dimanche 22 décembre 2013

Histoires de grâce dans la généalogie de Jésus (III. Ruth)



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Nous terminons aujourd'hui notre série de prédications « Histoires de grâce dans la généalogie de Jésus », basée sur la vie de trois femmes qui figurent dans la généalogie de Matthieu. Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur le cas de Ruth la Moabite. Ruth a donné son nom à un livre de l'AT, le livre de Ruth. C'est un livre court, 4 chapitres, plutôt le format d'une nouvelle. En fait, quelqu'un a même dit que le livre de Ruth était la plus belle nouvelle jamais écrite. Certains aiment le livre de Ruth parce qu'il contient une belle histoire d'amour, la rencontre entre Ruth et celui qui deviendra son mari : Boaz. Mais ce n'est pas tout ce qu'il y a dans ce livre. Il y a aussi un côté très sombre. Le livre de Ruth, c'est la petite histoire de petites gens. C'est l'histoire d'une seule famille (pas celle de tout le peuple d'Israël).
Le premier verset nous dit que « A l’époque des juges, il y eut une famine dans le pays. Un homme de Bethléhem de Juda partit avec sa femme et ses deux fils s’installer dans le pays de Moab. 2 Le nom de cet homme était Elimélec, celui de sa femme Naomi, et ses deux fils s'appelaient Machlon et Kiljon ». Vous voyez, une petite famille, venue d'une petite ville. Ces gens ont faim, et ils quittent leur pays pour s'installer dans celui de Moab.
C'est donc l'époque des Juges, que vous pouvez connaître en lisant le livre qui porte ce nom. La semaine dernière, avec Rahab de Jéricho, nous avons eu une idée du livre de Josué, qui raconte la grandeur de la conquête du pays promis grâce à la puissance que Dieu déploie. Le livre des Juges lui, raconte la profondeur de la décadence et de l'échec du peuple de Dieu. Très vite, le peuple se détourne de Dieu, il l'oublie. Et les résultats se font naturellement sentir très vite : une décadence spirituelle, morale et sociale complète. Il y a un triste refrain qui revient constamment dans le livre des Juges : « chacun faisait ce qu'il voulait » (ça vous rappelle quelque chose??)
Et dans ces tristes circonstances, le livre de Ruth offre un plan resserré sur une famille, ce qui nous permet peut-être de plus nous identifier à ce qui arrive. Ruth, c'est l'histoire de gens (deux femmes surtout) qui vont voir Dieu agir dans leurs vies mais qui n'ont aucune idée de la façon dont il va s'en servir sur le long terme. Et je crois que ce livre peut aussi nous aider à prendre conscience de l'action de la providence de Dieu dans notre vie.

