mardi 12 mai 2009

Jean 15, 12-17

15.12 C'est ici mon commandement: Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.
15.13 Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.
15.14 Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.
15.15 Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père.
15.16 Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne.
15.17 Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.

Frères et sœurs, on ne peut qu’être frappé par l’insistance du Saint Esprit quand il nous encourage à aimer. Et toujours, c’est la figure de Christ qui domine : « aimez-vous les uns les autres comme il vous a aimés ». C’est ainsi que vous pourrez chanter au Seigneur un chant nouveau, c’est ainsi que vous contemplerez ses merveilles !
En ce dimanche, quatrième après sa résurrection, Jésus vous dit : « Tu n’es plus un serviteur, tu es mon ami ». Le Maître nous fait entrer dans le cercle de ses intimes, de ceux qui sont honorés. Cette amitié est immense : son sang nous purifie et nous donne accès au Père céleste. Alors puisque nous sommes aimés si forts, recherchons sa communion et portons les fruits de notre amour !


I
Comme toujours, Jésus enseigne par l’exemple. Il dit à ses disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son seigneur, mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai appris de mon Père ».
Un serviteur en effet, n'était pas précisément l’intime de son maître. Plus près de nous, un ouvrier apprend les objectifs de l’entreprise une fois qu’ils ont été décidés par la direction. L’employé n’est pas mis dans la confidence des soucis quotidiens de son patron ; loin de là ! La base est souvent exclue des grandes négociations, phénomène encore accentué depuis une vingtaine d’années par l’affaiblissement des syndicats. Et aujourd’hui, l’opinion publique découvre l’immense fossé qui peut exister entre les profits réalisés par certains patrons et le maigre salaire de leurs salariés. Non, ouvriers et employés – tout comme les serviteurs au temps de Jésus - ne font pas partie des intimes ni des privilégiés. Le dirigeant ne s'ouvre qu'à ses amis, éventuellement aux membres de sa famille. Eux seuls sont dans le secret de ses affaires.
Et voilà que Jésus fait une formidable révélation à ses compagnons. Tous ont vu ses miracles ; son formidable pouvoir sur les éléments naturels, la maladie et la mort. Jésus est maître de la nature et du prince de ce monde. Bien plus : c’est un enseignant hors du commun ; beaucoup sont frappés par son autorité et sa façon de rafraîchir la loi de Moïse. Alors… Un tel rabbi pourrait jouer les mystiques, réserver ses secrets à une élite. Eh bien non ! Jésus offre son amitié. La preuve ? Les disciples sont ses amis parce qu'ils sont dans le secret de Dieu ! Ils reçoivent l'Evangile du salut.
Cette action vient totalement du Seigneur. Ecoutez-le : « Ce n'est pas vous qui m’avez choisi, mais c'est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis ». Vous voyez ici que la comparaison avec l’ouvrier trouve ses limites : la plupart d’entre-nous nous ont envoyé pas mal de Cv avant d’être embauchés dans leur entreprise ; mais Jésus rappelle ici que nous ne sommes pas poussés naturellement à entrer dans l’intimité du Seigneur. Nous serions plutôt tentés de marquer nos distances, de poser des frontières. Voilà comment l’Ennemi nous trompe et nous fait du tort. Il y a conflit, c’est vrai, luttes et manifestations aux portes du royaume ; mais pas pour y entrer, pas pour se rapprocher de Dieu. Ce serait plutôt le contraire !
Alors, dans cette bataille, l’Esprit doit utiliser la bonne nouvelle du Seigneur Jésus. Comme à Antioche, c’est la puissance de Dieu, la seule, pour recevoir son amitié. On appelle cela la conversion. La conversion, c’est le plus grand de tous les miracles parce que l’Esprit triomphe de nous-mêmes.
Autre différence : généralement, on choisit ses amis. On les trie, n’est-ce pas ? On les sélectionne en fonction de ses affinités. C’est humain. Jésus veut être notre ami, mais il ne s’approche pas de ‘gens bien’ en venant sur terre. Il s’incarne au milieu d’une bande de pécheurs ! Par le pouvoir de sa parole, il les appelle, il les persuade, il les convertit pour en faire des amis qu’il aime d'un amour sérieux et durable.
Frères et soeurs, nous sommes au cœur d'un secret divin. Nous savons comment Jésus devient notre ami et comment il fait de nous ses amis. Croyons que « Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que par lui nous ayons la vie » (1Jn 4.9) ; gardons ses commandements comme il a lui-même gardé les commandements de son Père. Alors, nous dit Jésus, ma joie demeure en vous et votre joie est complète !
Plus nous mettons sa parole en pratique, plus il resserre avec nous les liens de l’amitié. Voilà pourquoi Dieu dit que sa Parole doit habiter parmi nous abondamment… Pas seulement par le culte du dimanche, mais par la méditation quotidienne, la prière et les relations fraternelles.
Donc, que personne ne dise, en sortant de cette église : Je ne sais pas comment on devient l'ami de Jésus. On ne me l’a jamais dit ou c’est trop compliqué !


