The Mustard Seed, Dorothy Woodward |
Jésus
dit à ses disciples: «Il est inévitable qu'il y ait des pièges,
mais malheur à celui qui en est responsable!2 Il vaudrait mieux pour
lui qu'on attache à son cou une meule de moulin et qu'on le jette à
la mer, plutôt qu'il ne fasse trébucher un seul de ces petits.3
Faites bien attention à vous-mêmes. Si ton frère a péché [contre
toi], reprends-le et, s'il reconnaît ses torts, pardonne-lui.
4 S'il a péché contre toi 7 fois dans une journée et que 7 fois [dans la journée] il revienne [vers toi] et dise: 'J'ai eu tort', tu lui pardonneras.»
5 Les apôtres dirent au Seigneur: «Augmente notre foi.» 6 Le Seigneur dit: «Si vous aviez de la foi comme une graine de moutarde, vous diriez à ce sycomore: 'Déracine-toi et va te planter dans la mer', et il vous obéirait.
7 »Si l'un de vous a un esclave qui laboure ou garde les troupeaux, lui dira-t-il, à son retour des champs: 'Viens tout de suite te mettre à table'?
8 Ne lui dira-t-il pas au contraire: 'Prépare-moi à souper, ajuste ta tenue pour me servir jusqu'à ce que j'aie mangé et bu; après cela, toi, tu mangeras et tu boiras'? 9 A-t-il de la reconnaissance envers cet esclave parce qu'il a fait ce qui lui était ordonné? [Je ne pense pas.]10 Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites: 'Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.'»
4 S'il a péché contre toi 7 fois dans une journée et que 7 fois [dans la journée] il revienne [vers toi] et dise: 'J'ai eu tort', tu lui pardonneras.»
5 Les apôtres dirent au Seigneur: «Augmente notre foi.» 6 Le Seigneur dit: «Si vous aviez de la foi comme une graine de moutarde, vous diriez à ce sycomore: 'Déracine-toi et va te planter dans la mer', et il vous obéirait.
7 »Si l'un de vous a un esclave qui laboure ou garde les troupeaux, lui dira-t-il, à son retour des champs: 'Viens tout de suite te mettre à table'?
8 Ne lui dira-t-il pas au contraire: 'Prépare-moi à souper, ajuste ta tenue pour me servir jusqu'à ce que j'aie mangé et bu; après cela, toi, tu mangeras et tu boiras'? 9 A-t-il de la reconnaissance envers cet esclave parce qu'il a fait ce qui lui était ordonné? [Je ne pense pas.]10 Vous de même, quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites: 'Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.'»
Chers
frères et sœurs,
chers
amis
Donne-nous
plus de foi. La demande des apôtres est pressante. On dirait presque
que la foi leur apparaît presque aussi nécessaire que l'oxygène.
Il faut dire que Jésus vient de leur asséner un vrai coup dans la
figure.
Juste
avant, Jésus prononce en effet des paroles très dures, tranchantes
par leur exigence: « Malheur à celui qui entraîne les autres à
pécher; il vaudrait mieux pour lui qu'on lui attache au cou une
grosse pierre et qu'on le jette dans la mer » (Luc 17.1-2) ou encore
« Si ton frère se rend coupable à ton égard sept fois en un jour
et que chaque fois il revienne te dire : “Je le regrette”, tu lui
pardonneras. » (et Matthieu précise que Jésus demande même qu'on
pardonne 77x7 fois!!).
Avertissement
solennel contre ceux qui font chuter leurs frères et sœurs,
obligation d'une attitude de pardon complet et radical: les apôtres
sentent sur leurs épaules tout le poids des exigences exorbitantes
de Jésus. Alors, conscients de leur faiblesse et de leur incapacité
à obéir à ces commandements, ils se tournent vers Christ et
implorent son aide. Cette attitude est saine, mais elle manque quand
même la cible.
