23
tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, 24 et ils
sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la
libération qui se trouve en Jésus-Christ.
Chers
frères et sœurs en Christ,
chers
amis,
Je
voudrais qu'en ce dimanche de la Réformation, nous parlions de la
grâce. Les Réformateurs du 16ème siècle ont redécouvert les
grandes vérités de la Bible et, ce faisant, ils ont redécouvert le
rôle fondamental de la grâce. Le théologien anglican James Packer
a dit que « grâce » est en fait le mot-clé du
christianisme, car il résume à lui seul tout l'enseignement du
Nouveau Testament. Et pourtant, alors que nous nous préparons à
fêter les 5 siècles du début de la Réforme, je crains que la
grâce ne soit toujours pas vraiment comprise et vécue par beaucoup
trop de chrétiens. Alors, ce que je voudrais faire avec vous ce
matin, c'est voir l'aspect pratique de la grâce, répondre à des
questions comme « comment est-ce que je peux avoir une
relation plus profonde avec Jésus ? », « comment
approfondir ma vie de prière ? », « comment avoir
une plus grande communion avec Dieu ? », « comment
louer le Père et ressentir la force et la chaleur de son amour ? ».
Ce
sont des questions fréquentes chez pas mal de chrétiens. Je pense
qu'il est bon de se les poser, car elles montrent une soif de plus de
Dieu. Le problème, c'est qu'elles se conjuguent à la première
personne du singulier « qu'est-ce que je dois
faire... ». Et c'est là que selon moi se livre le vrai
combat : arriver à comprendre ce qu'est la grâce et s'y
attacher fermement, parce que notre tendance naturelle est de faire
quelque chose pour nous attirer la faveur de Dieu. Voilà pourquoi je
dis que la grâce est fragile.
La
grâce, c'est la faveur, l'amour immérité de Dieu. La grâce
jaillit de la nature même de Dieu, de son identité profonde. Elle
puise sa source dans l'amour de Dieu, et c'est cet amour qui nous
permet d'être adopté par lui comme ses chers enfants. Mais comment
quelque chose intimement lié à un Dieu tout-puissant peut-il être
décrit comme « fragile » ?
La
grâce en elle-même n'est pas fragile, mais elle peut le devenir
pour nous quand nous arrivons à penser que notre salut et notre vie
chrétienne sont basées sur ce que nous faisons pour Dieu et non pas
sur ce qu'il fait pour nous. Quand nous lisons les lettres de Paul,
nous voyons qu'il a souvent dû rappeler aux premiers chrétiens que
la grâce de Dieu étaient tout ce dont ils avaient besoin. Eux
voulaient rajouter des règles, des choses à ne pas boire et à ne
pas manger, l'observation du Sabbat ou la circoncision...et Paul
devait insister encore et toujours que Dieu nous accepte seulement
sur la base de que que Christ a accompli à la Croix, ni plus ni
moins : « c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par
le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de
Dieu. Ce n'est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se
vanter. » ( Éphésiens 2.8-9).
A
l'époque de Luther et des autres, l'église avait totalement perdu
de vue cette réalité de la grâce. On enseignait aux gens qu'ils
devaient « gagner leur ciel » par leurs bonnes œuvres,
par leur obéissance aux commandements de Dieu et de l’Église, par
des jeûnes, des pèlerinages. La simplicité des premières
assemblées chrétiennes avait été remplacée par des lourdes
liturgies et des doctrines étranges.
Et
je crois qu'aujourd'hui, nous courons le même risque, même si c'est
de façon plus subtile. Nous courons toujours le risque d'ajouter
notre sincérité, notre dévouement, notre adoration, notre
prière... à la grâce de Dieu. Et quand nous faisons cela, la grâce
n'est plus la grâce. La grâce n'est vraiment grâce que lorsqu'elle
nous parvient comme un don absolument gratuit. Il n'y a rien que nous
puissions y rajouter.
Laissez-moi
répéter : il n'y a rien que vous puissiez ou deviez rajouter à
la grâce de Dieu. Rien de ce que vous êtes ou de ce que vous faites
ne pourra vous sauver, parce que votre salut trouve sa source unique
dans l'amour immérité de Dieu. Votre pardon, votre vie éternelle
sont un don gratuit de Dieu. C'est ce que Paul dit aux Romains « le
salaire du péché, c'est la mort, mais le don gratuit de Dieu, c'est
la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Romains
6.23).
