dimanche 27 octobre 2013

ROMAINS 3.22-24



23 tous ont péché et sont privés  de la gloire de Dieu, 24 et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ.














Chers frères et sœurs en Christ,
chers amis,


Je voudrais qu'en ce dimanche de la Réformation, nous parlions de la grâce. Les Réformateurs du 16ème siècle ont redécouvert les grandes vérités de la Bible et, ce faisant, ils ont redécouvert le rôle fondamental de la grâce. Le théologien anglican James Packer a dit que « grâce » est en fait le mot-clé du christianisme, car il résume à lui seul tout l'enseignement du Nouveau Testament. Et pourtant, alors que nous nous préparons à fêter les 5 siècles du début de la Réforme, je crains que la grâce ne soit toujours pas vraiment comprise et vécue par beaucoup trop de chrétiens. Alors, ce que je voudrais faire avec vous ce matin, c'est voir l'aspect pratique de la grâce, répondre à des questions comme «  comment est-ce que je peux avoir une relation plus profonde avec Jésus ? », « comment approfondir ma vie de prière ? », « comment avoir une plus grande communion avec Dieu ? », « comment louer le Père et ressentir la force et la chaleur de son amour ? ».


Ce sont des questions fréquentes chez pas mal de chrétiens. Je pense qu'il est bon de se les poser, car elles montrent une soif de plus de Dieu. Le problème, c'est qu'elles se conjuguent à la première personne du singulier « qu'est-ce que je dois faire... ». Et c'est là que selon moi se livre le vrai combat : arriver à comprendre ce qu'est la grâce et s'y attacher fermement, parce que notre tendance naturelle est de faire quelque chose pour nous attirer la faveur de Dieu. Voilà pourquoi je dis que la grâce est fragile.


La grâce, c'est la faveur, l'amour immérité de Dieu. La grâce jaillit de la nature même de Dieu, de son identité profonde. Elle puise sa source dans l'amour de Dieu, et c'est cet amour qui nous permet d'être adopté par lui comme ses chers enfants. Mais comment quelque chose intimement lié à un Dieu tout-puissant peut-il être décrit comme « fragile » ?


La grâce en elle-même n'est pas fragile, mais elle peut le devenir pour nous quand nous arrivons à penser que notre salut et notre vie chrétienne sont basées sur ce que nous faisons pour Dieu et non pas sur ce qu'il fait pour nous. Quand nous lisons les lettres de Paul, nous voyons qu'il a souvent dû rappeler aux premiers chrétiens que la grâce de Dieu étaient tout ce dont ils avaient besoin. Eux voulaient rajouter des règles, des choses à ne pas boire et à ne pas manger, l'observation du Sabbat ou la circoncision...et Paul devait insister encore et toujours que Dieu nous accepte seulement sur la base de que que Christ a accompli à la Croix, ni plus ni moins : « c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter. » ( Éphésiens 2.8-9).


A l'époque de Luther et des autres, l'église avait totalement perdu de vue cette réalité de la grâce. On enseignait aux gens qu'ils devaient « gagner leur ciel » par leurs bonnes œuvres, par leur obéissance aux commandements de Dieu et de l’Église, par des jeûnes, des pèlerinages. La simplicité des premières assemblées chrétiennes avait été remplacée par des lourdes liturgies et des doctrines étranges.
Et je crois qu'aujourd'hui, nous courons le même risque, même si c'est de façon plus subtile. Nous courons toujours le risque d'ajouter notre sincérité, notre dévouement, notre adoration, notre prière... à la grâce de Dieu. Et quand nous faisons cela, la grâce n'est plus la grâce. La grâce n'est vraiment grâce que lorsqu'elle nous parvient comme un don absolument gratuit. Il n'y a rien que nous puissions y rajouter.


Laissez-moi répéter : il n'y a rien que vous puissiez ou deviez rajouter à la grâce de Dieu. Rien de ce que vous êtes ou de ce que vous faites ne pourra vous sauver, parce que votre salut trouve sa source unique dans l'amour immérité de Dieu. Votre pardon, votre vie éternelle sont un don gratuit de Dieu. C'est ce que Paul dit aux Romains « le salaire du péché, c'est la mort, mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Romains 6.23).
La vie éternelle se trouve en Jésus-Christ, et nulle part à ailleurs. Il n'y a rien à rajouter. Comme le dit le titre d'un très beau livre paru en français cette année « Jésus + rien = tout ».


Et nous avons besoin de comprendre non seulement le rôle de la grâce dans notre salut mais aussi dans notre marche chrétienne.
Comme l'a dit un auteur chrétien, P. Yancey, « la grâce signifie que rien de ce que vous pouvez faire ne pourra amener Dieu à vous aimer plus et rien de ce que vous pourrez faire ne pourra amener à vous aimer moins ».


La grâce est un don, elle est gratuite, elle est pour toujours et elle ne se pose pas la question de savoir si nous l'avons méritée parce que justement, nous ne pourrons jamais mériter ou gagner ce qu'elle nous offre. Cela veut dire que Dieu ne va pas moins nous chérir si notre mariage est en miettes, si nous avons fait de mauvais choix dans l'orientation de nos vies... l'amour de Dieu pour nous ne va pas se refroidir ou s'éloigner, mais il nous accompagnera où que nous allions.
Tout ce que j'ai dit jusqu'ici ne doit pas être neuf pour beaucoup d'entre vous. Mais il ne suffit pas de connaître ces doctrines, il faut aussi qu'elles se diffusent en nous et façonne la vision que nous avons de Dieu et de nous-mêmes. Parce qu'il n'est pas facile d'accepter un cadeau, de recevoir, de n'avoir qu'une main vide à tendre, de reconnaître que nous n'avons rien fait pour gagner ce cadeau, mais que le donneur nous l'offre quand même, sans conditions.


C'est ça qui rend la grâce fragile. Nous cherchons à arracher à Dieu ce qu'il nous a déjà donné et scellé éternellement. Nous entrons parfois même sans nous en rendre compte sur la pente glissante où nous oublions que la grâce divine est la solution de tous nos problèmes, non seulement sur le plan individuel mais aussi au niveau communautaire, dans l'église locale.
Dans son très bon roman Le Marteau de Dieu, Bo Giertz exprime bien cet état de fait. Il raconte l'histoire d'un jeune pasteur installé dans une paroisse de Suède. Ce jeune homme est persuadé que c'est par l'obéissance et la négation de soi que l'on mène une vie acceptable devant Dieu. Depuis la chaire, son enseignement tonne, sévère « si vous luttez contre vos péchés, Dieu vous accueillera dans son royaume ; si vous êtes purs, Dieu sera bon envers vous ; si vous priez avec ferveur, Dieu vous exaucera à cause de votre sincérité... »
Un jour, le jeune pasteur est appelé au chevet d'un mourant, le père Frans, un modèle incontestable de piété. Mais, alors qu'il sombre peu à peu dans le délire, Frans commence à raconter la vie dissolue qu'il a mené quand il était soldat, les ressentiments qu'il nourrit envers d'autres villageois...le jeune pasteur est absolument choqué de voir que sous le vernis de dévotion vivait un cœur pécheur. Et les questions commencent à l'assaillir. Et moi ? Quelle est en fait la valeur de toute ma piété, de tous les efforts que je fais pour mener une vie juste et sainte ? Est-ce que je vais pouvoir me tenir devant Dieu avec cela ? Au cours de cette nuit-là, le jeune pasteur va trouver la réponse à ses questions en découvrant le vrai évangile. La fille du vieux homme arrive à son chevet et lui demande « père, vous pensez toujours à Jésus, n'est-ce pas ? » et le vieil homme répond « je n'ai plus la force de penser à lui. Mais je sais que Jésus pense à moi ».
Le vieux Frans meurt dans la paix du Seigneur, parce qu'il se sait pécheur, mais pécheur entièrement pardonné par le seul sacrifice de Christ, par la grâce de Dieu.


Jésus n'est pas venu pour sauver ceux qui se croient juste, mais ceux qui se reconnaissent pécheurs, ceux qui cessent de mettre follement leurs espoirs dans leurs pauvres efforts, mais qui crient à Dieu.


