dimanche 11 novembre 2012

MARC 4.35-41 (DEP 2012)



35Ce même jour sur le soir, Jésus leur dit : Passons sur l'autre rive. 36Après avoir renvoyé la foule, ils l'emmenèrent dans la barque où il se trouvait, et il y avait aussi d'autres barques avec lui. 37Il s'éleva une forte bourrasque, et les vagues se jetaient dans la barque au point qu'elle se remplissait déjà. 38Et lui, il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le réveillèrent et lui dirent : Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons ? 39Il se réveilla, menaça le vent et dit à la mer : Silence, tais-toi. Le vent cessa et un grand calme se fit. 40Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous tellement peur ? Comment n'avez-vous pas de foi ? 41Ils furent saisis d'une grande crainte et se dirent les uns aux autres : Quel est donc celui-ci, car même le vent et la mer lui obéissent ?



Chers frères et soeurs en Christ
chers amis

Nous sommes réunis aujourd'hui pour le Dimanche de l'Eglise Persécutée. Cette journée spécialement consacrée à la cause des chrétiens qui souffrent pour la foi. 

On estime qu'il y a eu plus de chrétiens tués à cause de leur foi au 20ème siècle que durant toute l'histoire de l'Eglise. Les estimations les plus basses indiquent que 26 millions de personnes ont été tués parce qu'elles étaient chrétiennes au siècle dernier. Durant ce 20ème siècle, c'est bien sûr dans le monde communiste que la persécution a été la plus forte.
Héritier de la Révolution Française, le Marxisme-Léninisme nourrissait comme elle une haine farouche de la foi chrétienne. On ne peut compter, en URSS et dans les pays du Pacte de Varsovie, les églises détruites, les croyants exécutés ou emprisonnés, les atteintes systématiques à la liberté de conscience.
A l'époque, hélas, de trop nombreuses églises occidentales ont fait le choix du silence, de la compromission ou même de la complicité active, comme ce fut le cas pour le prétendu « Conseil Oecuménique des Eglises », totalement infiltré par le KGB.
Le pasteur László Tőkés, qui a été un des artisans de la Révolution Roumaine de 1989 a d'ailleurs toujours amèrement regretté le « refus des églises occidentales de présenter les conditions réelles des églises de Roumanie et leur volonté de prétendre que tout allait bien dans notre pays et que les églises pouvaient accomplir leur mission dans la paix et la liberté »

Il serait honteux et tragique que les églises s'égarent encore de la même façon.
Bien sûr, grâce à Dieu, le communisme s'est effondré en Europe. Mais en Chine, à Cuba, en Corée du Nord, au Viet-Nam, des chrétiens sont encore persécutés.
Cependant, en ce début de 21ème siècle, le visage de la persécution anti-chrétienne a changé. Il existe un index mondial de la persécution, qui sur la base de données factuelles, recense les pays où les droits des chrétiens sont bafoués. Je vous cite les cinq premiers de cette triste liste: la Corée du Nord
(200 à 400 000 chrétiens nord-coréens, à la clandestinité absolue, nombreuses arrestations en 2011); l'Afghanistan (pas une seule église dans le pays, même pour les étrangers. En octobre, les Talibans ont publié une déclaration promettant d'épurer le pays de tous les chrétiens, qu'ils soient locaux ou étrangers. Les chrétiens des organisations humanitaires restent une cible fréquente); l'Arabie Saoudite (Aucune église n'est autorisée et les célébrations chrétiennes sont interdites dans les lieux publics. En outre, l'apostasie est passible de mort en Arabie Saoudite); la Somalie (L'intégrisme islamique est le premier responsable de la persécution. Personne n'est censé être chrétien en Somalie, aussi les croyants d'origine musulmane n'ont-ils pas de communautés organisées.) et enfin l'Iran (La persécution de certaines minorités religieuses s'est intensifiée en Iran depuis 2005. Plus de 200 chrétiens ont été arrêtés durant la période concernée par l'Index Mondial de Persécution 2012. Le 19 octobre 2010, le Guide suprême iranien a accusé «les ennemis de l'islam d'installer le christianisme en Iran et d'y encourager son expansion»)

Bien sûr, on pourrait parler du Nigeria où presque chaque semaine des églises sont attaquées et des chrétiens tués par des Islamistes ou de la situation de la minorité chrétienne du Pakistan. La journée ne suffirait pas à cette longue litanie de souffrances.
Retenez simplement qu'on estime qu'au moins 150 millions de chrétiens répartis dans 60 pays sont confrontés à la persécution chaque jour (60% d'entre eux sont des enfants) et 400 millions sont exposés à des risques forts. La persécution prend différentes formes: discrimination à l'emploi à à l'éducation, limitations de la liberté de culte, destructions des églises, viols, enlèvements, assassinats...
Cela, même les médias séculiers ont dû en rendre compte. Comme l'a dit Bernard-Henri Lévy dans Le Point en 2010 « les chrétiens forment aujourd'hui, à l'échelle de la planète, la communauté la plus constamment, violemment et impunément persécutée. »

150 millions de chrétiens dans la tempête. Et leurs épreuves sont nos défis, comme nous le rappelle le thème de ce DEP.
Oh, bien sûr, il n'y a pas besoin d'être soumis à la persécution pour se sentir dans la tempête. Nous n'avons pas besoin de vivre en Irak ou au Nigeria pour poser cette question vitale à Dieu: « Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons ? »

Nous pouvons nous demander pourquoi Jésus laisse ses disciples passer par la tempête? Pourquoi l'Eglise doit-elle passer dans la tempête? Je pense que notre bref passage nous enseigne que Jésus peut conduire ses amis dans la tempête afin qu'ils puissent mieux le connaître.

Le contexte de notre passage éclaire beaucoup de choses. Jésus commence à être connu, son enseignement interpelle, ses miracles émerveillent...Les gens se posent la question « qui est cet homme? »

Les disciples, eux, écoutent, observent jusqu'à ce huitième chapitre où Jésus leur dit de monter dans la barque pour traverser le lac. Ici, les disciples se sentent à leur aise: ce sont des pécheurs, ils ont l'habitude des bateaux. Jésus, lui, se repose. Soudain, une tempête se lève, une de ces tempêtes qui peuvent soudain frapper le lac de Galilée. Les disciples font preuve de toute leur maîtrise, mais ils sentent que les choses leur échappent. La tempête est plus forte qu'eux.

En dernier recours; ils crient à Jésus: « Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons ? »
Les tempêtes de nos vies nous font poser des questions. « qui suis-je pour toi, Seigneur? »; « Est-ce que tu t'intéresses vraiment à moi? »
Dans leur panique, les disciples semblent craindre que le stock de compassion de Jésus soit épuisé, qu'il ne puisse ou ne veuille rien faire pour eux, lui qu'ils ont vu faire tant de miracles pour les autres.

Je crois que nous pouvons nous reconnaître dans ce cri. Voilà des hommes qui avaient marché avec Jésus depuis le début, qui avaient reçu de sa part une attention spéciale. Ils savaient sans doute beaucoup de choses sur Jésus, plus que la plupart des gens. Mais cette crise de la tempête les a amené à un autre niveau, plus profond. Quand les disciples ont crié à Jésus, c'était leur propre vie qui était en jeu.

Je crois que Jésus s'est servi de cette tempête pour se placer directement au coeur de leurs questionnements. Totalement incapables de faire face, ils n'avaient personne d'autre vers qui se tourner. Et je crois que Dieu veut que son peuple veut qu'il reconnaisse qu'il est un Dieu souverain et un Dieu d'amour dans lequel nous pouvons pleinement nous confier, en arrêtant de nous reposer sur nos propres forces.

Jésus a entendu la prière de ses disciples. Il se réveilla, menaça le vent et dit à la mer : Silence, tais-toi. Le vent cessa et un grand calme se fit. Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous tellement peur ? Comment n'avez-vous pas de foi ?
Jésus manifeste sa puissance divine en commandant à l'eau et au vent de se calmer.

Marc dit alors que les disciples furent remplis d'une grande crainte. Mais ce n'était pas la peur de la tempête, mais ils étaient saisis de respect devant les pouvoirs de celui qu'ils croyaient connaître, et dont ils venaient de réaliser qu'il était beaucoup plus que ce qu'ils pensaient. « Quel est donc celui-ci, car même le vent et la mer lui obéissent ? »

Voilà pourquoi Jésus leur a demandé « pourquoi avez-vous peur? ». c'était une façon de demander: vous n'avez pas encore compris? Je suis Dieu, un avec le Père, et je suis avec vous et pour vous. Vous n'avez aucune raison d'avoir peur.
Je crois qu'une des raisons de la faiblesse de nos églises aujourd'hui est que notre Dieu est trop petit. Nous sous-estimons sa capacité à agir dans nos vies et la vie de nos églises.

Quelqu'un a demandé un jour « pourquoi l'Eglise persécutée est-elle plus forte que nous? » La réponse était « C'est parce que les chrétiens persécutés doivent se poser chaque jour la question: ma foi vaut-elle la peine d'être vécue? »

Oui, quand on est confronté à la persécution, on est bien obligé de se recentrer sur ce qu'il y a d'essentiel. Sur le Christ, et sur le Christ seul. Un Christ vivant, et glorieux qui intercède pour son peuple.

Un mot pour terminer. Si les disciples n'avaient pas accompagné Jésus sur le bateau, ils ne seraient pas passés par la tempête. Mais ils sont partis avec leur maître. De la même façon, nos frères persécutés passent par la tempête parce qu'ils suivent Jésus et qu'ils lui sont fidèles.
Il n'y a pas de persécutions en France, mais on y trouve quand même un laïcisme agressif potentiellement liberticide.
A quelques kilomètres d'ici, à Grand-Ry le 22 février 1688 une assemblée protestante clandestine de 1500 personnes fut surprise par le Dragons du Roi qui ouvrirent le feu sans sommation. Il y eut un nombre encore inconnu de mrots et de blessés, 3 condamnés à la pendaison et 31 condamnés aux galères. Alors laissez-moi vous poser une question: que se passerait-il si demain, comme nos ancêtres huguenots, nous devions faire face à la persécution?

Etre en mouvement avec Jésus et obéir à son ordre de mission peut clairement nous amener dans des tempêtes. Je crois que le défi qui nous est lancé, c'est d'avoir les mêmes priorités que Jésus, c'est d'avoir une vision claire de qui il est et de ce qu'il fait. Il est notre Seigneur et notre Dieu, et aussi celui de nos frères qui vivent dans la persécution, et pour lesquels nous allons maintenant prier.

Amen. 



(Cette méditation a été en partie préparée avec l'aide fournie dans le dossier spécial de l'association Portes Ouvertes.)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Belle prédication; je pense qu'il est très utile de se souvenir ainsi de nos frères et soeurs persécutés dans le monde et de se tenir prêts.

Victor a dit…

Merci de nous avoir rappelé les souffrances de nos frères.