dimanche 6 juin 2010

1 ROIS 17.8-24 (LUC 7.11-17)





8 Alors la parole de l'Eternel lui fut adressée: 9 «Lève-toi, va à Sarepta, qui appartient au territoire de Sidon, et installe-toi là. J'y ai ordonné à une femme veuve de te nourrir.»
10 Il se leva et partit à Sarepta. En arrivant à l'entrée de la ville, il y vit une femme veuve en train de ramasser du bois. Il l'appela et dit: «Je t'en prie, va me chercher un peu d'eau dans une cruche, afin que je boive.» 11 Et elle alla en chercher. Il l'appela de nouveau et dit: «Je t'en prie, apporte-moi un morceau de pain dans ta main.» 12 Et elle répondit: «L'Eternel, ton Dieu, est vivant! Je n'ai rien de cuit, je n'ai qu'une poignée de farine dans un pot et un peu d'huile dans une cruche. Je suis en train de ramasser deux morceaux de bois, puis je rentrerai et je préparerai cela pour mon fils et pour moi. Nous le mangerons, après quoi nous mourrons.» 13 Elie lui dit: «N'aie pas peur, rentre et fais comme tu l'as dit. Seulement, prépare-moi d'abord avec cela un petit gâteau et apporte-le-moi. Ensuite, tu en feras pour ton fils et pour toi. 14 En effet, voici ce que dit l'Eternel, le Dieu d'Israël: 'La farine qui est dans le pot ne manquera pas et l'huile qui est dans la cruche ne diminuera pas, jusqu'au jour où l'Eternel fera tomber de la pluie sur le pays.'»
15 Elle partit et se conforma à la parole d'Elie. Et pendant longtemps elle eut de quoi manger, ainsi que sa famille et Elie.
16 La farine qui était dans le pot ne manqua pas et l'huile qui était dans la cruche ne diminua pas, conformément à la parole que l'Eternel avait prononcée par l'intermédiaire d'Elie.
17 Après ces événements, le fils de cette maîtresse de maison tomba malade. Sa maladie fut si violente qu'il cessa de respirer. 18 La femme dit alors à Elie: «Que me veux-tu, homme de Dieu? Es-tu venu chez moi pour rappeler le souvenir de ma faute et pour faire mourir mon fils?»
19 Il lui répondit: «Donne-moi ton fils.» Et il le prit des bras de la femme, le monta dans la chambre à l'étage où il logeait et le coucha sur son lit.
20 Puis il fit appel à l'Eternel et dit: «Eternel, mon Dieu, est-ce que tu vas faire du mal, au point de faire mourir son fils, même à cette veuve qui m'a accueilli chez elle?»
21 Puis il s'étendit trois fois sur l'enfant, fit appel à l'Eternel et dit: «Eternel, mon Dieu, je t'en prie, que l'âme de cet enfant revienne en lui!»
22 L'Eternel écouta Elie: l'âme de l'enfant revint en lui et il retrouva la vie.
23 Elie prit l'enfant, le descendit de la chambre jusque dans la maison et le donna à sa mère en lui disant: «Vois, ton fils est vivant.» 24 La femme dit alors à Elie: «Je reconnais maintenant que tu es un homme de Dieu et que la parole de l'Eternel dans ta bouche est vraie.»



Chers frères et soeurs,

Pour comprendre ce qui se passe, il faut se rappeler les circonstances historiques. Nous sommes dans la première moitié du neuvième siècle avant Jésus-Christ. Le roi Akhab règne en Israël, le Royaume du Nord. Mais c’est un roi infidèle. Il a épousé une étrangère païenne et cruelle, Jézabel. Il introduit le paganisme dans le pays, il construit un temple pour les dieux païens. Il importe la religion de Baal. Dans la croyance du temps, Baal est le dieu de l’orage et de la pluie : on le représente tenant un éclair de foudre dans la main. On l’invoque pour obtenir la pluie et de bonnes récoltes.

Alors intervient le prophète Elie, le champion de la foi. Son nom signifie : “Le Seigneur est mon Dieu”. C’est tout un programme ! Au nom de ce Dieu unique et vivant, il annonce au roi une longue période de sécheresse : elle durera trois ans. On aura beau adorer Baal et le prier, il ne pleuvra pas. Ce sera la démonstration de l’impuissance de ce Baal, de ce faux dieu, la preuve qu’il n’existe pas et qu’on a tort de lui rendre un culte.

