Chers frères et soeurs en Christ
chers amis
Il y a quelques années, pour devenir secouriste de la Société Nationale de Sauvetage en Mer, un de mes amis a dû se plier à une épreuve très impressionante. Il s'agissait de sauter dans l'océan de plusieurs mètres d'un hélicoptère dans l'océan, pour aller récupérer un faux noyé et ensuite l'hélitreuiller pour le ramener à terre. Mon ami a réussi. Mais une des autres candidates est restée bloquée, figée à la porte de l'hélico. Elle était paralysée par la peur.
Nous lisons aujourd'hui la parabole des talents. Ce mot « talent » a deux sens. A l'origine, c'est une unité de mesure monétaire. Une grosse unité de mesure, correspondant en gros à ce qu'un travailleur ordinaire gagnait en 15 ans de labeur. Si on prend comme base le SMIC actuel, on dirait dans ce cas qu'un talent représenterait près de 246000 euros. Donc, dans notre histoire, le maître confie une vraie fortune à ces serviteurs, même à celui qui ne reçoit qu'un talent.
Le deuxième sens vient de cette histoire. Le talent, c'est un don, une capacité particulière. Untel a un talent pour la guitare ou pour la cuisine...
Mais je crois que le coeur de notre parabole n'est pas centré sur l'argent ou sur les capacités. Cette parabole parle de quelque chose d'encore plus important, d'encore plus précieux: la confiance.
La confiance, nous la trouvons dès le début de l'histoire. Un homme s'en va, en confie donc une somme énorme à trois de ses esclaves. Ils reçoivent des montants différents, mais tous les trois reçoivent beaucoup, beaucoup d'argent. Il est clair que le maître a confiance en ses serviteurs. D'ailleurs, il ne leur laisse même pas d'isntructions particulières.
Longtemps après, le maître revient chez lui et demandent des comptes aux serviteurs. Deux d'entre eux ont « doublé la mise ». Le dernier n'a rien fait du tout; il rend exactement ce qu'il avait reçu. Comme la loi l'y autorisait d'ailleurs, il s'est contenté d'enterrer le talent. Il explique pourquoi: il avit peur de son maître.
Sa confiance envers son maître s'élevait à zéro, il a donc réduit son risque à zéro et il a du même coup réduit tout éventuel profit à zéro.
L'histoire telle que nous la livre Matthieu laisse une question en suspens: comment aurait réagi le maître si les deux premiers esclaves n'avaient rien rapporté? Ou si, à la suite d'investissements peu avisés, ils avaient perdu tout l'argent qui leur avait été remis?
Je crois que le maître les aurait acceptés. Après tout, remarquez qu'il ne les félicite pas tant pour leurs résultats que pour leur fidélité. A celui qui a rapporté moins comme à celui qui a rapporté plus il adresse le même compliment « Bien, bon et fidèle serviteur ». Et les deux reçoivent la même invitation: tu as été fidèle en peu de choses, je t'établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. Et quand il répond au troisième serviteur, le maître dit clairement qu'il aurait accepté n'importe quoi, même un rendement de livret de Caisse d'Epargne, du moment où il aurait vu la confiance et non la peur. D'ailleurs, il faut remarquer quelque chose: celui qui reçoit cinq talents en ramène cinq, celui qui en reçoit deux, deux. C'est comme s'il y avait un automatisme, comme si les rendements ne dépendaient pas de l'astuce des serviteurs, mais de leur capacité à agir dans la confiance.
Nous avons donc là une histoire de confiance. Le maître fait confiance à ses serviteurs et il leur confie donc beaucoup d'argent. Deux des serviteurs répondent à cette faveur en faisant aux aussi confiance et en ramenant une fortune. Alors, quel est le problème, le drame du troisième serviteur? Pour bien le saisir, il faut bien comprendre que le maître, dans cette parabole est une image de Dieu. Et le troisième serviteur montre les conséquences terribles que peut avoir le fait d'avoir une fausse image de Dieu.
Quand ce serviteur dit « tu moissonnes où tu n'as pas semé, et tu récoltes où tu n'as pas répandu », il renvoie à l'idée de toute-puissance divine: Dieu est le maître, il fait ce qu'il veut. D'ailleurs, le maître ne le contredit pas. Là où il refuse en revanche de reprendre les paroles de son serviteur, c'est sur un point: « tu es un homme dur ». Dieu est tout-puissant, mais il n'est pas un despote, un tyran dont il faudrait contamment craindre de déclencher la colère ou de mécontenter. Voilà ce que de nombreux chrétiens ne comprennent pas, qui vivent leur foi dans une crainte constante de Dieu.
Pourtant, les deux premiers serviteurs, eux, ont bien vu dans l'extradordinaire confiance de leur maître une marque d'estime et une vraie générosité. Ils s'en sont réjouits, et ont pu entrer dans une dynamique fructueuse.
Nous vivons dans une société qui nous dit qu'il faut toujours être performant, et, de préférence, plus performant que les autres. D'ailleurs, ça n'est pas vrai que dans le domaine professionnel: j'ai vu il y a quelques mois une article sur Internet qui disait aux femmes comment être une « super-maman » (parce que, bien sûr, le « super » doit être la norme ).
Et bien, cette parabole renverse les valeurs du monde. Elle nous dit que ce qui compte pour Dieu, ce n'est pas tant nos résultats que notre fidélité.
Elle nous dit qu'un éventuel échec est moins grave que le refus de prendre des risques.
Elle nous dit qu'une des pires choses qui puissent nous arriver, c'est de nourrir une fausse image de Dieu. Pour le troisième serviteur, c'était une sorte de Père Fouettard toujours prêt à lui tomber dessus, quelqu'un dont on doit toujours craindre de prendre un coup sur la tête. On voit le résultat: un immense gâchis. Et d'ailleurs, notre lecture de l'Ancien Testament nous a montré les dangers d'une autre fausse image de Dieu, toute aussi tragique: celle qui fait croire que le Seigneur ne punit pas le péché. Il y a un équilibre à garder ici: l'amour de Dieu n'est pas faiblesse; sa sainteté ne l'empêche pas d'être rempli de compassion.
Ce que nous devons comprendre, c'est que seule une saine et véritable image de Dieu pourra nous permettre de vivre une saine et véritable vie chrétienne. Seul Jésus nous donnera cela. Jésus, vrai homme et vrai Dieu, Jésus qui a dû mourir pour porter le poids de votre faute; Jésus qui est la preuve et le signe ultimes que Dieu nous aime, nous a pardonnés et veut nous combler de dons que nous pourrons utiliser à sa gloire, dans la confiance et dans la joie.
Le prophète Sophonie a exhorté ainsi son peuple: « Tournez-vous donc vers l'Eternel, vous tous les humbles du pays,vous qui faites ce qui est droit,cherchez à accomplir ce qui est juste. Efforcez-vous d'être humbles »
Etre humbles et accomplir ce qui est juste, c'est refuser d'enterrer notre talent, c'est faire confiance à Dieu pour nous faire porter du fruit de la justice. Se tourner vers le Seigneur, c'est admettre que nous ne pouvons le connaître tel qu'il est vraiment qu'en Jésus-Christ.
Amen.
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