lundi 29 septembre 2008

Esaïe 5 :1-7


1 ¶ Laissez–moi, je vous prie, chanter pour mon ami le chant de mon bien–aimé pour sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile.
2 Il en travailla la terre, ôta les pierres et y planta un cépage de choix ; il bâtit une tour au milieu d’elle, il y creusa aussi une cuve. Il espérait qu’elle produirait des raisins, mais elle a produit des fruits puants !
3 Maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda, soyez juges, je vous prie, entre moi et ma vigne !
4 Qu’y avait–il encore à faire à ma vigne que je n’aie pas fait pour elle ? Pourquoi, quand j’espérais qu’elle produirait des raisins, a–t–elle produit des fruits puants ?
5 Maintenant laissez–moi, je vous prie, vous faire savoir ce que je ferai à ma vigne. J’en arracherai la haie, pour qu’elle soit dévorée ; j’ouvrirai des brèches dans sa clôture, pour qu’elle soit foulée aux pieds.
6 Je la réduirai en ruine : elle ne sera plus taillée, ni sarclée ; les ronces et les épines y croîtront. Je donnerai mes ordres aux nuages, afin qu’ils ne laissent plus tomber de pluie sur elle.
7 Or la vigne du SEIGNEUR (YHWH) des Armées, c’est la maison d’Israël, et les hommes de Juda, c’est le plant qu’il chérissait. Il espérait l’équité, et voici le crime ! –– la justice, et voici les cris des victimes !



Frères et sœurs, nous avons appris au catéchisme que l’un des attributs de Dieu est sa toute-puissance. Il est l’auteur du ciel et de la terre et ses oeuvres sont vraiment magnifiques. Rien ne lui résiste et tout s’organise selon sa volonté. Alors, on se demande parfois pourquoi le cœur de l’homme est la moins malléable de toutes ses créations ! Comment la créature peut-elle à ce point faire obstacle au créateur ? Paul, déjà, le constate : « Dès maintenant, le mystère de l’impiété est à l’œuvre » (2 Thess. 2, 7).

Et bien avant lui, Esaïe chante ce Cantique de la vigne, image de circonstance en cette période de vendange ! C’est l’histoire (pas drôle) d’un vigneron qui s’est choisi une bonne terre sur un coteau ensoleillé. L’exposition est idéale, le sol riche et fertile. Tout est réuni pour y faire pousser une belle vigne. L’homme travaille avec soin et se donne du mal : il laboure le sol ; il ramasse toutes les pierres qui risquent de gêner les ceps dans leur croissance… Un « cépage délicieux », dit notre texte. Du genre Riesling, Pinot Gris, Haut-Médoc ou Gigondas ! Tant pis pour la fatigue, les tours de reins et les mains blessées ! Il construit un muret pour empêcher les chèvres d’y brouter. Il bâtit une petite tour pour surveiller son vignoble et éloigner les rôdeurs. Et pendant que les jeunes plants grandissent, il creuse un pressoir pour transformer lui-même sa récolte.
C’est clair : cet homme aime sa vigne. Il ne s’épargne aucun effort. Il y consacre du temps. Tant pis aussi pour la fatigue. Quand on aime, on ne compte pas sa peine. Esaïe l’appelle pour cela l’ami, le bien-aimé. Alors le soir, quand une petite brise se lève et rafraîchit l’air, il peut sortir contempler sa vigne. Rien n’a été oublié. Tout est prêt.
Puis vient l’année de la première vendange. Les grappes sont là, nombreuses. On se réjouit d’avance… Mais que se passe-t-il ? Le vigneron goûte son raisin… et le recrache aussitôt ! Un jus acide lui a donné la chair de poule ! Pas possible, une chose pareille ! Après un travail soigné mené avec persévérance et amour, après la pluie et le soleil, alors que toutes les conditions étaient réunies pour une belle récolte, voilà la récompense ?

Chers amis, deux mille cinq cents ans plus tard, je crois encore voir le prophète secouer la tête. Pourquoi ces raisins aigres et misérables ? Ce qui veut dire : Pourquoi Israël porte-t-il de si mauvais fruits ? C’est là, en effet, le sens caché de ce cantique. Pourquoi le veau d’or ? Pourquoi ce mécontentement et ces murmures durant la traversée du désert ? Pourquoi cette attirance pour les dieux païens, alors que le Seigneur prenait si grand soin de son peuple ? Pourquoi cet endurcissement, quand les prophètes l’appelaient à se repentir ? Pourquoi Israël a-t-il rejeté son Messie ? Et pourquoi ce refus obstiné de revenir à Dieu ? Il n’y a pas d’explication à cela. Esaïe en tout cas n’en donne pas. C’est un mystère, disait Paul, une énigme insoluble. On ne comprend pas que Dieu puisse se donner tant de mal pour rien. Lui le tout-puissant, il se retrouve devant des fruits décevants, inconsommables, la honte du vigneron !
Alors ? Où est-ce que ça n’a pas marché ? Dieu a-t-il négligé son peuple ?
Certainement pas ! Il l’a délivré de l’esclavage en Egypte ; il lui a fait traverser le désert et offert le beau pays de Canaan où coule le lait et le miel. Il s’est révélé par Moïse et tous les prophètes, il avait conclu avec eux une alliance de grâce scellée par la circoncision. Il lui a donné ses Commandements, mais aussi la promesse d’un Sauveur à venir.
Esaïe raconte : « Il espéra que la vigne produirait des raisins, mais elle a produit des fruits infects (ce qui veut dire) Il avait espéré de la droiture, et voici du sang versé ! De la justice, et voici des cris de détresse ». Incroyable ! Comment un peuple qui a tant reçu du Seigneur peut-il à ce point être ingrat ? Esaïe pleure avec son Dieu sur l’infidélité d’Israël, sur son manque de repentance et de foi ! Mais l’Occident chrétien n’est pas en reste ! Que de pages sombres dans son histoire ! Que de « sang versé » et de « cris de détresse », pour reprendre les expressions de notre texte. Comprenez-vous que l’Eglise chrétienne - le peuple sauvé par grâce - ait prêché les croisades ? Comprenez-vous que des princes chrétiens aient pillé Constantinople avec plus de sauvagerie que les Turcs de l’époque ? Tout cela au nom de Dieu ? Comprenez-vous que l’Eglise se soit fait un devoir de torturer les Juifs pendant l’Inquisition, de persécuter les protestants, de les envoyer aux galères, de prendre leurs enfants pour les enfermer dans des couvents ? Comprenez-vous que Calvin ait estimé devoir faire brûler Michel Servet sur la place publique de Genève, sous prétexte d’hérésie ? Comprenez-vous que l’Eglise qui porte le nom du Christ ait forcé les Indiens d’Amérique à se convertir sous peine d’être découpés en morceaux ou de périr sur le bûcher ?
Mais ne restons pas dans le passé. Il est toujours facile de s’indigner devant les fautes commises autrefois ou de pousser de grands cris en apprenant ce que d’autres ont fait. Il est certainement plus difficile de se regarder soi-même dans un miroir, et sans complaisance. Esaïe a composé le « Cantique de la vigne » pour le peuple d’Israël, mais il a aussi quelque chose à nous dire, et c’est pour cela qu’il est dans la Bible. Quel est son message ?
Tout d’abord, le Seigneur est aussi bon et attentif pour nous qu’il l’a été pour Israël. Que de bienfaits n’a-t-il pas déversés sur l’Europe ingrate et rebelle ! Qui oserait dire que la France est meilleure que l’Israël ancien ?

Bien plus, que de grâces Dieu n’a-t-il pas offertes à chacun de nous depuis notre Baptême ? A partir de ce jour, il nous accompagne avec plus d’attention que n’auraient su le faire nos parents ! Année après année, dimanche après dimanche, il nous dévoile son grand amour dans l’Evangile et nous scelle son pardon dans la Sainte Cène. La fête des récoltes, dimanche prochain, nous rappellera que chaque jour, ses bénédictions sont disponibles pour nous réconforter.
Les fruits que nous portons sont-ils à la hauteur du mal qu’il se donne ?
Certains le sont, sans aucun doute, mais que de progrès à accomplir encore ! Nous portons aussi des fruits acides qui font mal aux dents du saint Esprit. En écrivant ces lignes, il me revient en mémoire les vœux que nous avons prononcés le jour de notre confirmation. Le pasteur nous a demandé :
- « Voulez‑vous persévérer dans la profession de foi de votre Eglise et êtes‑vous prêts à tout souffrir, même la mort, plutôt que de la renier » ?
Et nous avons répondu : « Oui, avec l'aide de Dieu » ! A cette autre question : - « Voulez‑vous conformer votre vie entière à la Parole de Dieu, et lui rester fidèles jusqu'à la fin » ? Nous avons répondu : « Oui, avec la grâce de Dieu » ! Aujourd’hui, Dieu nous regarde avec le même amour qu’aux jours de nos quatorze ans. Il nous demande : Alors ? Le serment tient-il toujours ? Tu vois bien, je ne te demande pas une foi héroïque, mais que « souffrirais-tu » aujourd’hui pour moi ?
Un autre exemple : qu’en est-il de notre souci de justice, d’honnêteté, de vérité et de bonté ? Jusqu’à quel point supportons-nous le frère qui nous agace parce qu’il est différent ? Combien de fois sommes-nous capables de pardonner à celui qui nous fait du mal, d’être accueillants, hospitaliers, doux et patients ? Frères et sœurs, je ne suis pas prophète. Je n’ai pas l’autorité ni la clairvoyance d’un homme comme Esaïe. Je ne peux donc pas répondre à ces questions et me garderai de le faire, d’autant que j’ai moi-même, dans tous ces domaines, une ardoise assez chargée... A chacun de s’examiner à la lumière des commandements divins. Comme pasteur, je ne peux que vous transmettre la question de notre texte : les fruits que le Seigneur découvre chez nous sont-ils les raisins de la reconnaissance ou de la colère ? Notre récolte sera-t-elle un grand cru… ou une piquette ? Il y a là, pour chacun de nous, matière à réflexion, de quoi nous remettre en question, de quoi demander pardon à Dieu et peut-être aussi à telle ou telle personne dans notre famille, dans notre Eglise ou notre entourage.
Voyez-vous, chaque péché qu’il nous pardonne est comme une pierre que le vigneron déterre du sol pour que sa vigne soit plus belle. Pour cela, ce ne sont pas quelques blessures aux mains qu’il a supportées, mais le sang de son propre Fils. Depuis ce sacrifice, il nous taille et nous émonde. Il travaille dans nos cœurs et dans nos vies, en espérant que nous porterons beaucoup de fruits, de bons fruits à la gloire de son nom.

Revenons à notre texte. Le vigneron dont il est question ici fait un constat d’échec. Il a fait tout son possible pour que sa vigne porte des fruits. En vain ! Que pouvait-il faire de plus ? Frapper, punir ? Croyez-vous que les raisins deviennent meilleurs quand on se jette sur les plants de vigne pour les secouer ? Frères et sœurs, j’ose à peine le dire, mais Dieu opte pour une autre solution : il laisse tomber.
- « Je vous dirai maintenant ce que je vais faire à ma vigne – écrit le prophète. J’en arracherai la haie, pour qu’elle soit broutée. J’en abattrai la clôture, pour qu’elle soit foulée aux pieds. Je la réduirai en friche ; elle ne sera plus taillée ni cultivée. Les ronces et les épines y pousseront, et je donnerai mes ordres aux nuées pour qu’elles ne laissent plus tomber la pluie sur elle ». On connaît le résultat de cette décision divine : l’exil à Babylone. Pour un peu, Israël aurait entièrement disparu, comme ont fini par disparaître les vignes laissées à l’abandon dans nos petits villages de France.
Cependant, Dieu s’est en quelque sorte repenti de son découragement. A cause de son alliance, des promesses faites à Abraham, Isaac et Jacob, il a sauvé un petit reste. Quelques pages avant notre texte, on peut lire : « La fille de Sion est restée comme une cabane dans une vigne, comme une hutte dans un champ de concombres, comme une ville épargnée. Si l’Eternel ne nous avait conservé un faible reste, nous serions comme Sodome, nous ressemblerions à Gomorrhe » (Es 1 :8.9).
Il s’en est fallu de peu. Oh, ce n’est pas que Dieu ait totalement changé de programme. Simplement, il s’est arrangé pour que son plan d’amour ne soit pas anéanti. Il a recommencé à zéro, et Israël finit par porter du fruit. Un fruit en particulier, un fruit merveilleux. Un cep a poussé dans la vigne délaissée. Il s’appelle Jésus. Vous connaissez tous ses paroles : « Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron… Je suis le cep, vous êtes les sarments ». Dieu a laissé Israël en vie parce qu’il voulait donner un Sauveur aux hommes. Jésus a effectivement porté les beaux fruits de justice, de sainteté et d’amour qui procurent le salut au monde. Pour toi et pour moi. Il a porté aussi le mauvais fruit de nos péchés et s’est livré en rançon pour nous en délivrer. Mais la mort n’a pu le retenir ; trois jours plus tard, c’est en Prince de la vie qu’il a proclamé sa victoire au monde. Cela aussi, Dieu l’avait annoncé, en particulier dans le psaume 16, verset 10, où il est dit : « Tu ne permettras pas que ton bien-aimé voit la corruption » !