La
vie éternelle se trouve en Jésus-Christ, et nulle part à ailleurs.
Il n'y a rien à rajouter. Comme le dit le titre d'un très beau
livre paru en français cette année « Jésus + rien = tout ».
Et
nous avons besoin de comprendre non seulement le rôle de la grâce
dans notre salut mais aussi dans notre marche chrétienne.
Comme
l'a dit un auteur chrétien, P. Yancey, « la grâce signifie
que rien de ce que vous pouvez faire ne pourra amener Dieu à vous
aimer plus et rien de ce que vous pourrez faire ne pourra amener à
vous aimer moins ».
La
grâce est un don, elle est gratuite, elle est pour toujours et elle
ne se pose pas la question de savoir si nous l'avons méritée parce
que justement, nous ne pourrons jamais mériter ou gagner ce qu'elle
nous offre. Cela veut dire que Dieu ne va pas moins nous chérir si
notre mariage est en miettes, si nous avons fait de mauvais choix
dans l'orientation de nos vies... l'amour de Dieu pour nous ne va pas
se refroidir ou s'éloigner, mais il nous accompagnera où que nous
allions.
Tout
ce que j'ai dit jusqu'ici ne doit pas être neuf pour beaucoup
d'entre vous. Mais il ne suffit pas de connaître ces doctrines, il
faut aussi qu'elles se diffusent en nous et façonne la vision que
nous avons de Dieu et de nous-mêmes. Parce qu'il n'est pas facile
d'accepter un cadeau, de recevoir, de n'avoir qu'une main vide à
tendre, de reconnaître que nous n'avons rien fait pour gagner ce
cadeau, mais que le donneur nous l'offre quand même, sans
conditions.
C'est
ça qui rend la grâce fragile. Nous cherchons à arracher à Dieu ce
qu'il nous a déjà donné et scellé éternellement. Nous entrons
parfois même sans nous en rendre compte sur la pente glissante où
nous oublions que la grâce divine est la solution de tous nos
problèmes, non seulement sur le plan individuel mais aussi au niveau
communautaire, dans l'église locale.
Dans
son très bon roman Le Marteau de Dieu, Bo Giertz exprime bien cet
état de fait. Il raconte l'histoire d'un jeune pasteur installé
dans une paroisse de Suède. Ce jeune homme est persuadé que c'est
par l'obéissance et la négation de soi que l'on mène une vie
acceptable devant Dieu. Depuis la chaire, son enseignement tonne,
sévère « si vous luttez contre vos péchés, Dieu vous
accueillera dans son royaume ; si vous êtes purs, Dieu sera bon
envers vous ; si vous priez avec ferveur, Dieu vous exaucera à
cause de votre sincérité... »
Un
jour, le jeune pasteur est appelé au chevet d'un mourant, le père
Frans, un modèle incontestable de piété. Mais, alors qu'il sombre
peu à peu dans le délire, Frans commence à raconter la vie
dissolue qu'il a mené quand il était soldat, les ressentiments
qu'il nourrit envers d'autres villageois...le jeune pasteur est
absolument choqué de voir que sous le vernis de dévotion vivait un
cœur pécheur. Et les questions commencent à l'assaillir. Et moi ?
Quelle est en fait la valeur de toute ma piété, de tous les efforts
que je fais pour mener une vie juste et sainte ? Est-ce que je
vais pouvoir me tenir devant Dieu avec cela ? Au cours de cette
nuit-là, le jeune pasteur va trouver la réponse à ses questions en
découvrant le vrai évangile. La fille du vieux homme arrive à son
chevet et lui demande « père, vous pensez toujours à Jésus,
n'est-ce pas ? » et le vieil homme répond « je n'ai
plus la force de penser à lui. Mais je sais que Jésus pense à
moi ».
Le
vieux Frans meurt dans la paix du Seigneur, parce qu'il se sait
pécheur, mais pécheur entièrement pardonné par le seul sacrifice
de Christ, par la grâce de Dieu.
Jésus
n'est pas venu pour sauver ceux qui se croient juste, mais ceux qui
se reconnaissent pécheurs, ceux qui cessent de mettre follement
leurs espoirs dans leurs pauvres efforts, mais qui crient à Dieu.
