lundi 5 septembre 2011

JEAN 10.22-30




22 On célébrait alors à Jérusalem la fête de la dédicace. C'était l'hiver.
23 Jésus marchait dans le temple, sous le portique de Salomon. 24 Les Juifs l'entourèrent et lui dirent: «Jusqu'à quand nous laisseras-tu dans l'incertitude? Si tu es le Messie, dis-le-nous franchement.»
25 Jésus leur répondit: «Je vous l'ai dit et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père témoignent en ma faveur,
26 mais vous ne croyez pas parce que vous ne faites pas partie de mes brebis, [comme je vous l'ai dit].
27 Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. 28 Je leur donne la vie éternelle. Elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher à ma main.
29 Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous et personne ne peut les arracher à la main de mon Père.
30 Le Père et moi, nous sommes un.»





Que la grâce de Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous. Amen.



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis qui nous avez fait le plaisir de nous rejoindre en ce beau jour,
L'Eglise Luthérienne en Poitou célèbre aujourd'hui le quarantième anniversaire de la création officielle de la paroisse de Prailles et de la dédicace de ce temple.

40 ans. C'est à la fois peu et beaucoup. Peu, parce que 4 décennies, cela passe très vite (je le sais, j'aurai 39 ans dans deux jours!). Mais c'est aussi beaucoup quand on songe que ces quarante années de présence luthérienne s'inscrivent dans les deux millénaires d'histoire de l'Eglise et dans la longue chaîne des témoins de Christ sur cette terre poitevine.
Certains de ces témoins sont prestigieux, comme Hilaire, évêque de Poitiers au 4ème siècle et défenseur contre toutes les hérésies de cette foi trinitaire que les églises luthériennes fidèles ont toujours confessée.
D'autres étaient trop nombreux et obscurs pour que tous leurs noms nous soient restés en mémoire, tels ces huguenots qui subirent la persécution et l'exil forcé pour demeurer fidèles à leur foi et dont l'expérience a façonné le caractère poitevin. Leur histoire nous rappelle que, si nous sommes libres de nous réunir aujourd'hui en ce temple, beaucoup de nos frères et soeurs connaissent encore actuellement la persécution à cause de leur foi.

C'est donc avec la certitude d'être entourés d'une grande nuée de témoins que nous nous retrouvons ici en ce beau jour.


L'Evangile que nous venons d'entendre pour ce culte de célébration nous entraîne à Jérusalem. Nous sommes proches du solstice d'hiver, puisque c'est la période de la Fête de la Dédicace, où les juifs commémoraient la purification du temple par Judas Macchabée en 164 ap JC, après qu'Antiochus Epiphane l'ait profané en sacrifiant un porc (animal impur) sur l'autel. D'ailleurs, dans le judaïsme contemporain, on continue à célébrer cette fête, mais sous un autre nom, que vous connaissez peut-être: Hanukkah, la fête des lumières.
Et je crois que notre texte nous permet de jeter une grande lumière sur Jésus sur son identité et sur ce qu'il accomplit dans chacune de nos vies et dans l'Eglise. 
 

Comme c'est son habitude, Jésus se trouve à Jérusalem, dans le temple, pour une des grandes fêtes religieuses juives. C'est alors qu'on vient lui demander: « alors, est-ce que oui ou non, tu es le messie, le sauveur promis par Dieu? Dis-le nous enfin ». C'est que Jésus commence à être connu. Ces miracles ont fait parler de lui, son enseigenemt, tellement fort et original interpelle. Est-ce que, peut-être, ce serait lui ?
Et Jésus répond en disant qu'il a déjà répondu à cette question: «  Je vous l'ai dit et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père témoignent en ma faveur ». Jésus ne les a pas laissés dans le brouillard.
Ses paroles, ses actes, notamment par l'accomplissement des prophéties de l'Ancien Testament, montrent et prouvent qu'il est bien le Sauveur attendu. Le temple de Jérusalem, pas plus que celui de Prailles d'ailleurs, n'a jamais pu contenir Dieu. Mais comme nous le dit Paul en Colossiens « Dieu a voulu que toute sa plénitude habite en Christ ». Dieu n'habite pas dans des temples faits de main d'homme, mais il se révèle pleinement en son Fils, vrai homme et vrai Dieu.
Et si les juifs qui interpellent Jésus ne croient pas en lui, ce n'est pas par manque de clarté, mais par manque de foi de leur part. Jésus parle, ce sont eux qui n'entendent pas.
« vous ne croyez pas parce que vous ne faites pas partie de mes brebis »

Les brebis, ce sont donc ceux qui entendent Jésus et qui croient en lui. Et si Jésus parle ainsi des croyants, c'est parce que tout au long de ce dixième chapitre de Jean, il se décrit comme le « bon berger »: « je suis le bon berger, le bon berger donne sa vie pour ses brebis » avait dit le Seigneur peu de temp auparavant, annonçant ainsi sa mort expiatoire , par laquelle Dieu a voulu « par Christ tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel, en faisant la paix à travers lui, par son sang versé sur la croix. » (Colossiens 1) afin que nous puissions avoir la vie éternelle.

Cette image du berger, elle vient de loin, de l'Ancien Testament où, déjà, dans le psaume 23, David disait sa belle assurance: « L'Eternel est mon berger: je ne manquerai de rien »
L'Eglise Luthérienne en Poitou est un petit troupeau, et c'est Jésus qui est notre berger. Ce n'est pas autour de Luther que nous sommes réunis, mais autour de Christ, que l'apôtre Pierre appelle « le berger et le gardien de nos âmes » (1 Pierre 2.25)
Notre paroisse a eu des pasteurs, qui lui ont été donnés par Dieu et pour lesquels nous lui rendons grâce: Marc Amilhat bien sûr, mais il faut aussi nommer les pasteurs Marc Splingart, Claude Ludwig, Jean-Louis Schaeffer et Jacques Bruch. Chacun d'entre eux a joué un rôle dans le plan de Dieu pour notre communauté. Mais ces pasteurs, tout comme moi, n'étaient que les serviteurs du grand berger.
C'est Christ qui nous a réunis depuis 40 ans. C'est lui aussi qui, comme un berger doit le faire, a pris soin de son troupeau. Dans le psaume 23, il est dit « Il me fait prendre du repos dans des pâturages bien verts, il me dirige près d'une eau paisible.3 Il me redonne des forces, il me conduit dans les sentiers de la justice à cause de son nom. »
Comment Jésus fait-il tout cela? Comment nous donne t'il le repos? Comment nous redonne t'il des forces? Comment nous conduit-il sur le sentier de la justice?
En continuant à se donner et à se révéler comme il le faisait sur les chemins de Palestine il y a 2000 ans. Il nourrit notre foi et combat les maladies de notre âme par sa Parole, prêchée avec fidélité dans son Eglise; par la communion à son corps et à son sang dans le pain et le vin de la Cène.

Oui, dans un monde dur, et même cruel; qu'il est bon et réconfortant de savoir que Christ va prendre soin de nous, selon sa promesse. Il est le berger, nous sommes les brebis. Et, là encore, notre texte a des choses à nous dire sur ce point.

En effet, que veut dire être « une brebis de Christ »? Jésus dit «  Mes brebis écoutent ma voix». Mes brebis écoutent ma voix.
Frères et soeurs, écouter la voix de Jésus, c'est avant toute chose reconnaître qu'il nous parle dans la Bible. C'est confesser que la Bible est la Parole de Dieu. C'est reconnaître son inspiration divine et son autorité.
De façon très pressante en notre époque de relativisme doctrinal et moral, l'Eglise doit placer son enseignement et sa vie à la lumière de la Parole de Dieu. Si elle refuse de le faire, elle prend le risque, nous le voyons hélas trop souvent, de se laisser guider par toutes les modes et les fausses sagesses de notre monde, adoptant alors ce que le philosophe catholique Jacques Maritain appelait « les théologies de chien crevé au fil de l'eau ». Oui, plus que jamais c'est à la Parole de Dieu d'éprouver et de juger nos grandes idées et nos petites idoles.
Oui, plus que jamais, la Bible doit être le trésor de l'Eglise, dans lequel elle peut continuer à puiser de l'ancien et du nouveau. Prenons garde à obéir à ce qu'elle commande et à croire ce qu'elle promet.

