La
semaine dernière, nous avons médité ensemble sur Tamar, en Genèse
38. L'histoire de Rahab se trouve elle au deuxième chapitre du livre
de Josué. 500 ans séparent donc ces deux histoires. Vous vous
souvenez que Dieu avait fait à Abraham la promesse de faire de lui
un grand peuple et de lui donner une terre. Abraham eut 12 arrière
petits-fils (les fondateurs des 12 tribus d'Israël) qui
s'installèrent en Égypte. Au bout d'un certain temps, les Hébreux
y furent réduits en esclavage, mais Dieu délivra son peuple et
désigna Moïse pour les ramener dans le pays qu'il avait promis à
leur ancêtre Abraham.
Et,
quand notre histoire débute, le peuple est de l'autre côté du
Jourdain, prêt à passer dans le Pays Promis. Tout ça est déjà
une histoire étrange, formidable, et si nous sommes chrétiens, nous
devons être convaincus que Dieu agit de façon parfois
incompréhensible pour accomplir son plan.
C'est
Josué, le successeur de Moïse qui va mener le peuple dans le pays
et diriger la conquête ordonnée par le Seigneur. En bon chef, il
cherche à obtenir des renseignements :
2.1-3 :Josué,
fils de Noun, envoya secrètement deux hommes chargés d'une mission
de reconnaissance. Il leur donna cette consigne: «Allez explorer le
pays, en particulier la ville de Jéricho!» Ils partirent et,
arrivés à Jéricho, ils entrèrent dans la maison d'une *prostituée
nommée Rahab, et y passèrent la nuit.2 On prévint le roi de
Jéricho que des Israélites étaient arrivés là pendant la nuit
pour reconnaître la région.3 Alors il envoya dire à Rahab:
Livre-nous les hommes qui sont venus chez toi et qui logent dans ta
maison, car ils sont venus pour espionner tout le pays.
La
première chose que nous apprenons, c'est que Rahab était un déchet
social. Ce qu'il faut savoir, c'est que les Cananéens étaient un
peuple plongé dans la plus complète déchéance culturelle et
morale. Leur religion impliquait des rites fondés sur la débauche
sexuelle et des sacrifices d'enfants. C'est à cause de toute ces
choses que Dieu avait décidé de les rayer de la carte et de donner
la terre de Canaan aux Israélites. Et, dans cette culture de
profonde et répugnante corruption morale, Rahab est une prostituée.
C'est dire, si elle est tout en bas de l'échelle. Et bien, c'est
cette femme, que l'on aurait pu penser hors limites, irrattrapable,
c'est bien Rahab.
Quand
les soldats du roi sont arrivés chez elle, Rahab aurait très bien
pu tourner les choses à son avantage « oh, vous savez, je vois
passer beaucoup de monde chez moi. Peut-être que je les ai vus,
peut-être pas. Vous êtes prêts à payer combien pour ce genre de
renseignements ? ». Et pourtant, ce n'est pas ce qui se
passe :
vv.4-7 : 4 Mais
la femme emmena les deux hommes et les cacha, puis elle
répondit:---Effectivement, des hommes sont venus chez moi, mais
j'ignorais d'où ils étaient.5 Et comme on allait fermer la
porte, ils sont repartis à la tombée de la nuit. Je ne sais pas où
ils sont allés. Dépêchez-vous de les poursuivre, car vous pouvez
encore les rattraper.6 En fait, elle les avait fait monter sur
le toit en terrasse de sa maison et les avait cachés sous un tas de
tiges de lin qu'elle avait rangées là.7 Les envoyés du roi se
lancèrent à leur poursuite sur le chemin qui mène aux gués du
*Jourdain. Dès qu'ils eurent quitté la ville, on referma la porte
derrière eux.
Quel
retournement n'est-ce pas ? Rahab cache les espions israélites.
Elle aurait pu les « vendre » contre un bon prix mais
elle ne le fait pas. Bien plus, elle commet un acte de trahison
envers son peuple, avec tout ce que cela implique comme possibles
punitions.Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi Rahab prend elle
un tel risque ?
Et
bien , ce qui explique l'acte de Rahab, ce qu'elle a fait et ce
qu'elle est devenue tient en un mot : « foi ». La
lettre aux Hébreux définit la foi de la façon suivante :
« c'est
la ferme assurance des choses qu'on espère, la démonstration de
celles qu'on ne voit pas. (Héb
11.1). Rahab,
c'est une histoire de foi, de foi en un Dieu vivant et agissant, qui
tient ses promesses et dans lequel on peut se confier pleinement.
