samedi 5 septembre 2009

Marc 7.31-37






31 ¶ Jésus sortit du territoire de Tyr et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le territoire de la Décapole.
32 On lui amène un sourd qui a de la difficulté à parler, et on le supplie de poser la main sur lui.
33 Il l’emmena à l’écart de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue avec sa salive ;
34 puis il leva les yeux au ciel, soupira et dit : Ephphatha –– Ouvre–toi !
35 Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia ; il parlait correctement.
36 Jésus leur recommanda de n’en rien dire à personne, mais plus il le leur recommandait, plus ils proclamaient la nouvelle.
37 En proie à l’ébahissement le plus total, ils disaient : Il fait tout à merveille ! Il fait même entendre les sourds et parler les muets.




Chers frères et sœurs,

Etes-vous content quand vous recevez un cadeau? Je pense que oui. Même si parfois le présent n'est pas nécessairement à notre goût, nous pouvons être heureux que quelqu'un ait pensé à nous.
Alors, considérons le don que le Père nous a fait en Jésus-Christ. Jésus s'est fait homme pour que nous puissions recevoir le pardon de nos fautes et la vie éternelle.
Durant sa vie sur terre, Jésus a aussi fait beaucoup d'autres dons à des hommes et à des femmes.

Notre évangile d'aujourd'hui nous montre Jésus faire le don de l'ouïe et de la parole à un sourd-muet. Bien sûr, c'est loin d'être le seul récit de guérison miraculeuse dans le ministère de Christ. Ce qu'il y a de particulier dans cette histoire, c'est la façon dont Jésus guérit cet homme.

Saint Marc nous dit:

33 Il l’emmena à l’écart de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue avec sa salive ;
34 puis il leva les yeux au ciel, soupira et dit : Ephphatha –– Ouvre–toi !
35 Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia ; il parlait correctement.

Voilà sans doute une manifestation merveilleuse du pouvoir du Fils de Dieu. Ceux qui avaient amené l'homme à Jésus lui avaient demandé de " poser la main sur lui". Sans doute Jésus pratiquait-il dans beaucoup de ses guérisons l'imposition des mains, vieux geste hébraïque de bénédiction que ses contemporains pouvaient facilement identifier. Mais Jésus fait beaucoup plus que ça.

Il place ses doigts dans les oreilles de l'homme.
Il met de sa salive sur sa langue.
Il prononce une parole.

C'est beaucoup plus que le geste très simple de placer une main ou les deux sur le front de quelqu'un. Jésus, pourrait-on dire, établit un contact physique avec le sourd-muet. Il entre dans l'espace de ce dernier.

De façon générale, nous tenons à préserver notre intimité. C'est pour cela que les contacts physiques (bises, tapes sur l'épaule) sont plutôt réservés à des gens que nous connaissons bien.
C'est OK si quelqu'un de notre famille nous embrasse sur la joue. Mais si c'est un parfait étranger qui le fait, notamment dans un cadre assez formel, nous pouvons nous dire qu'il a franchi une ligne jaune.
Imaginez qu'au moment de vous administrer le sacrement de la sainte-cène, je place mon doigt dans votre bouche en disant "ouvre-toi". Je pense que j'en entendrai parler à la prochaine réunion de conseil presbytéral…

Voilà pourquoi peut-être nous ne savons pas trop quoi faire de tout l'aspect physique du ministère de Jésus. Pourtant, il avait un corps, comme vous et moi, et il l'a utilisé.

Il existe une certaine spiritualité protestante qui rechigne aux symboles. On a parfois l'impression que, pour cette tendance, nous ne serions que de purs esprits. C'est un peu moins vrai dans la tradition luthérienne, où l'on est moins complexé par rapport à tout ce qui peut toucher nos sens. Les bougies sur l'autel, nous rappellent que Jésus est la lumière du monde. La robe pastorale que je porte, vêtement qu'on ne trouve nulle part ailleurs, vous dit que vous n'êtes pas en train de commander un hamburger chez McDo mais que nous sommes réunis pour quelque chose de particulier, de sacré. Les couleurs liturgiques, que je souhaiterais voir notre paroisse retrouver, placent dans notre esprit, par les yeux, l'atmosphère de telle ou telle période de l'année: violet du sombre carême, rouge flamboyant des fêtes de l'Eglise. La musique, par notre ouïe, peut créer les émotions qui répondent aux aspirations de nos âmes, etc… Ainsi, nous essayons d'avoir une forme de culte qui s'adresse à notre être tout entier: âme, corps et esprit.


