dimanche 30 octobre 2011

NEHEMIE 8.1-12 (Fête de la Réformation)

 8 Alors tout le peuple s'est rassemblé comme un seul homme sur la place qui fait face à la porte des eaux. Ils ont demandé au scribe Esdras d'apporter le livre de la loi de Moïse, prescrite par l'Eternel à Israël,
2 et Esdras, qui était aussi prêtre, a apporté la loi devant l'assemblée. Celle-ci était composée d'hommes et de femmes, de tous ceux qui étaient aptes à la comprendre. C'était le premier jour du septième mois.
3 Esdras a lu dans le livre depuis le matin jusqu'à la mi-journée, sur la place qui fait face à la porte des eaux, en présence des hommes et des femmes, de ceux qui étaient en âge de comprendre. Le peuple tout entier s'est montré attentif à la lecture du livre de la loi.
4 Le scribe Esdras se tenait debout sur une estrade en bois, fabriquée pour l'occasion. A côté de lui, à sa droite, se tenaient Matthithia, Shéma, Anaja, Urie, Hilkija et Maaséja, et à sa gauche Pedaja, Mishaël, Malkija, Hashum, Hashbaddana, Zacharie et Meshullam.
5 Esdras a ouvert le livre de façon visible pour le peuple dans son entier - puisqu'il était surélevé par rapport à lui - et lorsqu'il a fait ce geste, tout le peuple s'est mis debout.
6 Esdras a béni l'Eternel, le grand Dieu, et tous les membres du peuple ont répondu: «Amen! Amen!» en levant les mains, puis ils se sont prosternés et ont adoré l'Eternel, le visage contre terre.
7 Josué, Bani, Shérébia, Jamin, Akkub, Shabbethaï, Hodija, Maaséja, Kelitha, Azaria, Jozabad, Hanan et Pelaja, qui étaient lévites, expliquaient la loi au peuple, et celui-ci est resté debout sur place.
8 Ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu et ils en donnaient le sens pour faire comprendre ce qu'ils avaient lu.
9 Le gouverneur Néhémie, le prêtre et scribe Esdras et les Lévites qui donnaient des explications ont dit à l'ensemble du peuple: «Ce jour est un jour saint pour l'Eternel, votre Dieu. Ne prenez pas le deuil et ne pleurez pas!» En effet, le peuple tout entier pleurait à l'écoute des paroles de la loi.
10 Ils ont ajouté: «Allez manger un bon repas et boire des liqueurs douces, en envoyant des parts à ceux qui n'ont rien préparé, car ce jour est un jour saint pour notre Seigneur. Ne soyez pas tristes, car c'est la joie de l'Eternel qui fait votre force.»
11 Les Lévites calmaient tout le peuple en disant: «Taisez-vous, car ce jour est saint. Ne soyez pas tristes!» 12 L'ensemble du peuple est donc allé manger et boire, envoyer des parts à d'autres et s'adonner à de grandes réjouissances. Ils avaient en effet compris les paroles qu'on leur avait exposées.




