dimanche 30 janvier 2011

1 CORINTHIENS 1.18-31

Le sermon sur la montagne (Carl Heinrich Bloch)




Sophonie 2.3, 3.12-13/Matthieu 5.1-12



La prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui se perdent. Mais pour nous qui sommes *sauvés, elle est la puissance même de Dieu.19 N'est-il pas écrit:Je détruirai la sagesse des sages et je réduirai à néant l'intelligence des intelligents?

20 Où est le sage? Où est le *spécialiste de la Loi? Où est le raisonneur de ce monde? Dieu n'a-t-il pas changé en folie la sagesse du monde?
21 En effet, là où la sagesse divine s'est manifestée, le monde n'a pas reconnu Dieu par le moyen de la sagesse. C'est pourquoi Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient, par un message qui paraît annoncer une folie.
22 Oui, tandis que, d'un côté, les *Juifs réclament des signes miraculeux et que, de l'autre, les Grecs recherchent «la sagesse»,23 nous, nous prêchons un Christ mis en croix. Les Juifs crient au scandale. Les Grecs, à l'absurdité.
24 Mais pour tous ceux que Dieu a appelés, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Christ que nous prêchons manifeste la puissance et la sagesse de Dieu.25 Car cette «folie» de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, cette «faiblesse» de Dieu est plus forte que la force des hommes.

26 Considérez donc votre situation, frères: qui êtes-vous, vous que Dieu a appelés à lui? On ne trouve parmi vous que peu de sages selon les critères humains, peu de personnalités influentes, peu de membres de la haute société!27 Non! Dieu a choisi ce que le monde considère comme une folie pour confondre les «sages», et il a choisi ce qui est faible pour couvrir de honte les puissants.
28 Dieu a porté son choix sur ce qui n'a aucune noblesse et que le monde méprise, sur ce qui est considéré comme insignifiant, pour réduire à néant ce que le monde estime important.

29 Ainsi, aucune créature ne pourra se vanter devant Dieu.

30 Par lui, vous êtes unis au Christ, qui est devenu pour nous cette sagesse qui vient de Dieu: en Christ, en effet, se trouvent pour nous l'acquittement, la *purification et la libération du péché.31 Et il en est ainsi pour que soit respecté ce commandement de l'Ecriture:
Si quelqu'un veut éprouver de la fierté,
qu'il place sa fierté dans le Seigneur.



Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

Vous vous souvenez que cette saison de l'Epiphanie débute par le récit de la visite des mages à Bethléem. Notre texte dans Matthieu 2 nous précise que c’est à Bethléhem que des mages– ou des hommes sages, originaires de l’Orient1 – ont vu s’arrêter une étoile dans le ciel, qui les avait guidés pendant tout leur trajet. Ces hommes avaient fait leur voyage pour une seule raison, et c’était pour rendre hommage à Jésus, le roi des Juifs, le Messie.

Et remarquez qu’en arrivant à Bethléhem, ces savants, ces hommes sages, ont adoré Jésus avec joie. Ceci peut nous paraître surprenant, puisque les mages n’étaient pas Juifs : pourtant, ils sont entrés dans la maison où se trouvaient Marie et son Fils et ils sont tombés à genoux pour lui rendre hommage. Ils lui ont offert des cadeaux très précieux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Les mages n’avaient qu’un seul objectif, et c’était d’adorer Jésus ; de le vénérer ; de l’honorer par des cadeaux d’une très grande valeur. Jésus était le centre de toute leur attention.

Mais laissons Bethléhem pour un petit moment, et allons vers Corinthe. Nous ne sommes plus en Judée ; nous nous trouvons en Grèce. A l’époque de l’apôtre Paul, Corinthe était déjà une grande ville, bâtie sur une bande de terre entre la mer Egée et la mer ionienne à l’ouest. La population de Corinthe était estimée à 250.000 habitants libres et à 400.000 esclaves. Corinthe était une puissance maritime ; son port était le plus grand port du monde grec classique. Corinthe était aussi une ville industrielle, réputée pour son industrie de luxe : elle produisait des textiles, des meubles, des bronzes et surtout des céramiques. Corinthe était un point de rencontre entre l’Occident et l’Orient. C’était une cité opulente.

Donc ce n’est pas étonnant d’apprendre que Corinthe – ce croisement fréquenté par des commerçants et des voyageurs de toutes nationalités – était aussi un lieu d’échange de cultures et d’enseignement. Les gens qui venaient à Corinthe et qui y habitaient s’intéressaient énormément à l’érudition et à la philosophie. Ils pensaient, comme leurs concitoyens dans d’autres grandes villes grecques, que la philosophie aidait l’homme à se fortifier sur le plan physique, moral et spirituel. Et lié à cet intérêt dans la philosophie était la recherche de la sagesse. Les Grecs étaient connus pour leur exaltation de la sagesse. Souvent, à Corinthe comme ailleurs, on entendait des intellectuels, des professeurs et des philosophes répéter la maxime : « Celui qui est sage, est roi ».

C’est dans ce contexte que l’apôtre Paul écrivait son texte sur « la sagesse des hommes et la folie de Dieu » à l’église de Corinthe (1 Corinthiens 1. 18 – 31). Dans ce passage, nous apprenons que la sagesse du monde n’est pas le moyen choisi par Dieu pour le connaître ; et nous apprenons que les systèmes de pensée et les philosophies du monde ne sont pas, eux non plus, porteurs d’un concept juste de Dieu et de sa révélation.

Regardons notre texte ensemble. Nous lisons :
« En effet, la prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui se perdent. Mais pour nous qui sommes sauvés, elle la puissance même de Dieu » (1. 18) ; et
« Dieu n’a-t-il pas changé en folie la sagesse du monde ? » (1. 20) ; et
« En effet, là où la sagesse divine s’est manifestée, le monde n’a pas reconnu Dieu par le moyen de la sagesse. C’est pourquoi Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient, par un message qui paraît annoncer une folie » (1. 21).

Nous pouvons bien nous demander, « c’est quoi cette folie de Dieu ? » Tout simplement, la « mort du Christ sur une croix » ; « un Christ mis en croix » (1. 18, 23). Par la mort de Jésus sur la croix, chose incroyable et improbable, Dieu a choisi de sauver l’humanité.

Effectivement, aux yeux du monde :
ce n’est pas « raisonnable » de penser que Dieu enverrait le Messie à être né dans une mangeoire située dans une étable à côté d’une auberge ;
ce n’est pas « raisonnable » de penser que la mère du Messie serait une jeune vierge, fiancée mais pas encore mariée ;
ce n’est pas « raisonnable » de penser qu’un petit enfant, vulnérable et élevé dans une famille modeste et sans prétentions, serait celui qui deviendrait le roi des Juifs ; et surtout
ce n’est pas « raisonnable » de penser que le roi des Juifs, voire le Messie du monde, mourrait cloué à une croix, « pendu au gibet » (Galates 3. 13 – 14.) et que ce serait le moyen unique choisi par Dieu pour sauver le monde.

Non, la « folie » de Dieu, c’est-à-dire sa volonté de racheter les péchés de l’humanité par la mort de son Fils sur la croix, n’est ni jugé raisonnable, ni compréhensible par le monde.

Mais notre texte nous incite à aller plus loin. Nous avons bien parlé de la soi-disant « folie » de Dieu, mais où se trouve donc la sagesse de Dieu ?

Nous trouvons notre réponse aux versets 24 et 30. Paul écrit : « …ce Christ que nous prêchons manifeste la puissance et la sagesse de Dieu » ; et ensuite, « Par (Dieu), vous êtes unis au Christ, qui est devenu pour nous cette sagesse qui vient de Dieu. » Dans l’épitre aux Colossiens, Paul écrit encore qu’ « en (Christ) se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance ».

Dieu, qui est sagesse même, et dont les pensées ne sont pas les nôtres , a choisi avant le commencement du monde de mettre la plénitude de sa sagesse en Jésus ; et Dieu, dont les voies ne sont pas les nôtres Galates 3. 13 – 14. , a aussi choisi avant la création de notre Terre, d’utiliser Jésus pour accomplir notre salut.