L’amour de Dieu veut avoir le dernier mot. Le Cantique de la vigne avait entrevu la pire des issues. Il nous dit que si Dieu est incroyablement patient, sa patience a aussi des limites. Cette patience est pour nous source de réconfort, mais il ne faut pas trop jouer avec elle. Le Cantique de la vigne nous dit aussi qu’un retour à Dieu est toujours possible quand il est inspiré par la repentance et la foi. C’est là notre espérance, frères et sœurs, quand nous constatons avec tristesse que nous ne portons pas tous les beaux fruits de l’Esprit. C’est aussi notre consolation quand des êtres que nous aimons, ont fermé leur cœur au Seigneur et à son Evangile. S’ils reviennent à lui, il les accueillera et leur pardonnera leurs années d’errance.
Esaïe ne pouvait annoncer qu’un jugement inéluctable. Jésus, lui, nous a obtenu un sursis. Il est notre avocat, dit saint Jean, il bataille pour que nous portions de bons fruits. Lui-même porte ses fruits en nous.
Rappelez-vous l’engagement du Seigneur : « Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez pas non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 :4.5). Alors, que faire pour que ma foi soit plus forte et plus vivante ? Que faire pour être un chrétien plus engagé et plus fervent, une pierre plus vivante dans l’Eglise, un croyant plus paisible et plus serein ? Que faire pour prier avec plus de conviction, de confiance et de joie ?
A toutes ces questions, frères et sœurs, il n’est qu’une réponse. Demander au Seigneur un cœur humble qui reconnaisse ses fautes et lui en demande pardon. Qu’il aide aussi chacun de nous à demeurer en Christ, son Sauveur, par une piété qui suive vraiment sa volonté. C’est en lui que nous trouverons alors la force et la volonté de porter davantage de fruits, pour notre vie présente, et celle d’après. Ainsi son nom sera glorifié. Amen !

samedi 13 septembre 2008

MATTHIEU 20. 1-15

1 ¶ Voici en effet à quoi le règne des cieux est semblable : un maître de maison qui était sorti de bon matin embaucher des ouvriers pour sa vigne.
2 Il se mit d’accord avec les ouvriers pour un denier par jour et les envoya dans sa vigne.
3 Il sortit vers la troisième heure, en vit d’autres qui étaient sur la place sans rien faire
4 et leur dit : « Allez dans la vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste. »
5 Ils y allèrent. Il sortit encore vers la sixième, puis vers la neuvième heure, et il fit de même.
6 Vers la onzième heure il sortit encore, en trouva d’autres qui se tenaient là et leur dit : « Pourquoi êtes–vous restés ici toute la journée sans rien faire ? »
7 Ils lui répondirent : « C’est que personne ne nous a embauchés. –– Allez dans la vigne, vous aussi », leur dit–il.
8 Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : « Appelle les ouvriers et paie–leur leur salaire, en allant des derniers aux premiers. »
9 Ceux de la onzième heure vinrent et reçurent chacun un denier.
10 Les premiers vinrent ensuite, pensant recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun un denier.
11 En le recevant, ils se mirent à maugréer contre le maître de maison
12 et dirent : « Ces derniers venus n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons supporté le poids du jour et la chaleur ! »
13 Il répondit à l’un d’eux : « Mon ami, je ne te fais pas de tort ; ne t’es–tu pas mis d’accord avec moi pour un denier ? »
14 Prends ce qui est à toi et va–t’en. Je veux donner à celui qui est le dernier autant qu’à toi.
15 Ne m’est–il pas permis de faire de mes biens ce que je veux ? Ou bien verrais–tu d’un mauvais œil que je sois bon ? »
16 C’est ainsi que les derniers seront premiers et les premiers derniers.

Chers frères et soeurs,

L’Evangile d’aujourd’hui nous donne une leçon sur la façon dont nous pensons et celle dont Dieu pense: une leçon de grâce. Dans cette parabole, nous voyons des gens qui pensent vraiment beaucoup pour nous. Mais Dieu, lui, ne pense pas du tout de la même manière. Et l’idée que notre texte veut déraciner en nous, c’est celle du mérite.

Jésus contraste la façon dont les juifs pensent et celle dont Dieu pense. Le judaïsme du temps de Jésus fait souvent naître chez ses membres l’idée qu’ils méritent un traitement spécial. Ils sont depuis des siècles le peuple de Dieu au milieu des païens. Ils ont enduré bien des épreuves à cause de leur relation avec l’Eternel. Une des grandes questions qui se pose au sujet de l’Holocauste, c’est de savoir où était Dieu pour son peuple ? Pourquoi les avait-il abandonnés ?
Ce n’était pas très différent à l’époque de Jésus, alors que les juifs vivaient ,de nouveau, sous occupation étrangère. L’attente du peuple était tellement grande qu’on a vu au moins une douzaine de « Messies » se lever, tous annonçant qu’ils allaient libérer le pays, et tous finissant par se faire massacrer. Le peuple juif poussait des lamentations à Dieu, confiant qu’il méritait ce qu’il y avait de mieux, que les autres n’étaient que des païens, qu’ils étaient le peuple élu, un peuple supérieur, qui pouvait se permettre ce que les autres ne pouvaient pas.

Cette attitude est choquante bien sûr. Et bien, je crois que beaucoup de chrétiens sont en fait sur la même ligne. Nous sommes fidèles au Seigneur: nous méritons bien quelque chose en plus! Souvent, quand les chrétiens parlent de leur vie de foi, on sent qu’elle n’est pas une joie, un don d’amour de Dieu, quelque chose qui vient du Saint Esprit, mais une corvée, des bonnes œuvres accomplies pour briller devant le Seigneur.
Vous avez peut-être été témoin de cette attitude, peut-être même l’avez-vous eue. On la retrouve quand on entend des gens dire qu’ils mériteraient bien ceci ou cela, parce qu’il vont au temple, qu’ils lisent leur Bible, qu’ils prient, qu’ils vont aux études bibliques ou qu’ils donnent à la paroisse.
Bien sûr, ce sont toutes de très bonnes choses. Elles sont même essentielles. Elles nous apportent toutes des bénédictions bien réelles. Mais certains croient que si ils les font (ou, du moins, certaines d’entre elles), ils méritent un traitement spécial de la part de Dieu, notamment quand ils traversent une période difficile. Cette attitude relève de ce que Luther appelait une théologie de la gloire (et, bien sûr, ce n’est pas de la gloire de Dieu dont il s’agit).

Alors quand la maladie, la peine, les épreuves arrivent, ces gens là ne comprennent pas et en général, ils le font savoir très clairement à Dieu. « Seigneur, qu’est-ce qu’il se passe ? Après avoir fait ça et ça et puis ça, comment est-ce que tu peux me laisser tomber? Est-ce que tous mes sacrifices ne me valent pas une place particulière à tes yeux ? ».
Jésus nous parle de ces hommes, engagés le matin et qui ont travaillé dur toute la sainte journée. Quand ceux qui les ont rejoints plus tard reçoivent le même salaire que ce qui leur avait été promis, ils s’attendent à recevoir plus. Les juifs pensaient que leur longue histoire de peuple de Dieu leur donnait droit à plus qu’au reste de l’humanité. Et les chrétiens peuvent eux aussi croire que, parce qu’ils ont reçu la grâce de Dieu, ils vont pouvoir passer à travers les gouttes dans les tempêtes de la vie.
Mais Jésus nous enseigne différemment. Dieu donne par grâce, pas par nos mérites, mais pour ses propres raisons. Jésus est mort pour nous, parce que nos fautes nous condamnaient à mort. Il est mort à notre place sur la Croix pour que nous puissions vivre éternellement. C’est cela le salut, et nous le recevons par la grâce au moyen de la foi, c'est-à-dire de la confiance simple et pure que nous avons envers Dieu.

Paul, en Romains, reprend justement le thème du salaire pour montrer à quel point il est étranger à la façon dont Dieu nous offre le salut:

2 Si en effet Abraham a été justifié en vertu des œuvres, il a de quoi être fier. Mais devant Dieu il n’en est pas ainsi ;3 en effet, que dit l’Ecriture ? Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté comme justice.4 Or, à celui qui fait œuvre, le salaire est compté non comme une grâce, mais comme un dû.5 Quant à celui qui ne fait pas œuvre, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi lui est comptée comme justice.