Nous avons donc un homme, Elimélec, qui quitte son village de Bethléem à cause d'un famine. Une famine. Une famine dans le pays où coulaient le lait et le miel. Une famine à Bethléem « la maison du pain ». Cette famine, elle résulte du châtiment de Dieu dont Dieu avait prévenu son peuple en cas d'infidélité « Si malgré cela vous ne m'écoutez pas encore, je vous infligerai, pour vos péchés, une correction sept fois plus grande.19 Je briserai la force dont vous vous enorgueillissez; je rendrai le ciel au-dessus de vous dur comme du fer, et votre terre comme du bronze.20 Vous épuiserez vos forces en vains efforts; vos terres ne produiront plus rien et les vergers ne porteront plus de fruit. » (Lév 26:18-20).
Cependant, Dieu doit dans sa bonté limiter la rudesse du châtiment, puisqu' Elimélec est « dans l'abondance » (v.21) quand il part. Il faut donc croire qu'il cherche à préserver sa fortune et ses biens en faisant cela. Et cela démontre qu' Elimélec est un homme infidèle, et cette infidélité va amener la ruine sur sa famille. Plutôt que de rester dans le pays que Dieu a donné à son peuple, plutôt que de vivre fidèlement devant le Seigneur en comptant sur lui pour pourvoir, Elimélec prend les rênes de sa vie et s'en va chez les Moabites, un peuple idôlatre, dans les Israélites devaient absolument se séparer
Et pourtant, c'est vers ce peuple marqué par l'interdit qu'Elimélec s'en va. Remarquez qu'il y va d'abord « pour séjourner ». C'est temporaire, du moins, c'est prévu comme ça. Mais manifestement, le « temporaire » est deenu définitif : la famille a fini par s'installer dans le pays de Moab, à tel point que les deux fils d'Elimélek et de Naomi ont fini par épouser deux moabites (contrairement aux commandements de Dieu)
Il y a là un avertissement pour nous. Elimélek refuse de placer sa confiance en Dieu et il prend son destin en main, il part d'abord pour un temps chez les Moabites, et puis il y demeure, et puis sa famille toute entière est contaminée par l'esprit dégénéré du lieu. Mes frères, que cela nous serve de leçon : les petits compromis mènent au grandes compromissions et les grandes compromissions mènent à la décadence qui s'achève par la ruine spirituelle.
Je peux vous en donner des exemples, vécus
il y a le cas classique de ces jeunes chrétiens qui vont à la fac et qui n'arrivent pas à résister à la « culture » ambiante. Alors, pour ne pas passer pour un(e) coincé(e), on s'adapte. Un peu, beaucoup, et puis la foi finit par être étouffée.
Je pense aussi à ce couple chrétien (ce n'était pas en France). Le mari gagnait bien sa vie, mais il en fallait plus (pour les vacances, la nouvelle télé) alors elle a commencé à travailler. Et comme de nos jours, dans beaucoup d'emplois, on ramène du travail à la maison le week-end, on a commencé à ne plus aller au culte, et puis la prière familiale a été négligée (parce qu'on avait pas le temps!) et là aussi la foi et la consécration se sont éteintes. Le couple a divorcé quelques années après, parce qu'il n'avait plus les bases spirituelles qui protègent les familles qui marchent sous le regard de Dieu.
Mes amis, nous devrions toujours prendre garde à notre température spirituelle. Ne sommes-nous pas en train de nous refroidir ? Est-ce que nous prenons bien garde à nous nourrir spirituellement dans le culte communautaire et la lecture de la Bible, dans la prière ? Nous pouvons rapidement dévier. Nous pouvons rapidement passer de Bethléem au pays de Moab, et cela finit toujours en catastrophe.
C'est ce qui est arrivé à la famille d'Elimélec, dont l'exemple est pour nous un avertissement solennel. Tout d'abord, Elimélec meurt, sans doute assez rapidement. Puis, au bout d'une dizaine d'années, ce sont ses deux fils qui décèdent à leur tour, sans laisser d'enfants. v.5 « et Naomi resta seule, privée à la fois de ses deux fils et de son mari. »

C'est une situation très sombre, dramatique. Nous l'avons déjà vu, se retrouver veuve sans soutien familial, c'était un sort terrible à l'époque. C'était le temps des Juges où chacun faisait ce qui lui semblait bon, mais cela ne dure jamais qu'un temps. Le plan de la famille d'Elimélec pouvait avoir une apparence de sagesse, mais comme tout ce qui n'est pas bâti sur Dieu, il s'effondre. Le mari meurt, puis les deux fils sans qu'en dix ans ils aient pu concevoir un enfant. Il est bien sûr révoltant de dire que toute maladie ou tout problème physique est le fruit d'une punition divine, mais dans ce cas précis, il est difficile d'en douter.
Naomi n'a plus rien. Elle décide alors de retourner en Israël, mais à vide cette fois. Ces deux belles-filles l'accompagnent, mais Naomi les renvoie (v.8) : «Allez-y, retournez chacune dans la famille de votre mère! Que l'Eternel agisse avec bonté envers vous, comme vous l'avez fait envers ceux qui sont morts et envers moi! 9 Que l'Eternel fasse trouver à chacune du repos dans la maison d'un mari!»
Finalement, Orpa fait le choix de rentrer chez elle. Mais Ruth, elle, reste avec sa belle-mère, même si cela veut dire s'installer dans la pauvreté dans un pays étranger où elle serait toujours une Moabite aux yeux des gens : «Ne me pousse pas à te laisser, à repartir loin de toi! Où tu iras j'irai, où tu habiteras j'habiterai; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu; 17 où tu mourras je mourrai et j'y serai enterrée. Que l'Eternel me traite avec la plus grande sévérité si autre chose que la mort me sépare de toi!» 18 La voyant décidée à l’accompagner, Naomi cessa d'insister auprès d'elle.
C'est la première lumière qui apparaît dans ce sombre tableau : Naomi a compris que l'Eternel est le seul vrai dieu et elle s'est détournée de la fausse religion de son peuple. C'est une conversion bien improbable, tant le témoignage de la famille de Naomi ne devait quand même pas avoir beaucoup de force, mais l'Esprit de Dieu souffle où il veut et quand il veut, et dans sa providence, Dieu avait un plan pour Ruth. Elle ne le savait pas encore, elle ne réaliserait sans doute jamais la portée de ce plan, mais l'important est que Dieu agissait.