Les gens qui ont amené le sourd-muet à Jésus lui demandaient une sorte de service général "si tu avais le temps de lui imposer les mains et de le guérir; on ne va pas trop te monopoliser". Mais Jésus, lui, veut prendre son temps avec cet homme.
Il l'emmène avec lui à l'écart des autres et lui applique l'étrange petit rituel dont je viens de vous parler.
Pourquoi? Est-ce que cas très dur à traiter qui requerrait des incantations un peu magiques? Non, le Fils de Dieu est tout-puissant et il n'a pas besoin de ça, pas plus d'ailleurs qu'il n'a besoin d'imposer les mains pour guérir. Alors pourquoi?

Encore une fois, c'est que Jésus veut entrer dans la vie de cet homme. Ce dernier ne sait pas qui est Jésus. Contrairement à beaucoup d'autres, il n'en a jamais entendu parler: et pour cause!!!
Ce que fait Jésus, par ses actes symboliques, c'est faire comprendre à l'homme ce qu'il va faire, un peu comme ses médecins qui, lorsqu'ils traitent de jeunes enfants, leur expliquent pas a pas ce qu'ils font pour les rassurer.
Frères et sœurs, je suis persuadé qu'il y a aujourd'hui des centaines de millions de vrais Chrétiens dans le monde. Et pourtant, Jésus nous connaît chacun par notre prénom, il sait ce dont nos vies sont faites, il nous a amenés à lui de façon différente et il entend chacune de nos prières individuellement. Avec le Seigneur, chacun de nous a droit à un traitement personnalisé. Jésus veut entrer au cœur de nos existences, de chacune d'entre elles, pour faire de chacun d'entre nous une pierre vivante qui prendra place dans l'édifice de Son Eglise.

Et pour cela, le Seigneur n'hésite pas à nous toucher (mais oui) physiquement.
Il nous donne l'eau du baptême. Par elle, Jésus nous dit "souviens-toi que je t'ai purifié de tes fautes".
Il nous donne le pain et vin consacrés de la Cène. Par eux, Jésus nous dit "je sais que ton chemin est souvent ardu. Je sais que tu dois refaire tes forces régulièrement. Alors je te donne mon corps à manger et mon sang pour te désaltérer, afin que ton âme soit restaurée".
L'eau, le pain, le vin sont les sceaux physiques des grâces spirituelles que Jésus déverse sur nous tous.

Ces dons, nous n'avons qu'à les recevoir, tout comme l'homme a reçu l'ouïe et la parole sans rien faire. La parole du prophète Esaïe (29.18-19) est alors accomplie en nous:

18 En ce jour–là, les sourds entendront les paroles du livre ; de l’obscurité et des ténèbres, les yeux des aveugles verront.
19 Les affligés auront dans le SEIGNEUR une joie débordante, et les plus pauvres des humains feront du Saint d’Israël leur allégresse.

La Parole s'est faîte chair pour nous libérer du péché et de la mort. La lumière dissipe les ténèbres. Et nous qui étions sourds et aveugles spirituellement, nous pouvons enfin, par la grâce de Dieu, entendre les paroles qui mènent à la vie et contempler le visage de Christ, notre Sauveur.



Le psaume 34 décrit la joie que nous apporte le don de la délivrance que Dieu nous fait:
Je bénirai le SEIGNEUR en tout temps ; sa louange sera constamment dans ma bouche.
(34:3) Je mets ma fierté dans le SEIGNEUR ; les pauvres entendent, ils se réjouissent !
(34:4) Magnifiez le SEIGNEUR avec moi, exaltons ensemble son nom !

Alors, oui, frères et sœurs, rachetés du Seigneur, célébrons le Dieu qui nous aimés le premier et a donné son Fils pour que nous soyons pardonnés, que nous puissions enfin entendre les paroles du Bon Berger qui va continuer à nous guider tous les jours de notre vie, jusqu'à notre entrée dans l'éternité.

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