dimanche 21 août 2011

LUC 16.1-9

 Sermon du pasteur François Poillet, 21 août 2011

Jésus dit aussi à ses disciples: «Un homme riche avait un intendant. On vint lui rapporter qu'il gaspillait ses biens.
2 Il l'appela et lui dit: 'Qu'est-ce que j'entends dire à ton sujet? Rends compte de ta gestion, car tu ne pourras plus gérer mes biens.'
3 L'intendant se dit en lui-même: 'Que vais-je faire, puisque mon maître m'enlève la gestion de ses biens? Travailler la terre? Je n'en ai pas la force. Mendier? J'en ai honte.
4 Je sais ce que je ferai pour qu'il y ait des gens qui m'accueillent chez eux quand je serai renvoyé de mon emploi.'
5 Il fit venir chacun des débiteurs de son maître et dit au premier: 'Combien dois-tu à mon maître?' 6 Je dois 100 tonneaux d'huile d'olive', répondit-il. Il lui dit: 'Voici ton reçu, assieds-toi vite et écris 50.'
7 Il dit ensuite à un autre: 'Et toi, combien dois-tu?' 'Je dois 100 mesures de blé', répondit-il. Et il lui dit: 'Voici ton reçu, écris 80.'
8 Le maître fit l'éloge de l'intendant malhonnête à cause de l'habileté dont il avait fait preuve. En effet, les enfants de ce monde sont plus habiles vis-à-vis de leur génération que ne le sont les enfants de la lumière.
9 »Et moi, je vous dis: Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin qu'ils vous accueillent dans les habitations éternelles lorsqu'elles viendront à vous manquer.




Frères et soeurs, aujourd’hui je vais vous parler de profits, de placements, de richesses et de gestion astucieuse ; je vais vous tenir le langage de ceux qui savent flairer les bonnes affaires et se remuer quand il s’agit de décrocher un marché. Une méditation qui trouvera d’ailleurs un écho particulier en ces jours de grande inquiétude, alors que les bourses européennes sont au bord du malaise et qu’une nouvelle crise financière ébranle les marchés internationaux… Le thème de notre message sera : Chrétiens soyez encore plus habiles que cet intendant malhonnête ! Examinons sa manière d’agir et voyons en quoi nous devons le surpasser !
Pour une fois, Jésus nous raconte une histoire très douteuse et en fait le fondement de son enseignement. De quoi s’agit-il? 

