lundi 21 juillet 2008

Matthieu 13.24-30,36-43

Mat 13:24 Il leur proposa une autre parabole, et il dit: Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ.
Mat 13:25 Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla.
Mat 13:26 Lorsque l'herbe eut poussé et donné du fruit, l'ivraie parut aussi.
Mat 13:27 Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire: Seigneur, n'as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie?
Mat 13:28 Il leur répondit: C'est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent: Veux-tu que nous allions l'arracher?
Mat 13:29 Non, dit-il, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé.
Mat 13:30 Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et, à l'époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs: Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier.


Mat 13:36 Alors il renvoya la foule, et entra dans la maison. Ses disciples s'approchèrent de lui, et dirent: Explique-nous la parabole de l'ivraie du champ.
Mat 13:37 Il répondit: Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme;
Mat 13:38 le champ, c'est le monde; la bonne semence, ce sont les fils du royaume; l'ivraie, ce sont les fils du malin;
Mat 13:39 l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable; la moisson, c'est la fin du monde; les moissonneurs, ce sont les anges.
Mat 13:40 Or, comme on arrache l'ivraie et qu'on la jette au feu, il en sera de même à la fin du monde.
Mat 13:41 Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité:
Mat 13:42 et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Mat 13:43 Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.



Il y a parfois des ironies grinçantes dans l’histoire de l’interprétation de la Bible. Prenez notre parabole d’aujourd’hui. Nous y trouvons l’histoire d’un homme qui a planté une bonne semence dans son champ. Hélas, son ennemi y sème de l’ivraie, une plante parasite. Les serviteurs de l’homme viennent l’en informer et lui proposent d’arracher la mauvaise herbe. Le propriétaire refuse, et leur dit d’attendre la moisson, lorsque les moissonneurs pourront récolter le blé et envoyer l’ivraie au feu. Quelques versets plus loin, Jésus nous donne les clés de cette allégorie : celui qui sème, c’est Jésus lui-même ; la bonne semence : les fils du royaume, c'est-à-dire les chrétiens ; l’ivraie : les fils du malin, les incroyants qui font partie du royaume des ténèbres ; l’ennemi, c’est le Diable, la moisson : la fin des temps. Et, surtout, surtout, le champ, c’est le monde.
C’est un point capital parce que, malgré ces explications claires de Jésus, de nombreux interprètes de l’Ecriture ont affirmé que le champ représentait l’Eglise. Cela mène à deux erreurs.
La première est que cette interprétation permet à certains d’affirmer qu’il est normal qu’on retrouve dans l’Eglise aussi bien des croyants que des gens qui ne se sont jamais repentis. Ils affirment qu’il ne doit pas y avoir de discipline contre ceux qui propagent de fausses doctrines ou qui refusent de se détourner de leurs péchés. Cela permet de paraître très généreux et très ouvert, mais cela contredit totalement l’enseignement du Nouveau Testament. Jésus dit que le frère qui a péché et refuse de se repentir doit être considéré comme un « publicain ». Paul dit clairement que ceux qui annoncent « un autre évangile » doivent être considérés comme anathèmes.
Nous risquons, si nous suivons cette interprétation, de nous retrouver sur une voie de garage. Pire encore, nous tombons dans la deuxième erreur, qui nous fait passer à côté du sens réel de cette parabole. Et pourtant, ce sens, nous devons le comprendre, parce qu’il a beaucoup à nous dire, à la fois sur Dieu et sur nous.

La première chose que nous apprenons, c’est que Jésus est un paysan étonnant. On lui annonce que son champ est envahi de mauvaise herbe, et il ne fait rien. D’autres se seraient empressés d’envoyer leurs ouvriers tout arracher. Mais Jésus ne fonctionne pas ainsi. Il fait le choix d’attendre. Pourquoi ?
Tout d’abord, parce qu’il ne s’étonne pas de retrouver de l’ivraie dans son champ. Dieu sait très bien que Satan veut tout faire pour attaquer son royaume et le détruire. Cela ne le surprend pas, il ne panique pas. Il sait que ce qu’il a semé arrivera à la moisson, parce qu’il est plus fort que son adversaire.
En fait, la décision du propriétaire de la parabole révèle une certaine sagesse : lorsqu’ils sont jeunes, l’ivraie et le blé se ressemblent énormément. Par ailleurs, l’ivraie a tendance à mêler ses racines avec celles de la plante qu’elle parasite. En voulant l’arracher trop tôt, on prend le risque de détruire les bonnes graines. Alors, il faut attendre le temps de la moisson, quand il est enfin possible de distinguer clairement les deux plantes et de les traiter de la façon appropriée.
Ce que notre passage nous montre, c’est l’étendue de la patience de Dieu. Parce que Jésus peut accomplir un grand miracle, que même les OGM ne peuvent accomplir : il peut transformer l’ivraie en blé ! Voilà pourquoi il attend le dernier jour, parce qu’il laisse à chacun la chance de ne pas être arraché et jeté au feu. C’est cela l’Evangile : Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive. Notre texte est clair : il y a deux issues possibles pour l’être humain : entrer dans le Royaume ou aller vers le feu de la destruction. Mais la patience de Dieu vient de l’amour de Dieu contre ceux-là même dont les péchés l’offensent. Jésus attend, mais il n’est pas inactif : il appelle à lui tous les humains.

Je crois que cette patience de Dieu doit se refléter dans nos vies. Trop souvent, nous pouvons être tentés de juger les incroyants, parfois même de souhaiter un sérieux désherbage !! Mais ce n’est pas à nous de juger. Ce jour là viendra, le Seigneur l’a dit, mais ce n’est pas nous qui jugerons. Les chrétiens, souvenons-nous en, c’est la bonne semence. De la bonne semence seulement par la grâce de Dieu, parce qu’autrement, nous ne serions que de l’ivraie.
De la bonne semence que Jésus a planté dans ce champ qui, comme nous l’avons vu, représente le monde. "Ah, disent certains, ça aurait quand même été mieux si Jésus nous avait planté dans un de ces laboratoires agricoles, un de ces lieux totalement aseptisés où l’on préserve les nouvelles semences, à l’abri de tout parasite". C’est ce que font certains chrétiens, qui ont tendance à se réfugier dans une certains culture chrétienne (cultes, réunions de prière, études bibliques).

Tout cela est bon, bien sûr, mais attention à ne pas tomber dans le piège de l'isolationnisme!! Jésus nous a bien planté dans le monde. Il nous a planté pour que nous y portions du fruit, à sa gloire, et pour le bien de nos frères humains. Quel est le fruit que nous portons? C'est là la question que nous devons nous poser...

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