samedi 21 août 2010

PSAUME 120


Aaron Collier



120.1 Cantique des degrés. Dans ma détresse, c'est à l'Éternel Que je crie, et il m'exauce.
120.2 Éternel, délivre mon âme de la lèvre mensongère, De la langue trompeuse!
120.3 Que te donne, que te rapporte Une langue trompeuse?
120.4 Les traits aigus du guerrier, Avec les charbons ardents du genêt.
120.5 Malheureux que je suis de séjourner à Méschec, D'habiter parmi les tentes de Kédar!
120.6 Assez longtemps mon âme a demeuré Auprès de ceux qui haïssent la paix.
120.7 Je suis pour la paix; mais dès que je parle, Ils sont pour la guerre.




Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
Nous avons déjà tous conduit sur des chemins difficiles. Notre réseau routier est en mauvais état. Sur certaines routes, il faut quasiment faire du slalom pour réussir à éviter les nids de poule. À Melle, il y a des rues en construction. Ça peut causer du retard ou des frustrations dans nos déplacements. Le chrétien est un voyageur en route vers le ciel. Nous sommes des pèlerins en route vers la Jérusalem céleste. La
route du chrétien n’est pas toujours belle et bien asphaltée. Elle est souvent parsemée de nids de poule. Les réparations nous obligent à faire des détours. Les chemins raboteux nous forcent à ralentir. Notre voyage
spirituel peut subir des retards ou des frustrations. Heureusement, le Seigneur nous accompagne. Pour nous encourager, il nous a donné des chansons pour la route. Les Psaumes 120 à 134 s’appellent des
“cantiques des montées”. Ils sont là pour donner du coeur au ventre au voyageur. Dieu voulant, nous allons
avancer ensemble cette année sur la route du pèlerin avec l’aide de ces psaumes. Aujourd'hui et dimanche prochain, nous allons méditer le sens de deux d'entre eux: le 120 et le 121. Ma prière est que Dieu nous conduise ensemble durant notre voyage. Commençons donc notre voyage avec le Psaume 120.
Je vous avertis. Nous partons sur un chemin raboteux, le chemin raboteux du pèlerin. Ce voyageur du Ps.120 est un peu comme nous et nous sommes un peu comme lui. Essayons de nous identifier à son expérience. Elle comprte trois éléments:
1.
Sa montée
2.
Sa détresse
3.
Son assurance
1.
Sa montée
“Cantique des montées.” C’est le titre. Qu’est-ce que ça signifie? Quelque chose doit monter, mais quoi?Le psaume ne dit pas. On a proposé toutes sortes d’interprétations. Certains ont dit que c’est la voix des
chanteurs qui monte. On aurait chanté ces psaumes une tonalité plus haute que les autres psaumes. C’est possible, mais on n’a aucune preuve.
D’autres ont dit que ce sont les chanteurs qui montaient un escalier
pour aller au temple. Quinze marches, quinze psaumes, un psaume chanté sur chaque marche. Là encore, le texte n’en dit rien. D’autres ont dit: C’est quand les Israélites sont remontés d’exil à Babylone qu’ils ont chanté ces psaumes. C’est possible. Le Ps. 126:1 nous dit: “Quand l’Éternel ramena les captifs de Sion, nous étions comme ceux qui font un rêve.” Sauf que plusieurs de ces psaumes ont été écrits bien avant l’exil, par David ou Salomon. Le retour d’exil n’est pas leur contexte original, mais on a pu les chanter plus tard.
D’autres ont dit, et c’est l’avis de la majorité: Trois fois par années, les Israélites partaient de chez eux pour se rendre à Jérusalem aller fêter les grandes fêtes annuelles. Pendant le voyage, ils chantaient ces psaumes.
Il fallait bien monter puisque Jérusalem est sur un montagne. És. 30:29 nous dit justement qu’ils chantaient en montant pour aller fêter à Jérusalem. Plusieurs cantiques des montées parlent d’ailleurs de Jérusalem, du
temple, de la montagne de Sion. Ps. 122: “Je suis dans la joie quand on me dit: Allons à la maison de l’Éternel! Nos pieds se sont arrêtés à tes portes, Jérusalem!” Ps. 125: “Ceux qui se confient en l’Éternel sont comme la montagne de Sion... Jérusalem est entourée de montagne, ainsi l’Éternel entoure son peuple.” Ps. 128: “L’Éternel te bénira de Sion, et tu contempleras le bonheur de Jérusalem.” On retrouve
- 1 -
des idées semblables dans les Ps. 129, 132, 134, etc. Les pensées du pèlerin sont absorbées par Jérusalem.