Chers frères et soeurs,
chers amis

Ce dimanche est celui de la Fête de la Réformation. Comme chaque année, notre église rend grâces à Dieu pour ce qu'il a accompli par le biais des Réformateurs qui, tel Martin Luther, ont balayé les ténèbres qui avaient fini, dans le christianisme médiéval, par voiler le pur message de Jésus-Christ.
Mais je ne veux pas passer trop de temps à parler de Luther, Calvin, Cranmer et des autres. Si nous sommes reconnaissants pour leur oeuvre, nous n'oublions pas que c'est Dieu qui a été à l'origine de cette dernière, et qu'ils n'ont été que d'humbles serviteurs.
Non, n'oublions pas l'expression latine qui a été au coeur du mouvement de Réforme: Soli Deo Gloria! A Dieu seul soit la Gloire! A Dieu seul! C'est l'idée centrale de la Réforme, car si nous reconnaissons que Dieu seul est saint et absolu, cela nous mène naturellement à reconnaître que seule la Bible, sa Parole est autorité ultime dans l'Eglise et que notre salut vient tout entier de lui, « sans aucun mérite de notre part » (sola gratia et sola fide)
C'est sur ce thème du Soli Deo Gloria que je voudrais que nous méditions ensemble ce matin.
Il s'agit avant tout d'un thème profondément scripturaire, que nous retrouvons encore et toujours dans les pages de nos Bibles. Quand Dieu dit par la bouche de son prophète Esaïe « Je ne donnerai pas ma gloire à un autre » (Esaïe 48.11), il veut dire que rien dans nos vies ne devrait être en compétition avec lui. C'est le sens réel du premier commandement: « tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face » (Exode 20.3).
Notre famille, notre carrière, nos biens, rien de tout cela ne devrait avoir la priorité sur Dieu. Et cela est logique et sain: il s'agit d'apprendre à distinguer les créatures du Créateur, les dons de celui qui nous les a donnés.
Dieu insiste pour que nous reconnaissions sa souveraineté. Il insiste pour occuper la première place dans nos vies. Mais pourquoi? Dieu manquerait-il de confiance en lui? Aurait-il besoin d'être constamment rassuré? Bien sûr que non. Paul nous rappelle que Dieu « n'est pas servi par des mains humaines, comme s'il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, le souffle et toute chose. » (Actes 17.25)
Vous voyez, frères et amis, cette parole nous dit que si nous sommes là, cela dépasse de loin les intentions de votre père et de votre mère. Dieu vous a donné « la vie et le souffle ». Ce n'est pas votre intellect ou votre travail qui vous a donné « toute chose », mais Dieu. Et si Dieu est bien l'auteur de « tout don parfait », alors c'est à lui que doivent revenir la louange, l'honneur et la gloire.
Mais la question demeure « pourquoi Dieu insiste t'il poiur que nous reconnaissions sa souveraineté? ». S'il n'a pas besoin de notre louange, s'il n'a pas besoin de notre service, pourquoi Dieu veut-il occuper la première place dans notre vie? Dieu veut que nous le mettions à la première place parce que c'est seulement en le glorifiant que nous pourrons expérimenter une joie durable.
Toute joie, tout bonheur vécus en dehors de Dieu s'évaniront bien vite. C'est ce qu'avait déjà découvert le roi Salomon quand il demandait « qui peut-jouir de quoique ce soit, en dehors de Dieu? » (Ecclésiaste 2.25). Salomon avait tout: la richesse, les femmes, la puissance mais à la fin de sa vie, il a reconnu que la vraie joie ne vient qu'en jouissant pleinement de Dieu.
Soyons honnêtes, et reconnaissons que tous les humains veulent être heureux. C'est une chose saine, normale et légitime. Se complaire dans la souffrance est le signe d'une maladie, d'un désordre. Mais cette recherche du bonheur s'égare quand nous cherchons le bonheur ailleurs qu'en Dieu. Dans notre quête du bonheur, nous devons comprendre que le bonheur le plus durable et le plus profond ne peut se trouver qu'en Dieu. Et ici, attention à la préposition: je ne vous dis pas que le bonheur vient de Dieu, je vous dis qu'il se trouve en Dieu. Dieu n'est pas comme le génie de la lampe d'Aladin, qui ouvrait les coffres remplis d'or et d'argent, mais comme le dit le livre de Job: «le Tout-Puissant sera ton or, ta réserve d'argent. » (Job 22.25)
Le Petit Catéchisme de Westminster, un des textes de la Réforme, dit que « le but principal de la vie de l'homme est de glorifier Dieu et de trouver en lui son bonheur éternel ». Il y a quelques années, le pasteur John Piper a proposé d'un peu modifier la phrase et de dire « le but principal de la vie de l'homme est de glorifier Dieu en trouvant en lui son bonheur éternel ».
En clair, plus notre satisfaction en Dieu est grande, plus il est glorifié en nous.
Ne servez jamais Dieu par devoir: encore une fois, il n'a pas besoin de votre service. Servez Dieu parce qu'il est la source de la vraie joie.

Pemettez-moi d'illustrer mon propos: «Imaginez que j’arrive chez moi à 18 h 30, ma femme ouvre la porte; c'est le jour de notre anniversaire de mariage. Et je lui offre un bouquet de fleurs. Elle me dit : «Ah ! C’est formidable, merci !». Si je réponds : «je ne fais pas cela par plaisir, je le fais parce que je suis ton mari, il faut que je le fasse, c'est mon boulot, rien de plus». Eh bien, c'est raté. Mais le mari honore sa femme quand il dit : «Vraiment tu me fais plaisir et c'est par gratitude, que je t'offre ma reconnaissance, j'ai du plaisir à donner ceci». C'est pareil avec Dieu. On n'est pas là de façon désintéressée pour donner à Dieu ce qu'il faut lui donner. (Mieux vaut ça que rien du tout !) Mais le meilleur, c'est que nous ayons une gratitude profonde qui n'est pas théorique mais expérimentée et réelle et que nous louions Dieu de la plénitude de ce plaisir.

Nous sommes là au coeur de l'identité du christianisme authentique. Etre chrétien, ça ne veut pas dire suivre un certain code moral, chanter certains hymnes ou réciter tel ou tel credo. Ces choses sont utiles, mais ne suffisent pas. Etre chrétien, cela veut dire prendre plaisir en Dieu, qui s'est manifesté en Jésus-Christ. C'est aimer Dieu « de tout notre coeur, de toute notre âme et de tout notre pensée » (Matthieu 22.37).

Il n'est pas question ici de devoir. Personne n'a à dire à l'enfant qui reçoit le jouet tant attendu le jour de Noël qu'il doit être content. Personne n'a à dire à la personne qui retrouve un emploi qu'elle doit être heureuse. Personne ne dit à ceux qui trouvent le compagnon d'une vie qu'ils doivent déborder d'allégresse. Quand nous recevons un cadeau (une grâce), notre réponse naturelle est de l'apprécier et de remercier celui qui nous l'a donné.

Comment cela se traduit-il dans la vie du chrétien? Et bien, dans ce cas, le don et le donneur sont identitiques. Dieu nous donne le plus grand cadeau possible dans l'univers: lui-même. Notre réponse naturelle devrait donc être d'apprécier ce qui nous est offert et de remercier celui qui nous l'apporte. Et sin ça n'est pas le cas, alors demandez-vous si vous avez jamais été vraiment conscient du don de Dieu, de ce qu'il veut vous donner. Demandez-vous si, dans votre vie vous n'êtes pas en train de passer à côté de l'essentiel.
Ne faites pas d'erreur: nous avons été créés pour prendre plaisir en Dieu. C'est à cela que David nous invite: « Goûtez et voyez combien l'Eternel est bon! Heureux l'homme qui cherche refuge en lui! » (Ps 34.8) et plus loin « Fais de l'Eternel tes délices » (Ps 37.4). Paul, lui, nous exhorte ainsi: « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur! Je le répète: réjouissez-vous! » (Philippiens 4.4). Et c'est le même message qu'Esdras a adressé au peuple d'Israël dans le passage du livre de Néhémie que nous venons de lire.

Les juifs exilés à Babylone venaient de revenir dans leur pays et de rebâtir les murailles ruinées de Jérusalem. Le peuple s'était assemblé et avait demandé à Esdras de lui lire «le livre de la loi de Moïse ». Et notre texte nous dit qu'ils écoutèrent la Parole de Dieu, qu'on leur expliquait «  depuis le matin jusqu'à la mi-journée » ( au passage, quel différence avec beaucoup de chrétiens qui ne supportent plus de sermons faisant plus de 20 minutes!!) et que tous se montrèrent «attentifs à la lecture du livre de la loi ».