Il
existe une tendance dangereuse au sein du christianisme. Elle
explique que le salut est par grâce (oh, bien sûr), mais ensuite la
vie chrétienne doit être vécue sur la base de nos efforts et de
notre obéissance. Cela m'a toujours rappelé ces boites de nuit où
l'entrée était gratuite mais où les consommations étaient
horriblement chères. Or, notre vie chrétienne commence avec Jésus
seul, et doit continuer avec lui seul.
Bien
sûr, il n'y rien de mal dans l'abandon de certains péchés, dans
l'obéissance, la dévotion et la fidélité. Nous pourrions en
utiliser plus dans le corps de Christ en ce moment. Mais Dieu ne nous
accepte pas à cause ou grâce à ces choses-là. Elles sont le
résultat de la grâce de Dieu déversée dans nos vies, elles n'en
sont pas la cause.
Toutes
les tendances légalistes qui peuvent exister dans le christianisme
cherchent à nous transporter du royaume de la grâce à une logique
de l'obligation, du devoir, à l'imposition de normes purement
humaines et relatives érigées en test de la réalité de notre foi.
Le légalisme empoisonne la source pure de la grâce. Cherchant
peut-être sincèrement à honorer Dieu, il produit des âmes tristes
et revêches et un christianisme rachitique, par qu'il repose non sur
l'action de l'Esprit Saint, mais sur nos pauvres forces.
Les
chrétiens ne vivent pas sous le régime d'un ensemble de règles,
sur une liste de « tu dois ».
Nous
ne lisons pas la Bible parce que nous le devons. Nous ne venons pas
au culte parce que nous le devons ? Nous ne donnons pas notre
offrande parce que nous le devons. Nous n'allons pas aider une
personne en difficulté parce que nous le devons. Tout cela nous le
faisons en réponse à l'amour et à la grâce de Dieu qui se sont
manifestés en premier.
Ce
qu'il nous faut, non seulement au début, mais aussi au milieu et à
la fin de notre cheminement chrétien, c'est la bonne nouvelle de la
grâce. La grâce n'est pas seulement le commencement de notre vie en
Christ, elle doit aussi en être le carburant.
Nous
avons été sauvés par grâce et nous devrions vivre par grâce.
Tout ce qui peut nous arriver dans nos vies (nos joies, nos peines,
nos plus pathétiques échecs) est contrôlé par le fait que Dieu
nous a rachetés, que nous lui appartenons et que rien ne saurait
nous séparer de son amour. C'est à l'aune de cette vérité que
nous devons vivre. C'est par elle que nous servons notre prochain,
pour la gloire de Dieu.
Et
c'est une grande bénédiction que pouvoir nous reposer en Christ
seul, et non pas en quelque chose que se trouverait en nous-mêmes.
Parce que si nous nous basons sur nos sentiments, notre confiance,
notre sincérité, nous nous confions sur des choses très
incertaines et fragiles. Aujourd'hui je me sens proche de Dieu...
mais si demain l'épreuve ou un sentiment de culpabilité altérait
ce sentiment de proximité, est-ce que ça voudrait vraiment
dire que Dieu ne m'aime plus ? Bien sûr que non !
Nos
sentiments, les circonstances de nos vies peuvent changer. Mais Dieu
lui, ne change pas. Son amour pour nous demeure. C'est lui qui a fait
avec nous une alliance d'amour, qui a promis d'être notre Père
céleste. Et il est bon de pouvoir nous dire « j'ai placé ma
confiance en Christ ! Dieu m'a adopté en son Fils. Je n'ai
besoin que d'une chose : Jésus seul. Tout est accompli ».
La
grâce n'est pas une doctrine, elle n'est pas un chapitre de
théologie systématique. La grâce de Dieu est une personne, et son
nom est Jésus. Voilà pourquoi Dieu veut que vous receviez cette
abondance de grâce, parce qu'avoir la grâce en abondance, c'est
avoir Jésus en abondance.
Nous
n'avons besoin de rien d'autre. Jésus + rien = tout.
La loi dit « fais cela » et cela n’est jamais fait ; la grâce dit
« crois en celui-ci » et toutes choses sont déjà faites.
Martin Luther
La loi dit « fais cela » et cela n’est jamais fait ; la grâce dit
« crois en celui-ci » et toutes choses sont déjà faites.
Martin Luther
tous
ont péché et sont privés de la gloire de Dieu,
et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ.
et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire