mardi 15 mars 2011

Carême 2011: méditations sur le Petit Catéchisme (1)




Chers frères et soeurs
chers amis,

Nous commençons aujourd'hui notre voyage du Carême 2011, six semaines pour le temps de préparation qui va nous nous mener au vendredi saint, où nous commémorerons le sacrifice de Jésus pour nous et le dimanche de Pâques, où nous célèbrerons sa résurrection.

Six semaines, comme les six parties du Petit Catéchisme de Martin Luther: les Dix Commandemants, les Credo, le Notre Père, le Baptême, l'Absolution des péchés et la Sainte Cène.
Voilà pourquoi je me suis dit qu'il serait peut-être bon de consacrer ce Craême à une série de prédications/méditations sur le Petit Catéchisme.

J'aimerai vous demander comment vous décririez ce qu'est un Catéchisme.

Une définition que j'ai trouvée bonne est la suivante: instruction dans les principes de la foi chrétienne. Le mot « catéchisme » vient du grec katekhismos (instruction orale) car il fut un temps où le catéchisme n'était pas un livre comme il l'est devenu pour nous. Depuis son origine, l'Eglise chrétienne a toujours instruit ceux qui, entre autres, se préparaient au baptême ou à la confirmation mais aussi l'ensemble du peuple de Dieu.

En fait, c'est une pratique luthérienne assez courante de se recentrer sur le Petit Catéchisme pendant le Carême. Cela vient de ce qui se faisait dans l'Eglise des premiers siècles: les gens étaient baptisés à Pâques, et le Carême était pour eux l'occasion d'étudier une dernière fois les grands principes de la foi qu'ils allaient confesser.

Martin Luther a écrit le Petit Catéchisme en 1529. La Réforme était encore jeune, mais commençait à se développer. Luther était inquiet du niveau de connaissances qu'il trouvait dans les paroisses, y compris au sein du clergé.
Le Réformateur s'était battu pour rétablir l'autorité de la Bible au sein de l'Eglise, mais il voyait qu'il y avait encore beaucoup à faire pour que les grandes doctrines bibliques soient connues de tous.
C'est pourquoi il écrivit un Grand Catéchisme (plus orienté vers les pasteurs) et un Petit Catéchisme (dont Luther souhaitait qu'il soit utilisé par les chefs de famille pour intruire leur maisonnée. Audacieux, mais irréaliste à l'époque...et peut-être encore aujourd'hui hélas)



3 Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi.

7 Tu n'utiliseras pas le nom de l'Eternel, ton Dieu, à la légère

8 Souviens-toi de faire du jour du repos un jour saint.

12 Honore ton père et ta mère afin de vivre longtemps dans le pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne.

13 Tu ne commettras pas de meurtre.

14 Tu ne commettras pas d'adultère.

15 Tu ne commettras pas de vol.

16 Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.

17 Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain;

tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son esclave, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni quoi que ce soit qui lui appartienne.»

Voilà les dix commandements que Dieu a donnés à Israël. Dix commandements qui nous disent ce que Dieu attend de nous. Dix commandements qui sont le Loi de Dieu, que nul n'a le droit de violer.
Je crois que nous n'aimons pas ce mot « commandements ». Nous somems dans une société qui n'aime plus être « commandée ». Il est vrai que pendant trop longtemps, dans nos pays, l'autorité des parents, du patron, de l'instituteur, de l'Eglise étaient au dessus de toute contestation. Ce n'est jamais sain pour une autorité humaine, laquelle est par définition imparfaite.

Mais nous souffrons aujourd'hui d'un excès inverse: si rien n'est interdit, tout est permis. Vraiment tout, et les résultats peuvent être dramatiques. Il n'y a qu'à voir les conséquences de l'absence de régulations dans l'économie capitaliste pour s'en rendre compte: si rien n'empêche les actionnaires de multiplier leurs dividendes en détruisant les emplois et la nature, ils le feront!
S'il n'y avait pas un code de la route et des gendarmes pour le faire respecter, des fous rouleraient régulièrement à 150 km/h dans le centre-ville de Melle!
Un problème d'une liberté totale est qu'elle laisse aussi libre cours à tous nos égoïsmes, nos violences. Une société sans loi ne serait pas un paradis, mais une jungle. Roussseau disait que l'homme naît bon mais que le société le corrompt. La Bible affirme que la société a besoin d'un cadre parce que l'homme est naturellement mauvais.
Mais en fait, nous ne parlons pas de questions sociétales ici, ou seulement indirectment.
En fait, je crois qu'on trouve trois élèments dans les commandements. Les deux premiers sont assez faciles à discerner. Traditionnellement, on a divisé les commandents en deux tables: les trois premiers parlent de nos devoirs envers Dieu, les sept autres de nos devoirs envers notre prochain. Dieu et notre prochain: impossible de les distinguer. On en peut pas prétendre être plein d'amour pour Dieu et haïr nos frères et soeurs humains. Mais il y a un troisième élément que nous devons souligner: « Tu ». Tu n'utiliseras pas le nom de l'Eternel, ton Dieu, à la légère, tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
Tu, seconde personne du singulier. C'est à toi que les commandements sont adressés, c'est à toi qu'ils s'imposent. Laq uestion n'est pas de savoir ce que ton voisin, ton frère, ton collègue fait ou ne fait pas. C'est à toi que la Loi s'adresse, ce sont tes pensées et tes attitudes auxquelles elle se confronte.

