lundi 1 septembre 2008

2 Chroniques (2ème partie)

2 Chroniques 16, 1-9



2Ch 16:1 La trente-sixième année du règne d'Asa, Baescha, roi d'Israël, monta contre Juda; et il bâtit Rama, pour empêcher ceux d'Asa, roi de Juda, de sortir et d'entrer.
2Ch 16:2 Asa sortit de l'argent et de l'or des trésors de la maison de l'Éternel et de la maison du roi, et il envoya des messagers vers Ben Hadad, roi de Syrie, qui habitait à Damas.
2Ch 16:3 Il lui fit dire: Qu'il y ait une alliance entre moi et toi, comme il y en eut une entre mon père et ton père. Voici, je t'envoie de l'argent et de l'or. Va, romps ton alliance avec Baescha, roi d'Israël, afin qu'il s'éloigne de moi.
2Ch 16:4 Ben Hadad écouta le roi Asa; il envoya les chefs de son armée contre les villes d'Israël, et ils frappèrent Ijjon, Dan, Abel Maïm, et tous les magasins des villes de Nephthali.
2Ch 16:5 Lorsque Baescha l'apprit, il cessa de bâtir Rama et interrompit ses travaux.
2Ch 16:6 Le roi Asa occupa tout Juda à emporter les pierres et le bois que Baescha employait à la construction de Rama, et il s'en servit pour bâtir Guéba et Mitspa.
2Ch 16:7 Dans ce temps-là, Hanani, le voyant, alla auprès d'Asa, roi de Juda, et lui dit: Parce que tu t'es appuyé sur le roi de Syrie et que tu ne t'es pas appuyé sur l'Éternel, ton Dieu, l'armée du roi de Syrie s'est échappée de tes mains.
2Ch 16:8 Les Éthiopiens et les Libyens ne formaient-ils pas une grande armée, avec des chars et une multitude de cavaliers? Et cependant l'Éternel les a livrés entre tes mains, parce que tu t'étais appuyé sur lui.
2Ch 16:9 Car l'Éternel étend ses regards sur toute la terre, pour soutenir ceux dont le coeur est tout entier à lui. Tu as agi en insensé dans cette affaire, car dès à présent tu auras des guerres.

Frères et sœurs, dimanche dernier, nous avons suivi la belle ascension du roi Asaph : ses victoires militaires, ses nouvelles fondations, sa volonté de réforme religieuse au détriment des cultes idolâtres qui subsistaient encore dans son pays. Un début de règne extrêmement audacieux et brillant, animé d’une confiance profonde en l’Eternel, son Dieu.
Aujourd'hui, hélas, son retour devant nous est loin d’être aussi glorieux. Le thème de notre méditation sera même le suivant :


Asaph en conflit avec l'Eternel, ou le signe d'une foi vacillante.