Mais une fois que nous avons reçu cette promesse, il nous est parfois difficile de vivre à sa lumière. Particulièrement difficile aussi à admettre est le fait que Jésus nous dit tout aussi clairement que nous souffrirons dans ce monde, tout simplement parce que la souffrance en fait partie. Il nous dit aussi que le monde pourra nous haïr à cause de notre foi. Il nous dit que nous serons comme Lui. Et Jésus n’a pas été épargné par la souffrance. Pourquoi voudriez-vous que notre fidélité à la Vérité nous amène à vivre une petite vie peinarde, allongés sur une chaise longue, un cocktail dans une main et un cigare dans l’autre ? Ca n’a pas marché comme ça pour Jésus.
Etre chrétien, c’est être différent et libre. Les gens n’aiment pas ceux qui sont différents et libres. Si le monde nous déteste, Jésus nous dit que c’est normal, parce que le monde a déjà haï le Seigneur. Savoir que Jésus sera avec nous dans les difficultés qui sont les nôtres, c’est ce que Luther appelait la théologie de la croix., parce que c'est à la Croix que Dieu nous montre qu'il est avec nous.

Ce que l’Evangile nous promet, ce n’est pas le confort, la richesse, la santé, la popularité. C’est la libération, le pardon des péchés, la victoire sur la mort et la vie éternelle, là où toutes nos larmes seront séchées.
Le piège redoutable de la « religion », c’est qu’elle est basée sur le mérite. Or, la Bible nous dit que face à Dieu, nous ne “méritons” que la condamnation et la mort. Aucun d’entre nous n’est le débiteur de Dieu. Dieu ne nous doit rien, il n’est pas notre obligé parce que nous lui avons rendu deux ou trois services dans le passé. La Bonne Nouvelle renverse toutes ces idées fausses, et nous fait comprendre que ce que Dieu nous donne gratuitement, c’est la vie, l’assurance que Dieu va donner un sens profond à notre existence et qu’il sera toujours avec nous.
Le but de cette parabole, c’est de souligner la bonté souveraine de Dieu. Soyons heureux que notre vie n’est pas réglée sur ce que nous mériterions, mais sur la bonté, l’amour et la grâce de Dieu. Remercions Dieu de ce que nous ne recevons pas ce que nous méritons. Au lieu de ça, il nous donne la vie éternelle !

Amen

vendredi 12 septembre 2008

ATTENTION: changement pour le "Culte au Désert" du 12/09

Merci de noter que le "culte au Désert" de ce soir aura lieu au temple de Souvigné. L'horaire reste inchangé.

lundi 8 septembre 2008

2 Chroniques (3ème partie)

Texte : 2 Chroniques 16 :10-14


2Ch 16:10 Asa fut irrité contre le voyant, et il le fit mettre en prison, parce qu'il était en colère contre lui. Et dans le même temps Asa opprima aussi quelques-uns du peuple.
2Ch 16:11 Les actions d'Asa, les premières et les dernières, sont écrites dans le livre des rois de Juda et d'Israël.
2Ch 16:12 La trente-neuvième année de son règne, Asa eut les pieds malades au point d'éprouver de grandes souffrances; même pendant sa maladie, il ne chercha pas l'Éternel, mais il consulta les médecins.
2Ch 16:13 Asa se coucha avec ses pères, et il mourut la quarante et unième année de son règne;
2Ch 16:14 on l'enterra dans le sépulcre qu'il s'était creusé dans la ville de David. On le coucha sur un lit qu'on avait garni d'aromates et de parfums préparés selon l'art du parfumeur, et l'on en brûla en son honneur une quantité très considérable.



Frères et sœurs, depuis le début du mois d’août, nous retraçons ensemble le règne du roi Asaph. Aujourd’hui, nous arrivons au dernier volet de cette méditation. Un thème pour cette 3e partie :
La chute du roi Asaph : les leçons et les avertissements que nous devons en tirer.
Résumé des épisodes précédents. En ce temps-là, Juda et Benjamin formaient un royaume distinct, séparé des dix autres tribus d’Israël qui avaient sombré dans l’idolâtrie. Dieu préservera ces deux tribus du néant car il s’est engagé à bénir toutes les nations de la terre par la postérité d’Abraham. Le messie, en effet, est fils d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, fils de David, de Salomon et de cette lignée des rois de Juda. Au début de son règne, Asaph, roi de Juda remporta une grande victoire militaire contre un ennemi supérieur en nombre ; cette victoire fut sans doute suivie de beaucoup d’autres car il s’appuyait entièrement sur l’Eternel, son Dieu. En son nom, il renversa les autels des dieux païens qui subsistaient encore dans le pays, n’hésitant pas à braver les propres membres de sa famille lorsqu’ils étaient corrompus. Dix années de paix permirent au pays de prospérer, tant au plan économique que culturel, de sorte que Asaph le bâtisseur, en noble héritier de Salomon, fonda de nouvelles villes et fortifia les plus anciennes.

Hélas, tout ceci, nous disent le livre des Rois et des Chroniques, avait fini par lui tourner la tête. Quand l’orgueil vous prend, on oublie la main qui vous bénit et l’on se croit assez fort pour mener sa barque tout seul. Ce péché est grave pour un homme ordinaire ; il l’est davantage encore pour un roi responsable de tout un peuple. Ainsi, quand Baécha, roi d'Israël, jaloux de sa puissance, lui déclare la guerre, Asaph semble agir comme si Dieu n’existait plus. Il procède à une habile manœuvre politique pour briser l’alliance de son ennemi avec le roi de Syrie. Plus fort encore, Asaph puise dans les caisses du temple pour convaincre ce roi étranger de se retourner contre son ancien allié et le frapper dans le dos. Or Dieu avait interdit à son peuple de traiter alliance avec les nations païennes. Ainsi prise en tenaille, l’offensive de Baécha se termina en débâcle et assura à Asaph une victoire éclatante.

Frères et sœurs, n’oublions pas qu’en dépit de sa triste situation politique et religieuse, le royaume du Nord était quand même composé des enfants d’Israël, des descendants de tous ceux qui avaient vus les plaies d’Egypte et traversé la mer Rouge à pieds secs ! Même si ces dix tribus avaient sombré dans l’aveuglement de l’idolâtrie, sans doute y avait-il encore des familles qui restaient fidèles au Dieu de Moïse. Ce devait donc être déjà assez pénible pour Dieu de voir son peuple divisé. Mais qu’un roi Syrien participe à cette guerre fratricide dut vraiment l’ulcérer !
Tel fut le début de la fin pour Asaph, un roi pourtant si prometteur.
C'est ainsi que le péché se couche à la porte de chaque croyant et le guette patiemment, attendant pour le surprendre et le déstabiliser spirituellement.
Ce n'est donc pas sans raison que nous prions tous les jours : pardonne-nous nos offenses, et délivre-nous du mal ! Nous savons par expérience que bien des problèmes et des tentations peuvent nous faire tomber.