2:8
Rahab monta sur la terrasse et vint trouver ses hôtes avant qu'ils
ne se couchent. 2:9 Elle leur dit : Je sais que l'Éternel vous a
donné ce pays : la terreur s'est emparée de nous et tous les
habitants de la région sont pris de panique à cause de vous. 2:10
Car nous avons entendu que l’Éternel a mis à sec les eaux de la
mer des Roseaux devant vous lorsque vous êtes sortis d’Égypte.
Nous avons appris comment vous avez traité les deux rois des
Amoréens, Sihôn et Og, qui régnaient de l'autre côté du
Jourdain, pour les vouer à l’Éternel, et comment vous avez
complètement exterminé leurs peuples et détruit leur pays. 2:11
Depuis que nous avons entendu ces nouvelles, le cœur nous manque, et
personne n'a plus le courage de vous tenir tête. En effet, c'est
l'Éternel votre Dieu qui est Dieu, en haut dans le ciel et
ici-bas sur la terre. 2:12 Maintenant, je vous prie, jurez-moi par le
nom de l'Éternel qu'en reconnaissance pour la bonté que je vous ai
témoignée, vous aussi vous traiterez ma famille avec la même
bonté, et donnez-moi un gage certain
Nous
avons ici je trouve une des plus belles confessions de foi de la
Bible.
Tout
d'abord, Rahab croit que Dieu a donné le pays de Canaan aux juifs et
qu'il sera fidèle à ses promesses « Je
sais que l'Éternel vous a donné ce pays ». Deuxièmement,
elle confesse au v.10 que Dieu agit puissamment pour son peuple :
Dieu a délivré son
peuple d’Égypte il lui a fait traversé la mer des Roseaux et il
leur a déjà donné la victoire sur les Amoréens
Et
cette confession se termine par ces paroles magnifiques :
En effet, c'est l'Éternel
votre Dieu qui est Dieu, en haut dans le ciel et ici-bas sur la
terre.
Rahab
a compris que l’Éternel, le Dieu d'Israël, est le seul vrai
Dieu, que les divinités de son peuple ne sont que des idoles
horribles. Elle se tourne vers le Seigneur et croit en lui et en lui
seul.
Voilà
pourquoi elle ment aux soldats, tourne le dos à son peuple et met sa
vie entre les mains du Dieu vivant, dans lequel elle a placé sa foi.
Mais
cela amène une question : comment Rahab a t'elle pu en venir à
croire dans le vrai Dieu ? Ce n'est pas comme si Josué et des
dizaines de prêtres israélites étaient venus à Jéricho faire une
grande campagne d'évangélisation. En fait, beaucoup commentateurs
pensent que l'hypothèse la plus crédible est que ce sont ces
clients qui ont parlé à Rahab de ce peuple qui avait libéré
d’Égypte par leur Dieu et de tout ce qu'il avait fait pour eux.
Les gens de Jéricho eux aussi avaient appris la nouvelle, et ils
étaient remplis de peur, mais chez Rahab, les mêmes nouvelles ont
fait naître la foi dans ce Dieu si puissant. Cela, ce n'est rien
d'autre que l'action du Saint Esprit qui l'a permis, c'est l'Esprit
Saint qui s'est servi du « témoignage » de ces païens,
de ces inconvertis pour amener Rahab à la conversion, à la foi.
Et
si Dieu s'est servi de cela pour amener Rahab au salut, ne va t'il
pas aussi se servir de notre témoignage de chrétiens pour amener
des gens à la foi en Christ ? Paul dit en Romains 10.17 « la
foi naît du message que l'on entend, et ce message c'est celui qui
s'appuie sur la parole du Christ. »
Ils
sont tellement nombreux, frères et soeurs, ceux qui ne connaissent
pas le message de la Bonne Nouvelle qui est en Christ. Parmi eux,
beaucoup de nos collègues, de nos amis, de nos parents. Est-ce que
nous allons les laisser dans les ténèbres ou allons-nous, comme
Jésus le demande à chacun de nous, être ses témoins auprès
d'eux ? Notre communauté annonce l’Évangile par les
émissions de radio, par les tractages, par des événements comme
« Ensemble chantons Noël », mais témoigner de Jésus,
cela peut aussi se faire autour d'une tasse de café avec un ami.
