vendredi 25 janvier 2008

Jérémie 25.3-5


1 ¶ Parole qui parvint à Jérémie au sujet de tout le peuple de Juda, la quatrième année de Joïaqim, fils de Josias, roi de Juda –– c’était la première année de Nabuchodonosor, roi de Babylone, ––
2 parole que Jérémie prononça sur tout le peuple de Juda et devant tous les habitants de Jérusalem :
3 Depuis la treizième année de Josias, fils d’Amôn, roi de Juda, jusqu’à ce jour, voilà vingt–trois ans que la parole du SEIGNEUR m’est parvenue ; je vous la dis, inlassablement, je vous la dis, et vous n’écoutez pas.
4 Le SEIGNEUR vous a envoyé tous ses serviteurs, les prophètes, il les a envoyés à nouveau, inlassablement ; et vous n’avez pas écouté, vous n’avez pas tendu l’oreille pour écouter.
5 Ils disaient : Que chacun de vous revienne, je vous prie, de sa voie mauvaise et de ses agissements mauvais, et vous resterez sur la terre que le SEIGNEUR vous a donnée, à vous à vos pères, depuis toujours et pour toujours.
6 Ne suivez pas d’autres dieux pour les servir et pour vous prosterner devant eux ; ne me contrariez pas par l’œuvre de vos mains, et je ne vous ferai aucun mal.
7 Mais vous ne m’avez pas écouté, ––déclaration du SEIGNEUR –– de sorte que vous m’avez contrarié par l’œuvre de vos mains, pour votre malheur.



Frères et sœurs en Christ,

Il y a un mot qui résume presque tout le livre de Jérémie et le ministère du prophète : inlassablement.


En hébreu, cela se dit hashkem. Ce terme a une histoire. Il vient du mot sechem, qui voulait dire épaule. A l’époque, ceux qui partaient en voyage plaçaient leurs provisions sur leurs épaules ou sur celles de leur âne. Ces voyages, dans un pays chaud comme Israël, il fallait les commencer avant l’aube, pour pouvoir faire le plus de chemin possible avant que le soleil ne vienne vous assommer. Et c’est ainsi que hashkem a fini par désigner le travail de ceux qui se levaient tôt et plaçaient de lourds fardeaux sur leurs épaules avant de partir en voyage. Ils se levaient chaque matin avant le soleil pour pouvoir accomplir la tâche qui était la leur.
Et c’est ce mot que nous retrouvons au centre du livre de Jérémie. Il parcourt la vie du prophète, à tel point qu’on le retrouve 11 fois dans son livre

Depuis 23 ans, Jérémie se levait chaque matin et écoutait la parole de Dieu. Depuis 23 ans, Jérémie allait chaque matin annoncer la parole de Dieu à son peuple. Et depuis 23 ans, le peuple d’Israël refusait d’écouter, installé dans le confort de son apostasie et de son matérialisme.

Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose d’effrayant dans cette description ? 23 ans de rejet, de moqueries, de persécutions, d’absence de résultats visibles ? En fait, le livre de Jérémie nous révèle de façon très poignante les sentiments de découragement et même de désespoir que Jérémie a connu. A quoi ça sert ? Pourquoi s’entêter ? Pourquoi ne pas plutôt rentrer dans le moule et se conformer tranquillement à ce que pense et dit la masse ?
C’est au cours d’un de ces moments de découragement que Dieu a parlé à Jérémie 12-5 « Si tu cours avec des hommes à pied et qu’ils te fatiguent, comment pourras–tu te mesurer à des chevaux ? ». Qu’est-ce que tu veux Jérémie ? Une petite vie bien médiocre en compagnie de tes contemporains ? Ou est-ce que tu te sens en mesure de te mesurer avec des chevaux. Cette parole a rendu son énergie à Jérémie qui, le lendemain, est reparti annoncer les oracles du Seigneur. Inlassablement.

On peut se sentir effrayé par la tâche de Jérémie, se sentir dépassé par son ampleur, mais le prophète n’inspire pas la pitié.
Jérémie souffre, Jérémie se bat, Jérémie sert les dents et pleure mais il garde les yeux fixés sur son but. Il est tout le contraire de ceux que je voyais chaque matin lorsque je prenais le métro, visages las et regards sans vie montrant une existence érodée par la routine de la grande ville cosmopolite. Ces gens aussi se levaient très tôt pour accomplir chaque jour le même travail, mais ils avaient fini par s’y user comme un jean trop porté se délave et perd sa forme. Jérémie, lui, est tout le contraire de ça.
En fait, la persistance de Jérémie contraste particulièrement avec l’attitude du peuple d’Israël à l’époque, toujours prêt à aller chercher on sait quoi du côté de l’Egypte et de l’Assyrie, offrant des sacrifices à des faux dieux, préoccupé de satisfaire le plus vite possible tous ses appétits. En ce sens, il rappelle notre société et sa frénésie de consommation et son manque abyssal de sens : nous courons seulement pour nous égarer, nous désirons ce qui peut nous faire le plus de mal, nous nous glorifions de nos plus grossières erreurs, et tout cela dans le bling-bling des nouveaux riches que l’on nous pose en modèles.

Ou est-ce que Jérémie a pu apprendre la persistance ? Pas autour de lui, nous venons de le voir. Il l’a apprise de Dieu. Jérémie est donc un homme de l’aube. C’est dès le matin qu’il se lève pour aller accomplir sa mission. Sans doute cela devrait-il donner un jour nouveau à l’expression que nous lisons dans les Lamentations (3.22-23) « Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées, Ses compassions ne sont pas à leur terme ; Elles se renouvellent chaque matin. Oh ! que ta fidélité est grande ! ».
Et je crois que c’est cette assurance qui a permis à Jérémie de tenir. Chaque matin, Dieu renouvelle ses bontés envers Jérémie et lui permet de faire face, tout comme il avait chaque jour donné la manne aux Hébreux pour les nourrir.
La persévérance de Jérémie, c’est avant tout celle de Dieu qui a soutenu son serviteur. Jérémie a pu tenir parce que c’est Dieu qui le tenait. Le prophète s’est nourri chaque matin de la Parole de Dieu, comme nous devons le faire nous aussi. Avant d’affronter un monde qui lui était hostile, avant d’entendre les moqueries, Jérémie écoutait son Dieu, et c’est ce qui lui a permis de tenir contre toute adversité, c’est ce qui lui a permis de crier vers Dieu lorsqu’il en avait besoin.
Oh, que ta fidélité est grande ! dit Jérémie au Seigneur. Cette fidélité, nous pouvons nous aussi l’expérimenter. C’est elle qui peut nous donner la force de résister à la pression ambiante, c’est elle qui peut réveiller nos églises et leur permettre, de nouveau, de jouer un rôle prophétique en annonçant et en vivant la Parole au milieu d’un monde en perte de repères. C’est cette fidélité qui a permis à Dieu d’offrir à un peuple d’Israël rebelle cette nouvelle alliance pleine du pardon de nos péchés (Jérémie 31), cette nouvelle alliance dans laquelle, nous aussi, nous sommes entrés. Si nous sommes infidèles, lui demeure fidèle. C’est cette fidélité de Dieu sur laquelle nous pouvons compter, nous qui voulons nous mettre à son écoute et nous laisser guider par sa Parole.

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