dimanche 8 décembre 2013

Histoires de grâce dans la généalogie de Jésus (2. Rahab)

 Nous poursuivons notre série de prédications de l'Avent « Histoires de grâce dans la généalogie de Jésus ». Nous allons aujourd'hui étudier la vie de Rahab, qui est mentionnée dans la généalogie de Jésus en Matthieu 1:5 « De Rahab, Salma eut pour descendant Booz ».
La semaine dernière, nous avons médité ensemble sur Tamar, en Genèse 38. L'histoire de Rahab se trouve elle au deuxième chapitre du livre de Josué. 500 ans séparent donc ces deux histoires. Vous vous souvenez que Dieu avait fait à Abraham la promesse de faire de lui un grand peuple et de lui donner une terre. Abraham eut 12 arrière petits-fils (les fondateurs des 12 tribus d'Israël) qui s'installèrent en Égypte. Au bout d'un certain temps, les Hébreux y furent réduits en esclavage, mais Dieu délivra son peuple et désigna Moïse pour les ramener dans le pays qu'il avait promis à leur ancêtre Abraham.
Et, quand notre histoire débute, le peuple est de l'autre côté du Jourdain, prêt à passer dans le Pays Promis. Tout ça est déjà une histoire étrange, formidable, et si nous sommes chrétiens, nous devons être convaincus que Dieu agit de façon parfois incompréhensible pour accomplir son plan.

C'est Josué, le successeur de Moïse qui va mener le peuple dans le pays et diriger la conquête ordonnée par le Seigneur. En bon chef, il cherche à obtenir des renseignements :
2.1-3 :Josué, fils de Noun, envoya secrètement deux hommes chargés d'une mission de reconnaissance. Il leur donna cette consigne: «Allez explorer le pays, en particulier la ville de Jéricho!» Ils partirent et, arrivés à Jéricho, ils entrèrent dans la maison d'une *prostituée nommée Rahab, et y passèrent la nuit.2 On prévint le roi de Jéricho que des Israélites étaient arrivés là pendant la nuit pour reconnaître la région.3 Alors il envoya dire à Rahab: Livre-nous les hommes qui sont venus chez toi et qui logent dans ta maison, car ils sont venus pour espionner tout le pays.
La première chose que nous apprenons, c'est que Rahab était un déchet social. Ce qu'il faut savoir, c'est que les Cananéens étaient un peuple plongé dans la plus complète déchéance culturelle et morale. Leur religion impliquait des rites fondés sur la débauche sexuelle et des sacrifices d'enfants. C'est à cause de toute ces choses que Dieu avait décidé de les rayer de la carte et de donner la terre de Canaan aux Israélites. Et, dans cette culture de profonde et répugnante corruption morale, Rahab est une prostituée. C'est dire, si elle est tout en bas de l'échelle. Et bien, c'est cette femme, que l'on aurait pu penser hors limites, irrattrapable, c'est bien Rahab.
Quand les soldats du roi sont arrivés chez elle, Rahab aurait très bien pu tourner les choses à son avantage « oh, vous savez, je vois passer beaucoup de monde chez moi. Peut-être que je les ai vus, peut-être pas. Vous êtes prêts à payer combien pour ce genre de renseignements ? ». Et pourtant, ce n'est pas ce qui se passe :
vv.4-7 : 4 Mais la femme emmena les deux hommes et les cacha, puis elle répondit:---Effectivement, des hommes sont venus chez moi, mais j'ignorais d'où ils étaient.5 Et comme on allait fermer la porte, ils sont repartis à la tombée de la nuit. Je ne sais pas où ils sont allés. Dépêchez-vous de les poursuivre, car vous pouvez encore les rattraper.6 En fait, elle les avait fait monter sur le toit en terrasse de sa maison et les avait cachés sous un tas de tiges de lin qu'elle avait rangées là.7 Les envoyés du roi se lancèrent à leur poursuite sur le chemin qui mène aux gués du *Jourdain. Dès qu'ils eurent quitté la ville, on referma la porte derrière eux.
Quel retournement n'est-ce pas ? Rahab cache les espions israélites. Elle aurait pu les « vendre » contre un bon prix mais elle ne le fait pas. Bien plus, elle commet un acte de trahison envers son peuple, avec tout ce que cela implique comme possibles punitions.Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi Rahab prend elle un tel risque ?
Et bien , ce qui explique l'acte de Rahab, ce qu'elle a fait et ce qu'elle est devenue tient en un mot : « foi ». La lettre aux Hébreux définit la foi de la façon suivante : « c'est la ferme assurance des choses qu'on espère, la démonstration de celles qu'on ne voit pas. (Héb 11.1). Rahab, c'est une histoire de foi, de foi en un Dieu vivant et agissant, qui tient ses promesses et dans lequel on peut se confier pleinement.
2:8 Rahab monta sur la terrasse et vint trouver ses hôtes avant qu'ils ne se couchent. 2:9 Elle leur dit : Je sais que l'Éternel vous a donné ce pays : la terreur s'est emparée de nous et tous les habitants de la région sont pris de panique à cause de vous. 2:10 Car nous avons entendu que l’Éternel a mis à sec les eaux de la mer des Roseaux devant vous lorsque vous êtes sortis d’Égypte. Nous avons appris comment vous avez traité les deux rois des Amoréens, Sihôn et Og, qui régnaient de l'autre côté du Jourdain, pour les vouer à l’Éternel, et comment vous avez complètement exterminé leurs peuples et détruit leur pays. 2:11 Depuis que nous avons entendu ces nouvelles, le cœur nous manque, et personne n'a plus le courage de vous tenir tête. En effet, c'est l'Éternel votre Dieu qui est Dieu, en haut dans le ciel et ici-bas sur la terre. 2:12 Maintenant, je vous prie, jurez-moi par le nom de l'Éternel qu'en reconnaissance pour la bonté que je vous ai témoignée, vous aussi vous traiterez ma famille avec la même bonté, et donnez-moi un gage certain

