dimanche 17 février 2013

Notre Père (1) - Carême 2013

5 »Lorsque tu pries, ne sois pas comme les hypocrites: ils aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des rues pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense.
6 Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra [ouvertement].
7 »En priant, ne multipliez pas les paroles comme les membres des autres peuples: ils s'imaginent en effet qu'à force de paroles ils seront exaucés.
8 Ne les imitez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez.
9 »Voici donc comment vous devez prier: 'Notre Père céleste! Que la sainteté de ton nom soit respectée,
10 que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. 1Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien;
12 pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés;
13 ne nous expose pas à la tentation, mais délivre-nous du mal, [car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen!]'





Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Pour ce carême 2013, je vous propose une série de prédications sur le Notre Père. Cette prière que Jésus a enseigné à ses disciples, l'Eglise la dit encore aujourd'hui dans ces cultes et bien des chrétiens prient le Notre Père chaque jour. Jésus nous l'a donné comme un modèle de prière. Alors je vous propose de replonger dans ce texte si connu pour tenter ensemble d'en retirer sa perpétuelle fraîcheur.
Le Notre Père nous vient de Jésus. Dans le même temps, il faut reconnaître que la prière du Seigneur était profondément ancrée dans la tradition liturgique juive; même si Jésus a souvent donné aux mots un sens et une direction nouvelle.
Prenons par exemple les premiers mots de notre prière: Notre Père...les Juifs pouvaient parfois appeler Dieu « Père », mais c'était rare. Ici, Dieu nous demande d'appeler Dieu « Père » à chaque fois que nous prions.
Remarquez bine qu'il est question de notre Père. Même quand nous disons la prière de Jésus dans la solitude, nous ne disons pas « mon père qui est aux cieux ». Notre, parce qu'aucun ne peut penser qu'il est le seul enfant de Dieu. En Christ, nous avons des frères et des soeurs, et nous sommes appelés à vivre ensemble dans cette famille qui s'appelle l'Eglise. Attention, car trop souvent notre foi est bien trop individualiste: souvenons-nous que Dieu appelle chacun d'entre nous à l'aimer et à le servir dans la communauté, dans sa famille. Si nous refusons ce fait, nous ne pouvons pas vraiment dire « notre Père »

Le nom même de Père devrait nous inciter à la réflexion. Le christianisme est la seule religion dont les membres appellent si librement Dieu « leur Père » et cela est très révélateur de ce que Jésus a voulu nous enseigner.
Tout d'abord, soyons clairs: dire que Dieu est notre Père ne veut pas dire qu'il est un vieux monsieur à la barbe blanche, comme on l'a trop souvent (et bien naïvement) représenté. Dieu n'est pas masculin; il n'est pas féminin non plus d'ailleurs...
Mais alors, que veut-dire ce titre « Père »? Tout d'abord, dire que Dieu est notre Père, c'est refuser l'idée d'un Dieu « horloger de l'univers », qui aurait créé le cosmos et s'en serait désintéressé ensuite. Un Dieu lointain et indifférent.La notion d'un Dieu Père, affirmée par Jésus, dément cette idée si commune.
En effet, un homme peut très bien être un géniteur sans pour autant devenir un père. Il peut féconder une femme et s'en aller ensuite. Une femme, au contraire, va avoir au moins un contact biologique fort avec l'enfant qu'elle va porter pendant 9 mois. Dès le début, il existe un lien physique très fort entre la mère et l'enfant. Ce n'est pas vrai pour le père. On choisit d'être père. Il faut se reconnaître comme tel, il faut accepter les responsabilités que cela représente. Pour devenir père et non plus simplement géniteur, il faut entrer dans une relation d'amour et de confiance avec son enfant.

Bien sûr, nous croyons en un Dieu créateur, qui est à l'origine de la vie, des galaxies et des fourmis, des arbres et des plantes; à qui nous devons l'existence. Mais cette idée d'un Dieu créateur n'est pas suffisante.
Même si cela peut nous sembler incroyable (et ça l'est!) le créateur du ciel et de la terre est aussi notre Père, un père aimant. Cela veut dire qu'il veut faire partie de notre vie, cela veut dire qu'il veut prendre soin de nous. Cela veut dire que notre relation avec Dieu n'a pas à être marquée par des sentiments de peur ou de servitude, mais par un amour libre et confiant.
Dire que Dieu est notre Père, c'est donc affirmer avec confiance qu'il est là pour nous quand nous en avons besoin, qu'il joue pleinement son rôle dans nos vies et que nous pouvons compter sur lui. Nous devons bien comprendre que la paternité de Dieu n'est pas autoritaire, ni distante, ni détaché comme celle de certains pères humains. Notre Père est aux cieux, mais il est là pour nous qui sommes sur la terre

Je sais bien que nombreux sont ceux qui ont eu une relation compliquée avec leur père, mais nous avons à prendre garde à ne pas transposer notre propre vécu à notre relation avec le Seigneur.

Dieu est en effet notre Père céleste. Contrairement aux pères humains, il ne peut faillir dans sa tâche, dans son rôle pour nous. Et le fait que Jésus débute sa prière par ses mots: notre Père, nous montre ce qu'est la prière: un mouvement vers Dieu, comme celui d'un enfant qui va vers son père pour lui demander quelque chose dont il a besoin et qui sait que son père va prendre soin de lui.

Et le première requête du Notre Père c'est « que ton nom soit sanctifié. »
« sanctifié » ce la veut dire consacré, mis à part. Bien sûr le nom de Dieu (càd sa personne même) est saint. Il ne s'agit pas d'ajouter à la sainteté de Dieu: elle est déjà complète et éternelle. Mais, comme le dit Luther, nous demandons là c'est que « le nom de Dieu [qui] est saint par lui-même; soit aussi sanctifié parmi nous »

Encore une fois, il ne s'agit pas de rajouter quoique ce soit à Dieu, mais à ce que sa grandeur, sa beauté, sa perfection, sa puissance soient reconnues dans nos vies.
Dieu est saint, cela ne changera jamais. La question est de savoir si, tous les jours de notre existence, nous allons vraiment le traiter comme saint.
Notez bien que nous en demandons pas à à Dieu de nous laisser faire quelque chose. Non, Dieu et Dieu seul peut sanctifier son nom.
En fait, ici, nous demandons à Dieu de faire quelque chose en nous. Nous lui disons « aide nous à vraiment te connaître, te bénir et t'adorer »

Connaître Dieu, cela passe par Jésus, qui a dit « la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. ». Pour connaître Dieu, nous devons connaître Jésus comme notre Seigneur et Sauveur.
Cela veut dire aussi, bien sûr, connaître la Bible par laquelle Dieu se révèle à nous. C'est la Bible qui va nous permettre de régler toute notre vie, nos pensées, nos paroles et nos actes en telle sorte qu'ils honoreront le nom de notre Dieu, plutôt que de le couvrir de honte.
Comme Dieu le dit dans le livre du prophète Jérémie:
Que le sage ne se montre pas fier de sa sagesse, que le fort ne se montre pas fier de sa force, que le riche ne se montre pas fier de sa richesse, 23 mais *que celui qui veut éprouver de la fierté mette sa fierté dans ceci: le fait d'avoir du discernement et de me connaître. En effet, c'est moi, l'Eternel, qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre. Oui, c'est cela qui me fait plaisir, déclare l'Eternel. (Jérémie 9.23-24)

Mes frères et mes soeurs, à quel point l'Eglise a t'elle besoin de croyants passionnés par la sainteté de Dieu. De chrétiens conscients qu'ils servent un Dieu très saint et qui veulent vivre des vies à sa gloire.
Quelles sont les critiques que l'on entend souvent à propos de l'Eglise? « ce sont des hypocrites, ils ne vivent pas ce qu'ils prêchent ». En d'autres termes: ils ne glorifient pas Dieu, ils vivent n'importe comment, en tout cas pas différement d'un incroyant. Notre réponse à cette déficience tragique ce doit être « que ton nom soit sanctifié ».

Cela veut dire lui consacrer nos vies d'un coeur sans partage, cela veut dire lui consacrer notre argent, notre temps, tout ce que nous sommes et que nous avons. Cela veut dire avoir à coeur de vivre pour sa seule gloire; la gloire d'un Dieu qui a envoyé son Fils unique devenir notre Sauveur. La gloire d'un Dieu qui se révèle être notre Père aimant. Répondons à son amour en sanctifiant son saint nom. Amen.

2 commentaires:

Julien a dit…

Remarquable sermon. Merci pour ce profond encouragement spirituel!!

Anonyme a dit…

C'est un sermon très édifiant et je pense qu'il est très utile de touours méditer sur nos "fondamentaux".
Ainsi, comme vous le dites, "notre Père" nous engage à nous comprendre dans la communion des saints et le sacerdoce universel, contre tous les assauts de l'individualisme.
Merci beaucoup!