoignage n'a pas changé. Il veut toucher vos vies et la mienne, toute nos vies, tous les jours.
Il aurait pu passer devant nous, ne voyant que notre péché, notre radicale stupidité. Il aurait pu détourner son regard de nous, comme nous le faisons parfois des clochards dans la rue. Mais il regarde en face notre faiblesse, notre douleur parfois et même notre manque de confiance en lui. Tout cela, il le voit même mieux que nous, et cela ne nous empêche pas de nous aimer.
La foi de la femme lui a permis de reconnaître en Jésus le seul qui pourrait et voudrait aider sa fille, et sa foi lui a donné l'audace et la persévérance dont elle avait besoin.
Comme la cananéenne, nous avons aussi besoin d'être aidés, d'être aimés. Jésus nous invite aujourd'hui à lui faire confiance et à faire appel à lui. Sa mort expiatoire nous permet de de lui présenter toutes nos requêtes. Le clochard de Chaplin vivait dans les lumières de la ville, mais avec Christ nous pouvons recevoir la lumière de la vie. Croyons en la promesse de Christ, notre Seigneur et notre Dieu: il va nous aider.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très bon sermon. Je vous remercie. Je souhaiterais que la Parole de Dieu soit prêchée avec autant de fidélité et de clarté!