lundi 19 janvier 2009

Romains 14.17

Chers frères et sœurs,

Il y a dans la Bible des phrases qui contiennent tant de vérités essentielles pour notre vie chrétienne et notre foi que nous pouvons les considérer comme des pépites de la Parole de Dieu.
C'est le cas de Romains 14.17, un passage où Paul nous explique ce qu'est le royaume de Dieu, en quoi il consiste. Pour mieux comprendre ce que l'apôtre veut nous dire, il va falloir faire trois choses:

-tout d'abord, nous allons clarifier ce qu'est le Royaume de Dieu
-ensuite, nous verrons ce qu'il n'est pas
-pour terminer, nous verrons ce qui constitue ce royaume.

Paul ne parle qu'une fois du Royaume de Dieu dans sa lettre aux Romains, dans notre verset. Le Royaume de Dieu, nous en entendons souvent parler, mais pourrions-nous expliquer de façon simple ce qu'il est?
Ce n'est pas bien sûr un royaume terrestre, avec un roi humain et des frontières, comme la Grande-Bretagne ou la Belgique. Il faudrait peut-être mieux traduire ''règne de Dieu''. Le royaume de Dieu, c'est la sphère où Dieu règne, où sa volonté est respectée et accomplie.
Mais pourquoi Paul parle t'il à ce moment-là du royaume? On trouve souvent dans les lettres de Paul deux parties: une théologique, où il explique les grandes doctrines de la Bible et une pratique, où il explique comment les vérités qu'il vient d'exposer doivent s'appliquer dans la vie des croyants. Le chapitre 14 de Romains appartient à la partie pratique de la lettre. Paul a expliqué la vérité la plus glorieuse de notre foi: le fait que Dieu nous offre, en Jésus, son pardon et sa grâce; que le Fils de Dieu est mort à notre place pour que nos fautes soient pardonnées.
Mais, dans l'église de Rome, il y avait des soucis.


Il y avait deux camps: celui des ''forts"; c'est-à-dire des chrétiens qui pensaient qu'ils pouvaient manger de tout et que tous les jours se valaient. Il y avaient aussi celui des ''faibles'' c'est-à-dire des chrétiens beaucoup plus scrupuleux qui préféraient; peut-être en raison de leur arrière-plan juif, s'abstenir de certains aliments et accordaient une importance religieuse à certains jours. Et ça se passait mal entre les faibles et les forts. On se jugeait. On se méprisait. ''Ah; tu as vu celui-là, il se dit chrétien et pourtant il fait ça et ça'' ou bien '' Ah; tu as vu celui-là avec son légalisme et ses grands principes, il se croit vraiment supérieur''.

Alors Paul écrit à ses frères chrétiens et il recadre les choses. Il s'adresse surtout aux forts pour leur dire ''c'est vrai, vous jouissez en Christ d'une pleine liberté. Mais peut-être que vous pourriez un peu mettre cette liberté de côté si cela vous permet de ne pas choquer un frère plus faible''. C'est ce qu'il dit au verset 16 ''Que personne, donc, ne puisse calomnier ce qui pour vous est bon.''.
Ce qui est bon, c'est la liberté chrétienne. Mais si un frère, à cause de ses scrupules le voit mal, alors sachez lâcher du lest par amour pour lui. Pourquoi? Parce que le royaume de Dieu ce n'est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint Esprit. Et même si cette phrase s'adresse aux ''forts'', je pense qu'elle a pu aussi parler aux faibles. Car aux uns comme aux autres, elle vient rappeler que le royaume de Dieu que Jésus a amené parmi nous, ça n'est pas ce qu'on boit ou ce qu'on mange. De nos jours, on pourrait dire, ce n'est pas tel ou tel style de liturgie, ou de musique qu'on écoute. Ce que le Royaume produit en nous est quelque chose d'infiniment plus profond et important que ces points tout à fait secondaires!!