Si nous lisons tout le verset 30 du premier chapitre de Corinthiens, nous apprenons que pas seulement Christ est devenu pour nous cette sagesse qui vient de Dieu ; mais qu’ « en Christ, en effet, se trouvent pour nous l’acquittement, la purification et la libération du péché ».

Le texte français de notre Bible a perdu un peu les nuances du texte d’origine, car la phrase du verset 30 était écrit expressément pour montrer que l’acquittement, la purification et la libération du péché sont les résultats directs, et découlent directement, de la sagesse de Dieu – cette sagesse qui est pleinement incarnée en Jésus-Christ ; cette sagesse qui a prévu la mort de Jésus sur la croix pour le salut de toute l’humanité.

Or ce serait peut-être plus intéressant de faire un autre schéma, un schéma qui représente la croix sur laquelle Jésus est mort, et dans lequel nous mettrions les mots « sagesse », « acquittement », « purification » et « libération du péché » aux bouts de chaque planche de la croix .

Pourquoi cela ? Parce que dans la sagesse de Dieu, dans la sagesse du Christ, la croix est centrale. Elle est le symbole même de la « folie » de Dieu aux yeux du monde et de ceux qui se perdent ; mais elle est le symbole même de la sagesse de Dieu pour ceux – pour nous ! – qui sommes sauvés. Cette croix – qui nous rappelle sans ménagement le sacrifice de notre Seigneur – est la « puissance même de Dieu » (1. 18).

Nous aurions tort si nous oublions que dans sa sagesse, sa grâce et son amour, notre Dieu nous a appelés à lui-même. Il nous a appelés, individuellement et personnellement, à comprendre la « folie de Dieu » et de répondre au message de la croix. Comme notre texte nous l’assure au verset 24 : « Mais pour tous ceux que Dieu a appelés, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Christ que nous prêchons manifeste la puissance et la sagesse de Dieu » ; et encore au verset 26 : nous sommes « (ceux) que Dieu a appelés à lui ».

Notre Dieu est le Seigneur qui appelle son peuple. Lui, qui a appelé des gens comme Lazare de la mort à la vie (Jean 11. 1 – 44) ; lui, qui a appelé la lumière à briller du sein des ténèbres (2 Corinthiens 4. 6) ; et lui, qui appelle encore à l’existence ce qui n’existe pas (Romains 4. 6) – il nous appelle à nouveau ce matin.
Au début de ce message, j’avais annoncé que nous allions visiter trois villes. En effet, nous nous sommes retrouvés à Bethléhem, ensuite à Corinthe, et maintenant…à Prailles, Deux-Sèvres.

Nous qui nous trouvons ce matin à Prailles avons été appelés par notre Dieu à reconnaître sa sagesse, qui est tout à fait différent de la sagesse à laquelle nous pouvons prétendre nous-mêmes. C’est pour cela qu’à la fin du premier chapitre de la lettre aux Corinthiens, Paul écrit : « Si quelqu’un veut éprouver de la fierté, qu’il place sa fierté dans le Seigneur » (1. 31).

Oui, Dieu nous appelle à faire comme les mages qui se sont rendus à Bethléhem ; à voir que la plénitude de la sagesse divine est manifestée en Jésus-Christ, son Fils ; à l’adorer et à l’honorer parce qu’il est le roi des Juifs et le Messie du monde ; à louer notre Dieu qui, dans sa sagesse, a planifié le sacrifice de Jésus sur la croix pour accomplir le salut de l’humanité.

Dans la lettre aux Galates, Paul a écrit : « En ce qui me concerne, je ne veux à aucun prix placer ma fierté ailleurs que dans la mort de notre Seigneur Jésus-Christ sur la croix. Par elle, en effet, le monde du péché a été crucifié pour moi, de même que moi je l’ai été pour ce monde » (6. 14).

Tout en admettant la futilité de notre propre sagesse, venons à Jésus ce soir et contemplons à nouveau ce qu’il est – la sagesse de Dieu – et ce qu’il a fait pour nous sur la croix. Adorons-le ; et apportons-lui le plus précieux cadeau que nous puissions lui offrir : l’offrande et le sacrifice de nous-mêmes.

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