Mais, écouter la voix de Jésus est aussi une question qui comporte une part plus intime, qui nous renvoie à notre propre vie spirituelle.
Nous vivons dans l'ère de l'information. Nous sommes tous les jours bombardés de nouvelles, de milles avis sur tout et n'importe quoi. Dans tout ce tumulte, comment percevoir la voix du Sauveur? Cela implique de savoir faire silence, de savoir trouver le silence. Nous vivons tous des vies de dingues, n'est-ce pas? Et bien, pouvoir entendre la voix de Christ est une des bonnes raisons que nous avons pour reprendre possession de notre existence, de savoir faire silence, de faire taire en nous et autour de nous toute autre voix que la sienne, pour dire: « c'est Christ que j'écoute et que je suis, et non pas les médias ou la majorité des gens ».
Ecoutons la voix de Christ, car il veut parler à chacune de ses brebis. A l'un, il va peut-être lancer un appel à le servir dans un ministère particulier au sein de l'Eglise, à un autre, ce sera peut-être une douce exhortation; à tous, enfin, quand nous en aurons besoin, ce sera une parole de réconfort et d'espérance. Dans tous les cas, si nous écoutons la voix de Christ, nous entendrons Dieu nous dire en elle « je t'aime, tu as du prix à mes yeux et je t'ai racheté ».

Christ est le berger qui prend soin de nous. Nous sommes les brebis qui l'écoutent mais aussi qui le suivent.

« Je connais mes brebis, et elles me suivent » dit Jésus. Un berger ne garde pas tout le temps ses brebis au paturage. Il les fait avancer, en les guidant, sur le chemin qu'il veut les voir emprunter.
Heureuse l'Eglise qui va se placer à la suite de son Seigneur et suivre la direction qu'il lui indique! Au fur et à mesure que nos églises se dépeuplent, que le christianisme devient un fait minoritaire dans notre pays, je vois fleurir les plans d'actions, les réflexions sur la réorganisation des paroisses, etc, etc... Tout cela est bel et bon (enfin, parfois) mais ne sert à rien si les églises locales ne se demandent pas, dans la prière et l'écoute de l'Esprit: « où Christ veut-il nous mener? »

Les luthériens du Poitou célèbrent aujourd'hui 40 ans de chemin parcouru. Il est bon de pouvoir se retourner et voir que le Seigneur a accompagné notre communauté, dans les joies et les peines qui l'ont marquée. Mais cette action de grâces pour ce qui Christ a fait parmi nous amène à nous poser la question: « brebis poitevines, où le Seigneur veut-il nous mener à présent? »

Gardons les yeux bien fixés sur lui et attachons nous à ses pas. Peut-être le Seigneur va t'il nous mener sur des chemins inconnus, dont nous n'aurions même pas soupçonné l'existence.
Il en a le droit, et nous avons l'assurance que ce berger qui aime son troupeau continuera à le mener vers les verts paturages dont nous avons besoin, parce qu'il nous aime, comme il nous l'a prouvé depuis 40 ans.

Alors, certains de la grâce du Seigneur répandue dans nos vies par Christ, recevons cette prière de l'épître aux Hébreux: Le Dieu de la paix a ramené d'entre les morts notre Seigneur Jésus, devenu le grand berger des brebis grâce au sang d'une alliance éternelle.
21 Qu'il vous rende capables de toute bonne oeuvre pour l'accomplissement de sa volonté, qu'il fasse en vous ce qui lui est agréable par Jésus-Christ, à qui soit la gloire aux siècles des siècles! Amen!



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