dimanche 15 juin 2014

PSAUME 8

Éternel, notre Seigneur,que ta gloire est admirable sur la terre tout entière!
Au-dessus du ciel, on célèbre ta splendeur.
Quand je contemple le ciel que tes doigts ont façonné,
les étoiles et la lune que tes mains ont disposées,
je me dis: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu en prennes soin,
et qu'est-ce qu'un être humain pour qu'à lui tu t'intéresses?


Chers frères et sœurs en Christ
chers amis


Il y a quelques mois j'ai donné une conférence sur l'histoire américaine à l'université de Poitiers, j'ai travaillé sur ces explorateurs et ces pionniers qui à partir des années 1770 ont quitté la côte est pour s'aventurer au delà des Appalaches. Il faut bien se rappeler qu'on ne savait pas ce qu'il y avait derrière cette chaîne des montagnes. Comment était ce continent qu'on devinait sans avoir l'idée précise de ce qu'il était ? A quoi les terres ressemblaient elles ? Étaient elles fertiles ?
La réponse a été apportée par ces pionniers et ces explorateurs, et ce n'est pas la première fois (ni la dernière) que l'humanité s'est lancée dans une exploration pour augmenter ses connaissances et répondre à ses questions sur des choses inconnues.
Mais il est des mystères qui resteront des mystères. Aujourd'hui, pour la fête de la Trinité, nous approchons un de ces mystères : Dieu. En effet, Dieu reste un mystère.
Ce que je veux dire par là, c'est que je ne peux pas toucher Dieu. Je ne peux pas le voir de façon physique. Je ne peux pas frapper à sa porte pour aller prendre une tasse de café avec lui. Je ne peux pas me le représenter de façon exacte, car toutes nos représentations sont humaines, et donc limitées et fausses. Je ne peux pas penser comme Dieu, parce qu'alors j'aurais des réponses à bien des questions.
Je crois que l’Église a perdu conscience du mystère et de la grandeur de Dieu. Trop souvent, nous avons transformé Dieu en notre copain, ou en un magicien cosmique. Nous voyons trop souvent Dieu comme une version très améliorée de nous-mêmes (un peu comme le Grand Schtroumph et les autres Schtroumphs dans la BD de Peyo). Et je ne parle même pas de ceux pour qui « Dieu » n'est qu'une sorte de « force » anonyme ou un « Grand Architecte de l'Univers » : on n'a là que des spéculations erronées sur l'identité de Dieu. Nous n'avons là qu'un Dieu que les hommes ont fait selon leur propre image.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que Dieu est le Créateur et que nous sommes les créatures. Nous sommes trop petits, nos mots et nos concepts trop limités pour prétendre décrire Dieu de façon complète. C'est le mystère de Dieu, le grand Dieu, Un en trois personnes ; ce Dieu que nous ne pouvons pas catégoriser comme nous le faisons avec les plantes et les insectes ; ce Dieu qui est plus grand, majestueux et puissant que tout ce que nous pouvons même concevoir, ce Dieu qui n'avait même pas besoin que nous existions.
En se basant sur ce que le Saint Esprit leur avait révélé dans la Bible, les premiers chrétiens ont commencé à parler d'un Dieu trinitaire. Il ne s'agissait pas d'enfermer Dieu dans une boîte, de rendre Dieu acceptable et compréhensible en termes humains, mais de rendre compte de ce que l’Écriture enseigne et de s'y soumettre. La première Église a reconnu dans le texte biblique une relation spéciale entre et unique entre le Père, le Fils et le Saint Esprit. Contre toute logique, contre toute tendance à la facilité, l’Église est restée fidèle à la Bible et a affirmé que la divinité comprend le Père, le Fils, et le Saint-Esprit : chacun d'eux est un seul et même Dieu qui n'est donc point divisé, mais distinct des autres personnes.


David, auteur de notre Psaume, reconnaît la majesté de Dieu quand il dit : « Éternel, notre Seigneur,que ta gloire est admirable sur la terre tout entière! Au-dessus du ciel, on célèbre ta splendeur. ». David regarde les étoiles et la Lune, et aujourd'hui nous pouvons même contempler des galaxies lointaines, et il conclut que tout cela doit bel et bien être l’œuvre d'un grand Dieu. Cela vous est peut-être arrivé : vous contemplez un magnifique paysage, une fleur, un ciel étoilé et vous vous rendez compte que la nature est bien la théâtre de la gloire de Dieu comme le disait Calvin. Bien sûr, il y a une différence entre sentir qu'il y a un Créateur et le connaître. On ne peut connaître Dieu que par la révélation biblique et entrer dans une relation avec lui que par une foi réelle et vivante.
Cette foi, David, la montre quand il appelle Dieu notre Seigneur (pas un Grand Architecte de l'Univers, mais mon Dieu » : « Éternel, notre Seigneur,que ta gloire est admirable sur la terre tout entière!»


