dimanche 4 novembre 2012

RUTH 1:1-18


1Aux jours où les juges gouvernaient, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Beth-Léhem de Juda partit, avec sa femme et ses deux fils, pour séjourner en immigré au pays de Moab. 2Le nom de cet homme était Elimélek, le nom de sa femme Noémi et le nom de ses deux fils Mahlôn et Kiliôn ; ils étaient Ephratites, de Beth-Léhem de Juda. Ils arrivèrent au pays de Moab et ils y vécurent. 3Puis Elimélek, le mari de Noémi, mourut, et elle resta seule avec ses deux fils. 4Ceux-ci épousèrent des Moabites. Le nom de la première était Orpa et le nom de la seconde Ruth. Ils habitèrent là environ dix ans. 5Mahlôn et Kiliôn moururent aussi tous les deux, et la femme resta seule, privée de ses deux enfants et de son mari.
6Alors elle revint du pays de Moab, avec ses belles-filles. En effet, elle avait appris, au pays de Moab, que le SEIGNEUR était intervenu en faveur de son peuple en lui donnant du pain. 7Elle quitta le lieu où elle vivait, ses deux belles-filles avec elle ; elles se mirent en route pour retourner en Juda.
8Noémi dit alors à ses deux belles-filles : Allez, que chacune de vous retourne chez sa mère ! Que le SEIGNEUR agisse avec fidélité envers vous, comme vous avez agi envers ceux qui sont morts et envers moi ! 9Que le SEIGNEUR vous donne à chacune de trouver un lieu de repos chez un mari ! Puis elle les embrassa. Elles se mirent alors à sangloter, 10elles lui dirent : Non, nous retournerons avec toi vers ton peuple ! 11Noémi dit : Retournez, mes filles ! Pourquoi viendriez-vous avec moi ? Ai-je encore dans mon ventre des fils qui puissent devenir vos maris ? 12Retournez, mes filles, allez ! Car je suis trop vieille pour me remarier ; et même si je disais : « Il y a de l'espoir pour moi », si ce soir même j'étais remariée et que je mette des fils au monde, 13attendriez-vous pour cela qu'ils grandissent ? Refuseriez-vous pour cela de vous remarier ? Non, mes filles ! Mon sort est plus amer que le vôtre : la main du SEIGNEUR s'est abattue sur moi. 14Elles sanglotèrent encore. Puis Orpa embrassa sa belle-mère, mais Ruth s'attacha à elle.
15Noémi dit alors : Ta belle-sœur est retournée à son peuple et à ses dieux ; retourne, toi aussi, comme ta belle-sœur. 16Ruth dit : Ne me pousse pas à t'abandonner, à me détourner de toi ! Où tu iras, j'irai ; là où tu passeras la nuit, je passerai la nuit ; ton peuple sera mon peuple, et ton dieu sera mon dieu ; 17là où tu mourras, je mourrai, et c'est là que je serai ensevelie. Que le SEIGNEUR me fasse ceci et qu'il y ajoute cela, si ce n'est pas la mort qui me sépare de toi ! 18Noémi, la voyant résolue à aller avec elle, n'insista plus.





Chers frères et soeurs,
chers amis,

Notre texte d'aujourd'hui est une histoire de famille. Une histoire bien tragique. Une histoire aussi de loyauté, de fidélité et de dévotion. C'est l'histoire d'une famille de la classe moyenne frappée par la déchéance économique.
Une famille frappe le pays d'Israël. Elimélek, Néomi et leur deux fils décident d'aller chercher ce qu'elle espère être une vie un moins difficile dans le pays de Moab, une contrée étrangère et vouée au culte du dieu païen Chemosh.
Après l'installation en Moab, le sort frappe encore: Elimélek meurt, laissant Noémi veuve. L'histoire continue et bientôt les deux fils de Noémi décident d'épouser deux Moabites. Cela fut sans doute dur pour Noémi de voir ses enfants épouser des femmes venant d'une autre culture et suivent une autre religion.
Mais le pire restait à venir car le sort s'acharnait. Les deux fils moururent l'un après l'autre, sans laisser d'enfants.
Noémi était une femme réaliste et pleine de compassion. Quand elle annonce à ses deux belles-filles, Orpa et Ruth qu'elle va retourner dans sa ville de Bethléem, elle les encourage quant à elles à retourner vers leur peuple et à commencer une nouvelle vie car, en ce qui la concerne, elle n'a plus rien à leur apporter.
Orpa se rendit à l'évidence. Mais Ruth, elle, s'attacha à Noémi. Il faut imaginer Ruth agrippant sa belle-mère, refusant de la laisser. Certains pensent qu'on a dans les paroles de Ruth la plus belle expression d'amour et d'engagement de la Bible:
Ne me pousse pas à t'abandonner, à me détourner de toi ! Où tu iras, j'irai ; là où tu passeras la nuit, je passerai la nuit ; ton peuple sera mon peuple, et ton dieu sera mon dieu ; 17là où tu mourras, je mourrai, et c'est là que je serai ensevelie. Que le SEIGNEUR me fasse ceci et qu'il y ajoute cela, si ce n'est pas la mort qui me sépare de toi !
Qu'est-ce qui a fait la différence entre Orpa et Ruth? Les deux femmes avaient aimé leurs époux, elles aimaient leur belle-mère. Mais Orpa est retournée vers « son peuple et ses dieux » tandis que Ruth a dit « ton Dieu sera mon Dieu... ». Ce qui a fait la différence entre Orpa et Ruth, c'est que Ruth avait abandonné ses vaines idoles et qu'elle s'était convertie au Dieu vivant.C'est qui a fait la différence entre Orpa et Ruth, c'est que Ruth avait choisi de placer sa confiance dans le Seigneur.
Voilà pourqui elle était prête à affronter une nouvelle vie faite d'inconnu. Voilà pourquoi elle était prête à aimer: parce qu'elle se savait être aimée de Dieu.

