dimanche 9 mars 2014

Je suis...le pain de vie (Jean 6:25)

Chers frères et sœurs en Christ,
chers amis,

Nous commençons aujourd'hui notre parcours de Carême qui vous nous mener jusqu'à Pâques. Nous avons sept dimanche devant nous, et je vous propose d'étudier ensemble sept déclarations de Jésus que Jean nous rapporte dans son évangile, sept « je suis » que Christ a utilisés pour faire comprendre à ceux qui l'écoutaient qui il était vraiment. Ces sept « Je Suis » sont les suivants :

- Je suis le pain de vie (6.35)
- Je suis la lumière du monde (8.12)
- Je suis la porte (10.7)
- Je suis le bon berger (10.11)
- Je suis la résurrection et la vie (11.25)
- Je suis le chemin, la vérité et la vie (14.6)
- Je suis le vrai cep (15.1)


Je vous propose donc ce matin d'écouter le premier d'entre eux, que nous trouvons au 6ème chapitre de Jean :
32 Jésus leur dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain du ciel, mais c'est mon Père qui vous donne le vrai pain du ciel. 33 En effet, le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde.» 34 Ils lui dirent alors: «Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là!»35 Jésus leur dit: «C'est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. 36 Mais, je vous l'ai dit, vous m'avez vu et pourtant vous ne croyez pas.

Pour comprendre ce passage, il est nécessaire de le replacer dans son contexte et revenir au début du chapitre 6. Jésus se trouvait sur le bords de la mer de Galilée et une grande foule, attirée par sa renommée et ses miracles, l'avait suivi. Voyant tous ces gens, Jésus demande à ses disciples s'ils ne pourraient pas leur trouver à manger. Philippe répond qu'il faudrait dépenser au moins 8 mois de salaire pour ne serait-ce que donner une bouchée à chacune de ces personnes, et André rajoute « «Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons, mais qu'est-ce que cela pour tant de monde?». C'est peu, ce n'est rien, mais avec Jésus, cela suffit !
Le Seigneur fait asseoir les gens, prend les pains et les poissons et il rend grâces. Il commence à distribuer et nourrit ainsi dans un des ses plus grands miracles 5000 hommes. Jean rajoute que tous furent rassasiés, en qu'il resta en plus 12 paniers de restes que les disciples recueillirent.
La nuit suivante, craignant que la foule enthousiaste vienne le saisir pour le faire roi d'Israël, Jésus marche sur les eaux du lac pour repasser de l'autre côté, à Capernaüm. Mais la foule monte dans des bateaux et le retrouve pour lui demander un signe miraculeux leur prouvant qu'il est bine le Messie. Un signe miraculeux, comme si ce qu'ils venaient de vivre la veille ne leur suffisait pas.

Cette histoire est en fait celle d'un tragique malentendu, l'histoire de gens qui n'arrivent pas à saisir l'identité réelle de Jésus-Christ. L'autre élément central de ce passage est qu'il tourne autour d'un besoin essentiel de l'homme : la nourriture. Nous passions entre 9 et 12 ans de notre vie à manger. Pourquoi ? À cause de la faim, une expérience humaine universelle.Notre corps nous envoie la sensation de la faim pour nous faire comprendre qu'il a besoin d'être nourri. Bien sûr, nous vivons dans une société où le problème est plutôt la suralimentation, mais on sait jusqu'où sont prêts à aller ceux qui ont vraiment faim. La faim a provoqué des révolutions, et les magasins vides ont tout autant ébranlé les dictatures communistes d'Europe de l'Est que le désir de libertés.
Jésus parle à des gens qui ont faim et dans ce contexte
La veille, Jésus avait nourri 5000 hommes. Mais le lendemain, ils ont faim de nouveau et ils vont chercher Jésus en lui demandant de les nourrir de nouveau. Mais Jésus sait ce qu'il y a dans leurs cœurs et leurs esprits, et il profite de cette occasion pour leur parler de deux nourritures.

« «En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. 27 Travaillez, non pour la nourriture périssable, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, celle que le Fils de l'homme vous donnera, car c'est lui que le Père, Dieu lui-même, a marqué de son empreinte.»

Jésus oppose donc deux sortes de nourritures : la nourriture périssable et la nourriture qui subsiste pour la vie éternelle.