Mais revenons au roi Asaph. Alors que l’on pavoise à Jérusalem et que le champagne coule à flot, Han Ani, prophète de l’Eternel, vient jouer les troubles fête. Il annonce à Asaph un châtiment : Son règne ne connaîtra plus la paix. Désormais, la guerre ne s'éloignera plus de sa royauté.
Par cette pénible et vexante prédication, Asaph aurait dû trouver le temps de se repentir. Ne l’oublions pas : c’est pour fortifier son enfant que Dieu le corrige, et jamais pour le briser. L’avertissement d’un frère doit lui rappeler sa faiblesse et l’aider à reprendre confiance. Dieu ne se lasse jamais de nous accueillir et de nous pardonner. C'est pourquoi Pierre écrit (1 Pierre 5:6) : « Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu ; et il vous élèvera au temps convenable ». Donc, même si cela nous fait mal, humilions-nous devant notre Dieu. Luther a raison de nous faire dire, dans l'explication du 3E Article du Credo : « Je crois que je ne puis, par ma raison et mes propres forces, croire en Jésus-Christ, ni aller à lui ». Ce sont là les termes d'une humilité spirituelle conforme à la vraie piété.
Chers amis, le péché me rend chaque jour si fragile que je ne pourrais jamais croire, ni vivre chrétiennement, ni demeurer dans une foi vivante sans le secours permanent de l'Esprit Saint. Il faut donc que Dieu déploie envers moi des trésors de grâce et de puissance pour que je demeure solide dans la foi. Ce n'est pas sans raison qu'il est écrit : « Par la puissance de Dieu vous êtes gardés par la foi pour le salut ».
Voici pourquoi la réaction d'Asaph au message du prophète est désolante. Au lieu de revêtir le sac et la cendre, comme certains de ses ancêtres l’avaient fait avant lui dans une situation semblable, il se met en colère ! Et fait jeter en prison ce prophète de malheur qui ose lui annoncer de si vilaines paroles. Asaph devait se dire : en voilà un qui ne me gâchera plus le plaisir de mes victoires !

C’est une page bien sombre de l’histoire sainte, je vous l’accorde, qui nous rappelle qu'il est très difficile de s'humilier devant Dieu : notre révolte se dévoile, elle est mise à nu ; il nous faut reconnaître notre péché parce que la croix du Christ révèle notre faute.
C’est la raison pour laquelle, avant toute autre parole le dimanche, avant tout autre action dans la liturgie de notre culte, nous nous courbons devant le Seigneur pour implorer sa grâce et confesser notre indignité.
Cela dit - permettez-moi cette parenthèse - : demander pardon de manière générale et impersonnelle, c'est facile. Mais s'humilier de façon précise pour un péché qui nous touche de près, c'est beaucoup plus délicat. Exprimer sa faute en présence d’un frère, voilà une démarche qui semblera à beaucoup d’entre nous bien plus rebutante !
De ce point de vue, nous autres luthériens sommes peut-être un peu coincés ! C’est tellement vrai que la confession en commun, au culte dominical, telle que nous la pratiquons aujourd’hui, n’existait pas dans l’Eglise ancienne. Ce n’est qu’au Moyen Age, et par des détours compliqués, qu’elle s’est introduite dans la messe romaine. Contre les idées reçues, sachez aussi que Luther n’a jamais rejeté l’usage de la confession privée : elle était, selon lui, la véritable préparation à l’office divin. Le réformateur recommandait même que l’on se prépare la veille, chez soi, à recevoir la Parole et prendre la Cène dignement. En vérité, c’est parce que nous avons réduit notre culte à cette heure dominicale que nous maintenons la confession en commun. Avec la vie moderne a disparu la confession privée, et l’on peut le regretter.
Asaph, lui, ne regrette rien, pas plus en privé qu’en public. Si l’orgueil ne l’avait pas rendu aveugle, il aurait sans doute honoré le prophète et lui aurait dit : Merci de me parler si franchement de la part de Dieu ! Merci de m'aider à voir clair en mon coeur et de me ramener sur le droit chemin !
Au lieu de cela, il le fait jeter en prison ! Pire encore : le récit nous apprend qu'à partir de ce jour il commença à opprimer une partie du peuple, sans doute parce que son règne s’était mué en une sorte de dictature, où l’on assassine les opposants. On voit ici combien un péché en amène un autre et combien cette chaîne entraîne l’homme dans la spirale de la perdition. Sans Dieu, son comportement se dégrade bien vite. Asaph commet une double injustice (souvenez-vous aussi de David): Il fait emprisonner le messager de Dieu et devient pour son peuple un tyran. Dans tout Juda, on devait se dire : Comment se fait-il que notre bon roi Asaph soit devenu soudain si injuste et si méchant, lui qui, autrefois, craignait l’Eternel son Dieu ?

Hélas ! Quand Dieu se retire de notre coeur et de nos affaires, le mal reprend vite ses droits et tout commence à aller de travers. Autant l'Evangile rend un homme doux, paisible et juste, autant l'incrédulité peut faire de lui un homme égoïste et intolérant.
Le cœur d’Asaph s’est endurci terriblement. Il s'en prend physiquement au prophète, en le privant de sa liberté. Or, agresser un porte parole, un ambassadeur, c’est agresser celui qui l’envoie ; cela, Asaph semble l’avoir oublié. De même, ce n'est pas parce qu'on jette un prophète en prison qu'on empêche Dieu d'agir. Asaph avait appris tout cela, mais maintenant le péché lui fait prendre des décisions insensées. Il connaît la doctrine, mais il ne la comprend plus, et il ne la comprend plus parce qu'il persiste dans l’incrédulité.
C’est ce qu’on appelle l’endurcissement, voyez-vous. L’exemple le plus célèbre nous est connu par Pharaon, roi d’Egypte auquel Moïse s’opposa avant l’Exode. Pharaon voyait les prodiges extraordinaires accomplis par le dieu des Hébreux. Et à chaque fois, Moïse revenait à la charge : « Pharaon, laisse partir mon peuple ! ». Mais Pharaon s’entêtait toujours ! Dans son orgueil, il durcissait même sa position et accablait davantage les Hébreux. Et les plaies d’Egypte se faisaient de plus en plus fortes, et les Egyptiens en souffraient de plus en plus, mais Pharaon était devenu aveugle. La fin de l’histoire, vous la connaissez : Pharaon céda finalement quand son propre fils fut frappé avec les autres premiers nés d’Egypte, puis il se ressaisit et donna l’ordre à son armée de prendre en chasse le peuple de Dieu.

Vous savez, il n’y a pas que les soucis de la vie et la paresse naturelle qui éloigne une personne de l’église. J’ai eu, au moins à deux reprises dans mon ministère, le devoir pénible d’agir comme Han Ani le prophète : avertir fermement un frère ou une sœur parce que leur vie ne ressemblait plus à une vie sanctifiée par l’Esprit. Il peut s’agir d’un péché auquel il faut renoncer parce qu’il est en opposition flagrante avec les dix commandements ; il peut aussi s’agir d’une attitude particulièrement désinvolte face aux devoirs de tout membre d’une communauté chrétienne. Et le pasteur a le devoir, dans ces cas là, d’aller trouver ces personnes, de les exhorter à se ressaisir, à prier pour elles bien sûr en espérant que le saint Esprit produise la repentance. Le pasteur se conforme ainsi aux recommandations que nous fait la Bible, en Matthieu 18 par exemple. Parfois – excusez-moi l’expression, mais – ça marche, et d’autre fois, cela ne marche pas. La personne s’enferre dans ses positions, comme Asaph, et fait comprendre au pasteur qu’il n’est plus le bienvenu. On ne jette pas le pasteur en prison, mais on peut le jeter aux oubliettes, ainsi que son adresse et son enseignement.