Vous voyez, le peuple n'était pas seulement en train de rebâtir des murailles. Il était aussi en train de rebâtir sa vie, et cela provoquait une soif de la Parole de Dieu. Les Israëlites, tout comme les chrétiens du 16eme siècle qui purent retrouver la Bible de façon directe pouvaient dire comme David « Combien j'aime ta loi! Je la médite toute la journée. » (Psaume 119.97)

Ce que ce passage montre, c'est une vraie passion pour la Parole de Dieu. Avons-nous la même dans les églises protestantes actuelles? Laissons-nous toujours la Parole de Dieu être notre guide sûr, notre seule lumière dans un monde chaotique? Les Israëlites étaient passionnés par la Parole parce qu'ils y attachaient un grand prix. Nous avons toujours de l'intérêt pour ce qui a du prix à nos yeux: notre famille, nos passions, etc...

Et la chose passionnante dans ce passage, c'est que l'on voit la Parole agir. Nous ne lisons pas un vieux livre de légendes, nous lisons la Parole divine qui est rendue vivante et efficace par le Saint Esprit. La Parole a eu son effet chez les Israëlites: le v. 9 nous dit que « le peuple tout entier pleurait à l'écoute des paroles de la loi ». Le peuple pleurait parce que, confronté à la Parole de Dieu, il prenait conscience de son indignité, de ses fautes accumulés, des occasions gâchées et du temps perdu. Mais Esdras n'a pas voulu qu'ils demeurent dans cet état « Ne prenez pas le deuil et ne pleurez pas! » leur a-t'il dit. Quelle devait être alors la bonne attitude pour le peuple d'Israël: «  Allez manger un bon repas et boire des liqueurs douces, en envoyant des parts à ceux qui n'ont rien préparé ». Esdras dit au peuple de célébrer, Esdras dit au peuple d'organiser un grand banquet, une grande fête!! Et pourquoi cette célébration? Parce que « c'est la joie de l'Eternel qui fait votre force. »

Si vous accordons vraiment un prix à Dieu et à sa fidélité, nous autres chrétiens seront regardés comme des gens qui aiment célébrer. Ce goût de la louange n'a pas à s'exprimer nécessairement dans des cultes contemporains (et bruyants) ou dans des liturgies vénérables, mais sans doute devenues trop lourdes pour nos petites paroisses. Ne confondons pas la forme et le fonds. Ce qui compte, c'est une adoration véritable, née d'une relation profonde avec un Dieu vivant et présent. Le reste n'est qu'accessoire.
Alors que nos cultes, que nos vies quotidiennes montrent que nous prenons plaisir en Dieu.

Souvenez-vous: la seule façon d'apprécier le don est de prendre plaisir en celui qui l'a donné. Nous ne sommes pas ici pour « rendre la pareille » au donneur, même si, naturellement, notre coeur nous pousse à entrer dans cette logique contraire à la grâce. Nous sommes là pour prendre plaisir en tout ce que Dieu nous a donné.

Et les dons de Dieu sont magnifiques. Je ne parle pas ici seulement de la mort de Christ et de sa résurrection. En effet, Dieu continue à se manifester encore aujourd'hui par ses innombrables actes de grâce. La fidélité que Dieu a montrée dans le passé en Christ renforce notre foi dans les grâces futures.
Dieu ne s'est pas contenté de se donner à la Croix il y a 2000 ans: il se donne à nous tous les jours, par son Esprit. La base de notre joie n'est pas seulement ce que Dieu a fait pour nous, mais aussi ce qu'il fait aujourd'hui et qu'il fera demain; un Dieu dont les bontés se renouvellent chaque matin.

La Réforme nous a permis de redécouvrir le message de la Bible. C'est pour cela qu'elle est encore actuelle, parce que l'Evangile de Christ est plus que jamais actuel et pertinent dans notre monde. La Réforme a appris aux chrétiens à louer Dieu seul, pas parce qu'il a besoin de notre louange, mais parce que nous avons besoin de le louer. Nous avons besoin de la joie qui se trouve en Christ seul.

Alors, aujourd'hui, goutez et voyez comme l'Eternel est bon. Mettez de la lumière dans votre vie en prenant plaisir en Dieu.

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