A la suite de cette parole, une situation de détresse s’installe. Il ne pleut pas, ce qui est dramatique pour un pays aussi sec que la Palestine, qui n’a pas de réserves d’eau. On ne peut plus cultiver, les produits agricoles deviennent rares. Un peu plus tard, le roi enverra son ministre parcourir les campagnes à la recherche de fourrage pour les bêtes. On en est là, à peu près dans les mêmes conditions que dans le Sahel dans les années 80.

Au milieu de cette misère, Dieu préserve le prophète Elie. Il l’abrite au bord d’un torrent, pour qu’il puisse boire. Des corbeaux, à moins que ce ne soit des Arabes, lui apportent de la nourriture. Petit détail, en effet, en hébreu le mot qui veut dire “corbeau” ressemble à une voyelle près au mot qui veut dire “Arabe”. Mais le torrent sèche, Elie est obligé de partir. Dieu lui dit de se réfugier à l’étranger, dans le territoire de Sidon, la ville qui s’appelle maintenant Saïda, sur la côte du Liban. Cette époque là à dû être difficile à vivre pour le prophète. Parce que Dieu l'envoie dans le pays même d'où vient Jézabel; chez les païens! Et puis Dieu lui dit qu'il a demandé à une veuve de le nourrir. Rendez vous compte: une veuve, une des personnes les plus faibles et vulnérables en temps normal et bine plus encore en temps de famine!
Pourtant, cette femme accueille Elie. De toute façon, d'un point de vue humain, elle n'a plus grand-chose à perdre: le soleil brûle toujours autant, les vivres sont épuisés: c'est la fin. C'est à ce moment qu'Elie apporte à cette femme cette phrase qui traverse l'Ecriture: « n'aie pas peur! ». N'aie pas peur, Dieu va pourvoir et nous n'allons pas mourir de faim, ni toi, ni ton fils, ni moi. Et la promesse est tenue.

Voilà qui serait déjà assez merveilleux à considérer, mais l'histoire continue, et de façon tragique. Le fils de la veuve, qui représente tout ce qu'elle a au monde, tombe malade et meurt. Horrible tragédie. Avoir survécu à la famine pour succomber à la maladie. Et pour la mère, passer ainsi de la joie du miracle au coup de massue de la cruauté de la mort qui frappe sans prévenir, être ainsi frappée alors même qu'elle venait de s'ouvrir à la possibilité de l'espérance. C'est comme si tout avait été trop beau pour être vrai.

La femme est furieuse envers Elie, elle l'accuse d'avoir apporté la mort et non pas la vie. On sent une vraie urgence dans la prière du prophète: "Dieu, tu ne peux pas laisser faire ça". Elie est l'homme d'une foi solide, d'une foi qui n'hésite pas à affronter les ennemis de Dieu, mais il apprend à ce moment-là à se mettre à genoux et à avouer sa faiblesse et se détresse devant son Seigneur. Elie, d'une certaine façon met Dieu au défi «cette étrangère m'a si bien traité, tu ne peux pas faire moins qu'elle » et en même temps on sent une prière remplie de confiance, contre toute évidence, une prière dont l'exemple peut nourrit la nôtre. L'enfant revient à la vie. De la disette Dieu a tiré l'abondance et de la mort il tire la vie. C'est la grande leçon de cette histoire. L'autre leçon, premièrement adressée à Elie, est que Dieu agit là où on ne l'attend pas d'une façon entièrement libre. Qui aurait pu croire que Dieu manifesterait sa gloire en donnant à manger à son prophète par le biais d'êtres considérés comme impurs (corbeaux et païens). Qui aurait pu croire que Dieu ferait naître la foi dans le coeur d'une femme païenne de Sarepta alors même qu'Israël, le peuple élu avait apostasié?
Elie ne s'attendait sans doute à cela. Dieu lui adit de partir, sans rien prendre, et c'était pour moi marquer que tout ce qui allait arriver allait être par sa puissance. Nous aussi, Chrétiens, en cette saison de Pentecôte, nous devons nous rappeler que la puissance sur laquelle nous pouvons compter est celle de l'Esprit Saint qui, à travers nous, témoigne de la grandeur et de l'amour de Dieu.