Souvent notre témoignage est bloqué par la peur. Peur de mal faire
d'abord : de ce point de vue là, il existe des façons de se
former et je serai heureux de répondre à vos questions, afin que
vous puissiez aborder les questions spirituelles de façon plus
efficace. Mais il y a surtout la peur de l'échec, et le
découragement devant le manque apparent de résultats. Dans ces
cas-là, souvenons nous de Rahab. Souvenons-nous de la promesse que
Dieu nous fait « Il
en sera de même de la parole que j’ai prononcée : elle ne
reviendra jamais vers moi à vide, sans avoir accompli ce que je
désirais et sans avoir atteint le but que je lui ai fixé. »
(Esaïe 55.11)
Mes
frères, Dieu est souverain. Il nous demande juste de semer sa Parole
et c'est lui qui fera croître selon sa volonté. Peut-être ne
verrons-nous donc même pas les résultats de nos efforts, mais Dieu
nous promet qu'il agira. Ce qui doit être notre souci, ce n'est pas
le « succès », c'est la fidélité à Dieu et à sa
Parole.
Oui,
l'histoire de Rahab, c'est l'histoire de la foi. Et cette foi a des
effets, des conséquences. Le chapitre 6 du livre de Josué nous
raconte la prise de Jéricho, conformément à la promesse de Dieu.
Et Rahab est non seulement épargnée, mais elle rejoint le peuple
d'Israël. Elle n'est plus un prostituée cananéenne, Rahab, elle
appartient désormais au peuple de Dieu et elle va devenir une
ancêtre de notre Seigneur Jésus-Christ. Encore aujourd'hui, quand
nous plaçons notre foi en Christ, nous recevons une nouvelle
identité. C'est ce que l'apôtre Paul explique en Galates 2.19-20 :
« En
effet, j'ai été crucifié avec le Christ. Ce n'est plus moi qui
vis, c'est le Christ qui vit en moi. Ma vie en tant qu'homme, je la
vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu qui, par amour pour moi,
s'est livré à la mort à ma place. c'est une histoire de grâce. ».
Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. Je crois que
trop souvent nous négligeons cette vérité qui est pourtant
glorieuse ! Nous avons été régénérés et Christ vit en
nous. Cela s'est produit quand Dieu nous a donné la foi, et nous
devons être conscients de cette vie du Seigneur en nous-mêmes.
Vous
savez, en Hébreux 11, il y a une longue liste des héros de la foi.
Rahab y figure « Par la foi, Rahab la prostituée n’est
pas morte avec ceux qui avaient refusé d'obéir à Dieu, parce
qu'elle avait accueilli avec bienveillance les Israélites, envoyés
en éclaireurs. ». Cela me frappe, car il n'est pas fait
mention dans cette liste de Josué, qui a mené le peuple dans le
pays promis, tandis que Rahab est mise en avant. Rahab l'étrangère,
Rahab la femme de mauvaise vie qui a été sauvée par grâce au
moyen de la foi.
Cette
foi de Rahab, elle s'est exprimée d'une façon très forte ?
Reprenons en Josué 2.1
2:12
Maintenant, je vous prie, jurez-moi par le nom de l'Éternel qu'en
reconnaissance pour la bonté que je vous ai témoignée, vous aussi
vous traiterez ma famille avec la même bonté, et donnez-moi un gage
certain 2:13 que vous laisserez la vie sauve à mon père, à ma
mère, à mes frères et sœurs, et à tous les membres de leurs
familles, et que vous empêcherez que nous soyons mis à mort. 2:14
Les deux hommes lui répondirent : Notre vie répondra de la vôtre
pourvu que tu gardes le secret de cet engagement entre nous. Lorsque
l'Éternel nous donnera ce pays, nous serons fidèles à notre
promesse et nous te traiterons avec bonté. 2:15 Or la maison de
Rahab était construite dans le mur même des remparts de la ville,
et elle habitait ainsi sur le rempart. Ainsi elle put faire descendre
les deux hommes par la fenêtre au moyen d'une corde. 2:16
Dirigez-vous vers les collines, leur recommanda-t-elle, pour échapper
à ceux qui vous poursuivent, et cachez-vous là pendant trois jours
jusqu'à ce qu'ils soient de retour. Après cela, vous pourrez
reprendre votre route. 2:17 Les deux hommes lui dirent : Voici de
quelle manière nous allons nous acquitter du serment que tu nous as
fait prêter : 2:18 lorsque nous serons entrés dans ton pays,
attache ce cordon rouge à la fenêtre par laquelle tu nous fais
descendre, puis réunis dans ta maison ton père, ta mère, tes
frères et toute ta famille. 2:19 Si l'un d'eux franchit la porte de
ta maison pour aller dehors, il sera seul responsable de sa mort,
nous en serons innocents. Par contre, si l'on porte la main sur l'un
de ceux qui seront avec toi dans la maison, c'est nous qui porterons
la responsabilité de sa mort. 2:20 Toutefois, si tu divulgues cet
engagement entre nous, nous serons dégagés du serment que tu nous
as fait prononcer. 2:21 Elle répondit : D'accord ! Que les choses
soient comme vous l'avez dit ! Puis elle les fit partir et ils s'en
allèrent. Aussitôt, elle attacha le cordon rouge à sa fenêtre.