Mais qu'est-ce que ça veut dire le royaume de Dieu ce n'est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint Esprit? Beau programme!! Il n'est pas évident de répondre tout de suite à cette question, parce que Paul emploie deux termes qui peuvent être compris dans deux sens différents. IL y a d'abord la justice. Cela peut signifier la justice que Dieu porte à notre compte quand nous croyons en Jésus (si quelqu'un ne fait rien mais croit en celui qui déclare juste l'impie, sa foi lui est comptée comme justice Rom 4.5), mais aussi l'attitude juste qu'il fait naître en nous parce que nous ne sommes plus sous la domination du péché (Romains 6.13,16,18,19,20). Même chose pour la paix: ça peut être la paix que nous avons avec Dieu (ainsi donc, déclarés justes sur la base de la foi, nous avons la paix avec Dieu par l'intermédiaire de notre Seigneur Jésus-Christ; Romains 5.1) ou la paix que nous avons les uns avec les autres (2 Corinthiens 13.11).

Je pense que Paul parle en fait de la deuxième sorte de justice et de paix, c'est-à-dire celles que Dieu produit en nous envers les autres. Mais je pense aussi qu'il veut nous rappeler que la justice et la paix qui se manifestent dans nos vies viennent directement de la justice qu'il nous a imputée et de la paix entre lui et nous.
Mon sentiment vient du parallèle étonnant entre notre verset et Romains 5.1-2
''Ainsi donc, déclarés justes sur la base de la foi, nous avons la paix avec Dieu par l'intermédiaire de notre Seigneur Jésus-Christ, c'est aussi par son intermédiaire que nous avons accès par la foi à cette grâce, dans laquelle nous tenons ferme; et nous nous réjouissons dans l'espérance de prendre part à la gloire de Dieu"
Vous voyez, nous avons ici la justice, la paix et la joie qui nous sont données de Dieu et je pense donc que Paul établit plus loin un parallèle avec la justice, la paix et la joie que nous manifestons dans nos vies et qui sont les marques du Royaume. Les premières sont la base des secondes.

Par ailleurs, Paul est précis. Il dit bien la justice, la paix et la joie par le Saint Esprit.

Ce dont Paul parle, c'est le fruit que l'Esprit porte dans nos paroles et nos actes dans notre vie quotidienne. Et c'est bien cela le Royaume de Dieu: l'action de l'Esprit de Dieu, ici et maintenant, une action basée sur le pardon que nous a donné Jésus, une action qui nous fait porter des fruits de justice, de paix et de joie. Et cela nous pose tout de suite une question frères et sœurs: est-ce bien ce que nous considérons comme le plus important pour l'Eglise, ou bien est-ce que nous nous laissons totalement distraire, comme les chrétiens de Rome, par des questions futiles? Est-ce que, quand nous examinons l'état de notre paroisse et surtout celui de notre propre vie spirituelle, nous cherchons à voir si la justice, la paix et la joie en sont bien les éléments constitutifs? Il y a là quelque chose de bien plus fondamental que d'appartenir à telle ou telle dénomination ou d'avoir tant de membres.

Au verset 18 Paul nous fait une promesse ''celui qui sert Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes''. Il y a une façon de servir Christ qui déplait à Dieu. Elle consiste à nous conduire comme si le Père et Jésus avaient besoin de nous. Or, Paul vient de nous expliquer que c'est l'Esprit qui agit en nous et produit la justice, la paix et la joie. Il est aussi possible de se dire chrétien et de ne pas manifester de justice, de joie ou de paix. Dans ce cas, il nous faut très vite nous remettre en question.
Est-ce que vous pensez sincèrement, frères et sœurs, que si les chrétiens, au lieu de s'en tenir à leurs traditions, se montraient justes envers leurs prochains, étaient en paix avec eux et témoignaient de la joie de servir Dieu dans ce monde, ça ne ferait pas une différence sur la façon dont nos églises sont vues?



Nos églises locales doivent absolument redevenir des communautés où la justice, la paix et la joie sont manifestées, où les gens se sentent aimés et accueillis, et où Jésus est glorifié. C'est ainsi seulement que nous pourrons, en tant que chrétiens, manifester le Royaume de Dieu, c'est ainsi seulement que l'Eglise redeviendra fidèle à sa mission. Pour cela, frères et sœurs, retenons le mot d'ordre du verset 19 recherchons ce qui contribue à entretenir la paix et à nous faire grandir mutuellement dans la foi. La force nous viendra de l'Esprit.

Et comme le dit l'auteur de la lettre aux Hébreux:

Que le Dieu de la paix vous rende capable de tout bonne œuvre pour l'accomplissement de sa volonté, qu'il fasse en vous ce qui lui est agréable par Jésus-Christ à qui soit la gloire aux siècles des siècles, amen.

Aucun commentaire: