samedi 3 juillet 2010

Luc 10.1-11, 17-20




1 Après cela, le Seigneur désigna encore 70 autres disciples et les envoya devant lui deux par deux dans toutes les villes et dans tous les endroits où lui-même devait aller. 2 Il leur dit: «La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson.
3 Allez-y! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. 4 Ne prenez ni bourse, ni sac, ni sandales et ne saluez personne en chemin.
5 Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord: 'Que la paix soit sur cette maison!'
6 Et s'il se trouve là un homme de paix, votre paix reposera sur lui; sinon, elle reviendra sur vous.
7 Restez dans cette maison, mangez et buvez ce qu'on vous donnera, car *l'ouvrier mérite son salaire. N'allez pas de maison en maison.
8 Dans toute ville où vous entrerez et où l'on vous accueillera, mangez ce que l'on vous offrira, 9 guérissez les malades qui s'y trouveront et dites-leur: 'Le royaume de Dieu s'est approché de vous.'
10 Mais dans toute ville où vous entrerez et où l'on ne vous accueillera pas, allez dans les rues et dites:
11 Nous secouons contre vous même la poussière de votre ville qui s'est attachée à nos pieds. Sachez cependant que le royaume de Dieu s'est approché [de vous].'
17 Les 70 revinrent tout joyeux et dirent: «Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom.»
18 Jésus leur dit: «Je regardais Satan tomber du ciel comme un éclair. 19 Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute la puissance de l'ennemi, et rien ne pourra vous nuire.
20 Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans le ciel.»




Chers frères et soeurs,
chers amis,

Quand un message est important, il faut le répéter encore et toujours. Le répéter de façon à ce que les gens, en plus de l'entendre, l'écoutent. Le répéter de façon à ce qu'ils l'acceptent et l'intègrent dans leurs vies. Voilà pourquoi la Sécurité Routière, chaque année ou presque ,revient avec de nouveaux spots télé ou radio pour nous redire tous les dangers de la vitesse ou de l'alcool au volant.

Il y un message que Jésus a toujours cherché à faire passer: n'ayez pas peur! Ce n'est pas le seul message que Jésus ait apporté,loin de là, mais c'est un des plus importants. C'est un message que nous avons tous besoin d'entendre: n'ayez pas peur! Voilà des paroles qui veulent chasser les nuages noirs de l'angoisse qui trop souvent s'amoncelent au dessus de nos têtes.

N'ayez pas peur dit Jésus quand un soir il marche vers ses disciples sur un lac en furie. Prenez courage, je suis là, vous n'avez plus à vous battre contre cette tempête.

N'aie pas peur, dit-il à un père fou d'inquiétude parce que sa fille est mourante. Crois seulement, et elle guérira.

N'ayez pas peur redit il à ses disciples réunis autour de lui. Votre Père céleste a compté le moindre cheveu de votre tête et son Royaume est pour vous.

Oui, dans les évangiles, nous voyons Jésus redire encore et encore ce message. Il le redit parce que c'est un message important, il le redit parce que c'est un message que nous avons du mal à accepter. Jésus sait que la peur nous saisit tellement rapidement.

Aujourd' hui Jésus répète ce message « n'ayez pas peur ». Les mots précis ne sont pas là, mais c'est bien ce qu'il affirme à ses disciples qu'il envoie annoncer sa parole.
Combien sont-ils d'ailleurs au juste ses disciples? 70 ou 72? Tout dépend des choix qu'ont fait ceux qui ont traduit votre Bible. En fait, 70 et 72, ça veut dire la même chose; et ces deux chiffres sont une bonne nouvelle pour nous. Je m'explique:
si vous lisez Génèse 10, vous verrez que la Bible nous raconte que l'humanité comptait 70 nations issues des descendants des survivants du déluge. 70, c'est donc le symbole des nations, des peuples non-juifs, de l'humanité toute entière.
Des siècles après, au temps où régnaient en Orient des rois grecs, successeurs d'Alexandre, l'un d'eux, en Égypte, fut convaincu par le responsable de la grande bibliothèque d'Alexandrie de demander avec grands égards et nombreux cadeaux à Éléazar, grand-prêtre de Jérusalem, à la fois un exemplaire des Saintes Écritures, et des traducteurs versés en même temps dans l'étude des textes sacrés et dans la culture grecque. Comme demandé, Éléazar en envoya six par tribu, soit 72 au total, qui traduisirent la Torah en grec en 72 jours.
Et comme, déjà à l'époque, on ne savait pas compter, on appela le résultat "traduction des LXX: Septante". Car 70, c'est le nombre des descendants de Jacob qui s'installèrent en Égypte, à la fin de l'histoire de Joseph. Et 70 ans, c'est le temps de la ruine de Jérusalem sous la puissance de Baby-lone. Bref, 70 ou 72, c'est le chiffre d'Israël au milieu des nations, alors nous dirons 72, à cause de la traduction grecque, parce que notre texte à nous ce matin a un peu à voir avec cela.


Jésus envoie donc soixante-dix disicples pour dire son message. Envoyés, apôtres, littéralement. Et savez-vous ce que cela veut dire? Que la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, la nouvelle que Dieu nous aime même si nous l'avons rejeté et qu'il a donné son Fils pour nous s'adresse à chacun de nous. En envoyant 70 disciples, Jésus montre que son plan est mondial, que sa parole s'adresse à chacun et à à chacune.
Oui, ces soixante-dix anonymes qui s'en vont sur la route, il y a deux milles ans vous appellent déjà. Ils vous disent: « ce pardon et cet amour de Dieu, ils sont pour toi aussi!! N'aie pas peur! Tourne toi vers Dieu qui seul peut te donner ce dont tu as besoin! »

Oh, ça n'a pas dû être facile pour eux. Envoyés, deux par deux, vers des lieux inconnus et pas forcément hospitaliers, avec en place un message pas commode à apporter.
Remarquez, ce n'est pas facile pour nous plus de mener notre vie chrétienne là où Jésus nous a envoyés. Comme les disciples-apôtres nous aussi nous sommes envoyés, et nous revenons ici, chaque semaine. Et puis, à la fin du culte, nous sommes de nouveau envoyés...

Et souvent, notre témoignage pour Christ va nous amener dans des territoires difficiles à aborder. Alors entendons la voix de Jésus qui nous dit « n'aie pas peur »!

Dans ce passage, je crois que Jésus veut nous libérer de quatre peurs. La première est la peur des hommes.

Nous sommes envoyés, comme les disciples, vers nos frères et soeurs humains. Nous sommes appelés à apporter la guérison, à prononcer la bénédiction sur eux « que la paix soit sur cette maison ». Oui,mais voilà, tout le monde n'appérciera pas notre témoignage et notre fidélité à Jésus. Ce peut être particulièrement vrai quand nous passons par une authentique conversion qui nous change notre vie et qui nous amène à dire aux autres: « je crois que Jésus est mon sauveur ». Ce peut être vrai dans notre vie quotidienne quand notre différence chrétienne va provoquer l'incompréhension ou l'hostilité. Cela arrive même souvent.
Mais Jésus veut nous libérer de la peur des hommes. L'essentiel pour nous n'est pas de leur plaire. Bien sûr, nous devons toujours approcher l'autre avec respect, avec amour, avec écoute. Mais rien ne doit nous pousser au reniement ou à la compromission. Paul parle ainsi en Galates: « Maintenant, est-ce la faveur des hommes que je recherche ou celle de Dieu? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ. » (Gal 1.10).

Nous sommes appelés à la fidélité, pas au résultat. Notre objectif prioritaire doit être d'être des ouvriers du Royaume.

