lundi 4 juin 2012

ESAIE 6.1-8


Pasteur Jon Ehlers (Angleterre). Traduction: F. Bohy.
ESAÏE 6.1-8
Dimanche de la Sainte Trinité – 3 juin 2012 - Mulhouse France
CONFERENCE LUTHERIENNE EUROPENNE
La grâce, la paix et la miséricorde vous soient données de la part de Jésus-Christ, notre Sauveur qui vit éternellement !
Le texte de ce matin est un passage de l’Ancien Testament que nous trouvons dans Esaïe 6,1-8.

  L'année de la mort du roi Ozias, j'ai vu le Seigneur assis sur un trône très élevé; le bord inférieur de son vêtement remplissait le temple.
2
Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes: deux dont ils se couvraient le visage, deux dont ils se couvraient les pieds et deux dont ils se servaient pour voler.
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Ils se criaient l'un à l'autre: «*Saint, saint, saint est l'Eternel, le maître de l'univers! Sa gloire remplit toute la terre!»
4
Les montants des portes se sont mis à trembler à cause de la voix qui retentissait et le temple a été rempli de fumée.
5
Alors j'ai dit: «Malheur à moi! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j'habite au milieu d'un peuple aux lèvres impures et mes yeux ont vu le roi, l'Eternel, le maître de l'univers!»
6
Cependant, l'un des séraphins a volé vers moi, tenant une braise qu'il avait prise sur l'autel à l'aide de pincettes.
7
Il a touché ma bouche avec elle et a dit: «Puisque ceci a touché tes lèvres, ta faute est enlevée et ton péché est expié.»
8
J'ai entendu le Seigneur dire: «Qui vais-je envoyer et qui va marcher pour nous?» J'ai répondu: «Me voici, envoie-moi!»