Je crois que, d'une certaine façon, Ruth est un type (une préfiguration ) de Christ. Ruth a tout abandonné: sa vie, son pays. Christ a quitté la gloire du Ciel pour venir parmi. Ruth a aimé sa belle-mère de façon radicale. L'amour de Christ a été tel qu'il a été jusqu'à mourir sur la Croix pour le pardon de nos péchés. Ruth n'avait rien à gagner en suivant Néomi. Christ s'est dépouillé de sa puissance, il a été tout au long de sa vie moqué, insulté, diffamé et injustement accusé alors qu'il n'a jamais commis la moindre espèce de mal, tout cela pour finir à l'angoisse du Calvaire.

Et cet amour de Dieu répandu en Jésus-Christ nous invite à notre tour à aimer. Rappelez-vous des paroles de Jésus dans l'évangile de ce matin: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force (et) tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Aimer Dieu
de tout notre coeur: le centre de nos émotions. Notre foi n'est pas qu'une collection de doctrines. Elle implique aussi nos sentiments.
de toute notre âme: le mot grec est psyche, et se rattache à notre personnalité. Cela veut dire « aime Dieu avec tout ce qui est toi, ton identité profonde ». Es tu du genre extraverti? Bien, que ton exhubérance se reflète dans la façon dont tu sers Dieu. Es-tu plutôt un(e) calme analytique? Bien. Utilise ta tranquille intériorité pour la gloire de Dieu
de tout notre intelligence: cela nous rappelle que la foi n'est pas le suicide de l'intellect, bien au contraire. Nous devons ne nous épargner aucun effort, par exemple, pour toujours mieux comprendre la Parole de Dieu, afin de mieux connaître et aimer Dieu
de toute notre force: du grec dunamis qui a donné dynamite. C'est une concentration de puissance. Cela suppose que notre énergie est concentrée, orientée vers l'amour de Dieu.

Jésus nous demande aussi d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. Notre prochain, et non notre lointain, non l'humanité en général. L'homme ou la femme que nous avons en face de nous. Aimer notre prochain, ce n'est pas faire de grandes déclarations sur l'injustice de ce monde, sur la pauvreté de lointains continents. C'est juste prendre du temps pour parler cinq minutes à la vieille dame seule à la boulangerie, c'est proposer à la voisine de garder un enfant...Cela, et non les grandes déclarations, c'est l'amour du prochain.

Mais ces paroles magnifiques du Christ nous accusent. Car lequel d'entre nous peut dire honnêtement qu'il a toujours aimé Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ton intelligence et de toute ta force et son prochain comme lui-même?

C'est là que Jésus rentre en jeu. Jésus a payé le prix pour l'amour que nous avons si souvent échoué à vivre. Surtout, notre Seigneur nous immerge dans une nouveauté de vie dans laquelle nous allons pouvoir tirer la force d'aimer. Cela suppose d'être ancré dans la Parole de Dieu, dans la force que donne les sacrements, car il n'est pas facile d'aimer de façon complète et sacrificielle comme Jésus le demande. Voilà pourquoi, quand nous aimons, toute la gloire doit en revenir à Dieu, parce que c'est lui qui est la source de notre amour.

Un dernier mot sur Ruth. Notre texte nous l'a montrée abandonnant son pays, son peuple, sa culture, sa religion par amour pour Dieu et pour sa prochaine Noémi.
Il est risqué d'aimer vraiment. Si vraiment nous ouvrons notre coeur aux désirs de Dieu, cela nous mettra sans doute dans des situations nouvelles, déstabilisantes. Mais choisir le confort, le train-train serait nous fermer à l'amour. Voulons-nous que nos églises continuent leur petit chemin bien tranquille, avec le confort que cela représente, où bien voulons-nous les ouvrir à tous ceux qui ont besoin d'entendre l'Evangile de notre Seigneur? Seule cette dernière attitude est menée par l'amour de Dieu et de notre prochain.

Ruth est partie à l'aventure, l'aventure de l'amour. La suite du livre nous raconte qu'à Bethléem, elle a rencontré un parent de Noémi, un homme juste et généreux nommé Boaz. Boaz et Ruth sont tombés amoureux et se sont mariés. Ils ont eu un fils, Obed. Obed a été le grand-père du roi David, lui-même ancêtre de Jésus « selon la chair ».
Là où n'y avait plus que deuil et désolation, la puissance de l'amour de Dieu a amené la guérison, la restauration et l'espoir.
Nous aussi nous pouvons nous confier dans l'amour de notre Dieu, qui nous fera aimer notre prochain. « Où tu iras, j'irai » a dit Ruth à Noémi. Jésus nous dit la même chose « « Où tu iras, j'irai.. » pour t'aimer, te guider et te protéger; afin que tu marches dans la justice.

Amen.

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