dimanche 2 octobre 2011

LUC 12.13-21 (Fêtes des récoltes 2011)

13 Du milieu de la foule, quelqu'un dit à Jésus: «Maître, dis à mon frère de partager notre héritage avec moi.»
14 Jésus lui répondit: «Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages?»
15 Puis il leur dit: «Gardez-vous avec soin de toute soif de posséder, car la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens, même s'il est dans l'abondance.»
16 Il leur dit cette parabole: «Les terres d'un homme riche avaient beaucoup rapporté. 17 Il raisonnait en lui-même, disant: 'Que vais-je faire? En effet, je n'ai pas de place pour rentrer ma récolte.
18 Voici ce que je vais faire, se dit-il: j'abattrai mes greniers, j'en construirai de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous mes biens,
19 et je dirai à mon âme: Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour de nombreuses années; repose-toi, mange, bois et réjouis-toi.' 20 Mais Dieu lui dit: 'Homme dépourvu de bon sens! Cette nuit même, ton âme te sera redemandée, et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il?'
21 Voilà quelle est la situation de celui qui amasse des trésors pour lui-même et qui n'est pas riche pour Dieu.»



Chers frères et soeurs,
chers amis,

La question que Jésus pose au début de cet évangile peut sembler étrange: «Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages?». N'est-ce pas le Seigneur qui parle ici, le Fils de Dieu, celui qui jugera les vivants et les morts lors de son retour, celui qui a dit « toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre »? Jésus avait certainement le droit de régler cette dispute entre deux frères s'il l'avait choisi.
Quand Jésus répond ainsi, il se prononce donc sur deux points. Tout d'abord, la notion de vocation. Il dit en substance à l'homme: « des juges ont été établis par Dieu pour rendre la justice dans ce genre de questions. N'essaie pas de contourner les autorités terrestres que j'ai établies ». Mais, surtout, Jésus refuse d'être instrumentalisé: « mon ami, le Père ne m'a pas envoyé pour être un dans ta poursuite des richesses. Tu as l'air de vouloir de servir de moi comme un moyen. Je ne suis pas un moyen. Je suis la fin ».
Il est parfois tenant de d'agir ainsi avec Jésus, de vouloir le détourner du sens de sa mission telle qu'il l'a lui-même exprimé. C'est ce qui arrive notamment dans la dangereuse hérésie de « l'évangile de la prospérité », qui affirme que si nous sommes bien obéissants, le Seigneur nous bénira de toutes sortes de biens matériels, nous rendra riches, heureux et en bonne santé. Frères et soeurs, c'est une erreur de s'approcher de Jésus pour obtenir des choses terrestres, un peu comme ces enfants qui n'obéissent à leurs parents que pour obtenir une récompense. Quand notre seul motif pour entrer dans la voie chrétienne est d'obtenir des biens matériels, nous disons à Jésus: « Maître, dis à mon frère de partager notre héritage avec moi. »
Si Jésus refuse d'établir un lien avec cet homme qui vient vers lui, c'est parce qu'il en a compris le motif principal: l'avidité.
«Gardez-vous avec soin de toute soif de posséder » dit Jésus. Ces mots font écho à d'autres, que nous connaissons bien: « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs percent les murs pour voler,20 mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les mites et la rouille ne détruisent pas et où les voleurs ne peuvent pas percer les murs ni voler! 21 En effet, là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur. » (Matthieu 6). Si la mort (qui arrive parfois si vite) peut nous séparer de ce que nous considérons notre trésor, nous sommes des fous et nous nous attachons à de faux trésors, qui partiront en poussière. Alors, amassons des trésors, mais dans le ciel. Nous serons alors riches pour Dieu.

Etre riches pour Dieu, cela veut dire placer notre vie avec Lui au dessus de toute autre chose. Cela veut dire chercher le Royaume de Dieu et sa justice, c'est faire confiance au « Père des lumières, en qui il n'y a ni changement ni l'ombre d'une variation, et de qui tout bienfait et tout don parfait descendent » (Jacques 1.17). Etre riche pour Dieu, c'est préférer investir dans la lecture de la Bible, la prière quotidienne, le culte du dimanche que dans d'autres « placements » bien plus risqués. Cette richesse en Dieu, cette foi, nous la montrons en donnant avec joie une part de ce qu'il nous a donné pour le bien des autres et de son Eglise, nous attachant au vrai Dieu, et non pas à Mammon. Réalisez-vous bien que si la quête fait partie de notre culte, c'est parce qu'il s'agit bien d'un acte spirituel, qui montre comment nous voyons nos biens matériels??
Cette parabole de Jésus explique clairement que tout ce que nous avons est un don. Car, remarquez le, il est dit que « Les terres d'un homme riche avaient beaucoup rapporté ». En d'autres termes, ce n'est pas l'homme qui avait produit, mais sa terre, que Dieu avait bénie. Alors, sans doute, l'homme avait envoyé des ouvriers dans son champ, mais sans la bénédiction de Dieu, sans le don de Dieu, tous ces efforts seraient restés vains.
A nous aussi, cette fête des récoltes et des actions de grâce nous rappelle que, même si nous avons travaillé dur pour avoir ce que nous avons, sans la bonté du Seigneur envers nous, nous n'aurions rien; rien matériellement et rien spirituellement. Les fruits de la terre qui nous nourissent, nos biens, notre famille, nos amis, tout cela est un pur don de Dieu. Et le coeur de l'action de grâces, c'est justement de nous rappeler à qui nous devons rendre gloire et dire merci, c'est de ramener toute choses à leur source.
C'est d'ailleurs tout le drame de notre riche. Vous savez que la parabole que nous méditons ce matin est souvent appelée « parabole du riche insensé ». Le problème de cet homme, ce n'est pas qu'il est riche. Le problème de cet homme, ce n'est pas qu'il gère ses biens; cela est au contraire tout à fait sensé et recommandable!! Non, cet homme est un insensé parce qu'il est un ingrat, parce qu'il refuse de reconnaître qu'il a été béni. Cela se voit d'ailleurs dans son discours « je vais faire ceci et cela, je vais pouvoir profiter de mon aisance ». Je, je,je: aucun mot, aucune pensée envers son Dieu. Le coeur de cet homme était tellement rempli de convoitise qu'il n'y avait même plus de place en lui pour le Seigneur.
Le chrétien fidèle, lui, prie « donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour » pour pouvoir nous rappeler que tout ce qu'il a vient de Dieu, et pour le recevoir d'un coeur reconnaissant. Toute la louange et l'honneur reviennent à notre grand Dieu qui, parce qu'il nous aime en Jésus-Christ, nous a donnés la nourriture, le vêtement, un toit et beaucoup plus encore. Le riche de notre histoire a été insensé parce qu'il a été incapble de prononcer trois mots « merci mon Dieu ». Trois petits mots, mais qui en fait réorientent complètement nos vies. Alors, chrétiens, disons avec David: « Bénis l'Eternel, mon âme! Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom! 2 Bénis l'Eternel, mon âme, et n'oublie aucun de ses bienfaits! 3 C'est lui qui pardonne toutes tes fautes, qui guérit toutes tes maladies.4 C'est lui qui délivre ta vie de la tombe, qui te couronne de bonté et de compassion. 5 C'est lui qui rassasie de biens ta vieillesse, qui te fait rajeunir comme l'aigle. »
(Psaume 103.1-2)

En effet, frères et soeurs, le Seigneur ne vous donne pas seulement du pain terrestre. Il vous donne aussi le pain du ciel. Revenons encore une fois à notre évangile: « Les terres d'un homme riche avaient beaucoup rapporté. »
Jésus n'a t' il pas été enterré sur la terre d'un homme riche, Joseph d'Arimathée? Et cette terre là a vraiment porté beaucoup de fruit. Christ était la « semence de la femme » promise par Dieu, qui allait venir écraser la tête du serpent (voir Genèse 3). Jésus a dit « si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance. » Christ est mort pour nos péchés, il est ressuscité pour notre justification (Romains 4.25);
La semence de la femme a jailli dans la force de la résurrection, et elle nous donne ce pain et ce vin qui nous donnent par la foi la vie et le salut.
Comme le dit le psaume , "notre coupe déborde".
Notre plus grand trésor, ce n'est pas notre maison, notre compte en banque, même pas les êtres que nous aimons. Notre plus grand trésor, c'est Christ lui-même. C'est lui notre héritage, lui qui s'est fait pauvre alors qu'il était riche, afin que par sa pauvreté vous soyez enrichis (2 Corinthiens 8.9). Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour le juger, pour faire nos partages, mais mais pour que le monde soit sauvé par lui.
Dans sa grande compassion, il continue à nous donner ce dont nous avons vraiment besoin, pour ce monde-ci et pour l'autre. Alors, « Bénis l'Eternel, mon âme! Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom! 2 Bénis l'Eternel, mon âme, et n'oublie aucun de ses bienfaits! »




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