Elle
est saine parce que la Loi a fait son œuvre dans le cœur des
apôtres. La Loi, c'est en fait tout ce que Dieu exige de nous et qui
peut se résumer ainsi: « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout
ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et ton prochain
comme toi-même ». Paroles magnifiques, mais aussi terribles, parce
qu'il nous suffit de regarder dans nos actions, nos paroles et nos
pensées pour nous rendre compte à quel point nous manquons d'amour.
Nous sommes bien loin du but! Nous n'y arrivons pas, malgré tous nos
efforts! La Loi fait son œuvre: elle montre nos manquements et nous
incite à regarder ailleurs qu'en nous-mêmes, vers Dieu lui-même.
C'est
ce que font les apôtres, mais c'est aussi là qu'ils manquent la
cible:
«
donne nous plus de foi ». Les apôtres ont l'air de considérer la
foi comme une sorte de puissance, une énergie, un peu comme s'ils
étaient les gaulois du village d'Astérix qui demandent la potion
magique au druide quand les Romains attaquent! On dirait que pour les
apôtres, la foi peut être comptée, pesée.
C'est
le problème qui se pose à chaque que l'on peut entendre la
« pieuse » parole : « nous n'avons pas prié
avec assez de foi pour obtenir ceci ou cela ». S'il est vrai
que nos prières peuvent être parfois mécaniques et formelles, ce
type de remarque ne peut que nous faire plier sous le poids de la
culpabilité. Mais les choses ne se passent pas comme ça. Ce n'est
pas comme si nous avions besoin d'un gramme de foi pour une journée
ordinaire, de 10 grammes pour passer le Bac et de 10 kg pour
affronter victorieusement un cancer! Si nous pensons que Dieu n'a pas
répondu comme nous le voulions à une de nos prières, ce n'est pas
nécessairement parce que nous n'avons pas eu « assez »
de foi, ou parce que notre foi est déficiente ! Avec Dieu tout
est possible, mais cela ne veut pas dire que ce « tout » s'intègre
dans le plan de Dieu.
Les
apôtres se sont placés sur le plan de la quantité. Il leur faut
« plus » de foi. Leur problème, c'est qu'il ne
comprennent justement pas ce qu'est la foi, et comment elle «
fonctionne ». C'est ce que Jésus va leur expliquer.
Si
vous aviez de la foi comme une graine de moutarde, vous diriez à ce
sycomore : « Déracine-toi et plante-toi dans la mer », et il vous
obéirait
La
graine de moutarde est une des plus petites qui existent. Ce n'est
donc clairement pas une question de quantité dit Jésus. Une mesure
presque infime de foi est suffisante pour accomplir quelque chose
d'extraordinaire, comme envoyer un sycomore (un grand arbre avec des
racines très étendues et profondes) dans la mer. Or, dans le texte
original, Jésus emploie un conditionnel qui devrait être traduit
ainsi « si vous aviez de la foi comme une graine de moutarde, et
vous l'avez... »
C'est
un peu comme une femme qui attend un enfant. On ne peut pas dire
qu'elle est très enceinte ou un peu enceinte. Une femme est
enceinte ou ne l'est pas, et peu importe que l'ovule vienne juste
d'être fécondé ou qu'on soit à la fin du neuvième mois! De la
même façon, la question n'est pas d'avoir beaucoup de foi ou peu de
foi. La question est de savoir si on a la foi ou non. Jésus invite
donc les apôtres à entrer dans une nouvelle dimension, à réaliser
le potentiel que la foi a placé en eux.
La
foi ne se mesure donc pas à la louche. Ce qui compte, ce n'est pas
son poids ou sa grandeur, mais sa réalité. Qu'est-ce que la foi?
Nous avons déjà vu ce qu'elle n'est pas: une sorte de puissance
magique, de talisman mental. La foi n'est pas non plus une
supériorité intellectuelle qui nous permettrait de sonder tous les
mystères de l'univers et de nos existences en ayant toujours les
bonnes réponses, même si elle éclaire bien sûr nos vies.