II
Bon ! Très bien pour l’amitié. Mais que nous apporte-t-elle ? Quand un chef donne son amitié, les amis profitent généralement de grands privilèges, surtout s'il est fortuné et influent : ils mangent à sa table, ils participent à ses fêtes, ils obtiennent de lui des avantages. Bref : ils bénéficient un peu de ses pouvoirs et de son influence. On peut naturellement imaginer toutes sortes de motivations plus secrètes ; aider par intérêt, servir par calcul…
Mais ce type de sentiments vient du péché. L’amitié selon Dieu se donne sans retenue ; le vrai chef ne fait pas que de belles promesses, il s'y conforme par des actes, et il paie au besoin de sa personne !
Dans ce récit très court, Jésus rappelle le prix de l’amitié : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis ».
Nous sommes là au plus profond des liens de l'amitié : une vie a été donnée. En regardant la croix, tout pécheur sait comment il est aimé. Un amour divin qui dépasse l’entendement. Tout le monde peut en recevoir le prix, car le sang de l’agneau purifie de tout péché.
Les disciples doivent grandir dans cette conviction, faire des progrès, en tirer des forces nouvelles contre les « prétendus prophètes » dont parle Jean dans son épître. « Eux, ils sont du monde ; ils ne reconnaissent pas que le Messie est venu en homme ; voilà pourquoi ils parlent d’après le monde et le monde les écoute. » (1Jn 4.5) Et voilà pourquoi – ça c’est moi qui l’ajoute – le monde est si malmené et engendre tant de désillusions…
Plus la fin des temps approche, plus nous avons besoin de savoir combien Jésus nous a aimés et quelle force nous promet la vie éternelle.
L’un des privilèges de cette amitié, nous l’avons dit, est la prière. Jésus promet : « Ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donnera ». ça, c’est une garantie formidable : le bureau du Père céleste nous est ouvert en permanence. Le dialogue filial s’appelle intercessions, louanges, soupirs et supplications. L’apôtre écrit : « Dieu nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés » (1Jn 4.10). C'est un encouragement à prier, à verser dans le cœur du Père nos joies, mais aussi nos peurs et nos larmes. Nous serons exaucés de la meilleure manière qui soit : celle qui contribue vraiment à notre salut éternel. Ne sortez donc pas de cette église sans vous savoir aimés très fort par Jésus, votre ami intime. Voyons enfin comment se vit une telle amitié.


