dimanche 16 décembre 2012

LUC 2.25-35



"With the Spirit and Fire" ©Jan Richardson 
25Or il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit saint était sur lui. 26Il avait été divinement averti, par l'Esprit saint, qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. 27Il vint au temple, poussé par l'Esprit. Et, comme les parents apportaient l'enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qui était en usage d'après la loi, 28il le prit dans ses bras, bénit Dieu et dit :
29Maintenant, Maître, tu laisses ton esclave
s'en aller en paix selon ta parole.
30Car mes yeux ont vu ton salut,
31celui que tu as préparé devant tous les peuples,
32lumière pour la révélation aux nations
et gloire de ton peuple, Israël.
33Son père et sa mère s'étonnaient de ce qu'on disait de lui. 34Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : Celui-ci est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et comme un signe qui provoquera la contradiction 35— et, toi-même, une épée te transpercera — de sorte que soient révélés les raisonnements de beaucoup.



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Vous connaissez peut-être les chamallows, cette espèce de bonbons mous en guimauve aux couleurs acidulées. Vous n'avez en revanche peut-être pas entendu parler du « test du chamallow ».
Il s'agit d'une expérience tout à fait sérieuse qui a été réalisée en 1972 par Walter Mischel, un psychologiste de l'Université de Stanford. Il s'agissait de placer des enfants de 4 à 6 ans dans une pièce où on allait les laisser seuls. En face d'eux: un marshmallow (ou leur friandise préférée). On leur expliquait qu'ils pouvaient le manger tout de suite, mais que s'ils pouvaient attendre 15 minutes, ils en auraient un second...
Certains enfants pouvaient attendre, d'autres mangeaient le marshmallow dès que les chercheurs avaient le dos tourné. Ce qui est intéressant, c'est que des études de suivi ont montré que le tiers des enfants qui avaient pu attendre avaient à l'adolescence de meilleurs résultats scolaires mais aussi (et c'est plus important!) qu'ils étaient en général bien dans leur peau, plus que la moyenne des enfants du même âge..

Au même age, comment auriez-vous fait face à ce test?? Vous aurez compris qu'il est basé sur l'idée de « gratification différée »: la capacité à renoncer à une récompense immédiate pour obtenir une récompense ultérieure, généralement plus grande.
Est-ce qu'il vous est facile de patienter, de temporiser, ou est-ce qu'il vous faut le chamallow tout de suite, là et maintenant?
Dans tout cela émerge l'idée d' attente. Elle est très présente à Noël. L'Avent n'est jamais qu'un temps d'attente. Les gens attendent leurs cadeaux ou attendent de voir la joie que procureront les cadeaux qu'ils auront fait. On peut aussi attendre les congés qu'on va prendre, ou les retrouvailles avec la famille et les amis.
Je vous le dis: on attend beaucoup à Noël. Et ce matin, je veux vous parler d'un personnage assez obscur de la saison de Noël: un vieil homme nommé Siméon dont Luc nous raconte l'histoire dans le deuxième chapitre de son évangile.
Luc nous dit que Siméon était un homme bon, qui avait foi en Dieu et essayait de marcher dans ses commandements. Siméon était très vieux; et il attendait. Il attendait quelque chose, ou plutôt il attendait quelqu'un: il attendait la venue du Messie que Dieu avait promis à Israël, il attendait le Sauveur qui devait venir, celui qui devait . Siméon était persuadé que Dieu lui avait dit qu'il ne mourrait pas sans avoir vu le Messie. Alors, depuis des années, Siméon attendait...

Il fallait avoir de l'espérance pour attendre comme ça. Comme nous l'avons vu la semaine dernière, il n'y avait plus eu de révélation divine depuis 400 ans. Le pays était occupé depuis 150 ans. Ce n'était pas un contexte portant naturellement à l'optimisme. Mais Siméon attendait, parce que l'espérance qui était en lui était plus fort que le désespoir qu'il voyait autour de lui.

Jour après jour, mois après mois, année après année, Siméon attendait. Et je pense qu'il devait bien connaître les prophéties. Je pense que bien des fois il a dû se demander « est-ce que ce ne serait pas celui-là? Seigneur, peut-être que... ». Siméon attendait, il veillait et il priait aussi sans doute.
Siméon attendait Noël, sans savoir quand Noël allait arriver...

Les autres personnages centraux de cette histoire sont Marie, Joseph et l'enfant Jésus. Ils étaient venus au temple de Jérusalem pour que Marie puisse se plier à un rituel de purification après l'accouchement et pour que Jésus soit, en tant que premier-né, consacré au Seigneur. Et alors qu'ils entraient dans le temple pour accomplir tout cela, voilà un vieil homme qui s'approche et tend les bras vers l'enfant. Ce vieil homme, c'était Siméon.

En tant que père de trois enfants, je sais qu'il est courant que de parfaits étrangers se penchent sur votre adorable bébé dans sa poussette, qu'il lui fasse risette et « gouzi-gouza ». Je ne suis pas certain que ce genre de comportement était à la mode à l'époque...

Luc nous donne peu de détails sur la scène, mais j'imagine que Siméon a pris Jésus dans ses bras...il s'est peut-être mis à pleurer. Et puis, il s'est mis à louer Dieu en disant: « c'est bon maintenant, Seigneur. Je peux m'en aller. J'ai vu ce que je voulais voir. Cela valait la peine d'attendre ».
Ensuite, Siméon a prononcé des paroles prophétiques sur Jésus. Je pense que la phrase la plus forte dans ce cantique de Siméon est «  tu laisses ton esclave s'en aller en paix selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut »

Nous rendons nous bien compte de que Siméon dit ici? Normalement, quand on parle de salut en théologie chrétienne, on désigne un concept bien précis, uen oeuvre réalisée par Dieu. Mais ici Siméon dit qu'il voit le salut de Dieu parce qu'il voit le Sauveur.
Jésus est le seul qui puisse nous ramener à Dieu, Jésus est le seul par lequel nous pouvons devenir enfants de Dieu. Et ce salut, Siméon dit bien qu'il est pour tous: pour Israël mais aussi pour les païens, car Jésus est la « lumière pour la révélation aux nations ».
Le salut que l'on trouve en Jésus est donc ouvert à tous. Jésus nous dit et nous montre que l'amour de Dieu ne connaît pas de frontières, pas de barrières, pas de limites.
Mais il y a aussi un aspect grave dans les paroles de Siméon, un aspect qui contredit toutes nos versions d'un Noël un peu trop chaud et confortable, qui oublie ou déforme le sens réel de la venue de Jésus.

Siméon dit que Jésus sera «  pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et comme un signe qui provoquera la contradiction ». L'enfant que Siméon tenait dans ses bras dira quelques années plus tard:
« Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. » (Mt 10.34). Qu'est-ce que Siméon et Jésus voulaient dire par là?
C'est que des conflits et des désaccors surgiront entre ceux qui choisissent de suivre Jésus et les autres. De ce point de vue là, le message de Jésus est cause de divisions, même s'il apporte bien la paix à ceux qui le reçoivent.

Siméon dit bien que Jésus est la lumière, mais Jean, au début de son évangile, affirme que « Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle,pourtant le monde ne l'a pas reconnue.Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont pas accueillie. »
Vous voyez, frères et soeurs, il ne suffit pas de dire qu'à Noël Jésus est venu. Il faut aussi se poser la question « est-ce que moi je l'ai accueilli ? Est-ce que je laisse la lumière illuminer mon existence ou est-ce que je cherche à la garder dans les ténèbres? Est-ce que, quand je me dis chrétien, je fais référence au fait que mon nom est quelque part sur des registres de baptême poussiéreux ou est-ce que je suis bien un disciple de Jésus, marchant selon ses commandements? Est-ce que je crois que Jésus est ma seule espérance et mon seul Sauveur? »

Jésus vient vers chacun de nous encore aujourd'hui. Que ferons-nous de lui?
De quel côté allons-nous nous placer? Il n'y a pas moyen dans cette affaire d'être entre deux chaises. Face à Jésus et à son message, il faut prendre position.

Au bout de sa longue attente, Siméon a vu ce qu'il espérait. Nous aussi, nous attendons souvent des choses dans nos vies, parfois pendant longtemps, et l'attente peut être longue. Mais je voudrais vous dire ce matin de vous attendre à Dieu. Attendez-vous à lui pour prendre soin de vous, pour vous guider dans sa lumière, pour vous garder dans son amour. Attendez-vous à lui pour vous donner ce dont vous avez besoin. Quelque soit la durée de votre attente, vous ne serez pas confus, parce qu'en Jésus, Dieu est déjà avec vous, tous les jours et jusqu'à la fin du monde.

Amen.

1 commentaire:

Andrée Salmond a dit…

Merci pour cette prédication pasteur. Impatiente même face à Dieu, elle m'a fait du bien!