dimanche 27 mars 2011

Carême 2011: méditations sur le Petit Catéchisme (3)



Chers frères et soeurs,



chers amis,






Un jou, les disciples de Jésus lui ont demandé comment prier. Jésus leur a répondu de prier en disant: Notre Père qui est aux cieux...


Notre Père...


J'aimerais commencer par ces mots en vous racontant une petite anecdote. Il y a quelques années déjà, je me trouvais en Amérique, et j'ai été amené à participer à un culte d'une paroisse de la PC-USA (Presbyterian Church in the USA, équivalent de l'ERF). Je devais amener une petite méditation sur Ephésiens 1, et la pasteure m'a fait parvenir le texte qu'elle souhaitait que j'utilise pour le culte. Il disait notamment, en Ephésiens 1.3: « béni soit le Dieu et parent de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle »


Parent, et non pas père comme le dit le texte grec. Manifestement, cette pasteure se rattachait à la tendance théologique qui affirme qu'il faut gommer tout langage masuclin concernant Dieu, car il est (entre autres) oppressant pour les femmes et favorise ce qui est un vrai problème: la domination masculine et le machisme. C'est la même idée qui a incité certaines églises à placer dans leurs lieux de culte des représentations de Dieu sous les traits d'une femme.


Autant vous le dire toute de suite: je trouve ridicule d'imaginer que Dieu puisse être une femme. C'est aussi déplacé que de penser que Dieu est un vieux homme barbu (un vieil homme blanc, bien sûr!)!! Et pourtant, combien sommes-nous à nous le représenter ainsi? Même au caté l'autre jour, on m'a dit que Dieu était « un garçon »!


Nous tous ici, nous sommes bien de sexe masculin ou féminin, avec des chromosomes XX ou XY. Mais Dieu n'a pas de chromosomes: il est le maître et le créateur des chromosomes!


Ceci dit, rien ne nous autorise à nous conduire comme mon amie et à modifier le langage biblique pour le faire coller à certaines modes. Ce que nous devons plutôt faire, c'est accepter ce langage biblique et chercher à en saisir toute la profondeur, parfois loin des sentiers battus.






Jésus nous dit d'appeler Dieu « notre Père ». Cette idée de paternité de Dieu, on la trouve déjà dans l'Ancien Testament, et c'était déjà alors une spécificité face aux dieux des peuples païens voisins, qui n'étaient pas décrit de cette façon.


Alors, pourquoi la Bible nous parle t'elle de la paternité de Dieu? Je crois que ce langage nous permet de comprendre qui Dieu est vraiment. L'autre jour, un ami m'a dit que pour lui, Dieu avait peut-être créé le monde, mais qu'il s'en était retiré depuis longtemps. La notion d'un Dieu Père, affirmée par Jésus, dément cette idée si commune.


En effet, un homme peut très bien être un géniteur sans pour autant devenir un père. Il peut féconder une femme et s'en aller ensuite. Une femme, au contraire, va avoir au moins un contact biologique fort avec l'enfant qu'elle va porter pendant 9 mois. Dès le début, mère et enfant sont liés de façon physique. Ce n'est pas vrai pour le père. On choisit d'être père. Il faut se reconnaître comme tel, il faut accepter les responsabilités que cela représente. Pour devenir père et non plus simplement géniteur, il faut entrer dans une relation d'amour et de confiance avec son enfant.


Dire que Dieu est notre Père, c'est donc affirmer avec confiance qu'il est là pour nous quand nous en avons besoin, qu'il joue pleinement son rôle dans nos vies et que nous pouvons compter sur lui. Nous devons bien comprendre que la paternité de Dieu n'est pas autoritaire, ni distante, ni détaché comme celle de certains pères humains. Notre Père est aux cieux, mais il est là pour nous qui sommes sur la terre






Je sais bien que nombreux sont ceux qui ont eu une relation compliquée avec leur père, mais nous avons à prendre garde à ne pas transposer notre propre vécu à notre relation avec le Seigneur.


Dieu est en effet notre Père céleste. Contrairement aux pères humains, il ne peut faillir dans sa tâche, dans son rôle pour nous. Et le fait que Jésus débute sa prière par ses mots: notre Père, nous montre ce qu'est la prière: un mouvement vers Dieu, comme celui d'un enfant qui va vers son père pour lui demander quelque chose dont il a besoin et qui sait que son père va prendre soin de lui.






Mais nous disons aussi « notre Père ». Pas « mon père ». Cela implique que nous ne sommes pas seuls à bénéficier de la paternité de Dieu. La Bible nous dit que ceux qui croient en Jésus sont fils et filles de Dieu, qu'ils ont été adoptés par le Père. Nous avons donc beaucoup de frères et soeurs.


Dire « Notre Père » c'est reconnaître que nous n'avons pas un Dieu personnel qui serait à notre disposition.


Ce qui caractérise des frères et des soeurs, c'est d'avoir un même père. Prier « notre Père » c'est donc admettre que nous avons des frères et des soeurs, et que nous sommes unis à eux par un lien spécial que Dieu lui-même a créé.