 Nous avons ici je trouve une des plus belles confessions de foi de la Bible.
Tout d'abord, Rahab croit que Dieu a donné le pays de Canaan aux juifs et qu'il sera fidèle à ses promesses « Je sais que l'Éternel vous a donné ce pays ». Deuxièmement, elle confesse au v.10 que Dieu agit puissamment pour son peuple : Dieu a délivré son peuple d’Égypte il lui a fait traversé la mer des Roseaux et il leur a déjà donné la victoire sur les Amoréens
Et cette confession se termine par ces paroles magnifiques : En effet, c'est l'Éternel votre Dieu qui est Dieu, en haut dans le ciel et ici-bas sur la terre.
Rahab a compris que l’Éternel, le Dieu d'Israël, est le seul vrai Dieu, que les divinités de son peuple ne sont que des idoles horribles. Elle se tourne vers le Seigneur et croit en lui et en lui seul.
Voilà pourquoi elle ment aux soldats, tourne le dos à son peuple et met sa vie entre les mains du Dieu vivant, dans lequel elle a placé sa foi.
Mais cela amène une question : comment Rahab a t'elle pu en venir à croire dans le vrai Dieu ? Ce n'est pas comme si Josué et des dizaines de prêtres israélites étaient venus à Jéricho faire une grande campagne d'évangélisation. En fait, beaucoup commentateurs pensent que l'hypothèse la plus crédible est que ce sont ces clients qui ont parlé à Rahab de ce peuple qui avait libéré d’Égypte par leur Dieu et de tout ce qu'il avait fait pour eux. Les gens de Jéricho eux aussi avaient appris la nouvelle, et ils étaient remplis de peur, mais chez Rahab, les mêmes nouvelles ont fait naître la foi dans ce Dieu si puissant. Cela, ce n'est rien d'autre que l'action du Saint Esprit qui l'a permis, c'est l'Esprit Saint qui s'est servi du « témoignage » de ces païens, de ces inconvertis pour amener Rahab à la conversion, à la foi.
Et si Dieu s'est servi de cela pour amener Rahab au salut, ne va t'il pas aussi se servir de notre témoignage de chrétiens pour amener des gens à la foi en Christ ? Paul dit en Romains 10.17 « la foi naît du message que l'on entend, et ce message c'est celui qui s'appuie sur la parole du Christ. »
Ils sont tellement nombreux, frères et soeurs, ceux qui ne connaissent pas le message de la Bonne Nouvelle qui est en Christ. Parmi eux, beaucoup de nos collègues, de nos amis, de nos parents. Est-ce que nous allons les laisser dans les ténèbres ou allons-nous, comme Jésus le demande à chacun de nous, être ses témoins auprès d'eux ? Notre communauté annonce l’Évangile par les émissions de radio, par les tractages, par des événements comme « Ensemble chantons Noël », mais témoigner de Jésus, cela peut aussi se faire autour d'une tasse de café avec un ami. Souvent notre témoignage est bloqué par la peur. Peur de mal faire d'abord : de ce point de vue là, il existe des façons de se former et je serai heureux de répondre à vos questions, afin que vous puissiez aborder les questions spirituelles de façon plus efficace. Mais il y a surtout la peur de l'échec, et le découragement devant le manque apparent de résultats. Dans ces cas-là, souvenons nous de Rahab. Souvenons-nous de la promesse que Dieu nous fait « Il en sera de même de la parole que j’ai prononcée : elle ne reviendra jamais vers moi à vide, sans avoir accompli ce que je désirais et sans avoir atteint le but que je lui ai fixé. » (Esaïe 55.11)
Mes frères, Dieu est souverain. Il nous demande juste de semer sa Parole et c'est lui qui fera croître selon sa volonté. Peut-être ne verrons-nous donc même pas les résultats de nos efforts, mais Dieu nous promet qu'il agira. Ce qui doit être notre souci, ce n'est pas le « succès », c'est la fidélité à Dieu et à sa Parole.
Oui, l'histoire de Rahab, c'est l'histoire de la foi. Et cette foi a des effets, des conséquences. Le chapitre 6 du livre de Josué nous raconte la prise de Jéricho, conformément à la promesse de Dieu. Et Rahab est non seulement épargnée, mais elle rejoint le peuple d'Israël. Elle n'est plus un prostituée cananéenne, Rahab, elle appartient désormais au peuple de Dieu et elle va devenir une ancêtre de notre Seigneur Jésus-Christ. Encore aujourd'hui, quand nous plaçons notre foi en Christ, nous recevons une nouvelle identité. C'est ce que l'apôtre Paul explique en Galates 2.19-20 : « En effet, j'ai été crucifié avec le Christ. Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. Ma vie en tant qu'homme, je la vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu qui, par amour pour moi, s'est livré à la mort à ma place. c'est une histoire de grâce. ». Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. Je crois que trop souvent nous négligeons cette vérité qui est pourtant glorieuse ! Nous avons été régénérés et Christ vit en nous. Cela s'est produit quand Dieu nous a donné la foi, et nous devons être conscients de cette vie du Seigneur en nous-mêmes.

Vous savez, en Hébreux 11, il y a une longue liste des héros de la foi. Rahab y figure « Par la foi, Rahab la prostituée n’est pas morte avec ceux qui avaient refusé d'obéir à Dieu, parce qu'elle avait accueilli avec bienveillance les Israélites, envoyés en éclaireurs. ». Cela me frappe, car il n'est pas fait mention dans cette liste de Josué, qui a mené le peuple dans le pays promis, tandis que Rahab est mise en avant. Rahab l'étrangère, Rahab la femme de mauvaise vie qui a été sauvée par grâce au moyen de la foi.
Cette foi de Rahab, elle s'est exprimée d'une façon très forte ? Reprenons en Josué 2.1
2:12 Maintenant, je vous prie, jurez-moi par le nom de l'Éternel qu'en reconnaissance pour la bonté que je vous ai témoignée, vous aussi vous traiterez ma famille avec la même bonté, et donnez-moi un gage certain 2:13 que vous laisserez la vie sauve à mon père, à ma mère, à mes frères et sœurs, et à tous les membres de leurs familles, et que vous empêcherez que nous soyons mis à mort. 2:14 Les deux hommes lui répondirent : Notre vie répondra de la vôtre pourvu que tu gardes le secret de cet engagement entre nous. Lorsque l'Éternel nous donnera ce pays, nous serons fidèles à notre promesse et nous te traiterons avec bonté. 2:15 Or la maison de Rahab était construite dans le mur même des remparts de la ville, et elle habitait ainsi sur le rempart. Ainsi elle put faire descendre les deux hommes par la fenêtre au moyen d'une corde. 2:16 Dirigez-vous vers les collines, leur recommanda-t-elle, pour échapper à ceux qui vous poursuivent, et cachez-vous là pendant trois jours jusqu'à ce qu'ils soient de retour. Après cela, vous pourrez reprendre votre route. 2:17 Les deux hommes lui dirent : Voici de quelle manière nous allons nous acquitter du serment que tu nous as fait prêter : 2:18 lorsque nous serons entrés dans ton pays, attache ce cordon rouge à la fenêtre par laquelle tu nous fais descendre, puis réunis dans ta maison ton père, ta mère, tes frères et toute ta famille. 2:19 Si l'un d'eux franchit la porte de ta maison pour aller dehors, il sera seul responsable de sa mort, nous en serons innocents. Par contre, si l'on porte la main sur l'un de ceux qui seront avec toi dans la maison, c'est nous qui porterons la responsabilité de sa mort. 2:20 Toutefois, si tu divulgues cet engagement entre nous, nous serons dégagés du serment que tu nous as fait prononcer. 2:21 Elle répondit : D'accord ! Que les choses soient comme vous l'avez dit ! Puis elle les fit partir et ils s'en allèrent. Aussitôt, elle attacha le cordon rouge à sa fenêtre. 2:22 Les deux hommes gagnèrent les collines et s'y tinrent cachés pendant trois jours, jusqu'à ce que la patrouille lancée à leur poursuite soit de retour ; elle avait battu toute la région le long de la route sans les trouver.
Je crois que la grande leçon de Rahab tient en un mot, un tout petit mot. Avant de partir, les espions disent à Rahab, pour être protégée avec sa famille, de placer un cordon rouge à sa fenêtre « dès que nous serons entrés dans ton pays » (v.18) c'est-à-dire quand les espions auront échappé à leurs poursuivants, rendu leur rapport, quand les troupes d'Israël auront traversé le Jourdain, quand elles se seront victorieusement avancées en territoire ennemi, quand elles seront sur le point de prendre Jéricho...ça fait beaucoup de choses quand même...
Mais avez vous remarqué quand Rahab met le cordon rouge à sa fenêtre ? « Aussitôt » après que les espions aient quitté sa maison. Comme si la ville était déjà prise. Qu'elle est belle cette foi de Rahab, qui lui permet de considérer comme déjà accomplies les promesses de Dieu,parce qu'elles viennent de Dieu. Les Israélites eux-mêmes avaient douté, et Dieu les avait condamnés à passer 40 ans dans le désert, mais Rahab, elle, a cru.Le Seigneur a promis de donner la terre aux Israélites : il va le faire, et c'est pour cela que Rahab place à sa fenêtre ce cordon rouge qui est un symbole flamboyant de la foi : « c'est la ferme assurance des choses qu'on espère, la démonstration de celles qu'on ne voit pas. »

Nous aussi, il serait bon que nous ayons la même assurance face aux promesses que Dieu nous fait, que nous vivions dans une attente joyeuse, comme si elles étaient déjà accomplies. Oh, ce n'est pas facile d'entrer dans cette dimension. Mais je ne crois pas que ça a été « facile » non plus pour Rahab. Parce que, franchement, un simple cordon rouge à la fenêtre face à une armée d'invasion... de plus, nous savons que les murailles de Jéricho se sont effondrées, ces murailles près desquelles se trouvait justement la maison de Rahab. A ce moment là pour ne pas s'enfuir avec toute sa famille, ne serait-ce que pour aller dans un autre quartier de la ville, Rahab a vraiment dû garder la foi en Dieu. Nous aussi, parfois, tout s'effondre autour de nous et nous pouvons être tentés d'avoir recours à nos propres forces. Non ! Arrêtez ! Restez dans la maison et regardez le cordon rouge. Regardez au Seigneur : tout ira bien, il l'a promis.
Rahab a été l'ancêtre de Jésus. Jésus dont le sang a coulé pour nous à la croix. Si nous croyons en lui, ce sang nous purifie de tous nos péchés et il est la source de notre salut, tout comme le cordon rouge a été la marque du salut de Rahab.
L'histoire de grâce dans cette histoire de Rahab, c'est que la grâce de Dieu peut atteindre même les gens que l'on croirait hors d'atteinte, les pécheurs les plus endurcis, les prostituées de Jéricho...Il a plusieurs années de cela, je travaillais avec Campus pour Christ à l'évangélisation en milieu étudiant à Paris. Nous tenions des stands à la Sorbonne, et cela nous donnait l'occasion de discuter avec les jeunes. Je me souviens très vivement de cette jeune étudiante (d'Europe de l'Est) qui m'a dit « oh, moi, j'ai fait des choses et Dieu ne pourra pas me pardonner ». Elle le croyait vraiment, cela se voyait. J'ai été désarçonné, j'ai bredouillé je ne sais pas trop quoi (Jean 3.16) et notre discussion s'est arrêtée. Je ne l'ai plus jamais revue, mais j'ai souvent prié pour elle. Prié qu'elle ait pu découvrir que dans sa grâce, Dieu donne la foi et le salut même à des Rahab.

1 commentaire:

Elisa Vieira a dit…

merci beaucoup pour ce texte! il m'inspire! (ce texte est d'ailleur cité dans "https://washingnets.wordpress.com/2014/03/05/10-rahab/)