samedi 11 décembre 2010

MATTHIEU 2.1-11





Esaïe 35.1-10, Jacques 5.7-10

2Or Jean, dans sa prison, avait entendu parler des œuvres du Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : 3« Es-tu “Celui qui doit venir” ou devons-nous en attendre un autre ? » 4Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : 5les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; 6et heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »
7Comme ils s'en allaient, Jésus se mit à parler de Jean aux foules : « Qu'êtes-vous allés regarder au désert ? Un roseau secoué par le vent ? 8Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu d'habits élégants ? Mais ceux qui portent des habits élégants sont dans les demeures des rois. 9Alors, qu'êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le déclare, et plus qu'un prophète. 10C'est celui dont il est écrit : Voici, j'envoie mon messager en avant de toi ; il préparera ton chemin devant toi. 11En vérité, je vous le déclare, parmi ceux qui sont nés d'une femme, il ne s'en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. 12Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu'à présent, le Royaume des cieux est assailli avec violence ; ce sont des violents qui l'arrachent. 13Tous les prophètes en effet, ainsi que la Loi, ont prophétisé jusqu'à Jean. 14C'est lui, si vous voulez bien comprendre, l'Elie qui doit revenir. 15Celui qui a des oreilles, qu'il entende !




Chers frères et soeurs
chers amis,

Je pense que nous avons tous connu l'expérience diffcile de voir un jour s'évanouir quelque chose que nous attendions ou que nous espèrions vivement. En tant que pasteur, je renconte souvent cette situation. Le compromis de vente de la maison était signé, et la banque refuse finalement le prêt. Untel attendait un emploi, et le poste est allé à un autre. X pensait pouvoir sauver son couple et c'est le divorce qui s'impose. Un jeune couple se réjouissait de devenir parents, et une fausse couche arrive.
Nous connaissons alors une vraie douleur, quand nous n'avons plus dans la main que les cendres de nos rêves envolés « Je ne comprends pas ce qui s'est passé, pourquoi les choses ont évolué comme ça. Ce n'est pas ce que j'attendais. C'est tellement injuste!! ».

C'est conscients de cette dure réalité que nous nous approchons de l'Evangile d'aujourd'hui. Son enjeu tient en une phrase: « Es-tu “Celui qui doit venir” ou devons-nous en attendre un autre ? ». Ici, arrêtons-nous et réfléchissons à qui pose cette question. Notre texte (de même que le passage parallèle en Luc) nous dit que c'est Jean-Baptiste, jeté en prison, qui interroge ainsi Jésus. Jean le Baptiseur a envoyé deux de ses disciples pour obtenir la réponse et la lui rapporter.

Pourquoi ce contexte est-il important? Réfléchissez-y: nous parlons ici de Jean-Baptiste, le puissant prophète de Dieu. Nous parlons de celui qui avait annoncé « Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. il vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu. Il a sa pelle à vanner à la main, il va nettoyer son aire et recueillir son blé dans le grenier ; mais la balle, il la brûlera au feu qui ne s'éteint pas ». Avec les prophètes de l'Ancien Testament ,Jean-Baptiste annonçait celui qui devait « porter une bonne nouvelle aux pauvres, panser ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur libération et aux prisonniers leur élargissement » (Es 61.1-2). Libération? Elargissement?

Et tout ça pour quoi? Jean a trop déplu aux puissants qu'il dérangeait et il croupit maintenant dans une cellule! Où est la libération? Le mal ne semble t'il pas triompher et les ennemis de Dieu remporter la victoire? « Jésus, si tu es vraiment le Messie, prouve-le! Réveille-toi! Fais quelque chose! » Voilà le cri que pousse Jean-Baptiste derrière sa question.

Bien sûr, certains ont des problèmes avec cet accès de faiblesse de Jean. Beaucoup ont voulu atténuer le sens de notre texte en disant que c'était les disciples de Jean qui avaient des doutes, mais que le prophète, lui, restait bien sûr aussi solide qu'un menhir breton dans sa foi. Il est tout à fait possible que les disciples de Jean aient eu des doutes sur l'identité véritable de Jésus. Mais il est absurde de nier que Jean ait pu flancher lui aussi. Pourquoi? Parce qu'il était un homme, un frêle être de chair et de sang, tout comme nous. Et, tout comme nous, tout comme les disciples de Jésus et ses apôtres, Jean a pu passer par la nuit noire du doute et de la peur. Il y est entré parce qu'il avait l'impression que rien de ce qu'il attendait du Messie ne s'accomplissait. Jean avait dit que Jésus était le Messie, mais Jésus ne parlait pas et n'agissait pas comme le Messie que Jean espèrait. Quelqu'un a dit un jour « Jésus a préché le Royaume, et c'est l'Eglise qui est arrivée » (ce qui, au passage, est un raccourci stupide). On pourrait dire de Jean-Baptiste qu'il attendait le Messie et qu'il a eu Jésus-Christ.

Le problème de Jean est que son attente semble avoir été trop porté sur le retour du Christ pour le jugement. Jean avait bien saisi qu'il y avait une première venue, lorsque le Fils de Dieu s'était fait homme: tout à fait correct! Il savait aussi que Jésus viendrait un jour juger les vivants et les morts: correct aussi. Mais Jean n'avait pas compris quentre ces deux venues de Christ, il devait y avoir une Croix. Jean ne pouvait pas saisir, pas accepter, l'idée du salut impliquant l'humiliation, la souffrance et la mort du Messie. Il était plutôt du genre « tuez-les tous et laissez Dieu faire le tri » Jean: pas de détail!
Et nous dans tout ça? Nous savons tous qu'il est très facile de dire les louanges de l'Eternel quand tout va bien. Mais que les nuages s'amoncelent, que les difficultés se multiplient, et nous savons que nous serons tentés de dire « Pourquoi est-ce que ça m'arrive? Dieu, est-ce que tu m'as abandonné? Est-ce que j'ai eu tort de placer ma confiance en toi? Pourquoi ne fais-tu rien?». Oui, au coeur de l'épreuve, l'amertume peut se mêler à la douleur « j'ai été baptisé, je suis fidèle au culte, je marche avec le Seigneur, et je vois bien que les incroyants vivent aussi bien ou mieux que moi ».

Et c'est là la pointe de notre texte, là où la Parole vivante de Dieu tranche et nous proclame ce que Jésus a proclamé aux envoyés de Jean-Baptiste: « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ». Jésus dit à Jean: « tu connais les prophéties. Tu sais ce qu'elles annoncent. Tu sais à quoi le Messie est sensé ressembler, ce qu'il est sensé faire. Tu sais ce qu'il fera pour son peuple. Et bien tout ça est en train d'arriver, ici et maintenant! Peut-être pas selon ton plan, pas à ta manière, mais à celle de Dieu »

« Tout ça, c'est bien beau, me direz-vous, et peut-être que ma foi serait encouragée si je voyais des aveugles et des paralytiques être guéris chaque dimanche au culte, mais bon...je ne vois rien de ça ». C'est vrai, mais vous pouvez voir quelque chose d'infiniment plus fort, d'infiniment plus précieux. Vous avez quelque chose que Jean-Baptiste lui-même, le plus grand des prophètes de l'Ancienne Alliance n'a jamais eu: vous voyez le monde, vous voyez votre propre existence après la Croix. Vous savez que Jésus est mort pour vos péchés. Vous savez que son sacrifice était absolument nécessaire pour votre salut. Vous savez que sans la mort expiatoire et la résurrection glorieuse de Jésus, vous seriez encore sans espoir, morts dans vos péchés, mais qu'il vous a donné le pardon et la vie. A l'époque de Jean-Baptiste, l'oeuvre du salut n'était pas encore scellée. Mais à la Croix Jésus a dit « tout est accompli »: vos vies entières doivent résonner de ces paroles du Sauveur: en Jésus, Dieu vous a déjà tout donné!

Ce troisième dimanche de l'Avent porte un nom latin Gaudete, qui veut dire « réjouissez-vous » et son thème, depuis des centaines d'années est justement la joie (évoqués dans certaines liturgies par une bougie rose sur la couronne de l'Avent). Dans notre chemin de l'Avent, saison assez grave, nous voulons mettre un dimanche à part pour nous souvenir que Dieu a tenu sa pormesse et qu'il continue à nous être fidèles, même si nous ne comprenons pas toujours ses plans pour nos vies. Nous pensons à Jésus, à sa vie, à son amour pour nous dont témoignent les Ecritures, et nous pouvons nous réjouir.
Il est triste, il est tragique que beaucoup de nos contemporains ne comprennent pas que le christianisme est fondé sur la joie: joie du salut, joie de la paix avec Dieu, joie certes impossible à comprendre si nous n'avons pas été éclairés spirituellement parce qu'elle passe par le Calvaire, mais joie qui, contrairement aux autres, ne sera jamais trompeuse ou passagère.