En effet, un grave changement va s'opérer peu à peu dans le coeur de notre roi si sympathique. Nous avons vu que l'Eternel l’avait beaucoup béni. Or, quand tout vous réussit, on est nécessairement couvert d’honneurs et l'on augmente son prestige. Asaph était certainement aimé de son peuple et adulé par sa cour : avec le succès arrivent les admirateurs, les flatteurs… Tout ce beau monde n’est que sourires et révérences. On vous offre des caisses de Bordeaux, des places à Roland-Garros… Les femmes vous font des yeux doux. Bref, la puissance est là, et les avantages qui vont avec ! Difficile de rester insensible ; difficile de garder la tête froide !
Plus que jamais, Asaph aurait dû prier ainsi : « Seigneur, tu as fait de moi un grand roi. Tu m'as donné la victoire, la paix, le bien-être et la réussite. Mon règne prospère grâce à toi ! Chaque jour, je vois combien tu me guides et m'inspires dans toutes mes entreprises. Maintenant, ô Eternel, veille sur mon âme, de peur que je ne m'enorgueillisse et que je n'oublie que tu es mon Dieu ».
Hélas, quand on a du succès, l'orgueil n'est jamais loin. Il vous chatouille agréablement. La réussite flatte l’ego ; le regard des autres devient de plus en plus important. Il n'est pas injuste d'être admiré, mais attention au piège !
Combien de chrétiens, ayant réussi comme on dit, ont fini par oublier Dieu ? Combien de jeunes, après de brillantes études, se sont éloignés de l'Eternel ? Faute de temps, parce que l’on s’estime tout à coup débordé, ou trop fatigué.
A toutes les époques, l'Eglise a connu de ces croyants semblable à notre roi comblé qui ont fini par dire : « Qu'ai-je encore besoin de l'Eternel ? Qu'ai-je encore besoin de prier et de me soucier de la foi » ?
L'orgueil spirituel ? C’est cela, tout simplement. On commence par s'imaginer que l’on est quelqu'un, et l'on finit par se regarder de haut, dans le miroir de la réussite. Et surtout, on commence par mettre Dieu en arrière, et à oublier que c'est lui qui donne la force, l'intelligence, les dons, la santé, la paix, le travail, l'argent pour qu'ils contribuent à notre réussite.
« Qu'as-tu que tu n'aies reçu, dit le Seigneur » ? As-tu des facilités dans tes études ? C'est Dieu qui t'a donné l’intelligence ! Disposes-tu d’atouts que les autres t’envient ? C'est Dieu qui t'a fait tel que tu es. Es-tu né dans une famille aisée ? Rends grâce à Dieu pour cette chance, mais n’oublie pas de te construire par toi-même ! As-tu réussi dans la vie ? Tu ressembles alors à tous ces chrétiens auxquels le Seigneur dit : ceux à qui l’on a beaucoup donné, on demandera aussi beaucoup…



Mais revenons à Asaph, notre roi à succès. La trente-sixième année de son règne, voilà que le frère ennemi, le royaume du Nord, lui déclare la guerre. Le danger est d’autant plus réel qu’il est pour ainsi dire à la porte, à huit kilomètres de la capitale : Jérusalem !
Le premier réflexe du roi Asaph aurait dû être de consulter l'Eternel ! Comme au temps de sa jeunesse, c’est dans la prière qu’il aurait dû réfléchir à la meilleure façon d’agir… Pourtant, Asaph néglige ce puissant soutien. Il s'imagine maintenant assez mûr, assez exercé et fin stratège pour se passer de Dieu.
Un vrai croyant, au contraire, compte toujours avec Dieu. La foi grandit lorsqu'elle apprend à s'appuyer sur lui, de plus en plus.
Contrairement à l'enfant qui, en prenant de l’âge, gagne aussi en indépendance, le croyant lui, à mesure qu'il grandit, recherche constamment le conseil de son Sauveur.
Dès qu'un problème surgit, dès que nous voulons entreprendre quelque chose, consultons avant tout l'Eternel. Demandons-lui de nous aider, de nous éclairer, pour qu'il nous montre ce que nous devons faire et comment marcher en sa compagnie.
Bien plus, nous aussi, nous avons un privilège royal : comme Asaph, nous pouvons consulter l'Eternel, par la lecture de la Bible et par nos prières, car nous avons un libre accès auprès du Père. Dieu nous a promis de nous aimer, pour l'amour de Christ, et de nous exaucer en toutes choses. C’est un sauf-conduit permanent, une lettre de créance éternelle, une audience privilégiée ! Il faut en profiter.



Alors certains jeunes diront : attendez, moi je vis au 21e siècle ; qu’est-ce que j’ai en commun avec ce roi de l’Ancien-Testament ? Déjà, ceux qui posent cette question ne sont probablement pas là ce matin ; on peut considérer que, sauf exception bien sûr, ils font partie de ceux qui pratiquent un autre culte : celui de la grasse matinée. Ils font partie de ces jeunes qui, après leur confirmation, ont fait ce mauvais calcul : maintenant que j'ai été confirmé comme un croyant adulte dans mon Eglise, ou : maintenant que je ne vis plus chez mes parents et que j'échappe à leur influence, je peux me passer de Dieu, du culte, de la prière. Enfin, je vais mener ma vie comme je l'entends, et je vais faire ce qui me plaît. A moi la liberté ! A moi l’autonomie !
Asaph croit donc être traversé par une idée de génie. Puisque son ennemi s'appuie sur le roi de Syrie pour faire le siège de ses villes, il va le corrompre et le mettre dans sa poche… avec le trésor du temple ! Aucun roi, si puissant soit-il, ne reste insensible à l'argent. Et ça marche ! Le roi de Syrie accepte la trahison. Comme un mercenaire, il se range au plus offrant. Il s'allie à Asaph pour prendre à revers le roi d'Israël, qui se retrouve soudain pris en tenaille et doit rapidement protéger sa frontière du Nord !