Je vous le demande: que faisons-nous de ce lien fraternel dans notre vie d'église? Sommes-nous une famille aimante les une pour les autres? Vivons-nous en paix avec nos frères et nos soeurs? Il y a là un vrai test de la solidité de notre foi et de notre bonne marche sous le regard du Seigneur.


Souvenons-nous de ces paroles de Jésus-Christ:


« Si vous avez de l'amour les uns pour les autres, tous sauront que vous êtes mes disciples. » Jean 6.35


ainsi que de celles de Jean: ''Si quelqu'un dit : « J'aime Dieu », et qu'il déteste son frère, c'est un menteur, car celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, ne peut aimer Dieu, qu'il ne voit pas. 21Et nous avons de lui ce commandement : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère''. 1 Jean 4.20






Il est bon de dire le Notre Père dans nos dévotions personnelles, mais vous avez remarqué que nous le disons tous ensemble chaque dimanche. Dire « Notre Père » nous engage donc dans une communauté, dans une famille.Dans les familles, il peut y avoir parfois des incompréhensions, des conflits même. Mais tout doit se vivre dans la certitude que celui qui est notre Père à tous veut que nous nous aimions les uns les autres, que nous nous épaulions les une les autres, que nous soyions fidèles les uns aux autres, parce que nous sommes fidèles à Dieu.






En nous apprenant cette prière, Jésus place donc devant nos yeux un Dieu qui n'est pas un tyran mais un père aimant, parfait. Le Notre Père n'est pas un manuel de la prière: il nous montre des choses. Il nous montre un Dieu qui veut nous donner de bonnes choses; un Dieu qui sait mieux que nous ce dont nous avons besoin; un Dieu qui nous donne chaque jour le pain et le pardon.






Que ton nom soit sanctifié: « Le nom de Dieu est saint par lui-même; mais nous demandons qu'il soit aussi sanctifié parmi nous ».


Que ton règne vienne: « Le règne de Dieu s'établit de lui-même dans le monde, et sans le secours de nos prières; mais nous demandons qu'il s'établisse aussi en nous ».


Que ta volonté soit faite: « La bonne et miséricordieuse volonté de Dieu s'accomplit dans le monde sans le secours de nos prières; mais nous demandons qu'elle s'accomplisse aussi parmi nous ». Que nous fassions la volonté de Dieu et que nous recevions son pardon quand nous échouons.






Le début du Petit Catéchisme nous parle donc du nom de Dieu (Père), de son royaume, de sa volonté. D'abord, nous cherchons les choses de Dieu. Le reste de ce que nous demandons découle de ces trois premières requêtes.






Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour: le pain de ce jour. Pas celui de demain. Ne vous inquiètez pas à propos de demain. Dans la marche avec Dieu, on avance pas à pas. Demander à Dieu de nous « donner » notre pain quotidien, c'est reconnaître que même si nous avons des revenus parce que nous travaillons ou que nous avons travaillé, nous continuons à tout devoir à la main généreuse de Dieu.






Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés: nous aimons parce que nous avons été aimés. Nous pardonnons parce que nous avons été pardonnés. Nous montrons de la grâce, parce que nous avons reçu de la grâce. En anglais, on dit « forgive us our trespasses » un « trespass » c'est aller là où nous ne devrions pas aller. Ca nous arrive souvent. Mais Jésus est allé là où il n'avait pas à aller (à la croix) pour pardonner toutes nos fautes. Et son amour est suffisant pour que nous soyons pardonnés mais aussi pour que nous apprenions à pardonner.






Ne nous soumets pas à la tentation mais délivre nous du mal: nos ennemis abondent. Le péché, le diable, et ce qui va avec eux. La tentation et les épreuves nous guettent à chaque pas. Mais n'ayez pas peur. Jésus ne vous dirait pas de prier pour la délivrance s'il ne croyait pas que Dieu veut vous la donner. Il vous protège contre la tentation, il vous délivre du mal, y compris du mal ultime, la mort.






Notre Père céleste entend votre prière. Jésus veut dit de demander toutes ces bonnes choses: le nom de Dieu, son royaume, sa volonté, votre pain quotidien, votre pardon et votre délivrance. Et tout cela, Dieu ne vous le donne qu'au nom de Jésus, votre Sauveur.






Priez ainsi. Demandez à ce Dieu bon et plein de grâce de vous donner toutes ses bénédictions en son Fils Jésus-Christ. Priez comme Jésus vous l'a appris, avec l'aide de l'Esprit Saint.






Le Notre Père ne nous apprend pas le « comment » de la prière, mais son « qui » et son « quoi ». Le qui, c'est notre Père qui reçoit vos prières en Christ. Le « quoi », ce sont tous ces dons parfaits pour lesquels nous prions, qu'il veut nous donner, et pour lesquels nous tournons vers lui les regards de la foi.






Amen +

Aucun commentaire: