dimanche 20 novembre 2011

EXODE 25.31-40

Chers frères et soeurs en Christ,
chers amis,

En ce troisième dimanche du mois, nous continuons notre parcours au sein de la typologie de l'Ancien Testament. Un type, c'est une personne, un objet ou une institution de l'Ancien Testament qui préfigure une réalité du Nouveau Testament. Je vous propose aujourd'hui de continuer notre étude du Tabernacle qui accompagnait le peuple hébreu dans son voyage vers la Terre Promise en nous centrant sur un objet que vous connaissez sans doute: le chandelier, qui éclairait le lieu saint, la partie fermée du tabernacle qui était réservée aux prêtres. Ce chandelier (appelé en hébreu menorha) reste aujourd'hui un des symboles du peuple juif et l'Etat d'Israël a cherché à renforcer sa légitimité en le plaçant sur ses armoiries officielles.
Cependant, nous autres chrétiens savons que la Bible n'est pas centrée sur les ombres judaïques de l'Ancien Testament, mais sur la réalité qui est en Jésus-Christ. Et, en ce qui concerne le chandelier, cette réalité nous amène à méditer ce matin sur le thème de la lumière.
Tout d'abord, lisons la description que Dieu a donnée du chandelier: «  31 Tu feras un chandelier en or pur, travaillé au marteau. Tu le feras d'une seule pièce avec son pied, ses calices, ses boutons et ses fleurs. 32 Six branches en sortiront latéralement, trois d'un côté et trois de l'autre.33 Chacune des six branches du chandelier portera trois calices en forme de fleur d'amandier, avec le bouton et la fleur.34 Le pied portera quatre calices en forme de fleur d'amandier avec le bouton et la fleur.35 Il y aura un bouton sous chacune des trois paires de branches du chandelier.36 Ces boutons et ces branches seront avec lui d'un seul tenant; le tout sera fait d'une seule masse d'or pur martelé.37 Tu fabriqueras aussi sept lampes que tu fixeras en haut du chandelier, de manière à éclairer l'espace devant lui.38 Tu feras ses pincettes et ses mouchettes en or pur.39 On emploiera une trentaine de kilogrammes[ d'or pur pour faire le chandelier et tous ses accessoires.40 Aie soin d'exécuter tout ce travail exactement selon le modèle qui t'a été montré sur la montagne »


30 kilogrammes d'or pur. Le chandelier était sans doute un des objets les plus impressionnants du tabernacle. Il faut comprendre que le lieu saint était fait de planches étroitement liées entre elles et recouvertes de quatre couvertures. La lumière du soleil ne pouvait y entrer; le lieu saint n'était éclairé que par le chandelier. C'est là un premier enseignement: nous ne devrions marcher qu'à la lumière de Dieu, ignorant les vacillantes lanternes des fausses sagesses humaines. Qui, perdu dans l'obscurité de la nuit, préférerait être éclairé par une luciole plutôt que par une lampe-torche?
Ce thème de la lumière, je vous l'a dit, va être au coeur de notre méditation. Si vous lisez l'Evangile de Jean, notamment, vous y verrez que la lumière y tient une grande place.
Un jour, Jésus a dit aux juifs qui venaient l'entendre « je suis la lumière du monde » (Jean 8.12). Par ailleurs, et dans le cadre du Sermon sur la Montagne, il a dit à ses disciples « Vous êtes la lumière du monde ». Alors, qui est la lumière du monde? Jésus ou nous? Le chandelier nous aide à répondre à la question.
On se souvient que le tronc et les branches du chandelier avaient été tirées du même bloc de métal précieux. Et, précision importante, il ne s'agissait pas d'or fondu, mais d'or travaillé au marteau, d'or « battu ». Le bloc d'or avait donc été martelé patiemment pour lui faire prendre la forme requise. D'abord un tronc central, d'ou étaient sorties trois branches de chaque côté. Et il fallut sans encore plus de temps et de patience pour que soient sculptées les calices en forme d'amande, pommes et fruits, complétant ainsi une oeuvre admirable.
Et elle devient encore plus merveilleuse si l'on pense que cette longue série de coups et de percements peut être vue comme une préfiguration du sacrifice de Christ à la croix, d'où l'église est sortie, tout comme les branches sont sorties du tronc.
Eve est sortie de la côté d'Adam, et l'Eglise est sortie du corps crucifié de Christ. D'ailleurs, le mot hébreu utilisé pour désigner la tige centrale, yarek est traduit dans d'autres passages par « corps » ou « côté ».
Paul disait « nous préchons Christ, et Christ crucifié ». Christ est la raison d'être de l'Eglise, qui n'existe que pour annoncer l'amour de Dieu à un monde qui se perd. Une église qui ne précherait plus l'Evangile de Christ serait comme un des branches du chandelier détachée du tronc: elle ne servirait plus à rien, car elle tomberait à terre. Le tronc central portait une lampe, les branches aussi: il étaient donc tous lumière; la différence étant que les six branches avaient besoin du tronc pour les porter. C'est d'ailleurs une image analogue à celle du cep et des sarments, que Jésus a utilisée des centaines d'années plus tard pour expliquer sa relation avec son peuple.