C’est un peu comme si, dès juin 41, les alliés étaient parvenus à se joindre les Russes dans leur duel contre les nazis. En réalité, la folie d’Hitler aboutit à peu près au même résultat puisqu’en marchant sur Moscou, il se trouva exactement dans la même situation que le roi d’Israël, avec un ennemi sur deux fronts. Ce fut le commencement de la fin…
Pour l’heure, Asaph est content. Il est victorieux sans livrer bataille : il renforce son prestige d’habile négociateur. Dans son élan, profitant du repli précipité de son rival, il s’empare des pierres et du bois qu’il employait à la construction de Rama, tout près de Jérusalem. Asaph s’en servit pour fortifier ses propres villes…
Nous aussi, bien sûr, il nous arrive d’entreprendre des choses sans Dieu et de considérer que, finalement, cela ne réussit pas si mal… La tentation serait alors de se dire : A quoi bon s'appuyer sur l'Eternel !
La ruse du diable consiste justement à nous faire admettre qu'on peut aussi être béni sans le secours de Dieu.
Mais l'Eternel qui, décidément voit tout, n'est pas dupe. Asaph, « tu as agi en insensé dans cette affaire », dit notre texte. Tu as remporté une victoire aux yeux du monde mais tu as perdu la bataille de la foi ! Tu as agi sans ton Dieu, le Dieu qui t'aime et qui est la source de ton succès. Pire ! Tu t’es dit : il est plus avantageux pour Juda, mon peuple, de conclure une alliance avec un roi étranger plutôt que d’invoquer le Seigneur des armées… » Comble de l’ironie, il lui laisse entendre que l’armée du roi de Syrie était à sa portée, comme autrefois celle de l’Ethiopien ! Mais à présent, « Elle s’est échappée de tes mains », lui dit le Seigneur…
La suite, en effet, nous rappelle l’épisode fameux raconté dans le livre de Samuel, lorsque Nathan fut envoyé devant David. Cette fois, le prophète s’appelle Han Ani, et Asaph est l’arrière, arrière petit-fils de David. L'Eternel envoya le prophète au devant d'Asaph avec le message suivant, excessivement simple : « Tu t'es appuyé sur le roi de Syrie, au lieu de t'appuyer sur l'Eternel ton Dieu. As-tu déjà oublié la belle victoire que je t'avais donnée sur l'Ethiopien, qui était pourtant plus fort que toi ? N'avais-tu pas prié alors à ce moment-là : ‘Eternel, protège le faible contre le fort’ ; et ne t'ai-je pas protégé » ?
L'Eternel me fait penser à un père qui visiterait son fils en prison ; ou à ce propriétaire de la parabole, qui se désole de voir son arbre fruitier désespérément stérile alors que, depuis des années, il ne cessait d’en prendre soin. Une sorte de constat d’échec : « Que n’ai-je pas consenti comme sacrifices pour t’élever, faire en sorte que tu ne manques de rien ! Et regarde ce désastre ! N’ai-je pas toujours été là quand tu avais besoin de quoi que ce soit ? Pourquoi m’as-tu oublié ? »
Le roi Asaph a eu peur. Ou bien sa foi avait tiédi. Alors il s’est dit que l’ennemi était trop fort, que Dieu ne serait pas assez efficace…