La « nourriture périssable », que nous utilisons pour entretenir nos corps. Elle est certes nécessaire mais, même si nous avons énormément mangé un jour, nous finirons quand même par avoir de nouveau faim le lendemain et avoir besoin de nous nourrir. Cette nourriture là ne dure pas...
Mais il y a une autre nourriture, « qui subsiste pour la vie éternelle », et cette nourriture, c'est seulement Jésus qui peut nous la donner. Quelle est-elle cette nourriture ? Et bien, ce n'est rien d'autre que la grâce de Dieu offerte à des pécheurs, c'est la joie, la paix, de se savoir infiniment aimés de Dieu en Christ, pardonnés par son sang, assurés de la présence de Dieu dans nos cœurs et dans vies, quelles que soient les circonstances de ces dernières. C'est cette nourriture là qui nous garantit que, même si nous passons par la mort, nous vivrons pour l'éternité avec Jésus.
Il y a une autre différence, essentielle : pour obtenir la nourriture périssable , il faut travailler (c'est un principe que Paul appuie quand il dit « si un homme ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus »). Bien sûr, nous ne cultivons plus la terre pour en tirer notre nourriture, mais c'est grâce à notre salaire, fruit de notre travail, que nous payons le contenu du caddie hebdomadaire. Comme on dit parfois « il faut sortir le pain du sac » !

Mais la nourriture qui subsiste éternellement est différente : seul le Fils de de l'Homme, Jésus, peut nous la donner. Cela va bien sûr contre la réaction logique des gens : s'il faut gagner sa nourriture terrestre, il faut aussi gagner sa nourriture céleste. Et Jésus dit « non »

Alors, forcément, les gens appliquent la même logique à la nourriture qui subsiste pour la vie éternelle, la nourriture céleste. Jésus dit « non » : vous ne le pouvez pas, parce que vous en êtes incapables, par ce que l'emprise du péché sur vous vous en empêche. Vous devez abandonner cette idée fausse et folle : cette nourriture vous ne pouvez la recevoir que par la grâce de Dieu manifestée en moi.
Et quelle est la réaction des gens devant ces paroles ?
« «Quel signe miraculeux fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions et que nous croyions en toi? Que fais-tu? ». En clair « ouais, tu parles beaucoup, mais montre nous quelque chose de puissant, un grand miracle pour prouver que tu es bien le Fils de Dieu ! »
Et nous devons nous arrêter devant cette réaction. Cela faisait à peine douze heures que ces hommes et ces femmes avaient vu Jésus multiplier les pains et les poissons pour nourrir 5000 personnes. Et dans la dureté de leur cœurs incroyants, il demandent un autre miracle. « Bon, d'accord, tu nous a nourris hier, mais aujourd'hui, tu comptes faire quoi ? Montre nous ce que tu sais faire Jésus ! »
Et les gens disent aussi « Nos ancêtres ont mangé la manne dans le désert, comme cela est écrit: Il leur a donné le pain du ciel à manger. » C'est un rappel de cette nourriture venue du ciel que Dieu a envoyé chaque jour aux Israélites pendant leur séjour dans le désert. Les gens disent en fait « Moïse nous adonné la manne, le pain descendu du ciel, tu nous a donné du pain ordinaire. Il nous a nourris tous les jours pendant 40 ans : tu ne l'as fait qu'une fois... il va falloir faire mieux si tu veux nous impressionner, Jésus »

Ce que Jésus va faire, c'est dire à tous ces gens « vous êtes venus ici parce que vous avez un creux dans le ventre, mais croyez-moi, vous avez aussi un creux dans votre âme. » Ce dont vous avez besoin, dit Jésus, ce n'est pas de pain pour vos ventres, mais de pain pour vos âmes, un pain qui vous satisfera de façon permanente.
En entendant ces paroles, la foule dit
« «Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là!»
Est-ce qu'ils ont enfin compris ? Non. En lisant bien le texte, on se rend compte qu'ils pensent encore à de la nourriture physique « formidable, on n'aura plus jamais faim et on ne sera plus obligé d'aller au supermarché »
Ils sont toujours centrés sur quelque chose de périssable. Si nous y réfléchissons bien, nous nous rendons compte que beaucoup de gens autour de nous vivent encore de cette façon. Combien de vies sont elles passées à poursuivre des choses périssables qui ne satisfont pas et passent à côté de l'essentiel et de l'éternel? Nous courrons après l'argent, après un certain modèle de « bonheur » qu'on nous impose...mais la réalité est que, comme le disait Pascal « Il y a dans le cœur de chaque homme, un vide en forme de Dieu. » et tant que ce vide n'est pas comblé par la présence du Seigneur dans nos vies, celles ci restent creuses et nous affamés. On peut entasser les milliers d'euros, les réussites sur le plan social, mais cela ne suffit, cela ne rassasie pas... : la faim revient constamment, et les gens deviennent fatigués,amers , découragés, déprimés... parce que la faim de quelque

Jésus regarde ces gens qui passent à côté de l'essentiel et il leur dit :

«C'est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. »

Et il y a une similarité entre le pain et Jésus qui nous aide à voir Jésus de façon plus claire :


1) Le pain nécessaire pour la vie temporaire, Jésus est nécessaire à la vie éternelle.
Nous avons besoin de vie pour vivre temporairement, et nous avons besoin de Jésus pour vivre éternellement. J'appartiens à la génération qui s'est beaucoup mobilisée pour envoyer des sacs de nourriture en Afrique au moment des famines au Sahel et en Éthiopie . Mais il y a autour de nous des dizaines, des centaines de gens qui meurent de faim spirituelle, et c'est à l'église, c'est à nous d'aller vers eux pour leur donner Jésus, le pain de la vie.
Jean a écrit :
Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. 12 Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. (1 Jean 5:11-12). Combien sont-ils parmi nos amis, nos collègues, nos voisins, notre famille, qui n'ont pas la vie parce qu'ils n'ont pas Jésus ?

2) Le pain satisfait notre faim et nous donne la force. En 1965, les Rolling Stones ont lancé ce qui est devenu un des leurs titres les plus célèbres (I can't get no) satisfaction, une chanson qui dénonce l'aliénation par la publicité et les frustrations de tous ordres qu'engendre la société de consommation. Il est ironique que ce sentiment soit apparu alors même que nos sociétés occidentales entraient dans les trente glorieuses et que le niveau de vie augmentait partout. Et pourtant, les gens n'étaient pas satisfaits ! Et bien, c'est qu'en dehors de Jésus, notre faim profonde ne sera jamais satisfaite.
Il a une attitude très répandue, qui commence en fait très tôt, et que j'appelle le « quand...alors... ». « quand j'aurai reçu tel jouet à Noël alors je serai satisfait et heureux... », « quand j'aurai quitté la maison et que je serai à la fac, alors je serai satisfait », « quand j'aurai une copine, alors je serai satisfait », « quand j'aurai une relation stable, alors je serai satisfait », « quand j'aurai un boulot, alors je serai satisfait », « quand j'aurai un autre boulot qui paie plus, alors je serai satisfait », « quand on aura acheté une maison, alors je serai satisfait », « quand on aura des enfants, alors je serai satisfait », « quand les enfants auront quitté la maison, alors je serai satisfait », « quand je serai à la retraite, alors je serai satisfait » etc, etc...
et vous savez comment finit ce petit jeu ? Une fois que le « quand » est arrivé... nous ne sommes pas satisfaits ou nous ne le restons pas longtemps, parce que nous nous rendons compte que nous avons besoin de quelque chose d'autre ! Et ça repart « quand j'aurai...alors... » mais la faim revient toujours.
Nous devons entendre ce que Jésus nous dit aujourd'hui : « je suis le pain de la vie ». Aujourd'hui Jésus nous dit qu'il est le seul à pouvoir satisfaire nos faims les plus profondes. Dans le verste 35, quand Jésus dit «  Celui qui vient à moi n'aura jamais faim et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. » le grec dit en fait « celui qui vient à moi encore et toujours » : nous avons besoin de revenir encore et toujours à Jésus, le pain de vie, qui nous donne la vie éternelle, qui nous donne la force dont nous avons besoin pour faire face à nos difficultés et nos craintes. Nourrissez vos âmes chaque jour de la Bible, la Parole de Dieu.
Ne passez pas à côté de l'essentiel, de l'éternel. Ne cherchez pas à apaiser votre faim profonde par des choses qui ne vous nourriront jamais. Nourrissez vous de Jésus, le pain de vie.

Amen.

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