Notre
moi « foi » vient du latin « fides » qui voulait dire «
confiance ». La foi, c'est simplement la confiance. Nous avons tous
foi en quelque chose. Certains mettent leur confiance dans leur
compte en banque, d'autres dans leur famille, les chrétiens sont
ceux qui placent leur confiance en Dieu. Les chrétiens sont ceux qui
se confient en Christ, en son message, en ce qu'il a fait pour le
monde.
Avoir
foi en Jésus, cela veut se reposer sur lui, lui faire confiance pour
nous donner ce nouveau regard qui va nous permettre de voir
différemment notre vie et le monde qui nous entoure. Et si nous
plaçons notre confiance en Jésus, malgré les doutes, les
questionnements qui nous assaillirons certainement et qui ne sont
parfois pas mauvais, alors de grandes choses pourront s'accomplir.
L'autre
élément de la foi, c'est la loyauté, la fidélité. Le chrétien
est fidèle envers son Dieu, dont il a tant reçu. C'est ce que Jésus
cherche à faire comprendre dans la seconde partie de notre texte,
quand il raconte l'histoire de cet esclave qui n'est pas remercié
après avoir accompli toute ses tâches. Ce n'est pas ici que Jésus
approuve l'esclavage, il utilise juste une image courante de son
époque pour faire passer une vérité d'ordre spirituel.
Pourquoi
les apôtres demandent-ils à avoir plus de foi? Dans le contexte,
c'est très clairement pour avoir la force d'obéir aux commandements
de Jésus. Pourquoi toutes les religions du monde disent-elle aux
humains d'obéir à Dieu? Pour gagner ses faveurs!
En
utilisant cette image abrupte, Jésus veut nous faire comprendre que
Dieu ne nous devra jamais rien. Nos œuvres ne nous permettront
jamais d'acquérir un statut auprès de lui. Quand bien même nous
réussirions à aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain
comme nous-mêmes, nous n'aurions rien fait d'extraordinaire, mais
seulement accompli ce qui est exigé de nous. Nous en sommes loin!!
Notre
fidélité envers Dieu n'est donc pas mue par le désir de gagner des
points auprès du Seigneur, de se faire bien voir d'on ne sait qui.
Un homme n'est pas (normalement) fidèle à son épouse par respect
des convenances sociales ou parce qu'il en attend une récompense. Il
lui est fidèle parce qu'il l'aime, et c'est bien l'amour qui doit
être au cœur de notre relation avec Dieu, un amour qui est venu de
Dieu en premier.
Jésus
n'aura jamais à nous dire « merci de me faire confiance, merci de
m'être fidèle ». Ce sera plutôt à nous de lui dire « merci
Jésus parce que je peux te faire confiance, merci Jésus parce que
tu es fidèle ».
Voilà
aussi ce qu'apporte la foi: l'assurance que Jésus nous a déjà
donné ce dont nous avions besoin pour être sauvés, restaurés, et
que nous n'avons plus à être sous l'esclavage de la Loi.
Jésus
nous a parlé aujourd'hui de ce sycomore envoyé dans la mer. Envoyé?
Pas tout à fait. Car le texte dit bien « planté ». Planté,
c'est-à-dire enraciné, capable de porter du fruit et de grandir. Et
bien, c'est bien cela que la foi permet. Le sycomore, ce grand arbre,
c'est le symbole de la vie dans toute sa force. La mer, pour les
Hébreux, c'est le symbole de la mort.
Par
cette image, Jésus nous fait comprendre que La foi, c'est la
main vide et tendue qui permet à Dieu de planter dans toutes nos
morts (espoirs déçus, relations brisées...) toute la puissance
d'une nouvelle vie. C'est ce que le Seigneur veut faire pour chacun
de nous, car il est précisément le Dieu de la vie, parce que son
Fils a vaincu la mort. Alors, ouvrons nos cœurs à cette nouvelle
vie, à cet amour qui vient du Père. Faisons lui confiance pour
tenir toutes les promesses qu'il nous fait dans sa Parole. Il est
fidèle et il nous le montrera.
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