dimanche 16 février 2014

ZACHARIE 4.1-10

Tiré de la Bible de Cervera (Espagne, ca.1299)
L'ange qui me parlait est revenu, et il m'a réveillé comme un homme que l'on réveille de son sommeil. 2 Il m'a dit: «Que vois-tu?» J'ai répondu: «Je regarde, et je vois un chandelier tout en or, surmonté d'un réservoir et portant sept lampes, avec sept conduits pour les lampes qui sont à son sommet.
3 Près de lui se trouvent deux oliviers, l'un à la droite du réservoir et l'autre à sa gauche.» 4 Reprenant la parole, j'ai dit à l'ange qui me parlait: «Que signifie cela, mon seigneur?»5 L'ange qui me parlait m'a répondu: «Ne sais-tu pas ce que cela signifie?» J'ai dit: «Non, mon seigneur.» 6 Alors il a repris et m'a dit: «Voici la parole que l'Eternel adresse à Zorobabel: Ce n'est ni par la puissance ni par la force, mais c'est par mon Esprit, dit l'Eternel, le maître de l'univers.7 Qui es-tu, grande montagne, devant Zorobabel? Une plaine. Il en extraira la pierre principale au milieu des acclamations: 'Grâce, grâce pour elle!'»
8 La parole de l'Eternel m'a été adressée: 9 «Les mains de Zorobabel ont posé les fondations de ce temple, et ses mains le termineront. Tu sauras alors que l'Eternel, le maître de l'univers, m'a envoyé vers vous.
10 En effet, ceux qui méprisaient le jour des petits commencements se réjouiront en voyant la pierre d'étain dans la main de Zorobabel. Ces sept sont les yeux de l'Eternel, qui parcourent toute la terre.»



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis

Zacharie, le prophète qui a donné son nom au livre dont est tiré notre texte, vivait dans un période particulièrement déprimante. Avec 50000 autres israëlites, il venait de rentrer dans leur pays après de longues années d'exil.
Ces hommes devaient être en proie à des sentiments divers et contradictoires. La joie certes de retrouver cette terre que Dieu avait donnée à leur peuple. Mais dans le même temps, l'avenir apparaissait tellement incertain qu'ils avaient bien des raisons d'être angoissés et découragés devant l'immensité de la tâche à qui se tenait devant eux.
Pensez donc : Jérusalem était en ruines, ses murailles abattues, le temple de Salomon entièrement rasé...et eux n'étaient qu' assez peu nombreux, sans grandes ressources matérielles. Certes, leur chef Zorobabel, avait établi des plans, rassemblé des matériaux...mais qu'est-ce que cela représentait pour ce petit groupe, manifestement écrasé par l'ampleur de ce qu'il y avait à accomplir ?
C'était un jour de petits recommencements. Des recommencements plus que modestes : insignifiants par rapport à la difficulté des enjeux. Il y avait là de quoi décourager même les plus vaillants.

C'est dans ce contexte que Zacharie reçoit de la part de Dieu une vision. Zacharie appartient à ce que l'on appelle les « petits prophètes », petits non pas à cause du manque d'importance du message qu'ils ont eu à délivrer, mais en raison de la brièveté de celui-ci. Et le message de Zacharie est à la foi un encouragement pour les faibles et les découragés, une exhortation « à fortifier les mains languissantes et les genoux affaiblis » (Hébreux 12.12), mais aussi une proclamation contre ceux qui méprisaient ou s'opposaient à la tâche entreprise.

Il y a dû avoir ceux qui ont baissé tout de suite les bras. Ceux qui se sont mis à l'oeuvre, mais qui ont ensuite abandonné. Il y avait les peuples voisins, hostiles à ce retour des juifs. Il y avait ceux pour lesquels cette idée de rebâtir sur des ruines la vie nationale et spirituelle du peuple de Dieu semblait un rêve délirant... ne dit-on pas que l'histoire ne repasse pas les plats ? Ne fallait-il pas se faire une raison et être raisonnable ? Alors, autant plier les gaules, et le dernier qui s'en va éteint la lumière. De fait, le découragement et l'opposition avait été tellement grands que les travaux de reconstruction du temple étaient abandonnés depuis 16 ans quand Zacharie a commencé son ministère prophétique.