Et c'est là que la Loi blesse. Cette loi qui a pu être résumée en quelques mots seulements: tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même (Matthieu 22.37, 39).
Frères et soeurs, à moins d'être gonflés d'un orgueil terrible, pouvons-nous honnêtement dire que nous aimons nos prochains comme nous-mêmes? Pouvons-nous affirmer que Dieu et sa volonté tiennent toujours la première place dans notre vie? Encore une fois, la question n'est pas de savoir si untel ou unetelle fait pire que vous, mais si obéissez de façon parfait et absolue aux commandements de Dieu.
Le résumé de la Loi nous montre qu'elle porte l'amour en son coeur. Mais justement. Nous aimons peu, nous aimons mal, nous avons toujours tendance à aimer quand ça nous arrange, et bine sûr les gens qui nous aiment. Nous sommes avares de notre amour envers les autres, et nous dédaignons trop souvent d'aimer Dieu et de recevoir son amour pour nous.

La théologie luthérienne distingue très clairement la Loi et l'Evangile (la Bonne Nouvelle). On pourrait dire les choses autrement: il y a la "mauvaise nouvelle" et la "bonne nouvelle". La Loi est mauvaise nouvelle pour nos orgueils, nos fainéantises, notre satisfaction de nous-mêmes parce qu'encore et toujours elle va nous montrer à quel point nous sommes loin du but.

Lex semper accusat: la Loi accuse toujours. Ce faisant, elle nous incite à trouver ailleurs la source de notre espérance et de notre réconfort. La Loi nous apprend que nous ne pouvons pas prétendre nous approcher d'un Dieu très saint sur la base de ce que nous aurions fait, comme ces bons élèves qui, dans le passé, allaient récupérer leurs prix durant la fête de fin d'année de l'école.
La Loi nous montre la sévérité des exigences de Dieu. Elle nous pousse à nous réfugier dans son amour. Et cela, nous le trouvons, caché, dans les paroles qui en fait précèdent le premier commandement: « tu n'auras pas d'autres dieux devant moi ». En fait, dans le texte biblique, il est dit juste avant« Je suis l'Eternel, ton Dieu (qui t'ai fait sortir d'Egypte, de la maison d'esclavage) ». D'ailleurs, dans des éditions très anciennes du Petit Catéchisme (1531, 1538) ces paroles furent rajoutées, ce qui est selon moi préférable.

Luther a dit que ces paroles de la Loi « ne commandaient rien et donnaient tout ». Il n'y a qu'à voir comment elles sont rédigées: pas de « tu dois » « tu ne dois pas » où nous sommes placés au centre. Non, ici, l'important n'est pas ce que nous devons faire, mais ce que Dieu fait ou plus exactement sur qui il est. Je suis l'Eternel ton Dieu. Dieu se montre, simplement, et nous dit qu'il est notre Dieu. Pas de « si », pas de conditions, de pré-requis.
Rien de commandé, tout est offert.

Et si vous ne croyez pas, faites encore attention au vocabulaire: je suis ton Dieu. Ton Dieu: je suis à toi.
Trop souvent, nous pensons que c'est à nous de nous rapprocher de Dieu. Mais si nous faisons confiance à la Bible, nous y voyons au contraire l'image d'un Dieu qui fait le premier pas, qui se montre. Un Diue qui dans ces mots nous offre la vie, l'espérance et le salut.

Vous trouvez que j'en lis trop dans ces quelques mots? Et pourtant, ici Dieu nous dit bien « je suis à toi, et tu es à moi ». Ce ne sont pas les paroles d'un Dieu lointain, ce ne sont pas les paroles d'un Dieu ennemi. Ce sont els paroles d'un Dieu qui nous a donnés son Fils Jésus-Christ.

Je suis l'Eternel ton Dieu.

Quel est le sens de ces paroles?

C'est que Dieu vient vers nous, non pas avec le visage courrouvé qu'aurait mérité nos violations de sa sainte Loi, mais en te disant: « me voici devant toi. Je ne me cache pas. Je peux être tien et illuminer ta vie par ton amour ».

Tout ce que Dieu vous a donné et qui vient en Jésus-Christ, ces paroles en portent déjà la promesse. « Je suis l'Eternel ton Dieu », celui de ta vie, de ta personnalité, de tes combats et de tes joies.

Alors puissions-nous tous dire dans nos coeurs en ce début de carême « l'Eternel est mon Dieu »

Amen +

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