Finalement, Naomi et Ruth arrivent à Bethléem. Et en les voyant arriver, les gens se disent « hé ! On dirait Naomi ?? Oh,mon Dieu, c'est Naomi »
Mais la vie de Naomi a pris un tour bien triste, alors elle dit
«Ne m'appelez pas Naomi (nom qui veut dire beauté, douceur), appelez-moi Mara (qui veut dire amertume) , car le Tout-Puissant m'a remplie d'amertume. 21 J'étais dans l'abondance à mon départ et l'Eternel me ramène les mains vides. Pourquoi m'appelleriez-vous Naomi, après que l'Eternel s'est prononcé contre moi, après que le Tout-Puissant a provoqué mon malheur?»
Vous voyez, Naomi attribue tout ce qui lui est arrivé à Dieu (et le livre ne dit jamais qu'elle a tort, même si elle oublie de reconnaître la désobéissance première dont tout le reste a découlé). Ne m'appelez plus douceur, mais appelez-moi amertume.
Je crois que c'est la grande question du livre de Ruth : est-ce que l'amertume de la Providence divine est le dernier mot de Dieu ? Est-ce que je peux aimer et faire confiance en un Dieu qui ne nous épargne pas ?

Pour commencer à répondre à cette question, nous devons d'abord nous rendre compte que Dieu n'abandonne pas Naomi :

  • il lui donne Ruth (dont les femmes de Bethléem lui diront qu'elle vaut mieux pour elle que sept fils). C'est Ruth qui reste avec Naomi, qui fournit au foyer de quoi vivre en allant ramasser ce que les moissonneurs avaient laissé dans les champs (ce qu'on appelle le droit de glanage, prévue dans la loi de Moïse pour les pauvres -Lv 19.9-10). Première grâce de Dieu
  • Boaz : membre de la famille de Naomi, homme riche et pieux. Il dispose de ce que l'on appelle le « droit de rachat » [quand le proche parent d'un défunt possède le droit de rachat sur ses terres, le devoir d'épouser la veuve du défunt laissée sans descendance et la possibilité de racheter un parent tombé en esclavage). Et Boaz, contrairement à beaucoup d'hommes de cette époque ne va pas fuir cette responsabilité. Chap. 2 raconte la rencontre entre Ruth et Naomi et prend immédiatement soin d'elle. Et là encore, dans sa grâce, Dieu prend soin de Naomi qui avait quitté Moab sans rien. Tout d'abord Boaz montre une grande bonté envers les deux femmes et puis il prend Ruth pour épouse. Dieu remplit la vie de Naomi restaure vie et espoir dans la famille de Naomi et c'est Dieu qui fait cela. Dieu n'abandonne pas Naomi, il ne l'a jamais fait
  • Naomi a le Seigneur. Quand elle est revenue, elle a dit «  l'Eternel me ramène les mains vides. » Mais à la fin du livre, les femmes du village lui disent « Béni soit l’Éternel, qui ne t’a pas laissé manquer aujourd’hui d’un homme qui ait le droit de rachat ! ». Car enfin, c'est Dieu qui avait placé Boaz là, qui lui avait donné un coeur bon et les moyens d'agir !

Naomi disait « ma vie est vide, vide ». Est-ce que vous avez connu dans votre vie un moment où votre peur, votre douleur, votre colère vous ont fait vivre dans l'hyperbole, dans ces moments où l'on emploie des expressions comme « ça me tue », « je suis fichu, je suis fini », « c'est foutu ». IL N'Y A PLUS D'ESPOIR !!
C'est ce que Naomi pensait. Quand elle est revenue à Bethléem, elle disait que Dieu l'avait éprouvée (et c'est vrai) mais cela n'empêchait pas le Seigneur, au milieu d'une providence parfois aride et cruelle, d'agir dans sa grâce et ne jamais la délaisser.

Frères et soeurs, je crois que le premier but de ce livre est de nous dire « regardez quel Dieu vous avez ! Vous allez avoir besoin de ce Dieu et si vous ne le connaissez pas, vous devez le connaître et l'aimer car vous allez avoir besoin de lui »

Aussi étrange et choquant que cela puisse paraître, au milieu de toutes les épreuves de Naomi, Dieu avait un plan parfait et il l'a accompli. Rappelez vous, c'est l'époque des Juges, et au milieu de cette période de ténèbres la grâce de Dieu était à l'oeuvre dans la vie d'une toute petite famille, dans ses tragédies, pour en faire sortir quelque chose d'infiniment beau, et même de glorieux puisque Boaz et Ruth allaient devenir des ancêtres de Jésus (qui est né à Bethléem « à cause d'eux »).
Naomi a dû attendre 15 ans pour saisir (en toute petite partie) ce que Dieu accomplissait au milieu de ses épreuves. Sommes-nous prêts à attendre aussi longtemps, à attendre peut-être jusqu'au moment où nous serons devant le père ? Sommes-nous surtout prêts à croire, au milieu des providences amères, que Dieu est à l'oeuvre dans nos vies et qu'il y accomplit un plan parfait et souverain, pour sa gloire et notre bien ?

Un dernier point que je voulais soulever avec vous est la façon dont le livre de Ruth nous parle de Jésus-Christ :

Ruth est un type, une préfiguration: quand Naomi a le coeur brisé, quand elle se sent finie, pourtant Ruth reste avec elle et ne l'abandonne pas. Ruth nous rappelle que c'est Christ qui est venu vers nous et qui a choisi de rester avec nous et de ne jamais nous lâcher « tu seras mien, je vais être avec toi, je vais pourvoir à tes besoins » Commet Ruth, Jésus nous dit : Là où tu iras, j'irai. Il nous dit en Jean 10 « nul ne les arrachera jamais de ma main ».
Boaz aussi est (de façon très importante) un « type » de Jésus : il a le droit de rachat. Ruth n'a aucun pouvoir, aucune dignité et pourtant Boaz va la racheter en payant une grosse somme. Et nous aussi pécheurs et condamnés, nous avons été rachetés « «non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache» (1 Pierre 1 :18-19)
Tout comme Boaz a racheté Ruth et l'a épousée, Jésus nous a rachetés et unis à lui.

Que ce soit pour nous la vraie lumière de cet Avent : Dieu n'abandonne pas son peuple dans les temps sombres, bien plus, il a donné son Fils pour être notre Rédempteur et que nous vivions pour toujours avec lui.
Dieu est toujours à l'oeuvre : c'est la grâce
Dieu pardonne toujours : c'est la grâce
Dieu peut toujours transformer : c'est la grâce
Parce qu'il est le Dieu de grâce. Le Dieu de Ruth, de Tamar, de Rahab. Jésus est son nom.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci une fois de plus

Bénédicte

ELP a dit…

Et, une fois de plus, merci pour tes remerciements...ils comptent!

alexandre jerus a dit…

Les voies mystérieuses de Dieu.

Le germe qui a été mis en Adam et en Ysha passant à travers le temps et l'histoire se termine sur Abraham qui ne peut mettre au monde qu'un fils de la terre Ismaël. Sarah obtenant la grâce divine d'Elohim mettra au monde Isaac qui porte en lui le germe qui aboutira sur Boaz à travers Joseph, Fils de Jacob. Alors que le germe du neveu d'Abraham Loth aboutira sur Ruth la Moabite. L'union des deux donnera naissance à Obed grand père de David par Isaï, d'où est issus Jésus. Ainsi nous voyons les méandres du parcours du germe pour aboutir à l'Homme complet Jésus.

alexandre jerus a dit…

Les voies mystérieuses de Dieu.

Le germe qui a été mis en Adam et en Ysha passant à travers le temps et l'histoire se termine sur Abraham qui ne peut mettre au monde qu'un fils de la terre Ismaël. Sarah obtenant la grâce divine d'Elohim mettra au monde Isaac qui porte en lui le germe qui aboutira sur Boaz à travers Joseph, Fils de Jacob. Alors que le germe du neveu d'Abraham Loth aboutira sur Ruth la Moabite. L'union des deux donnera naissance à Obed grand père de David par Isaï, d'où est issu Jésus. Ainsi nous voyons les méandres du parcours du germe pour aboutir à l'Homme complet Jésus.