Il est clair que notre texte de l'Ancien Testament a un écho dans le récit de Luc que nous avons lu ce matin. Là encore, nous voyons une veuve partir enterrer son fils unique. Pour elle aussi, en plus de la perte de l'être cher, s'ouvre une période d'incertitude et de manque: elle n'a plus personne pour s'occuper d'elle. Son fils unique est mort et une lignée va s'éteindre: double mort. Luc place ici le premier récit d'une résurrection par Jésus. Surtout, cet épisode nous permet de mieux saisir le coeur de Christ.
On peut penser que Jésus apprend les détails de l'histoire de cette femme et de son fils par les participants au cortège funéraire. Luc nous dit que le Seigneur fut ému de compassion pour elle. On pourrait traduire littéralement le Seigneur fut pris aux tripes pour elle.
Croyez-vous, frères et soeurs, en un Dieu qui est pris aux tripes quand il vous voit confrontés à la peine et à l'épreuve? Ce Dieu, c'est celui dont Jésus nous montre le visage. Jésus compatit avec vous, Jésus souffre avec vous. Jésus s'identifie avec vous, mais il fait aussi plus que cela.
Quand Christ dit à la femme « ne pleure pas », ce n'est pas un parole légère « allons, faut pas pleurer comme ça ». Non, ce « ne pleure pas » est comme le « n'aie pas peur » d'Elie, un appel à l'espérance, un appel à l'attente de l'action de Dieu dans une vie, même dans la plus grande souffrance.

Nous n'avons pas un Dieu trop haut perché dans les étoiles pour se soucier de nous. Nous avons un Dieu qui veut toucher nos vies. J'emploie volontairement ce terme de « toucher »: c'est ce que Jésus fait.
Il touche le cercueil du jeune homme. Ce geste n'est pas nécessaire: Jésus n'a pas besoin, comme le reste des Evangiles nous le montre, de toucher qui que ce soit pour le guérir ou le ressusciter. Mais surtout ce geste est profondément scandaleux: d'une part, on peut imaginer que Jésus stoppe le convoi funèbre:c'est déjà choquant! Mais nous devons aussi réaliser qu'en touchant un cadavre, Jésus enfreint complètement les règles de pureté rituelle de la Loi: il devient impur, et il n'en a rien à faire.
Ce récit nous montre un Jésus qui est prêt à intervenir dans les circonstances les plus dramatiques, auprès des plus faibles, alors que tout espoir semble banni. Jésus a eu compassion de cette parfaite inconnue tout comme il nous a tout pris en pitié et qu'il est mort à notre place pour que nous soyons pardonnés. Il y a là une bonne nouvelle, une espérance qui concerne chacun de nous.
D'ailleurs, les témoins de la scènene s'y trompent pas: ils ne disent pas « un grand prophète a paru parmi nous et Dieu a visité son peuple ». Ce n'est pas « Dieu a visité cette femme » mais « nous ». Même si c'est de façon confuse et incomplète, ils comprennent que cette grâce de Dieu, cette faveur divine que Jésus apporte sont disponibles pour chacun d'entre eux. Ils reconnaissent instinctivement une compassion et un amour authentique venus de Dieu lui-même.

Ces deux histoires de ce matin, nous pouvons les laisser résonner dans nos vies.
Comme au temps d'Elie, nous vivons dans une période d'apostasie effrayante. Les gens n'adorent plus Baal, mais les faux dieux pullullent autour de nous: licence, argent, matérialisme. Nous devons, comme le prophète l'a fait accepter de ne pas suivre la masse informe et conformiste et marquer notre différence en tant qu'enfants de Dieu.
Mais, dans cette fidélité, nous devons aussi comme Elie être les messagers et les témoins de notre Dieu auprès de ceux qui ne le connaissent pas, même si nous sommes différents d'eux, même s'il ne nous sont pas a priori sympathiques. A tous nous devons pouvoir dire « n'aie pas peur, Dieu t'aime ».
Et puis nous pouvons aussi nous joindre à ces gens de Naïn et glorifier Dieu parce que Jésus son Fils est venu toucher nos vies. Nous pouvons nous réjouir de sa compassion, de sa grâce qui est offerte à chacun d'entre nous. Jésus nous aime. Il prend soin de nous. Il sait la cruauté du monde dans lequel nous vivons, la cruauté ou la dureté des situations auxquelles nous devons faire face. Il veut nous toucher, dès maintenant, nous donner l'espérance qui espère contre tout. Il veut nous donner une nouvelle vie, la vie éternelle

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