Il est permis de penser qu’Asaph avait ses arguments pour justifier son attitude : en voilà assez de ce Dieu qui s’ingère constamment dans ma vie et m’empêche d’exister ! Ras le bol de cette suffisance à mon égard : ne suis-je pas le roi de Juda ? Etc. De même, j’ai toujours entendu ces gens justifier leur attitude par des arguments qui se voulaient très convaincants : marre de cette doctrine figée qui ne vit pas assez avec son temps ! Qu’est-ce que c’est que cet esprit rétrograde qui nous parle encore de péchés ? Fuyons cette petite secte où l’on demande aux membres une cotisation régulière…
Ainsi, les plus belles paroles de l'Evangile restent lettre morte lorsqu'on y fait obstacle. L’homme a ce pouvoir d’empêcher le Saint Esprit d'agir dans son coeur…
Grandeur et décadence : Asaph « tomba gravement malade – dit notre texte - et il souffrit grandement des pieds ; toutefois, même pendant sa maladie, il ne s'adressa pas à l'Eternel, mais seulement aux médecins ».
Asaph a-t-il les oreilles bouchées ? Dieu va l’atteindre d’une autre manière, directement dans sa chair. Quelle maladie notre roi avait-il pu contracter ? La lèpre, peut-être. Toujours est-il que le voici handicapé ; sa mobilité se trouve chaque jour plus réduite. Peut-être implorera-t-il enfin le secours et la miséricorde de son Dieu ! Mais là encore, on constate avec tristesse combien Asaph demeure spirituellement insensible et stupide. Il boude l'Eternel, comme un gamin vexé dans son amour propre. Il convoque à son chevet tous les médecins du royaume, sans un mot pour celui qui soigne tout à merveille et guide la main du chirurgien.
Vous savez : c’est le comportement de l’enfant en colère qui s’enferme dans sa chambre : il tourne le verrou et refuse d’ouvrir, pour se venger de ses parents et les punir ! Quelle terrible folie de se détourner de Dieu, lui qui a le pouvoir de nous faire tant de bien, tant pour le corps que pour l'âme !
On peut naturellement regretter que l'histoire du roi Asaph s'achève si mal. Mais la Bible reste réaliste et n'enjolive rien pour nos esprits avides de belles histoires. Le Saint Esprit nous montre les grandes faiblesses des rois, des prophètes et des patriarches, sans pudeur ni complaisance, pour nous rappeler que le péché est vraiment la triste réalité de notre quotidien. Le mal qui règne dans le monde n'est pas une fiction, mais une réalité affligeante et très douloureuse. Beaucoup de choses ont changé, souvent en bien, mais hélas une constante demeure : la nature de l'homme.
Par ailleurs, ces récits n'ont pas pour but de nous pousser vers Dieu par la peur, et il serait dommage de les mettre au placard sous prétexte que les paraboles sont plus douces à entendre ! La crainte anxieuse, la peur de la faute ne sont pas les moteurs de la vraie piété. Une telle foi n'engendre que la terreur et la déprime. Dieu ne nous attire pas à lui par la peur, mais par l'amour. Alors oui, l’exemple d’Asaph doit nous attrister, ainsi que son péché et son entêtement, mais pas Dieu ! Christ n'est pas venu si près de nous, dans notre monde, pour nous apprendre la peur de Dieu, mais la confiance, la joie et la paix. Asaph est désolant, mais pas Dieu !
Du reste, il a conservé sa grâce à Israël, son peuple, et ses promesses ont trouvé leur accomplissement en l’enfant de Marie.


Rappelons-nous toujours, frères et sœurs, qu’il n’y a qu’un péché que Dieu ne puisse pardonner : c’est l’incrédulité, c’est-à-dire le refus obstiné de croire en sa Parole ; c’est l’endurcissement dont je viens de vous parler. Pour le reste, mon Dieu, combien d’horreurs ne va-t-il pas effacer dans nos vies, et cela toutes les fois que nous le lui demanderons ? Aucune trahison, aucun crime, aucun blasphème ne résistent à la repentance et à l’absolution.
Dieu persiste, malgré nos péchés, à nous promettre sa grâce et son pardon, si nous venons à lui de tout notre coeur. Et même quand nous tombons, il veut nous relever. Asaph se détourne de son Dieu, mais Dieu ne se détourne pas de lui !
Ces paroles de David, son ancêtre, étaient à sa portée : « Quel autre ai-je au ciel que toi ? Et sur la terre, je ne prends plaisir qu'en toi. Ma chair et mon âme peuvent se consumer, Dieu sera toujours le rocher de mon coeur et ma meilleure part » (Ps 73:25,26).
Tant que nous prierons chaque jour ainsi, nous serons fermes, et notre foi sera en bonne santé ! Que Dieu nous soit en aide ! Amen !

lundi 1 septembre 2008

2 Chroniques (2ème partie)

2 Chroniques 16, 1-9



2Ch 16:1 La trente-sixième année du règne d'Asa, Baescha, roi d'Israël, monta contre Juda; et il bâtit Rama, pour empêcher ceux d'Asa, roi de Juda, de sortir et d'entrer.
2Ch 16:2 Asa sortit de l'argent et de l'or des trésors de la maison de l'Éternel et de la maison du roi, et il envoya des messagers vers Ben Hadad, roi de Syrie, qui habitait à Damas.
2Ch 16:3 Il lui fit dire: Qu'il y ait une alliance entre moi et toi, comme il y en eut une entre mon père et ton père. Voici, je t'envoie de l'argent et de l'or. Va, romps ton alliance avec Baescha, roi d'Israël, afin qu'il s'éloigne de moi.
2Ch 16:4 Ben Hadad écouta le roi Asa; il envoya les chefs de son armée contre les villes d'Israël, et ils frappèrent Ijjon, Dan, Abel Maïm, et tous les magasins des villes de Nephthali.
2Ch 16:5 Lorsque Baescha l'apprit, il cessa de bâtir Rama et interrompit ses travaux.
2Ch 16:6 Le roi Asa occupa tout Juda à emporter les pierres et le bois que Baescha employait à la construction de Rama, et il s'en servit pour bâtir Guéba et Mitspa.
2Ch 16:7 Dans ce temps-là, Hanani, le voyant, alla auprès d'Asa, roi de Juda, et lui dit: Parce que tu t'es appuyé sur le roi de Syrie et que tu ne t'es pas appuyé sur l'Éternel, ton Dieu, l'armée du roi de Syrie s'est échappée de tes mains.
2Ch 16:8 Les Éthiopiens et les Libyens ne formaient-ils pas une grande armée, avec des chars et une multitude de cavaliers? Et cependant l'Éternel les a livrés entre tes mains, parce que tu t'étais appuyé sur lui.
2Ch 16:9 Car l'Éternel étend ses regards sur toute la terre, pour soutenir ceux dont le coeur est tout entier à lui. Tu as agi en insensé dans cette affaire, car dès à présent tu auras des guerres.