Dans l'Apocalypse de Jean, nous voyons sept chandeliers d'or représenter, de façon symbolique, sept églises nées au 1er siècle dans la province de l'Asie, dans l'actuelle Turquie. C'était une période difficile pour le christianisme et Dieu s'adresse à chacune de ces communautés pour lui dire qu'elle brille (ou devrait briller) comme une vive lumière au milieu de l'obscurité. Le chandelier est donc dans le Nouveau Testament un symbole du témoignage pour Jésus-Christ, et en examinant de plus près le chandelier du tabernacle, nous pouvons aussi tirer quelques instructions quant au témoignage de l'Eglise dans le monde d'aujourd'hui.
Dans le Tabernacle, le chandelier devait éclairer « en face », directement. D'autre part, il y avait des mouchettes, ce qui implique qu'une des tâches des prêtres était de moucher régulièrement les mèches des lampes à huile, afin que leur rayonnement, au lieu d'être vacillant et intermittent, soit constant.
Ceci nous rappelle que le Seigneur veut que notre témoignage soit limpide, franc et courageux. C'est vrai à titre individuel et à titre collectif.

Si nous nous disons chrétiens et que notre vie contredit cette affirmation, nous n'éclairons pas « en face ». Si une église fait le choix de mettre de côté certains aspects de la Parole de Dieu pour complaire à l'esprit du temps, sa flamme vacille déjà!! La flamme d'une communauté peut même complètement s'éteindre à force de compromissions et d'infidélités. C'est ce que le Seigneur affirme avec force à l'église d'Ephése, qui a « perdu son premier amour »: « j'enlèverai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne changes d'attitude » (Apocalypse 2.4). Enlever le chandelier, ça veut dire que Dieu se donnera un autre témoignage, pour remplacer une communauté infidèle. La Bible dit clairement que Dieu, jusqu'au retour de Christ aura toujours une église fidèle sur cette terre. La Bible dit tout aussi clairement que des communautés chrétiennes peuvent à ce point tomber dans l'erreur qu'on ne peut plus les appeler églises de Dieu et qu'elles ne sont plus que des synagogues de Satan ou, au mieux, des coquilles totalement vides, des annexes des Aînés Ruraux. Voilà pourquoi nous prenons garde à ce que Dieu nous dit dans sa Parole, voilà pourquoi nous cherchons à demeurer fidèles, ici et maintenant. Parce que nous ne voulons pas que notre témoignage, individuel ou communautaire, s'éteigne.