Nous avons affaire à quelqu’un qui va être licencié pour incompétence. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’employé, averti du sort qui l’attend, va se livrer à plusieurs manoeuvres malhonnêtes pour atténuer les conséquences de son licenciement. En réalité, il va se préparer un parachute doré ! Le voici qui se rend chez chaque client endetté et lui offre une remise importante. Il fait des largesses avec l’argent de son patron. Une dernière magouille qui pourra lui assurer un toit quand il se retrouvera sans emploi… On nous dit que l’intendant gaspillait les biens de son maître ; il est donc aussi rapide à distribuer ce qui ne lui appartient pas. Allez ! Reconnaissons-lui au moins trois qualités : il sait évaluer sa situation ; il ne manque pas d’habileté et ne traîne pas une seconde dans ses projets. Et Jésus de conclure : les incroyants sont plus avisés dans les affaires de ce monde que ne le sont les croyants avec les richesses du royaume. Et toc ! Alors oui, reconnaissons-le : cette parabole nous laisse un peu perplexes, d’autant que toute la leçon repose sur les agissements très discutables de cet employé si peu modèle : c’est l’apologie de la roublardise, la louange de l’escroquerie !
Mais voyons maintenant en quoi nous devons le surpasser. Je pense que tout le monde aura compris que Jésus ne nous invite pas à devenir malhonnêtes, ni à gérer nos difficultés par la tricherie ou la fraude. Le point de comparaison se situe au niveau de l’intelligence et de l’énergie dont a fait preuve le personnage.
Chaque jour, les journaux nous révèlent comment beaucoup de gens savent faire preuve d’imagination et même concevoir des coups vraiment tordus pour augmenter leur patrimoine et étendre leur pouvoir. Or, Jésus signale que les croyants eux-aussi possèdent des richesses, des avantages et des honneurs, mais ils ne sauraient pas les exploiter ! Il semble nous dire : vous qui possédez le ciel en héritage, ne devriez-vous pas vous montrer aussi entreprenant que ceux qui suent sang et eau pour les biens de ce monde ? Bien qui ne sont que passagers !
Frères et soeurs, nous aussi nous sommes les employés, si je puis dire, d’un maître très riche. Ce maître, c’est Dieu, le Père tout-puissant. Il nous a fait une place dans sa maison et a mis à notre disposition des biens de grandes valeurs : sa grâce, la vie et le salut en Jésus-Christ, avec tous les avantages que nous pouvons en tirer dès maintenant. Tous ces biens, Dieu les a déposés sur un compte qui s’appelle l’Evangile. Chacun de nous a procuration pour prélever de riches bénédictions. Dieu fait cela parce qu’il nous aime, et quand on aime, on est généreux.
Ce dépôt est semblable aux pots d’huile et de farine de la veuve de Sarepta : inépuisable ! Christ a suffisamment payé pour que rien ne manque, à aucun moment : son sacrifice, le don de sa vie donne à tous les titulaires les privilèges du royaume de Dieu. C’est le livre de compte rêvé de la ménagère, le budget idéal des foyers : jamais de fins de mois difficiles, aucun découvert… Nommons les actifs de ce plan divin. C’est avant tout le pardon en Jésus-Christ, pardon qui est semblable au plus génial des placements que jamais banquier ne pourra proposer ! Tous les pécheurs repentants le désirent, le recherchent car ils en tirent tous les jours des garanties qui apaisent et leur donnent de l’assurance devant Dieu. Avec cet avoir, plus rien ne peut les exposer à un déficit de grâce ni les séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Dans notre patrimoine céleste, citons aussi notre baptême qui est l’acte de notre rachat ; il nous délivre de notre ancien créancier qui en voulait mortellement à notre âme et nous donne le salut éternel ! Cette annulation de nos dettes, Dieu l’associe encore à la cène qui est la communion au corps et au sang de Christ, conformément à sa volonté, ainsi qu’à son absolution qui nous permet de sortir du temple aussi heureux qu’un gagnant de l’Euro-million…
Autre revenu de ce précieux placement : la prière. C’est l’activité la plus gratifiante qui soit puisqu’elle nous rappelle que Dieu n’est pas un Dieu mort, mais vivant ! Il veut qu’on lui parle car il entend et il écoute. Comme il est aussi un Dieu d’amour, il connaît nos cris de détresses et nos souffrances, et il descend promptement pour nous délivrer avec une grande force. Nous pourrions encore citer la communion fraternelle, et tout ce que Dieu nous donne comme sujets de joie lorsqu’on se retrouve entre frères et soeurs dans la foi… Et voyez, le Seigneur ressemble à ces parents qui, à Noël ou aux anniversaires, glissent un chèque à leurs enfants. Disons qu’ils leur offriraient bien un cadeau plus… personnel, mais ils leur disent : « Bon, voilà : vous vous offrirez ce qui vous fait plaisir – au moins, on est sûr de ne pas se tromper ». Et là, en tant qu’enfant, vous pouvez être confrontés à deux choix. Soit vous vous faites réellement plaisir en vous offrant un beau livre ou un manteau que vous n’auriez certainement pas payé ce prix là en temps normal, soit vous vous dites : je vais mettre l’argent sur mon épargne, bien au chaud et cela aidera éventuellement à finir le mois.
Je ne conteste pas cette prudence, surtout quand les finances sont réellement difficiles. Pourtant voyez : en agissant ainsi, d’une part vous ne retirerez aucun plaisir particulier de ce qu’on vous a donné, mais surtout vous ne pourrez pas dire à vos parents : « Tiens, avec l’argent que vous m’avez donné pour Noël, eh bien ! Je me suis acheté ce livre ou ce manteau… Et chaque fois que je le vois, je pense à vous… »
Frères et soeurs, nous sommes nombreux à être un peu frileux, comme cela, avec le compte pourtant bien approvisionné que le Seigneur nous a légué. Ce serait très encourageant pour tout le monde si les revenus de ce beau placement s’étalaient joyeusement autour de nous, sous l’action de l’Esprit saint !
Plutôt que d’épargner, ou de diluer le don reçu dans les dépenses courantes – de sorte qu’il n’en reste plus rien de concret, finalement – j’ai appris personnellement toute la valeur de savoir exprimer son contentement. En économie, cela s’appelle une augmentation du pouvoir d’achat. En Christ, cela s’appelle une augmentation du pouvoir de la foi ; ou, si vous préférez, la foi qui crée du bonheur autour de soi.
Et la parabole nous rappelle que cette quête d’une vie sainte et productive de richesses, pour soi et les autres, devrait nous occuper comme l’a été cet intendant qui, dans la crainte de manquer, a mis au point tout un plan pour assurer son avenir matériel. Regarde, nous dit l’Esprit, comme cet
homme a su prendre son agenda, ses livres de comptes, et se mettre en route pour faire le tour de tous les débiteurs de son ex-employeur ! Fais-moi plaisir : montre-moi chaque jour par de belles oeuvres ce que tu t’es offert avec mes trésors d’amour et de pardon. Fais-moi admirer les fruits qui ornent désormais le jardin de ta foi. Tu es un enfant de lumière, alors surpasse les enfants de ce monde ! Frères et soeurs, savons-nous tirer un grand profit des trésors de Dieu et les faire valoir pour nous-mêmes et pour les autres ? Aimons-nous encore plus que tout, le culte qui nous rassemble, le dimanche, autour de la parole, de la prière, de la louange et de l’amour fraternel ? Savons-nous tirer profit de nos cercles bibliques ? Et nous, qui aimons nos enfants, et qui courons chez le docteur dès qu’il s’agit de leur santé, savons-nous courir chez le pasteur pour leur santé éternelle ? Sommes-nous conscients de la beauté de notre message pour en donner envie à nos familles, nos voisins et tous ceux qui s’interrogent de nous voir fréquenter une église ? Savons-nous investir et faire de bons placements auprès de Dieu en mettant à son service une part de notre temps, de nos forces, de nos capacités, de nos offrandes ? Jésus semble dire : Voyez comme les gens de ce monde sont débrouillards et agités pour les biens éphémères de cette vie ; à combien plus forte raison, vous qui êtes les bénis de mon Père, devriez-vous faire valoir vos trésors et en multiplier les profits !
Le maître fit l’éloge de l’intendant malhonnête, nous dit-on. Répétons-le : il ne loue pas la malhonnêteté mais l’intelligence dont son employé a fait preuve pour assurer sans scrupule son avenir. Jésus nous montre en passant que l’intelligence n’est pas un privilège réservé au monde et dont les chrétiens seraient dépourvus ! En reconnaissant clairement sa situation, la brièveté du temps à sa disposition, l’intendant avait prouvé son intelligence. Et il avait agit en conséquence !
Suivant son exemple, supprimons toutes nos paresses et nos indécisions dans nos travaux pour le Seigneur, et remplaçons-les par la clairvoyance, le sens des décisions, l’ingéniosité, les réflexes appropriés, en un mot : l’intelligence !
Il n’est pas permis aux enfants de lumière de se tromper sur eux-mêmes. La marche de l’Eglise, le fonctionnement de notre paroisse, tout ce que nous voulons entreprendre pour qu’elle grandisse et que chacun s’y sente bien, est-ce que tout cela n’exige pas autant de réalisme, d’intelligence et d’engagement que toutes les associations de ce monde auxquelles nous savons aussi donner de notre temps ? Jésus savait pourquoi il insistait tellement sur cette nécessité.
Chers amis, nous savons que le Seigneur n’est pas qu’un donneur de leçons. Il est précisément celui qui a aussi les moyens de faire de nous de bons gestionnaires des trésors de son royaume. Demandons-le lui, avec une grande confiance.
Amen !

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