On désire y aller, on a hâte d’arriver. On veut adorer le Seigneur dans son temple, On espère recevoir sa bénédiction qui vient de Sion, la montagne sainte. Le pèlerin n’est pas encore arrivé. Il est en route. Sa
route est longue. Mais il va de l’avant, par la foi, car Dieu est fidèle. Les chansons pour la route sont importantes. Elles l’encouragent à continuer d’avancer. Elles sont là pour ensoleiller sa route. Elles remplissent son coeur de toute la beauté qui l’attend à la fin du voyage.
D’autres ont détecté dans plusieurs de ces psaumes une forme littéraire progressive. Même la tournure des
phrases est ascendante, comme pour nous faire monter spirituellement. Exemple, le Ps. 121: “Je lève les
yeux vers les montagnes... D’où me viendra le secours? Le secours me vient de l’Éternel...” Les mots clés
sont répétés comme pour rythmer la marche. Ps. 121: “Celui qui te garde ne sommeillera pas. Voici, il ne
sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël. L’Éternel est celui qui te garde... L’Éternel te gardera de tout
mal; il gardera ton âme; l’Éternel gardera ton départ et ton arrivée.” Le rythme de la chanson nous
encourage à monter jusqu’à l’arrivée. On trouve la même technique dans le Ps. 120. Le pèlerin dit au
verset 2: “Éternel, délivre mon âme de la lèvre mensongère, de la langue trompeuse! Que te donne, que te
rapporte une langue trompeuse.” Voyez la répétition des mots clés. Sauf que cette fois, l’effet produit
n’est pas vers le haut, il est vers le bas. Le mensonge est découragé. On ne monte pas à Jérusalem quand
on a une langue trompeuse. On doit se séparer du mensonge pour aller adorer Dieu. Autre exemple. V. 8:
“Trop longtemps mon âme a demeuré auprès de ceux qui haïssent la paix. Je suis pour la paix.”
Littéralement: “Moi shalom, moi la paix.” Le mot paix est répété et cette fois, ça monte. Le voyageur recherche la paix, il la désire de tout coeur. Il monte pour la trouver auprès de Dieu. “Mais dès que je parle, eux, ils sont pour la guerre.” Oups, on redescend. Il y a des trous. Il y a des nids de poule. La
route est raboteuse. Il y a la guerre et les chicanes. Des grands défis nous attendent sur la route.
Les chrétiens sont des pèlerins spirituels. Nous suivons Jésus-Christ. Lui aussi a sûrement chanté ces psaumes quand il se rendait à Jérusalem pour aller fêter avec sa famille les grandes oeuvres de son Père
céleste. Il est monté à Jérusalem pour aller servir Dieu. Rendu là, il est descendu jusqu’au plus creux de son agonie. Il est mort sur la croix pour nos péchés. Mais il s’est relevé. Il est ressuscité et il est monté
jusqu’au ciel. Il est vivant dans la Nouvelle Jérusalem. Il est digne de notre adoration. Il nous prépare une place dans la maison du Père. C’est là notre destination finale. Nous allons à sa rencontre pour célébrer
bientôt la plus grande fête avec lui. Avez-vous hâte? Nous sommes des pèlerins. Nous sommes en route.
Nous ne sommes pas encore arrivés à destination. La route est longue. Il y a des trous et des bosses.

Mais n’oublions pas une chose. La route s’en va en montant. Cantique des montées. Dieu est fidèle. Il nous donne des chansons pour la route. Est-ce que ça vous est déjà arrivé de marcher sur un chemin raboteux? Avez-vous déjà frappé des nids de poule dans votre marche chrétienne? Vous êtes-vous déjà demandé si la route de votre vie sera un jour bien droite et bien asphaltée?
Si vous avez ce genre de question, vous allez sûrement pouvoir vous identifier à notre pèlerin qui crie à l’Éternel.
2.
Sa détresse
D’après nos critères, le Ps. 120 n’est pas un beau psaume. Quand on part en voyage, on est tout joyeux, plein d’enthousiasme. Ici, pas du tout. Le voyage commence par un cri de détresse et finit par le mot “guerre”. Pas de joie, pas de louange, pas de verts pâturages.