Tout cela nous redit l'absolue nécessité de vivre unis au Seigneur. Dans sa première lettre, Jean déclare «Mais si nous marchons dans la lumière, tout comme Dieu lui-même est dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres et le sang de Jésus[-Christ] son Fils nous purifie de tout péché » (1 Jean 1.7). De notre communion avec Dieu, renouvelée chaque jour dépend l'efficacité et la constance de notre témoignage. La base de cette communion se trouve dans notre baptême, où Dieu nous a reçus dans son alliance. Elle se renforce à chaque que, dans la cène, nous recevons le corps et le sang de Christ qui ont été livrés pour nos fautes. Elle s'approfondit chaque jour dans la prière et la méditation de l'Ecriture Sainte. En tout cela, nous dépendons de l'oeuvre de l'Esprit Saint, qui agit par la Parole et par les Sacrements. Les lampes du chandeliers étaient alimentées par une huile spéciale, faite d'olives concassées et préparée spécialement dans le sanctuaire. L'huile, c'est souvent dans la Bible le symbole de l'Esprit Saint. Si nous voulons que notre témoignage, individuel ou collectif brille, l'Esprit doit en être le combustible. Nous ne nous basons pas sur une sagesse humaine, sur des traditions, sur des modes, sur des programmes...Tout doit venir de l'Esprit et c'est à ce qu'il nous dit que nous devons prêter attention.

Si nous voulons être lumière, marchons aussi dans la lumière. La lumière est nécessaire à la vie, vous savez. Une plante, même bien arrosée, meurt si elle ne reçoit pas assez de lumière. Alors, prenons garde, car la lumière de l'Esprit ne s'étaient pas généralement de façon brusque sur nous. Mais nous pouvons, petit à petit, laisser une chose, et puis une autre, se placer entre nous et notre Dieu, comme un léger voile qui va aller en s'épaississant de plus en plus qui nous prive de sa communion avec lui, de la jouissance de sa personne et entrave l'action de l'Esprit en nous. Il ne peut alors y avoir ni croissance, ni communion, ni joie. La lumière ne donne plus pleinement. C'est un drame et un gâchis.

C'est un drame et un gâchis, parce que notre société a besoin de lumière, de beaucoup de lumière. Nous vivons une époque sombre. Loin de moi l'idée de tomber dans je ne sais quel délire apocalyptique, mais force est de constater que les ténèbres s'épaississent autour de nous. Ténèbres d'une catastrophe écologique dont nous n'avons pas encore pris conscience. Ténèbres d'une crise financière et économique qui pèse sur nos pays et sur nos vies, et qui pourrait demain ouvrir la voie à tous les dérapages politiques et sociaux possibles. Mais surtout je crois, ténèbres encore plus profondes d'une perte de sens, d'une perte d'espérance, d'une perte de valeurs pourtant essentielles, ténèbres du triomphe de ce que Jean-Paul II appelait avec raison la « culture de mort ».
Dans ces ténèbres, c'est à l'Eglise, c'est à nous que revient la mission de faire briller la vive lumière de l'Evangile et de l'amour de Dieu. Notre lampe est bien petite, me direz-vous, en pensant à la poignée que représente notre paroisse. La question n'est pas là. La bénédiction que nous avons reçue, c'est que notre lumière, elle luit encore et toujours, grâce à Dieu. Une infime flamme peut se soir très loin au coeur de la nuit. L'important est qu'elle demeure constante.
La semaine prochaine, nous allons entrer dans la saison de l'Avent, les quatre dimanches qui nous mènent à Noël. C'est un temps d'attente et d'espérance. Dans notre hémisphère, c'est aussi l'époque où les nuits sont les plus longues, où l'obscurité se fait la plus pressante autour de nous. Mais, avec le solstice d'hiver, Noël va arriver, qui marque la venue de la grande lumière que Dieu a envoyée dans nos vies: le Christ, le Seigneur. Les ténèbres et la mort en vaincront pas, car le Messie vrai homme et vrai Dieu est venu, selon la promesse du Père.

Pour reprendre les paroles de Jean, Christ est « 9 Cette lumière était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, éclaire tout être humain.10 Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle, pourtant le monde ne l'a pas reconnue.11 Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont pas accueillie.12 Mais à tous ceux qui l'ont acceptée, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le droit de devenir enfants de Dieu,13 puisqu'ils sont nés non du fait de la nature, ni par une volonté humaine, ni par la volonté d'un mari, mais qu'ils sont nés de Dieu. »

La grande lumière qu'est Christ vient sur nous, vers nous, en nous. Soyons prêts à la recevoir.

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