lundi 13 avril 2009

Jean 20.1-18 (Pâques 2009)

JEAN 20.10-18
11 Cependant, Marie se tenait dehors près du tombeau et pleurait. Tout en pleurant, elle se pencha pour regarder dans le tombeau,12 et elle vit deux anges habillés de blanc assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête et l'autre aux pieds.13 Ils lui dirent: «Femme, pourquoi pleures-tu?» Elle leur répondit: «Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où ils l'ont mis.» 14 En disant cela, elle se retourna et vit Jésus debout, mais elle ne savait pas que c'était lui. 15 Jésus lui dit: «Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?» Pensant que c'était le jardinier, elle lui dit: «Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis et j'irai le prendre.» 16 Jésus lui dit: «Marie!» Elle se retourna et lui dit en hébreu: «Rabbouni!», c'est-à-dire maître.17 Jésus lui dit: «Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père, mais va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.»



"Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soit avec vous tous! Amen

Chers Frères et sœurs,

Ce jour de Pâques est un jour de réjouissance pour les Chrétiens. Un jour de joie. Un jour de bonheur. Christ est ressuscité, alleluia!!


Mais nous devons ici nous arrêter tout net. Joie, bonheur: ce sont des mots trop dévalués pour qu'on les utilise sans repréciser leur sens. Il faut reconnaître qu'un certain discours chrétien parle beaucoup de joie, de paix, de vertes prairies où le chrétien gambade gaiement sans affronter vraiment le fait que nous vivons dans un monde déchu, où le mal existe et se manifeste. Il y a certaines formes de foi qui ressemblent à ces drogues que certains prennent pour éviter de faire face à la réalité de l'existence.
Alors, dans un monde frappé par la crise, la guerre, la maladie, avons-nous le droit de parler de bonheur? Oui, les Chrétiens le peuvent. Et même, ils le doivent. Et il y a deux raisons pour cela.
La première d'entre elles est que tous les humains recherchent le bonheur. Je ne connais pas chacun d'entre vous intimement, mais je sais que nous cherchons tous à être heureux. Il y a plus de trois siècles, le grand penseur chrétien Blaise Pascal a écrit:
Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient. Ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C'est le motif de toutes les actions de tous les hommes. Et cependant depuis un si grand nombre d'années jamais personne, sans la foi, n'est arrivé à ce point où tous visent continuellement. Tous se plaignent, princes, sujets, nobles, roturiers, vieux, jeunes, forts, faibles, savants, ignorants, sains, malades, de tous pays, de tous les temps, de tous âges et de toutes conditions.



Texte admirable, qui évoque si bien ce qui est peut-être la grande quête de l'esprit humain. D'ailleurs, depuis quelques années on parle de "droit au bonheur", droit dont d'ailleurs on ne nous jamais dit ce qui le fondait et encore moins comment en tirer les bénéfices. Je sais que j'ai droit à une couverture sociale et que pour être remboursé de mes frais médicaux, je dois envoyer mes feuilles de soins à la CPAM. Mais on ne nous jamais dit quel était le formulaire qu'il fallait remplir pour obtenir le bonheur ou à quel service s'adresser. Sans doute une lenteur administrative, me direz-vous.
La chose dramatique est justement que cette quête reste souvent insatisfaite. Combien sont-ils ceux qui ont travaillé tellement dur pour réussir dans la vie et qui se rendent compte finalement que tous leurs biens ne leur apportent pas ce qu'ils avaient espéré. Combien sont-ils à avoir sacrifié leur existence pour telle ou telle cause et qui terminent confus, désillusionnés? Et même lorsque nous parvenons à ce qui nous semble être le bonheur, rien, absolument rien ne nous garantit que cela durera.
Et cela nous mène à la deuxième raison pour laquelle l'Eglise peut et doit parler du bonheur, particulièrement en ce jour de Pâques: la résurrection de Christ n'est pas simplement une doctrine fondamentale de la foi chrétienne, mais elle concerne chacun de nous, parce que notre bonheur, notre bonheur authentique en dépend.



Et pour expliquer cela, je voudrais que nous tournions nos regards vers Marie Madeleine ce matin. Je voudrais que nous sentions sa tristesse mais aussi sa joie et son réconfort quand elle réalise que Jésus est revenu à la vie. Comment la résurrection de Christ peut-elle changer nos vies et nous mener au bonheur? C'est ce que nous allons voir.

Quand nous rencontrons Marie Madeleine, elle est à la tombe et elle pleure. Ce sont des larmes de désespoir. Marie avait suivi Jésus sur les chemins. Elle pensait comme d'autres qu'il était peut-être le Messie. Il l'avait libéré d'une possession démoniaque et, plus encor, il lui avait montré comment être en paix avec Dieu. Jésus avait dit tant de belles choses, fait tant de promesses. Et maintenant, Jésus est mort, et avec lui toutes les choses qu'il a faites et dites. Pour Marie Madeleine, comme pour les autres disciples, ce matin de Pâques commence par des espoirs détruits, brisés, jetés à terre, avec un sens de déception cruelle. Et en plus, on a volé le corps de Jésus! Voilà pourquoi Marie pleure.
Peut-être que vous avez connus des moments comme celui de Marie Madeleine. Des moments où le monde est un lieu bien cruel, un lieu de rêves brisés, d'espoirs anéantis…Le diable utilise ses moments pour nous dire "regarde: tu es seul. Il n'y a personne à côté de toi. Dieu est mort, et l'espoir aussi".