La seconde peur que Jésus veut bannir est celle de l'échec. Jésus ne nous dit pas que le succès (réel ou apparent) est tout ce qui compte. Il ne nous dit même pas, ici, de nous entêter coûte que coûte. Si on nous accueille quelque part, nous devons y rester et y porter du fruit de justice. Si on nous rejette, il faut aller voir plus loin. Dans les deux cas, nous avons été artisans du Royaume.
Regardez Jésus: on ne peut pas dire que son minsitère terestre ait été marqué par un succès retentissant. Quelle mort plus horrible que de mourir sur une croix, abandonné même par la poignée infime de disciples qui lui restait? Mais il a vaincu la mort. Il a balayé cette faiblesse et cette humiliation par la puissance de sa résurrection. Jésus est vivant, il est avec nous tous les jours jusqu'à la fin du monde, et c'est là la seule chose qui compte. Les résultats? Nous les laissons à Dieu. Ce qui nous intéresse, ce n'est pas notre succès, c'est notre fidélité.
La troisième peur dont Jésus veut nous libérer est celle des choses.
Je ne sais pas si vous connaissez ce sport qu'on appelle la randonnée ultra-légère? C'est ce à quoi Jésus appelle ses disciples: il leur dit de partir sans même ce qui apparaîtrait comme le minimum vital pour ce genre d'expédition. A titre personnel, je suis persuadé qu'en entendant Jésus parler de royaume et d'autres belles choses, beaucoup se sont demandé « c'est bien beau tout ça, mais comment on va se débrouiller sans bâton ni chaussure? ».
En fait, je vous rassure: Jésus n'a rien contre les bâtons de marche. Contre les ceintures non plus d'ailleurs... Simplement, en demandant à ses amis de se défaire de certaines choses, il cherche à détruire toute attitude de dépendance envers elles. Il veut que leur confiance soit placée toute entière en lui et en rien d'autre.
Nous avons besoin d'entendre ce message, nous qui vivons dans une société totalement déboussolée par la consommation. Une société où le plus important n'est plus parfois ce que nous sommes mais ce que nous avons. Une société où des gens aux ressources plus que limitées prennent des crédits à la consommation pour s'acheter un télévsieur géant écran plat parce que, bien sûr, si ils n'en ont pas un, leurs enfants vont se faire moquer d'eux à l'école!! Nous sommes devenus comme des enfants immatures, chercahnt sécurité, réconfort et dignité dans notre amoncellement de biens.

Mais la voie du Royaume est différente. Elle nous libère de la peur des choses. L'important n'est pas ce que nous avons, ce que nous n'avons pas ou même ce que nous refusons d'avoir (tant pis pour le décroissant que je suis...). L'important, c'est de savoir si nous sommes prêts à voyager léger et à nous mettre en route à l'appel de Jésus, maintenant.

Enfin, la quatrième peur dont Jésus veut nous libérer est celle de nos besoins.
Par deux fois; Jésus dit à ceux qu'il envoie de manger ce qu'on leur donnera.
Cela implique qu'ils pourraient faire autrement! Ils pourraient tellement être focalisés sur leur mission qu'ils en oublieraient leurs besoins vitaux. Et puis, dans le contexte de l'époque, des Juifs auraient pu rechigner à partager le reaps de païens, mais Jésus dit ici que tout est pur pour ceux qui sont purs (Tite 1.15).

Les 70 sont appelés à reconnaître que leurs estomacs sont vides et à manger en compagnie de leurs hôtes. Ce sera une façon pour eux de reconnaître leurs besoins, leur dépendance de façon publique.

Nous aussi nous avons des besoins: l'abri et la nourriture bien sûr, mais aussi l'affection et un sens à notre vie. Est-ce que nous les acceptons? Est-ce que nous en avons peur? Si nous nous mettons à suivre Jésus, nous devons nous souvenir qu'il n'a jamais hésité à être acceuilli et soutenu, qu'il n'a pas hésité à entrer dans la fragilité de la dépendance.

La peur de nos besoins, la peur des choses, la peur de l'échec, la peur des autres.

Voilà ce dont Jésus veut nous libérer, encore aujourd'hui. Il le fait en nous donnant la communion à son corps et à son sang dans la Cène que nous allons bientôt partager.
Dans la semaine qui vient, alors que nous serons tous dispersés chacun dans sa direction, il se peut que nous soyions confrontés à ces peurs dont nous avons parlées. Mais si nous écoutons nous entendrons la voix de Christ nous dire « n'aie pas peur! ».

Et que la grâce de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit soit avec vous tous, amen.

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