Il existe une tendance dangereuse au sein du christianisme. Elle explique que le salut est par grâce (oh, bien sûr), mais ensuite la vie chrétienne doit être vécue sur la base de nos efforts et de notre obéissance. Cela m'a toujours rappelé ces boites de nuit où l'entrée était gratuite mais où les consommations étaient horriblement chères. Or, notre vie chrétienne commence avec Jésus seul, et doit continuer avec lui seul.
Bien sûr, il n'y rien de mal dans l'abandon de certains péchés, dans l'obéissance, la dévotion et la fidélité. Nous pourrions en utiliser plus dans le corps de Christ en ce moment. Mais Dieu ne nous accepte pas à cause ou grâce à ces choses-là. Elles sont le résultat de la grâce de Dieu déversée dans nos vies, elles n'en sont pas la cause.


Toutes les tendances légalistes qui peuvent exister dans le christianisme cherchent à nous transporter du royaume de la grâce à une logique de l'obligation, du devoir, à l'imposition de normes purement humaines et relatives érigées en test de la réalité de notre foi. Le légalisme empoisonne la source pure de la grâce. Cherchant peut-être sincèrement à honorer Dieu, il produit des âmes tristes et revêches et un christianisme rachitique, par qu'il repose non sur l'action de l'Esprit Saint, mais sur nos pauvres forces.
Les chrétiens ne vivent pas sous le régime d'un ensemble de règles, sur une liste de « tu dois ».
Nous ne lisons pas la Bible parce que nous le devons. Nous ne venons pas au culte parce que nous le devons ? Nous ne donnons pas notre offrande parce que nous le devons. Nous n'allons pas aider une personne en difficulté parce que nous le devons. Tout cela nous le faisons en réponse à l'amour et à la grâce de Dieu qui se sont manifestés en premier.


Ce qu'il nous faut, non seulement au début, mais aussi au milieu et à la fin de notre cheminement chrétien, c'est la bonne nouvelle de la grâce. La grâce n'est pas seulement le commencement de notre vie en Christ, elle doit aussi en être le carburant.


Nous avons été sauvés par grâce et nous devrions vivre par grâce. Tout ce qui peut nous arriver dans nos vies (nos joies, nos peines, nos plus pathétiques échecs) est contrôlé par le fait que Dieu nous a rachetés, que nous lui appartenons et que rien ne saurait nous séparer de son amour. C'est à l'aune de cette vérité que nous devons vivre. C'est par elle que nous servons notre prochain, pour la gloire de Dieu.


Et c'est une grande bénédiction que pouvoir nous reposer en Christ seul, et non pas en quelque chose que se trouverait en nous-mêmes. Parce que si nous nous basons sur nos sentiments, notre confiance, notre sincérité, nous nous confions sur des choses très incertaines et fragiles. Aujourd'hui je me sens proche de Dieu... mais si demain l'épreuve ou un sentiment de culpabilité altérait ce sentiment de proximité, est-ce que ça voudrait vraiment dire que Dieu ne m'aime plus ? Bien sûr que non !
Nos sentiments, les circonstances de nos vies peuvent changer. Mais Dieu lui, ne change pas. Son amour pour nous demeure. C'est lui qui a fait avec nous une alliance d'amour, qui a promis d'être notre Père céleste. Et il est bon de pouvoir nous dire « j'ai placé ma confiance en Christ ! Dieu m'a adopté en son Fils. Je n'ai besoin que d'une chose : Jésus seul. Tout est accompli ».
La grâce n'est pas une doctrine, elle n'est pas un chapitre de théologie systématique. La grâce de Dieu est une personne, et son nom est Jésus. Voilà pourquoi Dieu veut que vous receviez cette abondance de grâce, parce qu'avoir la grâce en abondance, c'est avoir Jésus en abondance.


Nous n'avons besoin de rien d'autre. Jésus + rien = tout.

La loi dit « fais cela » et cela n’est jamais fait ; la grâce dit 
« crois en celui-ci » et toutes choses sont déjà faites.
Martin Luther


tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu,
et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ.

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