Prions Dieu :
Seigneur Dieu, notre rocher et notre gracieux Rédempteur : reçois favorablement les paroles de ma bouche et les ferventes pensées de nos cœurs. Amen.
Notre foi chrétienne est solidement ancrée dans l’histoire. Il y a 2000 ans, une personne du nom de Jésus de Nazareth naquit dans une vraie étable, reposa sur de la vraie paille et fut adoré par de vrais bergers. Sa famille dut fuir de vrais soldats, devant de vraies épées pour se rendre en Egypte. Jésus a travaillé du vrai bois avec ses mains en tant que charpentier. Il a offert de la vraie nourriture pour nourrir de vraies foules affamées. Il a guéri de nombreuses personnes de vraies maladies. Il est vraiment mort sur la croix et a répandu son vrai sang pour nous. Il est vraiment ressuscité physiquement des morts au matin de la première Pâques. Ses apparitions aux disciples furent réelles ; il est monté au Ciel. Ce personnage bien réel a rendu possible notre rencontre avec Dieu, Dieu étant réellement entré dans l’histoire pour nous rencontrer et nous sauver. Aussi ne devrions-nous pas être surpris de ce que Esaïe commence ce passage par une référence historique : L’année de la mort du roi Ozias, – c’était aux alentours de l’an 740 avant Jésus-Christ. Le roi Ozias régna durant plus de 50 ans. Tout au long de son règne, la prospérité fut la règle dans tout Israël. Mais à la fin de sa vie, des nuées d’orage s’amoncelèrent à l’horizon : les Assyriens surgirent.
Esaïe est un vrai historien de l’Ancien Testament ; les événements historiques qu’il relate de façon précise sont une annonce de la part de Dieu, au sujet de Dieu. Au fil des années, le roi Ozias s’était éloigné et séparé de Dieu, se plaçant ainsi sous le jugement divin (2Rois 15,5 ; 2Chr 26,16ss) ; bien que sa mort approchât, il persista dans son impénitence. Tandis que les ténèbres de la mort se refermèrent sur lui, Ozias devint pour Esaïe le symbole d’une nation elle aussi éloignée et séparée de l’amour de Dieu, par suite du choix et de la rébellion du peuple. Esaïe craignit qu’il n’y ait plus d’espoir pour son peuple. Mais à l’heure de la mort – autant de celle du roi que de la nation – Esaïe réalisa que le Seigneur avait encore une Parole de vie et de renouveau pour eux.
Lorsque le roi terrestre mourut, Esaïe eut une vision du Roi céleste. Il fut confronté au Roi de majesté, de gloire et de sainteté. Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs est assis sur un trône royal et céleste, au-dessus de toutes choses et entouré de l’armée céleste qui chante ses louanges. Cette présence d’Esaïe devant le Dieu vivant eut sur lui un effet apaisant et salutaire.
Nous avons hélas ! souvent tendance à vouloir nous mettre en valeur. Mais nos efforts dans ce sens sont le comble de la folie. Permettez-moi de vous en donner une illustration. Quel est le principal sujet de conversation pour la plupart des gens ? Eux-mêmes. Pour la plupart d’entre nous, nous sommes imbus de nous-mêmes ; nous aimons bien être sur le devant de la scène, sous le feu des projecteurs. Que ce soit en essayant de montrer notre importance ou en évoquant nos grands malheurs, nous aimons bien paraître.
Or c’est Dieu qu’il faut célébrer. De fait, il est si grand et si impressionnant que seuls ses vêtements et ses qualités sont évoqués ici. Les pans de sa robe emplissait le temple, tandis que les séraphins s’écriaient : « Saint, saint, saint ». Saint désigne ce qui est distinct, différent, totalement séparé de tout le reste. Dieu est tellement au-dessus de tout ce qui existe que le seul mot utilisé pour Le décrire est « saint ». Non seulement il est saint, mais il est trois fois saint ; le plus saint de ce qui est saint ; rien ne peut être plus saint. Tout son être et sa personnalité sont saints ; il est absolument pur, juste, d’une totale rectitude, véridique, plein de grâce. Tel est le Dieu en la présence duquel Esaïe fut placé ; tel le Dieu en la présence duquel nous sommes placés.
Confronté à la sainteté absolue de Dieu, Esaïe eut une réaction de terreur : « Malheur à moi ; je suis perdu ! détruit, ANEANTI ! » Toutes ses illusions volèrent en éclat lorsqu’il se trouva face à face avec le Dieu saint et éternel. En présence de Dieu qui est « saint, saint, saint », Esaïe comprit et réalisa au plus profond de lui-même à quel point il était pécheur.
Ce qu’il ressentit le plus, ce fut le sentiment de sa culpabilité à cause de ses « lèvres impures » ; ces lèvres impures étant elles-mêmes l’expression d’un cœur pécheur et d’une volonté rebelle et obstinée. Esaïe avait entendu les louanges pures des séraphins et pu les comparer avec ce qui sortait de sa bouche. Le contraste était accablant, et en soi, une condamnation.