Mais cette joie, comment la conserver? Souvenez-vous que Jésus aurait sans pu aller visiter Jean-Baptiste dans sa prison pour lui répondre. Il ne l'a pas fait. Luc nous dit que Jean avait envoyé deux messagers vers Jésus. Jésus les a chargés d'un message. Deux messagers, comme la peur et le doute. Deux messagers, comme la Parole et les Sacrements par lesquels, aujourd'hui encore, Jésus nous parle et nous encourage. Malheur à nous si nous nous reposons sur nos sentiments, nos impressions: nous devons être fondés sur le roc de la Parole si nous voulons résister à la tempête!

Comme nous l'avons vu jeudi dernier lors de l'étude biblique à Saint-Maixent, nous devons absolument cultiver notre relation avec le Seigneur, demeurer à l'écoute de sa Parole, sinon c'est l'Adversaire que nous entendrons!
D'autre part, nous devons imiter Jean qui a eu au moins un bon réflexe: il s'est tourné vers Jésus-Christ. La tactique du diable est de détourner nos regards de Jésus et de les centrer sur nous-mêmes. Qui ne connaît pas l'égocentrisme, la pitié de soi ? Or, en nous apitoyant sur nous-mêmes, nous gonflons nos problèmes comme des baudruches. Souvent, un simple regard sur Jésus sur tout ce qu'il nous a apporté, les fera éclater.
L'erreur de Jean-Baptiste, en revanche, était d'avoir trop longtemps regardé au mauvais endroit. L'adversaire dirigera toujours mes regards sur ce qui me démolit, me rabaisse, m'écrase, me coupe de Dieu et de mes frères. Car il est l'accusateur, il est négatif. Il me rappellera autant qu'il le pourra, mes faiblesses, mes péchés, mon passé. Il noircira le présent, rendra sombre l'avenir. Il est une puissance de mort et veut m'asservir, me ramener à la mort. Il fera le même travail de démolition à l'égard de ceux qui m'entourent, il me fera porter sur eux un regard critique ou de peur, un regard pessimiste !
Alors que le Seigneur, lui, va appeler mon regard et me faire retenir les signes de son Royaume. Il cherchera à me relever. Il me ramènera à la croix, me rappellera les grâces dont il m'a comblé, il me redira et me fera revivre la vie abondante qu'il a promise en parlant de fleuves d'eaux vives qui coulent et se déversent. Il me montrera les signes qui manifestent sa victoire et son Royaume dans la vie de mes frères et sœurs, dans l'église locale, dans ses œuvres, dans les cœurs qui s'ouvrent à lui.

Nous devons je crois apprendre à nous voir, à voir nos vies, avec les yeux de Dieu. Jean-Baptiste était entre les quatre murs d'une prison. Quels sont les quatre murs sur lesquels je me cogne toujours ?... Seigneur, je te les apporte :
- est-ce mon besoin d'être accepté par les autres ? d'être aimé ?
- est-ce la solitude que je n'accepte pas ?
- ou est-ce la maladie, le chômage, un problème particulier qui m'obsède ?
- ou bien est-ce Moi, pécheur ou pécheresse, que j'ai en horreur ?
Seigneur, je t'apporte mes quatre murs !

Alors Dieu agit, il répond ! Jean-Baptiste a eu une réponse. Nous aussi, nous pouvons considérer que Dieu nous a répondu : voyez de quel grand amour le Père vous a aimés en Jésus-Christ!

Ce que nous avons à apprendre, nous, les chrétiens, c'est à déménager ! Nous sommes parfois dans une prison et nous y croupissons depuis un certain temps, alors que le Seigneur voudrait nous installer dans une demeure pleine de lumière, bien située sur une colline, pour éclairer tout autour, pour témoigner de la présence de Jésus ; une demeure environnée, pénétrée du souffle de l'Esprit Saint. Oui, Dieu veut nous libérer de nos prisons lugubres pour nous amener, libérés et purifiés, dans la lumière de son Royaume, là où nous pourrons connaître la joie de sa présence. Jésus nous dit: la vérité vous rendra libres! Alors accueillons cette vérité, rejetons les mensonges, et entrons dans le repos de notre maître!

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