lundi 10 août 2009

Genese 28.10-22

10 ¶ Jacob quitta Berchéba pour se rendre à Haran.
11 Il s’installa pour la nuit, là où le coucher du soleil l’avait surpris. Il prit une pierre pour la mettre sous sa tête et se coucha à cet endroit.12 Il fit un rêve : une échelle était dressée sur la terre et son sommet atteignait le ciel. Des anges de Dieu y montaient et descendaient.13 Le Seigneur se tenait devant lui et lui disait : Je suis le Seigneur, le Dieu de ton grand–père Abraham et le Dieu d’Isaac. La terre où tu es couché, je la donnerai à toi et à tes descendants.14 Tes descendants seront aussi nombreux que les grains de poussière du sol. Vous étendrez votre territoire vers l’ouest et vers l’est, vers le nord et vers le sud. A travers toi et tous tes descendants, je bénirai toutes les nations de la terre.15 Je suis avec toi, je te protégerai partout où tu iras et je te ramènerai dans ce pays. Je ne t’abandonnerai pas, je ferai tout ce que je t’ai promis.16 ¶ Jacob s’éveilla et dit : Vraiment le Seigneur est ici, mais je ne le savais pas.17 Il eut peur et déclara : Comme cet endroit est redoutable ! Ce n’est rien de moins que la maison de Dieu et la porte du ciel !18 Il se leva tôt. Il prit la pierre qui avait été sous sa tête, la dressa et versa de l’huile sur son sommet pour en faire une pierre sacrée. Il appela cet endroit Béthel, ce qui veut dire Maison de Dieu–auparavant le nom de la localité était Louz.20 Jacob prononça ce voeu : Si le Seigneur est avec moi et me protège sur ma route, s’il me donne de quoi manger et m’habiller,21 si je reviens sain et sauf chez mon père, alors le Seigneur sera mon Dieu.
22 Cette pierre que j’ai dressée et consacrée sera une maison de Dieu ; et c’est à lui que je donnerai le dixième de tout ce qu’il m’accordera.



Chers frères et sœurs,

La semaine dernière, nous avons écouté ensemble l'histoire de Jacob qui a profité de l'impiété et de la bêtise de son frère Esaü pour échanger le droit d'aînesse de ce dernier contre un bol de potage. Ce n'est que le début de l'histoire. Les choses vont aller de mal en pis dans cette famille. Au chapitre 27, nous voyons Jacob se faire passer pour son frère à l'instigation de sa mère et obtenir ainsi la bénédiction paternelle (chapitre 27). Esaü se met alors à détester son frère et veut le tuer.
Jacob doit alors fuir son pays. Il a beau s'être approprié par des moyens malhonnêtes le droit d'aînesse et la bénédiction paternelle, il n'est plus rien qu'un fugitif. Il fuit, Jacob, éperdument. Et quand il s'arrête enfin, parce qu'il le doit, la nuit tombant, il n'a qu'un rocher pour reposer sa tête.
C'est pourtant là que quelque chose va se passer qui va marquer la vie de Jacob, qui va commencer à la réorienter de façon radicale:

Il fit un rêve : une échelle était dressée sur la terre et son sommet atteignait le ciel. Des anges de Dieu y montaient et descendaient.13 Le Seigneur se tenait devant lui et lui disait : Je suis le Seigneur, le Dieu de ton grand–père Abraham et le Dieu d’Isaac. La terre où tu es couché, je la donnerai à toi et à tes descendants.14 Tes descendants seront aussi nombreux que les grains de poussière du sol. Vous étendrez votre territoire vers l’ouest et vers l’est, vers le nord et vers le sud. A travers toi et tous tes descendants, je bénirai toutes les nations de la terre.15 Je suis avec toi, je te protégerai partout où tu iras et je te ramènerai dans ce pays. Je ne t’abandonnerai pas, je ferai tout ce que je t’ai promis.16 ¶ Jacob s’éveilla et dit : Vraiment le Seigneur est ici, mais je ne le savais pas.17 Il eut peur et déclara : Comme cet endroit est redoutable !

Je ne sais pas ce que la psychanalyse et l'interprétation des rêves auraient à dire sur le songe de Jacob. Ce que nous pouvons constater, c'est que c'est au moment où Jacob se trouve le plus seul, le plus désespéré que Dieu lui rappelle, par l'image des anges montant et descendant, qu'il est impliqué dans les affaires de la terre. Dieu n'est pas un Dieu lointain, qui de temps en temps jetterait un coup d'œil par-dessus un nuage pour voir comment ça va en bas. Dieu s'occupe de nous, Dieu aime chacun de nous. Dieu s'intéresse à nos existences, à nos joies et à nos épreuves.

Cela n'est pas réservé à une élite, à quelques saints triés sur le volet. Si vous pensez que vous n'êtes pas assez bon pour que Dieu s'intéresse vraiment à vous, pour que vous puissiez sentir la différence qu'il peut faire dans votre vie, vous avez tort.
S'il y a bien quelqu'un qu'on aurait dû considérer indigne de la miséricorde divine, c'était bien Jacob. Parce que, bien sûr, son sort d'exilé poursuivi par un frère assassin était loin d'être enviable. Mais il ne faut quand même pas oublier que Jacob s'était placé lui-même dans cette situation! Personne n'avait forcé Jacob à tromper son frère. Personne n'avait forcé Jacob à mentir à son père. Personne n'avait forcé Jacob à s'approprier par des moyens détournés ce qui n'était pas à lui.
Jacob était un menteur, un minable escroc qui, après tout, ne faisait que souffrir des conséquences de ses actes immoraux.
Et c'est pourtant à Jacob, dans la solitude de son impasse que Dieu a dit "Je suis avec toi". Et Dieu a renouvelé pour Jacob l'alliance qu'il avait conclue avec son grand-père Abraham. Et Dieu lui a promis qu'il veillerait sur lui et le ramènerait dans son pays.

Rien de ce que nous pouvons faire ne peut empêcher Dieu de nous aimer et de désirer notre salut. Si cela a été vrai pour Jacob, c'est aussi vrai pour nous aujourd'hui.

Mais comment réagit Jacob? En apparence, on pourrait dire qu'il réagit bien. Ne montre t'il pas une véritable conscience d'être en la présence de Dieu. Ne montre t'il pas une véritable crainte de Dieu, un saint respect qui le pousse à ériger un autel improvisé?

16 ¶ Jacob s’éveilla et dit : Vraiment le Seigneur est ici, mais je ne le savais pas.17 Il eut peur et déclara : Comme cet endroit est redoutable ! Ce n’est rien de moins que la maison de Dieu et la porte du ciel !18 Il se leva tôt. Il prit la pierre qui avait été sous sa tête, la dressa et versa de l’huile sur son sommet pour en faire une pierre sacrée. Il appela cet endroit Béthel, ce qui veut dire Maison de Dieu

Tout cela est bel et bon. Et pourtant… Jacob montre sans doute du respect pour Dieu, mais le reste de son attitude montre qu'il n'a pas encore compris la véritable nature du Seigneur.

Cela nous le voyons dans les versets qui suivent:
Si le Seigneur est avec moi et me protège sur ma route, s’il me donne de quoi manger et m’habiller,21 si je reviens sain et sauf chez mon père, alors le Seigneur sera mon Dieu.
22 Cette pierre que j’ai dressée et consacrée sera une maison de Dieu ; et c’est à lui que je donnerai le dixième de tout ce qu’il m’accordera.


Ce passage, où Jacob promet à Dieu un dixième de ses revenus a souvent été utilisé pour inciter les chrétiens à faire de même. Je suis persuadé que les croyants de la Nouvelle Alliance peuvent librement s'inspirer de l'exemple de l'Ancien Testament où nous voyons effectivement le peuple de Dieu lui verser la dîme dans un esprit de reconnaissance et de consécration. Je suis persuadé qu'aujourd'hui encore, cela amène de nombreuses bénédictions de la part de celui qui nous a promis que nous ne manquerions de rien.
Mais le problème, c'est que ce n'est pas du tout de ça dont Jacob parle! Que dit-il: SI le Seigneur est avec moi, SI il me bénit, je lui donnerai la dîme.
Voyez-vous le problème? Jacob est en train de marchander avec Dieu: "tu me bénis, je te file 10% du tout, OK?".
Jacob essaie d'entrer dans une petite combine avec Dieu. Jacob le magouilleur pense sans doute que Dieu est un peu comme lui et qu'on peut toujours trouver à s'arranger. Et je crois que si vraiment Jacob avait respecté Dieu du fond du cœur, il ne se serait pas comporté comme un footballeur qui promet une bonne commission à son agent si ce dernier lui permet d'être acheté par un grand club!
En fait, Jacob tente d'acheter Dieu. Dieu a pourtant promis à Jacob, mais lui pense qu'un petit dessous de table ne peut qu'arranger les choses. Vous remarquerez d'ailleurs, que contrairement aux promesses de Dieu, celles de Jacob sont conditionnelles: Jacob est l'homme du "Si"…

Ne soyons pas trop durs avec Jacob. Cela fait des milliers d'années que les humains se font un Dieu à leur image. Cela fait des milliers d'années qu'au sein même du Christianisme, certains ont un "Dieu" qui, de façon très commode, pense exactement comme eux!! Prenez l'exemple de M. Georges W. Bush (et de ses nombreux acolytes) qui se sont rendu compte très opportunément que l'invasion de l'Irak était la volonté de Dieu…Pensez à ceux qui nous assuraient, il y a quelques décennies, que la Révolution marxiste était la conclusion logique de l'Evangile et la volonté divine!
Ils ont de la chance, tous ces gens qui ont un Dieu qui a les mêmes préoccupations qu'eux. Les mêmes lubies. Un Dieu qui leur va bien au teint, et qui est bien ajusté à leur taille.

Jacob pensait sans doute que Dieu avait un côté "combinard" comme lui. Et si nous-mêmes nous constatons que notre Dieu nous ressemble étrangement, il faut nous demander si nous ne sommes pas devenus notre propre Dieu.

"Mes pensées ne sont pas mes pensées et mes voies ne sont pas vos voies". Si nous prenions vraiment au sérieux ces paroles du livre d' Esaïe (55.8), nous dirions et ferions sans doute moins de bêtises. Dieu est le tout-autre. Nous ne pouvons le connaître que lorsqu'il se révèle et seulement dans la mesure où il se révèle. Voilà pourquoi je grince des dents à chaque fois que j'entends quelqu'un dire "je n'imagine pas Dieu ainsi…". Comme si c'était à nous "d'imaginer" Dieu!! Dieu n'a pas à entrer dans nos préjugés, dans nos systèmes (y compris ceux de certaines théologies dites "orthodoxes").

Encore une fois, c'est Dieu qui prend l'initiative de se révéler à nous tel qu'il est vraiment et non pas tel que nous pensons qu'il est. Et par cette révélation, le Seigneur montre déjà son amour envers une humanité aveuglée. Au cœur de la foi chrétienne, on trouve une affirmation très simple: si vous voulez vraiment connaître Dieu, regardez à Jésus-Christ. Regardez à son amour. Regardez à son sacrifice sur la Croix. Regardez à son retour prochain.
Dieu a dit à Jacob "je suis avec toi". Jésus est aussi appelé Emmanuel, "Dieu avec nous". Jésus nous promet "je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde".
Alors, même si nous sommes comme Jacob arrivés à la dernière extrêmité, même si notre avenir n'est qu'incertitude, même si le poids de nos fautes nous poursuit, tournons vers celui dans lequel nous pouvons voir la complète révélation de l'amour et de la grâce du Dieu d'Abraham, d'Isaac…et de Jacob!!




1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup vos sermons! Je viens des milieux évangéliques, et j'apprécie de découvrir grâce à vous la profondeur de la théologie authentique de la Réforme

Dieu vous bénisse!!