Mais que ressort-il d’une comparaison entre nos lèvres et nos discours avec ceux des séraphins ? Jacques nous dit : « La langue, personne ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel » (3,8). Comme il est facile de faire un mauvais usage de notre langue ; par des plaintes, des médisances, des paroles de malédiction. Souvent davantage employée au mal, il ne reste guère de temps à la langue pour louer Dieu ou même lui adresser des prières. Sommes-nous un peuple aux lèvres impures ? En ce cas, nous sommes en bonne compagnie, – Esaïe y compris.
Mais ne nous laissons pas aller à la panique ou au désespoir. Car de même que le séraphin s’est approché d’Esaïe, de même Dieu s’approche de nous dans sa Parole pour nous apporter le pardon et nous délivrer de notre culpabilité. L’ange toucha les lèvres d’Esaïe avec une braise prise sur l’autel des sacrifices ; ce qui valut au prophète d’être en règle avec Dieu. Son péché, sa culpabilité et sa terreur furent ôtés. Ce fut l’œuvre de Dieu ; c’est Lui qui pourvut aux moyens de pardonner le péché d’Esaïe et de le rendre apte au service de son Seigneur.
Dieu procède de même avec nous. Sur l’autel du sacrifice, Jésus Christ a offert sa vie à notre place, de manière à détourner la colère de Dieu et nous obtenir le pardon des péchés. Notre culpabilité a été ôtée et nos lèvres (ainsi que notre esprit et notre corps tout entiers) ont été transformés pour son service. De nos jours, Jésus vient à nous sur l’autel avec son corps et son sang dans le Repas du Seigneur ; il touche nos lèvres et notre vie toute entière avec son pardon. Il est là « pour nous »¸ pour nous pardonner et nous fortifier ; goûtez et constatez combien le Seigneur est bon !
Le mot “expier” est une façon de parler imagée. Le mot habituel est « racheter ». Il se réfère à une personne qui a été obligée de se vendre elle-même comme esclave afin de payer la dette qu’elle était dans l’incapacité de régler. La situation de cette personne était désespérée. Survient alors le frère qui la rachète de l’esclavage en payant le prix de la rançon – il devient le REDEMPTEUR [= le ‘racheteur’]. Il paie le prix de l’esclavage, c'est-à-dire la dette que l’esclave n’aurait jamais pu payer, afin de libérer l’esclave. C’est exactement ce que fit Jésus pour nous. Sur la croix, il a payé notre dette pour nous acquérir la liberté. Il est devenu notre REDEMPTEUR. Nous sommes maintenant en règle avec Dieu grâce au sang qu’il a versé.
Maintenant, Dieu ne voit plus en nous des ennemis, mais ses enfants. Il nous parle tendrement dans sa Parole. Il nous a adoptés et reçus dans sa famille par le baptême. Il nous offre son pardon dans l’absolution. Il touche nos lèvres avec son vrai corps et son vrai sang lors du Repas du Seigneur, pour le pardon de nos péchés. Et quand nous réalisons combien tout cela est vrai, alors nos vies sont vraiment transformées ; nous sommes vraiment libérés pour vivre comme des enfants de Dieu, comme de nouvelles créatures en Christ Jésus.
La Loi nous conduit à dire : « Malheur à moi, car mes lèvres sont impures et elles me condamnent ». Mais Dieu merci, ceci n’est pas la fin de l’histoire. L’Evangile nous dit que Jésus nous a rachetés, qu’il a payé pour nous et que nous sommes déclarés saints, absous et libres en Christ. Nous avons été purifiés.
Après la purification vient la réponse à la grâce de Dieu. Dieu demande : « Qui enverrai-je ? » Nous répondons souvent : « Envoie quelqu’un d’autre ». Mais ce n’est pas ce que fait Esaïe ; il dit : « Envoie-moi ». Touché par la bonté de Dieu, il ne pouvait pas garder cela pour lui-même ; il lui fallait partager cette expérience avec d’autres. Ses lèvres ne pouvaient pas restées silencieuses.
Dieu a placé chacun de nous dans une situation unique pour nous approcher de telle ou telle personne. Il nous a donné à chacun des opportunités uniques et nous a équipés de dons spécifiques pour partager la nouvelle de son amour avec elle. Dieu nous a accordé le privilège de parler en son nom suite à son appel. Que répondez-vous ? Envoie quelqu'un d’autre, ou envoie-moi ?
Tout au long de l’histoire, notre Dieu continue d’agir et de travailler. Il se sert de vraies personnes comme vous et moi, malgré nos défauts et nos lèvres impures, pour porter le message d’amour et de pardon à notre communauté. Nous continuons d’être confrontés à sa sainteté et à sa majesté. Sa sainteté continue de nous révéler notre état de pécheurs. Nous sommes toujours perdus et anéantis à cause de nos lèvres empoisonnées. MAIS quelqu'un a payé pour nous et nous rachetés : c’est Jésus, par sa mort et sa résurrection, qui sont des faits historiques. Nous sommes pardonnés et notre culpabilité a été effacée grâce au vrai corps et au vrai sang du Christ qui a touché nos lèvres. Nous avons été transformés pour aller de l’avant avec joie et avec des lèvres désireuses de partager la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus pour le pardon des péchés avec tous ceux que Dieu nous amène à rencontrer. Amen.

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