Il y a des actes ou des paroles que nous regrettons profondément et sur lesquels nous ne pouvons pas revenir. Et puis nous pouvons être confrontés au deuil, à la maladie, au chômage. Parfois à tout cela en même temps. Très franchement, dans ces moments-là, il en faut plus qu'un optimisme de façade et de gentilles paroles pour nous aider. Dans ces moments là, surtout, nous nous rendons compte que le monde a peu à nous offrir. Et quand quelqu'un autour de nous va mal on dit "bon, j'espère que ça va s'arranger. Tiens le coup. Positivise". Est-ce que vous vous imaginer aller dire à Marie Madeleine "positive, Marie, ça va aller mieux demain…". Si nous sommes honnêtes, nous admettons que dire à quelqu'un d'être optimiste alors qu'il n'a aucune raison de l'être est quand même assez incongru, pour ne pas dire stupide.



Mais la raison d'espérer, Marie la trouve dans la tombe. Elle voit qu'elle est vide. Deux anges (rien ne dit qu'elle les a reconnus comme tels) lui demandent "femme, pourquoi pleures-tu?". Marie répond "on a volé le corps de mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a mis".
Vous voyez, Marie ne croit pas en une résurrection. Pas plus que Pierre, pas plus que Jean peut-être (le verset 8 est peu clair sur ce point). Et quand une autre personne apparaît, sans doute le jardinier, la seule chose qu'elle demande c'est de retrouver le cadavre pour l'ensevelir de nouveau. Pour Marie, il n'y a toujours pas d'espoir: que des rêves détruits.
C'est alors, et alors seulement que Jésus lui ouvre les yeux. Comment? Pas par une manifestation de puissance, pas par des éclairs et des myriades d'anges. Par un mot. Un prénom. "Marie". Voyez-vous frères et soeurs, le Christ ressuscité nous appelle nous aussi par nos prénoms. La rencontre avec celui qui a vaincu la mort reste personnelle. C'est bien individuellement que nous sommes appelés à ouvrir nos cœurs à l'espérance. Si cela n'arrive pas, nous ne pourrons pas trouver le chemin du bonheur.
Pour Marie, c'est une révolution, un émerveillement. Elle se jette aux pieds de Jésus et sans doute s'accroche t'elle à lui car il lui dit "ne me retiens pas" (ce qui semble être la meilleure traduction). Ne me retiens pas. Ne crois pas que je suis à ta disposition. Combien de fois prenons-nous Dieu pour un multi-services où nous allons quand nous en avons besoin pour ne plus y revenir ensuite. Mais ne me retiens pas ça veut dire aussi "Tu n'as pas à avoir peur. Je vais rester un peu de temps parmi vous et puis j'irai vers mon Père. Mais même si vous ne me voyez plus, je serai toujours présent avec vous". Et cela Jésus le dit aussi à chacun de nous, tout comme il nous dit à nous aussi Mon Père est votre Père, mon Dieu est votre Dieu. Pour avoir le bonheur, nous n'avons pas besoin d'avoir un Dieu portatif et personnel à notre disposition. Il nous suffit de savoir que Jésus est notre frère, que nous avons en lui le pardon de nos fautes et qu'il nous accompagne sur les chemins de la vie.
Enfin Jésus confie une mission à Marie. Vas, vas trouver mes frères et dis-leur. Dans la culture de l'époque, le témoignage d'une femme était juridiquement nul. Et bien c'est une femme que Jésus choisit pour être témoin de sa résurrection. Marie est libérée du rôle soumis dans lequel on voulait la cantonner. L'histoire de Pâques, ce n'est pas seulement le retour à la vie de Jésus: c'est aussi la vie nouvelle qu'il nous offre.



Et c'est bien cette vie dans laquelle nous pouvons enfin être véritablement heureux. Dans le Psaume 4, il est demandé "qui nous fera voir le bonheur?" et la réponse est en fait une prière "fais briller la lumière de ton visage sur nous, Eternel". Nous devons comprendre que c'est en Dieu que nous pouvons trouver le vrai bonheur. Lui seul peut le donner. Le reste, tout le reste, n'est que tromperie. Nous devons être clairs là-dessus. Cessons de voir Dieu comme un grand barbu lointain, déconnecté de ce que nous vivons. Il veut agir dans nos vies et nous donner le bonheur.
Dieu a fait briller la lumière de son visage sur nous. Il l'a fait en Jésus-Christ. Vous doutez que Dieu vous aime? Rappelez-vous qu'il a envoyé son Fils mourir pour vos fautes sur une croix. Vous doutez que Dieu puisse faire quelque chose pour vous? Rappelez-vous qu'il a ressuscité le Seigneur. Ce n'est pas pour dire que nous serons épargnés par les épreuves ou les difficultés si nous sommes croyants. Jamais la Bible ne nous laisse cette illusion. Mais alors que nous voyons autour de nous tant de rêves détruits par les mensonges du monde, nous saurons que nos existences sont bâties sur le roc de la présence de Dieu.
Nous le saurons parce que nous croirons en l'Evangile qui est la seule source du salut:
Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures
Il a été enseveli et il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures.
Gardons précieusement ce dépôt de la foi. Trouvons en lui la source de notre bonheur. Tel est son but.

"Que la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, garde vos coeurs et vos esprits en Jésus-Christ, pour la vie éternelle! Amen"

1 commentaire:

Lolita a dit…

Merci Thomas, c'est vraiement pas mal. Plein d'émotion, de vécu et d'encouragement,

Que le Seigneur soit avec vous!