2:22 Les deux hommes gagnèrent les collines et s'y tinrent cachés
pendant trois jours, jusqu'à ce que la patrouille lancée à leur
poursuite soit de retour ; elle avait battu toute la région le long
de la route sans les trouver.
Je
crois que la grande leçon de Rahab tient en un mot, un tout petit
mot. Avant de partir, les espions disent à Rahab, pour être
protégée avec sa famille, de placer un cordon rouge à sa fenêtre
« dès que nous serons entrés dans ton pays » (v.18)
c'est-à-dire quand les espions auront échappé à leurs
poursuivants, rendu leur rapport, quand les troupes d'Israël auront
traversé le Jourdain, quand elles se seront victorieusement avancées
en territoire ennemi, quand elles seront sur le point de prendre
Jéricho...ça fait beaucoup de choses quand même...
Mais
avez vous remarqué quand Rahab met le cordon rouge à sa fenêtre ?
« Aussitôt » après que les espions aient quitté sa
maison. Comme si la ville était déjà prise. Qu'elle est belle
cette foi de Rahab, qui lui permet de considérer comme déjà
accomplies les promesses de Dieu,parce qu'elles viennent de Dieu. Les
Israélites eux-mêmes avaient douté, et Dieu les avait condamnés à
passer 40 ans dans le désert, mais Rahab, elle, a cru.Le Seigneur a
promis de donner la terre aux Israélites : il va le faire, et
c'est pour cela que Rahab place à sa fenêtre ce cordon rouge qui
est un symbole flamboyant de la foi : « c'est la ferme
assurance des choses qu'on espère, la démonstration de celles qu'on
ne voit pas. »
Nous
aussi, il serait bon que nous ayons la même assurance face aux
promesses que Dieu nous fait, que nous vivions dans une attente
joyeuse, comme si elles étaient déjà accomplies. Oh, ce n'est pas
facile d'entrer dans cette dimension. Mais je ne crois pas que ça a
été « facile » non plus pour Rahab. Parce que,
franchement, un simple cordon rouge à la fenêtre face à une armée
d'invasion... de plus, nous savons que les murailles de Jéricho se
sont effondrées, ces murailles près desquelles se trouvait
justement la maison de Rahab. A ce moment là pour ne pas s'enfuir
avec toute sa famille, ne serait-ce que pour aller dans un autre
quartier de la ville, Rahab a vraiment dû garder la foi en Dieu.
Nous aussi, parfois, tout s'effondre autour de nous et nous pouvons
être tentés d'avoir recours à nos propres forces. Non !
Arrêtez ! Restez dans la maison et regardez le cordon rouge.
Regardez au Seigneur : tout ira bien, il l'a promis.
Rahab
a été l'ancêtre de Jésus. Jésus dont le sang a coulé pour nous
à la croix. Si nous croyons en lui, ce sang nous purifie de tous nos
péchés et il est la source de notre salut, tout comme le cordon
rouge a été la marque du salut de Rahab.
L'histoire
de grâce dans cette histoire de Rahab, c'est que la grâce de Dieu
peut atteindre même les gens que l'on croirait hors d'atteinte, les
pécheurs les plus endurcis, les prostituées de Jéricho...Il a
plusieurs années de cela, je travaillais avec Campus pour Christ à
l'évangélisation en milieu étudiant à Paris. Nous tenions des
stands à la Sorbonne, et cela nous donnait l'occasion de discuter
avec les jeunes. Je me souviens très vivement de cette jeune
étudiante (d'Europe de l'Est) qui m'a dit « oh, moi, j'ai fait
des choses et Dieu ne pourra pas me pardonner ». Elle le
croyait vraiment, cela se voyait. J'ai été désarçonné, j'ai
bredouillé je ne sais pas trop quoi (Jean 3.16) et notre discussion
s'est arrêtée. Je ne l'ai plus jamais revue, mais j'ai souvent prié
pour elle. Prié qu'elle ait pu découvrir que dans sa grâce, Dieu
donne la foi et le salut même à des Rahab.
1 commentaire:
merci beaucoup pour ce texte! il m'inspire! (ce texte est d'ailleur cité dans "https://washingnets.wordpress.com/2014/03/05/10-rahab/)
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