Et si Dieu a envoyé Zacharie, c'est donc pour sortir son peuple de sa torpeur, pour lui dire « Dieu ne méprise pas le jour des petits recommencements. »
Il y a deux éléments dans la vision de Zacharie qui nous occupe ce matin :
«  un chandelier tout en or, surmonté d'un réservoir et portant sept lampes, avec sept conduits pour les lampes qui sont à son sommet.
Près de lui se trouvent deux oliviers »
Un chandelier d'or à sept branches alimenté par un réservoir et sept conduits : chaque lampe peut donc briller de tous ses feux et est constamment alimentée grâce au réservoir : c'est l'image d'un grande abondance, encore renforcée par la présence des deux oliviers qui fournissaient l'huile nécessaire au réservoir. Comme le dit John Mac Arthur, c'est « l'image frappante de ressources illimitées qui ne nécessitent pas le concours de l'homme, puisque l'huille coule automatiquement des arbres pour tomber dans le vase, puis dans les lampes ».
Et l'huile, nous le savons, est un des symboles les plus courants du Saint Esprit. Par cette vision, Dieu montre donc que toutes les ressources de l'Esprit seront à la disposition de son peuple et que tous les obstacles seront renversés. La construction ne sera pas terminée par le recours à la force ou aux moyens matériels, mais par la puissance de l'Esprit Saint : « Voici la parole que l'Eternel adresse à Zorobabel: Ce n'est ni par la puissance ni par la force, mais c'est par mon Esprit, dit l'Eternel, le maître de l'univers. ».
Et alors, Dieu et son peuple pourront se réjouir du résultat des petits recommencements. Le Seigneur offre une assurance certaine aux bâtisseurs : que personne ne vous méprise, que personne ne s'oppose à vous, car l'Esprit est avec vous !

Les théologiens ont remarqué que les prophéties de Zacharie, au delà de son contexte immédiat, sont très ouvertes sur l'ère messianique, le première venue de notre Seigneur Jésus-Christ, et je crois que notre texte peut bien s'appliquer à une autre période de commencements modestes du peuple de Dieu. Pensons en effet à Jésus et à son ministère par lequel il a constitué le nouveau peuple de Dieu. Rappelons nous que la Sainte Bible nous enseigne que l'Eglise est le temple de Dieu : ce temple là, c'est Jésus qui l'a construit et qui en est la pierre angulaire, et le Seigneur est ainsi infiniment plus grand que Salomon ou Zorobabel, qui n'ont jamais édifié que des monuments de pierre.
Pensons aussi à l'apparente insignifiance du ministère terrestre de Jésus. Certes, il y eut des manifestations de puissance, de grands miracles, mais qui était au courant ? Peu de gens finalement. Cette insignifiance, cette petitesse, nous la trouvons dès la crèche de Bethléem. Nous la voyons aussi dans la pauvreté matérielle que Jésus a connu. Jésus a été soumis à la tentation et il rencontra une opposition féroce. Beaucoup de gens le suivaient, mais quand il a commencé à expliquer que le Messie devait souffrir sur la croix pour le salut du monde, bon nombre de ses disciples lui tournèrent le dos parce que ce n'était pas là le genre de Messie qu'ils voulaient avoir... Et puis pensons au petit groupe des apôtres avec lequel Jésus a passé tant de temps, et pourtant tellement lents à comprendre, charnels dans leur réaction et qui se sont enfuis quand leur maître a été arrêté.
Si nous faisons le bilan de la vie de Jésus, de Bethléem jusqu'à Golgotha, si nous nous centrons sur les apparences, nous ne verrons que l'homme de douleur, le faible écrasé. Mais si nous restons à ce niveau de lecture, nous passerons tout à fait à côté de la page la plus grandiose de l'histoire du salut.
Parce que le sacrifice de Christ a la croix n'a pas été qu'une désolation, mais aussi la source bénie d'où coulent le pardon et la grâce pour tous les pécheurs. Parce que la résurrection et la victoire sur la mort sont venues et que le nouveau temple, fait de pierres vivantes, a commencé à être édifié et qu'il continue à l'être.

Et pourtant, même après la résurrection, souvenons du petit groupe des 120 disciples réunis pour prier dans la chambre haute : que représentaient-ils vraiment ? Pas grand chose d'un point de vue humain là encore : ils étaient peu nombreux, pauvres, peu éduqués, craintifs devant la menace des chefs religieux du Temple. Comme les hommes du temps de Zacharie d'un certaine façon. Mais le jour de la Pentecôte, conformément à la promesse de Jésus, esl 120 reçurent la puissance de l'Esprit Saint et commencèrent à annoncer à Jérusalem, en Judée, en Galilée et dans le monde entier la Bonne Nouvelle du salut, et nous continuons aujourd'hui cette tâche, et il y a des millions de chrétiens attachés à l'oeuvre du Christ de par le monde. Qui aurait pu croire que quelque chose d'aussi grand aurait pu connaître d'aussi modestes débuts ??

