Les automobilistes qui ont le privilège assez exclusif – pour cause de « bonne fortune » – de s’asseoir au volant de la BMW M5 2013, à plus de 75 000 euros, entendent avec ravissement un bruit enchanteur aux oreilles de tout amateur de belle mécanique : une incomparable montée en gamme de sonorités, qui accompagne la montée en puissance de son moteur V8 bi-turbo à la moindre sollicitation de l’accélérateur : une envolée des graves vers les aigus, subtile et feutrée, savamment dosée, qui donne une impression de puissance et paraît tout droit sortie du fauve mécanique tapi sous le capot de cette magnifique berline de luxe…
Oui, « paraît » est bien le mot à employer en l’occurrence, car ce n’est que du bluff !... Non pas que cette très sélecte voiture germanique soit équipée d’un moteur de 2 CV – elle est bien dotée d’un superbe 8 cylindres à double turbo – mais c’est le bruit qui est faux : il s’agit d’une « bande son » numérique, diffusée via les haut-parleurs du véhicule. Un système que la marque allemande appelle l’Active Sound Design.
En fait, le bel engin est si bien insonorisé que le bruit de son moteur n’est presque plus audible, au grand dam
de ses acheteurs qui tenaient à entendre une symphonie mécanique à la hauteur de la somme déboursée…
Sauf qu’ils n’entendent pas le bruit réel de leur moteur, qui aurait pu être capté par des micros et restitué dans l’habitacle, mais une piste numérique, un « bruit de moteur» standard, le même pour tous… un vulgaire « playback » à pistons !
Las ! On savait le virtuel omniprésent, mais voici le « vrai-faux » atteindre des sommets, après les bruitages numérisés du cinéma, les voix arrangées des chanteurs, les sons modifiés au synthétiseur, les images numériques recomposées, les photos truquées des mannequins de mode, et autres effets spéciaux très spécieux… Le « faire semblant » et le « faire croire » s’emparent de nos perceptions, et règnent en maîtres illusionnistes de nos esprits.
Ce virtuel tentaculaire dessine un monde plus vrai que nature… c’est-à-dire faux, car la fiction y remplace peu à peu la réalité.
Dans cet univers de faux-semblants, la quête de la vérité et de l’authenticité forgera seule les hommes libres
d’aujourd’hui et de demain.
S.C.
En fait, le bel engin est si bien insonorisé que le bruit de son moteur n’est presque plus audible, au grand dam
de ses acheteurs qui tenaient à entendre une symphonie mécanique à la hauteur de la somme déboursée…
Sauf qu’ils n’entendent pas le bruit réel de leur moteur, qui aurait pu être capté par des micros et restitué dans l’habitacle, mais une piste numérique, un « bruit de moteur» standard, le même pour tous… un vulgaire « playback » à pistons !
Las ! On savait le virtuel omniprésent, mais voici le « vrai-faux » atteindre des sommets, après les bruitages numérisés du cinéma, les voix arrangées des chanteurs, les sons modifiés au synthétiseur, les images numériques recomposées, les photos truquées des mannequins de mode, et autres effets spéciaux très spécieux… Le « faire semblant » et le « faire croire » s’emparent de nos perceptions, et règnent en maîtres illusionnistes de nos esprits.
Ce virtuel tentaculaire dessine un monde plus vrai que nature… c’est-à-dire faux, car la fiction y remplace peu à peu la réalité.
Dans cet univers de faux-semblants, la quête de la vérité et de l’authenticité forgera seule les hommes libres
d’aujourd’hui et de demain.
S.C.
Les Documents «Expériences» N°172 - Septembre 2013
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