dimanche 17 avril 2011

Carême 2011: méditations sur le Petit Catéchisme (6)



23Car moi, j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, dans la nuit où il allait être livré, prit du pain ; 24après avoir rendu grâce, il le rompit et dit : « C'est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. » 25Il fit de même avec la coupe, après le dîner, en disant : « Cette coupe est l'alliance nouvelle en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez. » 26Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, c'est la mort du Seigneur que vous annoncez, jusqu'à ce qu'il vienne.




Chers frères et soeurs,
chers amis,

Notre série de méditations de carême sur le Petit Catéchisme de Luther s'achève aujourd'hui. En six semaines, nous avons pu revoir ou découvrir les 10 Commandements, le Credo, le Notre Père, le baptême et le ministère des clefs pour aborder ce matin « le sacrement de l'autel ou la sainte cène ».

Il est bien sûr un peu dommage de parler de la Cène sans la recevoir, mais telle est notre pratique: nous ne communions pas tous les dimanches. Ceci dit, un peu de patience et dès dimanche prochain, nous pourrons ensemble communier au corps et au sang de Christ en nous réjouissant de la bonne nouvelle de sa résurrection.

En attendant, et peut-être aussi en guise de préparation, je vous invite à réfléchir à ce qu'est la Sainte Cène à la lumière du Catéchisme et encore plus à celle des paroles d'institution, celles que Jésus a prononcées quand il a instituté ce repas, tout comme il a institué le baptême. Le baptême et la cène nous viennent directement de Christ.

Que nous disent ces paroles? Ceci est mon corps, ceci est mon sang. Des mots tout simples, mais qui ont hélas suscité des débats souvent amers et bien des incompréhensions parmi les chrétiens au cours de l'histoire. Dans notre église, les choses sont claires: nous acceptons ces paroles de Jésus et nous croyons que le pain et le vin consacré sont vraiment son corps et son sang. Ceci étant dit, je dois vous avouer que je ne sais pas comment cela peut se faire.
Nous ne cherchons pas à l'expliquer. Ce n'est même pas d'ailleurs quelque chose à comprendre au sens où l'on peut comprendre comment fonctionne un moteur par exemple. Jésus nous dit quelque chose, nous le croyons, c'est tout; même si notre raison n'est pas capable de nous aider de ce point de vue là. La question est de savoir si nous faisons confiance à la Parole de Christ et à sa puissance.

Jésus dit « que la lumière soit » et la lumière est créée.
Jésus dit « Lazare, sors » et Lazare ressuscite.
Jésus dit « Le Fils de l'Homme ressuscitera le troisième jour » et les femmes trouvent un tombeau vide le matin de Pâques.

Jésus parle vrai. Quand il dit « ceci est mon corps, ceci est mon sang » nous n'avons aucune raison de penser qu'il ait voulu nous dire « ceci symbolise mon corps et mon sang ». Oui, nous devrions simplement croire en ces paroles, parce qu'elles disent quelque chose et qu'elles font quelque chose. Le problème est que trop souvent nous essayons de faire passer notre parole en premier. Nous essayons de faire le tri dans le message de Jésus, en ne prenant que ce qui nous intéresse ou nous semble « raisonnable ».

C'est une attitude ancienne, qui remonte au jour où Eve et Adam n'ont pas pris au sérieux les paroles « si vous en mangez, vous mourrez ».
Et bien, dans la Sainte Cène, Dieu inverse cette vieille malédiction et la transforme en promesse: « si vous en mangez, vous vivrez ». Ne nous y trompons pas: le Seigneur crée une nouvelle réalité dans le pain et le vin consacrés.

Ce pain et ce vin sont ce que la Parole dit qu'ils sont: le corps et le sang de Christ. De même, la Loi de Dieu nous dit que nous sommes pécheurs, incapables de plaire à Dieu. Mais l'Evangile nous dit que si nous croyons en Jésus, nous sommes déclarés justes et saints, sans aucun mérite de notre part.

Oui, ce qui est au coeur de la Sainte Cène, ce sont les paroles de Christ. D'ailleurs, pour bien le montrer, dans son Petit Catéchisme, Luther cite Jésus tels que Matthieu, Marc, Luc et Paul le citent. Il veut montrer là l'accord parfait du témoignage biblique.

Mais la Sainte Cène, ce n'est pas que le corps et le sang de Christ. C'est le corps et le sang de Christ donné et versé POUR VOUS.

Ce n'est pas le corps et le sang de Christ que nous garderions bien cachés comme un trésor. Ce n'est pas le corps et le sang de Christ qui viendraient nous accuser et nous faire sentir coupables en nous montrant à quel point Christ nous a aimés. C'est le corps et le sang de Christ données POUR VOUS, pour le pardon de vos péchés, pour que vous soyez libérés et que vous puissiez vraiment vivre. Voilà ce que vous apporte la Sainte Cène.

Hélas, ce sacrement est mal compris. Certains chrétiens pensent que c'est un sacrifice que nous offrons à Dieu, alors qu'il est quelque chose que Dieu nous offre. Ce n'est pas une bonne oeuvre que nous présentons à Dieu, mais un don que le Seigneur nous fait.