Qu'est-ce que tout cela nous dit aujourd'hui ? Et bien, à ne pas perdre courage, à ne pas mépriser le jour des petits recommencements. Le message de Zacharie peut bien s'appliquer à l'église de 2014. Nous aussi, nous vivons dans un temps de ruines. Nous aussi, nous vivons dans un temps où le peuple de Dieu est petit, dispersé, sans grandes ressources à bien des égards. Alors aujourd'hui Dieu nous parle, il ravive notre foi, il nous appelle à la vigilance et à la mobilisation. Il nous rappelle que, comme le dit le livre des Proverbes « celui qui se relâche est frère de celui qui détruit ».
Le Seigneur nous encourage à bâtir avec lui, jour après jour, dans les choses les plus ordinaires. Lorsqu'en apparence rien d'extraordinaire ne se passe, et même lorsque rien ne se passe ou que les fruits tardent à venir et que notre travail semble vain.
C'est un appel à l'endurance de la foi, c'est un appel à ne pas mépriser le jour des petits recommencements.

Certes, c'est là un vrai combat spirituel. Les sujets de tristesse et de découragement sont nombreux. Alors, les doutes commencent à s'insinuer... « à quoi bon ? » « à quoi bon le baptême, la sainte cène ? » ; « à quoi bon venir au culte le dimanche ? », « à quoi bon lire ma Bible ? », « à quoi bon prier ? », « à quoi bon évangéliser ? », « à quoi bon écrire une prédication ? », « à quoi bon continuer ? »
Je pense sincèrement que ces questions se posent moins quand l'église locale est saine et connaît une croissance numérique certaine, quand les cultes sont plein d'entrain et que les perspectives d'avenir semblent radieuses. Mais ce n'est pas toujours le cas et nous pouvons avoir l'impression de nous retrouver devant une Jérusalem dévastée, entourés d'ennemis.
C'est alors que Jésus nous dit « ne crains point, petit troupeau », et je pense que nous avons bien besoin d'entendre cette parole en ce moment. Dieu ne nous fait pas reproche de notre petitesse. Dieu sait nos faiblesses, il veut chasser nos craintes et être notre berger.

Mais, si nous devons ne pas céder au découragement, ne pas craindre les jours des petits recommencements, il nous faut aussi insister sur l'autre leçon de ce notre texte, l'autre côté de la pièce pourrait-on dire.


Car c'est une chose de ne pas mépriser le jour des petits recommencements, mais je crois que l'Eglise doit aussi avoir hâte de voir se lever pour elle des jours nouveaux.
C'est une chose que de savoir que Dieu agit dans notre faiblesse, mais sommes-nous vraiment désireux de voir agir sa puissance ? Dieu nous promet toutes les ressources de son Esprit Saint, mais voulons-nous vraiment puiser dans le réservoir pour faire briller notre chandelier ou préférons-nous finalement en reste où nous en sommes ?

La clé de notre texte, c'est l'action surnaturelle de l'Esprit au sein de la communauté des croyants, et nous devons être convaincus que s'il doit y avoir un avenir pour nos églises ce sera «  ni par la puissance ni par la force, mais c'est par l'Esprit Saint ».
Cette année, nous célébrerons le 110ème anniversaire du Réveil du Pays de Galles, dont les effets se sont faits sentir dans le monde entier, y compris en Poitou d'ailleurs.
Mes amis, qu'est-ce qu'un réveil si ce n'est une action souveraine de l'Esprit Saint qui descend sur le peuple de Dieu pour lui donner la force et les dons dont il a besoin pour glorifier Jésus et annoncer l'Evangile ? Et cela, aucune technique, aucun programme ne peut le décider. Et c'est bien de cela dont nous avons réellement besoin si nous voulons qu'un christianisme authentique se développe sur notre terre : le reste, mes amis, n'est que parlotte et vaines pensées.

Alors, demandons à l'Esprit Saint de descendre en notre faveur. Restons fidèles et persévérants et encourageons nous les uns les autres. N'abandonnons pas notre ouvrage, car c'est Dieu lui-même qui nous y a appelés.

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