dimanche 18 mars 2012

MARC 12.38-13.2

38 Jésus leur disait dans son enseignement: «Attention aux spécialistes de la loi qui aiment se promener en longues robes et être salués sur les places publiques!39 Ils recherchent les sièges d'honneur dans les synagogues et les meilleures places dans les festins;40 ils dépouillent les veuves de leurs biens tout en faisant pour l'apparence de longues prières. Ils seront jugés plus sévèrement.»41 Jésus était assis vis-à-vis du tronc et regardait comment la foule y mettait de l'argent. De nombreux riches mettaient beaucoup.
42 Une pauvre veuve vint aussi; elle y mit deux petites pièces, une toute petite somme.43 Alors Jésus appela ses disciples et leur dit: «Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc, 44 car tous ont pris de leur superflu pour mettre dans le tronc, tandis qu'elle, elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre.»
13 Lorsque Jésus sortit du temple, un de ses disciples lui dit: «Maître, regarde: quelles pierres et quelles constructions!»
2 Jésus lui répondit: «Vois-tu ces grandes constructions? Il ne restera pas pierre sur pierre, tout sera détruit.»


Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
chers amis

Je me souviens de la première fois où je suis entré à l'intérieur du Panthéon, à Paris. Le bâtiment en lui-même est déjà impressionnant: placé sur une petite colline, on le voit à des kilomètres à la ronde en arrivant à Paris. Mais, bizarrement, c'est plutôt l'intérieur, avec son immense voûte qui m'a le plus impressionné.
Ce qui nous fascine, nous impressionne nous fait toujours courir le risque de nous faire oublier l'essentiel.
C'est dans ce contexte que nous devons je crois interpréter l'histoire de la pauvre veuve. Jésus vient alors juste d'entrer à Jérusalem, où il va passer la dernière semaine de sa vie. Dans quelques jours, il va être arrêté et crucifié. Jésus continue à enseigner, dans le Temple, et ce sont ses dernières paroles publiques.
Et, dans ces derniers messages, Jésus prévient contre le danger mortel que représente l'hypocrisie des chefs religieux. Jusqu'au bout, Jésus combat le système pourri jusqu'à la moëlle où certains se servent de Dieu plutôt que de le servir; où la religion devient outil d'exploitation des plus faibles, où la piété n'est qu'une mascarade destinée à se faire bien voir et à tromper le gogo.

Nous savons à quel endroit du temple Jésus se trouve alors. Il y a en effet deux indices: la présence d'une femme et celle d'un tronc (une boite à offrande). Or, une seule partie du Temple était ouverte aux femmes: le parvis des femmes et c'est aussi là que se trouvaient les treize troncs qui permettaient à chacun de déposer son offrande avec une attribution précise (il y avait le tronc pour la taxe du temple, le tronc pour le salaire des prêtres, pour l'entretien des bâtiments).

C'est donc là que Jésus voit une femme déposer son offrande. Nous ne connaissons pas son nom, elle ne parlera pas avec Jésus et pourtant le Seigneur va la montrer en exemple pour nous transmettre, alors qu'il arrive à la fin de son parcours terrestre, une grande leçon.
La femme est une « pauvre veuve ». Le mot grec qu'emploie Marc et que nous traduisons par « pauvre » ne veut pas dire qu'elle a des revenus modestes et qu'elle doit faire très très attention à son budget. Non, c'est ptochos, qui indique que cette femme est réduite à la mendicité, qu'elle ne possède que les vêtements qu'elle porte...Et cette femme place dans le tronc deux petites pièces de bronze (des leptes), une somme très faible, sans doute ridicule par rapport aux tombereaux de pièces que certains pouvaient déposer avec tintement et fracas dans les troncs. Et Jésus saisit cette occasion pour appeler ses disciples et leur dire « cette pauvre veuve a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le tronc, car tous ont pris de leur superflu pour mettre dans le tronc, tandis qu'elle, elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre. »

La leçon semble claire. Jésus dit de ne pas être impressionné par la puissance apparente des possédants. Ceux qui possèdent l'influence religieuse comme les scribes, ceux qui possèdent l'argent comme ces hommes qui font bien voir combien ils donnent au temple « 500 euros pour le temple, 1000 euros pour votre salaire, mon père »). Jésus invite plutôt à regarder au coeur, comme lui, et à réaliser que la miniscule offrande de la veuve représente plus que les grosses sommes données par ceux qui, de toute façon, ne se privent de rien en les donnant! C'est parce que la veuve, elle, est sortie depuis longtemps de la zone de confort. C'est que son don, contrairement à celui des puissants lui coûte vraiment quelque chose. C'est que, contrairement à eux, elle ne retient rien: elle aurait au moins pu garder une pièce, mais elle donne les deux!

Jésus dit donc à ses disciples de faire attention aux choses qui les impressionne et à les replacer dans la perspective d'une relation de fidélité envers Dieu. Mais, comme nous, les disciples de Jésus sont parfois longs à comprendre. A peine sont-ils sortis du temple qu'ils disent à Jésus
«Maître, regarde: quelles pierres et quelles constructions!»
Et c'est vrai que le second temple de Jérusalem était un édifice immense, impressionnant, surtout pour des types sortis de leurs villages comme les disciples. Et je pense qu'ils étaient aussi impressionnés par les longues robes des scribes et des Pharisiens, par leur importance et leur influence.
C'est naturel d'ailleurs, d'être impressionné par les grands bâtiments et par les gens puissants. Nous aussi nous sommes comme ça.
Pourtant, Jésus nous invite tous à dépasser cette perspective. Si nous sommes impressionnés par un grand édifice, ne devrions-nous pas l'être aussi par la beauté de la nature et de l'univers, qui nous disent la gloire du Créateur? Si nous honorons ceux qui, de leur fortune, ont pu donner de quoi (par exemple) construire des temples ou fonder des instituts bibliques, que penser des ces humbles pour lesquels le don fait à l'église représente un article en moins sur la liste des commissions?
La pauvre veuve que Jésus place devant nos regards a tout donné. La Segond 21 dit qu'elle a donné « tout ce qu'elle avait pour vivre.» . En fait, on pourrait traduire qu'elle a « donné sa vie ».
Et c'est là une évocation, un type de ce que Jésus se prépare à faire: donner sa vie pour notre salut.
L'image de Jésus sur la croix n'avait rien d'impressionnant à côté de toute la gloire et de la beauté du temple. Et pourtant, ce temple si magnifique, et tout le système religieux qu'il représentait, ont été totalement détruits quelques années après et il n'est reste plus rien, tandis que l'oeuvre de Jésus demeure la seule base du pardon de nos péchés et d'entrée dans la vie éternelle.

Réfléchissez-y bien: est-ce que c'est bien la croix de Christ qui vous impressionne? Est-ce que c'est bien l'immensité de l'amour du Père qui attire votre regard, et rien d'autre? Est-ce que vos yeux regardent bien au Sauveur crucifié et non plus à un système religieux et philosophique, ou à on ne sait quel gourou ou grand penseur?

Dans ce magnifique passage que nous avons lu ce matin, l'apôtre Paul souligne la vérité la plus glorieuse de la Bible:
« c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu.Ce n'est pas par les oeuvres, afin que personne ne puisse se vanter. »
Pas par les oeuvres, par la grâce: rien de plus clair. C'est le don de Dieu.

Franchement, quand on prononce le mot « don » dans un contexte spirituel, on pense d'abord aux dons financiers demandés aux membres pour que la paroisse puisse vivre. Et l'histoire de la pauvre veuve est là pour nous montrer que ce que nous donnons et comment nous le donnons sont des indicateurs de notre relation avec le Seigneur. C'est tout à fait évident dans la Bible, et je vous invite à méditer ces paroles de Paul en 2 Corinthiens 8-9. Il est tout à fait évident que la pauvre veuve nous pose une question: « est-ce que tes offrandes te coûtent quelque chose, ou est-ce que tu donnes de ton superflu? »
Mais, encore une fois, nous ferions fausse route en oubliant que le don le plus important, c'est celui que Dieu nous faits en Jésus-Christ. En fait, la Bible nous montre un Dieu qui donne, par amour, et notre don (d'argent ou de temps) n'est qu'une réplique, faite dans l'amour, de l'esprit du Père.
Il y a plusieurs siècles, Bernard de Clairvaux a dit à Christ dans une prière « Seigneur Jésus, je n'ai que deux pièces: mon âme et mon corps, mais je te les donne ».
Nous pouvons tout donner à Dieu. Nous pouvons tout lui donner, parce que nous avons tout reçu en Jésus. 

Amen 


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