Pas surprenant que le Ps. 120 ne soit pas très populaire. C’est un chant rugueux, le chemin du pèlerin est raboteux. V. 1: “C’est à l’Éternel que dans ma détresse j’ai crié...” Le verbe indique un passé en même temps qu’un présent. Cet homme a déjà crié et il continue de le faire. Qu’est-ce qui cause sa détresse?
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D’abord le mensonge. V. 2: “Éternel, délivre mon âme de la lèvre mensongère, de la langue trompeuse.”
Il est tourmenté parce qu’il y des gens autour de lui qui tordent la vérité et qui vivent dans le mensonge.
N’est-ce pas surprenant? Le danger qui menace sa vie, ce ne sont ni des animaux féroces, ni des armées invincibles, ni des meurtriers, mais simplement des lèvres mensongères. La bouche, la langue, les lèvres:
N’est-ce pas inoffensif? Nous sommes tellement habitués au mensonge qu’on se demande c’est quoi le
danger. Il y a des gens qui prient: “Seigneur, sauve-moi des voleurs, sauve-moi des bandits.” Mais combien de gens prient: “Seigneur, sauve-moi des menteurs!”
Est-ce qu’on peut s’identifier à l’expérience de ce pèlerin? Oui, certainement. Nous vivons dans un monde rempli de mensonges et de menteurs. Êtes-vous fatigués de tous ces mensonges qu’on entend partout?
Mensonges de beaucoup de politiques de tout bord, dénoncés par des populistes qui sont eux-mêmes souvent les plus gros menteurs. Mensonges des médias, bien souvent par omission. Mensonges dans le domaine des affaires, avec notamment la publicité « vous verrez comment vous vous sentirez bien quand vous l'aurez acheté!! ». Mensonges entre collègues, entre membres de la même famille. Mensonges que nous nous racontons à nous-mêmes. Et puis, il y a les mensonges d'ordre spirituel: « le péché? Ca n'existe plus! » ou bien « Les religions disent toutes la même chose: Jésus, Bouddha, Allah, c'est pareil ». Et puis, bien sûr, « l'homme est naturellement bon, il peut s'améliorer et oeuvrer à son salut. ».
Lèvres flatteuses et trompeuses. Le mensonge s'inflitre partout.
Peut-être même que le mensonge a réussi à s’infiltrer dans vos propres vies, dans vos pensées et sur vos lèvres, dans votre bouche. Si c’est le cas, nous avons besoin de nous repentir et d’abandonner le mensonge. “Seigneur, délivre-moi de la lèvre mensongère.” J’en ai besoin. La puissance
du mensonge est redoutable. Ceux qui persistent dans cette voie vont périr . Nous avonsbesoin d’être délivrés du mensonge pour pouvoir nous mettre en route vers le ciel. “Délivre-moi!”
Ressentez-vous cette détresse? Priez-vous cette prière? Dieu seul peut nous délivrer du mensonge. Le grand Ps. 119, juste avant, célèbre la perfection de la Parole de Dieu. Sa Parole est remplie de vérité. Tout ce qui sort de la bouche de Dieu est vrai. Ps. 12:7: “Les paroles de l’Éternel sont des paroles pures.” Il n’y a jamais eu de mensonge sur les lèvres de Jésus. Il est le Chemin vers le Père. Il est aussi la Vérité et la Vie. Il a promis de nous conduire dans la vérité jusque dans la vie éternelle. Mais le chemin du pèlerin est raboteux.
Le mensonge cause la détresse. L’éloignement cause aussi la détresse. V. 5: “Malheureux que je suis de séjourner à Méchek, de demeurer parmi les tentes de Qédar!” Le pèlerin se plaint d’habiter loin de Jérusalem. Méchek, c’est quelque part au nord, en Turquie ou en Russie. Qédar est au sud, dans le désert d’Arabie. Évidemment, une même personne ne peut pas habiter à ces deux endroits en même temps. Le psaume utilise une façon de parler. C’est comme si on disait: “Malheureux que je suis d’habiter au pôle
sud et de vivre en Sibérie.”
Le pèlerin se sent loin de chez lui. Il a le mal du pays. Il est loin de sa vraie
maison, la maison de l’Éternel, à Jérusalem. Il crie à l’Éternel dans sa détresse.