Esaïe parle du mystère de Dieu quand il dit : «  Le Dieu saint demande : « À qui pouvez-vous me comparer ? Qui peut être égal à moi ? » … le SEIGNEUR est Dieu depuis toujours et pour toujours.Tu ne sais pas cela ? Tu ne l'as donc pas entendu dire ? Il a créé toute la terre.Il ne manque jamais de force, il n'est jamais fatigué.Personne ne peut mesurer la profondeur de son intelligence. » (Esaïe 40.25,28a)
Ceci dit, nous en savons plus sur Dieu. Il est plus que le Dieu de la nature et de la création. Il y a en Dieu plus que de la grandeur et de la majesté. Dieu s'est aussi révélé comme un Dieu qui prend soin, un Dieu qui veut une relation avec son peuple. Cela, c'est quelque chose que nous pouvons oublier, et nous devons prendre garde à ces paroles du Deutéronome :
informe-toi sur les temps anciens où tu n'étais pas encore né, depuis le jour où Dieu a créé l'homme sur la terre, informe-toi, d'un bout du ciel à l'autre: est-il jamais arrivé un événement aussi extraordinaire? A-t-on jamais entendu rien de pareil?... Et quel dieu a jamais entrepris d'aller se chercher un peuple du milieu d'un autre peuple, à force d'épreuves, de signes miraculeux, de prodiges, par des combats, et en intervenant avec puissance, en semant la terreur, comme tout ce que l’Éternel, votre Dieu, a fait pour vous en Égypte, et dont tu as été témoin? … Car l’Éternel votre Dieu est un Dieu compatissant, il ne vous abandonnera pas, ni ne vous détruira, il n'oubliera pas l'alliance qu'il a conclue par serment avec vos ancêtres. (Deutéronome 4.32, 34,31)
Dès les premières pages de la Bible, nous entendons parler d'un Dieu immense et tout-puissant, qui crée le monde avec une seule parole (Dieu dit et il y eut). Nous entendons aussi parler d'un Dieu qui veut être proche de son peuple, comme il l'était d'Adam et d'Eve avant la chute. Et c'est bien entendu le même Dieu.
Et, naturellement, David s'émerveille à l'idée qu'un Dieu si grand s'intéresse à
quelque chose d'aussi insignifiant et mortel que la race humaine. En fait, Dieu nous aime tellement qu'il a envoyé son Fils unique pour le sauver.
Il y a quelques semaines, quand nous avons célébré le Vendredi Saint et Pâques, nous avons célébré ce grand amour qui est allé jusqu'à la croix où Jésus est mort pour prendre notre péché sur lui et nous donner la vie. En donnant son Fils, Dieu a permis que nous puissions revenir vers lui. Nous sommes réconciliés avec Dieu. Dieu a envoyé Jésus pour que nous puissions de nouveau vivre en relation vivante avec lui.
Quand nous demandons « qui est mort sur la croix », la seule réponse correcte est « Dieu est mort sur la croix ! ». Jésus, vrai dieu et vrai homme, a accepté d'être livré aux mains des pécheurs et à une mort infâme. C'est difficile à concevoir : un Dieu si grand qui accepte de tomber si bas. Et pourtant, il l'a fait. C'est une partie du mystère de Dieu.


La semaine dernière, nous avons célébré la Pentecôte : l'effusion de l'Esprit Saint sur les disciples et l’Église. Jésus avait dit que lui et le Père enverraient l'Esprit pour rappeler aux croyants la vérité des promesses de Dieu, pour nous guider, pour nous encourager et nous soutenir quand ça va mal. Il n'y a rien de plus personnel que le Saint Esprit. Il nous connaît mieux que nous nous connaissons nous-mêmes. Il sait quand nous avons besoin d'être réconfortés. Il sait quand nous avons peur et que nous avons besoin des encouragements de la Parole de Dieu.
Il sait quand nous sommes coupables et que nous avons besoin de retourner puiser aux sources de la pure grâce. Il vit en nous, nous qui restons pécheurs et qui trop souvent oublions les saints commandements de Dieu. Qu'un Dieu saint puisse tolérer notre voisinage nous interpelle. Là encore, nous sommes confrontés au mystère de Dieu.
La doctrine de la Trinité n'est pas une tentative de l’Église de diminuer le mystère qui entoure Dieu. Au contraire, elle approfondit ce mystère. Elle pose plus de question qu'elle n'en résout. Mais elle nous dit des choses essentielles sur Dieu, des choses qui peuvent changer nos vies.
Qui est Dieu ? Il est notre Père céleste, notre Créateur, qui prend soin de nous et nous appelle ses chers enfants.
Qui est Dieu ? Il est Jésus Christ qui s'est livré pour que nous puissions de nouveau vivre en relation avec Dieu, qui nous donne la vie éternelle à tous ceux qui croient.
Qui est Dieu ? Il est le Saint Esprit qui nous donne la foi et qui nous guide dans la vérité et la pureté dans notre vie chrétienne.
Croire en la Trinité c'est affirmer la grandeur de Dieu tout en croyant en un Dieu qui prend soin de ses enfants.
C'est ce que David dit :
Éternel, notre Seigneur,que ta gloire est admirable sur la terre tout entière!
Au-dessus du ciel, on célèbre ta splendeur.Quand je contemple le ciel que tes doigts ont façonné, les étoiles et la lune que tes mains ont disposées, je me dis: Qu'est-ce que l'homme, pour que tu en prennes soin,
et qu'est-ce qu'un être humain pour qu'à lui tu t'intéresses?
Bien des chrétiens m'ont dit qu'ils n'arrivaient pas à « comprendre » la doctrine de la Trinité. Je ne pense qu'elle soit quelque chose qui puisse se « comprendre » comme on comprend comment fonctionne un appareil ménager par exemple. L'essentiel est de se souvenir que cette doctrine exprime l'enseignement biblique. Mais laissons à Dieu sa part de mystère. Ce qui est important pour nous dans les luttes de la vie, c'est d'avoir un Dieu qui aime et qui sauve.
Comme l'a dit le grand prédicateur Charles Spurgeon : Vous trouverez dans la contemplation de Christ un remède à toutes les blessures, dans la méditation du Père un apaisement à tous les chagrins, dans l’action du Saint-Esprit un baume à toutes les souffrances.


Amen.

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