III
Frères et sœurs, vous connaissez ce proverbe : « Dis-moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es ». Des amis partagent leurs centres d’intérêts, leur regard sur la société, leurs valeurs… Un véritable ami est une grande richesse ; un trésor dans une vie dont on prend soin et que l’on entretient.
C’est la même chose quand on a Jésus pour ami. Quand on le connaît bien, on a aussi envie de le garder avec soi. On veut que notre vie lui ressemble !
Et quel modèle nous laisse Jésus ? Comment partager ses sentiments et répondre à son attente ? La réponse vient par ces mots : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il ajoute : « Je vous ai établis afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure... ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres ».
Le message est clair : je vous ai aimés pour que vous aimiez ; et il y a de quoi faire ! Voilà notre mission.
Nous savons comment Jésus nous a aimés pour que nous soyons très heureux. Alors soyons attentifs au bien-être des autres : celui du prochain, non seulement le frère, le conjoint ou l’enfant, mais aussi le voisin, le faible, le maladroit, l’exclu, le petit, l’indésirable, l’étranger – nous en avons grandement parlé dimanche dernier. C'est une grande mission, mais tellement difficile !
Il y a notre égoïsme naturel, notre mauvais caractère, les négligences dans lesquelles on s’installe. Contre eux, Jésus recommande la prière. Nous avons dit tout à l’heure qu’elle était efficace dans notre relation personnelle avec Dieu. Mais ne nous en privons pas dans notre relation… aux autres ! Où chercher un meilleur allié pour aimer les frères de tout notre cœur ? Où trouver la volonté de se remettre en question, de combattre les faux raisonnements, les mauvais prétextes, si ce n’est dans la prière ?
Et regardez bien : ce n’est pas à la loi que Jésus demande de produire en nous les fruits de l'amour. Il dit : « aimez-vous comme je vous ai aimés ». Un très bel exemple nous est rapporté dans la première lecture de ce dimanche. Des disciples fuient Jérusalem pour échapper à la persécution après le martyre d’Etienne. Ils arrivent en Syrie et prêche l’Evangile à Antioche, la capitale. Bientôt, Barnabas et Paul les rejoignent et instruisent beaucoup de gens. Une foule assez nombreuse – nous dit-on – s’attacha au Seigneur de sorte que c’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. C’est alors qu’une famine survient à Jérusalem et dans toute la Judée. Vous entendez ? Non pas dans la lointaine province du nord où ils avaient trouvé refuge, mais en Israël. Et ces chrétiens, motivés par l’amour, décident d’envoyer (je cite) chacun selon ses moyens, un secours aux frères et sœurs qui habitaient la Judée. (Ac 11.29). Une manière très concrète de porter les fruits de sa foi en Jésus.
Le modèle, le moteur de notre amour, c’est le sien. Seul l’Evangile réalise la transformation, le vrai stimulant pour que nous aimions les autres. La loi devient-elle inutile ? Bien sûr que non ! Elle est alors le catalogue des vraies œuvres qui conviennent au Seigneur, pour que personne ne dise en sortant de cette église : je veux bien aimer mais je ne sais pas quoi faire.
Après cette instruction sur l'amour, comment allons-nous rentrer chez nous ? Serons-nous encore de méchante humeur contre notre conjoint ? Changerons-nous nos mauvaises habitudes de critiquer le prochain ? Verrons-nous l’autre avec des yeux nouveaux, ceux de l’affection, de la bonté, de la prévenance, de la compréhension ? Serons-nous chargés d’amertume contre le pasteur, la paroisse, ses membres parce qu’ils ont des défauts et qu’ils ne sont pas parfaits, ou bien serons-nous pleins de pardon et d’une attention délicate faite de tact et de précaution ? Avons-nous de l’amour à revendre ou bien nos coeurs sont-ils secs ?
« Je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit – dit le Seigneur – et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne ».
Frères et sœurs, retenons bien l’enseignement d’aujourd’hui. Premièrement Jésus nous a choisis comme amis. Deuxièmement, cette amitié est immense : son sang nous purifie et nous donne accès au Père céleste.
Troisièmement, puisque nous sommes aimés si forts, aimons-nous les uns les autres ! Amen.

Pasteur F. Poillet

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