Imaginez un jeune enfant qui s’en va pour la première fois passer deux semaines dans un camp d’été. “Je m’ennuie de ma maman, je veux retourner à la maison.” C’est normal pour un pèlerin du Seigneur de se
sentir pas chez lui dans ce monde. C’est normal de dire: “Malheureux que je suis.” Un chrétien a-t-il le
droit de se plaindre? Il n’a pas le droit d’être mécontent de ce que Dieu lui donne, non, mais il peut se plaindre et il doit se plaindre de ne pas se sentir chez lui dans ce monde qui déteste Dieu. Pas pour déprimer, mais parce qu’il aspire à un monde meilleur. Jésus est en train de nous préparer une belle place.
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J’ai tellement hâte de rentrer chez moi, dans la maison du Père. Avez-vous hâte? Sentez-vous cette détresse d’habiter loin de chez vous dans ce monde corrompu?
V. 6: “Trop longtemps mon âme a demeuré auprès de ceux qui haïssent la paix.” Voilà pourquoi il ne se sent pas chez lui. Ses voisins aiment ça la guerre. Lui, il est pour la paix. “Moi, la paix.” Il languit pour la
paix. Il désire tellement la shalom du Royaume de Dieu. C’est Dieu qui donnera cette paix. Plus de guerre, plus de conflits, paix avec les autres, paix en nous-mêmes et surtout la paix avec Dieu. Le vrai pèlerin a soif de paix. C’est notre Roi qui donne cette paix. V. 1: “C’est à l’Éternel que dans ma détresse j’ai crié. Éternel, délivre mon âme.” Dieu seul pourra répondre à ce désir de paix. En Jésus-Christ, nous avons trouvé la paix. Son sacrifice sur la croix nous procure la paix complète avec Dieu. Ça nous donne le
désir de voir la paix autour de nous. En avez-vous assez de voir tous ces gens en guerre contre Dieu? En avez-vous assez de voir tous ces gens en guerre les uns contre les autres? Les conflits entre l’homme et la
femme, les chicanes de famille, les chicanes dans l’Église, les conflits au travail. Avez-vous le désir de trouver la paix? Le chemin du pèlerin est encore bien raboteux. Le mensonge, l’éloignement, les conflits.
Dans la détresse, nous crions vers Dieu. Ça donne au pèlerin une grande assurance.
3.
Son assurance
Elle est exprimée dès le début du Psaume, au v. 1. “C’est à l’Éternel que dans ma détresse j’ai crié et il m’a répondu.” L’Éternel m’a répondu! Je crie encore et il répond encore. Ça continue. Sa délivrance n’est pas complète. Le mensonge est encore là. La guerre est encore là. Nous ne sommes pas encore rendus à Jérusalem. La route est longue et raboteuse. Mais je sais qu’il me répondra. J’ai confiance en lui. Il est fidèle.
Comment répond-il? Les versets 3 et 4 sont plein d’assurance: “Que te donne, que te rapporte une langue trompeuse?” Qu’est-ce que ça donne de mentir? Réponse: “Les traits aigus du guerrier, avec les charbons ardents du genêt.” Voilà la conséquence.
Dieu répond à la détresse de son enfant. Il envoie des flèches sur les menteurs. Le genêt est un bois, paraît-il, qui peut brûler longtemps et rester chaud longtemps. Les conséquences du péché durent longtemps et sont très pénibles. Dieu entre en jugement.
Son jugement atteint la cible. La flèche parvient à son but et produit des brûlures éternelles. Oui, nous avons confiance que Dieu va délivrer son Église et nettoyer la terre du mensonge.
Curieusement, les versets 5 à 7 ne contiennent pas d’assurance. “Malheureux que je suis... Eux ils sont pour la guerre”, et la chanson se termine comme ça, dans un nid de poule. C’est déprimant. Pourtant, le
psaume s’appelle bien “cantique des montées”. Nous sommes supposés monter. Nous ne restons pas
abattus et déprimés. Le verset 1 est la clé. Peu importe nos détresses encore non résolues, nous avons cette assurance: Dans ma détresse, je crie à l’Éternel et il me répond. Et ça suffit. Ma grâce te suffit dans
ta faiblesse. Peut-être qu’en ce moment dans votre vie, vous êtes embourbés dans un gros creux. Criez à l’Éternel et il répondra. Ayons confiance en lui. Il est fidèle. Le chemin du pèlerin est raboteux jusqu’au bout de la route. Mais gardons confiance. Le Seigneur marche devant son peuple. Il va nous conduire jusque chez nous, dans sa maison. Amen.

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