Bien sûr, nous ne portons pas de couronne et notre royaume ne dépasse pas le seuil de notre chambre, ou de notre maison. Cependant nous aussi, nous avons contre nous des ennemis très forts : l’ingratitude, la paresse, la convoitise... Mais Dieu nous dit : « J’étends mes regards sur toute la terre, pour soutenir ceux dont le coeur est tout entier à moi ! Donc ne craignez rien ! N'ayez pas peur ; ne tremblez pas, car je vous ai donné mon Esprit pour vous fortifier. Que votre foi soit toujours bien fondée sur lui seul, sans partage. Ne faites pas alliance avec le monde et sa fausse sécurité ! Alors, je vous garderai victorieux jusqu'à la fin. Vous êtes faibles, mais je suis votre force. Vous êtes petits, mais je suis votre grandeur et votre gloire. Vous n'êtes rien aux yeux des puissants de ce monde, mais je ferai pleuvoir sur vous des victoires, des réussites sensationnelles et des succès jusqu'en éternité ».
Voilà, en résumé, le très beau message que le prophète de Dieu fit entendre à Asaph. Puis il conclut par cette parole sévère :
« Tu as agi en insensé, et à cause de cela, tu ne cesseras plus d'être en guerre ». En effet, rappelez-vous : le roi de Syrie avait profité du renversement de situation pour attaquer Israël par le Nord. On nous dit qu’il ravagea les tribus de Dan et de Nephthali. Bien sûr, nous n’avons pas envie de plaindre le roi d’Israël : n’est-ce pas lui qui était monté contre Juda ? Mais ces hommes qui se battent, ce sont les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! En se liant à un roi étranger, Asaph intensifia la guerre fratricide.
Il avait voulu mener sa diplomatie sans Dieu, par orgueil. En réalité, il n’a fait que donner un nouveau prétexte aux païens pour blasphémer le Nom de l’Eternel : « Voyez ces gens qui se disaient le peuple élu et qui s’entre-déchirent comme n’importe-lequel de nos ennemis ! Ce Roi qui avait fait le serment, il y a peu de temps, de chercher l’Eternel de tout son cœur et de toute son âme… »
Eh bien ! Asaph allait apprendre maintenant, à ses dépens, que sans Dieu, et malgré tout son génie, il ne récolterait que la guerre. Ceci pour l'humilier et lui apprendre que devant Dieu, « tout homme – fut-il roi – n’est qu’un souffle : il va, il vient, ce n’est qu’une ombre, dit le psalmiste. Son agitation, c’est du vent, et les richesses qu’il amasse, sait-il qui les recueillera ? » (Ps 39).
Tel est le message que le Saint-Esprit nous fait entendre aujourd'hui, à l'occasion de cette deuxième prédication sur le règne du roi Asaph.



Recherchons donc toujours le succès que l'Eternel nous donne en Christ notre Seigneur ! Appuyons-nous tous les jours sur les paroles de l'Evangile, et que Dieu nous mette à l'abri des pièges de l'orgueil, de peur que nous ne disions un jour : A quoi bon compter sur Dieu ?
Frères et sœurs, cet événement nous apprend aussi pourquoi Dieu mesure les succès qu'il nous donne. En effet, il pourrait nous faire plus riches que nous le sommes ! Il pourrait multiplier nos succès, s'il le voulait ! Mais il connaît trop notre faiblesse naturelle… C'est pourquoi il modère nos réussites, de peur que la richesse, le succès, la gloire ou les honneurs nous tournent la tête et nous fassent oublier la main qui nous bénit.
Rares sont les croyants qui arrivent à gérer la richesse sans tomber dans l’incrédulité. Parfois nous prions : « Seigneur, donne-moi plus d'argent, que j’aie davantage de moyens », mais serions-nous capables de rester sages, humbles, sans nous laisser entraîner, peu à peu, vers une mentalité mondaine, au point d'en oublier Dieu ?
Rares sont aussi les croyants qui expérimentent l’illusion de puissance que donne le pouvoir, sans verser dans la suffisance et la vanité. C'est pourquoi Salomon, immensément riche et sage, a prié ainsi : « Ne me donne ni pauvreté, ni richesse, mais seulement le pain qui m'est nécessaire, de peur que dans l'abondance je ne te renie, et ne dise : Qui est l'Eternel ? Ou que dans la pauvreté je ne dérobe et ne m'attaque au nom de mon Dieu » (Prov. 30, 8-9).
Dimanche prochain nous parlerons de la chute du roi Asaph, car le récit n'est pas achevé, et nous en tirerons les enseignements nécessaires. Si Dieu, en effet, permet que nous entendions ces choses, ce n'est pas pour nous attrister, mais pour nous réveiller et nous garder tous très forts sous l'abri de son immense amour. Amen !

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