Et puis, il y a aussi ces âmes inquiètes, qui parfois n'osent pas s'approcher de la Sainte Cène parce qu'elles considèrent qu'elles n'ont pas été « assez bonnes » pour ça. Tragique malentendu. Car la Sainte Cène n'est pas une récompense que Dieu donnerait aux « bons élèves » de sa classe. Personne ne la « mérite ». En fait, elle n'est là que pour ceux qui, précisément, reconnaissent qu'ils sont imparfaits. Sinon, c'est comme si quelqu'un disait « je suis trop malade pour prendre mon médicament, le seul médicament qui peut guérir ma maladie ».

Luther parle aussi de ceux qui sont « dignes et bien préparés » à recevoir la Sainte Cène. Faisons attention ici: quand Luther parle de « dignité » ce n'est pas avec l'idée de mérite. Il s'agit plutôt pour le Réformateur de souligner qu'il y a des cas où il est opportun de prendre la Sainte Cène et d'autres où cela ne l'est pas. Pourquoi? Parce que la Sainte Cène peut être une source de grande bénédiction, mais qu'elle peut aussi faire du mal.

Certaines personnes devraient éviter de participer à la Sainte Cène. Ceux qui ne croient pas les paroles de Christ « ceci est mon corps et mon sang donnés pour vous » ne devraient pas communier. D'ailleurs, en toute logique, pourquoi le feraient-ils? Jésus a institué la Sainte Cène avec des paroles précise, dans un but précis. Personne n'a la droit de réinterpréter ces paroles et ce but à sa convenance. Réfléchissez-y; est-ce que, quand vous avez acheté un appareil électrique vous n'avez jamais lu sur une étiquette: « la garantie ne s'applique que si cet appareil est utilisé conformément aux instructions du manuel »?
Voilà pourquoi ceux qui ne croient pas dans les paroles de Jésus, qui ne croient pas que le pain et le vin sont son corps et son sang donnés pour eux ne devraient pas communier. Dans sa première lettre aux Corinthiens, l'apôtre Paul le dit solennellement et clairement:
27celui qui mangera le pain et boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. 28Que chacun donc s'examine soi-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe ; 29car celui qui mange et boit sans discerner le corps (du Seigneur), mange et boit un jugement contre lui-même. (1Co 11.27)
Mais pour les autres, ceux qui croient en ce que Jésus a annoncé, qui voient son corps et son sang dans le pain et le vin, qui croient que ce corps et ce sang ont été donnés pour eux, la sainte cène est bénédiction que nous ne devrions jamais considérer à la légère et dont nous ne devons pas nouspriver par négligence.

Le pain et la vin sont accompagnés d'une parole divine, tout comme l'eau du baptême est lié à une parole divine. Alors, bien sûr, il n'y a en apperence dans les sacrements que du pain, du vin, de l'eau; des choses toutes simples. Mais ces choses banales portent avec elles la puissance de la Parole de notre Dieu. Elles sont les véhicules que Dieu a choisis pour nous apporter sa grâce.
Il y a une distinction entre la Parole audible et la Parole visible. La Parole audible, c'est celle que nous entendons quand nous lisons la Bible et que le pasteur prêche. Quant à la Parole visible; c'est l'eau du baptême, le pain et le vin de la cène. Nous pouvons sentir l'eau du baptême couler sur notre front. Nous pouvons goûter le pain et le vin, les toucher: ils sont visibles, tangibles et nous apportent le même message que la Bible. « Goûtez, et voyez combien le SEIGNEUR est bon ! »
(Psaume 34.8).



Et je crois que l'Evangile de ce dimanche des rameaux nous aide à comprendre cette réalité. Nous voyons aujourd'hui Jésus enter à Jérusalem. Il na plus qu'une semaine à vivre et il le sait. Réfléchissez à cette scène. Dieu s'est rendu humble, il s'est fait humain pour pouvoir bénir les humains. De plus, il n'est pas venu comme un roi, mais comme un homme ordinaire.
Beaucoup croyaient que le Messie serait un glorieux chef de guerre. Jésus entre à Jérusalem monté sur un ânon, en sachant qu'il va vers l'ignominie de la croix, pour y être mis à mort comme un vulgaire criminel. Mais c'est dans cette humilité que Dieu s'est révélé à nous, tout comme il se révèle aujourd'hui dans les pages d'une vieille Bible et dans du simple pain et du vin.
Car Dieu veut se révéler. C'est Jésus qui entre à Jérusalem, pas Jérusalem qui monte au ciel. Et encore aujourd'hui, Jésus vient vers chacun d'entre nous, il vient au devant de nous. Parce qu'il nous aime.
Les gens qui accueillaient Christ disaient: « C'est Jésus le prophète, de *Nazareth en *Galilée ». Mais ces gens, qui quelques jours plus tard allaient complètement changer de camp et crier « crucifie-le » se trompaient. Jésus était beaucoup plus qu'un prophète.
Comme l'a dit le centurion romain qui a assisté à la mort de Jésus, nous pouvons affirmer: « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (Marc 15.39).



C'est là une des premières confessions de foi. C'est sans doute l'une des plus belles. Alors que nous terminons notre parcours dans les fondements de la foi chrétienne, puissions-nous tous dire, avec le Petit Catéchisme « c'est ce que je crois fermement ».

Amen +

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