Frères et sœurs, dimanche dernier, nous avons suivi la belle ascension du roi Asaph : ses victoires militaires, ses nouvelles fondations, sa volonté de réforme religieuse au détriment des cultes idolâtres qui subsistaient encore dans son pays. Un début de règne extrêmement audacieux et brillant, animé d’une confiance profonde en l’Eternel, son Dieu.
Aujourd'hui, hélas, son retour devant nous est loin d’être aussi glorieux. Le thème de notre méditation sera même le suivant :


Asaph en conflit avec l'Eternel, ou le signe d'une foi vacillante.

En effet, un grave changement va s'opérer peu à peu dans le coeur de notre roi si sympathique. Nous avons vu que l'Eternel l’avait beaucoup béni. Or, quand tout vous réussit, on est nécessairement couvert d’honneurs et l'on augmente son prestige. Asaph était certainement aimé de son peuple et adulé par sa cour : avec le succès arrivent les admirateurs, les flatteurs… Tout ce beau monde n’est que sourires et révérences. On vous offre des caisses de Bordeaux, des places à Roland-Garros… Les femmes vous font des yeux doux. Bref, la puissance est là, et les avantages qui vont avec ! Difficile de rester insensible ; difficile de garder la tête froide !
Plus que jamais, Asaph aurait dû prier ainsi : « Seigneur, tu as fait de moi un grand roi. Tu m'as donné la victoire, la paix, le bien-être et la réussite. Mon règne prospère grâce à toi ! Chaque jour, je vois combien tu me guides et m'inspires dans toutes mes entreprises. Maintenant, ô Eternel, veille sur mon âme, de peur que je ne m'enorgueillisse et que je n'oublie que tu es mon Dieu ».
Hélas, quand on a du succès, l'orgueil n'est jamais loin. Il vous chatouille agréablement. La réussite flatte l’ego ; le regard des autres devient de plus en plus important. Il n'est pas injuste d'être admiré, mais attention au piège !
Combien de chrétiens, ayant réussi comme on dit, ont fini par oublier Dieu ? Combien de jeunes, après de brillantes études, se sont éloignés de l'Eternel ? Faute de temps, parce que l’on s’estime tout à coup débordé, ou trop fatigué.
A toutes les époques, l'Eglise a connu de ces croyants semblable à notre roi comblé qui ont fini par dire : « Qu'ai-je encore besoin de l'Eternel ? Qu'ai-je encore besoin de prier et de me soucier de la foi » ?
L'orgueil spirituel ? C’est cela, tout simplement. On commence par s'imaginer que l’on est quelqu'un, et l'on finit par se regarder de haut, dans le miroir de la réussite. Et surtout, on commence par mettre Dieu en arrière, et à oublier que c'est lui qui donne la force, l'intelligence, les dons, la santé, la paix, le travail, l'argent pour qu'ils contribuent à notre réussite.
« Qu'as-tu que tu n'aies reçu, dit le Seigneur » ? As-tu des facilités dans tes études ? C'est Dieu qui t'a donné l’intelligence ! Disposes-tu d’atouts que les autres t’envient ? C'est Dieu qui t'a fait tel que tu es. Es-tu né dans une famille aisée ? Rends grâce à Dieu pour cette chance, mais n’oublie pas de te construire par toi-même ! As-tu réussi dans la vie ? Tu ressembles alors à tous ces chrétiens auxquels le Seigneur dit : ceux à qui l’on a beaucoup donné, on demandera aussi beaucoup…



Mais revenons à Asaph, notre roi à succès. La trente-sixième année de son règne, voilà que le frère ennemi, le royaume du Nord, lui déclare la guerre. Le danger est d’autant plus réel qu’il est pour ainsi dire à la porte, à huit kilomètres de la capitale : Jérusalem !
Le premier réflexe du roi Asaph aurait dû être de consulter l'Eternel ! Comme au temps de sa jeunesse, c’est dans la prière qu’il aurait dû réfléchir à la meilleure façon d’agir… Pourtant, Asaph néglige ce puissant soutien. Il s'imagine maintenant assez mûr, assez exercé et fin stratège pour se passer de Dieu.
Un vrai croyant, au contraire, compte toujours avec Dieu. La foi grandit lorsqu'elle apprend à s'appuyer sur lui, de plus en plus.
Contrairement à l'enfant qui, en prenant de l’âge, gagne aussi en indépendance, le croyant lui, à mesure qu'il grandit, recherche constamment le conseil de son Sauveur.
Dès qu'un problème surgit, dès que nous voulons entreprendre quelque chose, consultons avant tout l'Eternel. Demandons-lui de nous aider, de nous éclairer, pour qu'il nous montre ce que nous devons faire et comment marcher en sa compagnie.
Bien plus, nous aussi, nous avons un privilège royal : comme Asaph, nous pouvons consulter l'Eternel, par la lecture de la Bible et par nos prières, car nous avons un libre accès auprès du Père. Dieu nous a promis de nous aimer, pour l'amour de Christ, et de nous exaucer en toutes choses. C’est un sauf-conduit permanent, une lettre de créance éternelle, une audience privilégiée ! Il faut en profiter.



Alors certains jeunes diront : attendez, moi je vis au 21e siècle ; qu’est-ce que j’ai en commun avec ce roi de l’Ancien-Testament ? Déjà, ceux qui posent cette question ne sont probablement pas là ce matin ; on peut considérer que, sauf exception bien sûr, ils font partie de ceux qui pratiquent un autre culte : celui de la grasse matinée. Ils font partie de ces jeunes qui, après leur confirmation, ont fait ce mauvais calcul : maintenant que j'ai été confirmé comme un croyant adulte dans mon Eglise, ou : maintenant que je ne vis plus chez mes parents et que j'échappe à leur influence, je peux me passer de Dieu, du culte, de la prière. Enfin, je vais mener ma vie comme je l'entends, et je vais faire ce qui me plaît. A moi la liberté ! A moi l’autonomie !
Asaph croit donc être traversé par une idée de génie. Puisque son ennemi s'appuie sur le roi de Syrie pour faire le siège de ses villes, il va le corrompre et le mettre dans sa poche… avec le trésor du temple ! Aucun roi, si puissant soit-il, ne reste insensible à l'argent. Et ça marche ! Le roi de Syrie accepte la trahison. Comme un mercenaire, il se range au plus offrant. Il s'allie à Asaph pour prendre à revers le roi d'Israël, qui se retrouve soudain pris en tenaille et doit rapidement protéger sa frontière du Nord !



C’est un peu comme si, dès juin 41, les alliés étaient parvenus à se joindre les Russes dans leur duel contre les nazis. En réalité, la folie d’Hitler aboutit à peu près au même résultat puisqu’en marchant sur Moscou, il se trouva exactement dans la même situation que le roi d’Israël, avec un ennemi sur deux fronts. Ce fut le commencement de la fin…
Pour l’heure, Asaph est content. Il est victorieux sans livrer bataille : il renforce son prestige d’habile négociateur. Dans son élan, profitant du repli précipité de son rival, il s’empare des pierres et du bois qu’il employait à la construction de Rama, tout près de Jérusalem. Asaph s’en servit pour fortifier ses propres villes…
Nous aussi, bien sûr, il nous arrive d’entreprendre des choses sans Dieu et de considérer que, finalement, cela ne réussit pas si mal… La tentation serait alors de se dire : A quoi bon s'appuyer sur l'Eternel !
La ruse du diable consiste justement à nous faire admettre qu'on peut aussi être béni sans le secours de Dieu.
Mais l'Eternel qui, décidément voit tout, n'est pas dupe. Asaph, « tu as agi en insensé dans cette affaire », dit notre texte. Tu as remporté une victoire aux yeux du monde mais tu as perdu la bataille de la foi ! Tu as agi sans ton Dieu, le Dieu qui t'aime et qui est la source de ton succès. Pire ! Tu t’es dit : il est plus avantageux pour Juda, mon peuple, de conclure une alliance avec un roi étranger plutôt que d’invoquer le Seigneur des armées… » Comble de l’ironie, il lui laisse entendre que l’armée du roi de Syrie était à sa portée, comme autrefois celle de l’Ethiopien ! Mais à présent, « Elle s’est échappée de tes mains », lui dit le Seigneur…
La suite, en effet, nous rappelle l’épisode fameux raconté dans le livre de Samuel, lorsque Nathan fut envoyé devant David. Cette fois, le prophète s’appelle Han Ani, et Asaph est l’arrière, arrière petit-fils de David. L'Eternel envoya le prophète au devant d'Asaph avec le message suivant, excessivement simple : « Tu t'es appuyé sur le roi de Syrie, au lieu de t'appuyer sur l'Eternel ton Dieu. As-tu déjà oublié la belle victoire que je t'avais donnée sur l'Ethiopien, qui était pourtant plus fort que toi ? N'avais-tu pas prié alors à ce moment-là : ‘Eternel, protège le faible contre le fort’ ; et ne t'ai-je pas protégé » ?
L'Eternel me fait penser à un père qui visiterait son fils en prison ; ou à ce propriétaire de la parabole, qui se désole de voir son arbre fruitier désespérément stérile alors que, depuis des années, il ne cessait d’en prendre soin. Une sorte de constat d’échec : « Que n’ai-je pas consenti comme sacrifices pour t’élever, faire en sorte que tu ne manques de rien ! Et regarde ce désastre ! N’ai-je pas toujours été là quand tu avais besoin de quoi que ce soit ? Pourquoi m’as-tu oublié ? »
Le roi Asaph a eu peur. Ou bien sa foi avait tiédi. Alors il s’est dit que l’ennemi était trop fort, que Dieu ne serait pas assez efficace…



Bien sûr, nous ne portons pas de couronne et notre royaume ne dépasse pas le seuil de notre chambre, ou de notre maison. Cependant nous aussi, nous avons contre nous des ennemis très forts : l’ingratitude, la paresse, la convoitise... Mais Dieu nous dit : « J’étends mes regards sur toute la terre, pour soutenir ceux dont le coeur est tout entier à moi ! Donc ne craignez rien ! N'ayez pas peur ; ne tremblez pas, car je vous ai donné mon Esprit pour vous fortifier. Que votre foi soit toujours bien fondée sur lui seul, sans partage. Ne faites pas alliance avec le monde et sa fausse sécurité ! Alors, je vous garderai victorieux jusqu'à la fin. Vous êtes faibles, mais je suis votre force. Vous êtes petits, mais je suis votre grandeur et votre gloire. Vous n'êtes rien aux yeux des puissants de ce monde, mais je ferai pleuvoir sur vous des victoires, des réussites sensationnelles et des succès jusqu'en éternité ».
Voilà, en résumé, le très beau message que le prophète de Dieu fit entendre à Asaph. Puis il conclut par cette parole sévère :
« Tu as agi en insensé, et à cause de cela, tu ne cesseras plus d'être en guerre ». En effet, rappelez-vous : le roi de Syrie avait profité du renversement de situation pour attaquer Israël par le Nord. On nous dit qu’il ravagea les tribus de Dan et de Nephthali. Bien sûr, nous n’avons pas envie de plaindre le roi d’Israël : n’est-ce pas lui qui était monté contre Juda ? Mais ces hommes qui se battent, ce sont les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! En se liant à un roi étranger, Asaph intensifia la guerre fratricide.
Il avait voulu mener sa diplomatie sans Dieu, par orgueil. En réalité, il n’a fait que donner un nouveau prétexte aux païens pour blasphémer le Nom de l’Eternel : « Voyez ces gens qui se disaient le peuple élu et qui s’entre-déchirent comme n’importe-lequel de nos ennemis ! Ce Roi qui avait fait le serment, il y a peu de temps, de chercher l’Eternel de tout son cœur et de toute son âme… »
Eh bien ! Asaph allait apprendre maintenant, à ses dépens, que sans Dieu, et malgré tout son génie, il ne récolterait que la guerre. Ceci pour l'humilier et lui apprendre que devant Dieu, « tout homme – fut-il roi – n’est qu’un souffle : il va, il vient, ce n’est qu’une ombre, dit le psalmiste. Son agitation, c’est du vent, et les richesses qu’il amasse, sait-il qui les recueillera ? » (Ps 39).
Tel est le message que le Saint-Esprit nous fait entendre aujourd'hui, à l'occasion de cette deuxième prédication sur le règne du roi Asaph.



Recherchons donc toujours le succès que l'Eternel nous donne en Christ notre Seigneur ! Appuyons-nous tous les jours sur les paroles de l'Evangile, et que Dieu nous mette à l'abri des pièges de l'orgueil, de peur que nous ne disions un jour : A quoi bon compter sur Dieu ?
Frères et sœurs, cet événement nous apprend aussi pourquoi Dieu mesure les succès qu'il nous donne. En effet, il pourrait nous faire plus riches que nous le sommes ! Il pourrait multiplier nos succès, s'il le voulait ! Mais il connaît trop notre faiblesse naturelle… C'est pourquoi il modère nos réussites, de peur que la richesse, le succès, la gloire ou les honneurs nous tournent la tête et nous fassent oublier la main qui nous bénit.
Rares sont les croyants qui arrivent à gérer la richesse sans tomber dans l’incrédulité. Parfois nous prions : « Seigneur, donne-moi plus d'argent, que j’aie davantage de moyens », mais serions-nous capables de rester sages, humbles, sans nous laisser entraîner, peu à peu, vers une mentalité mondaine, au point d'en oublier Dieu ?
Rares sont aussi les croyants qui expérimentent l’illusion de puissance que donne le pouvoir, sans verser dans la suffisance et la vanité. C'est pourquoi Salomon, immensément riche et sage, a prié ainsi : « Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, mais seulement le pain qui m'est nécessaire, de peur que dans l'abondance je ne te renie, et ne dise : Qui est l'Eternel ? Ou que dans la pauvreté je ne dérobe et ne m'attaque au nom de mon Dieu » (Prov. 30, 8-9).
Dimanche prochain nous parlerons de la chute du roi Asaph, car le récit n'est pas achevé, et nous en tirerons les enseignements nécessaires. Si Dieu, en effet, permet que nous entendions ces choses, ce n'est pas pour nous attrister, mais pour nous réveiller et nous garder tous très forts sous l'abri de son immense amour. Amen !